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JULIBEL, le français d'aujourd'hui Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
SOMMAIRE |
Numéro 124 - Mars 2006
Sommaire
Pierre
Brunson,
Jules
Bradfer,
Marc
Devresse,
Jean-Luc
Léonard,
|
En guise d'éditorial Correcteur ou lecteur? Certaines pratiques scolaires de l'écriture contribuent à sédimenter chez l'élève la conviction qu'à l'école écrire se réduit à faire des phrases sans faire de fautes et à construire un texte selon les règles. Or, écrire, c'est d'abord mettre au travail un contenu symbolique inséparable d'une forme sémiotique pour agir dans une situation. (...) Considérer la dimension symbolique de l'activité du sujet-écrivant, c'est prendre à la lettre une conception du langage qui refuse de séparer forme et contenu, qui refuse de séparer pensée-langage-sujet. (...) Or,
habituellement, le seul regard que le professeur pose sur la copie est
celui du correcteur sur des épreuves d'imprimerie, et non celui d'un
lecteur à l'écoute d'un auteur. D.
Bucheton & J.-C. Chabanne, Parler et écrire pour penser,
apprendre et se construire, PUF, 2002, pp. 34-35 |
Le combat contre la pieuvre,
dans
le roman de Victor
HUGO, Les travailleurs de la mer, 1866.
Premier et deuxième degrés (expérience réalisée en classe de deuxième) * Récit: Pierre Brunson, ISM, Arlon
Place de l'extrait dans l'oeuvre * Analyse et lecture expressive * Ecrits d'élèves à la manière de... * Proposition pour le 2e degré
Texte
et pagination d’après FRANTEXT (http://atilf.atilf.fr/frantext.htm
et GALLICA (http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-88639&M=tdm&Y=Texte)
A
partir de la page 367, sous le titre Les doubles-fonds de l’obstacle,
trois sous-titres
1.
Qui a faim n’est pas le seul :
de la page 367
à la page 370 en bas.
(la rencontre de la pieuvre commence vers le bas de la page 369: Tout
à coup il se sentit saisr le bras...)
2.
Le monstre : de la page
371 au bas de la page 376
(c’est la longue description de la pieuvre)
3.
Autre forme du combat dans le gouffre : de la
page 377 au bas de la page 379
(c’est la reprise et la fin du combat)
Situer l'extrait
L'ensemble du récit:
L'armateur Lethierry promet la main de sa fille Déruchette à qui pourra ramener le moteur de son bateau, La Durande, échoué au fond de la mer. Amoureux de cette fille, Giliatt va tenter l'exploit. Mais combien d'obstacles sur ce parcours! Parmi ceux-ci, le célèbre combat contre la pieuvre.
Le contexte immédiat:
[Page 367] Puis il [Gilliat] pensa à manger. (...) Il profita de ce que la mer baissait pour rôder dans les rochers à la recherche de langoustes. (...)
[Page 369: Gilliat croit avoir repéré un crabe] (...) il remarqua, au-dessus du niveau du niveau de l'eau, à portée de sa main, une fissure horizontale dans le granit. Le crabe était probablement là. Il y plongea le poing le plus avant qu'il put, et se mit à tâtonner dans ce trou de ténèbres.
[Ici commence l'extrait analysé en classe: mais son titre - le combat contre la pieuvre - sera masqué, de quoi créer chez mes lecteurs le suspense, l'attente curieuse!]
début pieuvre * sommaire/édito 124
Analyse et lecture expressive
[1] Tout à coup il se sentit saisir le bras. [2] Ce qu’il éprouva
en ce moment, c’est l’horreur indescriptible. [3] Quelque chose
qui était mince, âpre,
plat, glacé, gluant
et vivant venait de se tordre dans l’ombre autour de son bras nu. Cela
lui montait vers la poitrine. C’était la pression
d’une courroie et la poussée d’une vrille. En
moins d’une seconde, on ne sait
quelle spirale lui avait envahi le poignet et le coude et touchait l’épaule.
La pointe fouillait sous son aisselle. |
1. La rencontre d'une force inconnue et redoutable
Deux adverbes marquant la "soudaineté", le "saisissement" ponctuent le récit avant le combat proprement dit: tout à coup [§1], brusquement [§12] (la menace d'abord non identifiée, puis reconnue [à sa partie centrale: Giliatt reconnut la pieuvre [§15]
quelque chose, dans l'ombre, cela (...) on ne sait quelle spirale [3], pressions obscures [§11]...: termes vagues: l'animal n'est encore identifié.
|
[4] Gilliatt se rejeta en
arrière, mais put à peine remuer. Il était comme cloué. De sa main gauche
restée libre il prit son couteau qu’il avait entre
[6] En même temps une souffrance inouïe, comparable à rien, soulevait les muscles crispés de Gilliatt. Il sentait dans sa peau des enfoncements ronds, horribles. Il lui semblait que d’innombrables lèvres, collées à sa chair, cherchaient à lui boire le sang. [7] Une troisième lanière ondoya hors du
rocher, tâta Gilliatt, et lui fouetta les côtes comme une corde. [8] L’angoisse, à son paroxysme, est muette. Gilliatt ne jetait pas un cri. Il y avait assez de jour pour qu’il pût voir les repoussantes formes appliquées sur lui. Une quatrième ligature, celle-ci rapide comme une flèche, lui sauta autour du ventre et s’y enroula. |
De même pour ligature, lanières, cordes...: des mots empruntés au langage de l'expérience commune (de la forme, du mouvement) qui ne sont pas du registre 'scienfitique"
La curiosité reste en alerte; la bête n'est identifiée que lorsque son centre apparaît [§ 13], alors que Giliatt est déjà garrotté.
mince, âpre, plat, glacé, gluant... * pointe, poussée, enfoncements... * lécha, entoura...: adjectifs, noms et verbes pour l'impression 'tactile' d'un contact de plus en plus étroit avec le monstre
Rechercher d'autres termes produisant cette impression de contact insupportable
|
[9] Impossible de couper ni d’arracher ces courroies visqueuses qui adhéraient étroitement au corps de Gilliatt et par quantité de points. Chacun de ces points était un foyer d’affreuse et bizarre douleur. C’était ce qu’on éprouverait si l’on se sentait avalé à la fois par une foule de bouches trop petites. [10] Un cinquième
allongement jaillit du trou. Il se superposa aux autres et vint se replier sur
le diaphragme de Gilliatt. La compression s’ajoutait à l’anxiété ;
Gilliatt pouvait à peine respirer. [11] Ces lanières,
pointues à leur extrémité, allaient s’élargissant comme des lames d’épée
vers la poignée. Toutes les cinq appartenaient évidemment au même centre.
Elles marchaient et rampaient sur Gilliatt. Il sentait se déplacer ces pressions obscures
qui lui
semblaient être des bouches. |
deuxième (lanière) [§5], troisième (lanière) [§6], quatrième (ligature) [§8], cinquième (allongement) [§10]: l'énumération est mise en évidence par la place de ces termes chaque fois en début de phrase
|
[12] Brusquement une
large viscosité ronde et plate sortit de dessous la crevasse. C’était le
centre ; les cinq lanières s’y rattachaient comme des rayons à un moyeu ; on
distinguait au côté opposé de ce disque immonde le commencement de trois
autres tentacules, restés sous l’enfoncement du rocher. [13] Au milieu de cette viscosité il y avait deux yeux
qui
regardaient. [14] Ces yeux voyaient Gilliatt. [15] Gilliatt reconnut la pieuvre.
|
viscosité (§12, 13, 48), immonde (§12): à l'idée de force irrésistible s'ajoute maintenant celle de répugnance
§§13 à 15: trois phrases-paragraphes nettement plus brèves que les §§ qui précèdent: l'information en est d'autant plus intense.
deux yeux qui regardaient: un verbe à sujet habituellement animé, surtout humain. D'où le sentiment d'une présence vivante, comme consciente. Un regard à prendre presque comme un défi. |
(...) [le monstre: 371-376, description de l'animal]
|
sommaire édito 124 * début pieuvre 2. La description de l'ennemi
[Le monstre est identifié! V. Hugo le décrit longuement - plus de 6 pages ! Le combat va avoir lieu.]
Montrer la pieuvre (images, plus deux vidéos, et excellentes notices) : http://www.dinosoria.com/pieuvre.htm |
Apprendre à comparer deux formes de la description: * dans un texte de fiction * dans un texte scientifique. (v. p. ex. les notices sur la pieuvre dans http://www.dinosoria.com/pieuvre.htm) Quelques orientations: les choix lexicaux, l'instance de l'auteur, la construction (l'ordre de succession des informations) |
|
377
[autre forme du combat dans le
gouffre] [16]
Tel était l’être auquel, depuis quelques instants, Gilliatt appartenait. [17]
Ce monstre était l’habitant de cette grotte. Il était l’effrayant génie
du lieu. Sorte de sombre démon de l’eau. [18]
Toutes ces magnificences avaient pour centre l’horreur. [19]
Le mois d’auparavant, le jour où pour la première fois Gilliatt avait
pénétré dans la grotte, la noirceur ayant un contour, entrevue par lui dans
les plissements de l’eau secrète, c’était cette pieuvre. Elle
était là chez elle. [20] Quand Gilliatt, entrant pour la seconde fois dans cette cave à la poursuite du crabe, avait aperçu la crevasse où il avait pensé que le crabe se réfugiait, la pieuvre était dans ce trou, au guet. [21]
Se
figure-t-on cette attente ? [22] Pas un oiseau n’oserait couver, pas un oeuf n’oserait éclore, pas une fleur n’oserait s’ouvrir, pas un sein n’oserait allaiter, pas un coeur n’oserait aimer, pas un esprit n’oserait s’envoler, si l’on songeait aux sinistres patiences embusquées dans l’abîme. [23]
Gilliatt avait enfoncé son bras dans le trou ; la pieuvre l’avait happé. [24]
Elle
le tenait. [25]
Il
était la mouche de cette
araignée. [26]
Gilliatt était dans l’eau jusqu’à la ceinture, les pieds crispés sur la
rondeur des galets glissants, le bras droit étreint et assujetti par les
enroulements plats des courroies de la pieuvre, et le torse disparaissant
presque sous les replis et les croisements de ce bandage horrible. |
3. Le dénouement du combat
Du § 16 au § 29, insistance sur l'idée que Giliatt est vraiment à la merci de l'adversaire:
appartenait (§16), elle était là chez elle (§19), happé (§23), il était la mouche de cette araignée (§25) bandage (§26) enchaînait (§27), serré dans un poing démesuré (§28), resserrer (§29) constriction (§30)]
|
[27] Des huit bras de la pieuvre, trois adhéraient à la roche, cinq adhéraient à Gilliatt. De cette façon, cramponnée d’un côté au granit, de l’autre à l’homme, elle enchaînait Gilliatt au rocher. Gilliatt
avait sur lui deux cent cinquante suçoirs. [28]
Complication d’angoisse et de dégoût. être serré dans un poing démesuré
dont les doigts élastiques, longs de près d’un mètre, sont intérieurement
pleins de pustules vivantes qui vous fouillent la chair. [29] Nous l’avons dit, on ne s’arrache pas à la pieuvre. Si on l’essaie, on est plus sûrement lié. Elle ne fait que se resserrer davantage. Son effort croît en raison du vôtre. Plus de secousse produit plus de constriction. |
Comparer ces termes indiquant la nette supériorité à ceux qui décriront, dans le dénouement, l'état de la pieuvre vaincue:
un linge qui se détache, un haillon, deux tas gélatineux informes.... (§§ 50 et 51)
|
p378 [30] Gilliatt n’avait qu’une ressource, son couteau. [31]
Il n’avait de libre que la main gauche, mais on sait qu’il en usait
puissamment. On aurait pu dire de lui qu’il avait deux mains droites. [32]
Son couteau, ouvert, était dans cette main. On ne coupe pas les antennes de la
pieuvre ; c’est un cuir impossible à trancher, il glisse sous la lame ; d’ailleurs
la superposition est telle qu’une entaille à ces lanières entamerait votre
chair. [33] Le poulpe est formidable ; pourtant il y a une manière de s’en servir. Les pêcheurs de Serk la connaissent ; qui les a vus exécuter en mer de certains mouvements brusques, le sait. Les marsouins la connaissent aussi ; ils ont une façon de mordre la sèche qui lui coupe la tête. De là tous ces calmars, toutes ces sèches et tous ces poulpes sans tête qu’on rencontre au large. [34]
Le poulpe, en effet, n’est vulnérable qu’à la tête. [35]
Gilliatt ne l’ignorait point. [36]
Il n’avait jamais vu de pieuvre de cette dimension. [37] Du premier coup, il se trouvait pris par la grande espèce. Un autre se fût troublé. [38] Pour la pieuvre comme pour le taureau il y a un moment qu’il faut saisir ; c’est l’instant où le taureau baisse le cou, c’est l’instant où la pieuvre avance la tête ; instant rapide. Qui manque ce joint est perdu. [39]
Tout ce que nous venons de dire n’avait duré que quelques minutes. Gilliatt
pourtant sentait croître la succion des deux cent cinquante ventouses. [40]
La pieuvre est traître. Elle tâche de stupéfier d’abord sa proie. Elle
saisit, puis attend le plus qu’elle peut. [41]
Gilliatt
tenait son couteau. Les succions augmentaient. Il
regardait la pieuvre, qui le regardait. [42] Tout à coup la bête détacha du rocher sa sixième antenne, et, la lançant sur Gilliatt, tâcha de lui saisir le bras gauche. [43]
En même temps elle avança vivement la tête. Une seconde de plus, sa bouche
anus s’appliquait sur la poitrine de Gilliatt. Gilliatt, saigné au flanc, et
les deux bras garrottés, était mort. [44]
Mais
Gilliatt veillait. Guetté, il
guettait. [45]
Il évita l’antenne, et, au moment où la bête allait mordre sa poitrine, son
poing armé s’abattit sur la bête. [46] Il y eut deux convulsions en sens inverse, celle de la pieuvre et celle de Gilliatt. [47] Ce fut comme la lutte de deux éclairs. [48] Gilliatt plongea la pointe de son couteau dans la viscosité plate, et, d’un mouvement giratoire pareil à la torsion d’un coup de fouet, faisant un cercle autour des deux yeux, il arracha la tête comme on arrache une dent. |
Giliatt finira par l'emporter grâce à:
la ressource de son couteau,
une main gauche forte comme "deux mains droites",
sa connaissance de l'ennemi (§38: il sait quel est "le moment qu'il faut saisir"; § 34: "le poulpe n'est vulnérable qu'à la tête")
et surtout son savoir-faire, l'habileté et la précision du geste décisif:
[§48: d’un mouvement giratoire (...) il arracha la tête comme on arrache une dent)].
Bref, des atouts présentés en ordre croissant de qualité:
* l'outil,
* la force physique
* la maîtrise de soi
(§37: "un autre se fût troublé"),
mise en valeur par un raccourci saisissant: § 44: "Guetté, il guettait", opposition passif / actif, dominé / dominant.
* le savoir,
* le savoir-faire.
|
p379 [49] Ce fut fini. [50] Toute la bête tomba. Cela ressembla à un linge qui se détache. La pompe aspirante détruite, le vide se défit. Les quatre cents ventouses lâchèrent à la fois le rocher et l’homme. Ce haillon coula au fond de l’eau. [51] Gilliatt, haletant du combat, put apercevoir à ses pieds sur les galets deux tas gélatineux informes, la tête d’un côté, le reste de l’autre. Nous disons le reste, car on ne pourrait dire le corps. [52] Gilliatt toutefois, craignant quelque reprise convulsive de l’agonie, recula hors de la portée des tentacules. [53] Mais la bête était bien morte. [54] Gilliatt referma son couteau. |
linge qui se détache haillon deux tas gélatineux informes: à comparer aux expressions du début (du §16 au §29) pour décrire la force impressionnante de la pieuvre! Cette fois, c'est la pieuvre qui est à la merci de Giliatt. |
La lecture expressive
qui suit l'analyse permet à l'élève-lecteur de rendre compte de sa compréhension du récit (exprimer l'étrange, l'horreur, l'énormité de l'obstacle, la force et l'adresse du marin combattant); le professeur propose à l'auditoire des condisciples d'ajuster au besoin la théâtralité de la lecture par le ton ou l'intensité de la voix, par le rythme, voire par la mimique et la gestuelle.
(Ce débat entre pairs est une forme - toujours efficace - d'interévaluation.)
début pieuvre * sommaire/édito 124
Écrire à la manière de...
Chacun est invité à écrire un texte d'une quinzaine de lignes, où il mettra en avant les perceptions sonores, visuelles, tactiles... dans le récit d'une expérience vécue ou d'une aventure imaginaire, par exemple:
Une marche nocturne au cours d'un camp de jeunes en pleine nature
Un orage en montagne
Un raid dans la forêt amazonienne
Observons l'essai de Florentin W.
Un orage en montagne Tout à coup, j'entendis un bruit sourd qui [déclencha] provoqua en moi une peur indescriptible. Une pluie froide et violente se mit à tomber. Sans perdre une minute, je courus [pour] rejoindre le chalet. Un instant plus tard, je me rendis compte que mes parents et ma petite soeur ne m'avaient pas suivi; ils avaient disparu. J'étais seul, trempé, désorienté, effrayé. Le tonnerre grondait et résonnait, les éclairs zébraient le ciel. La foudre s'abattit sur une dizaine de conifères qui s'enflammèrent immédiatement. Le feu se propagea rapidement. La fumée m'aveuglait, m'étouffait. La panique s'emparait progressivement de moi quand j'aperçus un hélicoptère de l'armée. Pour signaler ma présence, je composai à l'aide de ma lampe de poche le code S.O.S. comme mon père me l'avait appris quelques jours auparavant. Les militaires me repérèrent et amorcèrent leur descente. Mais il était trop tard... Mes poumons brûlaient, ma gorge était sèche, je perdis connaissance. Quand je rouvris les yeux, j'étais à l'hôpital et mes parents veillaient à côté de mon lit inconfortable. Florentin |
Pour une lecture en classe... Questions à l'auteur: Tu as écrit tout seul? "Oui, le temps d'une fourche" [c'est du belge: étude surveillée entre deux cours]. C'est du vécu? "Peut-être; mais ça me plaît d'imaginer!" Nous observons: * j'entendis, provoqua, se mit à... j'étais seul, grondait, résonnait... Passés simples et imparfaits combinés à bon escient (ou plus-que-parfaits) * j'étais seul, trempé, désorienté, effrayé (...) il était trop tard, mes poumons brûlaient, ma gorge était sèche, je perdis connaissance Deux fois quatre informations en peu de mots: identifions le procédé grammatical!
(Florentin écrit l'un au-dessus de l'autre déclencha et provoqua; plus loin il met pour entre parenthèses) Débat capital, entre enseignants: d'où vient le savoir-faire langagier de nos élèves?: 'gammes' répétées? théorie mémorisée? ou pratique personnelle de lecture - ou d'écoute - fréquente de récits d'auteurs? |
Dans les médias: Portraits brefs de gens en place
Documents bruts et propositions pour lire/écrire, 2e & 3e degrés
Une galerie de 24 portraits * Sportives, sportifs * Artistes, écrivains * Politicien(ne)s * Petite boîte à outils pour des réécritures
Pourquoi choisir des portraits brefs? Pourquoi les avoir choisis dans les médias?
* La première réponse - trop facile peut-être - est qu'un choix de textes brefs permet en peu de pages une galerie plus abondante et variée, de proposer un large corpus ouvert au libre choix de l'enseignant qui adaptera sa sélection au niveau et aux intérêts de ses élèves.
* Plus sérieusement, le genre particulier du portrait bref nous intéresse parce que la concision y va le plus souvent de pair avec la densité de l'information; il tient du croquis où quelques traits suffisent pour exprimer l'essentiel d'un personnage.
* C'est particulièrement vrai dans les médias - presse, radio, télévision - où le portrait sert au mieux leur intention de retenir l'intérêt du lecteur-auditeur-spectateur, de le séduire, de lui proposer - ou imposer... - un certain regard, un certain jugement sur l'événement, sur les acteurs de l'événement. Par sa concision, le portrait bref peut cerner l'essentiel...; il peut aussi - d'un "trait" - préférer l'apparence à la réalité du personnage, ou même déconsidérer celui-ci (le trait peut alors être une flèche empoisonnée). Bref, le portrait bref est un lieu idéologique!
Notre galerie
Elio Di Rupo, PS, Louis Michel, MR, Belgique |
Daniel Constantini, entraîneur de l'équipe de France de handball | Elio Di Rupo, PS, Belgique [bis] |
Frank Vandenbroucke, coureur cycliste | Pierre Perret, chanteur et poète | Yahya al-Bishri, couturier saoudien |
Tony Blair, premier ministre UK | Yves Leterme, président du parti flamand CD&V | Alain Van der Biest, PS, Belgique |
Justin Gatlin, recordman du 100m | Alain Robbe-Grillet, écrivain | Paco Rabanne, couturier et gourou |
Mario Cipollini et Alessandro Petacchi, coureurs cyclistes | Louis Michel, commissaire européen [bis] | Bernard Kouchner, PS, France |
Fabien Barthez, gardien de but de football | Ségolène Royal | Pierluigi Collini, arbitre de football |
Murielle Sarkany, championne du monde d'escalade en salle | Baltasar Gracian, jésuite et écrivain, 17e siècle | Les Bronzés de 2006 |
Lionel Jospin, PS, France | Georges W. Bush, président des USA | Marco Pantani, coureur cycliste |
Sportives et sportifs
Daniel Constantini, entraîneur de l'équipe de France de handball.
Hommage lui est rendu dans le JT de 20 h, France 2, 31.01.2001
Oscar de la persévérance César de l'humilité |
Juxtaposition de groupes nominaux: effet de concision. Référence aux stars confirmées du cinéma avec de surcroît la rime intérieure. Mais D. C. ne 'fait pas la star': efficace, mais discret. Cela justifie l'éloge. |
Frank Van den Broucke, coureur cycliste, inculpé le 28.02.2002 pour détention de produits dopants
Titre et chapeau de l'article de Didier Malempré, dans L'Avenir du Luxembourg, 01.03.2002, p. 1
La fin du Frank Interpellé, interrogé, menotté, inculpé, licencié puis rendu à ses avocats et ses psychologues! |
* Titre à double entente! Ce 1er mars 2002 à minuit, le franc belge cède définitivement la place à l'euro. Clin d'oeil au connaisseur! * Juxtaposition de six participes passés, comme en rafale. * Avocats & psychologues... l'intéressé est livré à la justice et à la psychiatrie. |
Marco Pantani, coureur cycliste
Ancien coureur cycliste, vainqueur du Giro, du Tour de France, impliqué naguère dans une affaire de dopage... Trouvé mort le 14.02.2004 dans un hôtel à Rimini. Titre surplombant le grande photo du coureur, dans La Libre Belgique, du 16.02.2004, p. 1.
Marco Pantani |
Hommage funèbre, sous forme de biographie-portrait par juxtaposition de trois adjectifs de couleur: deux victoires puis la drogue fatale. Triste drapeau sur la dépouille! |
Mario
Cipollini et Alessandro Petacchi, coureurs cyclistes
Manuel Jousse, au journal parlé de 13h du 08.07.2004, commente l'abandon de ces deux coureurs au Tour de France.
On raye les noms de deux ténors italiens non partants: Mario Cipollini et Alessandro Petacchi, l'ancien et le moderne, l'égoïste et l'altruiste, l'excentrique et le timide. | Un diptyque: quatre groupe nominaux juxtaposés et de même structure ("N et N"), trois couples d'antonymes. Grammaire et lexique mis à profit pour distinguer les deux sportifs |
Fabien
Barthez, gardien de but de football
Il est accueilli par des sifflets avant le match Lille-Marseille. Quelques jours
auparavant, il a craché sur l'arbitre de nationalité marocaine. Commentaire
d'un journaliste de FR2 au JT de 13h du 24.04.2005:
Imperturbable sous les sifflets: du Barthez tout craché! |
Le comportement du sportif est mis en relief par détachement de imperturbable... puis par l'allusion finale où se conjuguent sens propre et sens figuré |
Justin
Gatlin, recordman du 100m
Recordman du 100m en 2005
(Rome en juillet, Helsinki, en août), il cultive son image... un peu à
prix d'argent et de combines! Surtitre et titre d'un article d'Alain Léauthier
(connaisseur en affaires judiciaires) dans Libération du 24.09.2005:
Justin Gatlin, 23 ans, américain. Le
sprinteur le plus rapide des derniers championnats du monde court après
la gloire et, un peu, après l'argent. T'as pas 100 mètres? |
Portrait élogieux, sauf en fin de... piste, par l'astuce d'un litote (un peu...)d'un zeugma qui associe défendable et indéfendable. |
Pierluigi Collini, arbitre italien
Il met un terme à sa carrière. Evocation par Jean-Claude MATGEN, La Libre Belgique, 20.06.2005, p.19. Titre:
Pierluigi Collini, le divin chauve, a rangé son sifflet d'or | Divin... sifflet d'or: deux hyperboles pour célébrer ce maître des stades. "sifflet d'or" évoque la "valeur" de l'arbitre... peut-être aussi de sa fortune. Insinuation? |
Murielle
Sarkany, Belge, championne du monde d'escalade en salle
RTBF, JT de 19h30, 21.11.2001.
On l'appelle l'Eddy Merckx de l'escalade en salle | Cette structure est fréquente (le Mozart du rap, le Breughel du graffiti, la Callas du fado, l'Archimède de la physique quantique...), dans l'éloge comme dans la dérision. |
début portraits * sommaire et édito 124
Artistes, écrivains
Pierre Perret, chanteur et poète
Gilles TOUSSAINT, dans La Libre Belgique du 02.01.2003, p. 33 (c'est la légende sous la photo de l'artiste):
Chanteur bien sûr, mais aussi ajusteur de belles lettres, rémouleur d'adjectifs et... simplificateur de formulaires administratifs. |
Equiivalence de son - 4 rimes en -eur - et de sens - 4 métiers: Pierre Perret excelle dans chacun. (L'intéressé fait partie d'un groupe chargé de simplifier les formulaires administratifs.). |
Alain Robbe-Grillet élu le 25.03.2004 à l'Académie française, au fauteuil de Maurice Rheims.
Jérôme GARCIN, dans Le Nouvel Observateur du 15.04.2004, commente l'événement. Début de l'article
Ainsi donc, Alain Robbe-Grillet, dont la femme, Jeanne de Berg, auteur de romans sadomasos, aime tant à se travestir, a-t-il décidé, sur le tard et à son tour, de se déguiser en académicien français. Le masque et les plumes: voici un couple qui, même le jour du carnaval, ne passera pas inaperçu sur le Pont des Arts. |
Le journaliste, excellent critique littéraire, joue avec le champ lexical du 'paraître': se travestir, se déguiser, masque, plumes, ne pas passer inaperçu; remaniant au passage le nom de son émission Le masque et la plume, sur France Inter |
Il faut savoir que cet écrivain répugne à être
reçu dans ladite Académie, à porter un habit vert qu'il trouve ridicule, à
écrire un discours de réception - lui qui préférerait l'improviser. La
presse ne manquera pas de brocarder les caprices de l'octogénaire.
Yahya
al-Bishri, couturier saoudien
Christophe AYAD, dans Libération, 23.02.2005. Surtitre et titre.
Yahya al-Bishri, 42 ans, couturier saoudien. Peu prophète en son pays, il détourne
les tenues traditionnelles avec un style kitsch, sexy et orientaliste. Chic pétrolier |
Le mot prophète (mis en évidence par antéposition) : sa résonance particulière dans la culture musulmane, et aussi son sens courant: 'créatif', 'non conforme' (détourne les tenues traditionnelles..., sexy...) Donc il surprend! D'où le jeu allusif du mot chic (voisin de choc, évoquant la crise survenue vers 1970: beau clin d'oeil au connaisseur! |
Baltasar
Gracian, jésuite et écrivain, 17e siècle
Philippe SOLLERS, dans Le Nouvel
Observateur, 03.11.2005, présente cet écrivain espagnol (1601-1658) et son
livre qui vient d'être réédité (Traités politiques, esthétiques,
éthiques, trad. introd. et annot. Benito Pelegrin, Paris, Seuil, 2005.)
Titre de l'article. Extrait.
Sacré Jésuite. [Jamais l'espagnol, comme langue, n'est allé jusqu'à une telle splendeur.] Concentration, concision, multiplicité des points de vue, intelligence, spirales, renversements, voltes, tout se passe comme si Dieu, qu'on a voulu cadrer, simplifier, asservir, canaliser, et, en somme, embourgeoiser, ressurgissait dans sa dimension insaisissable, incompréhensible, libre, infinie, aristocratique. |
Jeu d'accumulation: 7 noms sujets, 5 verbes (compléments de a voulu), 5 épithètes de dimension. Serait-ce un pastiche du style de Gracian? Portrait d'un écrivain à travers le portrait (et l'imitation?) d'une écriture. |
Les Bronzés * Janvier 2006, sortie
de leur nouveau film, Les bronzés sont de retour, avec
Jugnot, Clavier, Chazel, Lhermitte, Balasko et Blanc. François Forestier, dans Le Nouvel Observateur du 26.01.2006,
présente le film. Titre. Début de l'article.
La
bombe à comique Ah, les cons ! Ils sont pires qu'avant : mous du bide, va-de-la-gueule, bêtes comme des valises sans poignées. |
Commutation [atomique / à comique]: procédé fréquent dans le titre satirique [v. supra chic pétrolier] De comique à cons, il y a parenté de graphie et de sens. Choix d'un lexique familier, de l'oral populaire: cons, bide, gueule, bêtes comme... |
.
Paco Rabanne, couturier et gourou.
[A propos de la prédiction de fin du monde lors de l'éclipse du 11.08.99 par ce célèbre "couturier métal"] Patrice LESTROHAN, dans Le Canard enchaîné 11.08.99, p. 7. Titre. Sous-Titre (lignes 2 et suivantes):.
Paco Rabanne: le messie à métaux Le couturier adepte du métal Le messianique couturier métallurgique Notre mage du prêt-à-prédire Habilleur barbarellien de Bardot, Birkin et Jane Fonda Le couturier illuminé Notre Nostra-Abuse |
Sept périphrases en cascade pour épingler la prétention du gourou (mage, illuminé, messie, messianique) et le goût (douteux?) du couturier (métal, métaux, métallurgique). Jeu néologique (messie à métaux, prêt-à-prédire, barbarellien, Nostra-Abuse), avec allusion à des personnages réels ou fictifs (Barbarella, Nostradamus, Docteur Mabuse). |
début portraits * sommaire et édito 124
Ces gens de la politique et du pouvoir
Elio Di Rupo, PS, et Louis Michel, MR, Belgique
Catherine ERNENS, dans L'Avenir du Luxembourg, 19.05.2004, p. 2. Surtitre. Titre
Duel en
Wallonie * Di
Rupo-Michel Pipe en bois contre noeud pap' en soie |
Bientôt les élections. Deux ténors s'opposent, croqués par deux périphrases avec similitude de structure et de rime [wa], plus l'allitération [5 labiales]. Le portrait ne cerne que l'apparence: insinue-t-on par là que celle-ci l'emporte sur le fond? Plaire ou convaincre? |
Elio Di Rupo [bis], Président du PS. Fernand LETIST, dans Le Soir, 06.09.2003, p. 39. Début du chapeau de l'article:
Elio Di Rupo est très internet, plutôt presse écrite et un peu télé. |
Dégradé de 3 adverbes dans une structure de plus en plus à la mode: adverbe + nom (style branché). Ici encore, se questionner sur la figuration en politique. |
Louis Michel [bis], commissaire européen, La Libre Belgique du 13.09.2004, p. 11, lui consacre deux pages signées Paul Piret, sous le titre La politique coups de gueule. Chapeau de l'article:
Louis
Michel, 57 ans depuis 10 jours, devient dès ce lundi commissaire européen
en terminant le mandat de Philippe Busquin. |
Variation de forme - et de graphie - entre la première phrase et ce qui suit:: d'une information objective, officielle, on passe à un regard plus personnel du journaliste condensé en quatre adjectifs. Valeur de vérité de ce regard? La politique joue sur la séduction; la presse aussi! |
Lionel Jospin, en perte de vitesse, à l'approche des législatives du printemps 2002. Article de Bernard Delattre dans La Libre Belgique, 22.11.2001, p. 5. Légende de la photo de L. Jospin:
Défoncé par son bilan, défié par la police, sollicité par la justice. | Triple allusion: bilan gouvernemental décevant, manifs répétées de policiers, citation en justice dans l'affaire Lestrade. Equivalence de structure (3 fois p. passé + gr. nominal), de champ lexical (idée négative) |
George W. Bush, Président des USA
* Philippe PAQUET, La Libre Belgique, 12.03.2003, p. 1.[Sous la photo de Georges W. Bush, brève présentation du personnage, annonce des articles en pages intérieures:]
(...) nous nous sommes rendus dans ce Texas profond (...) pour mieux cerner cette personnalité façonnée par la Bible et par le pétrole (...) |
Le zeugma Bible-pétrole condense le fondamentalisme religieux (la 'Bible à la lettre', le rejet d'une lecture ouverte, le patriotisme coloré de religiosité), la domination d'un clan de magnats de l'or noir. |
* Divers médias, printemps 2001, évoquent l'opposition de George W. Bush, Président des U.S.A., au Traité de Kyoto pour la protection de l'environnement, par la périphrase suivante:
Le texan toxique |
Jeu sur le son (allitération [t] [k]) et sur le sens: appliquer à un humain un adjectif (d'ailleurs peu flatteur) appliqué d'ordinaire à un produit chimique. |
Ségolène Royal, PS, France: possible candidate à l'élection présidentielle de 2007.
[Titre à la une dans Le Canard enchaîné du 21.12.2005.
Ségolène, la dame aux caméras | Désigné par le prénom, le personnage est perçu autrement. Réemploi d'un titre célébrissime, assorti d'une insinuation: la dame élégante comme 'celle aux camélias' mais devenue spectacle.. |
Tony Blair premier ministre, Gréande-Bretagne
Sa position après la guerre en Irak est analysée par Françoise Nice, au journal parlé de 13h de la RTBF, le 28.04.2003
Combatif, reposé, Tony Blair a l'allure d'un quinqua requinqué, écrit le Financial Times; il a passé le cap de la guerre, sa cote de popularité a remonté; mais on verra, jeudi, lors des élections locales et régionales, si les électeurs ne l'attendent pas sur le front intérieur. |
Cela bascule à partir de mais: passage de l'euphorie (santé, dynamisme, popularité) à la perspective d'un lendemain moins chantant. Du front de l'Irak au front intérieur. Combatif, certes, s'agissant de l'Irak, mais quid, bientôt, sur l'autre front? La forme allitérative quinqua requinqué est habile mais déjà attestée dans Le temps (quotidien suisse) du 15 mai 1999 (article de Marie-Claude Martin sur Glaude Goupil, cinéaste, intitulé :" Autoportraiot complaisant d'un quinqua requinqué. . |
Yves Leterme, nouveau président du parti flamand CD&V
Paul PIRET le présente dans La Libre Belgique, 30.06.2003, p. 4. Article intitulé Un nouveau profil de ministrable
(...) Il n'a pas la truculence brute d'un Dehaene, la détermination froide d'un Van Rompuy, la brutalité maligne d'un Van den Brande, l'opiniâtreté besogneuse d'un Van Parys... Mais ce serait lui faire injure que de le décrire en creux. | Procédé courant dans le portrait politique: souligner les différences avec d'autres présidentiables. Quatre fois la même structure pour mieux cerner les contrastes. Le mot mais amorce plutôt l'éloge que le blâme ou la méfiance. |
Alain Van der Biest, PS, Belgique
Bientôt le procès de l'assassinat du ministre socialiste André Cools, dont Alain Van Der Biest est soupçonné d'avoir été le commanditaire; celui-ci s'est suicidé... R. P., dans La Libre Belgique, 16.10.2003, p. 18. Article évoquant le disparu. Titre et chapeau.
L'intelligence et la
bouteille |
L'oxymore du titre (valeur vs déchéance) est ensuite développé: l'éloge avec l'effet oratoire de la répétition de brillant; puis, brève, très brève, la défiguration! Et encore un oxymore final homme fort... enfoncé! [Grâce-Hollogne, commune de la périphérie liégeoise dont A. Van der Biest fut bourgmestre]. |
Bernard Kouchner, PS, France
Extrait de l'article d'Alain DUHAMEL intitulé Le paradoxe Kouchner, un allié-importun, paru dans Libération, 14.12.2005.
Il est trop novateur pour être discipliné, trop téméraire pour savoir s'arrêter, trop populaire pour n'être pas personnel, trop passionné pour ne pas être susceptible et ombrageux, trop éloquent pour être prudent, trop admiré pour ne pas être narcissique. | Procédé grammatical efficace pour marquer - à six reprises - les contrastes de l'homme politique |
début portraits * sommaire et édito 124
Petite boîte à outils pour des réécritures
Travailler sur la structure
Oscar de la persévérance [D. Constantini] |
Défoncé par son bilan, défié par la police, sollicité par la justice. [Jospin] |
(...) ajusteur de belles lettres, rémouleur d'adjectifs et... simplificateur de formulaires (...) [P. Perret] |
L'ancien et le moderne, l'égoïste et l'altruiste, l'excentrique et le timide. [M. Cipollini et A. Petacchi] |
* Recherchons d'autres portraits où des groupes de même moule syntaxique sont coordonnés ou juxtaposés (comme ci-dessus)
Travailler sur le sens, avec les outils du lexique
L'intelligence et la bouteille [Van der Biest] opposition: qualité vs défaut positif vs négatif
|
Interpellé, interrogé, menotté, inculpé, licencié [V. d. Broucke] même champ lexical ("rejet"...) |
truculence..., détermination..., brutalité..., opiniâtreté... [Y. Leterme] même champ lexical ("qualité humaine") |
façonné par la Bible et le pétrole [G. W. Bush] zeugma: procédé à la fois lexical (2 domaines très différents) et syntaxique (groupes de même fonction) |
Travailler sur le son et sur le rythme
quinqua [T. Blair] noeud pap' [E. Di Rupo] Registre familier par l'apocope |
Chic pétrolier [Yahya Al Bishri] le masque et les plumes [Grillet] Réécriture par commutation de phonème |
le texan toxique quinqua requinqué Allitération (plusieurs fois le même phonème) |
truculent/boulimique/colérique l'intelligence / et la bouteille Des groupes de même rythme (3x3, 2x4) |
Travailler sur le registre de parole:
Réécrire sur un autre registre, par exemple, le portrait des Bronzés (Ah! les cons...)
Employer certaines figures de style. Par exemple:
Pipe en bois contre noeud pap' en soie [Di Rupo, Louis Michel] Métonymie: une partie pour le tout |
court après la gloire et après l'argent [Gatlin] Zeugma: "attelage" de noms référant à des domaines différents (origine de ce mot?) |
Oscar de la persévérance [D. Constantini] Divin chauve [P. Collini] Dans le contexte, cela tient de l'hyperbole, procédé fréquent dans le reportage sportif |
Du Barthez tout craché (allusion et satire) |
bêtes comme des valises sans poignées [Bronzés] comparaison (proche de la métaphore) |
la dame aux caméras [S. Royal] le masque et les plumes [A. Robbe-Grillet] réécriture, pastiche, allusion... |
Six propositions pour écrire
1/ Ou bien chacun choisit un personnage de l'actualité (acteur, cinéaste, sportif, homme politique...) censé être suffisamment connu des condisciples. - Ou bien on se met d'accord pour faire le portrait d'un même personnage.
2/ Dans le premier cas, l'auteur peut ne pas donner le nom de son personnage, mais proposer cependant assez d'indices pour le faire découvrir (préférer donc la nuance, l'allusion, à ce qui serait trop évident)
3/ Même satirique, le portrait ne peut tourner à l'insulte! Ici, encore: nuance et discrétion.
4/ L'écrit ne peut dépasser 60 mots: à titre indicatif, celui d'A. Robbe-Grillet en compte 60! Une prime à la brièveté.
5/ Chacun lit son texte devant la classe. Celle-ci reconnaît ou non le personnage... Discussion: "c'est trop facile, c'est trop difficile d'identifier"! Et pourquoi. C'est là une démarche importante: l'analyse par des pairs!
6/ Chacun aura - au préalable - noté avec précision les procédés d'expression (plusieurs procédés figurent dans la boîte à outils ci-dessus); et rendra compte à la classe de ces moyens d'expression.
début portraits * sommaire et édito 124
Marc Devresse
Un scénario pour mieux maîtriser l'accord du participe passé,
de la 1re à la 6e
État des connaissances * Cahier d'exercices * Identifier les participes passés * Organigramme: participe passé des v. pronominaux
Un article récent d’Isabelle Gauvin dans Enjeux aborde la problématique de l’accord du participe passé. L’auteur montre que les élèves Québécois ont une conception souvent erronée de ce type d’accord. Rien de bien différent chez nous, en Belgique. Tout enseignant est en effet confronté dans sa pratique quotidienne, au cours de ses corrections, aux multiples erreurs commises par les élèves. Ce n’est pas faute pourtant d’explications, de rappels ou d’exercices qu’ils auront reçus de manière répétée tout au long de leur cursus scolaire. Mais bon, le clou est là qu’on ne parvient décidément pas à enfoncer. |
I. GAUVIN, « Conceptions d’élèves sur l’accord du participe passé au terme de la scolarité obligatoire », Enjeux, vol. 63, été 2005, pp. 97-115. |
Comme
tous, je connais cette situation, et d’autant plus que je côtoie ou ai côtoyé
des élèves faibles appartenant notamment à des filières techniques et
professionnelles. J’ai fini cependant par mettre au point un scénario
susceptible, je l’espère, d’améliorer les performances des élèves.
Isabelle Gauvin relève dans son article la nécessité – mais aussi la difficulté – de maîtriser différents types de connaissances : déclaratives, procédurales et conditionnelles. Rappelons brièvement avec Anne-Sophie Gobin que les connaissances déclaratives correspondent à la question « Quoi ?» et concernent des connaissances théoriques ou des connaissances de faits ; que les connaissances procédurales correspondent à la question « Comment ? » et concernent des séquences d’actions, et enfin que les connaissances conditionnelles correspondent aux questions « Quand ? » et « Pourquoi ? ». Traditionnellement, que fait-on ? Après avoir « expliqué », le professeur donne à l’élève la règle qu’il lui suffira d’appliquer quand le cas visé se présentera. Il vérifie par des exercices si l’élève applique correctement la règle. Autrement dit, on « travaille » les connaissances déclaratives et procédurales. Quand un exercice est réussi, on pense qu’un niveau de maîtrise est atteint. Mais plus tard, deux jours, ou deux semaines après, dans d’autres contextes, l’élève en situation de production commet à nouveau de nombreuses fautes d’accord. Les connaissances se sont évaporées. Pourquoi ? Parce que la troisième connaissance, la connaissance conditionnelle, n’a pas été travaillée. Sans elle, pas de réelle intégration. Il ne suffit pas que l’élève connaisse la règle et qu’il soit capable de l’appliquer : il faut d’abord qu’il reconnaisse une situation nécessitant la mobilisation de ces deux savoirs. Le scénario que j’ai imaginé essaie de répondre à cette nécessité. |
A.-S. GOBIN, « Pistes pour une remédiation en orthographe dans l’enseignement secondaire », Enjeux, vol 62, printemps 2005, pp. 25-45. |
Le
scénario du parcours
Voici
ce qui est proposé aux élèves :
« Vous
allez construire un cahier d’exercices portant sur l’accord du participe
passé. Les exercices que vous aurez compilés seront administrés à un
condisciple. Après avoir réalisé cet objet, vous commettrez beaucoup moins
de fautes d’accord du participe passé qu’avant. ». Cette fois, ce
sont donc les élèves qui vont créer les exercices, et cette perspective est
assez motivante pour eux.
début participe passé * sommaire/édito 124
Un état
des connaissances
Il
me parait indispensable de commencer par un exercice « classique »
comme celui-ci :
Accordez
correctement le participe passé dans les phrases suivantes :
Les
exercices que j’ai ..................... sont faciles (corriger).
La
correction permet de rappeler les règles. Etant entendu que je m’adresse à
un public faible, je m’en tiens pour l’instant aux cas dits généraux
(participe passé sans auxiliaire, avec être et avec avoir). Un exercice de
« vérification » - dont j’ai indiqué les limites plus haut- clôture
cette première séquence dont l’objectif est double : d’une part, il
s’agit de réactiver des connaissances déclaratives et procédurales,
d’autre part, il s’agit de préparer les élèves au travail qui va
suivre. Pour motiver les élèves, il est utile de leur dire combien il est
important de partir d’une bonne base commune pour réaliser tous de la même
manière le cahier d’exercices.
Une
remarque encore : on le sait d’expérience (et l’enquête
d’Isabelle Gauvin dans l’article cité le confirme) : c’est le cas
du participe passé employé avec avoir et précédé d’un complément
direct de verbe (CDV ou COD) qui fait le plus difficulté. Certains élèves
ont de réels problèmes de compréhension de la règle et de son application.
« Le pp employé avec avoir s’accorde en genre et en nombre avec le
CDV s’il est placé avant. ». Mais quand l’élève lit :
Les
exercices que j’ai corrig... sont difficiles
et
qu’il cherche le CDV, il part de difficiles, remonte la chaine de
mots pour chercher le CDV, et le trouve, mais... après (en quelque
sorte !). Oui, certains élèves en sont là... J’ai pensé que pour
ceux-là, il était utile de recourir à une visualisation de l’analyse et
de l’application de la règle. Je leur présente donc une petite animation
sous Power Point
qui prépare aussi la séquence suivante. [Les
élèves peuvent d’ailleurs compléter cette présentation en ajoutant
d’autres exemples pris dans les exercices déjà réalisés en classe.]
début participe passé * sommaire/édito 124
Les élèves vont commencer à réaliser leur cahier d’exercices.
Au
préalable, je
distribue à chaque élève un roman différent.
Leur
première tâche consiste à trouver des phrases comportant des participes
passés
et à faire une analyse en respectant la procédure expliquée dans le
document « Participe passé – Processus d’identification – Cas généraux »
qui leur est remis et qui est complété en classe :
Les phrases exemples sont complétées en soulignant le participe passé, en
entourant d’un cercle
l’auxiliaire et en reliant d’une flèche le participe et le mot qui
commande son accord. Dans les consignes de cette tâche, figure le point 4 qui
est essentiel : il est demandé aux élèves d’identifier chaque fois
de manière précise quel cas ils ont rencontré. Comme on le constate, cinq
cas peuvent se présenter (1, 2, 3.1, 3.2, et 3.3). Quand un élève a trouvé
dix participe passés, les a analysés et identifiés, il remet son travail au
professeur pour une validation. Je découvre encore de trop nombreuses
erreurs, qui sont corrigées. Certains élèves confondent la nature des mots :
certains adjectifs deviennent des participes passés. Quelques (re)mises au
point s’avèrent nécessaires.
Avec
vingt élèves, le professeur disposera donc de 200 participes passés.
C’est
lors de cette séquence que les élèves travaillent la connaissance
conditionnelle.
On voit bien que souvent ils hésitent : « Tel mot est-il bien un
participe passé ? Comment puis-je m’en assurer ? » Le
professeur viendra en aide en circulant entre les bancs. On le voit, le scénario
essaie d’intégrer de manière dynamique les trois connaissances.
Séquence
3. Mise en forme du cahier d’exercices.
Une
fois corrigé et validé par le professeur, le document réalisé lors
de la séquence précédente va être utilisé de la manière suivante : L’élève recopie sur une autre feuille les phrase trouvées, sans analyse bien sûr, et en remplaçant le participe passé par l’infinitif correspondant : |
Je demande, quand c’est possible, un encodage avec un traitement de texte, pour des raisons évidentes de propreté et d’exploitations postérieures. Un programme de base de données permettra aussi au professeur de constituer une banque de phrases permettant de générer des exercices. |
Les
efforts que nous avons ................... ont été stériles.
(faire)
Ce
travail effectué, les élèves peuvent s’échanger les exercices.
L’autocorrection est possible avec la feuille d’analyse.
Séquence
4
On
peut augmenter la difficulté en faisant varier la recherche de phrases, par
exemple en demandant aux élèves de ne chercher que des cas où le participe
passé est utilisé avec le verbe avoir.
Appliquer le même scénario au cas des verbes pronominaux
J’ai
imaginé une sorte d’organigramme (voir ci-dessous) qui guide l’élève
dans son travail d’analyse et me permet lors d’exercices de vérifier si
l’élève ne s’est pas trompé. Le principe est d’avancer pas à pas en
ne posant qu’une question à la fois et en partant du cas le plus facile.
début participe passé * sommaire/édito 124
Participes
passés - Procédure d’identification – Cas généraux
Vous lisez un roman, peu importe lequel.
Liste numérotée des
cas généraux :
Cas N° 1 :. p.p.
employé sans auxiliaire
Que l'on recueille les enfants abandonnés.
Cas N° 2. : participe
passé conjugué avec être (à l'exception du cas particulier des verbes
pronominaux).
Vos raisons seront admises.
Cas N°3.1. : p.p.
conjugué avec avoir sans COD.
Elles ont menti à Pierre.
Cas N°3.2. : p.p. conjugué avec avoir et avec un
COD derrière.
Nous avons fait des efforts. J'avais prévu ses malheurs.
Cas N°3.3 : p.p. conjugué avec avoir et un COD
devant.
Les efforts que nous avons faits ont été stériles.
Remarque : pour trouver le COD, reprenez la partie de la phrase où se trouve le participe, commencez par le sujet, verbe, puis posez la question qui/quoi ?
Nous avons fait quoi ? des efforts
Accord des verbes pronominaux
Le verbe existe-t-il sans pronom?
Accord avec le COD Elle s'est levée tôt. Cette voiture, il se l'est procurée en Italie. Cas n° 3 |
Pas d'accord Elle s'est acheté cette voiture en Italie
Cas n° 4 |
Pas d'accord Les jours se sont succédé sans joie.
Cas n° 5 |
Accord avec le sujet Elle s'est aperçue de son erreur.
Cas n° 6 |
Attention:
* SE RIRE, SE PLAIRE, SE COMPLAIRE, SE COMPLAIRE ne s'accordent jamais.
* Un conseil: pour trouver plus facilement le COD dans la phrase, remplacez être par avoir, et - alors seulement - posez la question QUI/QUOI.
début participe passé * sommaire/édito 124
Approche
du texte informatif au 1er degré.
Récit
de Jean-Luc Léonard, IND, Arlon
référence correcte * survol * titres et questionnement * intertitres * paragraphes * conclusion et contact
Dans le
cadre d'une séquence sur "le conte et le merveilleux", mes élèves
ont été amenés à devoir exploiter un texte informatif à travers un dossier
: Il était une fois… le conte dans le magazine Virgule, Ed. Faton, Dijon,
n° 25, déc.2005, pp. 27-34
[Le magazine "Virgule" est un mensuel de français et de littérature pour les 10/15 ans. 5,50 €, abonnement : 53 € chez Tondeur Diffusion, Bruxelles. Email : press@tondeur.be, pour la Belgique. On le trouve également au numéro dans certaines librairies. Site Internet : http://www.vigule-mag.com ]
L'opportunité
de "comment aborder un texte/document informatif" s'est donc présentée.
Il fallait alors déterminer les différentes étapes qui permettent d'exploiter
n'importe quel texte informatif (explicatif, descriptif).
Première étape : observer ou rédiger la référence correcte de l'article
Elle
permet de déterminer la provenance, le public visé, la date, le sérieux des
infos…
Ainsi, le mensuel "Virgule", qui vise un public jeune (les 10-15 ans) qui est attiré par ce qui touche le français et la littérature ne peut pas se permettre de donner des informations erronées. De plus, ses dossiers (et articles) sont très récents et doivent rester compréhensibles et intéressants pour le public visé.
(Je tiens à signaler que je prends personnellement
beaucoup de plaisir à lire tous les mois ce magazine et que, grâce à lui,
j'apprends encore beaucoup de choses, même si j'ai 35 ans de plus que le public
visé.)
début
T informatif * sommaire & édito 124
Deuxième
étape : le «SURVOL»
Avant de
commencer à lire le texte, le "survol" permet de se faire une
idée de l'article qu'on va/veut exploiter. Il consiste à repérer tous les éléments
visuels :
-
le titre,
surtitre, sous-titre, chapeau, intertitres
-
les
paragraphes, la mise en colonnes (pourquoi des colonnes ?)
-
la typographie
: polices différentes, gras, souligné, italique, taille, surlignement…
-
l'iconographie
: photo, dessin, illustration, caricature… + les légendes
-
l'infographie :
schéma, plan, carte…
-
les encadrés
(dans ou hors du texte)
-
les notes en
bas de page
-
le nombre de
pages
-
…
Cette opération
se fait généralement rapidement et mentalement mais quand on aborde le texte
informatif, il est utile de demander aux élèves de repérer et de noter sur
une feuille les différents éléments que l'on retrouve dans l'article à
exploiter.
-
Se poser des
questions (qui, quoi, quand, où, comment, pour quoi, pourquoi…).
-
Reprendre
toutes les réponses aux questions et rédiger une phrase qui reprend les
informations trouvées. (Il n'y a pas toujours une réponse à chaque question
!)
Exemple
tiré d'un autre dossier GAILLARD, R., Les sorcières dans magazine
"Virgule", n° 12, oct. 2004, pp. 20-29
début T informatif * sommaire & édito 124
Titre
: Sorcières.
Chapeau
: "Et les sorciers, alors ? Pourquoi parler ici de sorcières, et non de
sorciers ? Parce que, traditionnellement, en Europe, la sorcellerie est avant
tout une affaire de femmes. Entre la fin du Moyen Age et la fin du XVII° siècle,
des milliers de personnes ont été accusées de pratiquer la sorcellerie
et brûlées vives sur des bûchers. Parmi ces victimes, il y eut bien quelques
hommes, mais très peu; presque toutes étaient des femmes."
Qui
? les sorcières (au féminin), des milliers de personnes
Quoi
? brûlées vives sur des bûchers
Quand
? fin du M-A à fin XVII° s.
Où
? en Europe
Pourquoi
? pratiquer la
sorcellerie
Quatrième
étape : les intertitres
Il est
intéressant de reprendre également les intertitres et de voir la progression
des informations. Il faut néanmoins attirer l'attention sur le fait que, dans
certains articles, les intertitres ne sont pas nécessairement des "titres
de paragraphe" mais parfois des phrases tirées du texte qui servent
d'accroche.
Intertitres
du dossier "Sorcières !" :
(Introduction)
-
D'abord, il
y eut les grandes magiciennes
-
Et puis Dieu
créa la femme
-
Alors vint
le temps des sages femmes
-
Et le diable
transforma les sages femmes en sorcières
-
Deux siècles
de chasse aux sorcières, c'est long
On peut
remarquer la progression de ces intertitres en attirant l'attention sur les
"indicateurs temporels" : d'abord, et puis, alors, et, deux siècles.
Il serait intéressant de rechercher d'autres indicateurs temporels possibles : ensuite,
après, enfin, à présent …
Ces
indicateurs devront également être repérés lors de la lecture de l'article.
Intertitres du dossier "Le conte"
(Introduction)
-
Le jour où
la fève a éclaté de rire
-
Un bon feu +
un bon conte = une veillée réussie
-
Au château,
on transforme les souillons en princesses
-
Les héros
de Perrault ont la classe !
-
Au XVIII°
siècle, le conte, c'est super tendance !
-
Avec les frères
Grimm, retour aux sources du conte
-
Grève de
taxi au XX° siècle : Cendrillon doit prendre le métro !
Cinquième
étape : les paragraphes (§)
On peut,
à présent, aborder la lecture proprement dite de l'article en procédant
paragraphe par paragraphe.
Un paragraphe
est une partie de texte séparée d'un autre paragraphe par un
"interligne" plus important ou par un retour à la ligne avec ou sans
alinéa. Un paragraphe bien construit est bâti autour d'une idée principale
facile à retrouver car elle se situe normalement au début du §. Cette idée
principale est alors suivie d'idées complémentaires ou secondaires qui ont
pour fonction, selon les cas, de la développer, de la préciser, ou encore de
l'illustrer par des exemples.
Cette
deuxième catégorie indique les relations entre les idées (dans un § ou entre
les §).
Ces
relations sont de l'ordre de :
-
l'addition
(développer l'idée) : et, aussi, de même, de plus, également, quant à …
-
la précision
ou l'illustration : ainsi, c'est-à-dire, citons, notamment, par
exemple…
-
la conséquence
: ainsi, aussi, c'est pourquoi, dès lors, donc, d'où, en conséquence…
-
la cause
: car, parce que, puisque, comme, vu que …
-
l'opposition
: cependant, mais, malheureusement, néanmoins, en revanche, pourtant,
toutefois…
-
la conclusion
: ainsi, donc, en définitive, en résumé, finalement, pour conclure…
-
la ponctuation
(les ":" ) peut aussi annoncer un exemple ou une explication
Après
avoir repris les informations qui répondent à nos questions, et repéré les
mots-clés et les indicateurs textuels, il faut alors rédiger une phrase qui
rassemble les différentes informations pour chaque paragraphe.
début
T informatif * sommaire & édito 124
Questionnement !
-
Qui
? les hommes
-
Quand
? temps reculés, quand l'écriture n'existait pas, quand les récits étaient
oraux
-
Quoi
? les mythes
-
Pourquoi
? répondre aux questions angoissantes des hommes
-
Pour qui
? les hommes
-
Comment ?
par des récits légendaires
-
(Où ? dans des
contrées lointaines)
On peut
ainsi constater que les réponses au questionnement permettent ainsi de "rédiger"
l'idée principale d'un paragraphe ou d'une partie, quelque peu perdue dans les
exemples. Dans ce texte introductif, il n'y a pas de réelle présence
d'indicateurs temporels ou logiques.
-
L'élève peut
ainsi orienter sa lecture pour distinguer l'essentiel de l'accessoire.
-
Il apprend à rédiger
les idées principales avec ses propres mots sans recopier des phrases du texte.
-
Il commence à
développer les techniques de la contraction et du résumé de texte abordées
au 2ème degré.
-
Il peut aussi
confronter ses propres "réactions/rédactions" avec celles de ses
condisciples et à celle de son prof. On peut alors parler d'argumentation.
-
Il intègre
aussi petit à petit des "techniques" (des réflexes) pour aborder
n'importe quel texte informatif.
- La principale difficulté rencontrée par mes élèves est la rédaction de la
phrase correcte qui reprend l'idée principale en y insérant les différentes
informations. Je reprends alors une phrase d'un élève au tableau et nous la
retravaillons ensemble en attirant l'attention sur le fait que souvent on
commence par des compléments de P. qui indiquent le temps et le lieu. Ex. : "Au
moyen âge, dans les belles salles des châteaux, les seigneurs et châtelains découvrent
le plaisir des contes qui appartiennent aux traditions populaires. (...)
C'est ainsi l'occasion de revoir la construction des P., les différents compléments,
les expansions du nom, la ponctuation...
trois
contes d'Andersen (Le chat botté, Les fées, Riquet à la houppe)
deux contes des frères
Grimm (Le petit tailleur, Les musiciens de Brême)
(Et pour
certains contes : les schémas narratifs et actanciels + le merveilleux et ses
caractéristiques ainsi que les
notions (théorie) sur les schémas)
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Activités de langue française dans l'enseignement secondaire * Périodique trimestriel
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