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JULIBEL, le français d'aujourd'hui Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
SOMMAIRE |
Numéro 128 * Mars 2007
Au sommaire 1. Découverte en étapes du roman de Jean-Claude Mourlevat, La balafre, 1er degré 2. Pari(s) gagnant: activités en classe de français autour de la préparation d'un voyage, 2e d. TQ ou TT. Avec "Ouvertures" vers d'autres horizons. 3. Variations théâtrales à l'école : complicité professeurs - élèves, du 1er au 3e degré: Dario Fo, Yourcenar, Shakespeare et alii. 4. Document brut: Courriers inattendus, parodies pour la pause-café * Signés: Hugo, Malherbe, Jules César, Mallarmé, Baudelaire, Corneille... 5. La base de données JULIBEL, observatoire du français contemporain. Mode d'emploi |
En guise d'édito
Si vous répétez, dans la recherche, ce que l'enseignement vous enseigna, vous ferez une carrière honorable dans l'Université, où l'on respecte les citations, c'est-à-dire la copie du Même. Si, au contraire, vous bifurquez, vous risquez de connaître le sort des Mendel, Semmelweis ou Boltzmann, géniaux précurseurs, méconnus et persécutés, acculés à l'ombre ou au suicide. A la génération, suivante, l'on vous vénérera, mort, comme prophétique et révolutionnaire. Même dans les inventions, la victime devient, après sa mort et son bannissement, un dieu par apothéose. Michel Serres, Récits d'humanisme, Le Pommier éd., 2006, p. 157. Semmelweis (1818-1865): plaida pour le lavage des mains après dissection d'un cadavre, avant d'effectuer un accouchement. Boltzmann (1848-1906).fut dénigré par les tenants de l’empirisme, et ceux du phénoménologisme... |
Découverte en étapes du roman de Jean-Claude MOURLEVAT:
La balafre, Pocket Junior, 1998, Illustration : Christian Heinrich
Récit de Cécile Valet, ISM, Arlon, 1er degré
Dévoiler, c'est-à-dire? * Fiche remise aux élèves * Déroulement de la lecture * Une phrase à découvrir...
* (Ré)écritures d'élèves * Proposer un titre * Présentation de la couverture * Leur avis en fin de parcours
Pour qui n'aurait pas lu... Rappel des faits (résumé par l'auteur lui-même sur son site: http://www.jcmourlevat.com/ )
Olivier, treize ans, vient d'emménager à La Goupil, un hameau perdu. Un soir, l'adolescent est attaqué par le chien des voisins qui se jette sur la grille avec une rage terrifiante. Ses parents pensent qu'il a rêvé, car la maison est abandonnée depuis des années. Olivier est le seul à croire à l'existence de l'animal, le seul à voir une petite fille jouer avec ce chien. Obsédé par ces apparitions fantomatiques, Olivier veut comprendre.
Activité de lecture - dévoilement progressif – Classe de 1re
L’activité a été suivie dans trois classes en parallèle, classes de « culture » et de « niveaux » différents …
L’objectif final a été d’emblée dit aux élèves : découvrir le titre du livre, sinon donner un titre en relation avec les éléments découverts dans le récit.
Aucun élément supplémentaire ne sera donné aux élèves durant la lecture … A eux de découvrir au fur et à mesure de la lecture des chapitres et des réponses données aux questions posées sur ceux-ci, les indices leur permettant d’avancer vers l’objectif final.
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
Lecture - Dévoilement progressif
* Avertissement
au lecteur
De quoi pourrait parler l’histoire ?
Quels sont les personnages que l’on pourrait y rencontrer ?
Est-ce une histoire vraie ?
Où se passerait l’histoire ? Ce récit vous semble-t-il d’emblée
sympathique ?
Après la lecture
de chaque chapitre, donne un titre et justifie ton choix par écrit.
* Chapitre
I
De quoi
s’agit-il ? Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi et/ou
comment ?
Quel âge a
le narrateur au moment de l’histoire ?
Quel âge a
le narrateur au moment où il raconte l’histoire ?
Qu’a-t-il eu
difficile de quitter ? Qui et quoi et pourquoi ? (donne des éléments
précis que tu trouveras dans le texte)
Qu’est-ce qui a change entre la date du départ et la date du retour à S… ? (Indique la date de départ et la date de retour – pages ?)
* Chapitres
II et III
Dessine le quartier de la nouvelle habitation ? Indique les éléments descriptifs que tu trouveras dans le texte.
Quel est le souvenir du narrateur par rapport à cette période de transition ?
* Chapitre
III
De quoi
parle ce chapitre ? Quand est-ce annoncé dans le texte ?
A l’aide des éléments relevés dans le texte, décris en 5 lignes la maison voisine à celle du narrateur ?
Comment
est le chien ? Relève tous les éléments du texte qui le décrivent.
*
Chapitre IV
Que veut dire « Ça va, je te crois … » dit par le père du narrateur ?
Pourquoi est-il indulgent avec son fils ? Est-ce une attitude responsable ?
* Chapitres
V et VI
Que va faire l’adolescent après le départ de ses parents ? Rédige une quinzaine de lignes en veillant à respecter la ponctuation et l’emploi des temps à l’indicatif, fais des phrases courtes contenant un sujet, un verbe, un cod ou/et un coi, un attribut et un seul CC.
Pages 40 et 41 à
découvrir en classe, ainsi que la chapitre VII
* Chapitre
VII
Relevons les personnages en jeu dans le livre à ce moment du récit.
* Chapitre
VIII
A ce moment
du récit, depuis combien de temps le narrateur est-il à la Goupil ?
Qu’est-ce
qui préoccupe l’adolescent ?
A qui en
a-t-il parlé jusqu’à présent ? Pourquoi ?
Durant tout
ce chapitre, quel est le sentiment dominant de l’adolescent ? Justifie ta
réponse.
* Chapitre
IX
Raconte le
cauchemar du narrateur.
Pourquoi
parle-t-il de vacances de rêve ?
* Chapitre
X
Que va découvrir le jeune homme dans le journal ?
* Chapitre
XI (à lire en classe)
D’après le
livre, comment se présentaient les journaux en 1941 ?
Que découvre
le narrateur dans les journaux ?
* Chapitre
XII
(à lire en
classe)
Donne le prénom et le nom de la petite fille, le nom du chien et le prénom du narrateur.
Quelle est
la version du professeur d’histoire ?
Cette
version est-elle suffisante pour l’adolescent ? Pourquoi ?
Dans quels
genres littéraires « voyageons-nous » ?
Est-ce une
histoire vraie ?
* Chapitre
XIII (à lire en classe)
Qu’est-ce
que la délation ?
Est-ce un
phénomène qui est encore d’actualité ? Dans ta vie de tous les jours,
ailleurs ?
Qu’en penses-tu ? Donne 4 raisons qui argumentent ton point de vue.
* Chapitre
XIV
Quand
sommes-nous dans l’année ?
Quelle est
la révolte d’Olivier à ce jour ?
Quelles sont
les pistes qu’il se propose de parcourir pour retrouver le dénonciateur ?
* Chapitre
XV
Pourquoi se
présente-t-il chez Mme Goret ?
Dans quel
état est la maison de Epstein ? Pourquoi ?
Dans quel
état psychique se trouve Olivier à ce moment du récit ? Où
est-il dans le temps et dans l’espace ? Que fait-il ?
* Chapitres
XVI et XVII
Qu’est-il réellement arrivé à la famille Epstein et à son chien ?
* Chapitre
XVIII
A quel
moment de l’année scolaire sommes-nous ? Que fait Olivier et sa
famille ?
En toute
logique, comme nous l’a annoncé l’auteur au début du récit, la période de
transition devrait se terminer maintenant. Et pourtant … il y a un
rebondissement : la balafre. D’où
vient-elle ?
Cela
correspond-t-il aux différentes hypothèses que tu as énoncées tout au long du
récit ?
Dans le
chapitre III, « la vraie vie, celle que j’avais laissée à S… », qu’a
voulu nous suggérer Olivier à ce moment du récit ? L’avais-tu alors
compris ?
Dans quel genre littéraire avons-nous « plongé » ?
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
***
L’avertissement, première page du livre, sera donné sans aucune explication.
Plongeons dans la lecture.
A partir des deux phrases, les élèves réfléchissent et répertorient des éléments que l’on pourrait découvrir dans le livre. Ce sont donc des hypothèses que nous pourrons vérifier durant la lecture. Pourtant l’élève se rend très vite compte de ses débordements imaginaires qu’il justifie par son vécu, ses précédentes lectures ou en références à des films qu’il a vus.
Les éléments qui reviennent dans chacune des classes sont
des petites filles
des chiens
des fantômes
une histoire
un hameau, La Goupil
des gens désagréables, pas ouverts
Le chapitre 1 sera lu en classe. Il est parfois nécessaire d’insister sur le fait que l’oralité peut faire prendre conscience des difficultés au niveau de lecture et de ce fait sur la question du sens.
Dans ce chapitre, l’élève sera invité à mettre en place, de façon structurée et justifiée à partir du texte, des éléments qui pourront intervenir dans l’histoire.
- Olivier quitte tout … pour un déménagement. On rentre dans une période de tumulte qui sera difficile à vivre pour le héros.
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
La phrase à découvrir :
« Une jolie cicatrice rose d’environ 1 cm de large qui prend naissance sous l’œil droit, passe sous le nez, traverse la bouche juste au milieu et va se perdre sur le menton … »
Deux classes sur trois ont l’ont découverte et l’ont surlignée, encore faudra-t-il qu’ils « aient cela à l’œil » durant toute la lecture … ce ne sera pas vraiment la cas.
Les chapitres 2 et 3 serviront à travailler la description. En effet, l’auteur décrit son nouveau quartier qui sera le centre de l’action. Les élèves seront appelés à s’imaginer le quartier en le dessinant et en comparant leur croquis avec celui de leurs voisins, ils devront justifier les éléments retenus et où ils les auront découverts dans le texte.
Aussi, dans ces chapitres, on découvrira ce qui va construire l’histoire : la maison voisine et le chien. (travail de description, mais aussi découverte de l’élément perturbateur, le chien qui fait démarrer l’histoire)
- Quels sont les sentiments qui se dessinent pour la suite du récit ?
Impressions subjectives données par les élèves: suspens, horreur, peu d’humour … « Bref, on ne va pas rire » ... Pourquoi devrait-on toujours faire des choses agréables, d’ailleurs, la contrainte fait aussi partie de la lecture.
« Qu’est-ce qui va changer pour Olivier durant cette année passée à La Goupil ? »
Travail demandé : décrire la maison et le chien d’une autre manière de façon à donner un autre sentiment, une autre interprétation sur la suite de l’histoire (joie, amusement, tristesse …). (Atelier d’écriture sans contraintes)
Ce travail sera lu en classe le lendemain et invitera les élèves à réagir sur leur propre écrit ainsi par rapport aux écrits des autres.
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
Passage à l'écriture: imaginer la suite!
Chapitres 5 et 6 – Lus en classe. J’ai volontairement enlevé la fin du chapitre 6 et j’ai invité les élèves à le terminer eux-mêmes.
« Que va-t-il se passer pour Olivier lorsque ses parents seront partis ? »
C’est un exercice d’écriture avec des consignes précises d’évaluation.
Quelques copies …
« J’ai regardé la maison voisine, et un frisson m’a parcouru. Je ne savais pas quoi faire … J’ai alors décidé d’y retourner cette nuit. Le soir arrivé, j’ai commencé à marcher. Mais quand je suis passé devant la maison voisine : rien ! Pas un geste, pas une ombre … alors j’ai continué mon chemin. Je commençais à douter, avais-je réellement vu un chien… Mais, à mon retour, là, j’étais sûr de l’avoir vu ! J’étais là, planté devant la grille qui s’ouvrait comme par magie. J’étais pétrifié ; et encore plus quand la petite lumière s’est allumée. Mais je suis quand même rentré dans le parc. Là, une petite fille est passée devant moi en vitesse. Elle était transparente ! Un fantôme ! Je hurlai et je fonçai droit à la maison. J’étais essoufflé et envahi par la peur ! Quand j’ai eu le courage de regarder derrière moi, tout était normal : portes fermées, pas de petite fille, ni de lumière. »
***
« - un quart d’heure plus tard, je me suis décidé à aller découvrir cette mystérieuse maison. Je n’aime pas mentir à mes parents, mais cette maison était tellement bizarre… En refermant la porte derrière moi, je me suis pis en marche en tenant un bâton dans mes mains. Pourquoi un bâton ? Pour le chien, au cas où il m’attaquerait. « Voila, j’y suis » me dis-je. J’ouvris la barrière en me dirigeant vers la porte. De peur de me faire attaquer, j’ai poussé la porte avec mon pied et pris mon bâton entre mes deux mains.
Le chien était là, debout en train de grogner. J’avais comme des glaçons derrière mon dos ! Il se mit à courir pour m’attaquer, et d’un coup sec je le frappai avec mon bâton. Lorsqu’il tomba, il se releva pour recommencer. Ce fut un long moment. Le chien saignait partout et partit de peur. En regardant tout autour de moi, je découvrais les murs tout déchirés, le sol tout cassé et les escaliers tout détruits. Je décidai de visiter.
En entrant dans une pièce sombre, je vis une ombre. Ce n’était pas une ombre noire, mais une blanche ! Je restais immobile, je ne savais pas quoi faire. L’ombre qui était là, c’était le fantôme de la petite fille.
- Bonjour, dit-elle. Qui es-tu ?
Je ne voulais pas répondre, j’avais trop peur. Je me suis enfoui de la pièce, de la maison en lâchant mon bâton. Je suis rentré à la maison, en fermant la porte à clef. Je suis monté dans ma chambre et je me suis assis sur mon lit en fermant les yeux.
- Ce n’est qu’un rêve, ce n’est qu’un rêve…
Plusieurs fois j’ai répété cette phrase pour me convaincre … Mais alors qui était cette petite fille ? »
***
« Pour passer la fin de la journée, j’ai pris quelques magazines. Voilà, enfin 20.30, encore une petite heure et maman téléphonera. Je pourrai alors passer à mon plan…
Je viens de raccrocher, je me suis précipité vers la porte, pris mon manteau et suis sorti. J’ai traversé la route et ai longé le trottoir en face de la villa abandonnée. Je suis passé une fois devant la grille, mais pas de chien à l’horizon, puis une deuxième fois. Toujours rien. Alors, je suis rentré et me suis tout de suite mis au lit. Samedi matin, je me suis rendu chez Jérôme et nous avons passé la journée ensemble. Ensuite, vers 20.00 heures, je suis rentré chez moi, car maman allait à nouveau m’appeler. Quand j’ai raccroché, je suis sorti de nouveau. Ce soir, je me suis dirigé vers le portail rouillé et je me suis collé dessus. Aucun signe du chien fantôme. Je rentrai donc chez moi, j’allai immédiatement au lit. Dimanche, je me suis réveillé tard dans l’après-midi, car j’avais passé la moitié de la nuit à m’interroger sur ce chien – pourquoi ne l’avais-je vu qu’une fois ? – En fait, je me suis réveillé quelques temps avant que mes parents ne reviennent. Quelles questions allaient-ils me poser et comment répondrais-je ? »
La découverte de la fin du chapitre se fera le lendemain.
Evidemment, le chapitre ne pouvait se terminer ainsi, car certains en font tout simplement une fin de livre et non une fin de chapitre. Rappelons l’importance et la différence entre fin d’histoire et chute dans un chapitre … Il y aura comparaison entre les différents écrits et suivant les éléments que les élèves auront retenus. Je constate avec bonheur que la plupart commencent à avoir un avis clair et précis (mais personnel) sur la suite, sans pour autant se souvenir de ce qui a été dit 20 pages avant … Ce qui est important pour certains ne l’est par pour d’autres, des éléments essentiels nommés au chapitre 1 sont oubliés. Cependant, je fais confiance à l’auteur car il arrivera le moment où celui-ci rappellera ces éléments.
Dans le chapitre 7, nous nous arrêtons sur les personnages principaux et secondaires qui interviennent à ce moment du récit.
Les élèves se montrent de plus en plus pressés de lire la suite. Peu décrochent, quel que soit le niveau … de lecture. Chapitres 8, 9, 10 seront à lire pour la leçon suivante, avec un test de lecture à l’appui, histoire de donner une motivation supplémentaire. …. 75 % ont réussi.
La frustration éprouvée par le fait que je donne chapitre par chapitre se fait sentir. Les élèves commencent à faire des liens et surtout créent des hypothèses que je leur demande d’argumenter par écrit. C’est l’occasion de travailler l’argumentation, pas trop longtemps car ils veulent connaître la suite du récit.
Chapitres 11, 12, 13 en classe, suivant le mode de lecture qu’ils choisissent en commun. C’est-à-dire soit à haute voix, soit à voix basse … Ces chapitres les ont amenés à aborder quelques réflexions et à débattre sur la seconde guerre. Quelques-uns racontent des histoires de famille ou de village dont ils ont entendu parler … et tout d’un coup l’histoire du livre leur devient presque réelle, or il y des fantômes !!!
A partir du chapitre 13, je constate que les bons lecteurs s’éloignent et demandent à lire seuls, les moins bons s’accrochent (franchement, peu ont décroché). Je ne peux plus envisager de m’arrêter pour travailler au détour l’une ou l’autre compétence. Je donne toute la fin sauf le dernier chapitre, chute et rebondissement, qu’il faudra découvrir ensemble.
Au cours de la leçon qui suivra, je constate que 5/20 ont tout lu, 12/20 ont lu ce qui avait été défini, 3/20 ont décroché. La vérification a été faite au travers d’un test de lecture. Durant une période de cours, j’invite les élèves qui le souhaitent à continuer la lecture (autonomie).
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
Proposer un titre...
Le dernier chapitre sera donné de façon désordonnée par morceaux et l’élève devra reconstituer le chapitre en fonction du sens qu’il découvrira durant sa lecture de façon à pouvoir donner un titre.
Exemples
de titres donnés :
Le mystère de la Goupil La maison fantôme à la Goupil L’histoire Epstein Mon secret |
Olivier et le secret de la Goupil Dix mois à la Goupil La Goupil, un hameau tourmenté Voilà comment j’ai découvert le secret de Mme Goret |
Les élèves ont été invités à justifier leur choix à partir d’éléments pris dans le texte.
Il
y a trop d’éléments pour mettre de l’ordre, beaucoup de sujets sont abordés.
Difficile de trouver l’essentiel. Pourtant...
Nous lisons le chapitre tel que présenté dans le livre. Toujours la même question. Certains font le lien avec le chapitre 1… pas beaucoup.
Epilogue … et lien avec le chapitre 1. Beaucoup ont compris.
« Au fait, dans quel genre littéraire sommes-nous ? »
Présentation de la couverture … «La balafre»
|
Illustration : Christian Heinrich Né à Sélestat (Alsace) en 1965. Formation à l'Atelier d'Illustration de l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, où il enseigne actuellement. Réactions des élèves :
- par
rapport à la balafre : démesurée tellement elle a pris de l'importance dans
la vie d'Olivier et aussi parce que c'est le thème du livre.
- par
rapport à la présence de la petite fille : elle semble en attente, en demande
...
- par
rapport au visage de l'enfant : il est intéressant de voir que la plupart des
élèves rapprochaient dans leur imaginaire l'enfant d'un modèle vivant de la
classe.
- par
rapport au paysage : peu de commentaires, voire aucun. A 12 ans, il semble que cela ne soit pas encore très important ... ou que l'enfant n'a pas encore la maturité de l'interpréter, sauf si on l'induit. |
début "Mourlevat" * sommaire & édito 128
L'avis des élèves en fin de parcours
Réactions à propos du livre mais aussi de l’acte « lecture ». Certains s’étonnent d’avoir lu un livre en si peu de temps, d’autres s’étonnent tout simplement d’avoir lu.
Le livre a été apprécié car la lecture a été encadrée, mais aussi parce qu’il s’agissait d’un enfant de 12-13 ans pas trop bien avec lui-même et avec les autres … dans une famille composée de papa-maman-fils-animal familier-voisins : proche d’eux.
Les élèves ont voyagé longtemps entre le réel et le fantastique sans trop savoir eux-mêmes ce qui était réel ou fantastique. C’est ça qui a fait de la lecture une découverte.
Paul Verheggen, Activités de français autour d'un projet de voyage, 2e degré, ITN, Namur
Objectifs * Séquence 1 * Séquence 2 * Séquence 3 * Transfert des compétences acquises
Note de la rédaction:
Ce sujet du voyage
à Paris a été déjà présenté en détail par P. Verheggen dans le numéro 123
de LMDP (
http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/123.0512.html ), assorti d'un large éventail de propositions
d'activités de recherche et de production.
Nous ne reviendrons guère, ici, sur ces activités mais plutôt sur les objectifs
et les méthodes... donc de façon plus distanciée.
Par ailleurs, nous
signalerons çà et là quelques prolongements possibles, non reliés
directement à ce cadre du "voyage à Paris"
* quelques liens vers
d'autres activités décrites sur le site de LMDP
* quelques ressources bibliographiques
(publicité, parodie, etc.).
Ceci répond tout à fait au projet didactique de LMDP: promouvoir la créativité et non... la copie!
Liens et ressources seront signalés chaque fois à droite d'un tableau sous le texte défilant
1. Objectifs du
parcours.
Proposer
la construction d’un ensemble de séquences d’apprentissage intégrant, en les
articulant, des compétences en lecture/écriture, en littérature / en
paralittérature, en texte / images.
Chacune
de ces séquences doit amener l’élève à acquérir, pour faire face à une
situation de vie (une situation – un problème), un savoir et (ou) un
savoir-faire qui se traduiront par des productions concrètes : l’élève
sera auteur et acteur.
Le
contenu de ces séquences visera à répondre à la question :
De quels savoirs et savoir-faire un élève doit-il disposer pour tirer parti
culturellement d’un voyage de classe ?
Le
voyage précisément choisi est censé s’effectuer à Paris.
Tantôt
des oeuvres sur Paris, tantôt des tâches pour découvrir et parler de Paris sont
mobilisées pour aider l’élève à disposer d’outils historiques, littéraires,
informatiques,...
L’élève peut être, après la réalisation
effective du voyage proprement dit, in fine, invité à préparer lui-même
l’élaboration d’un parcours préparant un
voyage nouveau.
2. Organisation du parcours
Séquence 1.
Objectif :
Mettre
l’élève en mesure de présenter / de décrire oralement ou par
écrit les lieux et
monuments phares de Paris.
Motivation :
La possibilité de séjourner deux jours extra-muros valorise et conditionne
toutes les démarches de l’élève.
La mise à jour des connaissances de
l’élève par la recherche sur Internet donne une plus-value à la démarche
elle-même.
Exercices :
Lecture de documents dans un petit fascicule, dans des guides touristiques,
des prospectus et / ou folders.
Exercices d’appropriation à partir de divers
questionnaires.
Maniement de l’outil Internet :
Mise en place d’une adresse correcte.
Utilisation de « Google Image ».
Règles / outils pour se déplacer sur un
site.
Réalisation finale :
Enoncé oral devant la classe du fruit de leurs diverses recherches.
Réponses aux questions posées. (Elocution succincte)
Court résumé écrit de présentation de la ville.
sommaire & édito 128 * début pari(s) gagnant
Objectif : Mettre l’élève en mesure :
|
|
Réaliser un
dépliant: |
Exercices :
Découverte des caractéristiques d’un prospectus touristique.
Rédaction d’une lettre de demande à un office du tourisme.
Analyse de poèmes et de chansons. (Apollinaire, Marc Lavoine)
Exercices
:
Découverte de calligrammes, d’acrostiches.
Repérages et
mise en œuvre de procédés poétiques.
Analyse sémantique et argumentative de publicités et slogans publicitaires
(RATP : métro parisien)
Expression – sur le
mot écrit – de « détournements » humoristiques de slogans de
publicités données.
Réinvestissements :
Production
*
d’un texte poétique court,
*
s’insérant dans la composition personnelle
d’un dépliant (A4 format 3 volets), vantant les mérites d’un
aspect touristique ou culturel ou sportif
Création d’un slogan publicitaire
ad hoc, « accrocheur ». |
1. Ecriture ludique de slogans à partir de la publicité de Ricard http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/pini.html 2. Apprendre à lire la publicité: * Blanche GRUNIG,
Les mots de la publicité- L'architecture du slogan,
éd. du CNRS, 1990 (étude de 1400 slogans publicitaires écrits, publiés entre 1984 et
1989). * Jean-Michel Adam et
Marc Bonhomme , L'argumentation publicitaire. Rhétorique de l'éloge et de
la persuasion, Nathan-Université, 1997. [Cote
Bibl. Esp. 27 septembre: F 37958 B/22] |
Objectifs :
Culturel et
interdisciplinaire :
découvrir une grande ville
*
*
Langagier
* synthétiser, orner,
réécrire,
*
participer à un débat,
*
construire le commentaire technique d’un tableau (« jouer » au guide)
Exercices :
Observation, analyse d’un tableau :
« La Joconde ».
d’une
fable. (La Fontaine : « La cour du Lion »)
d’une poésie. (J. Prévert)
Victor Hugo, Le Bossu de Notre-Dame (vocabulaire utile pour rendre compte d'une lecture) J. Prévert: un poème évoquant
Paris - ou la grande ville en général - (p. ex. La grasse matinée) à
mettre en film (recours au vocabulaire du cinéma) |
|
1. Texte sur le site http://abu.cnam.fr/cgi-bin/go?nddp1,5381 2. Portrait de Quasimodo, passer du texte au dessin: http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/quasimodo.html 3. Un exemple d'écriture parodique sur la
JOCONDE : Hervé LE TELLIER, Joconde
jusqu'à 100 : 99 (+1) points de vue sur Mona Lisa, éd. du Castor Astral,
2006. 4. Analyse des Coquelicots de Monet...et autres oeuvres sur le coquelicot. http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/118coquelicot.html |
Iconographie :
la vie au château de Versailles. (diapositives, film « Le roi
danse », …)
Réalisation
finale :
Réécriture d’une fable de La Fontaine, en
français d’aujourd’hui en y insérant
trois
ou quatre plans-séquences du langage cinématographique.
3. Transfert des compétences acquises.
Rédaction collective du "journal de bord" d'un
voyage scolaire: préparation, voyage proprement dit, prolongements, bilan |
|
Un exemple de 'journal de bord': http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/join.html |
|
Réalisation d’un dépliant
présentant et explicitant: * un
peintre. |
... une ville, ou autres lieux: Vosges, Suisse, Hautes Fagnes... |
Rédaction du commentaire technique et historique portant sur ce tableau
nouveau pour l’élève. (Thème en rapport avec la ville étudiée.)
Rédaction sur le mode écrit d’une biographie
succincte de l’auteur de ce tableau (recherche préalable sur Internet.)
sommaire & édito 128 * début pari(s) gagnant
Du même auteur sur le site de LMDP:
Un voyage au pays de Daudet: http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/pave.html
Peinture, poésie, chanson populaire: regards croisés sur le coquelicot: http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/118coquelicot.html
Parcours van Gogh (avec Jean-Paul Laurent) de la 1re à la 6e: http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/125.0606.html
complicité professeurs - élèves, du 1er au 3e degré
IND, Bertrix (Belgique) * Récit : Cécile Kerger, Christian Kellen, Martine Moreau
un projet pour les trois degrés * A l'affiche: Dario Fo
6eG: vaudeville * Brecht * Stanislavski * Meyerhold * Dario Fo * Commedia dell' arte
2eP : marionnettes pour Dario Fo
4eTQ: Shakespeare et Yourcenar
Pour préciser nos objectifs, quelques citations:
Un comédien, comme tout artiste, est un explorateur. (Ariane Mouchkine) Si le maître n'est pas créateur, il
ne peut pas demander aux enfants de l'être. (Khemir
Nacer, conteur et cinéaste tunisien) Si on ne crée pas une situation favorable à l'expression, la création, la communication, un climat de liberté, on ne change rien à l'enseignement du français, quels que soient les choix théoriques de départ, réduits à n'être, à ce compte, que des éléments sans importance. (GAUSSEN P. & ROMANET J., Recherches pédagogiques, n° 63, 1974, p. 50.) |
Un projet pour les trois degrés, dans le
général, dans le professionnel
N’ayant pas les compétences pour approcher ces différents niveaux de jeu, j’ai répondu à l’appel à projets de « l’Ecole en scène ». (Depuis 2006 « Culture et Enseignement » organisé et subventionné par la Communauté Française). L’Ecole en scène permet de bénéficier de l’aide de comédiens professionnels.
début article "théâtre" * sommaire & édito 128
Une condition : que le projet concerne une grande partie de l’école.
En quoi consistait ce projet?
J’ai donc envisagé
que les trois sections d’enseignement y participent.
Les étudiants de 2e Professionnelle avec Martine Moreau,
les étudiants de 4e technique de
Qualification avec Christian Kellen
et moi-même avec les étudiants de 6e
Complément de français.
Christian, Martine et moi-même avons médité sur la conception du projet que
nous avons envoyé en mai 2005.
Le but de notre
projet : sensibiliser nos étudiants à apprécier et à décoder des points de
vue différents de metteurs en scène sur leur vision de la société. Aiguiser
leur jugement sur des jeux théâtraux faisant appel à des niveaux d’expression
différents : l’intellect, les émotions ou le corps.
Pour les étudiants du
Général et du Professionnel nous avons choisi un court extrait de Dario Fo «
Faut pas payer» que nos étudiants présenteraient selon des conceptions de mises
en scène différentes, avec l’aide d’un artiste.
Un texte peut être
interprété en mettant en évidence:
l’intellect, Brecht et la distanciation ;
les émotions, Stanislavski et l’identification;
le corps, Meyerhold et la biomécanique ;
le masque de la Commedia dell arte, Mnouchkine ;
le masque neutre, Lecoq
et enfin les marionnettes qui concerneraient les étudiants du
Professionnel.
Les étudiants de 4ème
Technique se pencheraient sur une nouvelle de Yourcenar « Une belle
matinée » qui parle de Théâtre et qui fait référence à la pièce de
Shakespeare « Comme il vous plaira ». Une autre manière de présenter
des mises en scène différentes conjuguant théâtre classique et moderne. Une
manière aussi d’introduire le théâtre du XXème siècle. L’intérêt de choisir
cette nouvelle de Yourcenar, c’est qu’elle parle d’un jeune garçon qui tombe
amoureux du théâtre en écoutant déclamer un grand comédien descendu dans une
auberge. (Voir le texte de Christian Kellen)
Notre projet a été
retenu. Nous avons donc pu bénéficier, pour le réaliser, des compétences de
deux artistes. Valérie Lénaerts pour les conceptions théâtrales et Marcel
Orban qui a fabriqué, avec les étudiants, les marionnettes, initié à leur
manipulation et proposé une mise en scène. L’Ecole en scène donne aussi des
moyens budgétaires qui permettent de
présenter, dans de bonnes conditions, la réalisation du projet. Un spectacle
c’est aussi un éclairage, la forme au service du fond.
Nous
avions droit à 30 périodes (1 période = 4 heures de cours) pour travailler avec
les deux artistes. Le calcul est simple. 10 périodes par section. Il ne fut pas
aisé cependant de trouver des arrangements horaires car il est obligatoire de
travailler pendant les heures de cours, ce fut plus facile pour le
professionnel et le Technique qui ont des groupes « classes ». Le
nombre de rencontres avec le comédien est aussi insuffisant pour mettre en
œuvre un tel projet. Et bien, nous avons joué les valet et soubrettes pendant
les absences de nos artistes. Nous mettions au point des stratégies
d’apprentissage avec le comédien et puis nous les rodions avec les étudiants.
Personnellement, ce rôle me plaisait beaucoup, il permettait de souder des
liens avec les étudiants. Je n’étais plus tellement le prof. mais le
coach ! Je motivais mes étudiants pour être au point à la prochaine visite
du « maitre » (je devrais dire « maitresse »). De plus,
j’étais presque contente de l’absence occasionnelle de l’un ou de l’autre,
celle-ci me permettait de prendre sa place dans la scène. On apprend mieux en
jouant.
début article "théâtre" * sommaire & édito 128
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L'extrait du texte, "cible" des variations théâtrales, est de Dario Fo Faut pas Payer
il se trouve également à la page Dario Fo avec les fiches d'identité des personnages
Dario Fo est né en
Italie en 1926. Il a fait des études d’art et d’architecture. Il élabore un
théâtre comique, aux textes ouverts et aux décors simplifiés, qu’il présente
dans des usines et des réunions politiques. Ses textes déchaînent les rires
mais le fond du propos est grave. Il a écrit plus de 70 pièces et a reçu le
prix Nobel de littérature en 1997 pour avoir,
dans
la tradition des bateleurs médiévaux,
fustigé les pouvoirs et restauré la dignité des humiliés.
Quand le rideau se
lève, c’est la crise des années 70. Le taux de chômage est en hausse car
l’industrie est en déclin. Les ouvriers font ce qu’ils peuvent pour survivre.
Ils vont même jusqu’à voler de la nourriture dans les magasins. Mais les forces
de l’ordre veillent…
Pour chaque mise en
scène qui durait moins de dix minutes, les étudiants ont choisi, avec leur
professeur et la comédienne, les personnages qui pouvaient le mieux symboliser
l’univers du metteur en scène envisagé. Il fallait aussi trouver une manière
différente de faire tomber les légumes volés, cachés rapidement lors de
l’arrivée du gendarme. De même, comment varier la présentation de la prière à
sainte Eulalie ?
Voici cet extrait de Dario Fo
Voix dans les coulisses : On peut entrer ? Antonia : Qui c’est ? Voix dans les coulisses : Des amis Antonia : Quels amis ? Voix dans les coulisses : Je suis un camarade de travail de votre mari. Il m’a chargé d’une commission pour vous. Antonia : Mon Dieu ! Il lui est arrivé quelque chose ! Margherita : Attends, un peu, que je cache la salade. Antonia : Une minute, j’arrive. (Elle ouvre la porte, apparaît le gendarme). Encore vous ? Le gendarme : Ne bougez plus ! Restez où vous êtes ! Je vous tiens cette fois….enceintes toutes les deux ! Ca pousse, ces ventres. Je l’avais subodoré (pressenti) tout de suite, qu’il y avait un truc. Antonia : Quel truc ? Vous n’y êtes pas. Margherita : (Se laissant tomber sur une chaise): On est refaites… Je le savais bien. Le gendarme (A Margherita ) : Je vois avec plaisir que vous avez pu garder votre petit bébé. Quant à vous, madame, félicitations ! En cinq heures, vous faites l’amour, vous devenez mère et vous en êtes au neuvième mois. Quelle rapidité ! Antonia : Excusez-moi, monsieur le brigadier, mais vous faites une boulette. Le gendarme : La boulette, je l’ai faite tout à l’heure…. Cette fois, je ne marche pas. Sortez la marchandise volée ! Antonia : Quelle marchandise ? Vous n’y êtes pas. Le gendarme : N’essayez pas de jouer au plus fin. Le manège est éventé. Depuis ce matin, je ne vois passer que des femmes enceintes. Des femmes mûres, des jeunes, des petites filles…Et même une mémé de 80 ans…on aurait cru quelle attendait des jumeaux. Margherita : Vous avez bien vu, brigadier, mais la raison n’est pas celle que vous croyez. C’est pour la fête de notre patronne. Le gendarme : Qu’est-ce que cette nouvelle histoire ? Antonia : Sainte Eulalie… Une grande sainte. Vous ne la connaissez pas ? Le gendarme : Non Margherita : C’est une belle histoire. Sainte Eulalie qui aurait voulu avoir des enfants, n’arrivait pas à être enceinte. Elle avait beau en faire de toutes les couleurs, rien, pas d’enfants. A la fin Dieu le Père l’a prise en pitié et quand elle a eu 60 ans, il l’a fait devenir mère. Le gendarme : A 60 ans ? Antonia : Pensez donc, son mari en avait plus de 80 ! Le gendarme : Oh ! Antonia : La puissance de la foi ! Mais le mari, à ce qu’on dit, est mort presque tout de suite après. En tout cas, pour rappeler ce miracle, toutes les femmes du quartier se promènent pendant trois jours avec un faux ventre. Le gendarme : La tradition a bon dos ! C’est pour ça que vous videz les supermarchés, pour vous rembourrer ? Voilà où mène la piété populaire. Allez… finie la comédie…Faites voir ce que vous avez là-dedans, sinon je vais perdre patience. Margherita : Je vous préviens que si vous nous touchez ne serait-ce que du bout des doigts, il va vous arriver malheur. Le gendarme : Vous me faites rire ! Quel malheur ? Margherita : Le malheur a frappé le mari incrédule de Sainte Eulalie. C’était un vieux mécréant (un impie, un mauvais chrétien) qui ne voulait rien entendre. Il appelle sa femme : « Sainte Eulalie, viens ici tout de suite. Fait voir ce que tu as la –dessous ! Je te préviens, si tu es vraiment enceinte, je te tue, parce que ça voudra dire que cet enfant n’est pas de moi ». Alors Eulalie a ouvert son manteau… deuxième miracle … il est sorti des roses de son ventre, une avalanche de roses. |
Le gendarme : Fort intéressant. Margherita : Ce n’est pas fini. Le gendarme : Ah Non ? Antonia : Non. Le mari, tout à coup …la nuit s’est faite devant ses yeux. « Je n’y vois plus », il criait. « Je n’y vois plus. Dieu m’a puni. Je suis devenu aveugle. - (Avec une petite voix) » Ah ! Maintenant tu y crois, mécréant ». C’est comme ça qu’elles parlent, les saintes – « Tu y crois » elle lui a dit. « Oui, oui, j’y crois ». Alors, troisième miracle…au milieu des roses est apparu un bébé de dix mois qui s’est mis à parler : « Papa, papa ! Le seigneur te pardonne, tu peux mourir en paix ! « Il a touché son père avec sa petite main potelée, et le vieux est mort…sur le coup. Le gendarme : C’est passionnant ! Maintenant, les fables, ça suffit. Faites –moi voir les roses…Je veux dire…dépêchez-vous parce que je n’ai plus de temps à perdre et que je vais m’énerver. Antonia : Vous ne croyez pas au miracle Le gendarme : Non Margherita : Vous n’avez pas peur du malheur ? Le gendarme : J’ai dit non Antonia : Comme vous voudrez. Vous ne viendrez pas vous plaindre que je ne vous ai pas prévenu (A Margherita) Allons, lève –toi et marche !
Sainte Eulalie au ventre rond Sur qui ne croit pas au miracle Fais tomber la malédiction Sur qui ne croit pas à l’oracle Fais descendre le mal affreux Le noir et la nuit sur ses yeux Sainte Eulalie rendue fertile Frappe et …Ainsi soit-il
Elles ouvrent leur manteau Le gendarme : Qu’est-ce que c’est que ça ? Antonia : On dirait de la salade. Le gendarme : De la salade ? Antonia : Oui, de la chicorée, de l’endive, de la frisée…Il y a même un chou. Margherita : Moi aussi, j’ai un chou ! Antonia : Ca fait deux choux Le gendarme : Où avez-vous trouvé ces légumes ? Antonia : Nulle part. C’est sûrement un miracle Le gendarme : Le miracle de mes choux, sans doute. Margherita : Les miracles, on les fait avec ce qu’on a sous la main. De toute façon, que vous y croyiez ou non, est-ce que c’est défendu ? Y a-t-il une loi qui interdise à un citoyen de porter de la chicorée, des endives et du chou sur le ventre ? Le gendarme : Il n’y en a pas Antonia : S’il n’y en a pas, bonsoir ! Le gendarme : Bonsoir (Il va vers la porte). Je veux savoir où vous avez trouvé ces légumes. Margherita : Je vous l’ai dit, pour rappeler le miracle de Sainte Eulalie. Et malheur à qui n’y croit pas ! Tôt ou tard… Antonia et Margherita en chœur (En poussant le gendarme dehors, la lumière baisse peu à peu) Sainte Eulalie au ventre rond Sur qui ne croit pas au miracle Fais tomber la malédiction…….. Le gendarme (dans les coulisses) : Que se passe –t-il. La lumière s’en va. Hé ! Il fait presque noir Antonia : Vous vous trompez brigadier. Il fait très clair. Margherita : C’est peut-être votre vue qui baisse…..
|
Patchwork de mises en scène: variations sur Faut pas payer
1. Le Vaudeville
Le vaudeville a eu un énorme succès au début du XXème siècle dans les
salles de Paris avec des auteurs comme Labiche, Feydeau ou Courteline. Plus
tard, dans les années soixante et septante, ces auteurs ont connu un second
souffle grâce au petit écran avec les émissions « Au théâtre ce
soir ».
« Pièce de théâtre mêlée de chansons et de ballets, le vaudeville se
veut léger, divertissant, fertile en intrigues et en rebondissements. »
(Petit Robert). Les ingrédients récurrents dans le vaudeville sont nombreux.
Les intrigues sentimentales et les démêlés conjugaux affluent: problèmes de
couple, de cocuage, de maris volages, d’épouses délaissées. Le cadre est
bourgeois. La pièce repose le plus souvent sur le quiproquo, la méprise. Le jeu
scénique, la mécanique physique sont importants de même que les apartés, les
jeux de gestes et de mots.
Les étudiants (Aline Noël, Valentine
Didriche et Laurent Rosière) ont interprété une grande bourgeoise du XIXème
siècle, sa soubrette et bien sûr le brigadier. Le moment crucial (la découverte
du vol des légumes)) se passe au moment où les deux femmes emmènent le
brigadier dans une farandole en chantant la prière à Sainte Eulalie sous l’air
de Carmen et dans l’élan de la danse, les légumes, cachés sous les robes,
tombent.
2. Brecht
(1898-1938)
Né à Augsbourg et
mort à Berlin, Brecht fonde sa mise en scène sur la distanciation.
Le spectateur ne doit
pas oublier qu’il est au théâtre de façon à observer ce qui est montré, au lieu
de le subir. Il ne doit donc pas s’identifier au héros afin de rester libre de
juger les causes et les remèdes de sa souffrance. Le but de Brecht est de
solliciter l’esprit critique du public pour aviver sa conscience. Pour
distancier, le comédien agit exactement comme celui qui décrit une chose pour
montrer comment la maîtriser. Ainsi le comédien va imiter une personne, un handicapé
par exemple mais pas au point qu’on le prenne pour un handicapé. D’ailleurs
pour bien montrer que les comédiens représentent des personnages, ils
s’habillent en public, ils signifient qu’ils vont représenter un personnage.
Les décors et les sources de lumière sont dévoilés, des panneaux dénoncent et
commentent l’action etc. Lorsqu’elle est efficace la distanciation a un effet
politique de désaliénation par le fait qu’elle met en évidence les caractères
essentiels du discours dans le spectacle. Brecht pense que les hommes ont entre
leurs mains leurs maux, ils peuvent influencer leur destinée.
Les
étudiants (Lorie Toussaint, Marie Maqua et Elise Ansay) ont choisi
d’interpréter deux handicapées mentales dont l’une est en chaise roulante et un
officier de la Gestapo. Dans cette interprétation, le vol est découvert lorsque
les deux femmes s’avancent menaçantes (en récitant la prière à Sainte Eulalie)
vers l’officier et la femme paralysée tombe de sa chaise découvrant les légumes
cachés sur son siège.
3. Stanislavski
(1863 -1938)
Né à Moscou,
Konstantin Sergueilvitch Alekseiev fut un acteur exceptionnel, un metteur en
scène de théâtre et d’opéra novateur et le directeur du théâtre de Moscou.
Stanislavski fonde la
mise en scène sur la théorie de l’identification. L’identification est
un mode de jeu réaliste. Le comédien doit donc faire appel à ses propres émotions
et son vécu intérieur pour en imprégner le personnage et l’interpréter. Le
comédien développe sa mémoire affective, grâce à des exercices d’introspection,
de recherche d’images « intérieures » personnelles en harmonie avec
la psychologie du personnage. Mais le comédien ne fait pas seulement appel à sa
mémoire affective il doit aussi travailler la mémoire corporelle. La motricité
du corps participe à la création du personnage. Les centres moteurs sont
différents selon le personnage que l’on incarne.
Les
étudiants (Julie Lheureux, Sarah Baijot
et Julie Chauvaux) ont interprété une
mère pauvre et sa petite fille qui ne se rend pas compte du danger. La mère
épluche quelques pommes de terre, la fillette joue par terre quand arrive le
policier. La petite fille fait tomber les légumes en sautillant autour du
policier pendant qu’elle et sa mère, protégeant sa fille envers et contre tout,
essayent de mettre le policier dehors en priant Sainte Eulalie.
4.
Meyerhold
(1874-1942)
Vsevolod
Emilievitch Meyerhold, russe d'origine allemande, est né à Penza en 1874 et est mort en 1942.
Il
incarne le nouveau théâtre révolutionnaire. Dans ses réalisations, il affirme
la prééminence de la mise en scène sur le texte, son constructivisme et sa
conception bio-mécanique de la vie scénique.
" Si
la forme est juste, disait-il, le fond, les intonations et les émotions le
seront aussi, parce que déterminés par la position du corps. Le jeu de l'acteur
n'est autre chose que la coordination des manifestations de son excitabilité.
Par exemple: en représentant la peur, l'acteur ne doit pas commencer par
prendre peur (la "vivre"), puis se mettre à courir; non, il doit
d'abord se mettre à courir (réflexe) et ne prendre peur qu'après, parce qu'il
se voit courir. En langage théâtral d'aujourd'hui, cela signifie: "Il ne
faut pas vivre la peur mais l'exprimer en scène par "une action
physique"."
Voici
comment il défendait son système : "si j'ai pris la pose d'un homme
triste, je puis me mettre à éprouver la tristesse. En ma qualité de metteur en
scène biomécanicien, je veille à ce que l'acteur soit sain et gai et que ses
nerfs ne se détraquent pas. Il importe peu qu'on joue une pièce triste,- restez
gais et ne vous concentrez pas intérieurement pour ne pas devenir
neurasthéniques. Certains acteurs font toutes sortes de manipulations pour
pénétrer dans un monde chagrin, et cela les rend nerveux. Quant à nous, nous
disons : "Si je vous fait prendre une pose triste, votre réplique le sera
aussi …"
Mais dans cette même causerie, Meyerhold disait que, d'abord,
l'acteur-artiste "pense". C'est la pensée qui lui fera prendre une
pose triste, et c'est après seulement que cette pose le rendra triste; c'est la
pensée qui le forcera de courir, et de cette course naîtra la peur. "
Extrait d'Igor Ilinski : "sur moi-même" Moscou 1961.
Publié dans : "Le théâtre théâtral " de Vsévolod Meyerhold.
Les étudiants (Coraline Grégoire Justine, Poncelet et Jonathan Gérard)
ont interprété deux jeunes hippies cachant rapidement les légumes volés sous la
nappe de la table à l’arrivée du policier qui, soupçonneux, va les entrainer
vers cette table et les faire tourner autour d’elle. Le vol des légumes est découvert
quand les deux femmes, essayant de voiler les yeux du policier, (toujours en
invoquant Eulalie) le font trébucher contre la table faisant tomber la
nappe ! Dans cette interprétation les deux femmes, dos au public, vont
jouer pour le policier la vie de Sainte Eulalie. Le théâtre dans le théâtre.
Jouer de dos n’est pas gênant puisque le public a déjà entendu plusieurs fois
le texte. Interprétation difficile car dans ce type de mise en scène les
comédiens doivent être très dynamiques.
5. Dario Fo
(1926)
Homme de
théâtre puisant dans le théâtre populaire, notamment la farce. Il a écrit des
spectacles de contestation morale, sociale et politique à la fois graves et
jubilatoires.
Architecte
de formation, inventif et allègre, il s'est affirmé comme metteur en scène de
l'espace autant que de l'acteur. (Petit Robert).
" Le
pluriel va bien à Dario Fo. Quand il met en scène Molière, il met en scène le
théâtre. C'est qu'il a lui-même écrit et joué, sinon tout le théâtre possible,
du moins des spectacles de toutes sortes, pratiqué diverses techniques,
successivement ou à la fois: chansons, acrobaties, entrées de clowns, farces,
satires, tragédies. Les comédies qui assurèrent sa célébrité en Italie, de 1959
à 1967, ont un mécanisme impeccable, à la manière du vaudeville, mais
ouvertement contesté par une fantaisie qui chamboule l'ordre des choses.
C'était peut-être, selon la terminologie reçue, du "théâtre
bourgeois" mais il ouvrait la voie au théâtre politique. L'histoire, la
pratique, les techniques théâtrales, tout sollicite en lui la curiosité et
l'invention."
Extrait
de l'avant- propos du livre de Dario Fo : "le gai savoir de l'acteur".
L'avant-propos
a été écrit par Valeria Tasca.
Les comédiennes (Amandine Thomas, Anne Sophie Ska et Michaël Bovir) ont
choisi d’interpréter deux religieuses et un policier un peu benêt. Le vol est
découvert lorsque les deux sœurs encerclent le policier en invoquant Sainte
Eulalie dans un chant mystique, se sacrifiant, elles enlèvent le nœud de leur
robe et les légumes tombent.
6. La Commedia Dell
Arte
Théâtre
populaire satirique et social, créé au XVIème siècle en Italie. Théâtre de rue
basé sur un canevas qui s’adapte aux événements et aux lieux où il se joue. Les
comédiens portent des masques pour être vus de loin (ce théâtre se joue sur des
tréteaux montés sur la place publique) mais aussi pour rester cachés car les
propos pourraient déranger certains spectateurs : notables, envahisseurs
….. Théâtre dynamique qui fait appel aux prouesses physiques des comédiens.
Difficulté de jouer avec le masque pour le comédien car il doit être sans cesse
en relation avec le public. Un masque de profil meurt.
Les comédiens (Lucie Cornet, Amélie Denis et Louis Champion) interprètent deux Colombine et un policier en Pantalone. Le vol est découvert lorsque les deux jeunes filles tournent autour de Pantalone, l’ensorcelant.
7. Les
marionnettes * Martine
Moreau raconte!
Pour moi, j’ose poser en fait Qu’en de certains moments, l’esprit le plus parfait Peut aimer sans rougir jusqu’aux marionnettes (Charles Perrault) |
Ensemble c’est tout. (Anna Gavalda)
|
Pourquoi les 17 élèves de la
classe de 2B de la section professionnelle de l’IND de Bertrix se sont-ils
retrouvés « parachutés » dans le projet « Ecole en scène »
avec des élèves du général et du qualifiant ?
Ca c’est une bonne
question !
Il faut savoir que les classes
du premier degré différencié travaillent depuis longtemps par projets. Dans ce
cadre, durant l’année scolaire précédente, les élèves de 1B avaient mis en
scène « 35 kilos d’espoir » d’Anna Gavalda. Ce fut une expérience
très enrichissante et accueillie favorablement par le public. Les élèves
réputés difficiles en avaient mis plein la vue à ceux qui ne les imaginaient
pas capables de mener à bien un projet d’une telle envergure. Suite à leur
prestation, Cécile Kerger, professeur de Français du troisième degré du général
m’a demandé de participer avec mes élèves au projet « Ecole en
scène » de l’année suivante. Décemment, pour le bien des élèves, je ne
pouvais pas refuser. Voilà pourquoi, nous nous sommes retrouvés
« obligés » de travailler sur un texte que nous n’avions pas choisi (extrait de Faut pas payer de
Dario Fo) en utilisant une technique à laquelle nous ne connaissions rien (les
marionnettes)… Si les élèves n’avaient pas été d’accord, nous serions allés droit
dans le mur… La tâche n’était pas aisée. Même si ce spectacle faisait partie
d’un projet d’école, il était surtout un projet de classe et tous les élèves
devaient y trouver leur compte. Il fallait que chacun se sente concerné et
participe à sa façon…
Dans l’extrait choisi, trois
personnages se donnent la réplique. Un peu trop peu pour dix-sept
individualités à insérer dans un tout qui tienne la route ! Qu’à cela ne
tienne, nous avons dédoublé les personnages, nous avons inséré un théâtre
d’ombres et nous avons ajouté quelques répliques et des onomatopées du cru
(oufti !).
Marcel Orban :
« notre homme ressources » qui fabrique des marionnettes et les met
en scène, nous a proposé de fabriquer des marionnettes de
table manipulées par des marionnettistes visibles.
C’est au cours d’expression
manuelle qu’elles ont pris vie sous les doigts des élèves travaillant par
groupes de deux ou trois.
Au cours de math, ils ont
calculé le prix de revient et construit le cadre du théâtre d’ombres en
respectant les dimensions.
Le professeur de dessin a conçu,
avec eux, l’affiche du spectacle et a
La gestion du temps se
faisait au cours d’EDM avec planning à la clé.
Les nombreuses répétitions
ont eu lieu durant deux mois, à raison de cinq heures par semaines aux cours de
français et de projet, souvent en
présence de Marcel Orban qui donnait le ton, les astuces, les tuyaux pour
peaufiner le spectacle.
Pour que tous les élèves se
retrouvent sur scène, nous avons ajouté un chœur psalmodiant dans l’ombre, à certains
moments.
Notre prestation se situait
en fin de spectacle, après le passage des élèves du troisième degré. C’était
une bonne place car les spectateurs qui avaient déjà entendu le texte plusieurs
fois se rendaient compte de nos petites transformations et riaient ou
souriaient, complices…
Nos élèves étaient fiers et
nous aussi…
Martine MOREAU (prof de projet)
début article "théâtre" * sommaire & édito 128
8. Yourcenar et Shakespeare, * Christian Kellen raconte!
Mises en scène d’une nouvelle de M. Yourcenar et d’extraits d’une comédie élisabéthaine
Classe de
4eTechnique de Qualification de l’Institut Notre-Dame de Bertrix 19 élèves
Pour connecter au projet « Ecole en
scène » les activités du cours de français de 4e Technique de
qualification, j’ai exploité scéniquement une matière que les élèves, 19
filles, étudiaient en classe. Le théâtre étant matière de 4e,
j’étudie Une belle matinée de Marguerite Yourcenar. Cette
nouvelle plonge le héros dans l’univers du théâtre et fait implicitement
référence à des personnages d’une comédie de William Shakespeare, Comme
il vous plaira.
« Une belle matinée » raconte
l’histoire de Lazare, jeune orphelin d’Amsterdam fortuitement initié au théâtre
élisabéthain par Mortimer, un vieil acteur anglais client de l’auberge où
l’enfant sert de page. La petite vie du héros cloisonné dans l’univers glauque
des bas-fonds du grand port est totalement transformée par sa rencontre avec
des comédiens. Une troupe venant de Londres a perdu l’un de ses acteurs dans
une bagarre et est empêchée de donner son spectacle, une comédie de
Shakespeare. Coup de théâtre, le petit Lazare connaît par chœur le rôle
manquant (Rosalinde) que Mortimer lui a appris ! Après un bref essai, le
petit orphelin est engagé sur-le-champ. Il est fou de joie à l’idée de suivre
les comédiens en tournée dans d’autres pays. Il se libère de sa condition de
petit esclave de bordel et réalise son rêve, changer de peau, avoir mille voix,
mille vies.) »
L’idée motrice était de porter cette
histoire sur les planches en alternant des mises en scène différentes au
fil du récit. Selon les nécessités du moment, la mise en scène serait tour à
tour moderne (pour la nouvelle de Yourcenar) et classique (pour la
comédie de Shakespeare).
Comment obtenir l’adhésion des
élèves à ce projet ? Allaient-ils
accepter de jouer le jeu ? Comment faire jouer tout le monde ?
Comment distribuer les rôles ? Et la mémorisation ? Et les
répétitions ? Où ? À quel rythme ? Et le reste du cours ?
Et les costumes ? Et la représentation publique ? Et les
éclairages ? Et la pub ? Et les entrées ? Et d’abord, le
texte !
Comment réécrire la nouvelle et
intégrer des passages significatifs de Shakespeare ?
Partons des élèves. Elles ont lu la
nouvelle. Au début, l’histoire leur a semblé difficile à comprendre en raison
du découpage, du vocabulaire, des relations entre les personnages, de la
distinction à faire entre le personnage de comédien dans la nouvelle et le rôle
que celui-ci incarne dans la comédie. Ces obstacles une fois franchis, l’envie
de comprendre s’est nourrie d’émotions. Le sens est petit à petit monté à la
surface. Les élèves ont saisi les enjeux, les caractères. Ca leur a plu. Elles
ont joué à se poser des questions et à y répondre et se sont approprié le
texte. Elles étaient en appétit.
L’une d’entre elles m’a demandé à
quelle pièce la nouvelle de Yourcenar se référait (Yourcenar ne la cite pas
explicitement). J’ai trouvé que Rosalinde était l’un des personnages de la
comédie « Comme il vous plaira », apporté en classe le livret
de cette pièce et lu trois extraits intégrant des scènes auxquelles Yourcenar
se réfère. Puis, à leur tour, elles ont essayé de le dire tout haut, de le
jouer en se donnant la réplique. Au début, ce fut pénible. Les élèves ont vite
compris qu’il fallait préparer le terrain et comprendre le vocabulaire, les
situations, les images chez Shakespeare comme elles l’avaient fait précédemment
en décodant la nouvelle de Yourcenar. A ceci près qu’elles découvraient le
langage d’une autre époque dont ils sentaient confusément le raffinement. Ce
qu’elles tendaient de lire, de décoder,
n’avait pas le même goût que la langue de Yourcenar. Elles ont fait
l’effort de comprendre car le texte de Shakespeare parlait d’amour et que les
personnages étaient jeunes, comme eux.
Avant l’arrivée de la comédienne,
nous avons imaginé une formule pour que tout le monde joue. Chaque rôle sera
dédoublé. Les deux premières heures mettront en scène la troupe A, les deux
suivantes la troupe B, alternativement chaque semaine.
Il fallait donc créer dix rôles. Vu
le manque de personnages dans le scénario, (plusieurs élèves jouent tour à tour
le rôle d’un comédien chez Yourcenar puis incarne le rôle de princesse chez
Shakespeare) j’ai ajouté trois intervenants, des narrateurs qui s’adressent au
public à des moments-clés du spectacle. Les rôles ont été distribués en
fonction du choix des élèves, de leur engagement personnel, de leur complicité
avec les autres et de leur sens des responsabilités. Une fois les rôles bien
établis ont débuté des séances de lecture à haute voix d’abord assis, en classe
en tenant le plus grand compte des didascalies. Avant de passer à la phase de
mémorisation, les élèves ont travaillé leur texte, ils l’ont questionné,
retourné dans tous les sens, souligné, annoté. Parfois, sous la direction du
metteur en scène, ils ont supprimé ou remplacé des mots jusqu’à ce que chaque
phrase ou chaque réplique soit crédible et sonne juste.
L’annonce de l’arrivée de la
comédienne et de la rareté de ses apparitions à Bertrix ont motivé les élèves à
lâcher des mains leur manuscrit. Elles ont appris à gérer leurs mains, leurs
regards, leurs attitudes ; fini de réciter, il s’agissait d’apprivoiser son
personnage puis de l’incarner. La première rencontre s’est déroulée non pas
dans la classe habituelle mais dans la salle « Parole » de l’IND. Cet
espace, sans bancs, permet les déplacements. Le temps de briser la glace et la
classe a entamé avec la comédienne une conversation à bâtons rompus sur le
projet « Patchwork de mises en scènes ». Les élèves ont présenté le
ou les rôle(s) qu’elles allaient jouer, parlé de leurs motivations, de leurs
choix, de leurs emballements et de leurs doutes. Ils ont trouvé l’écho de leur
état d’esprit auprès de la comédienne professionnelle. Elle aussi a parfois
craint d’affronter des textes, des auteurs, des rôles, des caractères réputés
difficiles, mais « mon travail de comédienne me rend plus
heureuse » a-t-elle lâché. Une telle franchise spontanée a
rassuré les élèves.
Au fil
des rencontres, la classe a vu éclore et a fait naître des personnages de
fiction de plus en plus crédibles, avec des costumes, au point que le
public-classe a parfois applaudi pendant les répétitions. Chaque semaine A
quinze jours de la générale, la classe a pris possession d’un nouvel espace sur
le grand plateau du Centre Bohaimont. Nouveau moment d’affolement. Pour occuper
tout cet espace, il ne restait plus à chacune qu’à donner à son personnage
toute sa dimension. Les éclairages, le maquillage et une forte envie de
s’amuser ensemble face au public ont poussé les élèves à se surpasser. Elles
ont toutes grandi ensemble.
Christian Kellen
début article "théâtre" * sommaire & édito 128
Lors de la répétition
générale les étudiants, les artistes et les professeurs, curieux, ont découvert
le travail de chaque section. Ce fut une joie de vivre l’émerveillement des grands
et vice -versa. Chacun a surpris l’autre dans la manière d’aborder un même
sujet. Ce fut aussi la réaction du public, se demandant à chaque interprétation
de l’extrait, comment on aborderait une nouvelle fois la scène. Avec en
apothéose le travail magnifique des étudiants de 2ème professionnel qui en démultipliant les
personnages donnait encore une autre signification à cet extrait décidément
très riche.
Ce projet
fut très enrichissant. Aborder différentes conceptions de la mise en scène a
permis de constater que si l’objet d’étude est important, c’est la vision de
l’homme qui lui donne son sens.
Cécile Kerger
début article "théâtre" * sommaire & édito 128
Autres articles de Cécile Kerger, parus dans LMDP
Approche de la littérature européenne - 3e degré EG - Du français, de l'histoire, pour vivre en Européens. http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/ceja.html
Marguerite Yourcenar, une Femme unis-vers-elle: un projet d'école ouverte. http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/118yourcenar.html * 3e degré
Courriers inattendus: parodies pour la pause-café
Stéphane Mallarmé à Zinedine Zidane
Du coup de dés au coup de boule
Zénon l’a démontré, Zizou l’a prouvé: un coup de boule jamais n’abolira le hasard.
[Pierre Assouline, Paradoxe de Zénon et de Zizou, recension du roman de J.-P. Toussaint, La mélancolie de Zidane. L'incident du 'coup de boule' au Mondial de football]
François Malherbe à Elisabeth II d'Angleterre
Et rose, elle a vécu beaucoup plus que les roses.
[Paris Match, 03.08.2000, p. 65. Reportage sur les 100 ans de la Reine Elisabeth II, en robe rose...]
Victor Hugo au Maréchal Pétain
L'oil était dans la tombe et regardait Pétain.
[Le Canard enchaîné, 22.12.99, p. 1, col. 1, en entrefilet. Marée noire à l'île d'Yeu où est enterré le Maréchal:]
Pierre Corneille au patron de la SNCF
Ô rail, ô désespoir!
[FR2, fin du JT de 20h, 04.07.2001. perturbations à la SNCF, image d'une gare paralysée...]
Charles Baudelaire aux chiens de luxe de Jodoigne (Belgique)
Luxe, calme et canidés!
[Monique Baus, La Libre Bis, 07.092002, p.age II.Reportage sur un hôtel de luxe pour chiens, près de Jodoigne (Belgique). Titre]
Jules César à Marie Arena
Veni, vidi, repli
[Titre dans L'Avenir / Luxembourg, 16.02.2005, p. 2: Ministre de l'Ed. en Cté fse de Belgique, elle renonce à son idée de supprimer le latin au 1er degré. Subtile antonymie: repli vs vici!]
Victor Hugo au député-maire de Nantes
Mon maire, ce Ayrault
[Titre dans Libération du 19.01.2007: Popularité de Jean-Marc Ayrault, député-maire PS de Nantes, qui peut espérer briguer un quatrième mandat sans opposition, ni à droite ni à gauche.]
Explorer
les ressources du français, langue vivante...
Un outil
de recherche pour professeurs et élèves
La base de données JULIBEL, Observatoire
du français contemporain
ORIGINE
De la collaboration avec des enseignants du secondaire est née la base de données JULIBEL - http://julibel.fltr.ucl.ac.be/ initiée à la rédaction de LMDP (Langue maternelle – Documents pédagogiques – Activités de langue française dans l’enseignement secondaire), périodique trimestriel en diffusion numérisée – http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp
CONTENU
et ACCÈS
JULIBEL contient des échantillons textuels d’origines diverses (écrits littéraires, publicités, presse écrite, corpus oraux, etc.), susceptibles d’être exploités dans les classes de français pour illustrer des phénomènes variés, tels que l’ironie, les connecteurs, l’intertextualité, les figures de style, la néologie, l’écart, etc.
La base de données contient à ce jour environ 4000 fiches en consultation libre..
GESTION
Julibel est gérée, à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve, par le Centre de recherches VALIBEL (validation) et par CENTAL, Centre de traitement automatique du langage (encodage et diffusion).
CONSULTATION
– MODE D’EMPLOI
A l’ouverture du site http://julibel.fltr.ucl.ac.be/ vous accédez à la page de recherche (dont copie ci-dessous). Celle-ci comporte un certain nombre de cellules à compléter ou à cocher, ainsi qu’un « ascenseur » d’environ 150 renvois (qui vont de « accord », « acronyme », « africanisme »... à « titre », « toponymie », « zeugma ») : un renvoi est sélectionné avec la touche CTRL.
Quelques exemples de recherche dans
JULIBEL
(les fiches apparaîtront dans l’ordre alphabétique de leur forme linguistique)
Objet de la recherche |
Opérations à effectuer |
Occurrences |
Anagrammes |
Liste des renvois : clic sur anagramme |
13 |
Métalangage |
Liste des renvois : clic sur métalangage |
154 |
Humour (ex. oraux) |
Medium : cocher ‘oral’ et clic sur humour |
112 |
Humour (ex. écrits) |
Medium : cocher ‘écrit’, et clic sur humour |
337 |
Langage du Canard enchaîné |
Taper ‘Canard’ dans Références |
148 |
Ecarts (‘fautes’) en morphologie |
Dans Domaines, cocher ‘morphologie’ et clic sur écart |
174 |
Textes se rapportant au cinéma |
Clic sur cinéma |
19 |
Portraits |
Clic sur portrait |
52 |
Ecarts (‘fautes’) en syntaxe |
Dans Domaines, cocher ‘syntaxe’, et clic sur écart |
250 |
Stylistique du titre dans Libération |
Clic sur titre, et taper Libé dans Références |
189 |
Belgicismes dans La Libre Belgique |
Clic sur belgicisme, et taper Libre dans Références |
9 |
Textes évoquant la Bible |
Clic sur bible |
13 |
Astuces: tapez Avenir pour L'Avenir du Luxembourg, Vers l'Avenir..., Libre pour La libre Belgique, La libre Bis, La Libre Culture..., Canard pour Le Canard enchaîné, Libé pour Libération.... (mais cela peut ralentir l'ouverture de la page).
Remarque -
Dans la configuration actuelle de JULIBEL, vous ne pouvez sélectionner
qu’un seul renvoi par requête; ce qui ne permet pas toujours
d’affiner et de bien cibler la recherche.
Exemple : En cliquant
sur le renvoi « titre », la base propose plus de 1000 échantillons
(c’est plutôt indigeste) ; mais si on pouvait cliquer sur « titre » et
sur « cinéma », la liste des réponses se limiterait à 42
occurrences !
En accord avec le centre
Valibel, nous avons demandé instamment au CENTAL qu’il soit possible, dans le plus
court délai, de combiner au moins deux renvois.
VOS
SUGGESTIONS
Toute suggestion sur le
contenu, sur la présentation, sur la maniabilité de la base de données JULIBEL
sera la bienvenue. Pour cela s’adresser au Centre Valibel [ wilmet@rom.ucl.ac.be ] ou bien à la rédaction de
la revue trimestrielle Langue maternelle * Documents pédagogiques où se
fait l’encodage des nouvelles fiches [
jules.bradfer@scarlet.be ]
Nous vous en remercions
d’avance !
Et maintenant, excellente
navigation sur les déferlantes de JULIBEL !
langue maternelle
documents pédagogiques
Activités de langue française dans l’enseignement secondaire * Revue trimestrielle