LMDP * Langue maternelle * Documents pédagogiques
Activités de langue française dans l'enseignement secondaire * Périodique trimestriel
Autour du roman policier
Classe de 3e - Collège St-Michel, Gosselies
Récit: Maria Arcuri, avec Marc Manzanera & Philippe Draguet
Article paru dans le numéro 106 (septembre 2001) de LMDP
© LMDP Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source
La
troisième année du secondaire est une étape difficile pour nos élèves.
Leurs goûts ne sont pas encore définis, et ce qui vient des adultes est
souvent ringard. Dès lors, comment introduire cette séquence de travail sur le
roman policier? Une comparaison s’impose avec les feuilletons télévisés
qu’ils apprécient.
Avant de distribuer quelque
document que ce soit, demandons leur aide:
«Pourriez-vous
me citer quelques titres de séries télévisées qui mettent en scène truands
et enquêteurs?»
Quelques
minutes suffisent pour aligner sur le tableau noir plus de dix titres:
Colombo, Julie Lescaut, Arabesque, Navarro... Les aventures policières
semblent plaire à la plupart des étudiants. Voilà qui est rassurant.
Le premier support sera un texte
intitulé «Le roman policier, objet de consommation».
Littérature de
gare? Et maintenant, qu’en est-il? Des noms d’auteurs sortent des lèvres:
Agatha Christie, Simenon, Mary Higgins Clark. Quel bonheur! Nous ne parlerons
pas dans le vide!
Je
présente le schéma de la leçon:
1.
Individuellement, lire au choix Le Meurtre
de Roger Ackroid ou Mort sur le Nil
(La Compagnie des Galeries a présenté
cette œuvre au Théâtre Royal des Galeries à Bruxelles du 28 février au 25
mars, spectacle grandiose qui m’a réconciliée avec Agatha Christie et m’a
motivée pour ce choix), tous deux
d’Agatha Christie.
2. Lecture de 20 règles
d’or du roman policier, selon Boileau-Narcejac.(cité dans Boileau-Narcejac, Le roman policier, Payot, Chapitre V,
p.107-113)
3. Compléter les
textes lacunaires intitulés «Les ingrédients d’une nouvelle policière» et
«Petit lexique de la littérature policière». (Extr. de Stéphanie Dulout, Le roman policier, Ed. Milan. Collection
Les essentiels).
Cette leçon se fera à l’aide
du dictionnaire afin d’utiliser le nouveau vocabulaire à bon escient.
4. Test de lecture individuel sur
le roman d’Agatha Christie choisi.
5.
La correction de ces tests permettra de mettre en évidence les points communs
entre les deux romans. La définition du roman d’énigme s’élabore
d’elle-même.
6.
Un travail de groupe abordera: la méthode d’Hercule Poirot, la biographie et
la bibliographie d’Agatha Christie, les mobiles les plus fréquents, les armes
utilisées, ainsi qu'une analyse approfondie des différents personnages…
7.
Un exercice d’écoute à partir de la nouvelle de Simenon, Le vol du lycée de B… visera à juger des capacités
d’attention et de mémorisation à court terme d’un récit policier. Le délit,
le mobile, le suspect, l’enquêteur, autant de notions à maîtriser.
8.
Lecture du roman La nuit du renard de
Mary Higgins Clark.
Le choix de
l’auteur est dicté, d’une part par mon goût pour cet écrivain
contemporain, d’autre part par une demande insistante de la part de Séverine
C. (3eA)
Le choix du
titre tient essentiellement à une recherche en librairie d’un roman de M.
Higgins Clark déjà analysé.
Or, La
nuit du renard est le premier du genre édité chez Magnard dans la
collection Classiques et Contemporains
et qui présente, à la fin du livre, un groupement sur le thème de la peine de
mort. Enchaînement idéal pour l’approche du texte argumenté.
9.
Un travail de groupe permettra de vérifier la compréhension du texte. Les
retours en arrière et les ellipses narratives largement présents feront
l’objet de recherches.
10.
Les différents types de romans policiers sont explicités: le roman d’énigme,
le roman à suspense, le roman noir. Un auteur pour chaque catégorie: A.
Christie, M. Higgins Clark et Stephen King ou San Antonio.
11.
François M. (3e E) nous a fait découvrir une collection de bandes dessinées
intitulée «Bdétectives et Le Masque présentent
Agatha Christie» aux éditions Lefrancq.
Titres
parus: Le crime de l’Orient-Express, L’adversaire secret, Mort sur le
Nil, Les dix petits nègres, La nuit n’en finit pas.
12.
Même le programme de la télévision s’en mêle. Ainsi, durant les mois
d’avril et mai, plusieurs énigmes d’Agatha Christie sont à l’honneur sur
les chaînes belges et françaises: Le
crime de l’Orient-Express, Le miroir se brisa et
Mort sur le Nil.
Quelle
coïncidence heureuse!…
13.
Pour clôturer, nous proposons un exercice d’expression écrite: la rédaction
d’une nouvelle policière.
Exemple
d’une fiche d’identité distribuée
aux élèves
Les contraintes
communes:
Genre: policier réaliste.
Le
récit comportera 1500 à 2000 mots.
Un
personnage sera décrit précisément, tant au point de vue physique que
comportemental.
La
description d’un décor sera particulièrement soignée.
Eviter
les répétitions. L’emploi des pronoms est vivement recommandé.
Ecrire
au passé. Respecter la concordance des temps.
Veiller
à la répartition des paragraphes.
Soigner
l’orthographe. L’utilisation du dictionnaire est permise.
Pour
les contraintes individuelles, douze possibilités différentes sont libellées
comme suit:
Contraintes
individuelles:
L’assassin: un homme, la soixantaine
La
victime: son employeur
Le
mobile: la vengeance
Le
type de mort: par balle
Le
lieu: sur le chemin du travail
Le roman policier (1)
LES DESCRIPTIONS ET LES PORTRAITS
DANS UN ROMAN
Pour rendre
vraisemblable son récit, pour renseigner le lecteur et lui donner des indices
sur la suite de l'histoire, un romancier rédige souvent des descriptions
et des portraits qu'il ne faut en aucun cas négliger, car ils participent
pleinement de l'intrigue.
Généralement,
le romancier commence par nommer l'«objet» décrit (décor ou un personnage),
puis il le décompose en une suite d'éléments. Pour bien les décrire, il
utilise souvent des adjectifs qualificatifs, des compléments du nom et des
propositions subordonnées relatives. Ce sont les expansions grammaticales du
nom. Mais le romancier peut aussi, pour créer du suspense ne permettre
l'identification de l’«objet» qu'à la fin du passage descriptif. Il
commence alors par décrire précisément un détail pour aboutir ensuite à
vision plus globale.
Toutefois, la
description d'un même «objet» peut varier en fonction de la personne qui le
voit et le décrit. Cette personne peut être un narrateur extérieur à
l'histoire, mais aussi un ou plusieurs personnages. Cette juxtaposition de
points de vue permet au lecteur de mieux se représenter non seulement ce qui
est décrit, mais aussi (et parfois surtout) celui qui le décrit.
L’ORDRE,
LA DURÉE DES EVENEMENTS DE L’HISTOIRE ET LEUR NARRATION.
L’ordre des événements d'une
histoire est toujours chronologique; l'auteur d'un roman policier, pour
accentuer le suspense, peut décider dans la narration du récit, de ne pas
respecter la chronologie linéaire des événements de l'histoire et procéder
à diverses «manipulations».
Il raconte, par
exemple, l'état (ou situation) final de l'histoire pour remonter ensuite à l'état
initial. La narration repose alors sur un retour en arrière (ou flash-back).
Il peut aussi
commencer son roman au milieu de l'action et «casser» la chronologie par des
retours en arrière ou des effets d'anticipation. Il implique davantage le
lecteur dans l'intrigue car, en reconstituant l'ordre linéaire des événements,
celui-ci mène sa propre enquête.
L’auteur peut
enfin consacrer beaucoup de pages à un moment très bref, ou opérer un saut
dans le temps et ne pas raconter ce qui s'est passé pendant dix ans! La
confrontation entre la durée supposée réelle des événements et celle de
leur narration (nombre de lignes ou de pages) donne un certain rythme au récit.
Les descriptions et les scènes dialoguées ralentissent l'action alors que les
sommaires, qui résument des événements, l'accélèrent. Les moments de
l’histoire qui sont passés sous silence s'appellent des «ellipses».
SITUATIONS
D'ÉNONCIATION ET POINTS DE VUE
Les divers épisodes d'une histoire peuvent être racontés par un ou
plusieurs narrateurs et par conséquent d'un ou de plusieurs points de vue.
Lorsque le récit est énoncé par un seul narrateur, celui-ci peut
s'exprimer en utilisant «je». Il est alors soit un «témoin», soit un «acteur»
de l’histoire, mais son point de vue est toujours interne puisque le lecteur
suit les événements par son seul regard. Cette situation d'énonciation est
souvent présente dans les récits autobiographiques, les journaux intimes et
les romans épistolaires.
polar / 4
Le narrateur peut aussi ne pas être «textuellement» présent dans le
roman. L’histoire est alors racontée à la troisième personne. Si le
lecteur, grâce aux descriptions, aux commentaires, aux retours en arrière, aux
anticipations du narrateur, en sait davantage que les personnages, le point de
vue du narrateur est dit omniscient. Si le lecteur découvre les lieux, les
actions des protagonistes en même temps qu'eux sans connaître leurs pensées
intimes ou pouvoir anticiper sur la suite de l'histoire, le point de vue du
narrateur est dit externe. Le point de vue omniscient du narrateur est privilégié
dans les romans réalistes du 19e siècle, alors que les écrivains du «nouveau
roman», au milieu du 20e siècle, se sont souvent exprimés d'un point de vue
externe.
Un roman présente toutefois le plus souvent des situations d'énonciation
et des points de vue mêlés. En effet, certains moments de l'action peuvent énoncés
à la troisième personne par un narrateur extérieur à l'histoire d’un point
de vue omniscient ou externe. En revanche, d'autres épisodes peuvent être
rapportés par un personnage qui s'exprime à la première personne d’un point
de vue interne. C’est le cas, notamment, de très nombreux romans policiers,
car l'intrigue, racontée par le narrateur et divers personnages, devient ainsi
un puzzle que doit assembler, au fil de sa propre enquête, le lecteur.
LES TYPES DE ROMANS POLICIERS
On distingue généralement
trois genres de romans policiers:
Le roman d'énigme. Il
représente un puzzle que le lecteur reconstitue élément par élément, et où
s'imbriquent deux histoires bien distinctes, celle du crime et celle de l'enquête
menée par des policiers dont la logique déductive est souvent irréfutable. Fréquemment,
la chronologie linéaire des événements n'est pas respectée dans la
narration. Par exemple, un crime été commis et le détective «remonte» dans
le temps pour élucider l'énigme et trouver le coupable.
Le roman à suspense. L’intrigue
est plutôt centrée sur la ou les victimes que sur les enquêteurs. Le suspense
joue sur la psychologie des personnages et les angoisses du lecteur qui, même
s'il connaît l'assassin, redoute le sort implacable qui doit s'abattre sur les
victimes. Le lecteur qui en sait souvent plus que les personnages anticipe ainsi
sur ce qui risque de se produire et devient lui aussi un personnage impliqué à
sa façon dans le crime et son éventuel accomplissement.
Le roman noir. Le récit
coïncide avec l'action criminelle et le lecteur suit l'enquête, pas à pas,
d'un détective (souvent «privé») qui risque sa vie, dans des milieux
corrompus, pour trouver le ou les coupables. Les personnages, et parfois même
l'enquêteur, sont souvent des «perdants», qui portent un regard désabusé
(voire très négatif) sur la société.
LA PEINE DE MORT: UN DÉBAT TOUJOURS D’ACTUALITÉ
En 1981, la
peine de mort a été abolie en France, peu après l'élection à la présidence
de la République de François Mitterrand.
Cependant, elle
continue d'être appliquée dans de nombreux pays dont les États-Unis. En
effet, depuis que la Cour suprême a estimé, dans une décision rendue en 1976,
que le Huitième Amendement à la Constitution n'interdisait pas l'application
de la peine capitale, les exécutions ont repris: au total 624 condamnés ont été
exécutés aux États-Unis de 1977 au 31 décembre 1999. Et les exécutions
continuent: on en dénombre déjà 26 de janvier à fin mars 2000.
C'est l'occasion d'analyser le texte de Patrick Baudoin, Va-t-on
enfin abolir la peine de mort aux Etats-Unis?, (Le
Monde, 19 février 2000). * Voir à la fin de cet article quelques
extraits de ce texte.
L'occasion,
aussi, pour chaque élève, de réagir par écrit: maximum de 150 mots, en
veillant à la progression et à l'enchaînement des idées.
polar / 5
Mary Higgins Clark, La nuit du
renard - Questionnaire de compréhension
1. Quelle est la durée du roman?
2. Au-delà de l’histoire racontée, M.Higgins Clark soulève
un problème de société. Lequel?
3. Dans quelles circonstances rencontre-t-on pour la première
fois Sharon et Steve?
4. Quelle est la véritable identité de l’occupant de la
chambre 932 à l’hôtel Biltmore? (3 éléments)
5. Donnez 4 informations concernant le lieu de détention
de Sharon et de Neil.
6. Qui est Lally? Pourquoi parle-t-on d’une plaque commémorative
en son honneur?
7. Depuis quand Neil souffre-t-il d’asthme? Qu’est-ce
qui déclenche ses crises?
8. Associez l’auteur et le détective:
Agatha Christie |
Le commissaire Maigret |
Georges
Simenon |
San
Antonio |
Frédéric
Dard |
Sherlock
Holmes |
Conan Doyle |
Arsène Lupin |
Maurice Leblanc |
Hercule Poirot |
9. Dans le chapitre 15, par quels procédés d’écriture
l’auteur dramatise-t-il le retour de Steve à la maison?
10. Renard est un tueur en série. Expliquez ce qui lui
vaut cette appellation.
11. Citez deux indices qui conduiront à soupçonner Arty
pour l’enlèvement de Sharon et de Neil.
12. Relevez un retour en arrière et une ellipse narrative.
13. Chapitre 24: Recopiez le début et la fin du passage énoncé
par Neil.
14. Dans ce passage, l’histoire est-elle racontée d’un
point de vue «omniscient», «externe» ou «interne»?
15. Dans quel but la jeune femme s’adresse-t-elle à
l’enfant? Donnez un exemple pris dans le texte.
16. Pour
traduire la douleur physique de Neil, le narrateur utilise des métaphores.
Relevez-en une, expliquez-la.
17. Pourquoi Mary Higgins Clark fait-elle libérer Sharon
par Steve?
Agatha Christie, Mort
sur le Nil - Travail de groupe
Biographie
d’Agatha Christie Portrait
d’Hercule Poirot Définition
du travail de détective et comparaison avec l’archéologue. Qui
est le Colonel Race? Les
armes Les mobiles les plus fréquents Les mobiles dans ce roman |
Pour
chaque personnage, indiquer le lieu où le lecteur le rencontre pour la
première fois et les liens familaux, sentimentaux ou autres qui les
unissent. Fleetwood
Louise
Bourget
Mr
Ferguson ou…………….
Simon
Doyle
Jacqueline
de Bellefort
Tim
Allerton
Mrs
Allerton
Rosalie
Otterbourne |
Mrs
Otterbourne Dr
Bessner
Mr
Fanthorp
Cornelia
Robson Miss
Marie Van Schuyler
Miss
Bowers
Andrew Pennington
Signor Richetti |
Quelques questions de réflexion.
1. Qui a essayé de supprimer Linnet
lors de la visite du temple d’Abou-Simbel et comment?
2. Expliquez la métaphore
employée par Simon lorsqu’il parle de la lune et du soleil.
3. Qu’était le «plouf»
entendu à 1h10 du matin?
4. Où étaient cachées les
vraies perles du collier de Linnet?
5. Pourquoi Louise Bourget
a-t-elle été assassinée? Comment? Par qui?
6. Même question pour Mrs
Otterbourne.
7. Le roman commence et se termine au même endroit.
Lequel?
8. L’idée
de départ était que le meurtre avait été commis sans plan préalable et sous
l’impulsion du moment: faux! Donnez les preuves qu’il s’agissait bien
d’un crime soigneusement préparé. (6)
9. Pour commettre ce
crime, Jackie et Simon se complètent très bien.
Jackie:
……………………………………………………………………….
Simon:
……………………………………………………………………….
Agatha Christie, Le
meurtre de Roger Ackroyd -Travail de groupe
Biographie d’Agatha
Christie. Portrait d’Hercule
Poirot. Portrait
de Roger Ackroyd. Définition
du travail de détective. Les armes. Le rôle du poison dans
le roman policier. Les mobiles les plus fréquents. |
Les
suspects dans ce roman: Ralph Paton
Miss Elisabeth Russel
Flora Ackroyd
Mrs Cécil ackroyd
Major Hector Blunt
Geoffrey Raymond
Ursula Bourne
John Parker |
Quelques
questions de réflexion. 1.
Quel est l’emblème de Caroline? Pourquoi? 2. Où
habitent Mrs Ferrars et Roger Ackroyd? 3.
Comment se nomme l’auberge du village? 4.
Qui est le nouveau voisin installé aux «mélèzes»? 5.
Que signifie l’inscription: «Avec l’amour de R.» sur l’alliance
retrouvée par Hercule Poirot? 6. A
quoi et à qui a servi le tuyau de plume dans le pavillon? 7.
Qui est l’inconnu que le Dr Sheppard a rencontré en quittant Fernly
Park? 8.
Quel objet a-t-il permis de brouiller les pistes concernant l’heure
probable de la mort? 9.
Qui a téléphoné au Dr Sheppard en se faisant passer pour Parker? 10. De
qui le Major Blunt est-il amoureux? 11.
Qui a volé les 20000 livres à RA? |
Annexe
1
Patrick Baudoin: Va-t-on
enfin abolir la peine de mort aux États-Unis?, Le Monde, 19 février 2000,
extraits.
L'auteur est
avocat à la Cour et président de 1a Fédération des ligues des droits de
l'homme. Il a participé au mouvement de protestation contre la condamnation
à mort d'un jeune noir américain de 31 ans, Odell Barnes, condamné à mort en
1991 pour le meurtre de son amie.
Malgré de nouvelles pièces apportées au
dossier par ses avocats et les campagnes de soutien international, le gouverneur
du Texas a refusé de suspendre l'exécution. Odell Barnes est mort par
injection à la prison d'Huntsville, au Texas, le ler mars 2000.
(...)
La cruauté de la mise à mort relève d’une brutale évidence. Après des détentions
d'une durée moyenne de dix années, et pouvant aller jusqu'à vingt ans et
plus, dans des conditions insupportables, après souvent plusieurs reports
d'exécution à la dernière minute, arrive le moment de l'épouvantable
rituel, celui où la société représentée par son bourreau procède
froidement, délibérément, à l'élimination physique de l'un des siens.
Elle se permet même de raffiner sur le choix des moyens: ainsi l'État de
Floride a récemment remplacé la chaise électrique par l'injection sans
oublier, en complément de ces deux «techniques» désormais les plus utilisées,
l'asphyxie, la pendaison, voire la fusillade... Une société qui se
comporte de la sorte ne fait rien d'autre que rivaliser dans l'abjection avec
le criminel meurtrier en procédant à son assassinat, après l'avoir, au
surplus, légalisé. Le recours à la peine capitale n'est jamais qu'une
survivance de la loi du talion, indigne d'une nation civilisée.
(...)
Le caractère injustifiable de la peine de mort, contraire aux valeurs
universelles de dignité humaine, est encore renforcé par son allure de
loterie et les inégalités criantes dans son prononcé. Ainsi, un Noir est
beaucoup plus exposé qu'un Blanc: alors qu'aux États-Unis 12,5 % seulement
de la population est noire, 35 % des condamnés à mort sont de cette couleur
de peau. La différence de fortune , qui se conjugue souvent avec ce phénomène,
liée à la naissance, constitue un élément aussi inique que déterminant:
l'accusé qui peut disposer d'un bon avocat chèrement rétribué a beaucoup
plus de chances de sauver sa tête que celui défendu par un conseil non rémunéré.
Tout
aussi patente est l'inefficacité de la de la peine de mort par rapport à son
objectif de prétendue exemplarité. Toutes les enquêtes menées montrent au
contraire qu’elle n'a pratiquement aucun effet dissuasif et qu'elle ne réduit
pas le nombre des crimes. Elle n’arrête pas le bras de l'assassin soit
parce que celui-ci agit sous le coup d'une pulsion soudaine et incontrôlable,
soit parce qu’il espère toujours échapper au châtiment. Le cas du Texas,
qui demeure un État à criminalité forte malgré les exécutions pratiquées,
en est d'ailleurs la confirmation.
Enfin,
chacun sait que la justice, surtout lorsqu’elle repose davantage sur une
logique de vengeance que sur un souci d'équité, est loin d'être
infaillible, et l'exécution d'innocents suffit à elle seule à convaincre,
s'il en était besoin, de la monstruosité de la peine de mort. Sur 500
personnes exécutées aux États-Unis depuis 1977, des interrogations existent
sur la culpabilité de 75 d'entre elles.
Annexe
2
Extraits des 20 "règles d'or" du roman
policier, d'après (Pierre) Boileau - (Thomas) Narcejac
1. Le lecteur et le détective doivent avoir les
chances égales de résoudre le problème.
2. L'auteur n'a pas le droit d'employer vis-à- vis du
lecteur des trucs et des ruses autres que ceux que le coupable emploie lui-même
vis-à-vis du détective.
3. Le véritable roman policier doit être exempt de
toute intrigue amoureuse. Y introduire de l'amour serait, en effet, déranger
le mécanisme du problème purement intellectuel.
4. Le coupable ne doit jamais être découvert sous les
traits du détective lui-même ou d'un membre de la police. Ce serait de la
tricherie aussi vulgaire que d'offrir un sou neuf contre un louis d'or.
5. Le coupable doit être déterminé par une série de
déductions et non pas par accident, par hasard, ou par confession spontanée.
(...)