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française dans l’enseignement secondaire * Revue trimestrielle
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Échange, recherche,
formation
Numéro 134 * Septembre 2008
Sommaire
* Michel
Voiturier, Résilles en réseau. Polar et autres fictions:
clins d'oeil intertextuels, 3e degré
* Maria Arcuri,
Elèves libres pour suivre la cuvée 2008 du
Prix Farniente, 2e degré
*. Christine
Franck, Composer un carnet de grammaire avec
E. Orsenna comme maître d'oeuvre. 1er degré.
* Patrick
François, Écrire, lire, parler: le français, outil privilégié d'apprentissage
au premier degré
* Document brut
d'Eric Libiot (L'Express, 09.08.2008) pour le débat,
3e degré::
Inauguration
des JO de Pékin: le dernier mot aux militaires? |
Prendre le temps d'écouter...
L'homme occidental ne sait plus
prendre le temps d'écouter: tout se passe par la prise de connaissance
immédiate de l'image. Le vécu n'est plus interprété au travers de
l'écoulement d'un Temps, mais il est saisi par l'instantanéité de la vision.
Consommateur d'images plutôt que
de paroles, seuls des slogans peuvent encore atteindre cet homme et le
toucher au niveau de l'ouïe. A ce propos il est paradoxal de constater que
c'est au moment où les moyens de communication sont devenus les plus
performants, que communiquer, c'est-à-dire se parler, est devenu de
plus en plus difficile.
Un présent centré sur lui-même,
des hommes et des femmes piégés par des images et par des slogans, le
mystérieux ramené au niveau du miracle technologique, toutes les conditions
semblent remplies pour que disparaisse toute orientation vers ce que nul
regard ne peut maîtriser ou expliquer.
André Thayse,
Vers de nouvelles Alliances - La Genèse autrement, L'Harmattan, 2006,
pp. 104-105 |
Résilles en réseau
Polar et autres
fictions: clins d'oeil intertextuels
Proposition de Michel Voiturier - Troisième degré
*
Préambule *
Bref rappel : Quelques formes
intertextuelles * exemples d'emprunts
* zoom sur deux auteurs proches de nous
En
guise de préambule
Pourquoi l'intertextualité dans un
programme de français ? - Quelques propos d'experts
* Lire, c'est comprendre
et construire du sens; c'est identifier des types de discours; c'est aussi
être capable de mettre en relation des textes avec d'autres.
D'après
J.-A. Huynh & M.Le Bouffant, Le français aujoured'hui, n. 112, déc.
1995, p. 3-4.
* Les phénomènes
d'intertextualité appartiennent à un domaine où les lacunes encyclopédiques
des élèves pèsent lourd, car elles peuvent empêcher une compréhension
minimale. Il n'est guère aisé de réduire dans le court terme les ignorances
des élèves.
Michel
Descotes, Le français aujourd'hui, n. 121, p. 96-97
* Toute création dans le
domaine littéraire ou artistique en général, est définissable comme un
processus de refaçonnement.
(C'est
le fil conducteur du livre de Catherine Malabou, La plasticité au soir de
l'écriture, éd. Léo Scheer, 2004)
* Le temps de la
littérature ne va pas seulement du passé vers l'avenir : il réactive sans
cesse le passé, comme par un mouvement de navette qui, afin de tisser et
d'étendre la pièce, doit d'abord revenir en arrière. (...) L'auteur, donc,
donne son nom non pas à un texte, mais à une relation entre textes.
J.-N.
Marie, Pourquoi Homère est-il aveugle?, Poétique, 66, 1986
* (...) et si le sens des textes littéraires résidait non dans ses causes
extérieures, le monde, l'auteur ou les sources de l'écrivain, mais dans le
rapport que les œuvres entretiennent entre elles ?
Sophie Rabau, L'intertextualité, Flammarion, 2002, texte
V.
Quelques formes intertextuelles
début intertextualité *
sommaire & édito 134
La
citation
est l’élément le plus
visible d’une intertextualité.
Le
pastiche
en est un qui s’avoue être un emprunt
déformé à un auteur.
Ils sont nombreux à avoir pris plaisir
à se moquer de la littérature tout en la pratiquant. Les réputés d’autrefois,
outre Proust qui s’est parfois amusé à parodier ses confrères, sont Georges
Fourest et sa Négresse blonde, Paul Reboux et À la manière de,
Pol Vandromme avec Le Fil rouge, Jean-Louis Curtis avec La
France m’épuise et La Chine m’inquiète. S’y ajoute une sorte de
parodie des Exercices de style de Queneau par Jacques Sternberg qui
décline des lettres commerciales sur tous les tons dans Les variations
Sternberg (titre en référence aux Variations Goldberg de Bach).
De nouveaux venus sont apparus voici
peu : l’un caricaturant Amélie Nothomb, Alain Dantinne et son Hygiène de
l’intestin ; l’autre Camille Abaclar dont Je suis le ténébreux
donne une centaine de versions du poème célèbre de Nerval. Quant à Le
Marchand de fables est repassé, c’est un recueil qui rassemble des
parodies de Le Corbeau et le Renard de La
Fontaine, signées entre autres par Pascale Fonteneau, Bruno Coppens, Sol et
Amélie Nothomb en personne. Ajoutons-y les tout récents Chronique du règne
de Nicolas Ier dans lesquelles Patrick Rambaud s’inspire de Saint-Simon
pour caricaturer le président Sarkozy et Le degré suprême de la tendresse
(c’est ainsi que Dali définissait le cannibalisme !) où Héléna Marienské
décline un fait divers selon Montaigne, Céline, Pérec, Houellebecq et quelques
autres.
Le
plagiat
étant inavouable, il est souvent
découvert après bien des recherches et des recoupements ou par l’indignation
de l’écrivain (parfois de ses héritiers !) qui fut pillé.
Voici
plusieurs décennies, une polémique a animé la revue Fiction quant à
savoir si Richard Matheson avait plagié Un homme chez les microbes de
Maurice Renard afin de composer L’homme qui rétrécit. Peut-être aussi
que le romancier français s’était-il lui-même inspiré d’une nouvelle de
l’Allemand Kurt Laszwitz : Sur la bulle de savon.
Jacques Attali pour Histoires du temps fut
en procès, alors qu’en réalité l’éditeur avait simplement omis de mettre en
italiques ou entre guillemets des passages qui étaient des citations.
Récemment, c’est le chanteur Bernard Lavilliers qui fut surpris à avoir repris
tel quel un poème de Claude Roy sans mentionner son origine.
Lieu par
excellence de la visibilité immédiate de l’intertextualité, le
titre.
Il est souvent issu
d’auteurs anciens connus.
Un roi sans divertissement de
Giono vient d’une phrase de Pascal.
Le bruit et la fureur de Faulkner constitue un emprunt à Shakespeare.
Les merveilleux nuages de Françoise Sagan appartiennent à un poème en
prose de Baudelaire dans Le spleen de Paris.
Rimbaud a donné Jadis, si je me souviens bien… à Charles Bertin.
Un récent roman de Camille Laurens puise chez Mallarmé : « Tissé par mille ».
Et il arrive même que des enseignes commerciales se réfèrent à la littérature.
Ainsi cette boutique de fleuriste baptisée L’Odyssée du lys.
Emprunts divers: quelques
exemples
début intertextualité *
sommaire & édito 134
Un des romans culte de la littérature
vietnamienne, Un cœur pur (de Hoàng Ngoc Phach, 1922) puise ses
références dans Manon Lescaut et dans La Dame aux camélias
aussi bien que dans une autre œuvre indigène emblématique Kim Vân Kiêu.
Richard Millet s’inspire du
mythe de Perséphone pour écrire son roman Dévorations.
Gilles Lapouge avoue que son
Le Bois des amoureux a utilisé le thème du vagabond dont l’arrivée
bouleverse la vie d’un village qui avait servi à l’écrivain norvégien Knut
Hamsun.
Le Script de
Rick Moody, utilise, selon Béatrice Pire, un procédé narratif
construit en rotation des personnages autour d’un point aveugle comme
chez le Robert Coover de La Femme de John. |
Béatrice Pire est
maître de conférence à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle. |
Selon la
même chercheuse, La Pêche à la truite en Amérique de Richard
Brautigan doit à Moby Dick d’Herman Melville l’humour, la
construction éclatée fondée sur plusieurs registres, et des personnages de
réprouvés formant comme une contre-société américaine.
On trouvera des
analogies entre L’Heure et l’ombre de Pierre Jourde et une
nouvelle extraite des Filles du feu de Nerval : « Sylvie »
dans ses thématiques sur le caractère irréversible du temps et
l’ambivalence de l’amour. |
Pierre Jourde, coauteur avec
Eric Nauleau de Le Jourde & Naulleau : Précis de
littérature du XXIe siècle, 2004 (pastiche du très
connu Lagarde et Michard) |
Stéphane Audeguy, apparemment
nourri de romans d’autrefois, invente la vie de François, frère de
Jean-Jacques Rousseau. Fils unique frôle le pastiche sans y tomber en
usant des ficelles des récits picaresques, de la littérature du XVIIIe sont
celle de Sade.
Jean Anouilh a reconnu avoir
puisé inconsciemment les scènes d’enfance d’Ardèle ou la Marguerite
dans la célèbre pièce de Roger Vitrac : Victor ou les Enfants au pouvoir.
Blaise Cendrars ne s’est pas
caché d’avoir écrit Documentaires en découpant des phrases dans le
Mystérieux Docteur Cornelius de Gustave Le Rouge.
Quant à Michel Tournier, il a
avoué avoir fait des emprunts à Leibniz pour Vendredi ou les Limbes du
Pacifique, à Alain-Fournier et à Flaubert pour Le Roi des aulnes.
Notre compatriote Gabriel Thoveron
a bourré de références son Qui a fait peur à Virginia Woolf ?
Et Robbe-Grillet ne réfute pas
que Les Gommes soient un avatar de l’histoire d’Œdipe.
Interrogé par
Dorothy Glaiman sur Evene.fr à propos de Julien
Parme et de ses affinités avec L’Attrape-cœurs de Salinger, le
romancier Florian Zeller déclare : « On
m’a déjà fait la remarque. C’est un livre que j’avais beaucoup aimé et c’est
vrai que l’on retrouve certains points communs. Mais parfois les influences
sont plus souterraines, plus ou moins évidentes et toujours malgré soi. Pour
être sincère, je pensais plutôt à d’autres auteurs en écrivant ce livre, comme
à John Fante par exemple mais après les choses viennent comme elles viennent.
Ce qui est sûr c’est que comme je voulais qu’il y ait ce manque de distance,
que ce soit une première personne pour justement en faire un personnage
comique, il fallait passer par l’oralité. C’est ça qui m’a amené sur cette
piste-là plutôt que la passion que je pourrais avoir pour
Salinger
ou quelqu’un d’autre. »
Il
est de notoriété publique que Marguerite Duras s’est servi de faits
divers pour écrire dans la presse des papiers dont certains firent grand
bruit, comme celui publié à la une par Libération (17 juillet 1985)
à propos de l’affaire Villemin avec la mort du petit Gregory. Un drame,
survenu à Savigny-sur-Orge lui a inspiré deux œuvres. D’une part la pièce
Les Viaducs de Seine-et-Oise et d’autre part L’Amante anglaise,
roman dans lequel, selon Pierre Vilain, elle cherche non pas les mobiles du
crime, mais à refaire le parcours mental du criminel pour comprendre le
merveilleux mystère du crime et en ressaisir sa folie même. Il semblerait
aussi que Moderato cantabile ait été inspiré par un crime perpétré à
Choisy-le-Roi en 57. Beaucoup savent aussi que Jean Genet a composé Les
Bonnes à partir d’une célèbre affaire criminelle.
Les films sont des moteurs
d’inspiration. Tanguy Viel a recréé le Limier de Mankiewicz dans
son roman Cinéma. Il se sert des réalisations de Scorsese et Ferara
ayant pour sujet le hold-up dans L’Absolue perfection. Et, pour
Insoupçonnable (Minuit, 2006), il reconnaît : « Hitchcock m’aide encore
à visualiser les scènes, à concevoir une intrigue comme un ressort qui se
tend ».
Bref, il y aurait moult recherches possibles à travers la
production d’hier autant que de celle d’aujourd’hui. C’est inépuisable mais
requiert d’une certaine façon la tournure d’esprit d’un détective.
Philippe Remy, Henri
Vernes: auteurs de nos régions
début intertextualité *
sommaire & édito 134
Le cas de
Philippe Remy,
La Chambre close
Auteur
de fictions liées à un certain fantastique et apparentées au roman historique,
Philippe Remy (Molenbeek-Saint-Jean, 1961) a publié
récemment La Chambre close dont l’écriture et la narration ne craignent
pas nombre d’emprunts. Interviewé, il déclare sans ambiguïté :
« La Chambre close »
s'inscrit dans une volonté de clin d'oeil au célèbre « Mystère
de la chambre jaune ». Gaston Leroux avait bâti un diptyque, car suivait
« Le Parfum de la dame en noir ». Selon le même principe, il s'agit
aussi ici d'un diptyque dont la suite est écrite. Le clin d'oeil, dans le II,
est appuyé par le choix d'une île (une presqu'île chez Leroux) comme lieu
d'enfermement et d'étouffement, en attente d'un crime (ce qui, on le
remarquera, est le contraire de la situation de départ du premier volet, où
l'on part du crime).
Il y a un pastiche délibéré des
romans d'énigme en vase clos (voir "La bande mouchetée" de Conan Doyle, "La
Chambre ardente" de J. Dickson Carr, le continuateur de... Doyle, "Le double
Meurtre de la rue Morgue" de Poe/Baudelaire) mais qui est détourné, ensuite,
vers une trame plus complexe, qui mêle l'enquête à la quête, l'accent policier
à des accents historiques ou fantastiques, voire initiatiques.
Il y a un pastiche des journaux de
l'époque, de leur ton emphatique : "Le Journal de Bruxelles", "L'Indépendance
belge", etc. Mais, derrière le jeu littéraire, une volonté romanesque de jouer
avec la matière du récit aussi, de changer de rythme de narration, de
perspective.
Il y a en creux une histoire du
roman policier ou du crime en vase clos. On va évoquer Poe mais Lamothe-Langon
et ses supercheries littéraires, ses fausses "Archives secrètes de la police
de Paris" qui ont enfanté la trame de "Monte-Cristo", on va remonter à une
anecdote de Duclos. On va élargir le débat à l'émergence des dessous de la
société, à un nouveau goût pour les ténèbres, le criminel, le vulgaire. Vidocq
(dont Vauvert est un avatar), Lacenaire ou Robert Macaire (voir la
bibliothèque d'Aymon), les archives de Newgate et Thomas de Quincey ("De
l'assassinat considéré comme un des beaux-arts"). Mais on évoque Oedipe,
aussi, et la 1e enquête policière connue.
Il y a un clin d'oeil moins
remarqué, et même pas remarqué du tout, au moderne "Quinconce", le
chef-d'oeuvre de Palliser, car mon livre, comme le sien, épouse la forme
évoquée dans le titre (chez lui) ou dans l'épigraphe et le discours du héros
chez moi (mais... mon titre original était... "La conque", gardé comme nom de
partie !). Soit ici on passe d'un roman dans un autre, il y a enchâssement de
plusieurs histoires, on va vers des parties de plus en plus courtes,
compactes, essentielles. L'enquête de la chambre close > la recherche d'un
frère disparu > la quête des origines, de l'identité.
Il y a une métaphore autour du
Graal et du couple Perceval/Galaad (voir la fin du livre), où il est question
du Méhaignié du conte, de la question que l'on pose ou pas, etc. Les
écrivains sont omniprésents : Baudelaire, surtout, mais Hugo aussi, de Quincey,
Poe, Lamothe-Langon, Quérard...
Des personnages font écho à la
littérature noire ou gothique, comme le comte de Saint-Germain ou Hugo (sang
arabe, basané). Mais il y a un détournement des stéréotypes, vu que les
étiquettes "bons/méchants" se redistribuent en cours de route, que les démons
s'angélisent plus on les approche et inversement, car les d'Alladières,
Lovenjoul ou Danjou... Il y a aussi le retournement du thème de l'usurier juif
cher à Honoré, car ici le Juif devient le protecteur lumineux et généreux de
Vivien et Hugo.
Notons mon appétit pour tout un
pan culturel (littérature des 18e et 19e, début 20e) et des
ingrédients classiques mais observons tout autant leur éclatement, leur
dé/recomposition dans un jeu littéraire moderne : héros apparents qui
disparaissent en cours de route, roman d'enquête qui se fond dans un récit de
quête, fils narratifs multiples et perspectives diverses, héros et sens qui
prennent le temps de s'esquisser, etc.
Quelques clins d'oeil culturels :
Lovenjoul (cf le célèbre fond balzacien), Vauvert, de Valnère, Clio... Dans
la montée des provinciaux tournaisiens vers Bruxelles, écho à celle de
d'Artagnan (la manière dont Aymon, dès son premier jour, se fait des ennemis
et se trouve acculé au duel), Rastignac ou Rubempré (il y a un jeu plus subtil
sur le recto/verso balzacien qu'on retrouve chez les 2 frères, l'un s'adaptant
mieux que l'autre à la société rencontrée).
Même la Bible est conviée au
festin, avec des réflexions sur la similitude des situations Hollande/Belgique
et Juda/Israël, comme Etats-tampons lieux de communication et de séparation,
nécessaires à l'équilibre mondial du temps. Ou même la dichotomie prolongée
dans le rapport avec l'autonomie, l'affirmation identitaire. »
Voilà un nombre assez singulier de
pistes qu’il sera bon d’explorer en lisant le roman, car en dehors de son
aspect policier, alimenté en suspense, l’histoire ne cesse de miser sur les
interférences littéraires. Elle l’avoue clairement par la voix du baron : « Nous
sommes entourés de supercheries littéraires, et depuis toujours. Alors, autant
ne pas être dupe et se moquer des idées préconçues sur le réel, se jeter dans
la brèche et recréer la vie plus belle et plus complexe. » (p. 76-77)
D’ailleurs, l’auteur dans ses jeux de mise en abyme va pousser le clin d’œil
de manière très appuyée, puisqu’il se permet de raconter la rencontre de son
héros, Gérard de Valnère, avec Charles Baudelaire dans la chambre qu’il occupa
à l’hôtel bruxellois Le Grand Miroir (hôtel dont l’enseigne est devenue
le titre d’une collection littéraire des éditions Luc Pire).
Du côté de Bob Morane
Daniel Fano s’est intéressé
à la production abondante d’Henri Vernes. Il en a tiré un volume qui
fait fort bien le tour de l’œuvre au moyen d’analyses, de témoignages,
d’interviews, de sélection anthologique. Il annonce, entre autres : « Je ne
vais pas relever ici toutes les analogies possibles ente Alexandre Dumas et
Henri Vernes. Elles sont assurément fort nombreuses. Notons cependant que tous
deux pratiquent volontiers l’intertextualité ». (p.104)
Il prend plaisir
à relever, à travers les différents romans consacrés à Bob Morane, les phrases
qui font allusion à Arthur Conan Doyle et son Sherlock Holmes. Il relève les
schémas narratifs qui comportent des similitudes mais également des
divergences : l’épisode du décès provisoire du détective anglais et celui de
l’aventurier, par exemple. Il passe en revue une série de duos littéraires
célèbres qui font de Morane et Ballantine des paires similaires à Don
Quichotte - Sancho Pansa, Holmes et Watson…
Fano note une
série de renseignements susceptibles de susciter des recherches à propos
d’intertextualité. Il insiste sur l’influence d’Alexandre Dumas, tant dans sa
narration que dans ses portraits ou ses soliloques de personnages. Il souligne
quelque rapport avec la légende des chevaliers de la Table ronde. Il signale
que le personnage de Tiger Jack est en réalité l’écrivain Jean Ray. Il renvoie
aussi à Charles Dickens.
Il fait également remarquer à quel point la
connaissance de la science-fiction classique (Wells, Anderson, le Doyle de
Le Monde perdu) a nourri les aventures de Bob.
Dans les
interviews, Vernes affirme : « On ne part jamais de zéro ». (p 71)
Lui-même raconte que le film de de Broca, « L’Homme de Rio » fut inspiré par
Morane. Il avoue s’être inspiré de Sax Rohmer et de ses Fu Manchu
pour les Dacoïts et d’un Harry Dickson pour les Girrits. Des reportages
du magazine National Geographic ont nourri La Vallée infernale
et Le Gorille blanc car il y a souvent une part encyclopédique au
milieu des aventures mouvementées du « Don Quichotte des temps modernes »,
alimentée par des lectures documentaires.. Il est, par contre, certain
que le Corto Maltese de Pratt n’a subi en rien l’influence de son héros.
Et, juste retour des choses, la
chanson « L’Aventurier », écrite par Nicola Sirkis pour le groupe rock
Indochine, est nourrie de titres de romans d’Henri Vernes, devenu à son tour
source d’intertextualité. Même si quelquefois, l’écrivain lui-même se servait
déjà de ses propres scénarios de bouquins pour élaborer les bandes dessinées
consacrées à Bob.
Bibliographie
début intertextualité *
sommaire & édito 134
Chaudenay Roland de, Dictionnaire
des plagiaires, Paris,
Perrin, 1990
Dantinne Alain, Hygiène de
l’intestin,
Labor, 2004
Delcourt Christian, Jean Ray ou les
choses dont on fait des histoires,
Paris, Nizet, 1980
Fano Daniel, Henri Vernes et Bob
Morane, une double vie d’aventures,
Bordeaux, Castor astral, 2007
Marienské Héléna, Le Degré
suprême de la tendresse, 2008
Rambaud Patrick, Chronique du
règne de Nicolas Ier, Paris, Grasset, 2008
Remy Philippe, La Chambre close,
Paris, Phébus, 2006
Pastiches, collages et autres
réécritures, Formules n°5, Paris, Noesis, 2001
Lecture de critiques littéraires parues dans la presse
quotidienne ou spécialisée (Le Magazine littéraire – La Quinzaine littéraire -
Lire) afin de repérer des comparaisons, des citations, des emprunts mis en
lumière par les journalistes.
* Sur le site
http://www.fabula.org/revue/cr/194.php
: L'intertextualité : ouverture
ou fermeture du texte ?
Autres articles de Michel
Voiturier parus dans LMDP:
* En joue:
quelques enjeux des jeux du je Réel et fiction, réel ou fiction? Repères pour
lecteurs des 2e et 3e degrés *
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/120.0503.html#ENJEUX
* Des titres
d'oeuvres d'un auteur en guise de matériau d'écriture, 2e degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/127.0612.html#bibliographiques
* Sarah Berti, Classe story:
Un polar à l’école pour des portraits
sociaux * 2e degré * Pour découvrir le polar
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/119.0412.html#Berti
début intertextualité *
sommaire & édito 134
Prix
Farniente 2008 en 3e année
en classe de 3e, 8 volontaires
en 2e, aussi, mais pour toute la classe
Marie
Arcuri - CSM, Gosselies
... Quelques élèves d'une classe de
troisième ont décidé leur professeure à les guider dans un projet de
lecture...
Une pédagogie qui prend en compte et
valorise l'initiative de quelques jeunes! L'enseignante raconte.
Comment raconter une aventure qui s’est étalée sur
quelques mois ?
En septembre
2007, comme en chaque début d’année, j’ai présenté aux élèves le
cours de français en insistant sur mon goût pour la lecture.
Voyant de l’intérêt dans leurs yeux, j’ai parlé du
Prix Farniente, prix littéraire décerné par les jeunes et que je suis de
très près chaque année. Voir le site
http://www.prixfarniente.be/
A partir de ce moment, quelques élèves de 3e C
sont venus régulièrement vers moi me montrer leur lecture du moment. Il m’est
arrivé plus d’une fois de lire un livre qu’ils m’avaient suggéré.
A mon tour, chaque semaine, j’ai déposé ostensiblement un
roman différent sur le bureau afin de les orienter vers la sélection 2008 du
Prix Farniente.
Fin novembre, Anouck,
la lectrice la plus passionnée, est venue me trouver afin de me convaincre de
participer à la fête du Farniente ! Quelle idée excellente !
Arnaud, Claire et Pierre se sont alors joints à Anouck. A
leur demande, j’ai fait circuler les six livres que j’ai empruntés à la
bibliothèque du Collège.
Mais, ...ils ne se rendaient pas encore compte du chemin
à parcourir avant le Jour J….
La première étape était bien entendu la lecture de toute
la sélection (6 livres) avant de répondre au questionnaire de présélection.
Début janvier, nous
avons fixé une date pour une première rencontre en dehors du cours.
Le mardi midi a été retenu. Ces rencontres ont permis de
mettre en commun les réponses au questionnaire que les élèves avaient
téléchargé sur Internet.
Au total, huit élèves se sont investis. Deux groupes de
quatre ont alors pris forme.
Thibault, Alexandre, Quentin et Ahmed,
alias les Thaqual |
|
Claire, Anouck, Pierre et Arnaud::
les Clanpiar |
|
Seul Alexandre est un élève d’une autre classe de 3ème.
L’enthousiasme débordant des uns a motivé les autres.
Même les familles ont été sollicitées, qui pour une recherche historique, qui
pour une aide graphique,…
Mais, dire que tout n’a pas été simple est un euphémisme.
Il a fallu gérer les absences des uns et puis des autres,
les désistements de dernière minute, les difficultés liées aux questions
parfois plus compliquées, la répartition des tâches, etc.…..
« Madame, il fait beau ce midi, on préfèrerait jouer
au foot… »
« J’ai oublié les réponses à la maison » « Je
n’ai pas encore fini le livre » « Désolé Madame, j’ai oublié la
réunion » ……. autant de petites phrases que j’aurais préféré ne pas
entendre…
La semaine précédant la date limite d’envoi des
questionnaires, l’excitation est à son comble mais les questionnaires ne sont
pas encore terminés !
Enfin, la veille de la date fatidique, tout est posté :
alea jacta est.
Une quinzaine de jours plus tard, l’organisatrice
contacte Alexandre : les « Thalqual » sont sélectionnés !
Contre toute attente, les Clanpiar sont enfin contactés :
ils pourront eux aussi participer à la fête.
Dernière « tuile » : Pierre ne sera pas des nôtres. Ce
samedi 15 mars, il doit participer à une compétition de natation de haut
niveau !
La calme et discrète Lilaïs le remplace au pied levé, à
la grande joie de tous !
Toutes ces péripéties, nous les vivons tandis que le
cours de français, lui, suit son cours et que le reste de la classe assiste en
spectateur à nos bons et moins bons moments….
Je laisse le soin à Anouck de résumer « La Fête du
Farniente »
« Le
15 mars était le grand jour du concours où toutes les équipes des
diverses écoles étaient réunies autour des auteurs au centre de délassement de
Marcinelle.
A 11 heures,
nous avons assisté à la remise des prix et c’est dans l’ambiance du concours
que nous avons dîné.
Ensuite, nous
avons rencontré les auteurs de notre choix pour une séance débat-dédicace.
Après les
forums, nous sommes montés sur scène pour répondre aux questions en équipe.
L’équipe des
« Thalqual » est allée en finale et nous l’avons encouragée !
A la fin,
toutes les équipes se sont retrouvées sur la scène et nous avons reçu des
livres en cadeau.
Nous avons
passé une très belle journée, une journée où nous avons bien ri. Nous nous
sommes retrouvés en dehors de l’école et c’était très chouette !!
Chacun
d’entre nous aimerait y retourner l’année prochaine !
Anouck Parisse »
Le lundi, les équipes ont apporté leurs trophées en
classe : les livres reçus et la banderole illustrée avec le nom des équipes,
banderole qu’ils ont fièrement fixée au mur de la classe.
Cette expérience a rapproché les élèves et les a motivés
dans leur travail scolaire.
Ils ont relevé un défi et par là-même, ils ont repris
confiance en eux et en leurs capacités !
début
"farniente" classe de 3e * sommaire &
édito 134
Le Farniente 2008 en
2ème année
Le premier roman lu par les élèves de 2ème année
en septembre 2007 est un livre de la sélection Farniente 2008 : Le garçon en
pyjama rayé, de John Boyne.
Grâce aux cahiers « Adolivres », le livre fait l’objet
d’une séquence de travail complète.
Le livre de Manon Fargetton est aussi au programme en ce
début d’année. Ces romans ont beaucoup plu aux élèves.
Sur le mur du fond de la classe se trouve l’affiche du
Farniente 2008, les plus curieux ont donc vite fait le lien. « Nous allons lire
les 4 autres, Madame ? »…
Bien sûr, les 4 autres sont au programme pour un
défi-lecture intra-muros mais de là à imaginer que quelques lecteurs curieux
vont s’investir dans la compétition, il n’y a qu’un pas.
Ainsi, Elias, Alessandro-malade et remplacé par Astrid,
Kimberly et Luca se lancent dans l’aventure.
Je vous livre ici trois textes où ces élèves de 2e A font
part de leur expérience.
« Depuis septembre, nous avons entamé la lecture des livres
de la sélection « une basket » du prix Farniente : « Le garçon en pyjama rayé »
de Johnn Boyne, « Aussi libres qu’un rêve » de Manon Fargetton, « La marmite du
diable » d’Olivier Silloray, « Les virus de l’ombre » d’Hicham Charif, « Filer
droit » de Michael Coleman, et « Le plus grand matin du monde », de Kochka.
Après avoir lu tous ces livres, nous avons composé une équipe pour participer au
jeu « Le Farniente en herbe ». Nous avons été sélectionnés pour participer à la
finale qui s’est déroulée le samedi 15 mars au centre de délassement de
Marcinelle.
Après une préparation pour les jeux et une relecture attentive des livres, « Le
jour J » est enfin là. Je suis le premier de mon groupe au centre de
délassement, vers dix heures. Ma famille et moi nous sommes installés dans la
grande salle, au premier rang, pour assister à la remise des prix. Les auteurs
sont fin prêts et se sont installés sur la scène. Ils ont été présentés au
public, chacun à leur tour, ainsi que leurs livres et leurs histoires. Puis, les
gagnants ont été proclamés : Hicham Charif pour « Les virus de l’ombre » dans la
catégorie « une basket », et, chose qui n’était encore jamais arrivée au
Farniente, deux vainqueurs ex-aequo dans la catégorie « deux baskets » : Annie
Cassidy pour « L’affaire Jennifer Jones », et Erik L’Homme pour « Phaenomen ».
Une fois la remise des prix terminée, les autres membres de l’équipe sont
arrivés et nous avons dîné ensemble. Profitant que les auteurs sont sortis de la
salle pour manger, eux aussi, nous avons fait dédicacer quelques livres. Quand
nous avons eu fini de manger, nous nous sommes séparés pour la première
rencontre avec les auteurs.
Elias et moi, nous sommes allés voir Manon Fargetton. Avec 5 minutes d’avance,
nous attendons devant la porte du local pour la rencontre avec l’écrivaine. Nous
avons pu avoir des places au premier rang, nous serons donc être très proches
d’elle. Après 5 longues et interminables minutes d’attente, la voilà! Elle
s’est assise juste en face de nous, à même pas un mètre.
Le « débat » commence: l’animateur a d’abord présenté l’auteur, puis nous avons
pu poser des questions. Manon Fargetton répondait toujours en riant, visiblement
étonnée du succès de son livre. Grâce à ce débat, nous avons pu apprendre
qu’elle a écrit son livre comme ça, « sur un coup de tête », qu’elle s’est dit
un jour : « Manon, défi : Tu vas écrire un livre ! » ; qu’elle a écrit ce livre
parce qu’elle n’aime pas qu’on « la mette en case » ; qu’elle avait toujours
aimé la littérature et la musique ; qu’elle est musicienne et prépare un Diplôme
des Métiers d'Art en régie de spectacles ; et bien d’autres choses.
En tous cas, elle est très sympathique avec nous et a ri de bon cœur.
Le débat a duré une heure, puis nous avons dû vite retourner dans la grande
salle pour la finale du « Farniente en herbe ». Nous nous sommes tous installés
et on a appelé les membres des douze équipes dans les coulisses de la scène
pour nous expliquer les règles. Les règles étaient simples : il y aurait, pour
le concours « une basket », deux manches (pools) : la première pool faisant
d’affronter six équipes, et la seconde six autres équipes, toutes tirées au
sort. Les deux meilleures équipes de chaque pool iraient en finale. Après
l’explication des règles, on nous a renvoyés dans la salle et le tirage au sort
a débuté. Notre équipe a été tirée pour la première pool, et nous sommes allés
sur la scène. On a collé une banderole avec le nom de notre équipe (les 100-noms
du Farniente) sur notre table. Une fois toutes les équipes de la pool tirées au
sort, le jeu a débuté. La première épreuve était un QCM (Questions à Choix
Multiples) sur les livres que nous avions dû lire. On nous posait les questions,
on nous donnait trois réponses possibles (A, B, ou C), et nous devions lever un
des trois cartons avec la lettre en question dessus. Puis nous avons fait une
sorte de Pictionnary : on dessinait quelque chose sur un tableau et nous devions
écrire ce que nous croyions avoir deviné sur une petite ardoise. Nous étions en
deuxième position lorsque nous avons atteint la dernière épreuve : les
anagrammes. On nous a donné 10 lettres dans le désordre, et nous devions trouver
le mot le plus long. Malheureusement, personne n’était fort en anagramme dans
notre équipe et le plus grand mot que nous avons trouvé était en 4 lettres alors
qu’il y en avait un en 10 lettres. Comme nous avions raté cette épreuve,
l’équipe qui avait toujours été à la traîne est remontée en deuxième place et
nous sommes redescendus en troisième place, et nous avons donc été éliminés.
C’est donc dans la rage d’avoir été battus au dernier moment que nous avons
assisté à la deuxième pool. Après la deuxième pool, deux activités étaient
proposées : assister à la finale du « Farniente en herbe », ou une séance de
dédicaces.
Nous avons
préféré les dédicaces, et nous sommes donc sortis de la salle avec nos livres
pour rencontrer les auteurs.
Ensuite, nous avons rencontré un deuxième auteur. Toujours accompagné d’Elias,
je suis allé voir Hicham Charif, l’auteur de « Les virus de l’ombre ». Nous nous
sommes à nouveau assis au premier rang, et la discussion avec l’écrivain a
commencé. Nous avons appris qu’il est informaticien spécialisé dans la
dynamisation de sites (qui consiste à embellir et à améliorer les sites), qu’il
écrit régulièrement des nouvelles, qu’il aime, contrairement à Manon Fargetton,
écrire un peu chaque soir et bien réfléchir à son histoire plutôt que de se
lancer tête baissée, et bien d’autres choses encore. Tout aussi sympathique que
Manon Fargetton, mais moins souriant, il nous a aussi demandé ce que nous
pensions de son livre.
Après cette nouvelle heure de débat, nous sommes encore retournés dans la grande
salle pour assister à la fin de la finale « deux baskets ».
Enfin, toutes les équipes « une basket » et « deux baskets » ont reçu leurs
prix : des livres. La sélection changeait évidemment en fonction du stade où
l’équipe en était arrivée dans le jeu. Nous avons pris quelques photos avec les
livres avant de nous séparer.
Ce que j’en pense
J’ai adoré
cette journée ! J’ai surtout aimé la rencontre avec les auteurs. Pouvoir
rencontrer ses auteurs préférés, c’est génial ! Surtout qu’ils sont super
sympas, et pas toujours comme on se les imagine. Ce qui est génial aussi, c’est
la proximité avec les auteurs. On a pu carrément discuter avec eux ! Les
dédicaces, à côté de ça, c’est presque rien ! Et puis, le jeu, l’ambiance, tout
était super. Sans hésitation, moi j’y retourne l’année prochaine !
Luca Rosania 2A
« Je suis
arrivé alors qu’il y avait des auteurs un peu partout, cherchant quelqu’un que
je connaissais à travers la foule. La remise des prix pour les auteurs était
terminée et j’ai appris que Hicham Charif avait gagné. Après avoir rejoint mes
camarades de concours, nous avons organisé, avec l’aide de Mme Arcuri, notre
participation aux forums. Nous avons également débattu du concours en
lui-même. Ayant appris que les auteurs donnaient des dédicaces, je me suis
empressé d’en obtenir un auprès du gagnant Farniente. Malheureusement, au
moment où mon tour est arrivé, Hicham Charif a annoncé qu’il devait partir.
Après avoir mangé, j’ai assisté au forum de Manon Fargetton, très enrichissant
du point de vue de son expérience en tant que jeune auteur. Quelque temps plus
tard, le concours a débuté et après une brève explication du présentateur dans
les coulisses, nous sommes appelés sur scène. La compétition est rude mais une
équipe adverse prend la tête. Nous sommes assez bien classés et cela jusqu’à la
dernière question qui était une anagramme. A notre grand désespoir, et malgré
nos efforts, nous n’avons pas trouvé le mot. Déçus par cette perte, nous avons
un peu râlé mais nous avons rapidement retrouvé notre bonne humeur grâce à nos
supporters.
J’ai ensuite assisté au forum de Mr Hicham Charif, un homme plein de talent
surtout au point de vue informatique. Le concours « deux baskets » et la remise
des prix ont clôturé la journée. Pour notre participation, nous avons reçu 11
livres que nous nous sommes partagés. Après avoir dit au revoir aux autres
participants que je connaissais, je suis rentré chez moi pour me reposer de mes
émotions.
Critique
J’ai trouvé l’idée de Mme Arcuri excellente car, personnellement, j’adore les
concours et la lecture. L’ambiance était conviviale et chaleureuse. La
compétition en elle-même était très excitante. Les encouragements et le soutien
des copains et des familles nous ont fait très plaisir. C’était vraiment une
fabuleuse expérience que je désirerais réitérer.
Elias Belaallam
« Un jour, Madame Arcuri nous a
parlé d’un prix littéraire : «Le Farniente ». Pour notre catégorie « une
basket », nous devrions lire toute une série de livres bien précis. Nous nous
sommes exécutés avec joie, certains livres étaient plus captivants que d'autres
bien sûr (mais ça c'est une question de goût et de personnalité). Mais je dois
dire que chacun des livres avait un attrait particulier pour nous, ados. Des
travaux ont découlé de ces lectures.
Ensuite, madame nous a proposé de former une équipe pour y participer.
Kimberly, Luca, Alessandro, Guillaume J, Elias et moi nous sommes portés
volontaires, sans vraiment avoir une idée de ce qui nous attendait. Nous avons
tous reçu un questionnaire auquel nous devions répondre personnellement. Une
mise en commun a été fixée le vendredi 15/02/08, une deuxième concertation
prévue le19/02/08 pour peaufiner le travail et répartir les livres aux membres
de l'équipe (Guillaume J et moi étions juste supporters).Le 29/02/08, chaque
élève de la classe devait faire un classement des livres selon ses préférences
et écrire un commentaire sur un sujet choisi à propos du prix Farniente. Madame
Arcuri a sollicité les élèves pour grossir le « cop »des supporters. Ensuite,
nous lui avons communiqué le nom des auteurs que nous voulions rencontrer pour
établir l'horaire des forums, moi j'ai choisi Olivier Silloray (auteur de " La
marmite du diable") et M Coleman (auteur de "Filer droit"). Le 12/03/08, nous
avons été prévenus de l'absence du capitaine de l’équipe : Alessandro et c'est
donc moi qui le remplacerais le jour J. Notre nouveau capitaine serait Elias.
Le 15/03/08 est la date du grand jour, ce fameux jour J de la demi-finale pour
laquelle il ne restait plus que 12 équipes sur les 62 de départ. Nous pouvions
arriver à 10h45 ou 12h45.Je débarque donc à 12h45.
A 13h se tenait le premier forum : Kimberly, Quentin et moi sommes allés voir
Olivier Silloray. A 14h20, a réellement commencé la demi-finale. Nous étions au
coude à coude avec le trio des lauréats mais au dernier moment plouf ! La
fatidique anagramme du mot « infirmière » nous a définitivement ôté la victoire…
A 16h deuxième forum, je suis allée voir M Coleman un auteur anglais à qui j'ai
posé plusieurs questions dont une en anglais. Pendant ce temps, la finale des
« une basket » et les demi-finales et finale des « deux baskets » se sont
déroulées dans la très bonne ambiance d’une salle surchauffée par les cris des
supporters. La journée s'est terminée (vers 18h) par une remise des prix à
toutes les équipes participantes.
J'ai trouvé les préparations au prix très intéressantes.
La veille, j'étais fort stressée à l'idée de ma participation, ce qui m’a évité
de l’être pour notre représentation théâtrale du 14/03/08 à partir d’un livre de
Monsieur Andriat. Le jour J était chouette, amusant, distrayant et combien
enrichissant. Je m’y suis très bien plu, à un tel point que je suis prête à y
participer de nouveau. De plus, mes livres ont une valeur ajoutée car dédicacés
par leurs auteurs.
VIVE LE FARNIENTE 2008 - A quand
le 2009 ?
Astrid Salengros
Autres articles de Marie Arcuri parus dans LMDP:
*
Maupassant revisité pour écrire et faire du théâtre, 1er degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/maar.html
*Au
croisement de la musique, de la peinture, de la littérature, 1er degré *
Elargir les horizons
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/arma.html
*
Autour du roman policier, 2e degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/polar.html
début
"farniente", classe de 2e *
début "farniente" classe de 3e
* sommaire & édito 134
Activités autour de la lecture du roman La grammaire est une chanson douce
d’Erik Orsenna
Récit de Christine Franck, 1er degré, CSB,
Habay (Belgique)
Il
n’est pas toujours évident de revoir les classes grammaticales avec les
élèves du premier degré. Sentiments d’incompréhension ou de déjà vu
parasitent souvent cette leçon.
Pour aborder cette activité de manière un
peu plus ludique, la lecture du roman La grammaire est une chanson
douce (140 pages, Stock, 2001, env. 5€), peut s’avérer utile.
Cet ouvrage raconte l’histoire de deux
enfants qui font naufrage sur une île habitée par des mots. Adjectifs, noms,
déterminants, adverbes se partagent ce petit territoire fantastique.
L’intérêt de cette lecture, au delà du contenu de l’histoire, réside surtout
dans la définition originale des différentes classes grammaticales. |
|
Définition du NOM
Le premier métier, c’est de désigner les
choses. Vous avez déjà visité un jardin botanique ? Devant toutes les plantes
rares, on a piqué un petit carton, une étiquette. Tel est le premier métier des
mots : poser sur toutes les choses du monde une étiquette, pour s’y reconnaître.
C’est le métier le plus difficile. Il y a tant de choses et des choses
compliquées et des choses qui changent sans arrêt ! Et pourtant, pour chacune,
il faut trouver une étiquette. Les mots chargés de ce métier terrible
s’appellent les noms.
La tribu des noms est la tribu principale, la
plus nombreuse. Il y a des noms-hommes, ce sont les masculins et des
noms-femmes, les féminins. Il y a des noms qui étiquettent les humains : ce sont
les prénoms. (…) Il y a des noms qui étiquettent les choses que l’on voit et
ceux qui étiquettent des choses qui existent mais qui demeurent invisibles, les
sentiments par exemple : la colère, l’amour, la tristesse…
Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de
Érik Orsenna, pp. 71-72.
Définition du DETERMINANT
La toute petite tribu des articles. Son rôle
est simple et assez inutile, avouons-le. Les articles marchent devant les noms,
en agitant une clochette : attention,
le nom qui me suit est un masculin, attention, c’est
un féminin ! (…)
Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de
Érik Orsenna, p. 72.
Définition de l’ADJECTIF
Les noms et les articles se promènent
ensemble, du matin jusqu’au soir. Et du matin jusqu’au soir, leur occupation
favorite est de trouver des habits ou des déguisements. A croire qu’ils se
sentent tout nus, à marcher comme ça dans les rues. Peut-être qu’ils ont froid,
même sous le soleil. Alors ils passent leur temps dans les magasins.
Les magasins sont tenus par la tribu des
adjectifs. (…)
Le nom féminin « maison » pousse la porte,
précédé de « la », son article à clochette.
— Bonjour, je me trouve un peu simple,
j’aimerais m’étoffer.
— Nous avons tout ce qu’il vous faut dans nos
rayons, dit le directeur en se frottant déjà les mains à l’idée de la bonne
affaire.
Le nom « maison » commence ses essayages. Que
de perplexité ! Comme la décision est difficile ! Cet adjectif-là plutôt que
celui-ci ? La maison se tâte. Le choix est si vaste. Maison « bleue », maison «
haute », maison « fortifiée », maison « alsacienne », maison « familiale »,
maison « fleurie » ? Les adjectifs tournent autour de la maison cliente avec des
mines de séducteur, pour se faire adopter.
Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de
Érik Orsenna, pp.73-74.
Définition du PRONOM
Tu vois le groupe, là-bas, assis sur les bancs
près du réverbère : « je », « tu », « ce », « celle-ci », « leur ». Tu les vois
? C’est facile de les reconnaître. Ils ne se mêlent pas aux autres. Ils restent
toujours ensemble. C’est la tribu des pronoms.
Monsieur Henri avait raison. Les pronoms
toisaient tous les autres mots avec un de ces mépris…
_ On leur a donné un rôle très important :
tenir, dans certains cas, la place des noms. Par exemple, au lieu de dire «
Jeanne et Thomas ont fait naufrage, Jeanne et Thomas ont abordé dans une île ou
Jeanne et Thomas réapprennent à parler »… au lieu de répéter sans fin Jeanne et
Thomas, mieux vaut utiliser le pronom « ils ».
Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de
Érik Orsenna, pp. 81-82.
Définition de l’ADVERBE
Cette tribu non plus nous ne l’avions pas
distinguée des autres, alors qu’elle était la seule à se désintéresser de la
mairie. Clairement, les mariages ne les concernaient pas. Ces gens-là ne
voulaient que des aventures éphémères. Monsieur Henri nous confirma notre
impression.
_ Ah, ces adverbes ! De vrais invariables,
ceux-là ! Pas moyen de les accorder. Les femmes auront beau faire avec eux,
elles n’arriveront à rien.
Extrait de « La grammaire est une chanson douce » de Érik Orsenna, p. 93.
Activités proposées aux élèves :
début grammaire
chanson douce * sommaire & édito 134
v Lecture à domicile
du roman.
Au préalable, quelques petites activités
autour de la lecture sont proposées en classe :
§ Emettre des hypothèses sur le contenu du roman à
partir de la couverture et de la quatrième de couverture.
§ Lecture du premier chapitre par le professeur.
v Evaluation : fiche
de lecture
Grille d’évaluation
Prise en compte de la situation
de communication
|
A domicile, chaque élève lit le roman « La grammaire est une chanson douce
» de Erik ORSENNA.
En classe, chaque élève répond à un questionnaire. Le roman est laissé à
leur disposition.
|
|
Contenu- Elaboration de significations
|
§ Répondre à certaines
questions portant sur les personnages et l’histoire.
|
/15
|
Vocabulaire- Grammaire
|
§ Définir certaines classes
grammaticales à l’aide d’extraits du roman.
|
/10
|
1. Plusieurs personnages interviennent dans l’histoire. Définis-les en quelques
mots. /5
La nommeuse :
Monsieur Henri :
La Girafe :
Nécrole :
Thomas :
2. Réponds aux questions suivantes. Justifie tes réponses à l’aide des numéros
de pages où tu as puisé les informations. /10
a) Pourquoi Jeanne et Thomas se retrouvent-ils sur
une île inconnue ?
b) Le lendemain de leur arrivée sur l’île, Jeanne et
Thomas visitent le marché aux mots. Qu’est-ce que ce marché a de particulier ?
c) Un peu plus tard, ils visitent un îlot
complètement mort. Qui, selon monsieur Henri, est responsable de cette situation
?
d) Pourquoi les mots se sont-ils, un jour, révoltés
et ont-ils fondé la ville des mots ? Cite deux raisons.
e) Qui Jeanne va-t-elle visiter à l’hôpital et
pourquoi ce « malade » se trouve-t-il là ?
f) Qu’est-ce que la sècherie ?
g) Qu’est-ce que l’usine des mots ?
h) A quoi servent les horloges dans l’usine des mots
?
i) As-tu reconnu les trois auteurs que Jeanne
rencontre derrière la porte ?
Nomme au moins deux de ces écrivains.
j) Complète cette phrase
Selon Monsieur Henri, toujours à la recherche
de la ………………, la grammaire est aux mots ce que le ………………………… est à la musique.
3. Définis ces classes
grammaticales à l’aide d’extraits du roman.
/10
NOM :
DETERMINANT :
ADJECTIF :
PRONOM:
ADVERBE :
v Réalisation
d’un petit carnet de grammaire
début grammaire
chanson douce * sommaire & édito 134
A
l’aide des définitions des classes de mots présentes dans le roman (voir
encadrés), chaque élève réalise un petit carnet de grammaire.
Pour chaque nature de mot, il recherche la
définition dans le roman, la retranscrit sur son carnet et réalise un dessin en
guise d’illustrations.
Quelques exemples d’illustrations :
|
Au pays des
adverbes |
|
|
Au pays des
pronoms |
Au pays des
adjectifs |
Autres articles de Christine
Franck
* D'une chanson (J. Brel, Les
Vieux) à une autre, choisie, commentée et présentée
par chaque élève, 1er degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/126.0609.html#chanson
* La chanson:
explorer la diversité du genre * Rechercher, rendre compte, mettre en spectacle,
1er degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/129.0706.html#chanson
début grammaire chanson douce *
sommaire & édito 134
Écrire, lire, parler: le
français, outil privilégié d'apprentissage au premier
degré
Réflexions de Patrick François, Institut Notre-Dame, Saint-Hubert
un
peu comme l'abbé Pierre * partout, du français *
i n'savent pas écrire * on
n'a pas le temps * ce qui se conçoit bien...
Il est nécessaire de partager l’apprentissage de la
maîtrise de la langue dans toutes les disciplines, en formant notamment les
enseignants aux différents modes de lecture.
L’interdisciplinarité doit être pensée sur l’ensemble des niveaux du
collège.
Extraits du Rapport (2004) sur la
rénovation des programmes de collège demandé à René Rémond par le
Ministère de l'Education nationale (France). |
Et si on parlait français ?
Avant-propos :
sur les traces de l’Abbé Pierre…
Le rédac'chef de LMDP, me demande
quelques lignes pour sa revue destinée aux professeurs de français.
Ayant enseigné cette matière depuis
1980, j’ai pu apprécier la qualité mais surtout la longévité de cette belle
livraison régulière.
Professeur de français, surtout en 2ème
professionnelle formation de base où je donnais aussi les cours de religion,
d’étude du milieu,d’expression et communication, je n’ai jamais manqué de
privilégier le travail en interdisciplinarité et ses bienfaits évidents.
Néanmoins, voilà que depuis quelques
mois, après avoir accepté la fonction de directeur du Premier Degré de mon
école, je ne suis plus devant les élèves.
Comment, dès lors, me mêler de partager
quelques réflexions sur l’enseignement du français, alors que je ne suis plus
en classe? J’ai toujours trouvé discutable la démarche des donneurs de conseils
voulant remplir une page qu’ils avaient déjà tournée…
Il n’y avait que l’Abbé Pierre pour dire
avec malice que sa fonction de Député ne lui avait jamais si bien servi que dès
le moment où il ne le fut plus et que, pour forcer les portes de l’indifférence
ou des réticences, il se prévalait « d’ancien représentant de la Nation ». Il
bénéficiait alors de cette légitimité pleine de liberté, dont il ne disposait
pas en siégeant au palais Bourbon !
Mais baste ! Devant l’instance du
Rédacteur en Chef de cette revue, qui fut également mon professeur à l’Ecole
Normale, je ne peux que m’incliner et croire que les réflexions qui suivront
pourront constituer, pour l’un ou l’autre lecteur, des bases de travail.
Si, comme précisé plus haut, je ne suis
plus dans un rôle de professeur de français, ma position de directeur me permet
une vue d’ensemble de ce qui se pratique dans les classes. C’est à ce titre que
j’orienterai les pistes qui vont suivre, dans le cadre des cours au premier
degré.
Le français est partout …
début français/appentissage *
sommaire & édito 134
…sauf dans les cours de langues
modernes ! ( encore que …)
C’est une lapalissade. Mais comme
souvent, à force de vivre avec une évidence, on finit par ne plus l’envisager à
sa juste importance .
Et donc, que voit-on ? Bien des cours,
comme la religion, les sciences, l’étude du milieu font appel à la lecture. Un
document écrit, souvent dense, est proposé aux élèves. Premier exercice: lire
et comprendre le document. Deuxième exercice: répondre à un questionnaire ou
rédiger une synthèse. Troisième exercice, plus rare: rédiger un résumé, une
synthèse. Quatrième exercice:présenter un exposé, une « élocution ».
Autant d’activités qui demandent une
certaine maîtrise de la langue maternelle. Pour les bons élèves, ça va. Comme
toujours. Pour les plus faibles : ça casse, comme souvent.
Ceci pour lancer une première idée :
pourquoi ne pas mettre le professeur de français dans le coup ? Pourquoi ne pas
proposer au professeur de français de travailler avec les élèves le fameux
texte dont il faudra rédiger une synthèse, ou
l’exposé qu’il faudra présenter ?
N’est-il pas complètement absurde que des exposés,ou des résumés, encadrés par
une méthode, soient demandés au cours de français, et les mêmes activités, sans
aucune méthode à d’autres cours ?
Pour l’élève, où se trouve la logique
d’apprentissage ?
« Ils
ne savent plus écrire !»
début français/appentissage *
sommaire & édito 134
Pire : « Ils ne savent pas écrire ! » Le
reproche revient comme un leitmotiv à chaque conseil de classe.
Comme toujours, c’est à moitié vrai et à
moitié faux. « Ils ne savent plus écrire » fait référence à un passé doré. « Ils
ne savent pas écrire » met plus dangereusement sur
la sellette le professeur de
français.(Car il est bien entendu que la lecture, l’écriture et surtout
…l’orthographe sont l’apanage exclusif, le domaine réservé, le pré carré du
professeur de français.)
Et si l’on disait simplement : « Ils
n’écrivent pas assez »? Car là, nous nous mettons en marche, nous prenons la
balle dans notre camp, nous cherchons des solutions, nous nous assumons
professeurs et pas spectateurs geignards.
Si quelqu’un ne « sait pas écrire », il
faut le lui apprendre. C’est le rôle du professeur de français.
Et puis, il faut donner à l’élève
l’occasion de s’entraîner. Ca, c’est le terrain d’activité de tous les
professeurs.
Ce peut être : multiplier les occasions
de faire prendre des notes, de formuler un avis par écrit avant de le dire .Ou
encore : privilégier les réponses ouvertes au détriment des questionnaires à
choix muliples.
Et si l’on arrêtait aussi avec les
« textes à trous » ? ( Je mets les guillemets , car ainsi, l’étrangeté que ce
type de document représente apparaît plus bizarrement encore.)
On n’a pas le temps !
début français/appentissage *
sommaire & édito 134
« Comment voulez-vous ? Avec toute la
matière que nous devons voir, on n’a pas le temps de faire écrire , on n’a pas
le temps de collaborer avec le professeur de français! »
C’est possible. Mais le problème ne
vient-il pas de la mission que l’on se donne : « voir une matière » ? Ne
vaudrait-il pas mieux la travailler, cette matière, comme le potier qui triture
sa terre -sa matière-, la frappe, l’ameublit, la prépare à la forme qu’il va lui
donner ? Que l’on excuse cette comparaison un peu facile, mais j’y crois
beaucoup. On ne fait jamais rien de beau, ni de bien, en voulant aller vite. Et
l’école se doit d’aller à contre-courant de la vitesse qui lui est imposée par
la société.
« Peu mais bien ; très peu mais très
bien » dit l’adage.
Les consommables au
feu !
début français/appentissage *
sommaire & édito 134
De la même manière, un usage très
parcimonieux, pour ne pas dire plus, devrait être fait de tous les manuels
« consommables ». Derrière ce terme très laid se cachent les manuels scolaires
ou livres d’exercices dans lesquels l’élève est invité à écrire.
Sur les pointillés. Dans les cadres
réservés. « C’est plus facile, Monsieur. C’est plus convivial( !) Madame. »
Sans doute, Chers Editeurs. Mais l’élève qui écrit plus gros que l’espace
reservé ? Celui qui voudrait raturer? Et où prend place la correction, si
importante ?
Loin de moi la volonté de dénigrer le travail des maisons
d’édition. Mais il me semble qu’un manuel proposant des exercices numérotés à
résoudre dans un cahier place l’élève dans une position beaucoup plus réactive
ou créative. Ecrire un énoncé d’activité, recopier un calcul en entier avant de
noter la réponse, structurer sa page , en respectant les marges, les alinéas,
en passant des lignes pour aérer et clarifier son travail, ne s’agit-il pas là
de véritables outils pour structurer l’intelligence d’un jeune ?
Dans le même ordre d’idées, j’ai toujous été admiratif
devant les cours « tout faits » parfaitement ordonnés et photocopiés par des
professeurs.De vrais petits bijoux, qui nécessitent un temps très important de
conception et de réalisation.
Mais pendant ce temps-là, que font les élèves ? Ne
vaudrait-il pas mieux un tableau noir bien présenté et la prise de notes des
informations par les élèves ?
Quitte à proposer aux élèves de remettre ces notes en forme
en utilisant le traitement de texte . Voilà qui constituerait une activité
grandeur nature pour le cours d’informatique.
Ce qui
se conçoit bien…
début français/appentissage *
sommaire & édito 134
L’utilisation du français comme outil
d’apprentissage devrait aussi trouver son prolongement dans les questionnaires
des épreuves sommatives ou certificatives.
Lors de la passation des épreuves
externes (C.E.B.,évaluations disciplinaires diverses, P.I.S.A) la consigne
donnée aux professeurs est toujours la même : distribuer les documents et ne
faire aucun commentaire, laisser l’élève se débrouiller.Il est bien entendu que
la compréhension des questions fait partie de l’évaluation.
Une piste intéressante est donc
d’habituer les élèves à comprendre une question.
Autrement dit, procéder ainsi tout au
long de l’année.
Cette manière de faire nécessite deux
conditions de la part des professeurs. D’abord, un travail en profondeur sur la
formulation des questions. Ensuite, une utilisation, par tout le corps
professoral, du même vocabulaire.
Le chantier, bien évidemment,
est vaste.
On ne fait pas changer les habitudes
aussi vite.
Rien ne peut jamais réussir non plus
qui ne soit discuté,négocié, réfléchi en équipe.
Mais le chantier en vaut la chandelle.
Ainsi, notre pratique du français en
classe sera donc bien celle de notre Langue maternelle et toutes
les productions de nos élèves de véritables Documents pédagogiques!
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Laissez brûler les petits papiers - Fabriquer du
papier en classe, 1er d.
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/117.0406.html#papiers
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Oral en réalité pour radio en direct (de la 1re à la 6e)
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Ecrire? Quelle
horreur...Une production de maximes pour un cadran solaire, et autres
écritures..Première accueil et deuxième professionnelle (Première accueil :
classe de renforcement)
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début français/appentissage
* sommaire & édito 134
Pour le
débat
Pékin -
Inauguration des JO : Le dernier mot aux militaires?
Voici comment Eric Libiot, rédacteur en chef des pages
Arts et Spectacles de L'Express, se présente et présente son blog -
intitulé Les JO vus de mon canapé rouge:
Champion olympique du plateau télé
catégorie sport de salon, je me propose de transpirer sang et bière à regarder
comment le petit écran retransmet ces jeux olympiques. Et, d'en causer ici même.
Dès le lendemain de l'inauguration des JO [9
août 2008 0h17], sous le titre Médaille militaire,
il commente l'inauguration de JO de Pékin, et particulièrement la toute
dernière scène, où l'on voit
le drapeau
olympique change[r] de mains pour passer entre celles de six soldats.
Médaille militaire
Je viens de voir la fin de la
retransmission de la cérémonie d'ouverture en différé (j'ai dû abandonner le
direct pour cause de course à faire, notamment acheter des sacs-poubelle 30
litres).
Après le défilé des délégations, il y eut les discours et l'arrivée dans le
stade du drapeau olympique, porté par six athlètes chinois. Jusque là, tout
allait bien.
Et les commentateurs de France 2 d'y aller de leurs infos sur unetelle qui a
monté l'Everest par la face Nord ou sur untel qui a remporté la médaille
d'or au badminton.
Le truc touchait à sa fin, merci, au revoir et à demain.
Et voilà que le drapeau olympique change de mains pour passer entre celles
de six soldats habillés en costard d'amidon, marchant au pas de l'oie, le
visage fermé à double tour. Ce sont eux, les six trouffions, qui ont hissé
le drapeau olympique sur son mât.
L'image est terrible.
Après les artistes mis en scène par Zhang Yimou, après les sportifs défilant
sourire aux lèvres, ce sont des militaires qui s'emparaient du drapeau
olympique.
L'image est choquante. Scandaleuse. Mais tellement signifiante.
Les commentateurs de F2, si volubiles quelques instants plus tôt, se
drapaient alors dans un silence qu'on imaginait gêné.
J'aurais aimé quelques mots. Savoir par exemple quelles médailles avaient
gagné ces robots en uniformes.
Rien ne vint. Et l'hymne olympique qui suivit semblait aligner les fausses
notes.
Dans son blog du 25 août, intitulé Post scriptun, le lendemain de
la clôture des JO de Pékin, il signale de nouveau le rôle des militaires
chinois, mais cette fois sans aucun commentaire.
(...) les militaires chinois [ont
replié] le drapeau olympique, le donnant, symboliquement, à Jimmy Page,
mythique guitariste de Led Zeppelin interprétant Whole Lotta Love et son
magnifique riff pour annoncer Londres 2012.
Propositions
début"JO-Pékin" * sommaire & édito
134
Distance / proximité
C'est en cliquant sur
voir mon profil que l'on identifie le blogueur Eric Libiot:
* son
expérience professionnelle des médias,
* sa
fonction de rédacteur en chef adjoint Culture/arts et spectacles
(pour le journal L'Express)..
Sa parole peut donc être
prise comme parole d'expert
Mais l'expert se fait
proche
* il ne
fait pas étalage de ses titres et de sa compétence
* il
utilise un vocabulaire plutôt familier, (le truc..., au revoir et à
demain..., costard..., trouffions...) et volontiers imagé (costard
d'amidon..., visage fermé à double tour..., robots en uniformes...)
* il
évoque d'entrée de jeu des soucis ménagers qui sont le lot commun du grand
nombre (... les sacs poubelles...) ; il y a là comme un effet de
webcam.
Légèreté / gravité
* Le texte
se déroule d'abord de façon plutôt détendue, comme pour souligner la
stéréotypie du rituel convenu - donc prévisible - de l'inauguration:
discours, défilés des délégations, commentaires des journalistes.
*
jusque là, tout allait bien :
ici, le bloggeur laisse entrevoir discrètement qu'une surprise peut
survenir .
* Et
voilà que...
Une telle amorce attire
souvent l'attention sur un fait nouveau, non prévu, un basculement (le
drapeau olympique change de mains). Et quelles mains!
Le ton change dans
l'expression:
* choix de
termes dépréciatifs au sujet des soldats (costard d'amidon..., visage
fermé..., pas de l'oie..., robots...,)
* quatre
phrases très courtes (une, puis trois à la suite) de désapprobation:
L'image est terrible. / L'image est choquante. Scandaleuse. Mais tellement
signifiante. Brièveté, concision (ellipse du verbe dans les P 3 et 4)
donnent de la force au jugement du bloggeur.
* jeu
d'oppositions lexicales: visage fermé vs sourire aux lèvres -
commentateurs volubiles vs silence gêné - médaille d'or [effort
louable] vs médaille (militaire) [force violente]
*
et pour conclure: le jeu sur le double sens de fausses notes
début"JO-Pékin" *
sommaire & édito 134
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