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JULIBEL, le français d'aujourd'hui Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
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Article paru dans le numéro 74 (septembre 1993) de LMDP * Actualisé : janvier 2005
© LMDP * Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source
Ecrire? Quelle horreur...Une production de maximes pour un cadran solaire, et autres écritures...
Première accueil et deuxième professionnelle
(Première accueil : classe de renforcement)
Présentation: Patrick FRANÇOIS, ISJ, Saint-Hubert
Ecrire? Quelle horreur... ..se dit-on quand on a de treize à quinze ans et qu'on est élève de première accueil ou de deuxième professionnelle!
Et comme on comprend ça quand on pratique un peu ces élèves!
Pourtant, apprendre à écrire, à rédiger, à formuler ses idées, est souvent un désir secret chez eux. Et Dieu sait s'ils en ont, des choses à dire! Il faut donc les aider.
Je voudrais simplement partager ici quelques activités réussies réalisées dans ces classes. Réussies du point de vue du professeur, mais aussi dans l'esprit des élèves. C'est-à-dire des activités qui leur laissent une impression d'obstacle vaincu, de travail bien fait et, pourquoi ne pas le dire, de fierté. Avec, pour effet, qu'ils prennent plaisir à faire lire leur production.
Comme, dans tout travail avec des élèves, il y a la matière et la manière, voici d'abord quelques observations générales qui s'appliquent à chacun des exercices présentés ensuite.
A. Avant de commencer
1° C'est en forgeant...
...et c'est en écrivant souvent qu'on en prend l'habitude, qu'on s'y fait et qu'on n'a pas peur de le faire. Ah! dira-t-on jamais assez la peur de la page blanche? Alors, remplissons-la vite!
Pour ma part, je ne manque jamais une occasion de faire écrire les élèves. Surtout pour formuler leur avis avant de le donner. Je remarque qu'ils réfléchissent ainsi à ce qu'ils disent et que les prises de parole sont bien plus enrichissantes pour tous. C'est valable au cours de français, mais aussi à celui de religion, durant lequel la plupart des opinions exprimées sont d'abord notées dans leur cahier de travail. Que le professeur ne corrige pas, bien sûr!
2°
La confiance règne!Car il faut que les élèves soient mis à l'aise et que leur envie d'écrire ne soit pas tout le temps freinée par des corrections orthographiques ou autres. L'important est vraiment qu'ils acquièrent d'abord le réflexe d'écrire et qu'ils puissent le faire dans de bonne conditions. En pratique, donc, le professeur
- fait tout pour que personne ne soit dérangé, pour que règne une vraie ambiance de travail;
- ne vient pas jeter un oeil indiscret pendant la phase de rédaction proprement dite (au moment de l'amélioration, c'est autre chose);
- ne s'attache pas à l'orthographe ou à la propreté de l'écriture, à sa lisibilité, dans le cahier de travail. (Nous aussi, quand nous prenons des notes au vol...)
Une dernière chose, concernant l'ambiance de travail.
Je tiens de bonne source - un de mes élèves me l'a dit - que le transistor dans les étables favorise la lactation des vaches! En tout cas, l'expérience m'a montré qu'un fond musical discret joue très bien le rôle de catalyseur d'idées et déclenche l'écriture. Information donnée par le P.M.S.: les oeuvres de jeunesse de Mozart sont à la fois apaisantes et stimulantes.
Essayez, vous verrez: ça marche! Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les élèves ne font aucune réflexion négative et en redemandent. Il existe aussi de la musique classique de méditation qui joue très bien ce rôle. Par contre, les chansons distraient plutôt.
3°
Chacun a ses outilsImpossible de travailler sans son matériel. Il faut insister pour que chacun ait toujours ses crayon, bic ou stylo.
4°
Baliser la routeOn le sait bien: les adolescents en général, tout grandes gueules qu'ils soient - ou qu'ils font croire! - ont besoin de balises, de fléchages précis et clairs.
Il faut donc bien leur expliquer, avant de commencer, les objectifs du travail, ses tenants et aboutissants. Ils aiment savoir où le travail réalisé se situe dans l'apprentissage.
J'évoquais un peu plus haut le fond musical. La première fois qu'on l'utilise, il est impératif de leur dire pourquoi on décore le silence imposé et les avantages qu'ils peuvent en retirer.
Lorsqu'on commence un exercice d'écriture, il faut procéder de même. Ce qui fonctionne bien, c'est le système de la grille en trois colonnes:
Objectifs à suivre
Visa de l'élève après vérification Visa du professeur ensuite
Exemple: |
||
Objectifs |
Elève |
Professeur |
J'écris cinq L. |
oui |
oui |
Majuscule en début de phrase |
oui |
+/- |
Point en fin de phrase |
oui |
oui |
5°
Un pas devant l'autreIl est évident que ce système demande de consacrer un peu de temps. Mais il présente l'avantage, en commentant la grille d'objectifs, que l'élève sait très bien ce que l'on attend de lui, ce qu'il doit faire. Il vaut vraiment la peine de préparer cette grille.
Vers le troisième trimestre, certains élèves la préparent eux-mêmes. Ils prouvent alors qu'ils ont acquis une méthode. Et aussi qu'ils savent à quoi ils doivent faire attention.
Autre conseil, pour l'emploi de ces grilles: procéder par étapes. Une grille par mouture du travail. La première grille, durant la première heure de cours, est consacrée au fond et au format.
Exemple: J'écris cinq L.
Je fais le portrait de mon voisin.
Je mets une pointe d'humour.
Je ne me moque pas de lui.
Après vérification par l'élève et par le prof, et éventuellement modifications, deuxième batterie d'objectifs, consacrés à l'orthographe. Là aussi, proposer des observations précises (majuscules, points finaux, virgules, accents...). Il n'y a pas de règles précises. C'est à chaque professeur de voir ce qui lui semble important à un moment donné de l'année.
Enfin, on peut mettre au point une dernière grille. Elle mentionnera la présentation souhaitée, le support graphique, le soin de l'écriture, etc.
Dernière précision: pas trop d'objectifs par grille, sinon les élèves ne les respectent plus. Au départ, jamais plus d'une dizaine.
6°
A haute voix, c'est encore mieuxOn ne s'imagine pas combien les élèves peuvent être fiers de leur travail. Et comme ils sont fiers de lire à haute voix ce qu'ils ont écrit. C'est de plus un excellent exercice de lecture en situation, dans lequel ils voient toute la nécessité de bien se faire comprendre et s'y appliquent.
Bien veiller, ici aussi, à ce que cela se passe dans la meilleure ambiance d'écoute mutuelle.
Attention, dans l'organisation de l'heure de cours: prévoir le temps pour cette lecture (d'où: ne pas faire trop écrire). Car le lendemain, c'est déjà du refroidi... ou du réchauffé!
7°
Courage et bravo!Comme il est apprécié des élèves, et finalement payant, d'encourager fréquement leur travail, surtout lors du partage oral, mais aussi plus discrètement en annotant leur cahier!
8°
Tout le monde peut se tromper......et c'est encore mieux si on en tire parti.
Ainsi les productions des élèves servent de points de départ aux rappels d'orthographe ou de grammaire. L'emploi d'un petit carnet, utilisé d'un côté comme répertoire d'orthographe d'usage et de l'autre comme répertoire de règles grammaticales, a fait ses preuves cette année en 2e P. Je ne l'ai pas essayé en accueil où j'ai tenté "simplement" un lexique orthographique d'usage. Chaque jour, les élèves écrivaient dix nouveaux mots à apprendre pour le lendemain.
De jour en jour, ils devaient ajouter les précédents. Le résultat n'était pas une réussite complète, les très faibles en orthographe ou en mémoire étant bien vite dépassés, malgré leur bonne volonté. Par contre, pour d'autres, ce fut l'occasion de valoriser leur mémoire ou de prendre conscience de leur réelle force de mémorisation. Ainsi, deux élèves sur onze faisaient le maximum à chaque contrôle, même après deux cents ou trois cents mots.
9°
On oublie vite......que, pour ces élèves, écrire demande réellement un effort sérieux. Aussi, malgré tout ce qui précède, il me semble que l'important est de les laisser écrire quand ils s'y mettent, et de faire confiance au temps. Petit à petit, la page blanche ne les effraie plus, ils prennent confiance.
Avec cette méthode, le professeur voit réellement des progrès accomplis à la fin de l'année scolaire.
B. Quelques suggestions de travaux qui donnent de bons résultats
Beaucoup sont évidemment traditionnels, mais enfin...
1° Résumer
une histoire racontée ou lue en classe (des histoires palpitantes, des grandes énigmes historiques, des histoires de mystère, de trésors, telles qu'on les trouve dans les recueils de Pierre Bellemare).
Méthode: - Donner les consignes et les objectifs.
- Lire l'histoire (15 minutes maximum) en installant une ambiance propice.
Les élèves n'ont rien sur le bureau, si ce n'est les bras croisés.
- Exercice d'écriture proprement dit, après avoir établi la grille d'objectifs.
- Correction par le professeur. Correction sommaire, vérification de la grille d'objectifs.
- Partage oral. Grille d'objectifs suivante, etc.
Variante: Inventer la suite d'une histoire.
2° Poser des questions
Cet exercice fonctionne très bien, est bien perçu par les élèves et est très formatif s'il est pratiqué souvent.
Il s'agit pour les élèves de rédiger plusieurs questions à propos d'un texte lu et d'y apporter les réponses.
A la lecture orale, la classe peut répondre aux questions formulées. En fin d'année, les élèves sont très habiles à formuler correctement des questions (on le remarque aussi à l'oral) et surtout ils maîtrisent les inversions du sujet et du verbe et possèdent l'orthographe des mots interrogatifs (Qu'est-ce que, quand, pourquoi, qu'y a-t-il...).
3° Le portrait
Décrire physiquement un personnage imaginaire parmi une liste inscrite au tableau: Glagla l'Eskimau, Azor l'Espagnol, Cruellik le vampire...
Partage oral: comment les voyez-vous? Noter les impressions au tableau.
Grille d'objectifs selon les souhaits du professeur.
Travail d'écriture. Lecture orale. Devinons ce qui est écrit.
Amélioration, réécriture...
Variante: décrire un camarade de classe. Physiquement, ou moralement. Attention: un des objectifs de la grille doit être : Je peux mettre de l'humour, mais pas de méchanceté.
Faire trouver qui est décrit. Améliorer son texte.
Cet exercice remporte un succès fou. Surtout si on fait décrire des professeurs!
4°
Le cadran solaireUn exercice réalisé en collaboration avec le cours de menuiserie. Enormément de satisfaction de la part des élèves.
On va réaliser un cadran solaire!
Le cours de français sert à expliquer de quoi il s'agit.
Projection de dias représentant de beaux cadrans solaires.
Explication du principe.
Etude du vocabulaire: l'orientation, les fuseaux horaires, etc.
Travail à l'atelier de menuiserie. Il faut un certain temps!
Etude des devises figurant sur les cadrans solaires.
Une devise, c'est quoi? Pourquoi les met-on? Quelles sont les plus connues? Elles sont souvent en latin (Tempus fugit...). Que signifient-elles?
Et maintenant, si on inventait une devise pour notre cadran solaire?
Voyez le résultat. Assurément, les élèves ont pris un énorme plaisir à imaginer, à rédiger, à songer au rythme, à la musique des mots.
Bravo à eux! Bonne lecture à vous!
Le soleil fait le bonheur.
Le soleil m'éclaire, j'éclaire les hommes.
Vite, la nuit approche.
Il n'y a pas de plus belle journée que celle-ci.
Le soir, je ne donne plus l'heure!
Fais attention! Le temps passe vite!
L'avenir est à celui qui me regarde.
Vis ce jour avec bonheur.
Dieu m'ensoleille et j'ensoleille Dieu.
Quand tu me regardes, je rougis!
Non! Le soleil ne se trompe pas!
Cette heure est la plus belle.
Passe une bonne journée.
Ne me regarde pas, je vais trop vite!
Vis ce jour magnifiquement.
Bonne journée!
Prie que le soleil se montre.
Si vous voulez l'heure, ne me cachez pas de votre ombre!
Maintenant est mon heure préférée.
...et tant d'autres qui ont été gravées sur les cadrans solaires. Un autre exercice de précision!
Patrick FRANÇOIS, ISJ, SAINT-HUBERT
Cadran solaire : voir http://physique.haplosciences.com/cadransolaire.html
Du même auteur : Tisser des liens entre le cours de français et les cours techniques : http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/fratech.html
Autres articles téléchargeables parus dans LMDP :
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/archives.html
Si on ne crée pas une situation favorable à l'expression, la création, la communication, un climat de liberté, on ne change rien à l'enseignement du français, quels que soient les choix théoriques de départ, réduits à n'être, à ce compte, que des éléments sans importance.
GAUSSEN P. & ROMANET J., Recherches pédagogiques, n° 63, 1974, p. 50.
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