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JULIBEL, le français actuel Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
SOMMAIRE |
Numéro 144 * Mars 2011
Sommaire
1. Victor Hugo, Le dernier jour d'un condamné. Médiations de lecture. Marc Devresse, 3e degré
2. Séquence sur Atala, de Chateaubriand. Christine Lara, 2e & 3e degrés. 3. Le Corbeau et le Renard, quatre-vingt-huit réécritures. Un document de travail inattendu pour une classe de français ! Michel De Cock. De la 1re à la 6e.
4. Boîte à outils pour slogans , 2e degré Coll. réd. LMDP |
C'est vrai, ou pas ? "Vous viviez dans les commentaires..." Ni les maîtres ni les élèves n'ont lu les livres dont ils parlent. Ils n'ont lu que des précis d'histoire de la littérature. Et ceux qui ont rédigé ces précis n'ont jamais lu que d'autres précis. C'est ainsi qu'on fait une tradition de culture. On vous apprend un catéchisme. A quatorze ans, nous savions tous que les personnages de Corneille sont des "héros de la volonté", que les personnages de Racine sont des "héros de l'amour" et que "Racine étudiait les passions en tant que telles..." Ah! mes maîtres de littérature, comme je vous plains. Par métier, vous viviez dans les commentaires, comme une femme de ménage vit dans la poussière. Léon WERTH, Le monde et la ville, Viviane Hamy, 1998, p. 13 Robert Escarpit évoque lui aussi, quelque part..., cette "impossibilité" d'avoir tout lu. |
Victor Hugo, Le dernier jour d'un condamné. Médiations de lecture
Marc Devresse, 3e degré
Former des lecteurs avisés... Echange * Il ne s'agira plus seulement de former des lecteurs qui comprennent les textes, mais de former des lecteurs capables de réfléchir et de créer. A cette dimension de lecture personnelle, l'école peut ajouter une contribution essentielle, celle de proposer aux élèves de partager leur interprétation du texte. L'apport de l'école sera donc, non seulement d'inciter les élèves à lire, mais surtout de favoriser l'éclosion de communautés de lecteurs qui réagiront aux textes et interagiront. Jocelyne GIASSON, Vie pédagogique n° 100, p. 53. |
exemples de médiations * questionnaire sur l'oeuvre * travail à domicile et... * ...corrigé * figures de style * pour une évaluation certificative
Quelles médiations de lecture proposer aux élèves à la suite d’une lecture commune faite à domicile ? Peut-on encore réserver une place aux traditionnels questionnaires de lecture (que ce soit en questions ouvertes ou fermées) ?
Au 3e degré, les programmes (celui de l’enseignement libre en tout cas) ne permettent en principe pas d’évaluer de manière certificative l’élève sur base d’un questionnaire ciblant directement l’œuvre. Ainsi, le questionnaire que je propose sur Le dernier jour d’un condamné, de Victor Hugo, ne répond pas aux critères d’un test de médiation de lecture. |
Programme de français, 3e degré, enseignement libre en Communauté française de Belgique Ouvrir |
De «bons» exemples sont disponibles dans les outils inter-réseaux (téléchargeables sur www.segec.be/fesec/Secteurs/Francais à la rubrique Évaluation ou sur www.enseignement.be). C’est le cas de l’écriture d'un jugement personnel argumenté d'une oeuvre littéraire (La Rédaction, de Skarmeta) ou de la controverse et du débat de délibération sur la conduite d'un personnage. Voici par ailleurs la liste des médiations de lecture acceptées dans l’enseignement libre. |
Guide des Programmes du Secondaire, 2e et 3e degrés de transition, Balises pour planifier, coordonner et évaluer les compétences, 2e édition, D/2007/7362/3/11 |
Justification de réponses à des questions, justification d’une interprétation
Discussion interprétative et appréciative (cercle de lecture…)
Débat de délibération (attribution d’un prix, procès d’un personnage…)
Plaidoyer/réquisitoire oral ou écrit pour défendre ou récuser le choix d’un livre, d’une interprétation, le comportement d’un personnage…
Critique de livre/note critique
Lettre d’opinion
Lettre à l’auteur
Conseil de lecture pour un pair
Lecture à voix haute d’un texte narratif
Déclamation de textes poétiques
Interprétation orale ou scénique de textes dramatiques
Réécritures (pastiche, parodie…)
Écriture dans les blancs du texte
Dialogues imaginaires, correspondance fictive entre personnages…
Affiche de théâtre, de cinéma ; pochette de DVD
début Hugo * sommaire & édito 144
Si toutes ces activités ont leur intérêt, elles ne prennent tout leur sens que quand l’élève a réellement lu l’œuvre donnée, que sa compréhension a pu être mesurée et éventuellement corrigée. C’est à partir de cette base qu’il pourra réellement élaborer un conseil de lecture à un pair, par exemple.
Il faut donc, à mon sens, laisser la liberté au professeur d’utiliser un questionnaire de compréhension comme un élément faisant partie du dispositif d’évaluation certificative à la suite d’une lecture. Il reste bien sûr qu’un QCM de compréhension (par exemple) n’est qu’une étape préliminaire et non une fin en soi, que le véritable objectif est ailleurs, mais qu’il faut aussi se donner les moyens d’engager vraiment les élèves dans la lecture proposée en imposant un test préalable pour lequel une lecture complète s’avère nécessaire. On limitera ainsi ces situations malsaines d’élèves qui ont simplement feuilleté un volume, mais qui bien documentés par ailleurs (résumés, Internet), tirent parti de leurs qualités naturelles d’expression et deviennent ainsi très capables de réussir un plaidoyer à valeur certificative. Les grilles d’évaluation critériées devenues aujourd’hui une pratique courante (et imposée par les programmes) renforcent d’ailleurs le risque d’une telle dérive.
Voici donc le questionnaire préalable (après la lecture à domicile) que j’ai administré à mes élèves. L’édition utilisée est celle de Librio. Quant aux élèves, il s’agit d’une classe de 6° transition.
Le Dernier Jour d’un condamné
roman de Victor Hugo.
Première partie, sans le livre
début Hugo * sommaire & édito 144
· l'aspect physique du condamné ?
· sa situation sociale ?
· les raisons pour lesquelles il est condamné à mort ?
7.
Juste avant la sentence, l’avocat laisse espérer au condamné une
possibilité d’échapper à la guillotine, et d’être condamné aux travaux forcés.
Le condamné déclare alors :
q
Plutôt cent fois la
mort ! q Tout
vaut mieux que la mort ! q Qu’ils
fassent de moi ce qu’ils veulent !
8.
Le condamné a-t-il fait appel de sa condamnation ?
q
Oui, il s’est pourvu en cassation q Non, il
accepte le jugement car il est coupable
q On
l’ignore
a. De quoi s’agit-il ?
b. Quelle réaction est censée provoquer sur le lecteur cette description ? Mettez cette question en relation avec la question 11.
Cette partie-ci terminée, vous rendez votre copie et vous continuez avec la deuxième partie pour laquelle vous pouvez utiliser votre livre.
début Hugo * sommaire & édito 144
On remarquera que le questionnaire mélange des questions ouvertes et fermées. Certaines questions portent sur des « détails », mais à mon sens suffisamment significatifs et qu’un lecteur attentif aura en principe retenus. C’est le cas, par exemple, des questions 18,19 et 20. Mais le questionnaire propose aussi des questions de réflexion, (par exemple les trois premières). L’ensemble me paraît dépasser largement la simple vérification de lecture et permet réellement de renseigner le professeur sur la qualité de lecture de ses élèves. Cela devrait d’ailleurs être un objectif en soi et il faut regretter que les programmes (en tout cas au 3° degré) ne lui fassent aucune place.
Ensuite, après correction en classe du questionnaire, un travail à domicile est proposé aux élèves. Le voici :
Lire un roman du XIXe siècle :
Le dernier jour d’un condamné, de Victor HUGO
début Hugo * sommaire & édito 144
1. Indiquez le genre, le type et la tonalité de ce roman.
2. Qui est l’auteur, le narrateur ?
3. Le personnage du condamné : être fictif ou réel ?
4. Quel est l’intérêt du document authentique ?
5. Quelle est la thèse qui sous-tend le roman ?
6. Quel moyen utilise principalement Hugo pour défendre cette thèse ?
7. Convaincre ou persuader ?
8. Une œuvre romantique ? Cf. votre référentiel [documentation sur Hugo fournie aux élèves
9.
Parenthèse BD :
- Quelle est la position de Franquin sur la peine de mort ?
- Quel est l’argument de la première planche ?
- Quel est l’argument de la deuxième planche ?
10. Un langage imagé : pour frapper le lecteur, Hugo utilise beaucoup d’images (et particulièrement des comparaisons). Recherchez les plus significatives.
[ Franquin et la peine de mort: voir images sur Google ]
L’objectif de ce travail est triple : d’une part permettre aux élèves L’objectif de ce travail est triple : d’une part permettre aux élèves de mieux s’approprier la lecture de l’œuvre et de « fixer » certains acquis provenant de la première correction. D’autre part, il s’agit de les faire utiliser des outils acquis antérieurement (par exemple ceux relatifs aux notions de genre, type, tonalité, ou ceux relatifs aux figures de style). Enfin, il s’agit aussi de préparer d’autres activités, et notamment une évaluation certificative.
Voici un corrigé de ce travail :
début Hugo * sommaire & édito 144
Lire un roman du XIXe siècle :
Le dernier jour d’un condamné, de Victor HUGO
1. Indiquez le genre, le type et la tonalité de ce roman.
Roman,
narratif/argumentatif, pathétique (émouvoir)
situations douloureuses, susciter une émotion, fonction argumentative qui
amène le lecteur à réagir face à une injustice
thème : situation marquée par la souffrance
emploi du « je »
lexique de l’émotion (douleur, terreur)
interjection, exclamations, interrogations,
Hyperbole,
gradation pour amplifier l’expression de cette douleur (rythme crescendo)
images émouvantes
2.
Qui est
l’auteur, le narrateur ?
Victor Hugo/ le condamné à mort
Mais : il s’agit d’un roman de type autobiographique (ou autobiographie
fictive)(mais l’autobiographie couvre plus que
quelques semaines).
La préface laisse le lecteur le choix entre deux hypothèses : celle du
document authentique, puis celle de l’œuvre littéraire (celle
de Hugo).
Plus loin, page 89, insertion d’une note de l’éditeur tendant à accréditer
la première thèse, celle du document authentique.
3.
Le
personnage du condamné : être fictif ou réel ?
Etre fictif. Même si Hugo s’est inspiré de faits
réels (documents, témoignages).
4.
Quel est
l’intérêt du document authentique ?
Clairement, c’est Hugo qui tire les ficelles.
L’hypothèse du document réel se heurte à une invraisemblance logique (cf.
question B3) : comment le condamné à mort aurait-il pu continuer à écrire
avant son exécution, quand on l’emmène attaché ? Mais Hugo voulait sans
doute que le lecteur oublie cela, parce qu’un témoignage authentique a
souvent plus de force qu’une fiction. Donc, il s’agit clairement d’émouvoir
le plus possible le lecteur.
5.
Quelle
est la thèse qui sous-tend le roman ?
Car Hugo défend une thèse dans ce roman (Q.3) : la
peine de mort est cruelle, inhumaine, et à ce titre devrait être abolie. (ce
qu’il prouve dans le roman (Q1) : que la peine de mort est inhumaine et
cruelle). On dira aussi que ce roman est un plaidoyer pour
l’abolition de la peine de mort ou encore un réquisitoire
contre la peine de mort.
6.
Quel
moyen utilise principalement Hugo pour défendre cette thèse ?
L’émotion : on est ému par la souffrance du condamné,
on partage sa peine, on finit par s’identifier à lui et donc on ne peut plus
que rejeter l’idée même de la peine de mort. Hugo ne s’adresse pas à notre
raison, mais à nos émotions, à notre cœur (pas d’arguments fondés sur la
raison, pas d’arguments démonstratifs).
7.
Convaincre ou
persuader ?
La volonté de CONVAINCRE s'accompagne d'un effort de
mobilisation de la raison. Pour convaincre, celui qui argumente fait appel à
la raison, aux facultés d'analyse et de raisonnement du destinataire pour
obtenir son adhésion réfléchie.
La volonté de PERSUADER s'accompagne, elle, d'une action plus ou moins
explicite sur la sensibilité du lecteur qu'elle s'efforce de gagner par le
pouvoir de suggestion des images, la violence du verbe, la complicité
qu'elle peut établir par l'émotion ou le rire.
8.
Une œuvre
romantique ? Cf. votre référentiel.
Thème social : défense du peuple ici on dirait plutôt
défense d’un droit de l’homme. La description de la souffrance est aussi
« romantique » par l’abondance de détails donnés. Mais une différence
importante : alors que les romantiques privilégient l’individu, aiment tout
ce qui est « couleur locale », Hugo ne donne ici pratiquement aucun détail
sur l’aspect physique du personnage, sa situation sociale (on sait seulement
qu’il a une certaine éducation), ni même les raisons pour lesquelles il est
condamné à mort (Q. 5). Une raison à cela : ce qui compte, c’est la valeur
symbolique du personnage et non son individualité. Hugo défend une cause et
il faut que le lecteur puisse se reconnaître dans le personnage, donc il
faut éviter de trop le particulariser.
9.
Parenthèse BD :
- Quelle est la position de Franquin sur la peine de mort ?
- Quel est l’argument de la première planche ?
- Quel est l’argument de la deuxième planche ?
Il est contre. Planche 1 : argument logique
par l’absurde (apagogie : raisonnement par l’absurde)(faire
noter la contrepèterie)( La contrepèterie consiste à écrire une
phrase qui, si l'on permute au moins deux lettres ou des syllabes qui la
composent, produit une autre phrase de sens différent et si possible
coquin... voire obscène. La cuvette est pleine de bouillon.
Planche 2 : fait plutôt appel à l’émotion en montrant l’absurdité
d’une situation ---) antithèse (on retrouve un peu de cela chez Hugo quand
le condamné évoque la douceur avec lequel on le traite à la fin)
L’humour noir est une forme d'humour qui souligne avec cruauté,
amertume et parfois désespoir l'absurdité du monde, face à laquelle il
constitue une forme de défense. Il consiste notamment à évoquer avec
détachement, voire avec amusement, les choses les plus horribles ou les plus
contraires à la morale en usage. Il établit un contraste entre le caractère
bouleversant ou tragique de ce dont on parle et la façon dont on en parle.
Ce contraste interpelle le lecteur ou l'auditeur et a vocation de susciter
une interrogation. C'est en quoi l'humour noir, qui fait rire ou sourire des
choses les plus sérieuses, est potentiellement une arme de subversion.
Empreint de fatalisme, pathétique par certains côtés, cet humour est
forcément une source de gêne. Certains présentent d'ailleurs cette gêne
comme un de ses ressorts, dans la mesure où le rire qu'il provoque doit
gêner, voire donner honte, faire hésiter celui qui en rit entre sa réaction
naturelle, le rire, et sa réaction réfléchie, l'horreur ou le dégoût.
Suivant les cultures il évolue entre désespoir et raillerie et sera plus ou
moins accepté en fonction de la force des tabous qu'il titille. Mais
l'humour noir n'a pas de tabous, par définition c'est son terrain de
prédilection. Et, Il ne faut pas confondre humour noir et moquerie,
l'humour, même noir, restant un trait de l'esprit, qui préfère rire des
choses pour n'avoir pas à en pleurer.
Un
langage imagé.
Recherche de comparaisons dans le ch. 1, 2 :
p. 10 : elle est toujours là cette pensée infernale, comme un spectre de
plomb à mes côtés [plus personnification]
p. 10 : une nuée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs de la
salle d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre
p. 10 : ce peu de mots, comme le fil qui rompt le vol de l’insecte, me
rejeta violemment dans la réalité
p. 12 : je trébuchai comme un portefaix trop chargé
p. 13 : la salle était claire comme pour une noce
effet : toutes ces comparaisons ont pour effet de donner plus de force au
récit, notamment par les images qu’elles créent.
Par ailleurs, Hugo utilise bien d’autres moyens :
- d’autres figures de style ;
- l’argot (pourquoi ? pour donner plus d’authenticité à son récit :
la chanson p. 41, le récit de l’autre condamné à mort, p.57)
L’activité va se prolonger avec un
autre travail, qui dans le planning du cours permettra une transition vers
un autre axe, poétique (notamment avec l’étude du symbolisme).
Voici le travail proposé aux élèves :
A la recherche des figures de style dans Le dernier jour d’un condamné
début Hugo * sommaire & édito 144
Objectifs :
- se familiariser avec les figures de style
- pratiquer une lecture active
- appréhender certains aspects du style de Victor Hugo
Consigne : identifiez les figures de style dans les extraits suivants. Attention, plusieurs figures de style peuvent se combiner .
Doc. outil : Quelques figures de rhétorique fréquentes [que les élèves possèdent déjà dans leur cours]
1. « … cette pensée infernale(…) me secouant de ses deux mains de glace… » Ch. 1
2. « La prison (…) m’enferme dans ses murailles de granite, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier » (Le dernier jour d’un condamné) Ch. 20
3. « Ce mur, c’est de la prison en pierre; cette porte, c’est de la prison en bois, ces guichetiers, c’est de la prison en chair et en os.» Ch.20
4. « Tout Bicêtre semblait rire, chanter, courir, danser. » Ch. 13
5. « Un moyen de fuir, mon Dieu ! un moyen quelconque ! Il faut que je m’évade ! il le faut ! sur-le-champ ! par les portes, par les fenêtres, par la charpente du toit ! » Ch. 21
6. « …une nuée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs de la salle d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre. » Ch. 1
7. « J’espère que ma mort va lui faire grand plaisir ? » Ch. 21
8. « La prison est une espèce d’être horrible complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve, elle m’enlace de tous ses replis. Ch. 20
9. « C'était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraîche. On eût dit la bave d'une limace sur une rose. Je ne saurais rendre ce que j'éprouvais ; j'étais à la fois blessé et caressé. Ch. 16
10. « J'en suis resté navré, glacé, anéanti. » Ch. 16
11. « Il va bien ! a dit une femme à côté des gendarmes. » Cet atroce éloge m'a donné du courage. Le prêtre est venu se placer auprès de moi. » Ch. 48
12. « Que me disait-il donc, l'avocat ? Les galères ! Ah ! oui, plutôt mille fois la mort, plutôt l'échafaud que le bagne, plutôt le néant que l'enfer ; plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin qu'au carcan de la chiourme ! » Ch. 14
13.
« - Vous disiez savoir
la nouvelle...
-Je parlais d'une autre, dont Paris s'occupe aussi aujourd'hui. » Ch. 22
Voici une correction :
« … cette pensée infernale(…) me secouant de ses deux mains de glace… » Ch. 1 (personnification)
« La prison (…) m’enferme dans ses murailles de granite, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier » (Le dernier jour d’un condamné) Ch. 20 (personnification, accumulation)
« Ce mur, c’est de la prison en pierre; cette porte, c’est de la prison en bois, ces guichetiers, c’est de la prison en chair et en os.» Ch.20 (anaphore) (métaphore)
« Tout Bicêtre semblait rire, chanter, courir, danser. » Ch. 13 (accumulation, métonymie)
« Un moyen de fuir, mon Dieu ! un moyen quelconque ! Il faut que je m’évade ! il le faut ! sur-le-champs ! par les portes, par les fenêtres, par la charpente du toit ! » Ch. 21 (gradation)
« …une nuée de spectateurs, qui venaient s’abattre sur les bancs de la salle d’audience comme des corbeaux autour d’un cadavre. » Ch. 1 (hyperbole)
« J’espère que ma mort va lui faire grand plaisir ? » Ch. 21 (antithèse)
« La prison est une espèce d’être horrible complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve, elle m’enlace de tous ses replis. Ch. 20 (personnification)
« C'était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraîche. On eût dit la bave d'une limace sur une rose. Je ne saurais rendre ce que j'éprouvais ; j'étais à la fois blessé et caressé. Ch. 16 (antithèse, métaphore)
« J'en suis resté navré, glacé, anéanti. » Ch. 16 (gradation)
« Il va bien ! a dit une femme à côté des gendarmes. » Cet atroce éloge m'a donné du courage. Le prêtre est venu se placer auprès de moi. » Ch. 48 (oxymore).
« Que me disait-il donc, l'avocat ? Les galères ! Ah ! oui, plutôt mille fois la mort, plutôt l'échafaud que le bagne, plutôt le néant que l'enfer; plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin qu'au carcan de la chiourme ! » Ch. 14 (anaphore, hyperbole, métaphore)
« - Vous disiez savoir la nouvelle...
-Je parlais d'une autre, dont Paris s'occupe aussi aujourd'hui. » Ch. 22 (métonymie)
Toutes ces activités préparent les élèves à une évaluation certificative qui clôture la séquence.
La voici :
début Hugo * sommaire & édito 144
Le dernier jour d’un condamné « La Province » page culturelle de l’édition du 11 décembre 2009 « Grand concours de critiques littéraires » En 1829, le roman de Victor Hugo Le dernier Jour d’un condamné connut un grand succès : il raconte les derniers instants d’un condamné à mort. Victor Hugo, farouche adversaire de la peine de mort, utilisait ainsi son talent d’écrivain pour défendre cette cause. En ce 11 novembre 2009, au lendemain de l’exécution de John Allen Muhamad en Virgine (USA), notre quotidien, La Province, veut relancer une large réflexion sur cette problématique. C’est dans ce dernier contexte qu’il propose à tous les jeunes francophones de notre pays la lecture du roman de Victor Hugo. La Province te propose, à toi qui as entre 15 et 20 ans, d’adresser à son rédacteur en chef une lettre d’au moins 400 mots dans laquelle tu expliqueras si le roman Le dernier Jour d’un condamné t’a plu et pourquoi. |
Je me suis inspiré d’une des épreuves inter-réseaux (La Rédaction de Skarmeta). J’ai utilisé la la grille critériée qui y figure avec quelques petites adaptations.
J’ai cependant tenu compte dans ma note finale du premier questionnaire de lecture, m’écartant ainsi de la ligne blanche tracée par le programme. Je suis par ailleurs conscient d’un autre reproche qu’on ne manquerait pas de faire : la lecture a été abondamment travaillée en classe. Je répondrais qu’il reste encore à utiliser tous ces acquis intelligemment et que c’est justement l’objectif de ce type de médiation de lecture.
Par ailleurs, il convient au préalable de familiariser les élèves avec ce type d’épreuve de même qu’avec la grille et j’ai proposé aux élèves de travailler sur La rédaction de Skarmetta.
En travaillant sur cette séquence, j’ai aussi pensé à d’autres activités de médiation de lecture que je n’ai pas eu le temps d’engager. Les voici (ce ne sont que des pistes) :
Le café littéraire
Contexte : Vu le grand succès du « Dernier jour d’un condamné », Victor Hugo est invité à prendre la parole au café « Le Procope ». Il parlera de son roman, répondra aux critiques, expliquera sa conception de l’écriture. Rôles : - Victor Hugo - Un modérateur (il introduit brièvement l’auteur et le roman dont il est question, assure les tours de paroles) - Deux élèves jouant le rôle de critique (négative) - Deux élèves jouant le rôle de critique (positive) - Les autres élèves sont spectateurs et prennent note. |
Vous êtes Victor Hugo et vous répondez à un lecteur du « Dernier jour d’un condamné » qui vous a adressé ce courrier :
Monsieur Hugo,
Jusqu’à présent, je vous admirais. Mais après avoir lu Le dernier jour d’un condamné, je ne sais plus à qui j’ai à faire. Vous usurpez l’identité d’un condamné, vous trichez avec la vérité, vous trompez le lecteur !! Mais quel genre d’homme êtes-vous ?Si vous voulez vous attaquer à la peine de mort, donnez-moi plutôt des arguments, et des vrais !!
Votre texte, de +/- 200 mots, répondra à ces critiques et comprendra les parties suivantes :
- Une explication du type d’auteur que vous êtes (comme si vous répondiez à la question «Pourquoi écrivez-vous ?»).
- Des références à des actes et des œuvres de votre vie pouvant illustrer vos propos.
- Une explication de l’intention poursuivie en écrivant ce roman précis;
- Une justification de la forme et du style
- Deux arguments contre la peine de mort
Hugo, encore... !
Les travailleurs de la mer... [ Le combat contre la pieuvre ] (1er et 2e degrés) Ouvrir
Notre-Dame de Paris... [portrait de Quasimodo ] (1er degré) Ouvrir
Victor Hugo en Belgique Ouvrir
Atala de Chateaubriand
Nouvelle conforme à la norme, ou...
« sorte de poème moitié descriptif moitié dramatique » (Chateaubriand, Préface d'Atala)
Christine
LARA, Université de Toulouse Le Mirail
Entre premières de couverture et lecture en particulier * de la préface à l'incipit: entrée en texte
* comment c'est écrit : syntaxe, rythme, progression narrative * de la rencontre aux funérailles
* le travail d'écriture : discours, description, excipit, brouillon * bilan, évaluation, correction * pour conclure: éloge de la nouvelle
Un
parcours en classe de seconde de lycée
Chateaubriand l’ « enchanteur »
a bercé les années de lycée et d’université de nombreux jeunes, leur
procurant le plaisir des mots. Sans doute ont-ils conservé en mémoire cette
phrase de l’écrivain : « Les plaisirs
de la jeunesse
reproduits
par la mémoire
sont des ruines vues au flambeau » (Mém. d'Outre-tombe). Il
faut imaginer la beauté de ces ruines éclairées par le
flambeau pour
comprendre combien l’enchanteur a séduit des milliers d’adolescents et
d’adultes tout au long des époques. François-Auguste-René,
vicomte de Chateaubriand est considéré comme l'une des figures centrales
du romantisme français.
Ses
descriptions de la nature et son analyse des sentiments du « moi » en ont fait
un modèle pour la génération des écrivains romantiques en France. Atala, cette
« idylle entre deux sauvages » est un roman écrit par
Chateaubriand entre 1791 et 1801, en plusieurs lieux. Cette œuvre et son auteur
ont partagé une histoire singulière : le manuscrit aurait sauvé la vie
de l’auteur, sur le champ de bataille. Cette œuvre composée
«sous les huttes des Sauvages» [Lettre
publiée dans le Journal des Débats et dans Le Publiciste 10
germinal an IX (31 mars 1801)],
raconte l’amour impossible entre une Indienne convertie à la religion
chrétienne et un Indien natchez païen. Cette
histoire se déroule au sein d’une forêt tropicale qui met en
valeur l’exotisme et la puissance de Dieu.
Ce « petit roman »
a connu un immense succès dès sa parution en 1801, qui poussa Chateaubriand à
écrire, dans ses Mémoires
d’Outre-tombe : |
* Cabinet de cire ou Salon des Figures que l’Allemand Curtius avait fondé à Paris vers 1770 et qui représentait les personnages célèbres. Établi au Palais Royal il eut une succursale au boulevard du Temple. |
Aussi paradoxal que cela paraisse, cette nouvelle, en dépit de son succès, est très peu ou pas du tout étudiée en classe. Le style précieux, les phrases longues, la richesse en figures de style qui sont souvent jugés difficiles par les élèves, éveillent en même temps leur intérêt face à cette langue imagée.
Le personnage d’Atala a ému
les lecteurs du 19e siècle et en émeut encore aujourd’hui. Plusieurs
nouveau-nés ont été baptisés du nom d’Atala ainsi que des coiffures, des
robes, des emballages de bonbons… De nombreuses contrefaçons d’Atala ont circulé aussi bien en France qu’à l’étranger.
Cette séquence se situe après l’étude du romantisme (groupement de
textes d’auteurs divers, de genres littéraires divers).
La première séance... entre premières de couverture et lecture en particulier
La
première séance de la séquence
sur Atala, intervient durant cette séquence
avant que les élèves lisent l’ouvrage (édition Bibliolycée - Hatier, ou
autres versions dont disposent les élèves).
Ce synopsis d’apprentissage d’Atala
se fixe trois orientations principales. Tout d’abord l’étude d’un récit
bref, genre littéraire particulier qui bien qu’existant depuis le Moyen-âge
ne s’est réellement imposé au 19e siècle.
Puis le mouvement littéraire et artistique du romantisme en France sera défini
avec et par les élèves. Enfin, on abordera la lecture analytique d’une œuvre
intégrale. Bien entendu, de nombreux travaux d’écriture conduiront les élèves
vers le commentaire littéraire. La réception de la lecture d’Atala
de Chateaubriand a été analysée dans notre essai publié chez l’Harmattan.
La durée de chaque séance varie
en fonction du niveau et de l’intérêt des élèves. Seize séances, d’une
à deux heures chacune, composent ce projet pédagogique destiné aux élèves
de seconde de lycée.
La première séance est consacrée à l’étude des Première de
couverture d’Atala. Le professeur
peut en choisir quatre parmi les ouvrages détenus par les élèves ou par le
centre de documentation de l’établissement. Il peut aussi travailler au
tableau numérique pour présenter les différentes couvertures d’Atala selon les éditions. Les élèves sont appelés à formuler
des hypothèses de lecture à partir de ces Plats 1 (premières de couverture). N’oublions pas qu’ils
n’ont pas encore lu le récit et sont donc aptes à émettre des hypothèses
sincères. Un travail sur l’étude de l’image est mis en place (ce que je
vois, ce que j’interprète). Enfin
il est demandé aux élèves de lire
la nouvelle et de créer leur propre première de couverture et de réaliser une
fiche de lecture. Ils peuvent utiliser divers supports et moyens (photomontage,
découpage, collage, dessins…). Les hypothèses seront à vérifier ultérieurement,
après la lecture d’Atala, sous
forme de débat au sein de la classe. Une trace écrite concernant l’étude
des couvertures, la fonction des Première
de couverture et éventuellement l’historique des diverses illustrations
d’Atala depuis l’édition de 1805.
Cette séance dure deux heures ou trois selon la classe. Au bout de quinze à
vingt et un jours, le professeur ayant terminé la séquence sur le romantisme
revient à celle sur Atala. Les élèves ont, dorénavant, lu l’ouvrage et rendu leurs
productions. Ces travaux ne seront pas évalués selon la qualité du dessin
mais selon les objets symboliques retrouvés, le sens construit par les élèves-lecteurs,
les éléments du récit.
Séances 2 à 4... préface, incipit, entrée en texte
La
deuxième séance, dont l’objectif est d’étudier la préface
de
l’édition de 1805, et le travail de l’écrivain dure deux heures. Un
questionnement porte sur les modifications et les corrections que l’auteur a
apportées à son travail. On observe les types de modifications, l’impact sur
la société, la réception de l’œuvre et inversement. On initie l’élève
à l’argumentation de l’auteur pour défendre son texte. On termine par une
synthèse définissant le rôle d’une préface.
La troisième séance est réservée au débat. Les élèves, qui ont lu
l’œuvre, donnent leur avis sur leur lecture, sur les personnages et leur réception
de l’œuvre. Ils prennent des notes et comparent leurs hypothèses de lecture
de la séance 1 à leur compte rendu de lecture. Une discussion s’établit à
partir des hypothèses de lecture. Quel était le but recherché par l’auteur ?
L’éditeur ? Une petite grille de lecture accompagne les débats. Combien
de temps avez-vous mis à lire Atala ? Avez-vous marqué des pauses et
pourquoi ? Avez-vous dû utiliser un dictionnaire ? Pourquoi ?
Quels mots vous ont semblé difficiles ? Que pensez-vous de cette œuvre ?
Les élèves évoquent le style (richesse des figures de style), les phrases
longues (épisodes), le langage des Indiens et mettent l’accent sur les thèmes
principaux de la mort, de l’amour et de la religion.
La quatrième séance permet l’entrée dans le texte. Il s‘agit d’analyser l’incipit d’Atala. Les élèves, par groupe, étudient le texte à travers un repérage du vocabulaire de la faune, de la flore, des figures de style, des descriptions (sous forme de tableau récapitulatif).
Une étude du vocabulaire péjoratif et/ou mélioratif est menée à la suite des remarques des élèves. Le professeur présente d’autres incipit afin de caractériser celui d’Atala : incipit dynamique ? Statique ? Progressif ou suspensif et les fonctions de chacun. Le type d’incipit détermine le ton du roman. Le bilan est fait par la classe et tend à définir le rôle de l’incipit d’Atala, les intentions de l’auteur, le style de l’écrivain… Le tableau réalisé par les élèves sera utilisé plus loin dans le cadre de l’initiation au commentaire.
Certains incipits sont célèbres par leur originalité :
Voyage au bout de la nuit (1932), Louis-Ferdinand Céline : « Ça a débuté comme ça » ;
Jacques le Fataliste (1773). Denis Diderot : « Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. » ;
La Condition Humaine, (1933). André Malraux: « Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? » ;
Tristes Tropiques (1955), Claude Levi-Strauss : « Je hais les voyages et les explorateurs » ;
La Gloire de mon père (1957). Marcel Pagnol: « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers » ;
Moby Dick (1851). Herman Melville : « Appelez-moi Ismaël. Il y a quelques années de cela — peu importe combien exactement — comme j’avais la bourse vide, ou presque, et que rien d’intéressant ne me retenait à terre, l’idée me vint de naviguer un peu et de revoir le monde marin. »
ou Madame Bobary, (1857). Gustave Flaubert : « Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un garçon de classe qui portait un grand pupitre. »
Séances 5 et 6... l'écriture : syntaxe, rythme, progression narrative
La cinquième séance a pour objectif l’étude de l’écriture et de la syntaxe dans Atala. à partir du tableau, de la grille de lecture et de l’ouvrage, les élèves répartis en petits groupes (5/6 élèves) travaillent sur une piste de lecture du texte.
Groupe 1 : Dans l’incipit, relevez un exemple de phrase courte (S+v+c). Ils remarqueront que cette structure n’existe pas. La plus simple étant : « Les deux rives du Meschacebé présentent le tableau le plus extraordinaire » : (GN+Ct du nom+ V+COD+ADV+ADJ), deux phrases longues (CCL+S+PR+V+CC+PR+S+CC+V+CC+CC+S+V). Cet exercice peut aussi se faire sous forme de jeu. On donne la construction grammaticale et les élèves recherchent un exemple dans le texte. Cela permet de vérifier et de compléter leurs acquis.
Groupe 2 : Relevez et analysez les descriptions tout au long du récit (un relevé des quatre descriptions les lus importantes) et précisez l’objet décrit et le degré de subjectivité.
Groupe 3 : Quels sont les différents mouvements de ce passage ? (Repérez les différents passages)
Groupe 4 : Relevez différentes figures de style dans le texte entier (au sein du groupe, les élèves s’attribuent un chapitre)
Groupe 5 : Étudiez les temps verbaux tout au long du texte (partage des chapitres).
On n’attend pas un travail finalisé mais une approche de l’analyse du texte qui se renforcera au fil de la séquence. Les élèves s’initient à l’étude littéraire et découvrent l’œuvre et le style d’un écrivain. Ils ont appris que Chateaubriand a corrigé, modifié son texte et doivent être sensibilisés au travail de l’écrivain. A partir de ce tableau, on répartit les thèmes de recherche et on demande aux élèves de rédiger un court paragraphe selon une piste d’étude : (les descriptions, les figures de style, les thèmes de la nature (faune et flore), le thème de la religion, le thème de la mort, la syntaxe, les temps verbaux. Qui parle ? Qui voit ? Certains élèves ont rapproché la description de ce paysage et la création du monde. Une étude de ce passage de la Genèse a été faite pour le vérifier.
La sixième séance a pour enjeu d’étudier le rythme de la narration. Les différentes parties du petit roman sont distribuées aux élèves. Ils doivent rechercher les indices temporels et, à partir de là, calculer le temps de la fiction. Ensuite ils le comparent au temps de la narration et en déduisent le rythme. Ce travail achevé, ils doivent tenter d’expliquer pourquoi le rythme est lent, ou rapide… selon eux et l’intention de l’auteur. On bâtit aussi les schémas narratif et actantiel du récit.
Séances 7 à 9... de la rencontre aux funérailles
La septième séance est l’étude de la rencontre entre Chactas et Atala. Étude des circonstances de la rencontre, du décor, de la fuite, de l’exotisme. On peut comparer cette première rencontre amoureuse à celles de Julien Sorel et Mme de Rênal, de Mme de Clèves pour le prince de Nemours, d’Adrienne et du narrateur, de Charles et Emma, de Manon Lescaut et du jeune Des Grieux. On peut porter une première attention au mythe du bon sauvage, à l’importance de l’évangélisation dans l’oeuvre.
La huitième séance est consacrée aux thèmes de la religion et de la nature tout au long de la fuite des deux amants (Les chasseurs, les laboureurs). Repérage des éléments naturels, de la religion que défend Atala. Mise en rapport des deux pour montrer que la nature intervient pour renforcer la puissance divine. (Champs lexicaux, réseaux lexicaux).
La neuvième séance : (Étudier une page romantique) est l’apprentissage de la lecture analytique. Les élèves étudient le passage des funérailles d’Atala. Ils utilisent tous les acquis des séances précédentes. (Thèmes, langage, écriture, registres). On introduit la notion d’axe de lecture pour une analyse organisée. (Évaluation intermédiaire). On comparera la mort d’Atala, topos du romantisme, avec celles de Manon, de Juliette et de Virginie.
La dixième séance : Étudier les discours dans Atala (divers passages du prologue).
L’élève doit reconnaître les différents interlocuteurs, les différents types de discours, leur importance, le statut du narrateur (des narrateurs), le rythme du passage. Exercice hors-classe : transposer un passage au discours direct.
La onzième séance approfondit le travail fait précédemment. A partir des repérages des parties narratives, descriptives (descriptions de la nature, de l’Indien, du père Aubry, d’Atala (à deux reprises)) on étudie les fonctions de la description, les éléments de la description, la symbolique descriptive. Est-ce habituel de trouver de la description dans une nouvelle ? Que dire alors ?
La douzième séance est la lecture analytique de l’excipit d’Atala. L’élève se sert de tous ce qui a été fait et dit dans les séances précédentes. Il étudie les différents narrateurs, compare la description de la nature de l’épilogue et celle du prologue. Il situe le passage dans le temps. Où sont Atala, Chactas, le père Aubry, le voyageur ? Relevé des indications temporelles. Étude de la morale. Quels sont les enjeux de ce récit ? Justifiez.
La treizième séance : (Comprendre le travail de l’écrivain) répond
à la séance 2 qui traitait de la préface. Elle est l’analyse des brouillons
des Mémoires d’outre-tombe et
d’extraits d’Atala avant les
modifications.
La quatorzième séance sert à faire le bilan des acquis. Qu’ai-je
appris et retenu ? Définition de la nouvelle (voir document éloge de la
nouvelle). On répond à la problématique générale : Atala de Chateaubriand, nouvelle conforme à la norme ou « sorte de
poème moitié descriptif moitié dramatique
[Propos
de Chateaubriand, préface de la première édition]» ? Définition du romantisme.
La quinzième séance est réservée à une évaluation. Modifier la fin
de la nouvelle : Atala boit la potion du père Aubry et… (travail
d’écriture en classe). Respect des temps verbaux, de l’énonciation, de la
tonalité religieuse. Ajouter des figures de style. Le passage du texte doit précéder
votre travail
La dernière séance est consacrée à la correction des travaux d’écriture
et à la remédiation. (Aide, AIS). C’est l’occasion de vérifier les acquis
des élèves sur le romantisme, la rencontre amoureuse, l’incipit, les figures
de styles, la phrase, les temps du récit, l’énonciation, les thèmes, les
champs lexicaux, les axes de lecture, l’écrit…
ÉLOGE
DE LA NOUVELLE
Je
suis une nouvelle. On
ne m'apprécie guère dans ce pays, peut-être est-ce faute de me connaître ;
en tout cas, j'ai le sentiment d'être dédaignée, voire sous-estimée.
Pourtant, j'ai eu mon âge d'or, à la fin du XIXe siècle avec Mérimée
et Maupassant, qui me donnèrent mes lettres de noblesse. Aujourd'hui, auprès
de mon beau cousin le roman, je fais figure de parente pauvre. Mais je peux
prouver que je recèle autant de richesses et de qualités que lui, bien que
différentes.
Je
suis une nouvelle,
je suis précise, acérée, rapide, je travaille en vrille, verticalement,
tandis que le roman procède comme une moissonneuse. Et pourquoi devrait-on
préférer le travail de tel outil au travail de tel autre ?
Je
n'ai que faire des longs développements du roman car je me passionne à
saisir le "tournant du destin, la rupture d'équilibre qui se produit
soudain sous le coup d'un ébranlement insolite du quotidien. Ainsi, je puis
affirmer que rien de ce qui est la vie ne m'est étranger.
Je
suis une nouvelle,
ma loi reste toujours de concentration, de netteté, mon art de ne jamais écrire
que le nécessaire.
Je
réclame de mon lecteur une rigueur pareille, une attention soutenue sans défaut,
car la moindre distraction ferait dommage à l'approche et à la communion.
Oui, je ne livre le corps de mon texte qu'au lecteur-amant capable de cette
démarche, de cet effort.
Je
suis une nouvelle,
il arrive que l'on me confonde avec le conte, je n'ai rien contre, mais nous
sommes différents.
Je
suis une nouvelle,
je respecte infiniment mon lecteur, même si je souhaite obtenir son adhésion
si loin que je m'aventure vers les limites de l'impossible et de
l'extraordinaire, même lorsque je me place sur la ligne de force où l'événement,
le conflit découvrent leur tranchant le plus vif.
Je suis
une nouvelle,
je ne dis jamais un mot de trop, et lorsque je vous quitte je vous quitte je
vous laisse libres de rêver à votre guise…
Anne
BRAGANCE
(22 avril
1983)
par
Michel De Cock
Un document de travail inattendu pour une classe de français !
Réécrire - notamment un poème - c'est une façon de le traduire, de l'interpréter, de le reconstruire, et surtout de se l'approprier. |
l'original, de Jean de la Fontaine * alexandrins * décalage sémantique * fable express
* match de foot * Où il est question de réécriture dans d'autres pages de LMDP
C'est un exploit peu commun qu'il faut saluer ! A la fois en raison du nombre et de la qualité des réécritures et en raison de leur groupement. Le tout est en effet clairement ordonné en sept grands domaines
1. phonèmes - 17 versions |
2. lettres - - 8 versions |
3. syllabes - 2 versions |
4. mots - 48 versions |
5. vers - 5 versions |
6. texte - 4 versions |
7. traductions - 4 versions (anglais, italien, latin, brésilien) |
Chacune des réécriture respecte fidèlement des consignes d'écriture rigoureuses et est accompagnée d'observations linguistiques érudites dans un style clair et plaisant, souvent avec humour, et pas mal de clins d'oeil culturels.
Nous publierons en deux numéros quelques versions, accompagnées de propositions de lecture et de réinvestissement (mécanismes de langue, stylistique, écriture, réemploi, recherches...).
Dans
ce numéro de mars 2011,
nous présenterons la version 80 en alexandrins (dans le
domaine vers),
la version 36, décalage sémantique, la version 40, foot, et la version
82, fable express (dans le domaine mots).
Dans un prochain numéro (juin ou septembre 2011),
la version 17, SMS (dans le domaine phonèmes), la version 35 en hyperonymes (dans le domaine mots), version 45, sexiste et version 81, recette (dans le domaine texte)
Mais rappelons tout d'abord la version de Jean de La Fontaine
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LE CORBEAU ET LE RENARD
Maître Corbeau, sur un arbre perché, |
Outils pour la lecture Compréhension: alléché (3), se rapporte à (8), ne se sent pas de joie (10)... Tradition et littérature: Renard : découvrir ou rappeler le roman médiéval Phénix : ce qu'on en dit dans un mythe égyptien ? Le sens actuel de ce mot... sans majuscule ? Formes verbales et construction du récit 1. vv. 1 à 4 : quels temps ? 2. vv. 5 à 16 : quels temps ? 3. vv. 17-18 : quels temps ? Propositions - à débattre et évaluer ! - pour résumer chacune des trois parties en peu de mots. L'antiphrase et l'hyperbole dans les vv. 5 à 9: par quels moyens d'expression ? "Monsieur" et "flatteur" ; rime pour l'oeil Mais du temps de Lafontaine, on prononce mon - sieur [sjœR] |
Réécriture en alexandrins (version 80)
début La Fontaine * sommaire et édito 144
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LE
CORBEAU ATTRAPÉ PAR LE RUSÉ RENARD
Un Corbeau sur un arbre était un jour perché ; Il
tenait en son bec un énorme fromage. Un
Renard s’approcha, par l’odeur alléché Et
lui tint plaisamment à peu près ce langage : « Ho
là ! Bien le bonjour ! Cher Monsieur du Corbeau ! Que
vous êtes joli, que vous me semblez beau ! En
vérité je dis que si votre ramage Sait
bien se rapporter à votre beau plumage, Vous
êtes le Phénix des hôtes de ce bois ». À
ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie, Et
voulant exhiber sa merveilleuse voix, Il
ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le
Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Voulez-vous
bien noter qu’un quelconque flatteur Ne
survit qu’aux dépens de celui qui l’écoute. Cette
leçon vaut bien un fromage, sans doute ». Notre
Corbeau, honteux et tout à fait confus, Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. |
1. Petite intro de M. De Cock: «Voici donc une version
de la fable en Alexandrins, telle que
Combien de vers de la fable d’origine étaient déjà des Alexandrins ?»
2. Le travail sur le sens Quelles informations sont ajoutées (à surligner...) ? Répondent-elles à l'intention générale du récit: moraliser, plaire...
3. Recherche et prolongements: origine de ce mot alexandrin ? les Arts poétiques (Thomas Sébillet, Nicolas Boileau...) hémistiche, césure... (quelle étymologie) |
Décalage sémantique (version 36)
début La Fontaine * sommaire et édito 144
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LE
GEAI ET LE CHACAL Touchait
en sa patte un yoghourt. Docteur
Chacal, par le goût ensorcelé, Lui
fit à peu près ce mime : « Hep !
Bonne nuit ! Docteur le Geai ! Que
vous êtes mignon, que vous me semblez gentil ! Sans
blaguer, si votre récitation Appartient
à votre squelette, Vous
êtes le plus rare des estivants de cette ville ». À
ces notes de musique, le Geai ne se sent pas de stupeur Et
pour exhumer sa stupéfiante transpiration, Il
entr’ouvre une patte convexe, laisse vaciller son cadeau. Le
Chacal l’absorba, et chuchota : « Mon digne Docteur, Répétez
que tout calomnieur Mange
au risque de celui qui le voit. Cette
réprimande paie bien un yoghourt, sans frime ». Le
Geai, haineux et jaloux, Confessa, mais un peu vite, qu’on ne l’y adopterait plus. |
Equivalence syntaxique et décalage de sens Dans un moule grammatical identique à l'original (syntaxe, temps du berbe, ponctuation), le travail de substitution lexicale crée un tout autre univers d'actants et de connotations. Connotations négatives de "chacal" (nocturne, charognard...) d'où le sens dérivé d'homme cruel, profiteur... de "geai" (pilleur, bruyant, effronté, rusé...) Compréhension: ensorcelé, mime, exhumer, vaciller, confesser, frime... Recherche de connotations: vipère, corbeau, mule, rat, taupe,
|
Fable express : Corbeau – Renard
début La Fontaine * sommaire et édito 144
Corbeau sur arbre Fromage en bec. Odeur allèche Renard Qui dit ± : « Bonjour Corbeau ! Vous joli & beau ! Vrai : si ramage = plumage : Vous = Phénix hôtes bois ». ® Corbeau joie, Pour montrer voix, Ouvre bec Þ proie tombe. Renard prend + dit : « Apprenez : flatteur vit aux dépens d’écouteur Leçon = fromage : certain ». Corbeau, honteux + confus, Jura ± tard : plus jamais ça. |
En
gros, une fable-express est une fable où l’on dit le plus possible de
choses avec le moins de mots possible. Le texte reste cependant encore un
peu long pour l’envoyer par télégramme... Comment respecter le sens et l'intention - satirique, moralisatrice - de l'original. Observer les moyens de condensation: * valeur des signes typographiques * suppression / aménagement de formes (verbes, déterminants, prépositions, conjonction...) sans porter atteinte au sens |
Match
de
Foot : Le Défenseur et l’Avant-centre
début La Fontaine * sommaire et édito 144
Monsieur
le Défenseur, sur sa surface positionné, Tenait
à ses pieds un ballon. Monsieur
l’Avant-centre, par la vue alerté, Lui
fit à peu près cette feinte : « Hé !
Bonjour ! Monsieur le Défenseur ! Que
vous êtes élégant, que vous me semblez talentueux ! Sans
mentir, si votre pointe de vitesse Se
rapporte à votre maillot, Vous
êtes le champion des joueurs de ce terrain ». À
ce tackle, le Défenseur ne se sent pas de joie, Et
pour montrer sa belle course, Il
part à toute allure, abandonne sa balle. L’Avant-centre
la contrôle, et dit : « Mon bon adversaire, Apprenez
que tout goléador Marque
aux dépens de celui qui l’écoute. Cette
leçon vaut bien un goal, sans doute ». Le
Défenseur, honteux et confus, Jura,
mais un peu tard, qu’on ne l’y dribblerait plus. |
Voici
une version dédiée aux amateurs du ballon rond. Précisons encore qu’il
ne s’agit ni de basket, ni de hand-ball, mais de foot… Champ lexical du foot : surface, ballon, avant-centre, feinte...quelques termes d'anglais, d'espagnol. Champ lexical de la flatterie : élégant, talentueux, champion... D'autres mots... et c'est un autre univers ! |
Horace, Carpe diem Ouvrir * Flaubert, Madame Bovary Ouvrir * Simenon, Maigret Ouvrir * Rimbaud, Le dormeur du val Ouvrir * Molière, Fourberies de Scapin Ouvrir * Lamartine, Le Lac Ouvrir
... et autres exemple sur alphabet.html : cliquez sur les renvois " réécriture " !
et encore ceci sur d'autres sites :
* le courtier et le zonard http://ecritureetpoesie.canalblog.com/archives/pastiches/index.html
* Maître Corbeau dans tous ses états http://www.fatrazie.com/Corbeau.htm [comparer avec MDC !!!]
* Gérard Trougnou (numéro 5à http://www.gerardtrougnou.fr/?cat=24
Boîte à outils pour slogans publicitaires, 2e degré
Coll. réd. de LMDP
des mots pour dire un projet de société * des néologismes accrocheurs * pour un public branché... * vous/tu de proximité * similitudes et oppositions * à bon entendeur, salut: l'intertextualité * des slogans qui ont marqué l'histoire
Choix du corpus, méthodologie
Le corpus de slogans publicitaires - une cinquantaine - répond aux critères suivants:
* faire apparaître la diversité des moyens d'expression (d'où la répartition en 6 groupes)
* montrer que la rhétorique publicitaire est une tradition bien établie : les exemples vont de 1932 à nos jours..
* se limiter àu verbal : l'image et le son ne sont donc pas pris en compte, de même que le graphisme (couleur, taille,disposition...) et le support (presse, radio, TV, SMS, espace public...).
* enfin, se limiter à la publicité commerciale
Méthodologie:
* durée de la séquence : en principe une période de cours pour chacun des six groupes de slogans
* chaque série est suivie de propositions pour diverses recherches
1. Trouver des mots pour dire un projet de société
Quand le Crédit Agricole assure, c'est rassurant.(2001)
Eau de Lancôme: les gouttes d'eau qui font déborder le charme. (1978)
Réveillez la déesse qui est en vous! (Rasoirs Gillette pour dames, 2003)
LIPTON INFUSION: Le délice qui délasse (1997)
Performez en toute sécurité (Bancassurance 2003)
Moi, mon papa, il se réveille toujours de bonne humeur. (Radio Nostalgie, 2010)
Rechercher des mots, expressions, comparaisons... sur ce thème bonheur, sécurité, santé.....
Par exemple: "Qui va en trouver le plus en x minutes ?!"
2. Fabriquer des mots nouveaux - néologismes - pour attirer l'attention
Week-end gastronomique dans les Landes (1997 : Festivolailles de Saint-Sevé).
Enseigne d'un restaurant à St-Paul-Trois-Châteaux, France, 2002 : AUGERG'IN
Produit pour éliminer l'excès de bile, 2000 : Hépatoum, c'est épatant.
Delhaize, 1989 :Tombolez un beau tour du monde!
Supradyn, produit vitaminé, 2006 :Supradynamisez votre quotidien
Programme informatique pour jouer au Loto; 2006 : Lotossimus
Distinguer les procédés: suffixation, dérivation, composition. mot-valise, homophonie...
Quels procédés dans les noms de marques ou slogans ci-dessous ?
Aspivenin (aspirateur à venin découvert en 1981)
LEFFErvescence (Pub bière belge, 2010) Observer ici la graphie !
Panamoto (Motos taxis à Paris, 2006)
Twingo (modèle Renault, début 1980). Evoque quels mots anglais ?
Chicasec (enseigne vue à Coustelet, Vaucluse, 2003).
retour sommaire 144 et édito * début slogans publicitaires
.
3. Un parler branché pour public branché
Vigilance. Roule cool (Panneau routier, 2006)
Vingt-cinq berges pour jeter des ponts (1988, Anniversaire du Conseil de la Jeunesse catholique
Je suis content de ma bagnole Peut-on appeler ça de l'auto-satisfaction? (2003, VW avec un dessin de Ph. Geluck).
On va pas s'emBéDé, quoi!! (1990, Dictionnaire de la bande dessinée, Bordas)
Je suis chic sans choquer Et choc sans chiqué. (1988, Citroën GT AX)
Tu l'allumes, t'as un tube. (1995, Radio Nostalgie)
Le registre familier ne concerne pas seulement le lexique, mais quoi encore ?
4.
Vous / tu, votre / ton
et l'impératif
pour être plus proche du destinataire
Regardez-moi bien dans les cheveux (1985, shampooing Garnier)
Si vous n'êtes pas contents, NASA paie comptant. (Vers 1992, magasin d'électronique)
Phildar, juste un peu de fil... et vous (1970, pub. sonore Collants Phildar écoutez et voyez)
As-tu ton Tuc ? (1980, Publiart, pour la firme de biscuits Parein)
De concert avec vous (1999, RTBF, Festival de Wallonie)
BMW. Si vous aimez conduire (1996)
Trouver dans 1. 2. et 3 ci-dessus des formes vous / tu...
5. Equivalences de structure, de sens, de rythme, de sonorité pour plaire et convaincre
(on entend par équivalence: similitude ou opposition)
4000 ans de tradition... en 4 minutes. (1995, Pâtes alimentaires à la chinoise ASIA NUDEL SNACK de MAGGI)
Partout où il y a des points chauds, Le Soir garde son sang-froid (Vers 1990, Journal Le Soir)
C'est moins cher, c'est très Shell (1983)
Une voiture de rêve dans un monde de réalité. (1998, VW Passat)
Pour l'amour de l'arôme (2000, café Jacqmotte)
Quand on s'y connaît, c'est Connétable. (2001, conserves de poisson)
Côté cour Côté jardin (2007, Entretien de jardins, pelouses...)
DE L'AIR DE L'ART (2006, Prospectus Département de la Nièvre)
Le délice qui délasse (1997, Lipton infusion)
Adieu, la tache Bonjour, le chocolat (2003, savon Ariel)
Si doux, si frais. Silan (2003, adoucisseur pour lessive)
PASSE PARTOUT: le gratuit qui vous enrichit (2007: Journal gratuit diffusé en Belgique)
Distinguer les moyens d'équivalences: structure, sens, rythme, sonorité .
retour sommaire 144 et édito * début slogans publicitaires
6. Allusion, citation, réécriture... : clins d'oeil pour salut à bon entendeur !
La manne céleste (Enseigne de boulangerie à Mane, au sud de Forcalquier - France, été 1996).
(Quel épisode biblique ?)
Eparcyl: la fosse tranquille
(réemploi très probable du slogan électoral de F. Mitterrand La force tranquille)
Les habits de mes amis sont mes habits. (Pub Kicker, vers 1970)
(Retrouver le dicton !)
BUFFALO GRILL (Chaîne de restaurant)
(Valorisation par référence à un personnage mythique: qui est ce Buffalo ?)
Qu'importe le flacon Pourvu qu'on ait Carlton. (Brut de Carlton, vers 1994)
(Ça rappelle quel autre texte, passé en proverbe. Et de quel auteur ? !)
Ceci n'est pas une cigarette (Plantarette, Produit anti-tabac de MONTE-VERDO
(Connaître Magritte, ça fait cultivé...! Connotation écologique de Plantarette)
Proximus citius altius fortius (Proximus, 2006)
(Réservé aux latinistes: ça vous distingue !)
Observer également le travail sur le rythme, la sonorité, la néologie, l'homophonie, la réécriture...
Quelques slogans célèbres analysés sur le web:
Du beau, du bon, Dubonnet: (1932) http://saintsulpice.unblog.fr/2010/06/21/dubo-dubon-dubonnet/
Reproductions des premières affiches (entre 1932 et 1935)
C'est pas fait pour fumer mais c'est parfait pour parfumer
(Briquet eau folle de Guy Laroche, vers 1961, et autres slogans): http://ebureau.univ-reims.fr/slide/files/quotas/SCD/annales_examen/anglais/licence/2005_et_avant/L3_anglais_linguistique_1999_2005.pdf
Son et rythme dans le slogan (nombreux exemples !) : http://www.freepub.be/doc/Le_slogan.pdf
retour sommaire 144 et édito * début slogans publicitaires
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