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JULIBEL, le français actuel Base de données initiée à la rédaction de LMDP |
SOMMAIRE |
Numéro 145 * Juin 2011
Sommaire 1. Une semaine de l'orthographe, de la 1re à la 6e, par Damien Avet
2.
Un texte peut en cacher un autre...
3. Une nouvelle chronique: blogs-de-profs * Des classes de français, par Fabien Lafontaire
4. Cécile Valet, Savoir lire et vouloir lire: entre capacités et motivations, 1er degré |
Edito Quels blocages empêchent d'agir sur l'école ? Je crois qu'il y a trois grands blocages : il y a un premier blocage dans la représentation de l'école elle-même qui est considérée comme l'institution sacrée de la culture et de la nation. Et on ne touche pas à ce qui est sacré. Le deuxième blocage, c'est que l'école est un système extrêmement compliqué, dans lequel il y a des dizaines de professions, des dizaines de spécialités, des dizaines de catégories et chacune de ces catégories a l'impression qu'elle va perdre si l'on change quoi que ce soit. Le troisième blocage vient de ce que les gens qui gagnent dans les injustices scolaires actuelles n'ont pas forcément intérêt à ce que l'on transforme une école qui fonctionne plutôt en leur faveur. Par exemple, il paraît très difficile de toucher à la position des grands lycées, des classes préparatoires, des filières d'élite..
François DUBET répond au blogueur Leporello, |
Une « semaine de l’orthographe » au Collège Saint-André, Auvelais
Récit de Damien Avet
un projet rassembleur * un large éventail d'activités
Élèves libres et créateurs Habituellement, le seul regard que le professeur pose sur la copie est celui du correcteur sur des épreuves d'imprimerie, et non celui d'un lecteur à l'écoute d'un auteur. Dominique Bucheton et Jean-Charles Chabanne, Parler et écrire pour penser, PUF, 2002, p. 35
A la sempiternelle dictée qui laisse les élèves passifs, anxieux seulement de mal reproduire le texte original, il me semble plus enrichissant de substituer un cheminement qui les fasse libres et créateurs. Michel Barlow, Enseigner le français aujourd'hui, Centurion, 1971, p. 52. |
A l’initiative de l’Association des Parents, une « semaine de l’orthographe » a été organisée au Collège Saint-André. Celle-ci s’est articulée autour d’une conférence, d’ateliers organisés par les enseignants et d’une dictée marathon. Élèves, professeurs et parents ont fait preuve d’un bel enthousiasme pour ce projet traitant pourtant d’un thème « difficile », voire risqué.
La semaine a débuté par une conférence de Monsieur Stéphane Hoeben, spécialiste international des matières pédagogiques : ancien instituteur, puis formateur de futurs instituteurs, il est aujourd’hui formateur indépendant et répond aux demandes diverses qui lui viennent de toute la francophonie. S. Hoeben y a abordé les sujets suivants :
- L'orthographe fout le camp. Oui ? Non ?
- Pourquoi ?
- Que faire ?
Je lui avais demandé en fait d’essayer de répondre à la question « Les jeunes aujourd’hui ont-ils une orthographe plus catastrophique que leurs aînés ? » De là l’intitulé de la semaine : Orthograve ?
Dans sa réponse, son ton, à la fois sérieux et humoristique, a donné à la conférence l’intérêt et le dynamisme souhaités. Les thèmes abordés ont répondu largement aux attentes et l’invitation à prendre du recul par rapport à cette problématique n’a laissé personne indifférent. La salle, garnie d’un public intéressé au sein duquel on retrouvait enseignants de français, direction, parents et même quelques élèves, a pu profiter après la conférence d’une séance de « questions-réponses » pour recevoir quelques informations complémentaires. La semaine de l’orthographe était lancée de très belle manière.
Les professeurs ont, eux aussi, adhéré au projet et préparé pour leurs élèves de nombreux ateliers qui ont été très appréciés. On y a chassé la faute dans la presse, créé des jeux de société pour améliorer son orthographe ou encore écrit des textes … sans faute. Les différents travaux, tous aussi intéressants et originaux les uns que les autres, ont fait l’objet d’une grande exposition lors de la clôture de la semaine.
Le principe était celui d’une participation libre : s’inscrivaient dans les ateliers ceux (professeur et sa classe) qui le voulaient, pour l’équivalent d’une période de cours, ou plus. Cela permettait également à certains de parcourir les divers ateliers, sans être nécessairement accompagnés du professeur de français.
C’est ainsi toute la matinée d’un mercredi qui a été dédiée au thème de l’orthographe : nous étions en effet partis de l’idée qu’il valait mieux une matinée pleine et réussie plutôt qu’une journée complète (voire plus !) qui aurait donné l’impression d’être du « remplissage » ! Autre principe de base : pas question d’imposer l’orthographe comme moyen de sélection ou de classement des élèves (je rappelle que mon collège accueille des élèves de tous horizons : 1er degré commun et différencié, général, technique de qualification et professionnel, industriel entre autres), mais volonté de dédramatiser la question de l’orthographe en montrant que tout le monde peut faire des fautes, que tout le monde peut en corriger, qu’on peut s’amuser en travaillant l’orthographe, qu’on peut aussi se faciliter l’orthographe avec quelques moyens mnémotechniques (l’étymologie, par exemple)… Pas de points donc pour couronner la participation ! On ne voulait pas d’un Balfroid élitiste bis !
La dictée du Balfroid, du nom de son auteur, Liliane Balfroid, institutrice à la retraite, est un concours d'orthographe destiné aux élèves de 6e année primaire
Enfin, afin de terminer la semaine en beauté, les membres de l’Association des Parents ont invité les élèves et leurs parents à relever un défi : écrire, sous la dictée, en faisant le moins de fautes possible, l’intégralité du « Petit Prince » de Saint-Exupéry. Tous les élèves du premier degré ont donc écrit au cours de l’après-midi quelques lignes du célèbre roman. La dictée s’est poursuivie au-delà des heures de classe, et des parents ainsi que des élèves du dernier cycle ont parachevé le travail. Le défi a été brillamment relevé.
Cette « semaine de l’orthographe » fut donc un beau succès. Les commentaires entendus ici et là ont témoigné de la réussite du projet. En passant d’un atelier à l’autre, tout au long de cette matinée, j’ai ainsi rencontré des élèves (et pas nécessairement des « intellectuels ») qui prenaient du plaisir à travailler l’orthographe…autrement ! Cela n’aurait évidemment pas pu être possible sans la motivation des principaux acteurs : élèves, professeurs, parents et direction qui ont tous soutenu l’initiative. La presse s’est fait l’écho de l’événement et cela a contribué évidemment à impliquer les élèves. La ministre de l'enseignement obligatoire, Marie-Dominique Simonet, invitée, se serait même prêtée au jeu si un empêchement de dernière minute ne l’avait rappelée vers d’autres obligations.
Je terminerai en disant que, contrairement aux craintes exprimées a priori, l’organisation de cette semaine n’a pas amené de gros chambardements dans l’établissement, que ce soit en termes d’horaires, d’occupation des locaux ou de gestion des groupes.
Voici maintenant un très bref descriptif des actions menées :
sommaire & édito 145 * début semaine de l'orthographe
1) La chasse aux fautes : l’atelier consistait en la traque de fautes dans des articles, publicités, tracts…. préalablement recueillis dans la vie quotidienne.
2) Langage SMS : il s’agissait ici d’exercer son « bilinguisme » : traduire du français en langage SMS et inversement
Voir Cédrick Fairon, Jean René Klein et Sébastien Paumier, Le langage SMS, Pr. univ. de Louvain-la-Neuve, 2006, 131 p. Etude d’un corpus informatisé [environ 30.000 échantillons], à partir de l’enquête Faites don de vos SMS à la science, menée par le Centre de traitement automatique du langage (CENTAL) de l’UCL
3) Jeux de société (plateaux et/ou cartes modifié(e)s) : on a ainsi eu droit à un Monopoly de l’orthographe, par exemple
4) Jeux sur PC : les sites internet ne manquent pas…
5) Racines grecques et latines et expressions tirées des deux langues
6) Ecriture de textes et slogans sur la solidarité : nous étions engagés alors dans un projet de coopération avec le Sud, dans un Jeune Magasin du Monde Oxfam et nous voulions voir le meilleur texte publié dans la presse locale
7) La chaîne : on donne au premier élève d’une chaîne de 10 un texte court (4 ou 5 lignes) en lui disant : « il y a ici une faute, tu recopies le texte en corrigeant la faute et tu en crées volontairement une autre. Au 10e élève par contre, on dit tu reçois un texte dans lequel il y a normalement une faute, tu la corriges. » Résultat saisissant !
8) Hollywood Subjonctif : nos élèves du 3e degré de l’option « arts d’expression » avaient avec leur professeur de théâtre déniché cette pièce courte de Jean-Pierre Dopagne, qu’ils ont mise en scène et jouée. Elle aborde la question de la sélection par l’orthographe et la dictature de ceux qui savent. La scène était suivie d’un débat, animé par les jeunes.
9) Rébus : un site internet nous en a fourni l’idée : il décompose votre nom, votre adresse ou n’importe quelle phrase en rébus. On peut évidemment travailler dans l’autre sens. Voir p. ex. http://www.rebus-o-matic.com/
10) Scrabble : une de nos élèves était férue de ce jeu et a organisé un atelier jeu.
Voir p:. ex. http://www.scrabblepro.com/
11) Ecrire un manuel d’orthographe ? Un de nos enseignants, Jacques Nicloux, a édité plusieurs livres sur le sujet. Il rendait compte de son expérience aux élèves qui venaient l’interroger
12) Ecriture d’un article « orthograve ? » destiné à être publié dans le journal de l’école, le Courrier Saint-André
13) Dictée itinérante : menée par des élèves de 6e qui soumettaient un texte ironique à la dictée des enseignants rencontrés
14) …
La dictée n'est qu'un exercice de contrôle et ne peut en aucune façon devenir un exercice d'acquisition. Jean-Pierre Balpe, Pratique de l'orthographe au cycle élémentaire, Colin, 1976, p. 110. |
sommaire & édito 145 * début semaine de l'orthographe
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Clins d'oeil intertextuels pour saluts à bons entendeurs
Troisième degré
retrouver le texte source * observer les moyens de réécriture * et s'il le faut vraiment... donner sa langue au chat !
Objectifs et méthodologie
Montrer que la réécriture (citation, parodie, pastiche, paronymie...) est une forme d'expression qui présuppose, entre auteur et lecteur, un savoir textuel partagé.
Pratiquement...:
Comment procéder en classe de français si des élèves ne détiennent pas cette mémoire commune ?
Comment éviter de disqualifier le lecteur qui, de prime abord , n'a pas reconnu et apprécié un procédé de réemploi ?
Quelles étapes proposer à l'élève pour dévoiler à la fois les moyens de réécriture et les circonstances de son énonciation ?
Enfin, comment l'amener à produire lui-même des clins d'oeil intertextuels (choix de thèmes, choix de moyens).?
En résumé : Faire appel le plus possible à l'initiative et à la créativité des élèves.
Corpus
* Nous nous limiterons, dans cet article, à des exemples de réécriture qui tiennent plutôt du jeu, de la plaisanterie, de l'humour... - ou de l'humeur, car le débat et même le combat affleurent souvent dans ces réemplois textuels.
* Tous les exemples proposés ici datent de ce début d'année 2011, lus ou entendus dans divers médias: presse écrite, télévision, radio.
* Le professeur pourra choisir ceux qui lui paraissent convenir le mieux au niveau des élèves.
Première étape : remonter du texte cible au texte source.
début clins d'oeil * sommaire et édito 145
Voici des textes parus récemment dans les médias (télévision, radio, presse écrite...): chacun est un remaniement, un réemploi d'un texte antérieur, peut-être connu de vous, Appelons "texte source" ce texte antérieur. Appelons "texte cible" le texte remanié. .
En filigrane :
* surtout des titres de livres, de films, de chansons... signés Marcel Aymé, Jean Giraudoux, Joseph Staline, Ernest Hemingway, Hervé Baslé, Charles Perrault, Eugène Ionesco, Paul Claudel, Jean-Pierre Jeunet, Dino Buzzati, Richard Wagner, Sergio Leone, Denys de la Patellière, Mano Solo, Victor Fleming, William Shakespeare, Patrice Leconte, Julie Lipinski ...
* un adage familier,
* un célèbre mot historique,
* et un extrait d'oeuvre connue.
Texte cible |
Date, auteur et source |
01 |
Le vieil homme et la mort |
19.01 |
Jérôme Garcin, Le nouvel Obs' |
02 |
Le Boon, la brute et le néant |
25.01 |
Gérard Lefort, Libération |
03 |
MAM, ma sœur MAM, pourquoi n’as-tu rien vu venir? |
29.01 |
Régis Sourbrouillard, Marianne |
04 |
La guerre des trois n’a pas eu lieu |
10.02 |
Emmanuel Lévy, Marianne |
05 |
Le désert des barbares |
19.02 |
Fernand Denis, La Libre culture |
06 |
Poigne de fer et Guéant de velours |
04.03 |
Elodie Grégoire, Le Figaro |
07 |
Le plus bio jour de ma vie |
22.01 |
Le Figaro Madame |
08 |
Sarkozy : comment s’en débarrasser ? |
16.03 |
Hervé Algalarrondo, Nouvel Obs' |
09 |
Docteur Sollers et mystère Philippe |
04.02 |
Jean-Marc Parisis, Le Figaro |
10 |
Fighter, l'or du ring |
09.03 |
Eric Neuhoff, Le Figaro |
11 |
Pour qui sonne le glam |
24.03 |
Gérard Lefort, Libération |
12 |
Circulez il y a le monde à voir. |
03.03 |
Slogan du Salon de la randonnée |
13 |
L'UMP, combien de divisions ? |
02.04 |
Mathieu Lindon, Libération |
14 |
«Des commères ! » - «Mais joyeuses !» |
27.02 |
France Culture, ém. Les papous dans la tête, |
15 |
C'est pas du gâteux |
02.02 |
Le Canard enchaîné |
16 |
Potes de sept lieues |
13.04 |
Éric Loret, Libération |
17 |
Un taxi pour Benghazi |
07.04 |
Franck Nouchi, Le Monde |
18 |
Beaucoup de bruit pour pas grand-chose |
13.04 |
Gaël Vaillant, Journal du dimanche |
19 |
L'annonce faite à Lisbonne |
08.01 |
Patrick Apel Muller, L'Humanité |
20 |
Borloo ou le nébuleux destin du leader valoisien |
13.04 |
Laureline Dupont, Marianne |
Premier bilan:
Quels "textes sources" avons-nous retrouvés ? Soit ... / 20
Et de quels auteurs ? Soit ... / 20
Deuxième étape: observons la situation et les procédés de réécriture.
début clins d'oeil * sommaire et édito 145
Quand l'actualité est un déclencheur d'écriture ! Observons les moyens de la réécriture.
[Le chapeau, sous le titre, et d'autres notes entre parenthèses, nous aident à comprendre la situation d'énonciation.]
1 |
Le vieil homme et la mort C'est le récit d’un ultime voyage à Beyrouth, une manière de cérémonie des adieux. Elias a 104 ans, et il va bientôt s’éteindre. Le Nouvel Obs, 19.01. Recension - titre et chapeau - du roman de Christophe Donner, Vivre encore un peu |
||||
02 |
Le Boon, la brute et le néant
Libération, 25.01 Que voudrait-on insinuer avec ces mots : "brute" et "néant"? |
||||
03 |
MAM, ma sœur MAM, pourquoi n’as-tu rien vu venir? Un mois. Il aura fallu un mois pour que l'Etat français regarde enfin la réalité tunisienne en face. Jusqu'au jour du départ de Ben Ali, la France n'a pas voulu entendre la rue tunisienne, refusant d'interpréter politiquement tous les mouvements sociaux en cours. Un aveuglement complice de la part de la classe politique et diplomatique française, largement favorable au statu quo.
Marianne, 29.01 |
||||
04 |
Téléphonie, ADSL: comme
prévu, la guerre des trois n’a pas eu lieu
Marianne, 12.02 |
||||
05 |
Le désert des barbares
La Libre
Culture, 12.02 |
||||
06 |
Poigne de fer et Guéant de velours Il était surnommé le «Cardinal» ou le «Vice-Président». Désormais, on l'appelle Monsieur le ministre. En arrivant Place Beauvau, ce fidèle de Nicolas Sarkozy entame une nouvelle vie politique. Le Figaro, 04.02
Titre et chapeau
|
||||
07 |
Le plus bio jour de ma vie Comment organiser un mariage éco-responsable ?
Lez Figaro Madame, 22.01 |
||||
08 |
Sarkozy : comment s’en débarrasser ? Un second mandat à l’Elysée ? Pas question ! C’est ce qu’entendent, de plus en plus souvent, les parlementaires UMP, sur le terrain. Mais cet instinct de survie qui les pousse à chercher un autre candidat peut-il se transformer, demain, en désir de meurtre du président sortant ?
Nouvel Obs, 16.03 |
||||
09 |
Docteur Sollers et
mystère Philippe
Le Figaro,
01.02 |
||||
10 |
Fighter, l'or du ring
Le Figaro, 09.03 |
||||
11 |
Pour qui sonne le glam Quintessence sublime de la féminité, elle incarne le glamour absolu. Pour l’éternité.
Libération, 24.03 |
||||
12 |
Circulez il y a le monde à voir.
Slogan du salon
de la randonnée, Paris, mars 2011 |
||||
13 |
L'UMP, combien de divisions ? La droite, on dirait le PS. Les cantonales laissent de plus en plus l’impression que l’UMP est un parti fourre-tout et attrape-rien.
Libération,
02.04 |
||||
14 |
«Des commères ! » - «Mais joyeuses !»
France Culture, Les papous dans la tête, 27.02.2011 Commentaire en studio: T: Elles sont aussi hypocrites l'une que l'autre ! - V: Des commères ! - T: Mais joyeuses ! |
||||
15 |
C'est pas du gâteux Le Canard enchaîné, 02.02, manchette à la une. Texte en deux bulles
|
||||
16 |
Potes de sept lieues
Libération
, 13.04 Remarquer le mot-valise... |
||||
17 |
Un taxi pour
Benghazi Mais quelle est cette étrange relation qui unit Nicolas Sarkozy à Bernard-Henri Lévy ? Quel est ce philosophe qui se croit autorisé, de Benghazi, à passer un coup de fil au président français pour lui suggérer fermement d'entrer en guerre avec la Libye ?
Le Monde, 07.04 |
||||
18 |
Beaucoup de bruit
pour pas grand-chose
Journal du Dimanche, 13.04 |
||||
19 |
L'annonce faite à
Lisbonne
L'Humanité, 08.04 |
||||
20 |
Borloo ou le nébuleux destin du leader valoisien
|
Deuxième bilan
1.
Quels procédés de réécriture avons-nous identifiés:
un son pour un autre (ex. mer / mort, barbares / tartares...),
un terme pour un autre (rien / pas grand-chose, Marie / Lisbonne...),
un personnage pour un autre (Sarkozy / Amédée...)
le dialogue (14), le registre familier (15, 16), l'insinuation (13, 20),
etc.
2. Quels événements,
ou situations, évoqués ici, sont "déclencheurs d'écriture"?
Sont-ils des occasions d'en débattre en classe ?
Troisième
étape :
Si je n'ai pas retrouvé certains "textes sources" ou identifié
leurs auteurs,
je donne ma langue au chat !
début clins d'oeil * sommaire et édito 145
01. | Ernest Hemingway, Le vieil homme et la mer, 1952. (roman) |
02. |
Sergio Leone, Le bon, la brute et le truand, 1966 (film) |
03. |
Charles Perrault,
Extrait célèbre de Barbe Bleue [Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir
?]
Voir André Chedid, Anne ma soeur Anne, 1985 (chanson) |
04. |
Jean Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935 (théâtre) |
05. | Dino Buzzati, Le désert des Tartares, 1940, tr.fse, 1949, (roman) |
06. | "Main de fer et gant de velours", adage connu. Voir |
07. | Julie Lipinski, Le plus beau jour de ma vie, 2004 (film) |
08. | Eugène Ionesco, Amédée ou comment s'en débarrasser ? 1954 (théâtre) |
09. | V. Fleming, Docteur Jekyll et mister Hyde, 1941 (film) |
10. | Richard Wagner, L'Or du Rhin (Das Rheingold), 1869 (opéra) |
11 | Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas (For Whom the Bell Tolls), 1940 (roman) |
12. | Patrice Leconte, Circulez y'a rien à voir, 1983 (film). |
13. | « Le Pape, combien de divisions ? », question de Staline à Churchill qui lui demandait en 1945 de respecter les libertés religieuses dans l’Europe centrale que l’Armée Rouge occupait. voir |
14. | William Shakespeare, Les Joyeuses commères de Windsor (The Merry Wives of Windsor), 1602 (comédie) |
15. | Mano Solo, C'est pas du gâteau, 1993 (chanson) voir |
16. | Marcel Aymé, Bottes de sept lieues [et autres récits], 1950 |
17. |
Denys de la Patellière, Un taxi pour Tobrouk; 1960 (film) |
18. | William Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien (Much Ado About Nothing), 1660 (comédie) |
19. | Paul Claudel, L'annonce faite à Marie, 1912 (théâtre) voir |
20. | Jean-Pierre Jeunet, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, 2001 (cinéma) |
début clins d'oeil * sommaire et édito 145
Autres documents sur ce sujet dans LMDP:
* intertextualité et réécriture dans la publicité
* réécriture de slogans, de maximes...
* lire l'allusion
Blogs-de-profs: une nouvelle chronique dans LMDP !
Cette chronique est tout à fait dans la ligne éditoriale de notre revue: témoigner de la créativité pédagogique des enseignants de français.
Précision importante:
un blog, comme la plupart des sites Internet, est un ensemble mouvant et complexe d'informations :
mouvant parce que le blogueur peut à tout moment l'ajuster et le compléter
complexe parce que le lecteur y circule comme dans un labyrinthe.
Fabien Lafontaine, professeur
à l'INDA (Arlon, Belgique),
nous présente son blog
http://fabien-lafontaine.blogspot.com/
1. Titre, intention générale, destinataires et déclaration d'identité...
Des classes de français
Dévoilement progressif de l'année scolaire au fil des lectures et des activités ... Ce blog se veut un complément du cours dispensé en classe. Il est destiné aux élèves qui auraient égaré leurs notes, aux parents de ceux-ci qui souhaitent savoir ce que nous fabriquons en classe, aux collègues afin de partager nos découvertes, ainsi qu'aux curieux de tous horizons.
Agrégé de l'enseignement secondaire inférieur en français-histoire [ENCBW]
Licencié en arts de la scène [UCL-Centre d'études théâtrales]
Professeur à l'Institut Notre-Dame d'Arlon [Belgique]
2. Chantiers ouverts, chantiers récents. :
[Accompagnés de tests, propositions de recherches, commentaires
d'élèves...]
Analyser une publicité: J'adore
de Dior
Aime sans violence — Lecture d'une brochure informative
Test sur l'échelle des plans, les angles de vue et quelques notions vues en classe
Travail de recherche d'images par les élèves
Les codes de la bande dessinée
Source - Spectacle de danse
Perception et savoir : la Cène de Léonard de Vinci
Etc
3. En marge de droite, cinq rubriques
Honnêteté intellectuelle (à propos d'éventuels ayants droits)
Spectacle (4 titres, et classes concernées)
Libellés (liens vers autres pages, de A à Z: 26 sujets pour le seul renvoi "3G": et-ça-vaut-le-détour!)
Archives du blog
Liens utiles (adresses d'autres sites Internet utiles pour classes de français)
4. Et, tout autour, ce beau décor d'une bibliothèque !
Le local de classe devenu librairie... où l'on explore le monde par les détours des livres.
|
Merci de bien vouloir nous faire part de vos avis sur cette nouvelle chronique blogs-de-profs.
Lecture recommandée:
Christèle. Couleau & Pascale Hellégouarc'h, Les Blogs. Écritures d'un nouveau genre ? Itinéraires. Littératures, textes, cultures, 2. Harmattan, éd.,, 2010, 200 pages. 19€ Voir
Cécile Valet, Savoir lire et vouloir lire: entre capacités et motivations
Compétence développée :
Lire des textes littéraires pour se construire, découvrir le monde et partager sa lecture
1: partir du connu * 2:comprendre ce qu'on lit * 3. dévoiler le sens
Objectifs : Orienter sa lecture - Découvrir des stratégies de lecture (déchiffrage et compréhension) - Se familiariser avec le monde des livres - Contrôler sa lecture - Interroger ses démarches, les verbaliser, les réajuster après essai - Elaborer des significations en reliant des indices et en mobilisant des processus de lecture et des connaissances (identification, inférence, repérage, construction au niveau du sens) - Contrôler sa lecture et interroger ses démarches - Réagir au sens construit - Savoir lire à voix haute |
Savoirs : - Lire à voix haute suivant une grille d’évaluation précise - Comprendre un texte lu, répondre correctement aux questions suivant grille d’évaluation précise - Sélectionner des informations essentielles - Construire des hypothèses de lecture à partir d’éléments connus. |
Lire : entre capacités et motivations.
La plupart des élèves qui entrent en 1re secondaire n’ont pas le même cursus et n’ont certainement pas atteint le même niveau de « compétence » en lecture quoique le CEB puisse en certifier. Forts de notre expérience de la classe, on peut s’entendre sur le fait que le fonctionnement cérébral de chacun est singulier en fonction du temps, de l’espace et d’autres facteurs qui nous échappent puisque notre fonction s’arrête à l’enseignement. Ce n’est donc pas un test qui pourrait définir, cataloguer le niveau acquis de chaque enfant en 6e primaire.
Ainsi un enfant étant dans un environnement nouveau et donc étranger peut « oublier » ses savoirs et savoir-être en lecture acquis tout au long de ses années primaires préférant canaliser son énergie à l’adaptation au milieu, à la mise en route d’une méthode de travail tout à fait différente, au stress à gérer. C’est ainsi qu’au moment de lire pour le plaisir, il s’envoie le message qu’il ne peut lire, donc il ne sait pas, il ne veut pas, attitudes renforcées pas le regard interrogateur du professeur qu’il ne connaît pas. Ce regard engendre en lui l’insécurité qui va s’accentuer au fil des années jusqu’au jour où l’adolescent rencontrera peut-être LE professeur qui lui ouvrira de nouvelles portes face à ce blocage. Entrer dans le secondaire est un traumatisme et y faire face relève du parcours du combattant.
Dans ce contexte, je me devais de leur donner des armes.
Le combat : mettre l’enfant à l’aise face aux autres, face à lui-même pour qu’il prenne plaisir à lire.
début savoir-vouloir lire * sommaire & édito 145
Etape 1 – partir de son vécu, de ce qu’il connaît : les lettres, les liens entre celles-ci.
L’essentiel du travail consistait à réconcilier l’enfant avec son image de lecteur. Lire à ce stade de l’apprentissage consiste la plupart du temps à lire un texte et à répondre à des questions référentielles sous forme de phrases plus ou moins construites et à la merci de l’évaluation de l’enseignant. Encore une fois, la réflexion de l’enfant va devoir convenir sinon la sanction sera l’échec. Echec rime alors avec ne rien comprendre, avec faiblesse, avec dévalorisation.
Tous connaissent les lettres, sauf les étrangers parfois qui ne savent pas les déchiffrer. Sinon l’alphabet et sa lecture sont connus par chacun. Ainsi les travaux débuteront par des jeux de lettres. Pas de compréhension, juste du déchiffrage, du plus facile au plus difficile.
Exemples d’activités :
- jouer à déchiffrer : lire un texte en prononçant les e en a, rythmée une lecture de mots avec un métronome, lire des phrases à vitesse variable avec difficultés de prononciation.
- Jouer avec les mots : chasse aux mots, intrus, lien représentation image, photographie des mots, mots tordus, mots cachés …
- trier les mots : mots soudés, mots en pagaille, mots mêlés, textes en morceaux, à ranger suivant indices autres le texte lui-même (ponctuation, connecteurs, mise en page …).
Ces exercices – jeux – ont très vite permis aux élèves de se définir en tant que « machine déchiffreuse » et chacun a pu constater son « état de lecteur ».
Les remarques des élèves étaient très interpellantes :
- je lis lentement, mais je sais lire
- j’accroche dans ma lecture, mais je vois ce que lis.
- je lis trop vite
- je lis lentement, donc je dois prendre plus de temps.
- je lis mal en fin de journée, j’oublie des syllabes, je passe des lignes
- je ne peux pas lire un texte mal aéré
- je me tiens mal quand je lis, assis les bras ouverts, c’est plus calme …
Grâce une grille d’évaluation construite ensemble en classe, chacun a fait état de ses défauts mais aussi de ses qualités de lecteur et a veillé au moins pour la suite de la séquence à se corriger, car ils ont très vite compris qu’en rectifiant certains comportements, leur compréhension était meilleure, or là n’était pas encore le débat.
Critères d’évaluation : lecture à voix haute.
- Articulation : on ne mange pas les mots, on ouvre correctement la bouche pour que les sons soient clairement distincts.
- Prononciation : pas d’erreurs de déchiffrage : mots oubliés, mots mal prononcés, liaisons oubliées, hésitations
- Volume : voix suffisamment forte, audible au fond de la classe (il n’est pas nécessaire de crier).
- Débit : vitesse, rythme ; on n’est pas pressé ! Mais il ne faut tout de même pas qu’on s’endorme.
- Pauses, ponctuation : respecter la ponctuation, marquer les fins de phrases, respirer naturellement.
- Intonation : adaptée au texte. Défaut fréquent : une intonation neutre, une lecture monotone. Veiller à faire passer le sens du texte.
- Attitude : stable, sans gestes parasites (danser, se tortiller, rire, mâcher du chewing-gum…)
L’articulation |
Suffisante |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Insuffisante |
La prononciation |
Correcte |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Incorrecte |
|
Adaptée |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Inadaptée |
Le volume |
Fort |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Faible |
Le débit |
Lent |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Rapide |
|
Avec variations |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Sans variations |
Les pauses |
Nombreuses |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Rares |
|
Bien placées |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Mal placées |
|
Vides (silence) |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Pleines (euh, ben, ah…) |
L’intonation |
Variée |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Monotone ou répétitive |
L’attitude |
Stable |
5 – 4 – 3 – 2 – 1 |
Mouvementée |
Total / Moyenne |
|
|
|
Etape 2 – La lecture compréhension.
début savoir-vouloir lire * sommaire & édito 145
Suite logique et attendue pas les élèves…
Exemples d’activités :
- Trier mots mêlés, dialogues mêlés
- rétablir des textes en morceaux
- contextualiser des morceaux de textes
- dessiner des textes lus
- surligner dans les textes, qui fait quoi, qui dit quoi,
- questionnaire référentiel sur les textes : lieux, personnages, SI - SF
- textes à découper, distinguer l’essentiel
- rapprochement de textes à la couverture d’un livre, se justifier
- rapprochement de 4ème avec leur couverture, se justifier
Ces exercices ont permis aux élèves de situer en tant que lecteur qui comprend ce qu’il lit.
Remarques :
- mais ce n’est pas de la lecture
- comme ça c’est gai, c’est facile …
Etape 3 : dévoilement progressif
[Cette étape a déjà été publiée dans le numéro 128 de LMDP]
Jean-Claude Mourlevat, La balafre, Pocket Junior, 1998, Illustration : Christian Heinrich
L’activité a été suivie dans trois classes en parallèle, classes de culture et de niveaux différents …
L’objectif final a été d’emblée dit aux élèves : découvrir le titre du livre, sinon donner un titre en relation avec les éléments découverts dans le récit.
Aucun élément supplémentaire ne sera donné aux élèves durant la lecture … A eux de découvrir au fur et à mesure de la lecture des chapitres et des réponses données aux questions posées sur ceux-ci, les indices leur permettant d’avancer vers l’objectif final.
Fiche remise aux élèves
Lecture - Dévoilement progressif
Avertissement au lecteur
- De quoi pourrait parler l’histoire ?
- Quels sont les personnages que l’on pourrait y rencontrer ?
- Est-ce une histoire vraie ?
- Où se passerait l’histoire ? Ce récit vous semble-t-il d’emblée sympathique ?
Après la lecture de chaque chapitre, donne un titre et justifie ton choix par écrit.
Chapitre I
- De quoi s’agit-il ? Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi et/ou comment ?
- Quel âge a le narrateur au moment de l’histoire ?
- Quel âge a le narrateur au moment où il raconte l’histoire ?
- Qu’a-t-il eu difficile de quitter ? Qui et quoi et pourquoi ? (donne des éléments précis que tu trouveras dans le texte)
- Qu’est-ce qui a change entre la date du départ et la date du retour à S… ? (Indique la date de départ et la date de retour – pages ?)
Chapitre II et III
- Dessine le quartier de la nouvelle habitation ? Indique les éléments descriptifs que tu trouveras dans le texte.
- Quel est le souvenir du narrateur par rapport à cette période de transition ?
Chapitre III
- De quoi parle ce chapitre ? Quand est-ce annoncé dans le texte ?
- A l’aide des éléments relevés dans le texte, décris en 5 lignes la maison voisine à celle du narrateur ?
- Comment est le chien ? Relève tous les éléments du texte qui le décrivent.
Chapitre IV
- Que veut dire « Ça va, je te crois … » dit par le père du narrateur ?
- Pourquoi est-il indulgent avec son fils ? Est-ce une attitude responsable ?
Chapitre V et VI
- Que va faire l’adolescent après le départ de ses parents ? Rédige une quinzaine de lignes en veillant à respecter la ponctuation et l’emploi des temps à l’indicatif, fais des phrases courtes contenant un sujet, un verbe, un cod ou/et un coi, un attribut et un seul CC.
P 40 et 41 à découvrir en classe, ainsi que la chapitre VII
Chapitre VII
- Relevons les personnages en jeu dans le livre à ce moment du récit.
Chapitre VIII
- A ce moment du récit, depuis combien de temps le narrateur est-il à la Goupil ?
- Qu’est-ce qui préoccupe l’adolescent ?
- A qui en a-t-il parlé jusqu’à présent ? Pourquoi ?
- Durant tout ce chapitre, quel est le sentiment dominant de l’adolescent ? Justifie ta réponse.
Chapitre IX
- Raconte le cauchemar du narrateur.
- Pourquoi parle-t-il de vacances de rêve ?
Chapitre X
- Que va découvrir le jeune homme dans le journal ?
Chapitre XI (à lire en classe)
- D’après le livre, comment se présentaient les journaux en 1941 ?
- Que découvre le narrateur dans les journaux ?
Chapitre XII (à lire en classe)
- Donne le prénom et le nom de la petite fille, le nom du chien et le prénom du narrateur.
- Quelle est la version du professeur d’histoire ?
- Cette version est-elle suffisante pour l’adolescent ? Pourquoi ?
- Dans quels genres littéraires « voyageons-nous » ?
- Est-ce une histoire vraie ?
Chapitre XIII (à lire en classe)
- Qu’est-ce que la délation ?
- Est-ce un phénomène qui est encore d’actualité ? Dans ta vie de tous les jours, ailleurs ?
- Qu’en penses-tu ? Donne 4 raisons qui argumentent ton point de vue.
Chapitre XIV
- Quand sommes-nous dans l’année ?
- Quelle est la révolte d’Olivier à ce jour ?
- Quelles sont les pistes qu’il se propose de parcourir pour retrouver le dénonciateur ?
Chapitre XV
- Pourquoi se présente-t-il chez Mme Goret ?
- Dans quel état est la maison de Epstein ? Pourquoi ?
- Dans quel état psychique se trouve Olivier à ce moment du récit ? Où est-il dans le temps et dans l’espace ? Que fait-il ?
Chapitre XVI et XVII
- Qu’est-il réellement arrivé à la famille Epstein et à son chien ?
Chapitre XVIII
- A quel moment de l’année scolaire sommes-nous ? Que fait Olivier et sa famille ?
- En toute logique, comme nous l’a annoncé l’auteur au début du récit, la période de transition devrait se terminer maintenant. Et pourtant … il y a un rebondissement : la balafre. D’où vient-elle ?
- Cela correspond-t-il aux différentes hypothèses que tu as énoncées tout au long du récit ?
- Dans le chapitre III, « la vraie vie, celle que j’avais laissée à S… », qu’a voulu nous suggérer Olivier à ce moment du récit ? L’avais-tu alors compris ?
- Dans quel genre littéraire avons-nous « plongé » ?
L’avertissement, première page du livre, sera donné sans aucune explication. Plongeons dans la lecture. A partir des deux phrases, les élèves réfléchissent et répertorient des éléments que l’on pourrait découvrir dans le livre. Ce sont donc des hypothèses que nous pourrons vérifier durant la lecture. Pourtant l’élève se rend très vite compte de ses débordements imaginaires qu’il justifie par son vécu, ses précédentes lectures ou en références à des films qu’il a vus.
Les éléments qui reviennent dans chacune des classes sont
- des petites filles
- des chiens
- des fantômes
- une histoire
- un hameau, La Goupil
- des gens désagréables, pas ouverts
Le chapitre 1 sera lu en classe. Il est parfois nécessaire d’insister sur le fait que l’oralité peut faire prendre conscience des difficultés au niveau de lecture et de ce fait sur la question du sens.
Dans ce chapitre, l’élève sera invité à mettre en place, de façon structurée et justifiée à partir du texte, des éléments qui pourront intervenir dans l’histoire.
- Olivier quitte tout … pour un déménagement. On rentre dans une période de tumulte qui sera difficile à vivre pour le héros.
La phrase à découvrir :
« Une jolie cicatrice rose d’environ 1 cm de large qui prend naissance sous l’œil droit, passe sous le nez, traverse la bouche juste au milieu et va se perdre sur le menton … »
Deux classes sur trois ont l’ont découverte et l’ont surlignée, encore faudra-t-il qu’ils « aient cela à l’œil » durant toute la lecture … ce ne sera pas vraiment la cas.
Les chapitres 2 et 3 serviront à travailler la description. En effet, l’auteur décrit son nouveau quartier qui sera le centre de l’action. Les élèves seront appelés à s’imaginer le quartier en le dessinant et en comparant leur croquis avec celui de leurs voisins, ils devront justifier les éléments retenus et où ils les auront découverts dans le texte.
Aussi, dans ces chapitres, on découvrira ce qui va construire l’histoire : la maison voisine et le chien. (travail de description, mais aussi découverte de l’élément perturbateur, le chien qui fait démarrer l’histoire)
- Quels sont les sentiments qui se dessinent pour la suite du récit ?
Impressions subjectives données par les élèves: suspens, horreur, peu d’humour … « Bref, on ne va pas rire » ... Pourquoi devrait-on toujours faire des choses agréables, d’ailleurs, la contrainte fait aussi partie de la lecture.
« Qu’est-ce qui va changer pour Olivier durant cette année passée à La Goupil ? »
Travail demandé : décrire la maison et le chien d’une autre manière de façon à donner un autre sentiment, une autre interprétation sur la suite de l’histoire (joie, amusement, tristesse …). (Atelier d’écriture sans contraintes)
Ce travail sera lu en classe le lendemain et invitera les élèves à réagir sur leur propre écrit ainsi par rapport aux écrits des autres.
Passage à l'écriture: imaginer la suite!
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Chapitres 5 et 6 – Lus en classe. J’ai volontairement enlevé la fin du chapitre 6 et j’ai invité les élèves à le terminer eux-mêmes.
« Que va-t-il se passer pour Olivier lorsque ses parents seront partis ?
C’est un exercice d’écriture avec des consignes précises d’évaluation.
Quelques copies …
« J’ai regardé la maison voisine, et un frisson m’a parcouru. Je ne savais pas quoi faire … J’ai alors décidé d’y retourner cette nuit. Le soir arrivé, j’ai commencé à marcher. Mais quand je suis passé devant la maison voisine : rien ! Pas un geste, pas une ombre … alors j’ai continué mon chemin. Je commençais à douter, avais-je réellement vu un chien… Mais, à mon retour, là, j’étais sûr de l’avoir vu ! J’étais là, planté devant la grille qui s’ouvrait comme par magie. J’étais pétrifié ; et encore plus quand la petite lumière s’est allumée. Mais je suis quand même rentré dans le parc. Là, une petite fille est passée devant moi en vitesse. Elle était transparente ! Un fantôme ! Je hurlai et je fonçai droit à la maison. J’étais essoufflé et envahi par la peur ! Quand j’ai eu le courage de regarder derrière moi, tout était normal : portes fermées, pas de petite fille, ni de lumière. »
« - un quart d’heure plus tard, je me suis décidé à aller découvrir cette mystérieuse maison. Je n’aime pas mentir à mes parents, mais cette maison était tellement bizarre… En refermant la porte derrière moi, je me suis pis en marche en tenant un bâton dans mes mains. Pourquoi un bâton ? Pour le chien, au cas où il m’attaquerait. « Voila, j’y suis » me dis-je. J’ouvris la barrière en me dirigeant vers la porte. De peur de me faire attaquer, j’ai poussé la porte avec mon pied et pris mon bâton entre mes deux mains.
Le chien était là, debout en train de grogner. J’avais comme des glaçons derrière mon dos ! Il se mit à courir pour m’attaquer, et d’un coup sec je le frappai avec mon bâton. Lorsqu’il tomba, il se releva pour recommencer. Ce fut un long moment. Le chien saignait partout et partit de peur. En regardant tout autour de moi, je découvrais les murs tout déchirés, le sol tout cassé et les escaliers tout détruits. Je décidai de visiter.
En entrant dans une pièce sombre, je vis une ombre. Ce n’était pas une ombre noire, mais une blanche ! Je restais immobile, je ne savais pas quoi faire. L’ombre qui était là, c’était le fantôme de la petite fille.
- Bonjour, dit-elle. Qui es-tu ?
Je ne voulais pas répondre, j’avais trop peur. Je me suis enfoui de la pièce, de la maison en lâchant mon bâton. Je suis rentré à la maison, en fermant la porte à clef. Je suis monté dans ma chambre et je me suis assis sur mon lit en fermant les yeux.
- Ce n’est qu’un rêve, ce n’est qu’un rêve…
Plusieurs fois j’ai répété cette phrase pour me convaincre … Mais alors qui était cette petite fille ? »
« Pour passer la fin de la journée, j’ai pris quelques magazines. Voilà, enfin 20.30, encore une petite heure et maman téléphonera. Je pourrai alors passer à mon plan…
Je viens de raccrocher, je me suis précipité vers la porte, pris mon manteau et suis sorti. J’ai traversé la route et ai longé le trottoir en face de la villa abandonnée. Je suis passé une fois devant la grille, mais pas de chien à l’horizon, puis une deuxième fois. Toujours rien. Alors, je suis rentré et me suis tout de suite mis au lit. Samedi matin, je me suis rendu chez Jérôme et nous avons passé la journée ensemble. Ensuite, vers 20.00 heures, je suis rentré chez moi, car maman allait à nouveau m’appeler. Quand j’ai raccroché, je suis sorti de nouveau. Ce soir, je me suis dirigé vers le portail rouillé et je me suis collé dessus. Aucun signe du chien fantôme. Je rentrai donc chez moi, j’allai immédiatement au lit. Dimanche, je me suis réveillé tard dans l’après-midi, car j’avais passé la moitié de la nuit à m’interroger sur ce chien – pourquoi ne l’avais-je vu qu’une fois ? – En fait, je me suis réveillé quelques temps avant que mes parents ne reviennent. Quelles questions allaient-ils me poser et comment répondrais-je ? »
La découverte de la fin du chapitre se fera le lendemain. Evidemment, le chapitre ne pouvait se terminer ainsi, car certains en font tout simplement une fin de livre et non une fin de chapitre. Rappelons l’importance et la différence entre fin d’histoire et chute dans un chapitre … Il y aura comparaison entre les différents écrits et suivant les éléments que les élèves auront retenus. Je constate avec bonheur que la plupart commencent à avoir un avis clair et précis (mais personnel) sur la suite, sans pour autant se souvenir de ce qui a été dit 20 pages avant … Ce qui est important pour certains ne l’est par pour d’autres, des éléments essentiels nommés au chapitre 1 sont oubliés. Cependant, je fais confiance à l’auteur car il arrivera le moment où celui-ci rappellera ces éléments.
Dans le chapitre 7, nous nous arrêtons sur les personnages principaux et secondaires qui interviennent à ce moment du récit.
Les élèves se montrent de plus en plus pressés de lire la suite. Peu décrochent quel que soit le niveau … de lecture. Chapitre 8, 9, 10 seront à lire pour la leçon suivante, avec un test de lecture à l’appui, histoire de donner une motivation supplémentaire. …. 75 % ont réussi.
La frustration éprouvée par le fait que je donne chapitre par chapitre se fait sentir. Les élèves commencent à faire des liens et surtout créent des hypothèses que je leur demande d’argumenter par écrit. C’est l’occasion de travailler l’argumentation, pas trop longtemps car ils veulent connaître la suite du récit.
Chapitre 11, 12, 13 en classe, suivant le mode de lecture qu’ils choisissent en commun. C’est-à-dire soit à haute voix, soit à voix basse … Ces chapitres les ont amenés à aborder quelques réflexions et à débattre sur la seconde guerre. Quelques-uns racontent des histoires de famille ou de village dont ils ont entendu parler … et tout d’un coup l’histoire du livre leur devient presque réelle, or il y des fantômes !!!
A partir du chapitre 13, je constate que les bons lecteurs s’éloignent et demandent à lire seuls, les moins bons s’accrochent (franchement, peu ont décroché). Je ne peux plus envisager de m’arrêter pour travailler au détour l’une ou l’autre compétence. Je donne toute la fin sauf le dernier chapitre, chute et rebondissement, qu’il faudra découvrir ensemble.
Proposer un titre...
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Au cours de la leçon qui suivra, je constate que 5/20 ont tout lu, 12/20 ont lu ce qui avait été défini, 3/20 ont décroché. La vérification a été faite au travers d’un test de lecture. Durant une heure de cours, j’invite les élèves qui le souhaitent à continuer la lecture (autonomie).
Le dernier chapitre sera donné de façon désordonnée par morceaux et l’élève devra reconstituer le chapitre en fonction du sens qu’il découvrira durant sa lecture de façon à pouvoir donner un titre.
Exemples de titres donnés :
- Le mystère de la Goupil
- La maison fantôme à la Goupil
- L’histoire Epstein
- Mon secret
- Voilà comment j’ai découvert le secret de Mme Goret
- Olivier et le secret de la Goupil
- Dix mois à la Goupil
- La Goupil, un hameau tourmenté
- …
Les élèves ont été invités à justifier leur choix à partir d’éléments pris dans le texte.
Il y a trop d’éléments pour mettre de l’ordre, beaucoup de sujets sont abordés. Difficile de trouver l’essentiel. Pourtant …
Nous lisons le chapitre tel que présenté dans le livre. Toujours la même question . Certains font le lien avec le chapitre 1 … pas beaucoup.
Epilogue … et lien avec le chapitre 1. Beaucoup ont compris.
« Au fait, dans quel genre littéraire sommes-nous ? »
Présentation de la couverture … La balafre
début savoir-vouloir lire * sommaire & édito 145
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Illustration : Christian Heinrich Né à Sélestat (Alsace) en 1965. Formation à l'Atelier d'Illustration de l'Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, où il enseigne actuellement. Réactions des élèves :
- par
rapport à la balafre : démesurée tellement elle a pris de l'importance dans
la vie d'Olivier et aussi parce que c'est le thème du livre.
- par
rapport à la présence de la petite fille : elle semble en attente, en demande
...
- par
rapport au visage de l'enfant : il est intéressant de voir que la plupart des
élèves rapprochaient dans leur imaginaire l'enfant d'un modèle vivant de la
classe.
- par
rapport au paysage : peu de commentaires, voire aucun. A 12 ans, il semble que cela ne soit pas encore très important ... ou que l'enfant n'a pas encore la maturité de l'interpréter, sauf si on l'induit. |
L'avis des élèves en fin de parcours
Tout au long de cette lecture l’élève ne prend pas conscience qu’il est en train de lire un livre puisque il est accompagné dans ses démarches. Son travail n’a rien d’obligatoire. Il le fait avec les autres, il partage, il échange, il aide.
C’est à la fin qu’il s’étonne de son propre niveau parce qu’il s’est senti reconnu et dans ce qu’il peut faire et dans ses difficultés.
Il est dès lors capable de savoir ce qu’il peut lire et ce qu’il sait Lire. Il est capable de reconnaître les lectures qui lui conviennent. Je dois dire que le taux de réussite de cette pratique est considérable puisque la plupart des élèves font la démarche d’aller chercher un autre livre à lire dans semaine qui suit et sont heureux de pouvoir le dire et surtout de pouvoir le raconter. Ils peuvent être fiers d’eux. Ils savent lire, seulement on ne leur avait pas toujours dit comment faire …
PS : cette séquence de dévoilement constitue un bon départ pour un « défi-lecture ».
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