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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

 

 

Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source

 

Numéro 134 * Septembre 2008

Sommaire

 

* Michel Voiturier, Résilles en réseau. Polar et autres fictions: clins d'oeil intertextuels, 3e degré

 

 

* Maria Arcuri, Elèves libres pour suivre la cuvée 2008 du Prix Farniente, 2e degré

 

 

*. Christine Franck, Composer un carnet de grammaire avec E. Orsenna comme maître d'oeuvre. 1er degré.

 

 

* Patrick François, Écrire, lire, parler: le français, outil privilégié d'apprentissage au premier degré

 

 

 

* Document brut d'Eric Libiot (L'Express, 09.08.2008) pour le débat, 3e degré:: 

Inauguration des JO de Pékin: le dernier mot aux militaires? 

Prendre le temps d'écouter...

L'homme occidental ne sait plus prendre le temps d'écouter: tout se passe par la prise de connaissance immédiate de l'image. Le vécu n'est plus interprété au travers de l'écoulement d'un Temps, mais il est saisi par l'instantanéité de la vision.

Consommateur d'images plutôt que de paroles, seuls des slogans peuvent encore atteindre cet homme et le toucher au niveau de l'ouïe. A ce propos il est paradoxal de constater que c'est au moment où les moyens de communication sont devenus les plus performants, que communiquer, c'est-à-dire se parler, est devenu de plus en plus difficile.

Un présent centré sur lui-même, des hommes et des femmes piégés par des images et par des slogans, le mystérieux ramené au niveau du miracle technologique, toutes les conditions semblent remplies pour que disparaisse toute orientation vers ce que nul regard ne peut maîtriser ou expliquer.

André Thayse, Vers de nouvelles Alliances - La Genèse autrement, L'Harmattan, 2006, pp. 104-105

 

Résilles en réseau

Polar et autres fictions: clins d'oeil intertextuels 

Proposition de Michel Voiturier - Troisième degré


 * Préambule * Bref rappel : Quelques formes intertextuelles * exemples d'emprunts * zoom sur deux auteurs proches de nous

En guise de préambule

Pourquoi l'intertextualité dans un programme de français ? - Quelques propos d'experts

* Lire, c'est comprendre et construire du sens; c'est identifier des types de discours; c'est aussi être capable de mettre en relation des textes avec d'autres.

D'après  J.-A. Huynh  & M.Le Bouffant, Le français aujoured'hui, n. 112, déc. 1995, p. 3-4

 

* Les phénomènes d'intertextualité appartiennent à un domaine où les lacunes encyclopédiques des élèves pèsent lourd, car elles peuvent empêcher une compréhension minimale. Il n'est guère aisé de réduire dans le court terme les ignorances des élèves.

Michel Descotes, Le français aujourd'hui, n. 121, p. 96-97

 

* Toute création dans le domaine littéraire ou artistique en général, est définissable comme un processus de refaçonnement.

(C'est le fil conducteur du livre de Catherine Malabou, La plasticité au soir de l'écriture, éd. Léo Scheer, 2004)

 

* Le temps de la littérature ne va pas seulement du passé vers l'avenir : il réactive sans cesse le passé, comme par un mouvement de navette qui, afin de tisser et d'étendre la pièce, doit d'abord revenir en arrière. (...) L'auteur, donc, donne son nom non pas à un texte, mais à une relation entre textes. 

J.-N. Marie, Pourquoi Homère est-il aveugle?, Poétique, 66, 1986

* (...) et si le sens des textes littéraires résidait non dans ses causes extérieures, le monde, l'auteur ou les sources de l'écrivain, mais dans le rapport que les œuvres entretiennent entre elles ? 

Sophie Rabau, L'intertextualité, Flammarion, 2002, texte V.


 

Quelques formes intertextuelles

début intertextualité * sommaire & édito 134

 

La citation est l’élément le plus visible d’une intertextualité. 

Le pastiche en est un qui s’avoue être un emprunt déformé à un auteur. 

Ils sont nombreux à avoir pris plaisir à se moquer de la littérature tout en la pratiquant. Les réputés d’autrefois, outre Proust qui s’est parfois amusé à parodier ses confrères, sont Georges Fourest et sa Négresse blonde, Paul Reboux et À la manière de, Pol Vandromme avec Le Fil rouge, Jean-Louis Curtis avec La France m’épuise et La Chine m’inquiète. S’y ajoute une sorte de parodie des Exercices de style  de Queneau par Jacques Sternberg qui décline des lettres commerciales sur tous les tons dans Les variations Sternberg (titre en référence aux Variations Goldberg de Bach).

De nouveaux venus sont apparus voici peu : l’un caricaturant Amélie Nothomb, Alain Dantinne et son Hygiène de l’intestin ; l’autre Camille Abaclar dont Je suis le ténébreux donne une centaine de versions du poème célèbre de Nerval. Quant à Le Marchand de fables est repassé, c’est un recueil qui rassemble des parodies de Le Corbeau et le Renard de La Fontaine, signées entre autres par Pascale Fonteneau, Bruno Coppens, Sol et Amélie Nothomb en personne. Ajoutons-y les tout récents Chronique du règne de Nicolas Ier dans lesquelles Patrick Rambaud s’inspire de Saint-Simon pour caricaturer le président Sarkozy et  Le degré suprême de la tendresse (c’est ainsi que Dali définissait le cannibalisme !) où Héléna Marienské décline un fait divers selon Montaigne, Céline, Pérec, Houellebecq et quelques autres.

 Le plagiat étant inavouable, il est souvent découvert après bien des recherches et des recoupements ou par l’indignation de l’écrivain (parfois de ses héritiers !) qui fut pillé. 

Voici plusieurs décennies, une polémique a animé la revue Fiction quant à savoir si Richard Matheson avait plagié Un homme chez les microbes de Maurice Renard afin de composer L’homme qui rétrécit. Peut-être aussi que le romancier français s’était-il lui-même inspiré d’une nouvelle de l’Allemand Kurt Laszwitz : Sur la bulle de savon.  Jacques Attali pour Histoires du temps fut en procès, alors qu’en réalité l’éditeur avait simplement omis de mettre en italiques ou entre guillemets des passages qui étaient des citations. Récemment, c’est le chanteur Bernard Lavilliers qui fut surpris à avoir repris tel quel un poème de Claude Roy sans mentionner son origine.

 Lieu par excellence de la visibilité immédiate de l’intertextualité, le titre. Il est souvent issu d’auteurs anciens connus. 

Un roi sans divertissement de Giono vient d’une phrase de Pascal. 
Le bruit et la fureur
de Faulkner constitue un emprunt à Shakespeare. 
Les merveilleux nuages
 de Françoise Sagan appartiennent à un poème en prose de Baudelaire dans Le spleen de Paris.  
Rimbaud a donné Jadis, si je me souviens bien… à Charles Bertin. 
Un récent roman de Camille Laurens puise chez Mallarmé : « Tissé par mille ». 
Et il arrive même que des enseignes commerciales se réfèrent à la littérature. Ainsi cette boutique de fleuriste baptisée L’Odyssée du lys.

 

Emprunts divers: quelques exemples  

début intertextualité * sommaire & édito 134

 

Un des romans culte de la littérature vietnamienne, Un cœur pur  (de Hoàng Ngoc Phach, 1922) puise ses références dans Manon Lescaut  et dans La Dame aux camélias  aussi bien que dans une autre œuvre indigène emblématique Kim Vân Kiêu

Richard Millet s’inspire du mythe de Perséphone pour écrire son roman Dévorations

Gilles Lapouge avoue que son Le Bois des amoureux a utilisé le thème du vagabond dont l’arrivée bouleverse la vie d’un village qui avait servi à l’écrivain norvégien Knut Hamsun.

Le Script  de Rick Moody, utilise, selon Béatrice Pire, un procédé narratif  construit en rotation des personnages autour d’un point aveugle  comme chez le Robert Coover de La Femme de John

Béatrice Pire est maître de conférence à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle.

Selon la même chercheuse,  La Pêche à la truite en Amérique de Richard Brautigan doit à Moby Dick d’Herman Melville l’humour, la construction éclatée fondée sur plusieurs registres, et des personnages de réprouvés formant comme une contre-société américaine

On trouvera des analogies entre L’Heure et l’ombre de Pierre Jourde et une nouvelle extraite des Filles du feu  de Nerval : « Sylvie »  dans ses thématiques sur le caractère irréversible du temps et l’ambivalence de l’amour.  

Pierre Jourde, coauteur avec Eric Nauleau de Le Jourde & Naulleau : Précis de littérature du XXIe siècle, 2004 (pastiche du très connu Lagarde et Michard)

Stéphane Audeguy, apparemment nourri de romans d’autrefois, invente la vie de François, frère de Jean-Jacques Rousseau. Fils unique  frôle le pastiche sans y tomber en usant des ficelles des récits picaresques, de la littérature du XVIIIe sont celle de Sade. 

Jean Anouilh a reconnu avoir puisé inconsciemment les scènes d’enfance d’Ardèle ou la Marguerite dans la célèbre pièce de Roger Vitrac : Victor ou les Enfants au pouvoir.  

Blaise Cendrars ne s’est pas caché d’avoir écrit Documentaires en découpant des phrases dans le Mystérieux Docteur Cornelius de Gustave Le Rouge. 

Quant à Michel Tournier, il a avoué avoir fait des emprunts à Leibniz pour Vendredi ou les Limbes du Pacifique, à Alain-Fournier et à Flaubert pour Le Roi des aulnes. 

Notre compatriote Gabriel Thoveron a bourré de références son Qui a fait peur à Virginia Woolf ? 

Et Robbe-Grillet ne réfute pas que Les Gommes soient un avatar de l’histoire d’Œdipe.

Interrogé par Dorothy Glaiman sur Evene.fr à propos de Julien Parme et de ses affinités avec L’Attrape-cœurs de Salinger, le romancier Florian Zeller déclare : « On m’a déjà fait la remarque. C’est un livre que j’avais beaucoup aimé et c’est vrai que l’on retrouve certains points communs. Mais parfois les influences sont plus souterraines, plus ou moins évidentes et toujours malgré soi. Pour être sincère, je pensais plutôt à d’autres auteurs en écrivant ce livre, comme à John Fante par exemple mais après les choses viennent comme elles viennent. Ce qui est sûr c’est que comme je voulais qu’il y ait ce manque de distance, que ce soit une première personne pour justement en faire un personnage comique, il fallait passer par l’oralité. C’est ça qui m’a amené sur cette piste-là plutôt que la passion que je pourrais avoir pour Salinger ou quelqu’un d’autre. »

 Il est de notoriété publique que Marguerite Duras s’est servi de faits divers pour écrire dans la presse des papiers dont certains firent grand bruit, comme celui publié à la une par Libération (17 juillet 1985) à propos de l’affaire Villemin avec la mort du petit Gregory. Un drame, survenu à Savigny-sur-Orge lui a inspiré deux œuvres. D’une part la pièce Les Viaducs de Seine-et-Oise  et d’autre part L’Amante anglaise, roman dans lequel, selon Pierre Vilain, elle cherche non pas les mobiles du crime, mais à refaire le parcours mental du criminel pour comprendre le merveilleux mystère du crime et en ressaisir sa folie même.  Il semblerait aussi que Moderato cantabile ait été inspiré par un crime perpétré à Choisy-le-Roi en 57. Beaucoup savent aussi que Jean Genet a composé Les Bonnes à partir d’une célèbre affaire criminelle.

Les films sont des moteurs d’inspiration. Tanguy Viel a recréé le Limier de Mankiewicz dans son roman Cinéma. Il se sert des réalisations de Scorsese et Ferara ayant pour sujet le hold-up dans L’Absolue perfection. Et, pour Insoupçonnable (Minuit, 2006), il reconnaît : « Hitchcock m’aide encore à visualiser les scènes, à concevoir une intrigue comme un ressort qui se tend ».

Bref, il y aurait moult recherches possibles à travers la production d’hier autant que de celle d’aujourd’hui. C’est inépuisable mais requiert d’une certaine façon la tournure d’esprit d’un détective.  

 

Philippe Remy, Henri Vernes: auteurs de nos régions

début intertextualité * sommaire & édito 134

 

Le cas de Philippe Remy, La Chambre close

 Auteur de fictions liées à un certain fantastique et apparentées au roman historique, Philippe Remy (Molenbeek-Saint-Jean, 1961) a publié récemment La Chambre close dont l’écriture et la narration ne craignent pas nombre d’emprunts. Interviewé, il déclare sans ambiguïté :

« La Chambre close » s'inscrit dans une volonté de clin d'oeil au célèbre «  Mystère de la chambre jaune ». Gaston Leroux avait bâti un diptyque, car suivait « Le Parfum de la dame en noir ». Selon le même principe, il s'agit aussi ici d'un diptyque dont la suite est écrite. Le clin d'oeil, dans le II, est appuyé par le choix d'une île (une presqu'île chez Leroux) comme lieu d'enfermement et d'étouffement, en attente d'un crime (ce qui, on le remarquera, est le contraire de la situation de départ du premier volet, où l'on part du crime).

Il y a un pastiche délibéré des romans d'énigme en vase clos (voir "La bande mouchetée" de Conan Doyle, "La Chambre ardente" de J. Dickson Carr, le continuateur de... Doyle, "Le double Meurtre de la rue Morgue" de Poe/Baudelaire) mais qui est détourné, ensuite, vers une trame plus complexe, qui mêle l'enquête à la quête, l'accent policier à des accents historiques ou fantastiques, voire initiatiques.

Il y a un pastiche des journaux de l'époque, de leur ton emphatique : "Le Journal de Bruxelles", "L'Indépendance belge", etc. Mais, derrière le jeu littéraire, une volonté romanesque de jouer avec la matière du récit aussi, de changer de rythme de narration, de perspective.

 Il y a en creux une histoire du roman policier ou du crime en vase clos. On va évoquer Poe mais Lamothe-Langon et ses supercheries littéraires, ses fausses "Archives secrètes de la police de Paris" qui ont enfanté la trame de "Monte-Cristo", on va remonter à une anecdote de Duclos. On va élargir le débat à l'émergence des dessous de la société, à un nouveau goût pour les ténèbres, le criminel, le vulgaire. Vidocq (dont Vauvert est un avatar), Lacenaire ou Robert Macaire (voir la bibliothèque d'Aymon), les archives de Newgate et Thomas de Quincey ("De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts"). Mais on évoque Oedipe, aussi, et la 1e enquête policière connue.

 Il y a un clin d'oeil moins remarqué, et même pas remarqué du tout, au moderne "Quinconce", le chef-d'oeuvre de Palliser, car mon livre, comme le sien, épouse la forme évoquée dans le titre (chez lui) ou dans l'épigraphe et le discours du héros chez moi (mais... mon titre original était... "La conque", gardé comme nom de partie !). Soit ici on passe d'un roman dans un autre, il y a enchâssement de plusieurs histoires, on va vers des parties de plus en plus courtes, compactes, essentielles. L'enquête de la chambre close > la recherche d'un frère disparu > la quête des origines, de l'identité.

 Il y a une métaphore autour du Graal et du couple Perceval/Galaad (voir la fin du livre), où il est question du Méhaignié du conte, de la question que l'on pose ou pas, etc.  Les écrivains sont omniprésents : Baudelaire, surtout, mais Hugo aussi, de Quincey, Poe, Lamothe-Langon, Quérard...

 Des personnages font écho à la littérature noire ou gothique, comme le comte de Saint-Germain ou Hugo (sang arabe, basané). Mais il y a un détournement des stéréotypes, vu que les étiquettes "bons/méchants" se redistribuent en cours de route, que les démons s'angélisent plus on les approche et inversement, car les d'Alladières, Lovenjoul ou Danjou... Il y a aussi le retournement du thème de l'usurier juif cher à Honoré, car ici le Juif devient le protecteur lumineux et généreux de Vivien et Hugo.

 Notons mon appétit pour tout un pan culturel (littérature des 18e et 19e, début 20e) et des ingrédients classiques mais observons tout autant leur éclatement, leur dé/recomposition dans un jeu littéraire moderne : héros apparents qui disparaissent en cours de route, roman d'enquête qui se fond dans un récit de quête, fils narratifs multiples et perspectives diverses, héros et sens qui prennent le temps de s'esquisser, etc.

 Quelques clins d'oeil culturels : Lovenjoul (cf le célèbre fond balzacien), Vauvert, de Valnère, Clio...  Dans la montée des provinciaux tournaisiens vers Bruxelles, écho à celle de d'Artagnan (la manière dont Aymon, dès son premier jour, se fait des ennemis et se trouve acculé au duel), Rastignac ou Rubempré (il y a un jeu plus subtil sur le recto/verso balzacien qu'on retrouve chez les 2 frères, l'un s'adaptant mieux que l'autre à la société rencontrée).

 Même la Bible est conviée au festin, avec des réflexions sur la similitude des situations Hollande/Belgique et Juda/Israël, comme Etats-tampons lieux de communication et de séparation, nécessaires à l'équilibre mondial du temps. Ou même la dichotomie prolongée dans le rapport avec l'autonomie, l'affirmation identitaire. »

 Voilà un nombre assez singulier de pistes qu’il sera bon d’explorer en lisant le roman, car en dehors de son aspect policier, alimenté en suspense, l’histoire ne cesse de miser sur les interférences littéraires. Elle l’avoue clairement par la voix du baron : « Nous sommes entourés de supercheries littéraires, et depuis toujours. Alors, autant ne pas être dupe et se moquer des idées préconçues sur le réel, se jeter dans la brèche et recréer la vie plus belle et plus complexe. » (p. 76-77) D’ailleurs, l’auteur dans ses jeux de mise en abyme va pousser le clin d’œil de manière très appuyée, puisqu’il se permet de raconter la rencontre de son héros, Gérard de Valnère, avec Charles Baudelaire dans la chambre qu’il occupa à l’hôtel bruxellois Le Grand Miroir (hôtel dont l’enseigne est devenue le titre d’une collection littéraire des éditions Luc Pire).

Du côté de Bob Morane  

Daniel Fano s’est intéressé à la production abondante d’Henri Vernes. Il en a tiré un volume qui fait fort bien le tour de l’œuvre au moyen d’analyses, de témoignages, d’interviews, de sélection anthologique. Il annonce, entre autres : « Je ne vais pas relever ici toutes les analogies possibles ente Alexandre Dumas et Henri Vernes. Elles sont assurément fort nombreuses. Notons cependant que tous deux pratiquent volontiers l’intertextualité ». (p.104)   

Il prend plaisir à relever, à travers les différents romans consacrés à Bob Morane, les phrases qui font allusion à Arthur Conan Doyle et son Sherlock Holmes. Il relève les schémas narratifs qui comportent des similitudes mais également des divergences : l’épisode du décès provisoire du détective anglais et celui de l’aventurier, par exemple.  Il passe en revue une série de duos littéraires célèbres qui font de Morane et Ballantine des paires similaires à Don Quichotte - Sancho Pansa, Holmes et Watson…

Fano note une série de renseignements susceptibles de susciter des recherches à propos d’intertextualité. Il insiste sur l’influence d’Alexandre Dumas, tant dans sa narration que dans ses portraits ou ses soliloques de personnages. Il souligne quelque rapport avec la légende des chevaliers de la Table ronde. Il signale que le personnage de Tiger Jack est en réalité l’écrivain Jean Ray. Il renvoie aussi à Charles Dickens. Il fait également remarquer à quel point la connaissance de la science-fiction classique (Wells, Anderson, le Doyle de Le Monde perdu) a nourri les aventures de Bob.

Dans les interviews, Vernes affirme : « On ne part jamais de zéro ». (p 71) Lui-même raconte que le film de de Broca, « L’Homme de Rio » fut inspiré par Morane. Il avoue s’être inspiré de Sax Rohmer et de ses  Fu Manchu  pour les Dacoïts et d’un Harry Dickson pour les Girrits. Des reportages du magazine National Geographic ont nourri La Vallée infernale et Le Gorille blanc car il y a souvent une part encyclopédique au milieu des aventures mouvementées du « Don Quichotte des temps modernes », alimentée par des lectures documentaires.. Il est, par contre, certain que le Corto Maltese de Pratt n’a subi en rien l’influence de son héros.

Et, juste retour des choses, la chanson « L’Aventurier », écrite par Nicola Sirkis pour le groupe rock Indochine, est nourrie de titres de romans d’Henri Vernes, devenu à son tour source d’intertextualité. Même si quelquefois, l’écrivain lui-même se servait déjà de ses propres scénarios de bouquins pour élaborer les bandes dessinées consacrées à Bob.

 

Bibliographie  

début intertextualité * sommaire & édito 134

 

Chaudenay Roland de, Dictionnaire des plagiaires, Paris, Perrin, 1990

Dantinne Alain, Hygiène de l’intestin, Labor, 2004

Delcourt Christian, Jean Ray ou les choses dont on fait des histoires, Paris, Nizet, 1980

Fano Daniel, Henri Vernes et Bob Morane, une double vie d’aventures, Bordeaux, Castor astral, 2007

Marienské  Héléna, Le Degré suprême de la tendresse, 2008

Rambaud Patrick, Chronique du règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2008

Remy Philippe, La Chambre close, Paris, Phébus, 2006

Pastiches, collages et autres réécritures, Formules n°5, Paris, Noesis, 2001

Lecture de critiques littéraires parues dans la presse quotidienne ou spécialisée (Le Magazine littéraire – La Quinzaine littéraire - Lire) afin de repérer des comparaisons, des citations, des emprunts mis en lumière par les journalistes.

* Sur le site http://www.fabula.org/revue/cr/194.php : L'intertextualité : ouverture ou fermeture du texte ? 

Autres articles de Michel Voiturier parus dans LMDP:

* En joue: quelques enjeux des jeux du je Réel et fiction, réel ou fiction? Repères pour lecteurs des 2e et 3e degrés * 

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/120.0503.html#ENJEUX  

* Des titres d'oeuvres d'un auteur en guise de matériau d'écriture, 2e degré

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/127.0612.html#bibliographiques     

* Sarah Berti, Classe story: Un polar à l’école pour des portraits sociaux * 2e degré * Pour découvrir le polar

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/119.0412.html#Berti 
 

début intertextualité * sommaire & édito 134

 

Prix Farniente 2008 en 3e année

en classe de 3e, 8 volontaires   

en 2e, aussi, mais pour toute la classe

Marie Arcuri - CSM, Gosselies  


... Quelques élèves d'une classe de troisième ont décidé leur professeure à les guider dans un projet de lecture... 

Une pédagogie qui prend en compte et valorise l'initiative de quelques jeunes! L'enseignante raconte.


Comment raconter une aventure qui s’est étalée sur quelques mois ?

En septembre 2007, comme en chaque début d’année, j’ai présenté aux élèves le cours de français en insistant sur mon goût pour la lecture.

Voyant de l’intérêt dans leurs yeux, j’ai parlé du Prix Farniente, prix littéraire décerné par les jeunes et que je suis de très près chaque année. Voir le site http://www.prixfarniente.be/ 

A partir de ce moment, quelques élèves de 3e C sont venus régulièrement vers moi me montrer leur lecture du moment. Il m’est arrivé plus d’une fois de lire un livre qu’ils m’avaient suggéré.

A mon tour, chaque semaine, j’ai déposé ostensiblement un roman différent sur le bureau afin de les orienter vers la sélection 2008 du Prix Farniente.

Fin novembre, Anouck, la lectrice la plus passionnée, est venue me trouver afin de me convaincre de participer à la fête du Farniente ! Quelle idée excellente !

Arnaud, Claire et Pierre se sont alors joints à Anouck. A leur demande, j’ai fait circuler les six livres que j’ai empruntés à la bibliothèque du Collège.

Mais, ...ils ne se rendaient pas encore compte du chemin à parcourir avant le Jour J….

La première étape était bien entendu la lecture de toute la sélection (6 livres) avant de répondre au questionnaire de présélection.

Début janvier, nous avons fixé une date pour une première rencontre en dehors du cours.

Le mardi midi a été retenu. Ces rencontres ont permis de mettre en commun les réponses au questionnaire que les élèves avaient téléchargé sur Internet.

Au total, huit élèves se sont investis. Deux groupes de quatre ont alors pris forme.

Thibault, Alexandre, Quentin et Ahmed, 

alias les Thaqual 

Claire, Anouck, Pierre et Arnaud::

 les Clanpiar

Seul Alexandre est un élève d’une autre classe de 3ème.

L’enthousiasme débordant des uns a motivé les autres. Même les familles ont été sollicitées, qui pour une recherche historique, qui pour une aide graphique,…

Mais, dire que tout n’a pas été simple est un euphémisme.

Il a fallu gérer les absences des uns et puis des autres, les désistements de dernière minute, les difficultés liées aux questions parfois plus compliquées, la répartition des tâches, etc.…..

«  Madame, il fait beau ce midi, on préfèrerait jouer au foot… »

« J’ai oublié les réponses à la maison » «  Je n’ai pas encore fini le livre » «  Désolé Madame, j’ai oublié la réunion » ……. autant de petites phrases que j’aurais préféré ne pas entendre…

La semaine précédant la date limite d’envoi des questionnaires, l’excitation est à son comble mais les questionnaires ne sont pas encore terminés !

Enfin, la veille de la date fatidique, tout est posté : alea jacta est.

Une quinzaine de jours plus tard, l’organisatrice contacte Alexandre : les « Thalqual » sont sélectionnés !

Contre toute attente, les Clanpiar sont enfin contactés : ils pourront eux aussi participer à la fête.

Dernière « tuile » : Pierre ne sera pas des nôtres. Ce samedi 15 mars, il doit participer à une compétition de natation de haut niveau !

La calme et discrète Lilaïs le remplace au pied levé, à la grande joie de tous !

Toutes ces péripéties, nous les vivons tandis que le cours de français, lui, suit son cours et que le reste de la classe assiste en spectateur à nos bons et moins bons moments….

Je laisse le soin à Anouck de résumer « La Fête du Farniente »

« Le 15 mars était le grand jour du concours où toutes les équipes des diverses écoles étaient réunies autour des auteurs au centre de délassement de Marcinelle.

A 11 heures, nous avons assisté à la remise des prix et c’est dans l’ambiance du concours que nous avons dîné.

Ensuite, nous avons rencontré les auteurs de notre choix pour une séance débat-dédicace.

Après les forums, nous sommes montés sur scène pour répondre aux questions en équipe.

L’équipe des « Thalqual » est allée en finale et nous l’avons encouragée !

A la fin, toutes les équipes se sont retrouvées sur la scène et nous avons reçu des livres en cadeau.

Nous avons passé une très belle journée, une journée où nous avons bien ri. Nous nous sommes retrouvés en dehors de l’école et c’était très chouette !!

Chacun d’entre nous aimerait y retourner l’année prochaine !

Anouck Parisse »

Le lundi, les équipes ont apporté leurs trophées en classe : les livres reçus et la banderole illustrée avec le nom des équipes, banderole qu’ils ont fièrement fixée au mur de la classe.

Cette expérience a rapproché les élèves et les a motivés dans leur travail scolaire.

Ils ont relevé un défi et par là-même, ils ont repris confiance en eux et en leurs capacités !

 début "farniente" classe de 3e * sommaire & édito 134

Le Farniente 2008 en 2ème année

Le premier roman lu par les élèves de 2ème année en septembre 2007 est un livre de la sélection Farniente 2008 :  Le garçon en pyjama rayé, de John Boyne.

Grâce aux cahiers « Adolivres », le livre fait l’objet d’une séquence de travail complète.

Le livre de Manon Fargetton est aussi au programme en ce début d’année. Ces romans ont beaucoup plu aux élèves.

Sur le mur du fond de la classe se trouve l’affiche du Farniente 2008, les plus curieux ont donc vite fait le lien. « Nous allons lire les 4 autres, Madame ? »…

Bien sûr, les 4 autres sont au programme pour un défi-lecture intra-muros mais de là à imaginer que quelques lecteurs curieux vont s’investir dans la compétition, il n’y a qu’un pas.

Ainsi, Elias, Alessandro-malade et remplacé par Astrid, Kimberly et Luca se lancent dans l’aventure.

Je vous livre ici trois textes où ces élèves de 2e A font part de leur expérience.


« Depuis septembre, nous avons entamé la lecture des livres de la sélection « une basket » du prix Farniente : « Le garçon en pyjama rayé » de Johnn Boyne, « Aussi libres qu’un rêve » de Manon Fargetton, « La marmite du diable » d’Olivier Silloray, « Les virus de l’ombre » d’Hicham Charif, « Filer droit » de Michael Coleman, et « Le plus grand matin du monde », de Kochka.
Après avoir lu tous ces livres, nous avons composé une équipe pour participer au jeu « Le Farniente en herbe ». Nous avons été sélectionnés pour participer à la finale qui s’est déroulée le samedi 15 mars au centre de délassement de Marcinelle.

Après une préparation pour les jeux et une relecture attentive des livres, « Le jour J » est enfin là. Je suis le premier de mon groupe au centre de délassement, vers dix heures. Ma famille et moi nous sommes installés dans la grande salle, au premier rang, pour assister à la remise des prix. Les auteurs sont fin prêts et se sont installés sur la scène. Ils ont été présentés au public, chacun à leur tour, ainsi que leurs livres et leurs histoires. Puis, les gagnants ont été proclamés : Hicham Charif pour « Les virus de l’ombre » dans la catégorie « une basket », et, chose qui n’était encore jamais arrivée au Farniente, deux vainqueurs  ex-aequo dans la catégorie « deux baskets » : Annie Cassidy pour « L’affaire Jennifer Jones », et Erik L’Homme pour « Phaenomen ».
Une fois la remise des prix terminée, les autres membres de l’équipe sont arrivés et nous avons dîné ensemble. Profitant que les auteurs sont sortis de la salle pour manger, eux aussi, nous avons fait dédicacer quelques livres. Quand nous avons eu fini de manger, nous nous sommes séparés pour la première rencontre avec les auteurs.
Elias et moi, nous sommes allés voir Manon Fargetton. Avec 5 minutes d’avance, nous attendons devant la porte du local pour la rencontre avec l’écrivaine. Nous avons pu avoir des places au premier rang, nous serons donc être très proches d’elle. Après 5 longues et interminables minutes d’attente, la voilà!  Elle s’est assise juste en face de nous, à même pas un mètre.
Le « débat » commence: l’animateur a d’abord  présenté l’auteur, puis nous avons pu poser des questions. Manon Fargetton répondait toujours en riant, visiblement étonnée du succès de son livre. Grâce à  ce débat, nous avons pu apprendre qu’elle a écrit son livre comme ça, « sur un coup de tête », qu’elle s’est dit un jour : « Manon, défi : Tu vas écrire un livre ! » ; qu’elle a écrit ce livre parce qu’elle n’aime pas qu’on « la mette en case » ; qu’elle avait toujours aimé la littérature et la musique ; qu’elle est musicienne et prépare un Diplôme des Métiers d'Art en régie de spectacles ; et bien d’autres choses.
En tous cas, elle est très sympathique avec nous et a ri de bon cœur.
Le débat a duré une heure, puis nous avons dû vite retourner dans la grande salle pour la finale du « Farniente en herbe ». Nous nous sommes tous installés et on a appelé les membres  des douze équipes dans les coulisses de la scène pour nous expliquer les règles. Les règles étaient simples : il y aurait, pour le concours « une basket », deux manches (pools) : la première pool faisant d’affronter six équipes, et la seconde six autres équipes, toutes tirées au sort. Les deux meilleures équipes de chaque pool iraient en finale. Après l’explication des règles, on nous a renvoyés dans la salle et le tirage au sort a débuté. Notre équipe a été tirée pour la première pool, et nous sommes allés sur la scène. On a collé une banderole avec le nom de notre équipe (les 100-noms du Farniente) sur notre table. Une fois toutes les équipes de la pool tirées au sort, le jeu a débuté.  La première épreuve était un QCM (Questions à Choix Multiples) sur les livres que nous avions dû lire. On nous posait les questions, on nous donnait trois réponses possibles (A, B, ou C), et nous devions lever un des trois cartons avec la lettre en question dessus. Puis nous avons fait une sorte de Pictionnary : on dessinait quelque chose sur un tableau et nous devions écrire ce que nous croyions avoir deviné sur une petite ardoise. Nous étions en deuxième position lorsque nous avons atteint la dernière épreuve : les anagrammes. On nous a donné 10 lettres dans le désordre, et nous devions trouver le mot le plus long. Malheureusement, personne n’était fort en anagramme dans notre équipe et le plus grand mot que nous avons trouvé était en 4 lettres alors qu’il y en avait un en 10 lettres.  Comme nous avions raté cette épreuve, l’équipe qui avait toujours été à la traîne est remontée en deuxième place et nous sommes redescendus en troisième place, et nous avons donc été éliminés.
C’est donc dans la rage d’avoir été battus au dernier moment que nous avons assisté à la deuxième pool. Après la deuxième pool, deux activités étaient proposées : assister à la finale du « Farniente en herbe », ou une séance de dédicaces.

Nous avons préféré les dédicaces, et nous sommes donc sortis de la salle avec nos livres pour rencontrer les auteurs.
Ensuite, nous avons rencontré un deuxième auteur. Toujours accompagné d’Elias, je suis allé voir Hicham Charif, l’auteur de « Les virus de l’ombre ». Nous nous sommes à nouveau assis au premier rang, et la discussion avec l’écrivain a commencé. Nous avons appris qu’il est informaticien spécialisé dans la dynamisation de sites (qui consiste à embellir et à améliorer les sites), qu’il écrit régulièrement des nouvelles, qu’il aime, contrairement à Manon Fargetton, écrire un peu chaque soir et bien réfléchir à son histoire plutôt que de se lancer tête baissée, et bien d’autres choses encore. Tout aussi sympathique que Manon Fargetton, mais moins souriant,  il nous a aussi demandé ce que nous pensions de son livre.
Après cette nouvelle heure de débat, nous sommes encore retournés dans la grande salle pour assister à la fin de la finale « deux baskets ».
Enfin, toutes les équipes « une basket » et « deux baskets » ont reçu leurs prix : des livres. La sélection changeait évidemment en fonction du stade où l’équipe en était arrivée dans le jeu. Nous avons pris quelques photos avec les livres avant de nous séparer.
   Ce que j’en pense

J’ai adoré cette journée ! J’ai surtout aimé la rencontre avec les auteurs. Pouvoir rencontrer ses auteurs préférés, c’est génial ! Surtout qu’ils sont super sympas, et pas toujours comme on se les imagine. Ce qui est génial aussi, c’est la proximité avec les auteurs. On a pu carrément discuter avec eux ! Les dédicaces, à côté de ça, c’est presque rien ! Et puis, le jeu, l’ambiance, tout était super. Sans hésitation, moi j’y retourne l’année prochaine !

Luca Rosania 2A 


« Je suis arrivé alors qu’il y avait des auteurs un peu partout, cherchant quelqu’un que je connaissais à travers la foule.  La remise des prix pour les auteurs était terminée et j’ai appris que Hicham Charif avait gagné.  Après avoir rejoint mes camarades de concours, nous avons organisé, avec l’aide de Mme Arcuri, notre participation aux forums.  Nous avons également débattu du concours en lui-même.  Ayant appris que les auteurs donnaient des dédicaces, je me suis empressé d’en obtenir un auprès du gagnant Farniente.  Malheureusement, au moment où mon tour est arrivé, Hicham Charif a annoncé qu’il devait partir.

Après avoir mangé, j’ai assisté au forum de Manon Fargetton, très enrichissant du point de vue de son expérience en tant que jeune auteur.  Quelque temps plus tard, le concours a débuté et après une brève explication du présentateur dans les coulisses, nous sommes appelés sur scène.  La compétition est rude mais une équipe adverse prend la tête.  Nous sommes assez bien classés et cela jusqu’à la dernière question qui était une anagramme.  A notre grand désespoir, et malgré nos efforts, nous n’avons pas trouvé le mot.  Déçus par cette perte, nous avons un peu râlé mais nous avons rapidement retrouvé notre bonne humeur grâce à nos supporters.

J’ai ensuite assisté au forum de Mr Hicham Charif, un homme plein de talent surtout au point de vue informatique.  Le concours « deux baskets » et la remise des prix ont clôturé la journée.  Pour notre participation, nous avons reçu 11 livres que nous nous sommes partagés.  Après avoir dit au revoir aux autres participants que je connaissais, je suis rentré chez moi pour me reposer de mes émotions.

  Critique
J’ai trouvé l’idée de Mme Arcuri excellente car, personnellement, j’adore les concours et la lecture.  L’ambiance était conviviale et chaleureuse.  La compétition en elle-même était très excitante.  Les encouragements et le soutien des copains et des familles nous ont fait très plaisir.  C’était vraiment une fabuleuse expérience que je désirerais réitérer.

Elias Belaallam 


« Un jour, Madame Arcuri nous a parlé d’un prix littéraire : «Le Farniente ».  Pour notre catégorie « une basket », nous devrions lire toute une série de livres bien précis. Nous nous sommes exécutés avec joie, certains livres étaient plus captivants que d'autres bien sûr (mais ça c'est une question de goût et de personnalité). Mais je dois dire que chacun des livres avait un attrait particulier pour nous, ados. Des travaux ont découlé de ces lectures.
Ensuite, madame nous a proposé de  former une équipe pour y participer. Kimberly, Luca, Alessandro, Guillaume J, Elias et moi nous sommes portés volontaires, sans vraiment avoir une idée de ce qui nous attendait. Nous avons tous reçu un questionnaire auquel nous devions répondre personnellement. Une mise en commun a été fixée le vendredi 15/02/08, une deuxième concertation prévue le19/02/08 pour peaufiner le travail et répartir les livres aux membres de l'équipe (Guillaume J et moi étions juste supporters).Le 29/02/08, chaque élève de la classe devait faire un classement des livres selon ses préférences et écrire un commentaire sur un sujet choisi à propos du prix Farniente. Madame Arcuri a sollicité les élèves pour grossir le « cop »des supporters. Ensuite, nous lui avons communiqué le nom des auteurs que nous voulions rencontrer pour établir l'horaire des forums, moi j'ai choisi Olivier Silloray (auteur de " La marmite du diable") et M Coleman (auteur de "Filer droit"). Le 12/03/08, nous avons été prévenus de l'absence du capitaine de l’équipe : Alessandro et c'est donc moi qui le remplacerais le jour J. Notre nouveau capitaine serait Elias.
Le 15/03/08 est la date du grand jour, ce fameux jour J de la demi-finale pour laquelle il ne restait plus que 12 équipes sur les 62 de départ. Nous pouvions arriver à 10h45 ou 12h45.Je débarque donc à 12h45.
A 13h se tenait le premier forum : Kimberly, Quentin et moi sommes allés voir Olivier Silloray. A 14h20, a réellement commencé la demi-finale. Nous étions au coude à coude avec le trio des lauréats mais au dernier moment plouf ! La fatidique anagramme du mot « infirmière » nous a définitivement ôté la victoire…
 A 16h deuxième forum, je suis allée voir M Coleman un auteur anglais à qui j'ai posé plusieurs questions dont une en anglais. Pendant ce temps, la finale des « une basket » et les demi-finales et finale des « deux baskets » se  sont déroulées dans la très bonne ambiance d’une salle surchauffée par les cris des supporters. La journée s'est terminée (vers 18h) par une remise des prix à toutes les équipes participantes.
J'ai trouvé les préparations au prix très intéressantes.
La veille, j'étais fort stressée à l'idée de ma participation, ce qui m’a évité de l’être pour notre représentation théâtrale du 14/03/08 à partir d’un livre de Monsieur Andriat. Le jour J était  chouette, amusant, distrayant et combien enrichissant. Je m’y suis très bien plu, à un tel point que je suis prête à y participer de nouveau. De plus, mes livres ont une valeur ajoutée car dédicacés par leurs auteurs.

VIVE LE FARNIENTE 2008 - A quand le 2009 ?

                                                                   Astrid Salengros

 

Autres articles de Marie Arcuri parus dans LMDP:

* Maupassant revisité pour écrire et faire du théâtre, 1er degré

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/maar.html 

*Au croisement de la musique, de la peinture, de la littérature, 1er degré * Elargir les horizons

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/arma.html 

* Autour du roman policier, 2e degré

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/polar.htm

début "farniente", classe de 2e * début "farniente" classe de 3e * sommaire & édito 134

Activités autour de la lecture du roman La grammaire est une chanson douce d’Erik Orsenna

Récit de Christine Franck, 1er degré, CSB, Habay (Belgique)

Il n’est pas toujours évident de revoir les classes grammaticales avec les élèves du premier degré. Sentiments d’incompréhension ou de déjà vu parasitent souvent cette leçon.


Pour aborder cette activité de manière un peu plus ludique, la lecture du roman La grammaire est une chanson douce (140 pages, Stock, 2001, env. 5€), peut s’avérer utile.


Cet ouvrage raconte l’histoire de deux enfants qui font naufrage sur une île habitée par des mots. Adjectifs, noms, déterminants, adverbes se partagent ce petit territoire fantastique. 

 

L’intérêt de cette lecture, au delà du contenu de l’histoire, réside surtout dans la définition originale des différentes classes grammaticales.


Définition du NOM


Le premier métier, c’est de désigner les choses. Vous avez déjà visité un jardin botanique ? Devant toutes les plantes rares, on a piqué un petit carton, une étiquette. Tel est le premier métier des mots : poser sur toutes les choses du monde une étiquette, pour s’y reconnaître. C’est le métier le plus difficile. Il y a tant de choses et des choses compliquées et des choses qui changent sans arrêt ! Et pourtant, pour chacune, il faut trouver une étiquette. Les mots chargés de ce métier terrible s’appellent les noms.
La tribu des noms est la tribu principale, la plus nombreuse. Il y a des noms-hommes, ce sont les masculins et des noms-femmes, les féminins. Il y a des noms qui étiquettent les humains : ce sont les prénoms. (…) Il y a des noms qui étiquettent les choses que l’on voit et ceux qui étiquettent des choses qui existent mais qui demeurent invisibles, les sentiments par exemple : la colère, l’amour, la tristesse…

Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, pp. 71-72.

Définition du DETERMINANT

La toute petite tribu des articles. Son rôle est simple et assez inutile, avouons-le. Les articles marchent devant les noms, en agitant une clochette : attention, le nom qui me suit est un masculin, attention, c’est un féminin ! (…)

Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, p. 72.

Définition de l’ADJECTIF

Les noms et les articles se promènent ensemble, du matin jusqu’au soir. Et du matin jusqu’au soir, leur occupation favorite est de trouver des habits ou des déguisements. A croire qu’ils se sentent tout nus, à marcher comme ça dans les rues. Peut-être qu’ils ont froid, même sous le soleil. Alors ils passent leur temps dans les magasins.
Les magasins sont tenus par la tribu des adjectifs. (…)
Le nom féminin « maison » pousse la porte, précédé de « la », son article à clochette.
— Bonjour, je me trouve un peu simple, j’aimerais m’étoffer.
— Nous avons tout ce qu’il vous faut dans nos rayons, dit le directeur en se frottant déjà les mains à l’idée de la bonne affaire.
Le nom « maison » commence ses essayages. Que de perplexité ! Comme la décision est difficile ! Cet adjectif-là plutôt que celui-ci ? La maison se tâte. Le choix est si vaste. Maison « bleue », maison « haute », maison « fortifiée », maison « alsacienne », maison « familiale », maison « fleurie » ? Les adjectifs tournent autour de la maison cliente avec des mines de séducteur, pour se faire adopter.

Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, pp.73-74.  

Définition du PRONOM

Tu vois le groupe, là-bas, assis sur les bancs près du réverbère : « je », « tu », « ce », « celle-ci », « leur ». Tu les vois ? C’est facile de les reconnaître. Ils ne se mêlent pas aux autres. Ils restent toujours ensemble. C’est la tribu des pronoms.
Monsieur Henri avait raison. Les pronoms toisaient tous les autres mots avec un de ces mépris…
_ On leur a donné un rôle très important : tenir, dans certains cas, la place des noms. Par exemple, au lieu de dire « Jeanne et Thomas ont fait naufrage, Jeanne et Thomas ont abordé dans une île ou Jeanne et Thomas réapprennent à parler »… au lieu de répéter sans fin Jeanne et Thomas, mieux vaut utiliser le pronom « ils ».  

Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, pp. 81-82.

Définition de l’ADVERBE


Cette tribu non plus nous ne l’avions pas distinguée des autres, alors qu’elle était la seule à se désintéresser de la mairie. Clairement, les mariages ne les concernaient pas. Ces gens-là ne voulaient que des aventures éphémères. Monsieur Henri nous confirma notre impression.
_ Ah, ces adverbes ! De vrais invariables, ceux-là ! Pas moyen de les accorder. Les femmes auront beau faire avec eux, elles n’arriveront à rien.

Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, p. 93.


Activités proposées aux élèves :

début grammaire chanson douce * sommaire & édito 134

v Lecture à domicile du roman.


Au préalable, quelques petites activités autour de la lecture sont proposées en classe :

§ Emettre des hypothèses sur le contenu du roman à partir de la couverture et de la quatrième de couverture.

§ Lecture du premier chapitre par le professeur.

 

v Evaluation : fiche de lecture




Grille d’évaluation

 


Prise en compte de la situation
de communication


A domicile, chaque élève lit le roman « La grammaire est une chanson douce » de Erik ORSENNA.
En classe, chaque élève répond à un questionnaire. Le roman est laissé à leur disposition.

 


Contenu- Elaboration de significations

§ Répondre à certaines questions portant sur les personnages et l’histoire.


/15


Vocabulaire- Grammaire

 

§ Définir certaines classes grammaticales à l’aide d’extraits du roman.



/10

 

 

1. Plusieurs personnages interviennent dans l’histoire. Définis-les en quelques mots. /5

                La nommeuse :
                Monsieur Henri : 
                La Girafe :
                Nécrole :
                Thomas :  

2. Réponds aux questions suivantes. Justifie tes réponses à l’aide des numéros de pages où tu as puisé les informations. /10

 

a) Pourquoi Jeanne et Thomas se retrouvent-ils sur une île inconnue ?

b) Le lendemain de leur arrivée sur l’île, Jeanne et Thomas visitent le marché aux mots. Qu’est-ce que ce marché a de particulier ?

c) Un peu plus tard, ils visitent un îlot complètement mort. Qui, selon monsieur Henri, est responsable de cette situation ?

d) Pourquoi les mots se sont-ils, un jour, révoltés et ont-ils fondé la ville des mots ? Cite deux raisons.

e) Qui Jeanne va-t-elle visiter à l’hôpital et pourquoi ce « malade » se trouve-t-il là ?

f) Qu’est-ce que la sècherie ?

g) Qu’est-ce que l’usine des mots ?

h) A quoi servent les horloges dans l’usine des mots ?

i) As-tu reconnu les trois auteurs que Jeanne rencontre derrière la porte ?
Nomme au moins deux de ces écrivains.

j) Complète cette phrase
Selon Monsieur Henri, toujours à la recherche de la ………………, la grammaire est aux mots ce que le ………………………… est à la musique.

3. Définis ces classes grammaticales à l’aide d’extraits du roman. /10

                NOM :
                DETERMINANT :
                ADJECTIF :
                PRONOM:
                ADVERBE :

v Réalisation d’un petit carnet de grammaire  

début grammaire chanson douce * sommaire & édito 134

A l’aide des définitions des classes de mots présentes dans le roman (voir encadrés), chaque élève réalise un petit carnet de grammaire.
Pour chaque nature de mot, il recherche la définition dans le roman, la retranscrit sur son carnet et réalise un dessin en guise d’illustrations.

Quelques exemples d’illustrations :

Au pays des adverbes

Au pays des pronoms

Au pays des adjectifs

 

Autres articles de Christine Franck

* D'une chanson (J. Brel, Les Vieux) à une autre, choisie, commentée et présentée par chaque élève, 1er degré

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/126.0609.html#chanson  

* La chanson: explorer la diversité du genre * Rechercher, rendre compte, mettre en spectacle, 1er degré

http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/129.0706.html#chanson 

début grammaire chanson douce * sommaire & édito 134

 

Écrire, lire, parler: le français, outil privilégié d'apprentissage au premier degré

Réflexions de Patrick François, Institut Notre-Dame, Saint-Hubert

 un peu comme l'abbé Pierre * partout, du français * i n'savent pas écrire * on n'a pas le temps * ce qui se conçoit bien...  

Il est nécessaire de partager l’apprentissage de la maîtrise de la langue dans toutes les disciplines, en formant notamment les enseignants aux différents modes de lecture. 
L’interdisciplinarité doit être pensée sur l’ensemble des niveaux du collège.

Extraits du Rapport (2004) sur la rénovation des programmes de collège demandé à René Rémond par le Ministère de l'Education nationale (France).

 

Et si on parlait français ?

 Avant-propos : sur les traces de l’Abbé Pierre

Le rédac'chef de LMDP,  me demande quelques lignes pour sa revue destinée aux professeurs de français.

Ayant enseigné cette matière depuis 1980, j’ai pu apprécier la qualité mais surtout la longévité de cette belle livraison régulière.

Professeur de français, surtout en 2ème professionnelle formation de base où je donnais aussi les cours de religion, d’étude du milieu,d’expression et communication, je n’ai jamais manqué de privilégier le travail en interdisciplinarité et ses bienfaits évidents. 

Néanmoins, voilà que depuis quelques mois, après avoir accepté   la fonction de directeur du Premier Degré de mon école, je ne suis plus devant les élèves.

Comment, dès lors, me mêler de partager quelques réflexions sur l’enseignement du français, alors que je ne suis plus  en classe? J’ai toujours trouvé discutable la démarche  des donneurs de conseils voulant remplir une page qu’ils avaient déjà tournée…

Il n’y avait que l’Abbé Pierre pour dire avec malice que sa fonction de Député ne lui avait jamais si bien servi que dès le moment où il ne le fut plus et que, pour forcer les portes de l’indifférence ou des réticences, il se prévalait « d’ancien représentant de la Nation ». Il bénéficiait alors de cette légitimité pleine de liberté, dont il ne disposait pas en siégeant au palais Bourbon !

Mais baste ! Devant l’instance du Rédacteur en Chef de cette revue, qui fut également mon professeur à l’Ecole Normale, je ne peux que m’incliner et  croire que les réflexions qui suivront pourront constituer, pour l’un ou l’autre lecteur, des bases de travail.

Si, comme précisé plus haut, je ne suis plus dans un rôle de professeur de français, ma position de directeur me permet une vue d’ensemble de ce qui se pratique dans les classes. C’est à ce titre que j’orienterai  les pistes qui vont suivre, dans le cadre des cours au premier degré.

Le français est partout   

début français/appentissage  * sommaire & édito 134

…sauf dans les cours de  langues modernes ! ( encore que …)

C’est une lapalissade. Mais comme souvent, à force de vivre avec une évidence, on finit par ne plus l’envisager à sa juste importance .

Et donc, que voit-on ? Bien des cours, comme la religion, les sciences, l’étude du milieu  font appel à la lecture. Un document  écrit, souvent dense, est proposé aux élèves. Premier exercice: lire et comprendre le document. Deuxième exercice: répondre à un questionnaire ou rédiger une synthèse. Troisième exercice, plus rare: rédiger un  résumé, une synthèse. Quatrième exercice:présenter un exposé, une « élocution ».

Autant d’activités qui demandent une certaine maîtrise de la langue maternelle. Pour les bons élèves, ça va. Comme toujours. Pour les plus faibles : ça casse, comme souvent.

Ceci pour lancer une première idée : pourquoi ne pas mettre le professeur de français dans le coup ? Pourquoi ne pas proposer au professeur de français de travailler avec les élèves le fameux texte  dont il faudra  rédiger une synthèse, ou

 l’exposé qu’il faudra présenter ? N’est-il pas complètement absurde que des exposés,ou des résumés, encadrés par une méthode, soient demandés au cours de français, et les mêmes activités, sans aucune méthode à d’autres cours ?

Pour l’élève, où se trouve la logique d’apprentissage ?

 

« Ils ne savent plus écrire !»  

début français/appentissage  * sommaire & édito 134

Pire : « Ils ne savent pas écrire ! » Le reproche revient  comme un leitmotiv à chaque conseil de classe.

Comme toujours, c’est à moitié vrai et à moitié faux. « Ils ne savent plus écrire » fait référence à un passé doré. « Ils ne savent pas écrire » met plus dangereusement sur

 la sellette le professeur de français.(Car il est bien entendu que la lecture, l’écriture et surtout …l’orthographe sont l’apanage exclusif, le domaine réservé, le pré carré du professeur de français.)

Et si l’on disait simplement : « Ils n’écrivent pas assez »? Car là, nous nous mettons en marche, nous prenons la balle  dans notre camp, nous cherchons des solutions, nous nous assumons  professeurs et pas spectateurs geignards.

Si quelqu’un ne « sait pas écrire », il faut le lui apprendre. C’est le rôle du professeur de français.

Et puis, il faut donner à l’élève l’occasion de s’entraîner. Ca, c’est le terrain d’activité de tous les professeurs.

Ce peut être : multiplier  les occasions de faire  prendre des notes, de formuler un avis par écrit avant de le dire .Ou encore : privilégier les réponses ouvertes au détriment des questionnaires à choix  muliples.

Et si l’on arrêtait aussi avec les « textes à trous » ? ( Je mets les guillemets , car ainsi, l’étrangeté que ce type de document représente apparaît plus bizarrement encore.) 

 

  On n’a pas le temps !  

début français/appentissage  * sommaire & édito 134

« Comment voulez-vous ? Avec toute la matière que nous devons voir, on n’a pas le temps de faire écrire , on n’a pas le temps de collaborer avec le professeur de français! »

C’est possible. Mais le problème ne vient-il pas de la mission que l’on se donne : « voir une matière » ? Ne vaudrait-il pas mieux la travailler, cette matière, comme le potier qui  triture sa terre -sa matière-, la frappe, l’ameublit, la prépare à la forme qu’il va lui donner ? Que l’on excuse cette comparaison un peu facile, mais j’y crois beaucoup. On ne fait jamais rien de beau, ni de bien, en voulant aller vite. Et l’école se doit d’aller à contre-courant de la vitesse qui lui est imposée par la société.

« Peu mais bien ; très peu mais très bien » dit l’adage.

 

  Les consommables au feu !  

début français/appentissage  * sommaire & édito 134

De la même manière, un usage très parcimonieux, pour ne pas dire plus, devrait être fait de tous les manuels « consommables ». Derrière ce terme très laid se cachent les manuels scolaires ou livres d’exercices dans lesquels l’élève est invité à écrire.

Sur les pointillés. Dans les cadres réservés. « C’est plus facile, Monsieur. C’est plus convivial( !) Madame. » Sans doute, Chers Editeurs. Mais l’élève qui écrit plus gros que l’espace reservé ? Celui qui voudrait raturer? Et où prend place la correction, si importante ?

Loin de moi la volonté de dénigrer le travail des maisons d’édition. Mais il me semble qu’un manuel proposant des exercices numérotés à résoudre dans un cahier place l’élève dans une position beaucoup plus réactive ou créative. Ecrire un énoncé d’activité, recopier un calcul en entier avant de noter la réponse, structurer sa page , en respectant  les marges, les alinéas, en passant des lignes pour aérer et clarifier son travail, ne s’agit-il pas là de véritables outils pour structurer l’intelligence d’un jeune ?

Dans le même ordre d’idées, j’ai toujous  été admiratif devant les cours « tout faits » parfaitement ordonnés  et photocopiés par des professeurs.De vrais petits bijoux, qui nécessitent un temps très important  de  conception et de réalisation.

 

Mais pendant ce temps-là, que font les élèves ? Ne vaudrait-il pas mieux un tableau noir bien présenté et la prise de notes des informations par les élèves ?

Quitte à proposer aux élèves de remettre ces notes en forme en utilisant le traitement de texte . Voilà qui constituerait une activité grandeur nature pour le cours d’informatique.

 

Ce qui se conçoit bien…  

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L’utilisation du français comme outil  d’apprentissage devrait aussi trouver son prolongement dans les questionnaires des épreuves sommatives ou certificatives. 

Lors de la passation des épreuves externes (C.E.B.,évaluations disciplinaires diverses, P.I.S.A) la consigne donnée aux professeurs est toujours la même : distribuer les documents et ne faire aucun commentaire, laisser l’élève se débrouiller.Il est bien entendu que la compréhension des questions fait partie de l’évaluation.

Une piste intéressante est donc d’habituer les élèves à comprendre une question.

Autrement dit, procéder ainsi tout au long de l’année.

Cette manière de faire nécessite deux conditions de la part des professeurs. D’abord, un travail en profondeur sur la formulation des questions. Ensuite, une utilisation, par tout le corps professoral, du même vocabulaire.   

  Le chantier, bien évidemment, est vaste.

On ne fait pas changer les habitudes aussi vite.

Rien ne peut jamais  réussir non plus qui ne soit  discuté,négocié, réfléchi en équipe.

 Mais le chantier en vaut la chandelle.

Ainsi, notre pratique du français en classe sera donc bien celle de notre Langue maternelle et toutes les productions de nos élèves de véritables Documents pédagogiques!  

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Tisser des liens entre le cours de français et les cours techniques

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Ecrire? Quelle horreur...Une production de maximes pour un cadran solaire, et autres écritures..Première accueil et deuxième professionnelle (Première accueil : classe de renforcement)

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début français/appentissage  * sommaire & édito 134

 

Pour le débat

Pékin - Inauguration des JO : Le dernier mot aux militaires?

 

Voici comment Eric Libiot, rédacteur en chef des pages Arts et Spectacles de L'Express, se présente et présente son blog - intitulé Les JO vus de mon canapé rouge:

 

Champion olympique du plateau télé catégorie sport de salon, je me propose de transpirer sang et bière à regarder comment le petit écran retransmet ces jeux olympiques. Et, d'en causer ici même.

Dès le lendemain de l'inauguration des JO [, sous le titre Médaille militaire, il commente l'inauguration de JO de Pékin, et particulièrement la toute dernière scène, où l'on voit le drapeau olympique change[r] de mains pour passer entre celles de six soldats.


Médaille militaire

Je viens de voir la fin de la retransmission de la cérémonie d'ouverture en différé (j'ai dû abandonner le direct pour cause de course à faire, notamment acheter des sacs-poubelle 30 litres).
Après le défilé des délégations, il y eut les discours et l'arrivée dans le stade du drapeau olympique, porté par six athlètes chinois. Jusque là, tout allait bien.
Et les commentateurs de France 2 d'y aller de leurs infos sur unetelle qui a monté l'Everest par la face Nord ou sur untel qui a remporté la médaille d'or au badminton.
Le truc touchait à sa fin, merci, au revoir et à demain.
Et voilà que le drapeau olympique change de mains pour passer entre celles de six soldats habillés en costard d'amidon, marchant au pas de l'oie, le visage fermé à double tour. Ce sont eux, les six trouffions, qui ont hissé le drapeau olympique sur son mât.
L'image est terrible.
Après les artistes mis en scène par Zhang Yimou, après les sportifs défilant sourire aux lèvres, ce sont des militaires qui s'emparaient du drapeau olympique.
L'image est choquante. Scandaleuse. Mais tellement signifiante.
Les commentateurs de F2, si volubiles quelques instants plus tôt, se drapaient alors dans un silence qu'on imaginait gêné.
J'aurais aimé quelques mots. Savoir par exemple quelles médailles avaient gagné ces robots en uniformes.
Rien ne vint. Et l'hymne olympique qui suivit semblait aligner les fausses notes.


Dans son blog du 25 août, intitulé Post scriptun, le lendemain de la clôture des JO de Pékin,  il signale de nouveau le rôle des militaires chinois, mais cette fois sans aucun commentaire.

(...) les militaires chinois [ont replié] le drapeau olympique, le donnant, symboliquement, à Jimmy Page, mythique guitariste de Led Zeppelin interprétant Whole Lotta Love et son magnifique riff pour annoncer Londres 2012.


Propositions

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Distance / proximité

C'est en cliquant sur voir mon profil que l'on identifie le blogueur Eric Libiot: 

* son expérience professionnelle des médias, 

* sa fonction de rédacteur en chef adjoint Culture/arts et spectacles (pour le journal L'Express)..

Sa parole peut donc être prise comme parole d'expert

 

Mais l'expert se fait proche 

* il ne fait pas étalage de ses titres et de sa compétence

* il utilise un vocabulaire plutôt familier, (le truc..., au revoir et à demain..., costard..., trouffions...) et volontiers imagé (costard d'amidon..., visage fermé à double tour..., robots en uniformes...)

* il évoque d'entrée de jeu des soucis ménagers qui sont le lot commun du grand nombre (... les sacs poubelles...) ; il y a là comme un effet de webcam.

 

Légèreté / gravité

 

* Le texte se déroule d'abord de façon plutôt détendue, comme pour souligner la stéréotypie du rituel convenu - donc prévisible - de l'inauguration: discours, défilés des délégations, commentaires des journalistes.

 

* jusque là, tout allait bien : ici, le bloggeur laisse entrevoir discrètement qu'une surprise peut survenir  .

 

* Et voilà que... 

Une telle amorce attire souvent l'attention sur un fait nouveau, non prévu, un basculement (le drapeau olympique change de mains). Et quelles mains! 

 

Le ton change dans l'expression: 

* choix de termes dépréciatifs au sujet des soldats (costard d'amidon..., visage fermé..., pas de l'oie..., robots...,)

* quatre phrases très courtes (une, puis trois à la suite) de désapprobation: L'image est terrible. / L'image est choquante. Scandaleuse. Mais tellement signifiante. Brièveté, concision (ellipse du verbe dans les P 3 et 4) donnent de la force au jugement du bloggeur.

* jeu d'oppositions lexicales: visage fermé vs sourire aux lèvres - commentateurs volubiles vs silence gêné - médaille d'or  [effort louable] vs médaille (militaire) [force violente]

* et pour conclure: le jeu sur le double sens de fausses notes 

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