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JULIBEL, le français d'aujourd'hui Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
SOMMAIRE |
Numéro 127 * Décembre 2006
Au sommaire Les brèves de décembre Christian Schandeler, Oser se lancer dans l'expérience théâtrale..., de la 1re à la 6e Christian Thys, Ethique et argumentation, à partir de La controverse de Valladolid, (téléfilm de J.-D. Verhaeghe sur un scénario de J.-C. Carrière, 1992), 3e degré Michel Voiturier, Des titres d'oeuvres d'un auteur en guise de matériau d'écriture, 2e degré Emmanuelle Florent et Marie-José Eppe, Activités d'expression autour du roman de Claude Raucy, Le Doigt tendu, 1er degré. |
En guise d'édito
Créer...
«Les beaux livres sont écrits dans une langue étrangère», affirmait Proust dans Contre Sainte-Beuve. De fait, on identifie à la première lecture une phrase de Proust ou de Céline, de Gracq ou de Beckett. De même, dans la période contemporaine, on habitue son oreille à reconnaître les torsions de François Bon, l'orchestration de Richard Millet, les syncopes de Pascal Quignard, ou la frappe de Pierre Michon. (...) C'est qu'ils ne reproduisent pas les recettes anciennes et ne sacrifient pas à la valeur d'échange qui fait du livre un «produit». ... n'est pas reproduire.
Dominique Viart, La littérature française au présent, Bordas, 2005, p. 10. |
Les brèves de décembre
Lecture
en pourcentages
Des
enquêtes récentes et fiables montrent que l'intérêt pour la lecture ne
diminue pas. Au cours d'une année:
44% de la population n'achète pas de livre * 20% en achète plus dix * 27% en lit plus de dix
Les enseignants de français, souhaitons-le, se rangent dans cette dernière catégorie.
... et lecture en fractions
Ventes de livres : 1/3 en grandes surfaces, 1/3 dans les "grandes enseignes culturelles" (Fnac, Amazon...), 1/3 dans les librairies traditionnelles
Lecture encore
Jeune et je lis (les gars aussi) c'est le blog créé en juin 2006 à la Médiathèque de Bagnolet:
recensions de livres par des jeunes ou des adultes de la Médiathèque
(auto)portraits de lecteurs
http://jeuneetjelis.over-blog.com/
Lecture toujours ! *La bibliothèque Espace 27 Septembre
de la Communauté française de Belgique (Bd Léopold II 44 B-1080 Bruxelles) a un nouveau site Internet: http://www.bibli2709.cfwb.be/
Conseils pour un accès aisé et rapide:
cliquer sur recherche -> recherche avancée -> mot du titre et/ou auteur et/ou mot clé et/ou année -> cliquer sur une des deux icones "LISTE"-> Cliquer sur l'item recherché
Pour tel livre recherché, le site donne un descriptif détaillé, et informe si ce libre est disponible.
Rappel: le prêt est gratuit!
Oser
se lancer dans l’expérience théâtrale…
Christian Schandeler, ISM, Arlon
Il faut un début
à tout… Plus encore en théâtre que pour d’autres exercices. Parce que c’est un acte collectif qui nécessite qu’on
ose franchir certaines barrières, affronter le regard d’autrui, partir à
la découverte de « l’autre » que je pourrais être si… Le
voyage ne s’improvise pas.
Les quelques
exercices proposés ici n’ont d’autre fonction que d’aider l’élève
à franchir les premiers pas. Glanés dans des livres, au fil de stages ou
dans une quête éperdue sur la toile,
ce sont des exercices que je pratique dans mon atelier théâtral en début
d’année (durée : environ quatre heures). Ils sont relativement
facilement exploitables, mais nécessitent néanmoins quelques mises au point
préalable…
Sur
la toile...:
Je ne peux que chaudement recommander le site dramaction, http://www.dramaction.qc.ca/index.php
à tous les
professeurs qui veulent se lancer dans l’aventure.
1.
En atelier théâtral, tout le monde est acteur (l’animateur
et les apprenants).
2.
L’atelier est un lieu protégé : aucun reproche ne doit
être adressé à l’apprenant pour autant qu’il essaye, parce que jouer,
c’est se mettre à nu, c’est tenter d’entrer dans des situations qu’on
n’a pas la possibilité de connaître dans la vie quotidienne, c’est
affronter la peur du ridicule.
3.
L’atelier est un laboratoire de recherche… Tout le monde a le
droit de se tromper, d’essayer, de rectifier… et qu’on est rarement
« juste » du premier coup.
4.
Il
existe de multiples façons de jouer le même personnage,
à chacun de trouver la sienne… qui n’est pas nécessairement celle de
l’animateur.
A.
Progression de chaque séance
Je vous recommande de commencer chaque séquence par un exercice d’échauffement, puis un exercice de dynamisation.
1.
Exercices d’échauffement et de relaxation Relaxation :
le voyage astral Echauffement
classique
Bouger
face à la classe Les chaises musicales sans musique
|
3.
Exercices de décrispation et de jeu
Le
vampire Extra-terrestres Imitez-moi Passer
un geste + un mot 1
2 3 Piano
|
4.
Exercices basés sur la concentration En
miroir Le
poisson dans la nasse Les marionnettes
5.
Exercices basés sur le travail du groupe La
claque La photo de classe |
Ping-pong
vocal Exercices
d’articulation Le
chœur des Djinns (
pour plus jeunes : Par négligence…)
7.
Improviser La
photo : on roule Tout, sauf ça |
B.
Les exercices
Type : relaxation | Titre : voyage astral | Source : Entraînement théâtral pour adolescents – F 49 | ||
Objectif | Relâchement musculaire, lâcher prise / perception du schéma corporel/ gestion stress | |||
Sujet |
a.
fermer les yeux. Se laisser pénétrer par la musique. Nous allons
traverser une frontière. Entrer en nous, nous éveiller aux images suggérées
par la musique… b.
Une fois la concentration établie : « Nous allons faire le tour de
notre corps en veillant à chaque fois à décontracter nos muscles. On
part du front. On imagine qu’on passe un pinceau sur le front et on décontracte
les muscles, puis on descend vers le sourcil gauche, le droit, les paupières
droite et gauche, les pommettes, les ailes du nez, les narines, les lèvres
supérieure, inférieure. On relâche le menton… Poursuite de tout le
corps en demandant aux participants de visualiser les différentes
parties. Ensuite, on prend conscience de sa respiration lente, on relâche
au maximum. On s’imagine être une goutte d’eau absorbée par le
sable, ou une motte de beurre qui s’étale de tout son long. c.
Le meneur insiste ensuite sur la prise de conscience de la densité du
corps, de ses points d’appui. Puis il utilise un texte similaire à
celui-ci : « Prenez conscience que vous êtes dans cette salle,
allongés. Cette salle est dans la ville de X. Imaginez que vous quittez
votre corps, que votre esprit s’en dégage tout doucement, comme on
quitte un vêtement, et qu’il s’envole au plafond… Vous contemplez
d’en haut votre corps, comme si vous effectuiez une plongée
photographique, vous voyez également les corps de vos condisciples allongés
sur le sol… Puis vous quittez la pièce par la fenêtre ouverte et vous
survolez le bâtiment > la ville ou le village > la province > la
Belgique comme sur les cartes météo > l’Europe > la terre entière
(description) > éloignement
dans le cosmos… Au moment où on sent qu’on perd pied, qu’on va
perdre le contact visuel avec la terre qui est devenu un minuscule point
lumineux perdu dans l’infini, on fait demi-tour… La planète grossit
à vue d’œil : notre vitesse est vertigineuse. La terre est grosse
à présent comme une tête d’épingle, une petite bille, une balle de
ping pong, de tennis, de basket… On voit apparaître les contours des
continents sur fond d’océan bleu… On repère l’Afrique et on
remonte lentement vers le nord, on passe au-dessus des monts Atlas et on
arrive en Espagne, puis on remonte encore, on passe les Pyrénées on
remonte en France par l’autoroute du soleil, Perpignan, Montpellier,
Avignon, Lyon, Dijon, Nancy, Metz,… On revoit la Belgique apparaître
comme sur les cartes météo, puis, on se rapproche de la ville
(description des monuments, de l’atmosphère, des sons…) > maison
> on rentre par la fenêtre ouverte, on entend la musique, on voit tous
les corps étendus, on repère le sien et on se glisse dedans… d. On reprend conscience des points d’appui du corps sur le sol. On bouge lentement les mains, les pieds. On s’étend doucement et on ouvre les yeux… |
|||
Commentaire |
|
Type : Echauffement |
Titre :
Echauffement classique
|
Source :
Stage
de Vigy (Jeanine ) |
Objectif |
Relâchement musculaire, lâcher prise /
concentration / perception du schéma corporel / échauffement musculaire
/ équilibre. |
|
Sujet |
Relâcher
complètement les muscles en partant de la main gauche (relâcher les
doigts, secouer la main comme si on avait un sparadrap dont on veut se débarrasser
au bout du doigt), puis relâcher à partir du coude (latéralement,
avant, arrière, tourner le bras) puis partir de l’épaule… / faire de
même avec la main droite. Tourner
la tête lentement, comme si on n’avait plus de muscles pour la
soutenir. La faire « rouler » (attention à ne pas forcer) en
effectuant deux tours complets dans un sens puis dans l’autre… Dérouler
la colonne vertébrale : relâcher complètement la tête, les bras,
descendre lentement jusqu’à ce que je me sente bloqué par les hanches,
puis relâcher brusquement les hanches en relâchant brusquement la
respiration (« ha »). Remonter doucement en remettant la
colonne en place. Secouer ensuite le pied (cfr la main) en relâchant la cheville, ensuite le genou, puis la hanche… (pied droit, pied gauche). |
|
Commentaire |
Attention à ne pas forcer. Le but est de décontracter,
d’éviter un claquage, de travailler en souplesse. Veiller à ce que les
genoux soient « cassés », que les jambes ne soient pas
raides. |
Type :
Echauffement |
Titre :
Echauffement par dépoussiérage |
Source :
Stage
de Vigy (Jeanine ) |
Objectif |
Relâchement musculaire, lâcher prise /
concentration / perception du schéma corporel / échauffement musculaire
/ se toucher, coopération. |
|
Sujet |
Se
mettre par deux. On imagine que chacun vient de visiter un grenier
abandonné et qu’il en ressort couvert de poussière… Son condisciple
le dépoussière très énergiquement. En partant des épaules, les bras,
avant-bras, doigts… Pendant ce temps, celui qu’on dépoussière ferme
les yeux et tâche de relâcher complètement ses muscles, de se décrisper…
Il veille à être attentif aux sensations de chaleur, qui se dégagent du
dépoussiérage… Ensuite,
on dépoussière le dos, les fesses, les cuisses, les genoux, les
jambes… de la même façon. Enfin, chacun veillera à ôter soi-même la poussière sur la tête, le visage, le cou, la poitrine, le ventre… |
|
Commentaire |
Cet échauffement doit être pratiqué avec une certaine prudence surtout
avec des ados : il nécessite l’autorisation donnée à l’autre
de le toucher. Pour le faire, il faut qu’une certaine complicité soit déjà
de mise dans le groupe ou que le meneur soit parvenu à créer un lien
propice à engager des gestes plus délicats (comme ôter la poussière
des fesses). |
2.
Exercice de dynamisation
Type :
Dynamisation |
Titre : Bouger avec la classe |
Source :
Stage
de Vigy (Jeanine ) |
Objectif |
concentration / groupe : travail de choeur /
spatialisation / regard |
|
Sujet |
Le
meneur se tient face au groupe. Il demande à chaque élève de le
regarder dans les yeux. Puis
il frappe dans les mains et bouge dans une direction (avant-arrière-gauche-droite)
en comptant le nombre de pas. Les participants bougent en mesure comme
s’il y avait un fil tendu entre leur regard et celui du meneur. |
|
Commentaire |
Durée : environ 5’ : pas plus de 10 élèves par partie…
Si le groupe est plus nombreux : scinder entre participants et
spectateurs. Aller très lentement au début… Puis accélérer, se rendre plus imprévisible
pour amener les participants à une plus grande concentration. Rappeler
les élèves à l’ordre chaque fois qu’ils regardent les pieds du
meneur plutôt que le regard : un des objectifs de cet exercice est
d’amener les participants à regarder la totalité du corps, et à
percevoir qu’on peut le faire en regardant le meneur dans les yeux. |
début article théâtre * retour "progressiondechaqueséance"
3.
Exercices de décrispation et de jeu
Type :
Echauffement |
Titre : Imitez-moi |
Source :
Entraînement
théâtral pour les adolescents / fiche 30 |
Objectif |
créer une dynamique / écoute du groupe / oser |
|
Sujet |
Les participants
sont en cercle. À tour de rôle chaque participant va s'avancer vers le
centre, proposer une phrase suivant une certaine intonation, accompagnée
d'une gestuelle, puis il retournera dans le cercle. Ensuite, tous les
participants, en même temps, s'avanceront de quelques pas et reproduiront
la réplique proposée avec la même intonation et la même gestuelle. |
|
Commentaire |
Exercice très simple qui vise à conduire le groupe à oser se montrer
ridicule face aux autres. Le meneur doit proposer également une phrase et
un geste… de préférence, en osant aller assez loin (imitation d’une
poule par ex…) |
Type :
groupe |
Titre : vaches,
tigres, extra-terrestres
|
Source :
ligue d’impro.be |
Objectif |
créer une dynamique de groupe |
|
Sujet |
Sur
le principe de pierre, papier, ciseaux… Au
signal de l’animateur, les participants prennent la pose soit de la
vache (doigts indiquant les cornes / cri : « meuh ! »),
du tigre (griffes dehors / cri « grrr ») ou de
l’extra-terrestre ( mains en l’air / cri « bilibilibilibili »). On
compte alors le nombre de participant par personnage (vaches, tigres,
extra-terrestres)… Le plus petit groupe est éliminé. Et on recommence
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que un ou deux participants…
|
|
Commentaire |
Jubilatoire. Participe à l’esprit du groupe. Le meneur doit jouer
aussi ! |
Type :Dégeler le groupe |
Titre : 1 2 3 Piano |
Source :
Jeanine
Vredenne |
Objectif |
créer une dynamique de groupe / travailler les
postures |
|
Sujet |
Sur
le principe de 1 2 3 soleil On tire au sort un meneur de jeu qui devra se mettre dos au groupe. Les autres candidats seront placés en ligne à une distance d'environ 6-8 mètres. Le meneur dit : " 1, 2, 3, piano ", pendant que les autres essaient de se rapprocher de lui, lorsque le meneur dit " piano ", celui-ci se retourne. Tous les candidats devront se figer dans une posture grotesque et garder l’équilibre. Celui qui bouge, devra retourner au point de départ. Le jeu se termine quand les participants auront fait tenu trois poses différentes et seront parvenus à hauteur du meneur de jeu. |
retour "progressiondechaqueséance"
Type :
Echauffement |
Titre : Le vampire |
Source :
Mini-festival
Thionville |
Objectif |
concentration / créer une dynamique / écoute du
groupe |
|
Sujet |
Tous
les participants occupent l’espace. Ils se déplacent les yeux fermés
durant un certain temps. Le meneur va alors s’approcher d’un
participant et « le mordre » (càd qu’il va exercer sur lui
une brève pression avec ses deux mains, au niveau du cou). Le participant
devient alors un vampire… qui pourra à son tour en « mordre
d’autres ». Lorsqu’il
devient vampire, le participant pousse un cri de douleur et d’effroi. Si
un vampire en « mord » un autre, alors celui qui est « mordu »
redevient un homme normal : il pousse alors un cri de profond
soulagement. |
|
Commentaire |
Attention à la sécurité, attention à éviter toute brutalité :
les participants sont parfois tellement investis qu’ils éprouvent un
certains stress. |
4.
Exercices basés sur la concentration
Type :
corps/
écoute |
Titre : En miroir |
Source :
stage
Vigy Jeanine Vredenne |
Objectif |
concentration / écoute du groupe |
|
Sujet |
Scinder
le groupe en deux : ceux qui observent et ceux qui travaillent. Par deux :
un meneur et son reflet. Le meneur propose une gestuelle que son reflet
imitera dans les moindres mouvements. Le meneur veillera à se mouvoir au
ralenti et à ne pas proposer des exercices trop déséquilibrants. Il ne
s'agit pas de piéger son reflet, mais de l'amener à suivre le mieux
possible afin que les observateurs ne sachent plus qui mène et qui suit. |
|
Commentaire |
Exercice facile, mais exigeant de la concentration. Il est possible de
le réutiliser pour le jeu théâtral par la suite… |
Type : chœur geste |
Titre : Le poisson dans la nasse |
Source :
Jeanine Vredenne |
Objectif |
Concentration
/ attention au geste et précision du geste / choeur |
|
Sujet |
Le
principe est similaire au jeu du miroir, mais avec un groupe… Le
meneur « pêcheur » rassemble tous les poissons (une demi
classe, les autres regardent). Chaque « poisson » imagine
qu’il y a un fil tendu entre le « pêcheur » et son nez. Le
« pêcheur » fait bouger sa canne…
(avant bras tenu verticalement) Les à gauche, droite, en avant, en
arrière… poissons bougent avec lui, accompagnant son geste. (pêcheur
tend le bras vers l’avant / le poisson se penche en arrière) |
|
Commentaire |
Exercice
très spectaculaire avec peu de moyens. Comique garanti. Commencer
très lentement, puis modifier le rythme… Attention
à la sécurité (éviter que les participants se cognent) |
Type : |
Titre: Le jeu de la balle |
Source : http://www.dramaction.qc.ca/ |
Objectif |
Concentration
/ attention au geste et précision du geste / accroche du regard |
|
Sujet: |
Les
participants sont placés en équipe de deux. Ils se lancent une balle
imaginaire. On
doit constamment varier notre façon de la lancer, évidemment, l'autre
doit l'attraper de la manière qu'elle a été lancée. On
peut également effectuer cet exercice en cercle, en compliquant le jeu :
ajouter d’autres balles d’autres couleurs (jaune, rouge, vertes) dotées
chacune de qualités particulières (lourde, grosse, petite…) |
|
Commentaire |
Exercice
à faire pour développer l'écoute entre les élèves, écoute importante
dans toutes les situations de jeu. Promenez-vous dans le local, regardez
les élèves et proposer des trucs pour enrichir le mouvement. |
retour "progressiondechaqueséance"
Type : geste impro |
Titre : Les
marionnettes F
18 |
Source :
Jeanine Vredenne |
Objectif |
Concentration
/ attention au geste / accroche du regard |
|
Sujet |
Les
participants sont placés en équipe de deux. Ils se font face. Chacun
utilise à tour de rôle sa main comme une marionnette. Faire durer
l’exercice assez longtemps. |
|
Commentaire |
Cet
exercice permet de souligner l’importance du regard qui invite le
spectateur à ne regarder que les mains. Les participants ont
l’impression en outre d’être dans une bulle. A faire sur une musique
(les marionnettes dans « La Double vie de Véronique »
Z. Preisner) |
retour "progressiondechaqueséance"
Type : geste |
Titre : le
sculpteur touche le modèle |
Source :
Augusto Boal Jeux pour acteurs et non –acteurs (142-3) |
Objectif |
Oser
se toucher / personnage |
|
Sujet |
« Les
participants se placent sur deux files face à face. Une des files est
composée de sculpteurs et l’autre de statues. Au début de
l’exercice, chaque sculpteur commence à modeler de ses mains la statue
qu’il imagine. Dans ce but, il touche le corps de la statue, en prenant
soin de produire les effets qu’il désire dans ses moindres détails.
Les sculpteurs ne peuvent pas employer le langage du « miroir »,
c-à-d qu’ils ne peuvent pas montrer avec leurs corps l’image ou la
figure qu’ils voudraient voir reproduites. (…) Par conséquent, il est
nécessaire de toucher, de pétrir ; chaque geste du sculpteur
provoquera en conséquence, à chaque cause, un effet différent. (…) L’animateur
suggère que ce premier exercice dure le temps nécessaire ( 2 ou 3
minutes, ou même plus,tout dépend des participants, de l’atmosphère
créée, etc.) pour que le sculpteur et la statue se comprennent, pour que
les gestes du sculpteur, vus et ressentis, puissent facilement être
traduits par la statue. » A la fin de l’exercice, on inverse les rôles |
|
Commentaire |
Exercice difficile tout au début, en raison
de l’intimité que suppose le contact. Il faut avoir déjà réalisé
quelques exercices de décrispation du groupe pour atteindre un résultat
intéressant. Mais c’est un exercice à proposer plus d’une fois. |
retour "progressiondechaqueséance"
5.
Exercices basés sur le travail du groupe
Type :
Echauffement |
Titre : La claque |
Source :
exercices
ligue d’impro.be |
Objectif |
concentration / créer une dynamique dans le groupe /
écoute |
|
Sujet |
Les
participants sont en cercle. Le meneur fait passer une claque. Il le donne
à son voisin qui le fait passer comme s'il s'agissait d'une chaîne. Après
un tour sur le même rythme, on peut accélérer, puis le meneur fait
passer une deuxième claque (voire une troisième si le groupe est
nombreux). |
|
Commentaire |
L’effet jeu de dominos est intéressant. Ce jeu favorise la
concentration du groupe. On peut reprendre rapidement cet exercice après
une pause par exemple. |
Type :
espace |
Titre : La photo de classe |
Source :
Jeanine
Vredenne |
Objectif |
Travail de groupe / occupation de l’espace / mémorisation
du geste |
|
Sujet |
Au
signal du meneur, les participants viennent se placer dans l’espace
l’un après l’autre en adoptant une position particulière, comme
s’ils participaient à une photo grotesque. Lorsque
tout le groupe est positionné, le meneur demande à chacun de bien mémoriser
la position qu’il occupe dans l’espace et la position de son corps. Il
demande alors au groupe de se disloquer. Puis, il redonne le signal et, en
un minimum de temps, la photo doit être reconstituée par le groupe. |
|
Commentaire |
Bien veiller, dans le premier temps, à ce que chaque participant occupe
bien l’espace ( debout, assis, accroupi, couché, à gauche droite…)
de façon à former un « tableau » agréable. Veiller aussi à
éviter les poses difficile à tenir. L’exercice est utile pour les répétitions, lorsqu’on reprend en
faisant un « arrêt sur image ». |
Type :
espace |
Titre :
La machine infernale F
21 |
Source :
Augusto Boal et |
Objectif |
Travail du chœur en action. |
|
Sujet |
L'aire
de jeu est vide. On désigne un premier élève qui va se placer au centre
et créé un mouvement simple, accompagné d'un bruit, sur deux temps. Les
autres élèves vont se greffer un à un au signal de l'animateur et créent
eux aussi un mouvement et un son et doivent obligatoirement toucher à un
élève déjà présent dans l'aire de jeu. Lorsque
tout le groupe est en action, l'animateur varie le rythme et la force des
sons. |
|
Commentaire |
C'est un exercice que je fais souvent dans les premiers ateliers
et qui sert d'exercice de déblocage. Il sert aussi à unifier un groupe. |
|
retour "progressiondechaqueséance"
6.
Travail sur la voix
Type :
voix |
Titre : Ping pong vocal F 22 |
Source :
Jeanine Vredenne |
Objectif |
||
Sujet |
Echauffement :
articuler : « a, e, i, o, u » en exagérant à l’extrême. Prononcer
tous ensemble. Projeter la voix devant soi et articuler. Ensuite, l’un
après l’autre. Lancer
la voix :
Mettre
les participants sur deux lignes : deux personnes face à face… à
une distance assez éloignée. Equipe
1
Equipe 2 A
A B
B C
C D
D Le
meneur cite une lettre. Le participant A de l’équipe 1 doit commencer
à compter « 1 », le participant A de l’équipe 2
enchaîne : « 2 » / retour à l’équipe
1 : « 3 »… et ainsi de suite jusqu’à ce que le
meneur cite une autre lettre. Pour
que l’exercice soit réussi, on imagine que le mot lancé est une balle
de ping pong, ou une balle que l’on frappe de la tête. |
|
Commentaire |
A mener après un échauffement des joues, de la gorge… |
Type : voix |
Titre :
lecture rythmique :
Par négligence de G. Neveux
F
23 |
Source :
Christian
Schandeler |
|
Objectif |
faire prendre conscience du rythme et du jeu de sonorités (rimes /
rimes internes) |
||
Sujet |
Consigne :
scinder le groupe en deux… Alternativement
et en crescendo… faire lire le texte en chœur par les deux groupes. |
||
Commentaire |
Par
négligence Par
négligence ou
malfaçon L'oiseau devient
une maison Une maison pleine
d'oiseaux Avec
des scies, avec des seaux, Et
ça va vite, et ça va haut, Un
point sur l'i, un nid sur l'eau, Avec des fleurs de
pissenlit Plein
les rideaux. Georges
Neveux |
retour "progressiondechaqueséance"
Type :
voix chœur |
Titre :
lecture rythmique : les Djinns de V.Hugo
F 24 |
Source :
Christian Schandeler |
Objectif |
Exercice sur le rythme d’un poème / travail du
choeur |
|
Sujet |
lecture
des Djinns ( V. Hugo ) Le
poème a cette particularité de se présenter sous la forme d'un
crescendo. §
1 = strophe de 2 pieds -> faire lire un vers par une personne. §
2 = strophe de 3 pieds -> un vers par 2 personnes en chœur §
3 = strophe de 4 pieds -> 3 personnes en chœur §
4 = strophe de 5 pieds -> 1/2 groupe (climax) (...)
On laisse tomber les autres strophes quatre
dernières strophes : §
= strophe de 5 pieds -> 1/2 groupe (climax) §
= strophe de 4 pieds -> 3 personnes §
= strophe de 3 pieds -> 2 personnes §
= strophe de 2 pieds -> faire lire un vers par une personne. Travailler
comme s'il s'agissait d'une chorale : les participants au départ sont en
cercle. La lecture se fait en relais, l'un après l'autre / un groupe après
l'autre. Lorsque
le résultat est satisfaisant tant au niveau de l'enchaînement, qu'au
niveau du rythme, du volume (s'adapter au volume des autres : ni trop
fort, ni trop faible), on veille à mélanger les participants et à les
regrouper en chorale sur trois rangs. |
|
Commentaire |
Ce travail permet de comprendre et de travailler la versification
classique. A réserver à des élèves plus âgés. (14 ans) |
7.
Improviser
Type :
Impro
photo |
Titre :
« on roule » |
Source :
Minifestival Thionville |
Objectif |
Préparation à l’impro |
|
Sujet |
Groupes
de 4. Chaque acteur veillera à présenter un personnage différent, à la
gestuelle typique. Sujet
: dans la voiture. / Immortalisez 4 moments en une « photo » :
- on roule - on double
- aïe, le camion !
- après |
|
Commentaire |
Moins stressant qu’une vraie impro… |
Type :
Impro
muette |
Titre : On prend le train F 26 |
Source :
Christian Schandeler |
Objectif |
Notion de mouvement / déplacements groupe |
|
Sujet |
-
vous êtes un personnage qui doit prendre son train et qui est en retard.
Vous vous hâtez vers la gare.
- Vous arrivez sur le quai. Vous consultez les horaires.
- Horreur, votre train est sur l'autre quai et il est prêt à
partir.
- Vous vous dépêchez, vite, vite. Vous faites signe au chef de
train. Il vous attend, vous montez à temps. Le train démarre. - C'est alors que vous vous rendez compte que vous avez oublié votre petit frère sur l'autre quai. |
|
Commentaire |
le meneur
veillera à commencer par un échauffement où les acteurs seront en
mouvement. Tout le groupe joue le rôle de voyageurs… Le héros est désigné
en cours de route. |
Type :
Impro
imaginaire |
Titre : Y a quelqu’un |
Source :
Christian Schandeler |
Objectif |
Travailler l’imaginaire |
|
Sujet |
"Y a quelqu'un ? " (dans une maison) Pour cette impro, si les acteurs sont un peu timides, on peut limiter le discours à répéter cette phrase. Les personnages sont au nombre de deux. (si blocage, proposer une maison vide, hantée de préférence…) |
|
Commentaire |
On peut mettre en sourdine une musique d’ambiance un peu glauque, ou
une suite de bruitages qui obligent les élèves à réagir en fonction. |
Type :
Impro
imaginaire |
Titre : Eh, viens voir ça » |
Source :
Jeanine Vredenne |
Objectif |
Travailler l’imaginaire |
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Sujet |
Impro à
plusieurs. Ne pas définir la chose qu'on voit de façon trop précise, de
manière à permettre aux autres participants de faire évoluer "la
chose". |
Christian Schandeler
Autres articles sur la pratique scolaire du théâtre
* Du même auteur: Le Cocon: Lire, écrire, jouer, éditer une pièce de théâtre * 3e degré * Faire entrer la vie dans la classe Ouvrir
* Maria Arcuri, Maupassant revisité pour écrire et faire du théâtre - Classe de 2e «Tout a changé quand on s'est mis à écrire!» (Une élève) * Ouvrir
Ethique et argumentation
Autour de La controverse de Valladolid
Christian Thys
Propositions pour le 3e degré
En
page 43 de son programme pour le cycle 5/6, la Communauté française de
Belgique
recommande d’aborder le thème de la littérature et de l’altérité,
et propose comme documents La controverse de Valladolid, téléfilm de
Jean-Daniel Verhaege, d’après le scénario de Jean-Claude Carrière,
avec, notamment Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Sépulveda, et
Jean Carmet dans celui du représentant
du pape et Jean-Pierre Marielle dans celui de Las Casas. Parmi les autres approches possibles, nous recommandons des croisements de textes avec des textes de Lévi-Strauss, Race et histoire, 1952, coll. Poche, 6€ * Extrait: http://www.unesco.org/courier/2001_12/fr/droits2.htm Condorcet
, Réflexions sur l'esclavage des nègres, 1781
* Epitre dédicatoire & sommaire:
http://fr.wikisource.org/wiki/Réflexions_ Montesquieu, De l'esclavage des nègres (De l’esprit des Lois, XV, 5 (1748) http://noiresmemoires.rfo.fr/article20.html également sur wikisource: http://fr.wikisource.org/ -> 18e siècle -> Montesquieu * Esprit des Lois (...) |
Voici le récit d’une séquence d’apprentissage réalisée avec la collaboration d’une classe transdisciplinaire de candidats au régendat de première année. Elle nous semble transposable à une classe de terminale, moyennant les adaptations laissées libres à l’appréciation de chacun. |
régendat: ce terme, en Belgique, désigne la formation, en 3 ans, de professeurs des 1er et 2e degrés de l'enseignement secondaire |
L’objectif de cette séquence était d’arriver à hausser l’étude de l’argumentation au niveau des dimensions éthiques qu’il serait indiqué qu’elle prenne. D’autant que les futurs professeurs seront confrontés dans la gestion de la vie d’une classe à la négociation et au débat On se propose donc dans un premier temps d’exposer la portée de cet objectif par un rappel de la Théorie de l’agir communicationnel (1981) d’Habermas dont l’impact sur les théories du discours depuis le tournant linguistique est imposant.
début article "éthique/argumentation"
Habermas, Les enjeux d’une pragmatique du discours : vers une théorie consensuelle de la vérité
Dans un monde livré au bouleversement des valeurs et dépossédé des grands récits de référence, Habermas se pose la question de savoir comment trouver un point d’appui à une éthique de la pacification ? Pour répondre à cette question, à la suite de K.O. Apel, Habermas recourt aux ressources du langage, méta-institution et medium de l’ensemble des expériences humaines et de toutes les activités y compris scientifiques. Les deux philosophes se donnent le droit de privilégier comme modèle normatif d’accès à la vérité une situation de parole purement idéale où les participants chercheraient sur base d’une discussion libre et non-violente un consensus de manière à coordonner leur plan d’action. Pour être rationnelle, l‘action de ces agents doit prendre appui sur des postulats qui se révèlent incontournables et inconditionnés : « Toute communication tend vers la vérité et demande une reconnaissance de la vérité ». Dans son procès de reconnaissance, l’agir communicationnel requiert nécessairement l’épreuve de la critique, de la confrontation et du partage des informations.
Inversement, quand ces présupposés universels ne sont pas mis en œuvre, quand le dialogue n’est pas reconnu comme propriété de l’humanité, quand il offre le flanc à la violence, les logiques du pouvoir trouvent un terrain favorable.
Dès lors, la raison pratique postule pour le dialogue des conditions de satisfaction que l’on peut énoncer comme suit :
Une exigence minimale de compréhensibilité des énoncés.
Une exigence de vérité par rapport à la réalité extérieure de l’expérience. : tout acteur qui accomplit un acte de parole est forcé d’exprimer des prétentions universelles à la validité et suppose qu’il est possible de les honorer.
Une exigence de vérité par rapport à la réalité subjective de notre propre monde intérieur, ou sincérité. |
Pour faire bref en ce qui concerne la notion de vérité chez Habermas, qui demanderait de longs développements, nous retiendrons qu’elle se rapproche de la notion d’acceptabilité d’une proposition par une communauté. |
Une exigence de justice par rapport aux règles intersubjectives en vigueur parmi les sujets qui participent au débat.
L’acceptation consensuelle de la force des meilleurs arguments.
« Que l’on vienne à manquer à l’exigence de vérité, de justesse ou de sincérité, et c’est la totalité de ce qu’embrassent les liens de la raison qui en supporte les conséquences. ». |
J. Habermas , « La raison communicationnelle », dans Le discours philosophique de la modernité, 1988, p. 384. |
Quand bien même la situation idéale de communication ne serait jamais ou très peu réalisée, ces déficiences n’entament en rien la valeur des normes qui servent implicitement de référence pour la mise en exergue des transgressions : « En s’engageant dans une argumentation, il est impossible aux participants de ne pas supposer mutuellement que les conditions d’une situation idéale de parole sont minimalement remplies. Et, cependant, ils savent que la discussion n’est jamais définitivement « épurée » des mobiles cachés et des contraintes de l’action. Autant il nous est impossible de ne pas supposer un discours « épuré », autant nous devons cependant nous accommoder d’un discours « pollué » ». [Id. p. 383]
Reconnaissons que ces principes restent très généraux et sont susceptibles de s’enrichir grâce à une confrontation aux pratiques. C’est ce qui nous a amené à proposer aux étudiants de constituer un code de conduite de la communication verbale.
début article "éthique/argumentation" * sommaire et édito 127
L’observation de débats télévisés
La tâche suivante a donc été consacrée à l’observation de débats télévisés (deux en l’occurrence), présentés dans le cadre des émissions Faire le point. Nous n’insistons pas sur les références tant celles-ci paraîtraient aujourd’hui hors d’actualité, mais nous invitons chacun à se constituer une petite anthologie des interventions qu’il juge réussies.
L’instauration d’un code (provisoire)
Lors de la vision de ces controverses, nous avons demandé aux étudiants de noter les comportements verbaux qui leur semblaient porter atteinte, disons, à ce code de la communication.
Ont été relevés les traits suivants qui font l’objet d’une analyse en référence aux attentes que, selon Habermas et Grice l’acte de communication suscite : |
P. Grice , dans les William James Lectures, les appelle des implicatures ou maximes conversationnelles. |
1. Ne pas répondre aux questions telles qu’elles ont été posées.
Ce trait appartient à ce que Grice appelle une infraction à la maxime de pertinence qui oblige l’interlocuteur à suivre l’orientation thématique du dialogue.
2. Couper la parole à son interlocuteur
Ce trait fait partie des infractions au principe même de coopération ou à la loi de l’acceptation du dialogue comme forme de résolution de problèmes.
3. S’appesantir sur un détail et le développer à outrance.
Ce trait est une infraction à la maxime de quantité : Que votre contribution ne soit pas plus informative que nécessaire.
4. Sortir du sujet
Ce trait relève comme le premier d’un manquement à la pertinence : Cantonnez-vous au sujet, et à la maxime de modalité : Soyez ordonné.
5. Passer à l’invective
Ce trait relève d’un mépris du locuteur qui n’est plus alors considéré comme véritable partenaire du débat.
6. S’exprimer de manière confuse
Ce trait relève de la maxime de modalité : Evitez de vous exprimer de manière obscure. Mais la confusion peut être causée par l’émotion.
7. User d’un vocabulaire trop technique
Sous un autre aspect, ce trait relève également de la maxime de modalité : Evitez l’ambiguïté ou de la compréhensibilité de Habermas. Il est très relatif au niveau de compétence auquel on se situe.
8. Porter le dialogue sur un plan d’une attaque personnelle.
Il s’agit alors de transformer le dialogue en confrontation, une stratégie qui peut porter atteinte au principe même de la recherche d’un consensus.
9. Se contredire
Ce trait relève de la maxime de qualité : Ne dites pas ce que vous n’avez pas de raisons suffisantes de considérer comme vrai. Ou de la règle de sincérité.
10. Ne pas être sûr de soi
Il s’apparente au trait précédent. Mais il s’agit plus généralement d’une attitude non verbale qui déforce la position de celui qui les avance, et jette le discrédit sur ses paroles.
11. Ne pas apporter d’informations vraiment nouvelles.
Ce trait constitue également une infraction à la maxime de quantité : « Que votre contribution soit aussi informative que nécessaire ». Il concerne la dynamique du débat.
début article "éthique/argumentation"
La petite grammaire personnelle des étudiants présente momentanément la forme suivante :
Pour qu’un débat contradictoire aboutisse à avancer en direction d’une résolution, il est conseillé de suivre les règles suivantes :
Cerner le sujet et s’y tenir (3,4)
Laisser la libre parole à son contradicteur (2,5)
Respecter l’interlocuteur (8)
Rester clair dans ses propos (6,7)
Rester fidèle à sa ligne argumentative (9,1O)
Apporter des éléments nouveaux (11)
De manière à les affiner comme instruments de lecture des débats, ces règles provisoires ont été ensuite confrontées à celles que Van Eemeren et Grootendorst ont mises en évidence. Celles-ci ne recouvrent vraisemblablement pas tous les cas possibles, mais ont l’avantage de marquer la différence entre l’argumentation et les autres techniques de persuasion, de prendre en considération le contenu et la progression du débat, et donc de souligner les moyens qui en empêchent le bon accomplissement.
Pour ce qui est du fond, ces deux chercheurs de l’Ecole d’Amsterdam, poursuivent un projet analogue à celui d’Habermas : « Dans cet ouvrage, nous considérons la discussion critique comme une procédure interactionnelle ayant pour but de résoudre un conflit d’opinions au moyen d’un échange réglé d’actes de langage » (Préface de La nouvelle dialectique, Kimé, 1996.). Etudiant les sophismes survenus au cours des différentes étapes de la discussion, ils montrent comment ce relevé peut mener à établir les règles du discours critique. Dès lors, une infraction à la règle de la quantité de Grice est interprétée plutôt comme un obstacle à la dynamique du débat. On trouvera dans leur synthèse certains des traits repérés par les étudiants.
début article "éthique/argumentation"
Les règles du discours raisonnable
1. Les partenaires ne doivent pas faire obstacle à l’expression ou à la mise en doute des points de vue .
« Toutes les tentatives pour étouffer la discussion dans l’œuf constituent des violations de la Règle 1, et doivent, en conséquence, être considérées comme fallacieuses. » (Id. p. 125). De même toutes les tentatives pour exclure des positions ou pour en soustraire certaines à la critique. Cette règle inclut les pressions physiques ou verbales exercées sur l’adversaire pour éviter qu’il présente ses thèses ou pour le discréditer dans sa compétence, son objectivité, son intégrité ou sa crédibilité.
Cette règle développe les points 2 et 3 de notre code.
2. La partie qui a avancé le point de vue est obligée de le défendre si l’autre partie le lui demande (responsabilité de la preuve) et non de l’éviter derrière une apparence d’évidence.
Cette règle exige des justifications pour toutes les propositions avancées et interdit les évitements. Elle comporte également l’inversion de la charge de la preuve : au lieu de défendre un point de vue, on réfute les objections qui sont élevées contre ce point de vue ; on renonce à son rôle de défenseur et on oblige le contradicteur à l’endosser, c’est-à-dire à prouver le contraire.
Cette règle intervient en complément de notre code.
3. L’attaque doit porter sur le point de vue de l’adversaire tel qu’il a été avancé.
Cette règle est destinée à interdire les déformations, caricatures, résumés fallacieux ou autres moyens de déformer le point de vue de l’adversaire.
Elle complète la règle 3.
4. Une partie ne peut défendre son point de vue qu’en avançant une argumentation relative à ce point de vue (principe de pertinence). Et non en recourant à l’émotion.
Ici nous retrouvons le principe de pertinence ; la règle vise à éviter qu’une argumentation sorte du sujet ou soit abandonnée au profit d’un comportement émotif. Elle intervient en complément à notre code.
5. Une partie ne doit pas attribuer abusivement à l’adversaire de prémisse implicite. Elle ne doit pas rejeter une prémisse qu’elle a elle-même laissée sous-entendue.
Il s’agit d’éviter d’attribuer à l’interlocuteur des attitudes, des intentions, des partis pris qu’il n’aurait pas pour le discréditer. Nous entrons dans le domaine délicat de l’implicite et des hypothèses que l’on peut faire à propos des orientations idéologiques de l’interlocuteur qui peut toujours se retrancher derrière le fait que stricto sensu il n’a jamais prononcé une prémisse incriminée.
Cette règle complète la 3 de notre code.
6. Une partie ne doit pas présenter une prémisse comme un point de départ accepté alors que tel n’est pas le cas. Elle ne doit pas non plus refuser une prémisse si elle constitue un point de départ accepté.
Au début d’une discussion, on présuppose souvent des points de départ communs : des savoirs partagés, des intérêts de groupe, des valeurs communes... Il s’agit d’éviter de remettre en cause, les acquis. Ou bien d’éviter que l’on considère comme prouvé ce qui reste à prouver (pétition de principe).
Cette règle complète avantageusement la 6.
7. Une partie ne doit pas considérer qu’un point de vue a été défendu de manière concluante si cette défense n’a pas été menée selon un schéma argumentatif adéquat et correctement appliqué.
Une partie peut refuser une argumentation si les types d’arguments avancés sont faibles ou inadéquats. Les auteurs de La nouvelle dialectique visent l’usage inadéquat d’un schéma argumentatif par rapport au contexte. Par exemple, faire le procès de la Police était-il adéquat dans un célèbre procès d’Assises ? Dans quelles circonstances l’appel à l’autorité est-il pertinent ? De même pour l’analogie ou la comparaison alors que les situations changent. Par exemple, l’argument par analogie semble plus approprié pour évoquer des prédictions ; l’argument cause / conséquence pour se mettre d’accord sur une action à mener ensemble ; l’argument d’autorité ne semble approprié que dans les circonstances où les parties respectent cette autorité.
Cette règle prévient aussi les généralisations abusives au départ d’un nombre insuffisant d’observations. Cas très fréquent dans l’argumentation courante.
Il n’empêche que ce point présente des obscurités et suppose une nomenclature des types d’arguments. Celle-ci se retrouve sous diverses formes dans les manuels scolaires de fin du secondaire. Les étudiants en ont pris connaissance.
8. Une partie ne doit utiliser que des arguments valides, ou susceptibles d’être validés moyennant l’explicitation d’une ou plusieurs prémisses.
Cette règle sanctionne les contradictions, les confusions entre conditions nécessaires et suffisantes, les transferts indus du tout à la partie.
Cette règle, qui vise la validation des propositions, vient en complément.
9. Si un point de vue n’a pas été défendu de façon concluante, alors le proposant doit le retirer. Si un point de vue a été défendu de façon concluante, alors l’opposant ne doit plus le mettre en doute.
Cette règle concerne l’issue du débat. Il s’agit d’un cas idéal où les deux parties respectent impeccablement les règles du jeu.
Le résultat de la dispute n’est pas l’obtention d’une vérité objective, mais bien celle d’une vérité intersubjective. Une défense réussie n’a qu’une valeur relative. L’échec d’une tentative de falsification d’une hypothèse ne signifie pas que l’hypothèse est vraie, mais qu’il n’a pas été prouvé qu’elle était fausse (Popper). Il est demandé aux proposants de ne pas radicaliser leur réussite.
Cette règle vient renforcer les exigences d’Habermas.
10. Usages du langage. Les parties ne doivent pas utiliser des formulations insuffisamment claires ou d’une obscurité susceptible d’engendrer la confusion ; chacune d’elles doit interpréter les expressions de l’autre partie de la façon la plus soigneuse et la plus pertinente possible.
Cette règle rejoint une exigence posée dans la plupart des codes. Il importe d’éviter les sources d’ambiguïtés (référentielles, sémantiques, syntaxiques). D’où l’importance des reformulations, des formules de politesse, du souci de ne pas vexer son adversaire. D’où l’intérêt aussi des demandes de clarification ...
début article "éthique/argumentation" * sommaire et édito 127
La lecture de La Controverse de Valladolid sous l’angle de la conduite des débats
Le film de Jean-Claude Carrière constitue un terrain très propice à la recherche de l’application des règles ci-dessus énoncées. Nous considérons que le livre en constitue un complément, tout en soulignant qu’il est davantage écrit comme un synopsis que comme un roman. L’auteur n’hésite pas à assortir le texte de commentaires érudits qui révèlent la manière dont il a à la fois instruit le dossier, et la manière dont il l’a porté à l’écran. Il reconnaît qu’il ne vise pas une reconstruction historique, puisque le scénario du film reconnaît qu’il ne vise pas une reconstruction historique, mais plutôt à rendre l’intensité d’un débat avec les moyens de l’époque, et à entreprendre par ce biais le procès de la colonisation. Il faut donc mentionner que la véritable controverse ne s’est pas passée comme le présente le film, mais que les personnages fictifs sont porteurs des principes du débat tel qu’il s’est effectivement déroulé.
En outre, l’auteur décrit en détail, dans nombre de commentaires, le comportement qu’il souhaite voir adopter par les acteurs.
L’issue du débat vise à relancer la réflexion. La résolution finale reporte le problème de l’humanité des Indiens sur celui des esclaves noirs. Elle pourrait donc susciter des sentiments anticléricaux si l’auteur, du moins dans la version romanesque, n’avait souligné, en contrepartie, l’œuvre historique des juristes issus de l’Ecole de Salamanque (94). Cette Ecole a eu le courage de confronter le thomisme à l’humanisme, et a reconnu aux Indiens des droits, comme rejeter la conversion forcée ou acquérir des terres. Elle a surtout milité en faveur de la séparation des pouvoirs civils et des pouvoirs religieux. Elle a surtout milité en faveur de la séparation des pouvoirs civils et des pouvoirs religieux. Néanmoins, les défenseurs des positions doctrinales ne sont pas unanimes quant aux conditions de partage de ces pouvoirs.
Pour tout ce qui concerne l’importance de l’événement et le contexte historique de la controverse, nous renvoyons à Marie-dominique Boutilié et Catherine Bouttier-Couqueberg, La controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière, analyse de l’œuvre, Pocket, 6285. Néanmoins, après analyse, nous prenons nos distances par rapport au portrait qu'elles dressent du cardinal..
Dans la logique de notre séquence, le film constitue aussi un
support favorable pour examiner quelles règles – conversationnelles,
culturelles, religieuses – l’arbitre de la dispute, le cardinal Roncieri,
légat du pape, utilise pour maintenir une grande sérénité tout au long du débat,
et pour tempérer les écarts éventuels des protagonistes. Est-il impartial
dans ses interventions ou penche-t-il vers l’un des acteurs de la controverse
? Ces
questions
détermineront l’orientation de notre analyse.
Le noeud de la discussion concerne la question de savoir si les Indiens d’Amérique sont des êtres humains achevés et véritables, des créatures de Dieu. Cette question entraîne inévitablement le recours à une définition générale de ce qu’est l’humanité à l’époque de La Controverse (1550-1551)
Pour ce qui est de l’argumentation de Las Casas et de Sepùlveda, nous nous contenterons dans ces pages d’en résumer l’orientation générale.
Las Casas, voulant faire appel aux sentiments de l’assemblée, ouvre le débat par le récit effrayant des massacres perpétrés par les Espagnols. Il dresse un bilan dramatique de l’occupation espagnole, et livre une description idéalisée des indigènes. Il insiste aussi sur les marques de civilisation qu’il trouve dans les récits que fit Cortès du temple de Moctezuma.
Sepùlveda, qui, en dialecticien chevronné, est à l’affût des moindres failles de son adversaire, exploite l’emportement de son interlocuteur, et tout ce qui peut passer pour une exagération des faits. N’a-t-il pas été lui-même, Las Casas, un colonisateur ? N’est-il pas de notoriété publique qu’il s’emporte facilement ? Les Espagnols, qui sont des chrétiens, peuvent-ils devenir la proie du Diable ? Et les Indiens ont-ils comme tous les hommes été touchés par la parole du Christ ? Non, ce continent a été oublié de Dieu. Dès lors, la guerre contre les indigènes est une guerre juste, et l’évangélisation par la violence une nécessité, d’autant plus qu’ils s’entretuent. D’ailleurs, ils sont esclaves par nature et se livrent à l’idolâtrie et aux sacrifices humains. Ce sont des hommes, certes, mais appartenant « à la plus basse place de la condition » (107). Et de plus leur art est très laid. Pour confirmer sa thèse, Sepùlveda provoque un coup de théâtre en découvrant au regard de l’assemblée un chariot qui supporte la tête sculptée d’un serpent à plumes.
Mais les protagonistes vont être confrontés par Roncieri à des « exemplaires » de cette race d’homme, pour ainsi dire, en face à face. A l’issue de cette confrontation, l’argumentation de Sepùlveda ne change pas d’un iota : ce sont des êtres inférieurs destinés soit à l’esclavage, soit à disparaître : « Ils sont placés par naissance hors de l’effet de la grâce divine. Ils ne rejettent pas le Christ. C’est le Christ qui ne veut pas d’eux dans son royaume » (172). Ils doivent donc pour Sepùlveda rester esclaves et se convertir, quitte à quitte à ce que l’on revienne sur leur sort plus tard.
En revanche, Las Casas termine son plaidoyer en demandant de rendre aux Indiens leur liberté première et aux Espagnols de quitter leurs terres. Il obtient une victoire morale de justesse, mais dans les coulisses, et dans des apartés entre le légat du Pape et les représentants des colons, d’autres enjeux, d’ordre économique, sont mis en lumière. Comment proposer un moyen terme qui puisse satisfaire toutes les parties ? Telle est la tâche dévolue au légat du Pape.
Nous consacrerons donc notre attention sur ce personnage.
début article "éthique/argumentation" * sommaire et édito 127
Les codes suivis par Roncieri dans l’arbitrage des parties
Ses principes
Roncieri rappelle les principes communément acceptés par la communauté religieuse. Il s’agit des fondements dogmatiques qui en constituent les références : Tous les êtres humains ont en eux une étincelle de christianisme (80). Le règne de Dieu est proche. Etre véritablement homme, c’est croire dans les dogmes chrétiens (165). Refuser d’y croire, c’est appartenir à une espèce autre.
Derrière cet accord de façade, plusieurs passages de l’Evangile feront l’objet d’interprétations diverses de la part des protagonistes, notamment quant au droit à l’exercice de la violence.
Les conceptions anthropologiques qu’invoque le prélat sont très élémentaires : l’homme se distingue de l’animal par le rire, l’art, l’écriture, et le soin porté aux enfants.
Néanmoins, il n’a garde de les mettre en question.
La gestion de la dispute
[Nous faisons référence à la numérotation de Van Eemeren et Grootendorst.]
1. Dès la fin de l’intervention d’ouverture de Las Casas, consacrée essentiellement aux exactions des Espagnols dans les colonies, Roncieri corrige le dominicain en lui faisant remarquer qu’il inverse la charge de la preuve (Règle 2) et sort du sujet. Il ne s’agit pas de faire le procès des colonisateurs, mais de décider si les Indiens font partie du plan de Dieu, s’ils sont descendants d’Adam et d’Eve, et s’ils sont rachetés par le sang du Christ.
Il est très pointu quant au respect de la Règle 4 qu’il ne manque pas de rappeler à Sepùlveda : « Vous pouvez parler de votre livre à condition de ne point quitter le sujet (68) ». « Nous ne sommes pas réunis pour parler de la guerre, (…), mais pour décider de la nature exacte des Indiens » (101, 115).
2. Il interrompt Sepùlveda quand celui-ci, lors de la péroraison (221), coupe la parole à son interlocuteur (Règle 1).
3. Au nom de la liberté de parole (Règle 1), il tolère que Sépulveda ne porte pas l’attaque sur le point de vue de Las Casas, mais sur la personne de son contradicteur. Sepùlveda évoque, en effet, un passé où son adversaire agissait comme tous les Espagnols et possédait lui-même des esclaves. Il rappelle qu’il a échoué à pénétrer pacifiquement le monde des Indiens. Et cette provocation réussit : elle sort son adversaire de ses gonds et le mène à tenir des propos presque insultants : « Il y a des menteurs partout », dit Las Casas. Ce qui confirme aux yeux de l’auditoire qu’il arrive au dominicain de s'emporter et à mettre en doute le sérieux de son témoignage.
4. Le légat du Pape refuse que La Casas prête des intentions cachées à Sepùlveda (Règle 5) quand il avance : « Vous dites à chaque instant : Dieu guide mon action, il aide à tenir mon épée, je ne fais rien sans lui, puisqu’il est avec moi. Mais ce que je lis derrière ces phrases est tout différent. Je lis : Dieu, c’est mon intérêt ! C’est ce qui justifie mes crimes ! » (90).
5. Il ne se satisfait pas de la référence aux autorités. A Sepùlveda qui fonde sur Aristote le fait que certains hommes sont par nature nés esclaves, il rappelle (Règle 2) la nécessité d’appuyer sa thèse sur des arguments (102).
6. Selon le prescrit de la Règle 1, Roncieri refuse l’usage de l’argument ad hominem autant que l’injure ou l’insolence lorsque Las Casas traite Sepùlveda de Renard (176) Il intervient pour calmer les ardeurs quand les protagonistes en viennent presque aux mains (212).
7. Il ne se contente pas d’apprécier les deux plaidoiries, mais, soucieux de tirer les conséquences de faits observables, il initie une confrontation avec une poignée de représentants du Nouveau Monde qui, comme des animaux étranges, sont livrés à l’examen des médecins et aux questions des membres de l’assemblée. Il les contraint à voir leur idole détruite et à un simulacre de l’assassinat d’un enfant porté par sa mère. Enfin, il fait intervenir des bouffons pour vérifier l’aptitude des Indiens au rire, propre de l’homme. Il mène donc une enquête parallèle, assez déconcertante pour les duellistes.
début article "éthique/argumentation"
Excepté le fait qu’il accepte le principe de la guerre juste et de ses conséquences inévitables, et celui de faire passer des « tests d’humanité », il dirige le débat de manière impartiale, tout en se laissant finalement guider par une certaine pitié vis-à-vis des Indiens. Ceux-ci obtiendront donc le droit de faire partie véritablement de l’humanité et de sauver leur âme.
Néanmoins, on le sent porteur d’une charge politique très lourde qui l’oblige à tenir compte des intérêts du Ciel et de la Terre : les démêlés de l’Espagne avec les autres colonisateurs, les démêlés avec Luther, et même, si l’esclavage est interdit, une révolte possible des colons. Car le véritable enjeu est là, niché derrière les considérations philosophiques : comment poursuivre la pratique de l’esclavage tout en ménageant les principes moraux. ? Et la solution qu’il préconise avec l’aide du supérieur du couvent est de remplacer l’esclavage des Indiens par celui des noirs d’Afrique, ces habitants « très frustes qui ignorent toute forme d’art et d’écriture, et qui n’ont construit que quelques huttes » (248). En se soustrayant très rapidement à la question de l’essence humaine des Noirs, il enfreint donc, plus ou moins consciemment, au nom de la raison d’Etat, non une règle pragmatique telle que celles énoncés par Van Eemeren et Grootendorst, mais une règle éthique, celle que Habermas formule comme une exigence de vérité par rapport à la réalité.
Dernière remarque qui se situe cette fois sur le terrain de l’Histoire : dans sa postface au témoignage de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes, Jérôme Vérain dresse le bilan de l’œuvre du dominicain. Bilan fascinant pour la manière dont effectivement il s’est élevé contre la colonisation, et contre sa propre hiérarchie, après avoir été lui-même propriétaire d’une colonie. De cette période de sa vie, qu’il a reniée, il faut retenir qu’il lui est arrivé de proposer ce que Jean-claude Carrière attribue à Roncieri, à savoir la suggestion de remédier à la dramatique dépopulation des Antilles par l’importation d’esclaves africains. Plus tard, Las Casas, le personnage historique donc, se reprochera ces erreurs, car, dit-il, « Le lignage des hommes est un. »
début article "éthique/argumentation"
Bibliographie
Boutilié M-D., Bouttier-Couqueberg C. La controverse de Valladolid de J.-C. Carrière, Pocket, 6285, 2003.
Carrière J.-C., La controverse de Valladolid, Pocket 4689, 1992.
Habermas J., Théorie de l’agir communicationnel, Fayard, 1987.
Le discours philosophique de la modernité, Gallimard, 1988.
Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes, Mille et une nuits, 1999.
Van Eemeren Fr., Grootendorst R., La nouvelle dialectique, Kimé, 1996.
Du même auteur:
Romulus et Rémus, Caïn et Abel... et les autres: rivalités et médiations * Lecture d'oeuvres classiques au 3e degré : http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/123.0512.html
La Secte des Égoïstes: Pour lire E.-E. Schmitt: à quelles sources philosophiques remonter? Propositions pour le 3e d. http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/121.0506.html
Science fiction: Les secrets de l'Ultime Secret, de Bernard Werber, 3e d.
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/117lmdp.html
Créer des poèmes bibliographiques
Deuxième degré
Proposition de Michel VOITURIER
Camille Melloy, par exemple..
* Réécriture "bibliographique", mode
d'emploi * Hommage à Pablo Neruda, par exemple...
* Mini-anthologie : Gaston Compère, Albert AYGUESPARSE, Jean-Baptiste BARONIAN
* Prolongements
Dans la plupart des ouvrages publiés, l’auteur place quelque part la bibliographie de sa production. C’est une énumération plutôt documentaire, quelquefois intéressante pour tisser des liens entre des œuvres d’un même écrivain.
Cette liste peut aussi se métamorphoser en texte. C’est qu’en sélectionnant des titres, en les assemblant, en les intégrant dans un ensemble, ils sont susceptibles de constituer un nouvel écrit.
L’idée a surgi à la lecture d’un poème d’un écrivain totalement oublié aujourd’hui, Camille Melloy (1891-1941). Celui-ci avait en effet composé une poésie dans laquelle il avait glissé quelques-uns des titres de sa production antérieure.
Ô soleil sur le village qu'es-tu devenu?
Me voici, déçu par l'âge le cœur vide et nu.
Aux jardins rouillés d'automne, du vent déchirés,
Le parfum des buis me donne envie de pleurer.
Mon retour parmi les hommes me fut tant amer :
Leur orgueil nous brise comme
Ah! pauvre enfant de la Terre,
En sais-tu qui désaltèrent
J'ai fini mon long voyage
Ayons enfin le courage in Les plus beaux poèmes de C. Melloy, Bruxelles, Maison du Poète, 1942. |
Note de la rédaction: ..."totalement oublié, ou presque, en Belgique francophone"... En effet, il ne figure ni dans le catalogue de la Bibliothèque Espace 27 Septembre de la Communauté française de Belgique, ni sur le site Service du livre [luxembourgeois] répertoriant des centaines d'auteurs belges de langue française.
..."mais pas ailleurs!" Puisqu'un ami bibliothécaire, Noël Habrant, m'envoie une bibliographie bien fournie - voir ci-dessous - trouvée sur le site de l'université de Bologne http://www2.lingue.unibo.it/centrobelga/ecrivains/m.htm ... et qu'un professeur de l'Université de Vienne (Autriche), Stijn Vanclooster, me fait parvenir deux excellents articles sur ce prétendument "totalement oublié". Voir http://www.kantl.be/ctb/staff/stijn.htm et http://www.kantl.be/ctb/pub/2001/melloy.htm Bibliographie Melloy,
Camille (pseudonyme de Camille de Paepe) 1891-1941: poète, essayiste et conteur.
Né à Melle, près de Gand (d'où son pseudonyme), membre de la
congrégation des Joséphites, brancardier durant la Grande Guerre, puis
enseignant de collège. Le soleil sur le village, poèmes, précédés des Chansons à mi-voix (1923) – Vingt-sept petites élégies (1927) – Le parfum des Buis (1929) – Retour parmi les hommes (1931) – Enfants de la terre (1933) – Le chemin de la croix (1935) – Variations sur des thèmes impopulaires (1939) – Trois marches pour le temps de Noël (1940) – Réquiem (1941) - L’Offrande filiale (1930) – Voyages sans Baedeker (1936) – Suomi ou le bonheur en Finlande (1939). |
début "poèmes bibliographiques" * sommaire/édito
Réécriture "bibliographique", mode d'emploi
À parcourir ensuite une série de bibliographies, on s’aperçoit que, dans les meilleurs des cas, la diversité des titres constitue un corpus intéressant, à condition soit qu’il s’agisse d’un poète, soit que le nombre des ouvrages recensés soit assez élevé. Accessoirement – mais cela n’est pas négligeable – que la recherche incite parfois à lire un bouquin devenu alléchant uniquement grâce à son intitulé. Il n’est pas impensable non plus de disposer d’une page d’un catalogue d’éditeur et de procéder de la même manière avec la nomenclature qui la compose.
Il y a plusieurs façons de traiter ce matériau mis à la disposition des écrivants.
La première est de pratiquer comme Melloy : sélectionner quelques syntagmes significatifs et les agrémenter d’autres mots susceptibles de les relier entre eux.
La seconde est de tenter de juxtaposer les titres tels quels et de juger ensuite des significations ainsi obtenues.
C’est ce que j’ai réalisé personnellement à l’occasion d’une demande destinée à une séance d’hommage à Neruda, sans changer quoi que ce soit aux termes choisis par l’auteur, sans ajouter le moindre mot, fût-il conjonction ou préposition, mais simplement en l’insérant dans une lettre fictive :
En hommage à Pablo Neruda Barry, le 8 novembre 2004 Camarade, Je ne t’ai vraiment rencontré qu’au détour du film « Le Facteur » de Michael Radford et un peu au milieu des musiques trop folkloriquement sirupeuses de Théodorakis. Mais ta bibliographie m’a dit beaucoup à ton propos. Elle te décrit en forme de poème :
Résidence sur la terre
Né pour naître, L'Espagne au cœur, Frondeur enthousiaste J'avoue que j'ai vécu Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée.
Le coeur jaune, J'avoue que j'ai vécu Encore Le fleuve invisible, Les vers du capitaine : Odes élémentaires, Elégie, Chant général.
Tentative de l'homme infini, J'avoue que j'ai vécu Crépusculaire Le livre des questions, La mer et les cloches, La centaine d’amour, Tout l’amour. Tu le sais mieux que moi : les mots ne meurent pas ni leurs images. Je t’enserre dans mon souvenir. |
http://www.pierdelune.com/neruda.htm (en français, anglais et espagnol) (en espagnol: cliquer sur 'linea de vida' pour la vie, sur 'obra' pour l'oeuvre, puis cliquer sur "bibliografia")
|
début "poèmes bibliographiques" * sommaire/édito
Mini-anthologie
La prose convient bien entendu également. Il est nécessaire de lui trouver une matière moins imagée peut-être, avec des rappels du quotidien et une mise en actions. Certains auteurs, comme Gaston Compère, se prêtent bien à s’embarquer du côté de la littérature fantastique et mythique. Il s’agira, comme ci-dessous, d’emprunter des titres entiers ou fragmentés pour tracer le portrait d’un être légendaire.
[quelques exemples: titres entiers * fragments de titres * pour le reste, vous trouverez bien vous-même...] Au besoin, appelez le Dépanneur
La naissance d’une ombre.
Le sagittaire n’est pas mon signe astral. Ce serait plutôt celui de la constellation du serpent, un signe infortuné. Condamné à errer à travers la géométrie de l’absence, j’ai mis, in Dracula memoriam, hé oui, Dieu dans le trou où il aura tout loisir de pourrir par les orteils. Je conserverai de lui le portrait d’un roi dépossédé.
Il m’a fallu un millénaire de patience d’ange avant de parvenir à célébrer enfin l’office des ténèbres. Je porte l’écharpe d’Iris, j’ai quitté les sept demeures de l’adieu pour la Montagne d’or. Je vis désormais, dernier duc d’Occident, près des licornes, sur les lieux de l’extase, inventeur des sept machines à rêver au cœur d’une contrée que j’ai baptisée du nom de Lux mea, à proximité du fort de Gleisse.
J’y scrute les songes de l’œil bleu. La musique de la nuit, la musique énigmatique m’évite de tomber dans les griffes de l’ange. Alors je me souviens de Bruxelles, des jardins de ma mère, des polders, du rempart de Babylone, de la femme de Putiphar et du grand bestiaire. Mais surtout du temps où je n’étais que le fouille merde dans les eaux de l’Achéron.
Après avoir creusé le sol majeur, je suis allé sortir les écrits de la caverne, lettres rouges, lettres noires. De l’art de parler en public pour ne rien dire, j’en suis venu à la profération de la parole perdue. Ma foi clame l’apocalypse de Saint Jean au moyen de ma voix d’outre-tombe.
L’un et l’autre, le père abbé et la femme instruite reçoivent, derrière l’œil, durant leur sommeil, tous les éléments de la nuit de ma nuit, véritable Maelström dans la cervelle, antidote éternel au séraphique amour.
début "poèmes bibliographiques" * sommaire/édito
Que chacun se mette en quête ! Qu’il farfouille dans les bibliographies ! Mais afin d’être mis en appétit, en voici deux qui sont utilisables immédiatement. L’une est d’un poète, l’autre d’un romancier et nouvelliste.
Albert AYGUESPARSE Neuf offrandes claires Machinisme et culture Derniers feux à terre Notre ombre nous précède Une génération pour rien Aube sans soutiers Le vin noir de Cahors Magie du capitalisme Le mauvais âge Prometteurs de beaux jours Poème pour trois voix La mer à boire Selon toute vraisemblance La main morte D’un jour à l’autre L’heure de la vérité Simon-la-bonté L’albatros a trois heures de retard Écrire la pierre Le partage des jours Les armes de la guérison Pour saluer le jour qui naît Obsolètes métaphores Les mal-pensants Arpenteur de l’ombre Sur les brisants du siècle Lecture des abîmes Les déchirures de la mémoire |
Jean-Baptiste BARONIAN Les arts du vin La légende du vin La femme pauvre L’homme à romans Le roman gris Une bibliothèque excentrique Une sanction Noëls rouges Trains rouges Tableaux rouges Enfants rouges Potions rouges Livres rouges En voilà des histoires Le démon de février L’invitée de Lorelei Bloum à Bruxelles Noir scénar Je me souviens de Bruxelles Faux titre La belle volière Fantômes dans la ville Maison hantée Baisers, bises et bisous Polichon Ratatouille Une couronne pour Guillaume Mémoire d’éléphant La petite fille qui a vu l’ours La nouvelle famille de Choune De tout mon cœur Bêtes et bêtises S’il vous plaît Bienvenue Chien et chat Rêves de chiens Pour toujours La dame à la Licorne À table Joyeux anniversaire S’il vous plaît |
Découpons, collons, assemblons, lisons.
Nul besoin d’une hypothétique inspiration : les mots sont là, à nous d’en disposer.
Du même auteur: Sarah Berti, Class story, un polar pour des portraits sociaux - 2e degré
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/119.0412.html
En joue: quelques enjeux des jeux du je Réel et fiction, réel ou fiction? Repères pour lecteurs des 2e et 3e degrés
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/120.0503.html
début "poèmes bibliographiques" * sommaire/édito
Prolongements... * Quelques pistes parmi d'autres
1. Rechercher des bibliographies sur Internet ou à la fin d'un livre sous la rubrique "Du même auteur". (Voir aussi § 4)
3. Proposer et justifier le choix d'autres titres pour une oeuvre lue en classe
Pour
cela, veiller à ce que l'élève «donne la preuve par le texte» !"
Idem pour une fable de La Fontaine
Idem pour un article de presse, par exemple un fait-divers,
le reportage d'un match.
[Variante: cacher le titre d'origine de cet article; le révéler à la suite des propositions des élèves]
4. Composer
ces titres (§§ 1, 2, 3) selon diverses
contraintes,
par exemple:
* le pseudo-titre doit comprendre le lieu de l'action (Retour à Valparaiso, Pitié pour Venise, Voyage dans un tunnel...)
* le pseudo-titre doit comprendre le nom du héros ou d'un personnage (Vodka pour Bush, Zidane à la trappe...)
* le pseudo-titre
doit coordonner deux noms (comme dans Le laboureur et ses enfants)
quelques exemples (pour nous inspirer...):
Gaza, terre promise
et terre perdue
[Bientôt la fin des colonies juives dans la bande de Gaza. Titre du reportage
d'Anne Guion dans La Vie, 11.08.2005, p. 24]
Sans douleur et sans Zidane
[Victoire de l'équipe de France de football contre la Yougoslavie, par 3 à 0.
Titre dans Libération, 21.11.2002]
Des loups et des policiers
[Des policiers sont réquisitionnés en Turquie pour
maîtriser des loups. Titre dans La Libre Belgique, 16.01.2002, p. 12.]
* le pseudo-titre doit associer des termes de sens opposé (jouer sur l'antonymie, comme déjà ci-dessus dans Gaza, terre promise et terre perdue)
quelques exemples (pour nous inspirer...):
De la plage de rêve au train de l'horreur
[Des soldats belges au Sri Lanka découvrent les dégâts du tsunami... Entre autres ce train emporté par la vague: plus de mille passagers morts.
Titre de l'article de J. Smeets, dans Vers l'Avenir,13.01.2005, p. 6.]
L'enfer au paradis égyptien
[Après le crash aérien en Egypte (148 morts...) Titre dans La Libre
Belgique, 05.01.2004, p. 2.]
5. Emettre des hypothèses sur le contenu d'une oeuvre en se basant sur son titre.
Vérifier ensuite, ou bien en consultant la quatrième de
couverture, ou mieux encore! en lisant cette oeuvre.
Ne pas choisir des
oeuvres trop longues; préférer - pour commencer - une oeuvre narrative.
Variante: ce travail d'hypothèses peut se faire après avoir observé le livre comme "objet" (couverture, titre, sous-titre, éditeur, imprimeur, préface, chapitres, table des matières, quatrième de couverture, jaquette, marque-page, pagination, reliure, format...). Dans cette observation, on découvre aussi la rubrique "Du même auteur" souvent présente dans un livre, après la table des matières
début "poèmes bibliographiques" * sommaire/édito
Activités d'expression autour du roman de Claude Raucy, Le Doigt tendu, 1er degré.
De la lecture du roman à l’écriture du destin d’un des personnages principaux.
Emmanuelle Florent & Marie-José Eppe, CNBL, Virton
Comme chaque année, le Collège Notre-Dame du Bonlieu de Virton invite Claude Raucy pour rencontrer les élèves de deuxième année. Ceux-ci ont au préalable lu son roman Le doigt tendu.
Du livre-objet au livre-histoire * de la lecture à l'écriture * scriptorium d'ados: dix variations de genre : 1 * 2 * 3 * 4 * 5 * 6 * 7 * 8 * 9 * 10 * l'écrivain face aux lecteurs
Avant la rencontre en question, nous abordons le livre en tant que
« livre-objet ». Pour cela, nous voyons tout le parcours du livre,
de l’ordinateur de l’écrivain à la librairie.
Les
élèves ont ensuite l’occasion d’apporter un livre en classe et de le présenter
aux autres en tant que « livre-objet ».
Le
livre est abordé avec les cinq sens, tout se base sur les sensations qu’un
livre peut apporter : un livre, ça se touche. Il y en a dont le papier est glacé,
d’autres dont la couverture est en tissu…, un livre, ça a des odeurs différentes :
un livre peut sentir le neuf, le vieux, il est des livres parfumés… Un livre
se regarde, on l’admire, on l’expose dans une vitrine juste pour le plaisir
des yeux. On le compulse pour ses belles images ;il y a des livres qui se déplient
et peuvent devenir des scènes de théâtre. Un livre peut aussi réveiller
divers sentiments. Il a de la valeur parce que c’est quelqu’un de cher qui
me l’a offert, il compte pour moi, parce que c’était mon livre préféré
lorsque j’étais petit…
Bref,
un livre, c’est d’abord un objet qui a une histoire, une histoire autre que
celle qui est racontée avec les mots de l’auteur.
De
la lecture du livre à l’écriture du destin d’un
personnage.
« Le
doigt tendu » raconte l’histoire de Pierre, un jeune juif qui se cache
à Saint-Mard et est dénoncé par Jacques, un ami. Pierre va alors fuir et
vivre des rencontres qui seront marquantes pour lui.
A
partir de là, par groupes de quatre, les élèves vont être amenés à choisir
un des personnages principaux (Pierre, Jacques, Rebecca ou encore François) et
d’en écrire le destin, de continuer son histoire, d’écrire ce que Claude
Raucy n’a pas écrit.
Il
n’y avait pas de restriction au niveau du style : certains sont partis
sur de la science-fiction, d’autres ont eu une approche plus psychologique,
certains ont abordé la question de manière très réaliste, d’autres ont
voulu donner un message d’espérance. Chaque groupe a finalement abordé le
sujet de différentes façons. C’est ensemble que nous avons déterminé quel
était le message caché dans leur texte.
Les
seules consignes étaient de ne pas dépasser une page A4 et d’écrire le
texte au présent.
Il
y a d’ailleurs eu quelques surprises à propos de ces consignes qui n’étaient
apparemment pas évidentes à respecter.
Voici
d’ailleurs quelques textes choisis d’élèves.
Ces
textes ont été offerts à Claude Raucy lors de sa visite à l’école.
Emmanuelle Florent - Novembre 2006
Des mêmes auteures:
S'identifier à partir d'une image, 1er degré * http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/123.0512.html
d'Emmanuelle Florent, Le carnaval du mardi-gras: contage de légendes http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/125.0606.html
début doigt tendu * sommaire édito 127
Scriptorium d'ados: dix variations de genre
1.
L'histoire
sans titre.
Jacques
tout étonné ne dit rien et sort de la mairie en silence. Quelques minutes plus
tard, Pierre le rejoint près du grand chêne où ils avaient passé une grande
partie de leur amitié. Pierre s'assoit près de Jacques sans une parole.
Jacques lui demanda pourquoi il ne l’avait pas
dénoncé ?
- "Car je n'ai pas voulu te trahir comme tu l'as fait".
Pierre repartit chez les Lagrange car la nuit allait tomber.
Le lendemain matin, après une nuit de sommeil agité, Pierre retourna avec ses
parents à Bruxelles. Son appartement avait été complètement détruit mais
ses parents avaient loué un nouveau logement dans un quartier pauvre quelques
rues plus loin.
En allant promener son chien Goulven, il rencontra une jeune fille aux cheveux
noirs qui ressemblait étrangement à Rébecca. Cette fois-ci, il prit son
courage à deux mains et alla à sa rencontre. Elle s'appelait Delphine et ils
passèrent plusieurs semaines ensemble avant que, malheureusement elle ne déménage
dans une autre ville.
Au mois de janvier, il rentre pour la première fois à l'école depuis son départ
de Saint-Mard quatre ans auparavant. Il voit que la plupart de ses camarades ne
sont plus là.
Malgré quelques années d'absence à l'école, il fait tout de même des études
de violoniste et est accepté à 23 ans au conservatoire de Bruxelles, il est
nommé le Wolfgang Amadeus Mozart.
Quelques années plus tard, en revenant d'un concert, Pierre lut un livre qui
racontait son histoire. A sa grande surprise, il vit que l'auteur était
Jacques. Il alla le retrouver à Saint-Mard et ils restèrent amis jusqu'à la
fin de leur vie.
Cédric, Olivier, Romain, Rémy
2.
De sagesse et d’espérance
La lettre d’amour.
Quand je fus
rentré à Bruxelles, je retrouvai mes parents qui, pour moi, étaient de
simples inconnus. Leur apparence m’était toujours familière. Je leur
racontai toute mon histoire et surtout cette rencontre avec Rébecca.
Soudain, en défaisant
ma valise, je découvris une lettre qui s’y était glissée comme par magie.
« Pierre, ne m’en veux pas, peut-être ne nous reverrons nous
jamais, mais malgré cela, tu seras toujours gravé dans mon cœur.
Si je meurs, je veillerai toujours sur toi. Mais la chose la plus
importante que je puisse te dire, c’est que je t’aime Pierre. »
Rebecca.
Quelques gouttes d’eau apparurent sur le papier ! Comme si Rebecca avait
pleuré en écrivant cette lettre.
Quelques années plus tard, j’exerçais le métier d’instituteur dans
une école primaire de Bruxelles. Là, je fis la rencontre de Rose, une jeune
femme aux longs cheveux noirs bouclés, un teint basané avec de jolie yeux
bruns très foncés.
Tout de suite je
tombai sous le charme. Elle me fit penser à Rebecca. Peut-être
veillait-elle sur moi là haut ?
Douze ans passèrent, Rose et moi étions mariés, avions trois enfants :
un de dix ans Martin, ensuite Rebecca âgée de huit ans. Pourquoi Rebecca ?
Car, depuis notre rencontre, j’avais toujours rêvé d’avoir une fille qui
porterait le prénom de Rebecca. Et enfin la cadette Marie de trois ans.
Et depuis, ma vie a
repris le chemin du bonheur. Bien qu’un morceau de ma vie fut un cauchemar,
maintenant, c’est un rêve qui se réalise.
Julie Gavrois,
Marine Manéra,
Eoghann Champion,
Delphine Chartz
3. La nature de l’être humain
Mon parrain, ce héros.
Quelques années plus tard, Pierre reçoit une lettre
de la part des Lagrange lui expliquant que quatre ans après qu’il soit venu
à St-Mard, ils trouvent un enfant orphelin au pas de leur porte.
Ils le recueillent et demandent à Pierre s’il veut bien être son
parrain. Le lendemain, Pierre se
rend à St-Mard pour voir l’enfant. Il
se prénomme Claude Raucy, habitait à Virton et raconte que ses parents sont
morts dans un accident de voiture. Il
confie que son enfance fut fortement marquée par la guerre.
Pierre le recueille et l’emmène à Bruxelles avec
lui. Les années passent et Pierre
se sent plus proche de Claude. Chaque
jour, il lui raconte alors sa vie et son histoire pendant la guerre.
Claude en est bouleversé. Pierre
a une tumeur au cerveau depuis quelques mois et tous ces événements vécus
durant la guerre remontent à la surface. Il
mourut dans la nuit précédant l’anniversaire de Claude laissant à celui-ci
une lettre, son testament peut-on penser.
« Claude, j’ai une tumeur depuis quelques
mois, mais je n’ose te l’avouer. Je
t’aimerai toujours, tu étais comme un fils pour moi. »
Au fur et à mesure qu’il lit la lettre, des larmes
commencent à perler sur ses joues. Claude
ne put jamais oublier ces derniers moments douloureux.
Il décida d’écrire un livre à la mémoire de son parrain.
C’est ainsi que
sortit il y a quelques années « Le doigt tendu ».
L’écriture d’une histoire, d’un amour, d’une trahison.
L’écriture de la vie d’un homme tout simplement.
Quentin, Antoine, Thomas
début
doigt tendu
* sommaire édito 127
4. La lettre d’amour.
Quand je fus
rentré à Bruxelles, je retrouvai mes parents qui, pour moi, étaient de
simples inconnus. Leur apparence m’était toujours familière. Je leur
racontai toute mon histoire et surtout cette rencontre avec Rébecca.
Soudain, en défaisant
ma valise, je découvris une lettre qui s’était glissée comme par magie.
« Pierre, ne m’en veux pas, peut-être ne nous reverrons nous
jamais, mais malgré cela, tu seras toujours gravé dans mon cœur.
Si je meurs, je veillerai toujours sur toi. Mais la chose la plus
importante que je puisse te dire, c’est que je t’aime Pierre. »
Rebecca.
Quelques gouttes
d’eau apparurent sur le papier ! Comme si Rebecca avait pleuré en écrivant
cette lettre.
Quelques années plus tard, j’exerçais le métier d’instituteur dans
une école primaire de Bruxelles. Là, je fis la rencontre de Rose, une jeune
femme aux longs cheveux noirs bouclés, un teint basané avec de jolie yeux
bruns très foncés.
Tout de suite je
tombai sous le charme. Elle me fit penser à Rebecca. Peut-être
veillait-elle sur moi là haut ?
Douze ans passèrent, Rose et moi étions mariés, avions trois enfants :
un de dix ans Martin, ensuite Rebecca âgée de huit ans. Pourquoi Rebecca ?
Car, depuis notre rencontre, j’avais toujours rêvé d’avoir une fille qui
porterait le prénom de Rebecca. Et enfin la cadette Marie de trois ans.
Et depuis, ma vie a
repris le chemin du bonheur. Bien qu’un morceau de ma vie fut un cauchemar,
maintenant, c’est un rêve qui se réalise.
Julie Gavrois,
Marine Manéra,
Eoghann Champion,
Delphine Chartz
5.
Une nouvelle rencontre
Pierre décide de devenir médecin et fait
ses études à Bruxelles .
Nous sommes le lundi 22 octobre 1948 , il rentre de l'école et il découvre un
message vocal sur son répondeur , lorsqu'il reconnaît la voix de Jacques qui
l'invite à une partie de pêche au lac du Bonheur. Assez surpris , il
accepte. Le lendemain, il le rejoint à l'endroit convenu , et ils se racontent
toutes leurs histoires depuis tout ce temps. Le soir tombe , ils se saluent
et se quittent .
Trois jours plus tard, Pierre est appelé en mission pour une aide humanitaire
comme
médecin au Congo. Lorsqu'il part là-bas, il rencontre une doctoresse,
qui lui propose d'aller l'aider à l'orphelinat. Enchanté, il
accepte.
Ils tombent tous les deux amoureux et vivent ensemble
jusqu'au moment où Pierre reçoit un appel
téléphonique de son père disant
qu’il devait rentrer
le plus vite possible chez ses parents , car sa mère est très malade C’est
ainsi qu’il part, quitte le Congo et Victoria. Sa mère
a juste le temps de lui dire qu’elle a un cancer et qu’elle arrive à
la fin de sa vie et qu’elle est très fière de lui. Sa mère
meurt peu de temps après ...
Pierre reste avec son père le temps de l'enterrement
Ensuite , il retourna au Congo , pour revoir Victoria . Son père le rejoindra
en Afrique car il est rongé par la solitude.
Victoria et Pierre adopteront deux enfants de l'orphelinat
Ils vécurent heureux toute leur vie !!!
Guénaëlle, Séverine, Shauny et Rémy
début doigt tendu * sommaire édito 127
6. Version
surréaliste
La
vieille dame qui savait tout.
Le 18 avril 2297 à Paris dans le parc où Pierre et Rebecca se donnaient
rendez-vous, il y eut un tremblement de terre. Et là Rebecca une jeune fille
morte depuis 350 ans surgit du sol et apparut au milieu du parc. Celle-ci
demanda autour d’elle si quelqu’un connaissait Pierre. Mais tout le monde la
regardait d’un air consterné et se demandait ce qui ce passait. Rebecca complètement
perturbée par la réaction des gens, commence sa recherche seule dans Paris.
Elle alla frapper à la porte où Pierre habitait. Une dame assez âgée
lui ouvrit et lui proposa de prendre place sur son canapé. La dame entama une
discussion avec Rebecca. Elle lui confia qu’elle avait des dons et que c’est
elle-même qui l’avait conduite jusqu’à elle pour lui faire découvrir
qu’elle connaissait le moyen pour retrouver Pierre ou du moins le rejoindre.
Rebecca captivée par ces informations décide de se rendre à Bruxelles sur la
tombe de Pierre. Elle découvre une fois arrivée près de la tombe de Pierre
que celui-ci n’est mort que quelques années après la mort de sa meilleure
amie. Elle fondit en larmes sur la tombe de Pierre. Et c’est là que tout à
coup elle entendit une voix lui parler. Elle comprit que Pierre n’existait plus physiquement mais savait
communiquer avec elle. L’idée de ne plus jamais revoir son ami d’enfance la
mit hors d’elle. Elle pleurait tellement qu’elle aurait pu se noyer dans ses
propres larmes. A ce moment Rebecca
disparut et apparut dans un autre monde. Elle se retrouva devant Pierre et ses
camarades d’enfance. Elle mena une vie tranquille dans ce monde spécial ;
monde dans lequel, elle n’avait pas de nouvelles de sa propre famille qui
avait quant à elle eu un destin tragique. Mais ça, c’est une autre histoire.
Pierre,
Gaëtan, Sébastien, Kévin.
7.
Version réaliste
En
rêve … la vie est belle!
06 avril 1960, 17 ans après notre rencontre
Pierre et moi étions mariés déjà
depuis 1948 et avions 2 enfants, François et Paule, François, l'aîné venait
de fêter ses 10 ans et Paule ses 9 ans. Nous formions une belle famille.
Du rêve, rien que du rêve.
Ce mois de novembre fut
noir: la douleur, la déportation de ma famille, la faim, le froid, l'enfer. J'étais
dans les bras de ma mère, je ne pleurais pas, ma mère n'en pouvait plus. Je
pensais à Pierre. Allais-je le revoir un jour? Mon père, lui, avait un regard
vide, il ne pleurait pas, il me déposa un doux baiser sur le front et embrassa
ma mère peut-être pour la dernière fois, avant de rejoindre les autres
hommes. Des jours et des semaines passèrent nous n'avions pas à manger.
Beaucoup étaient déjà morts de la peste, du typhus ou du froid. Pierre me
manquait. Puis un soir, ma mère et moi, nous nous sommes endormies et en me
levant, le lendemain matin, elle avait disparu. La faim, la fatigue et le froid
me gagnaient. Ma vie repassait dans ma tête, je repensais à Pierre, mes
parents, mes amis et ma famille. Je fermai les yeux et m'endormis sans savoir si
j'allais me réveiller un jour. Les derniers mots qui m'étaient venus à
l'esprit étaient… Je t'aime Pierre.
Le 27 juillet 1946 fut le jour où l'on retrouva ce journal intime tenu par une
certaine Rébecca retrouvé décédé dans le camp de concentration à Auschwitz
en Pologne où 15 000 juifs ont péri assassinés.
Olivier Amélie, Bradfer Laureline, Clément Pauline, Quindot Mathilde
début
doigt tendu
* sommaire édito 127
8.
Les
clefs de la liberté.
Une brusque secousse nous jette
les uns sur les autres.
Vieillards, jeunes hommes,
enfants, femmes avec leurs bébés, tous se redressent péniblement. Les cris
retentissent de partout. Dans ma tête, tout se chamboule. Où vais-je ?
Que vais-je devenir ? Reverrais-je un jour Pierre ?
-Où va-t-on, maman ?
Pas de réponse. Je crains le
pire.
Je décide de dormir pour
oublier tout ça. Je suis si fatiguée que je m’endors immédiatement. Lorsque
je m’éveille, le train s’arrête, et les soldats nous poussent dehors. Nous
rentrons dans un camp fermé par du fil barbelé, rempli d’allemands. Je ne lâche
pas la main de maman, de peur qu’on nous sépare. Mais trop tard, les nazis
emmènent les hommes, les femmes et les enfants dans différentes directions,
Nous, nous sommes emmenés dans un grand bâtiment gris. Là, des hommes en
blanc nous examinent et nous séparent en deux groupes. Un jeune Allemand un peu
moins brutal que les autres m’entraîne sur le côté. Je crie, mais il me
plaque la main sur la bouche. Il me regarde droit dans les yeux. Sa tête me dit
quelque chose.
-Tu ne me reconnais pas, Rebecca ?
-Non…
-Je suis Igor, enfin,
rappelle-toi ! Mais nous verrons ça plus tard. Rendez-vous tout à l’
heure, je te ferai signe.
Et il me plante là. Je me précipite
dans la salle des hommes en blanc et intègre un des groupes d’enfants
terrorisés.
Moi, j’ai repris espoir. Je me
souviens, maintenant ! Igor vivait dans mon quartier à Paris avant la
guerre, nous étions amis. Il était reparti en Allemagne, son pays, en 1938.
Mais que faisait-il parmi les nazis, lui qui détestait toute forme de racisme ?
L’autre groupe d’enfants,
les plus jeunes, est emmené
ailleurs. Je ne les revis jamais. Les Allemands nous expliquent, en français
pitoyable, qu’il est trop tard aujourd’hui pour que nous travaillions. Nous
allons dans le dortoir destiné à notre groupe. Il est minuscule. Je me couche
dans mon « lit », serrée entre deux captifs. Les Allemands sont
enfin repartis. Je me redresse et j’aperçois Igor.
-Que fais-tu ici ?
-J’ai été obligé d’entrer
à l’armée. Mais je ne suis pas nazi ! Je vais essayer de vous libérer.
Suivez-moi, mais sans faire de bruit !
Il nous fait sortir, moi et la
douzaine d’autres enfants, de notre dortoir puis du bâtiment désert.
-À partir d’ici, dit-il une
fois sortis, on se fait tout petits. Il faudra éviter ceux qui montent la
garde.
Nous avançons courbés en deux,
voire à quatre pattes en faisant de longs détours pour éviter les soldats.
Nous parvenons enfin à la sortie. Un groupe de six nazis y monte la garde. Igor
nous fait signe de rester dans l’ombre. Il s’approche des soldats et leur explique en allemand qu’un officier les
demande de toute urgence, et que la relève arrivera dans quelques instants. Ils
s’éloignèrent aussitôt, ne nous laissant plus qu’un obstacle : la
grille. Mais Igor sort des clefs et
déverrouille un à un les dix énormes verrous.
-J’ai piqué ce trousseau à
un « collègue » tout à l’heure, ha, ha, ha ! Je dois venir
avec vous, les gosses, sinon ils me tueront.
N’oubliez pas : toujours aucun bruit ; nous ne sommes pas
encore sauvés.
Il referme les verrous et
cadenas divers. Ensuite, nous repartons dans le noir et marchons plusieurs kilomètres
pour s’éloigner le plus possible du camp. Je pense à mes parents. Eux ne
s’en sortiront pas. Je retiens une larme, mais je pense à Pierre. À présent,
j’ai une chance de le revoir. Les Alliés
sont à présent en Normandie. Une fois la guerre finie, j’irai à Paris, à
Bruxelles, à Saint-Mard, partout où il pourrait être.
Mais je le retrouverai.
Lise Clabots, Marie Goffinet, Océane
Schmeler et Marine Urbain.
9. Version
« mélo-dramatique ».
La
lettre du destin
Je venais donc de me faire sauver la vie et, le plus étrange, c’est que
cette personne qui m’avait fait éviter cette horreur m’était totalement
inconnue !
Je rentrais avec les
frissons dans le dos car cette petite expérience m’avait drôlement fichu la
frousse !
J’étais au
carrefour de St Mard quand soudain,
cette drôle de petite boule revint battre à toute vitesse contre mon cœur.
J’avais beau
regarder cet étrange bonhomme qui
venait de me sauver la vie et pourtant, rien à faire, son visage ne me revenait
pas !!!
Son regard traversait
le mien.
Mes yeux comprirent
bien avant mon cerveau qui était ce jeune inconnu. Cela ne faisait aucun doute depuis
que ma tête visait le sol.
Je suis rentré chez
moi aussi vite que je pouvais. Ma grand-mère m’attendait sagement dans le
sofa le regard presque aussi perçant que celui que Pierre venait de me lancer
pour la deuxième fois.
Je montai dans ma
chambre bleue (c’est là que je passais ma journée avant de connaître
Pierre).
Et puis mon retour à
St Mard, mes journées se passaient dans
cette pièce.
Aujourd’hui
était un jour très spécial donc, il fallait que j’inscrive tout
dans mon journal.
Quand j’ai ouvert
celui-ci, je relus toutes mes notes d’enfant. Je me rappelle comme j’étais
heureux à cette époque.
Puis, quelques pages
plus loin, des phrases dont un enfant ne devrait même pas connaître le sens,
m’ont rappelé mon histoire et m’ont transpercé une nouvelle fois le cœur.
Des larmes coulaient
sans cesse, voilà trop longtemps que je me retenais.
Une seule question me
traversait la tête ; mais pourquoi ?
Aucune réponse ne me
satisfaisait.
Je pris un stylo et
commençai à écrire toute ma journée.
Pour être sûr que
jamais personne ne regarderait mon
journal, je pris la clef et montai au grenier pour la cacher.
Personne ne montait
jamais au grenier !
« Trop de
mauvais souvenir » comme ma grand-mère disait toujours. Je ne savais pas
ou mettre la clef quand je vis un coffre en dessous d’un tableau fait par mon
grand-père un peu avant de mourir. Ce tableau m’intrigua. Le visage du petit
garçon peint sur cette toile me sembla triste que j’en eu les larmes aux
yeux.
Du coup, j’eus
l’idée de cacher ma clef à l’intérieur de ce cadre, cela faisait
tellement longtemps que ce vieux tableau était posé là que j’eu du mal à
ouvrir le clips.
Une lettre
glissa de la fenêtre et même si ma conscience m’interdisait de la
lire, ma curiosité fut plus forte…
Mon amour.
Si tu lis cette lettre aujourd’hui, c’est que je ne suis plus de ce
monde.
Les boches mon emmené et si tu n’as plus de nouvelles, c’est
malheureusement, qu’ils n’ont pas eu pitié !!
J’ai tout fais pour essayer de dissimuler notre religion mais il nous
ont découvert quand même !
C’est l’oncles du petit jacques qui nous a dénoncé je l’ai vu nous
montrer du doigt !!!
Ne le dit pas a la famille car je ne veut pas que notre fils grandissent
dans la haine te la honte de sa religion !
Dis à notre fille de ne jamais rien dire au petit car on ne sait jamais,
si il croit avoir confiance en quelqu’un, cette personne, pour sauver
sa peau le dénoncerait !
Il faut bien le protéger !!!
De là haut je veillerais sur lui !
Je vous embrasse tous portez vous bien.
Christophe
Non !!!! Je ne
peux pas croire ce que je viens de lire !
Je… je… je suis
juif ?!?!?!?!?
Mais…moi qui a osé
dénoncer mon meilleur ami !
C’est à cet instant
précis que je sus ce qu’il me restait à faire.
Je me suis reconnu à
la place de mon oncle !
Et ce n’est pas
possible !
Mon grand-père a été
tué comme tous les proches de Pierre ! C’est moi le seul assassin ,
c’est moi qui les ai tous tués !!!
J’espère qu’après
tout ce que j’ai fait Pierre tu pourras un jour me pardonner.
Adieu et désolé de
ne pas avoir été comme j’aurais dû être ;
je pars rejoindre mon grand père ne m’en voulez pas s.v.p.
Coralie, Elodie, Simon
début doigt tendu * sommaire édito 127
10.
Les retrouvailles
-Avancez plus vite que ça ! Crie un des Boches.
Ma mère avance la première
puis les autres suivent avec mon père et moi. Il me chuchote qu'il a un plan
pour nous évader. Je regarde ma mère, elle semble si fatiguée. Le trajet
jusqu'au camp dure longtemps. Il y a des corps à même le sol, alignés, sans
vie.
J'ai survécu, Dieu sait
comment, mais je suis toujours là . Je revois encore le visage de ma mère, je
n'oublierai jamais ce moment blessant. Tout en moi est déchiré, mais je suis
vivante.
Papa non plus n'en revient pas :
il a survécu, mais il a très mal pris de voir maman assassinée par les
Allemands qui voulaient nous arrêter une 2ème fois.
Je ne sais plus quoi faire pour
lui, il ne réagit plus , ne veut
plus manger, il sombre dans une dépression sérieuse. Mon père pense que c'est
de sa faute que maman soit morte. Pour lui, il aurait dû mourir à sa place et
finalement il en est mort quand même. Je me
retrouve seule et je décide de me reprendre en main comme maman l'aurait
voulu.
Donc je commence à rechercher
Pierre, mon amour, j'espère qu'il
est près de St-Mard.
Je me souviens du nom des
Lagrange, alors je vais les voir et ils m'annoncent qu'il est revenu habiter
avec ses parents à Bruxelles et que son ami François est mort. Alors je décide
d'aller à Bruxelles. Une grande femme aux yeux bleus et aux longs cheveux bruns
m'ouvre la porte. A ce moment j’ai cru voir Pierre. Je demande si je suis bien
chez lui ; elle me répond affirmativement. Je ferme les yeux et revois les
bons moments passés ensemble sur le banc blanc.
-Est-ce que Pierre est là ?
-Oui, qui le demande?
-Une amie qu'il a rencontrée à
Paris.
-Je vais le chercher, attendez
un moment.
-Merci.
Mon coeur commence à battre à
toute allure, j'entends une voix : c'est la femme qui crie après Pierre, elle
l'appelle. J'entends des pas, des pas doux... La porte s'ouvre et là, je le
reconnais mon Pierre, mon amour de toujours. Il n'a pas changé, il est toujours
aussi beau ! Je saute dans ses bras, je ne peux plus le lâcher!
Après nous être longuement
serrés l’un contre l’autre, nous avons parlé :
-Rebecca, je te croyais morte !
Ton voisin m’a dit qu’il avait transporté ton corps.
-Il a transporté ma mère :
je me suis enfuie avec mon père.
-Je suis si heureux de te revoir
enfin !
Et dans la joie de nos
retrouvailles, nous avons longuement discuté et nous avons décidé de passer
le reste de notre vie ensemble. Plus jamais nous ne voulions que les événements
de la vie nous séparent.
-Voilà comment votre grand-père
et moi nous nous sommes enfin retrouvés!
-Super histoire, mamie!répondit
Charlotte.
-oui! Mais c’est triste.
Ajouta Maxime.
-dans la vie il y a toujours des
moments difficiles mais c’est grâce à ça qu’on peut rencontrer des gens
exceptionnels. Oh ! Attention ! Voilà papy s’il il ne vous voit pas
au lit ça va barder.
-Vite Maxime ! Crie
Charlotte.
-Bonne nuit grand-mère.
-Bonne nuit les enfants.
Ecrivain et jeunes lecteurs
Claude Raucy passe aux aveux
Face aux lecteurs Le côté horrible du métier d’écrivain, c’est… qu’il faut écrire. J’ai eu l’occasion de le dire à mes jeunes lecteurs du Collège Notre-Dame du Bonlieu, rencontrés hier. Ils avaient lu − et pas en le survolant apparemment − mon roman Le doigt tendu. Et nous en avons parlé longuement. Je le leur ai répété, être face à l’écran de son ordinateur pendant des heures, quelle abomination ! Mais comment être écrivain sans écrire ? Et comment rencontrer mes jeunes lecteurs si je n’écris pas de livres pour eux ? Une journée comme hier me récompense de tous mes efforts. Car le chanteur ou le clown ou le comédien, ils savent comment réagit leur public. Ils le savent sur le moment. Ils le sentent. Mais l’auteur, l’auteur seul dans son bureau, comme il se décourage parfois ! Et comme il revient encouragé à son bureau quand il a fait le plein de questions intelligentes, de réflexions pertinentes et (ben oui, c’est vrai) de compliments qui semblent venir du coeur. Hier au Collège du Bonlieu, j’ai fait le plein d’énergie. Alors, oh oui, un grand merci aux professeurs qui l’ont permis. Et un plus grand merci encore à ces jeunes qui m’ont regonflé à bloc. Merci à Cyril parce qu’il m’a donné des personnages et une action pour un chapitre du roman que je suis en train d’écrire. Merci à Sarah qui m’a fait le plus beau compliment qu’on puise faire à un écrivain : qu’on n’aime pas beaucoup lire mais qu’on lirait plus si tous les livres étaient semblables au Doigt tendu. Merci à Pierre qui a si bien remarqué que j’avais plaisir à m’attarder au creux des saisons et qui a partagé ce bonheur. Merci à … Mais je vais faire une centaine de jaloux ! Merci à vous tous, jeunes amis, sans qui mon métier serait le calvaire d’un constructeur de phrases. Et si cette rencontre ne vous a pas fait bâiller, je suis comblé !
Claude Raucy, 18 novembre 2006 www.eduka.be/~geertvh/sites/ Prochainement (début 2007) dans la page archives du site de LMDP: Jean-Marie Lhote, De la lecture d’un roman à l’écriture d’une suite * Du roman de Claude Raucy, Le doigt tendu, à Un air tzigane, du même auteur avec des élèves de 5e, 6e et 7e (Trans., Qualif., Profess.) de l’ICET - Institut communal d’enseignement technique de Bastogne (article paru dans le numéro 111 de décembre 2002). |
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