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SOMMAIRE 

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Article paru dans le numéro 110 (septembre 2002) de LMDP Mise à jour 08.2017

Séquence Réalisme

Classe de 5e – ISMA, Arlon * Récit de Chantal Laffineur-Homel

Durée de la séquence : environ 8 semaines (4 périodes par semaine, la 5e étant consacrée à d’autres activités).

 

 

Contextualisation: dossier Nouvel Obs' - Eugénie Grandet, préface - Education sentimentale, incipit

* Décontextualisation : Flaubert dans l'évolution de l'écriture romanesque * Réalisme en peinture * Mme Bovary (analyse)

* Recontextualisation : réécriture en groupes * B. d'Aurevilly, Les Diaboliques * Zola, Thérèse Raquin * J. Harpman, La Plage d’Ostende

Annexe Nicole Croisille, Je m'appelle Emma

 

 

Contextualisation

 

Mise en bouche 

La lecture d’un article de Gilles Anquetil dans le Nouvel Observateur (www.nouvelobs.fr) d’août 2001, expliquant la composition et la publication de Madame Bovary.

 2.  Une préface

Balzac : préface de la 1re édition d’Eugénie Grandet

           Après une introduction à la préface en tant que genre littéraire, nous découvrons un Balzac qui parle de ces vies de province, « tranquilles à la superficie », que pas un écrivain ne tente de sonder, préférant le « simoun » parisien au « sirocco » régional. Ensuite, les élèves ont analysé les différentes causes d’une telle attitude, relevant au passage le très beau champ lexical de la peinture. Vient encore l’allusion aux aléas d’une attitude inverse. Enfin, on découvre les intentions de Balzac. Le texte se termine sur un bel exercice de style, une belle « moralité » aussi, et qui nous permet de passer à Flaubert.

 3.  Un incipit

      Analyse de la mise en place de L’Education sentimentale

    Il convient de montrer aux élèves la très longue mise en place du roman. Flaubert compose 28 paragraphes pour présenter le couple (et le mari) qui va donner le roman. Elle est significative de ses intentions. Il fait alterner des décors et des personnages. Nous l’avons subdivisée en 6 parties.

     Il est intéressant de faire remarquer aux élèves les informations historiques apportées par les descriptions : la navigation, la Seine, l’habitat de l’époque, ainsi que l’habillement tant des personnages que des voyageurs et, bien sûr, l’approche du personnage de madame Arnoux, présentée comme une Madone : « Ce fut comme une apparition » (un seul paragraphe !) Montrer aussi le personnage de Frédéric Moreau, ébloui par M. Arnoux, pourtant si « clinquant » et vulgaire, rêvant d’exotisme : « il la supposait d’origine andalouse, créole... », « Elle avait dû bien des fois... dormir dedans. »

     P. S. Il est tout aussi intéressant d’analyser ensuite l’excipit, quand Frédéric et Deslauriers font le triste bilan de leur vie ratée.

      « Et ils résumèrent leurs vies, ils l’avaient manquée tous les deux, celui qui avait rêvé l’amour, celui qui avait rêvé le pouvoir. »

      Il montre bien ce qu’est un roman de formation.  

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Décontextualisation

 1.  Note bio- et bibliographique de G. Flaubert (Internet : www.bnf.fr)

 2.  L’évolution de l’écriture romanesque au XIXe siècle (tiré d’un séminaire de Carl Kanvat à Namur)

 Ce qui caractérise l’écriture romanesque au XIXe siècle :

*   le souci de représenter de plus en plus objectivement la réalité (du Réalisme – Balzac, Stendhal – au Naturalisme – les Goncourt, Zola).

     Ceci implique :

*   une intrigue linéaire et équilibrée,

*   une voix narrative omnisciente,

*   des personnages « pleins », pourvus d’une identité, d’un caractère, etc. 

                     ce que Umberto Eco appelle l’euphorie narrative.  

 Ce qui explique cette conception de l’écriture romanesque :

 *   le développement de l’individualisme (effets de la Révolution française qui promeut l’individu – Voir la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen - ) et de l’empirisme (R. Descartes, J. Locke, D. Hume) ;

 *   le développement du scientisme (« la science est un facteur de progrès ») et du positivisme (« On peut tout ramener à des lois simples »).

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3.  Petits rappels

      1.    Les exigences du Réalisme

     Il demande d’abord que l’auteur s’efface derrière la réalité objective, qu’il se documente scrupuleusement sur cette réalité et, enfin, qu’il s’exprime dans un style sobre, soigneusement travaillé, sans abandon à l’émotion. Cette esthétique est tout à fait visible dans le récit du Nouvel Observateur.

                 Les ingrédients du roman classique

     Le roman classique, appelé aussi roman littéraire, est une œuvre de fiction assez longue qui met en scène des personnages, les fait vivre dans un espace (milieu, décor) et nous fait connaître leur vie, leurs sentiments, leur destin, leurs aventures (c’est l’intrigue). Ces trois ingrédients constituent la base du roman classique auxquels s’ajouteront le narrateur et le temps.

   La diffusion du roman

     Avant l’imprimerie, il s’agit d’une littérature orale. Son invention à la Renaissance et l’essor du capitalisme modifient les conditions de production et de lecture. Dans les bibliothèques des grands seigneurs et des riches bourgeois, on trouve des romans, tels Gargantua, Pantagruel de Rabelais ou le Don Quichotte de Cervantès.

      A partir de 1650, se développe la pratique du colportage, c’est-à-dire la vente, par des marchands ambulants, des brochures de la Bibliothèque Bleue, couvertes du papier bleu qui enveloppait les pains de sucre. Elles se répandent parmi les artisans des villes et sont destinées à la lecture à haute voix pendant les veillées. Après la Révolution, la littérature de colportage (9 millions de brochures par an) se diversifie. Les brochures à 4 sous sont achetées par les ouvriers et les paysans.

      Ce mode de diffusion disparaît vers 1880, au profit de la littérature de Kiosque. En effet, l’invention de la rotative permet de publier, dans les quotidiens à bon marché, des romans découpés en feuilletons (voir le Nouvel Obs).

      Puis, progressivement, naîtra le roman de librairie, lancé déjà par de véritables campagnes de publicité qui permettent de gros tirages (L’Assommoir, 35000 en 1877, Nana, 50000, en 1880).

 2.  De l’art romantique (Géricault) à l’impressionnisme en passant par la peinture réaliste de Courbet, Millet : découverte de diverses peintures, de l’évolution des techniques, composition, couleurs, sujets, etc. (Internet ou Cd-rom Le Louvre).

 3.  Analyse de Madame Bovary

     *     Tâche-problème : un contrôle de lecture (10 questions très simples pour vérifier la simple lecture du roman – C’est souvent nécessaire ! -)

     *     une chanson du XXe siècle : Nicole Croisille, Emma [ sur le site http://www.paroles.net/ ]

            Comparons les deux Emma, les deux intrigues !

      *       analyse de l’incipit : la personnalité de Charles, entrant en classe, annonce toute la suite, sa maladresse, sa timidité, les rires qu’elles suscitent, etc.

      *       analyse de diverses scènes

la demande en mariage est tout aussi intéressante ; Charles ne pose pas la question, c’est le père Rouault qui devine, répond à ce qui n’a pas été formulé, bien content de se débarrasser d’une fille qui ne lui sert à rien, mais qui va tout de même poser la question à sa fille et user d’un stratagème pour conforter Charles...

      le bal, c’est « tout Emma », sa vie de rêves et d’ambitions, son éblouissement devant les fastes, sa façon de danser avec son cavalier, son mépris pour Charles qui ne pourra danser, etc.

       les comices, c’est un morceau de choix, avec cette scène à un double niveau, le couple au premier étage de la mairie et les autorités se succédant à la tribune, avec ce double discours, celui de l’ordre, de la morale et du travail, mêlé à celui du rejet des conventions, de la liberté, du libertinage...

 

Site utile: http://www.zoulous.com/bovary/

   début article

Recontextualisation

1.  Tâche-problème : un travail de groupe (4-5)

    -   Emma : analyse de l’évolution du personnage (critères : psychologique, moral, physique, etc. ; contraintes : émailler le texte continu d’extraits).

 -   ses amants : idem (comparer la différence entre Léon et Rodolphe et ce qui les rapproche).

 -   les personnages secondaires : idem (viser l’entourage proche et sa place dans l’intrigue, Homais, surtout).

 -   la famille : idem (Charles bien sûr, le père Rouault, la servante et Berthe).

 -   la structure du récit : dispositions voulues par Flaubert (parties, chapitres, etc., et leur sens dans la construction de l’intrigue).

 -   la réécriture de l’incipit : Emma entre à l’école.

     Je vous livre le travail de quatre élèves : A. Evrard, J. Hanus, N. Laurent et D. Mortier.

 

« Nous étions toutes à l’étude, en train de travailler, sauf la petite peste, assise devant moi. Elle voyageait dans ses pensées qu’elle couchait sur papier, feignant une étude laborieuse. Sa robe était propre, nette, peu plissée. Ses cheveux lisses étaient retenus par une barrette dégageant son visage clair, mais quelque peu assombri par un regard chimérique. Ses lèvres fines décrivaient comme une vague attente de l’amour tant espéré.

       Une main frappa son bureau et la fit sursauter brutalement. C’était la Mère Supérieure qui l’avait surprise à écrire.

-      Qu’est-ce que cela, Mademoiselle Rouault ? On ne veut pas travailler ?

-      Si !

-      Non, on écrit des bêtises ! Donnez-moi cela !

-      Non ! Cela ne vous regarde pas ! J’ai le droit d’écrire ce que je veux !

-       Comment ? Donnez-moi cela immédiatement, Mademoiselle, et cessez de me manquer de respect !

       Elle attrapa le petit mot et le lut : « Je veux m’évader de cet endroit où je suis opprimée ; je ne peux ni lire ni écrire ce que je veux. Heureusement, j’ai mes secrets, mes rêves, mes espoirs. Je vais m’enfuir, changer de vie, rencontrer un prince qui me fera goûter tous les plaisirs que j’imagine si souvent..., me prendra dans ses... »

   La Supérieure blêmit.

-          Suivez-moi dans mon bureau !

            Emma rangea méticuleusement ses affaires, tout en défiant le regard de la religieuse.

            Pressez-vous donc, Mademoiselle, je n’ai pas que vos gamineries à traiter.

Une fois dans le bureau, Emma s’assit sans en attendre l’autorisation. La Supérieure lui jeta un regard froid tout en lui disant :

-        Mademoiselle Rouault, votre attitude provoque beaucoup de problèmes dans l’enceinte de mon établissement. Un grand nombre de vos condisciples se plaignent de vous en permanence. Hier, Béatrice vous a accusée d’avoir lancé votre serviette de bain humide sur son lit, après être passée la première à la salle de bain. Cette attitude me dépasse ! Et aujourd’hui, ce petit mot ! Mais qu’est-ce qui vous passe par la tête ?

            Emma leva les yeux au ciel.

-          Très bien ! Puisque c’est ainsi, vous êtes consignée au dortoir jusqu’à la fin de la semaine. J’espère que cela vous fera réfléchir sur votre comportement vis-à-vis de vos camarades et vous ôtera ces idées stupides.

            Emma partit vers le dortoir, mais, en chemin, elle préféra aller rêvasser sous un arbre, dans la cour des marronniers.

 

      On le voit, il s’agit d’un travail intéressant : les élèves tentent de camper le personnage d’Emma, rêveuse, romantique et déjà en marge des règles communes. Le style est à retravailler, évidemment, mais on ne s’improvise pas Flaubert du jour au lendemain...

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 2.         Une nouvelle de Barbey d’Aurevilly (1808-1889) : découverte d’un autre Réalisme...

             Il partage de nombreux points communs avec Flaubert : il est né en Normandie, a fait des études de droit, écrivit très jeune et eut aussi un succès de scandale avec Les Diaboliques. Mais il cultivait une esthétique et une morale de dandy. Son réalisme est fait d’observation et de description, cependant dans une perspective plus surnaturelle. On peut, chez lui, parler de « surnaturalisme »  littéraire. Il se manifeste, pour lui, dans la réalité la plus immédiate, dans le monde de tous les jours. Dans les Diaboliques, il faut entendre, non pas « diableries », mais des « histoires réelles de ce temps ».

     Dictionnaire Bordas de Littérature française

            Le texte est extrait de Contes cruels et s’intitule A s’y méprendre. Le narrateur qui doit se rendre à un rendez-vous d’affaires se trompe et entre dans une morgue. La description est saisissante, le lieu est en tous points pareil au café où il entre enfin. Mais Barbey d’Aurevilly termine par une morale, ce que se gardent bien de faire Flaubert, ou Zola, qui va terminer cette séquence.

début article

 

 3.  Un extrait de Thérèse Raquin d’Émile Zola : la morgue (Livre de Poche, ch. XIII, pp. 119-121)

             Il s’agit ici d’étudier la description naturaliste, l’omniprésence des sens, des odeurs, les cadavres répugnants, mais si attirants aussi (point commun avec la nouvelle précédente : la mort est un spectacle), la luxuriance du style avec ce travail sur les mots, les adjectifs surtout, la progression crescendo, pour arriver à cette phrase terrible : « La tête du noyé éclata de rire. »

 4.  Tâche-problème : un devoir d’analyse de J. Harpman, La Plage d’Ostende

             Les élèves doivent, dans un texte continu, illustré d’extraits, comparer Emma et la narratrice, Emilienne, et montrer qu’on peut parler, dans ce roman, d’anti-bovarysme. Emilienne est une amoureuse « rationnelle », elle détermine toute sa vie au lieu de la rêver, elle mène la danse, elle planifie son amour... C’est un très beau récit, avec la plume de Jacqueline Harpman dont je vous recommande, pour les sixièmes, le magnifique Moi qui n’ai pas connu les Hommes.

  début article

Chantal Laffineur-Homel

Nicole Croisille, Emma (Je m’appelle Emma) – Paroles : P. Grosz, J.P. Goussaud, 1976, © 1976, Disque Sonopresse  

[ sur le site http://www.paroles.net/ ] 

 C’était une Provinciale

Et elle s’appelait Emma

Dans la Normandie matinale

Quand les vaches ruminent déjà

Quand la brume s’étire sur les champs

Elle cachait ses yeux sous les draps

Et disait à celui qui n’était jamais là

Refrain :

 Emma, je m’appelle Emma

Et je ne sais pas

Si jamais mon cœur aimât

Aussi fort que moi

Je m’appelle Emma

Alors aime-moi

Moi Emma

 

 Les jours se déroulaient, banal

Et la radio n’existait pas

Imagine les gens qui regardent

En silence derrière les rideaux

Son mari qui l’oublie un peu

Et un jour un homme a surgi

Et enfin cet amour

Dont elle rêve quand elle dit :

  au refrain

 C’était juste un beau parleur

Représentant de commerce

Il lui offre un foulard à fleurs

Elle croit qu’il lui donne son cœur

Mais lui n’en veut qu’à son corps

Alors elle pense à la mort

Y a ceux qui l’entendent

Mais trop tard, elle dit :

 

au refrain

début article

Autre article de Chantal Homel:

Des nouvelles de... Maupassant - Synthèse des treize nouvelles suivant le Horla * 3e degré * Ouvrir

 

 

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