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SOMMAIRE 

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Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source

 

 

Numéro 141 * Juin 2010

 

Edito

La rédaction de LMDP remercie cordialement M. Jean Georges, chargé de mission de l'Inspection de Lettres (France), qui nous adresse ce message. Il rend hommage à l'initiative et au projet de notre revue, et surtout aux enseignants dont il salue la disponibilité et la créativité.

L’enseignement repose plus sur les enseignants que sur les programmes : telle est ma conviction à mesure que des missions d’inspection me donnent à connaitre des professeurs en situation, et pas seulement des programmes inscrits dans des textes officiels. 

Si les recommandations varient, si les instructions évoluent  au gré des réformes, les hommes et les femmes chargés de les appliquer ne changent pas et assurent par la constance de leurs qualités humaines et professionnelles une continuité dans la finalité éducative de notre métier.  Dévouement, intelligence, compétence, sensibilité, inventivité, la plupart des professeurs utilisent ces qualités dans le cadre de leur liberté pédagogique et humanisent ainsi des objectifs généraux dans une relation personnalisée à leur classe. 

Cette qualité des enseignants est la chose la plus précieuse à conserver (plus importante encore que le retrait ou le remplacement de tel ou tel axe du programme) : elle s’appuie sur la solidité de leur formation, sur leur conscience claire de leur rôle éducatif, sur leur approche sensible des problématiques sociales et culturelles. J’ignore si l’on devient encore professeur par vocation comme on le disait naguère. Cela reste du moins un métier que l’on peut exercer la tête haute parce que la cause est noble et rare dans un monde  soumis aux diktats de la consommation. Pour toutes ces raisons lorsque je me rends dans une classe, j’ai plus que de la sympathie pour le professeur, j’ai de l’admiration pour cet humble artisan d’une culture mieux connue et mieux partagée.  

Jean Georges

Sommaire

Paul Verheggen, Jean-Jacques Goldman: une chanson, un clip, et... quelque part en Afrique 1er et 2e degrés lire

Cécile Jancart, Regards croisés sur la littérature européenne. Spectacle, exposition, conférence 3e degré lire

Collectif: L'orthographe autrement. Quelques propositions d'écriture créative. 1er degré lire

Jean Ferrat, 1930-2010, pour mémoire * Documents et propositions d'activités LIRE

 

Une chanson, un clip et... quelque part en Afrique

Juste après, de Jean-Jacques Goldman

Un récit... et un voyage avec Paul Verheggen, IT, Namur

  le texte * le clip * commentaire du clip * origine du clip

Elle a éteint la lumière,
Et puis qu’est-ce qu’elle a bien pu faire ?
Juste après ?

Se balader, prendre l’air ?
Oublier le sang, l’éther,
C’était la nuit ou le jour ?
Juste après ?

Deux, trois mots d’une prière,
Ou plutôt rien et se taire,
Comme un cadeau qu’on savoure,
Qu’a-t-elle fait ?

Un alcool, un chocolat,
Elle a bien un truc comme ça
Dans ces cas-là.

Le registre, un formulaire,
Son quotidien l’ordinaire,
Son univers.
A-t-elle écrit une lettre ?
Fini un bouquin peut-être ?
Une cigarette ?

Qu’est-ce qu’on peut bien faire,
Après ça ?

Elle y est sûrement retournée
Le regarder respirer,
Puis s’est endormie.

Comme dormait cet enfant,
Si paisible en ignorant,
Qu’on en pleurait jusqu’ici.

Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire,
Après ça ?

Texte sur paroles-musique.com : ouvrir   

 

Juste après : analyse

 

Consigne de départ : 

Cachez avec une feuille blanche le texte ci-dessous. Découvrez-le au fur et à mesure de la lecture de celui-ci. Il faut impérativement suivre les étapes décrites, s’arrêter de lire cette analyse et respecter la consigne donnée pour un effet mystérieux et surprenant de la leçon.

 sommaire & édito 141 * début Juste après

Première étape : le texte

Lire le texte de la chanson « Juste après ».

Poser les questions habituelles :

Que se passe-t-il ? Qui est ce « elle » ? Quel est le métier de cette femme ? Pourquoi de l’éther ?

« Le » regarder respirer : qui est ce « le » ? Son mari ? Son enfant ? Son copain ? Etc.

 

A force de se poser inlassablement la question « mais qu’est-ce qu’elle a bien pu faire juste après ? », J.-J. Goldman nous fait nous poser une autre question : « mais qu’a-t-elle bien pu faire avant qu’il rende cet après si intéressant ? ».

 

NDLR : Il se peut qu’un élève ait vu le clip qui date néanmoins de 1994. Il peut nous donner des indices sur la scène décrite mais pas sur tout.

 

Deuxième étape : le clip

 Lecture du clip 

Comme les paroles ne nous révèlent pas grand-chose, ce sera le clip qui nous en dira un peu plus long.

Avant cela, attirer l’attention sur le message apparaissant au début du clip :

« Je suis tombé sur ce documentaire par hasard, une nuit en zappant.
 Happé par les images violentes,  presque complaisantes, puis miraculeuses pour cette femme  et son quotidien de vie ou de mort. ».

  

Sur YouTube : taper « Juste après – Goldman » Regardez maintenant le clip.

                                    http://www.youtube.com/watch?v=hJRpM0k0rxo

 

Commentaires sur le clip

sommaire & édito 141 * début Juste après

D’après un article de Anne-Chantal dans www.jeunespourlavie.org  n°126 10/2009. Un grand merci de me l’avoir envoyé !

On voit surtout une horloge, avec son « tic-tac »incessant, des yeux, parfois mouillés, des paysages, ... toutes des choses qui à première vue n’ont pas beaucoup de rapports entre elles. On est transportés à grande vitesse vers un autre continent : grands espaces qui deviennent enfin sable  (Afrique ?)

Et c’est là que Goldman pose toutes ces questions. Des questions auxquelles on n’a pas (encore) de réponse.
Et tout à coup la musique s’arrête pour faire place au tic-tac rapide de l’horloge. On assiste à une naissance. Les yeux sont fixés sur les gestes précis du médecin et de l’infirmière. Mais voilà qu’un problème survient. La confusion se devine dans toutes sortes de détails : l’infirmière s’acharnant à réveiller le bébé, les yeux qui s’agrandissent, l’aiguille de l’horloge qui n’avance plus.

  On voit les gestes toujours déterminés de l’infirmière qui semble s’acharner à faire vivre cet enfant, et surtout cette aiguille qui n’avance toujours pas. Elle part mais elle revient aussitôt. Comme si elle était indécise quant à la suite des évènements. C’est plus angoissant que si elle restait sur place. Et cet enfant qui ne veut toujours pas ouvrir les yeux ! Tout semble happé par les mouvements de l’infirmière. Et petit à petit le rouge remplace le blanc de l’horloge... (Se poser la question : pourquoi ?)

Soudain, presque miraculeusement, la musique repart, l’aiguille repart elle aussi, le médecin soupire d’aise en même temps que les yeux de la petite fille s’ouvrent. Et on se sent à nouveau respirer.

A ce moment seulement, on commence à comprendre le questionnement du chanteur.

Tout cela se passe en Afrique, au Congo belge.

 

Troisième étape : Origine du clip

 sommaire & édito 141 * début Juste après

Quelle fut la démarche de J.-J. Goldman pour créer cette chanson ?

Qui sont réellement les personnages montrés dans le clip ?

Que sont-ils devenus ?

Sont-ils au courant qu’une chanson et un clip sur eux ont été écrits ?

L’enfant : une fille ou un garçon ?

Est-il encore en vie ?

 

Et d’autres questions encore trouveront la réponse dans le reportage en tapant sur un moteur de recherche ou sur YouTube : «  Juste après – Goldman – Origine du clip »

Excellent compte-rendu filmé de manière succincte, synoptique. A regarder maintenant.

 Il répondra à toutes les questions posées ci-dessus et aussi à celle du début :

 

«  Qu’a-t-elle fait juste après ? » 

Le matériel utilisé n’est peut-être pas des plus modernes, mais là au moins ils ont la volonté de faire vivre leurs enfants (et avec quels résultats !). « Ce que vous allez voir, vous ne le verrez jamais ailleurs. Parce que chez nous, quand un bébé naît à moitié mort, il y a couveuse, réanimation et tout le tremblement. Ici rien. »

« Mais qu’est-ce qu’on peut bien faire après ça ? » Témoigner de la beauté de la vie évidemment :)

Comme quoi Youtube peut nous offrir de bonnes choses !

    

 « Couveuse » dispensaire de N’gaparou, Sénégal

Autres vues de ce dispensaire: ouvrir

sommaire & édito 141 * début Juste aprè

Autres articles de Paul Verheggen

* Regards croisés sur le coquelicot. Le peintre (Monet), le poète (Desnos), la chanson populaire (Gentil coquelicot): http://docpedagfrancais.be/Sitelmdp/118coquelicot.html * Deuxième degré

* Parcours Van Gogh, de la 1re à la 6e Ouvrir

* Pari(s) gagnant: activités en classe de français autour de la préparation d'un voyage, 2e d. TQ ou TT. Avec "Ouvertures" vers d'autres horizons. Ouvrir

* Quand un air du Sénégal vous transporte ... à Namur Ouvrir

 

Regards croisés 

sur la littérature européenne contemporaine

Récit: Cécile Jancart

C'était en 2009, à la Maison culturelle de Bertrix (Belgique)

Tout ça, dans quel but? 

Sortir les étudiants des murs de l’école, leur donner l’opportunité d'écrire pour un public autre que le professeur, se dépasser en se présentant devant un public élargi pour dire des extraits d’auteurs : autant d’occasions de les faire progresser, de développer leur confiance en eux pour les préparer au mieux aux études supérieures.

Plusieurs d'entre eux reconnaissent les bienfaits de telles initiatives au niveau de leurs études, littéraires ou scientifiques, et m’encouragent à renouveler les expériences même si elles entraînent une part de stress à gérer.  

Cécile Jancart

Sur le thème du labyrinthe...

Chacun d’entre nous, dès sa naissance, entame le chemin de son labyrinthe intérieur. Parcours de mondes à découvrir, de portes à ouvrir, afin d’arriver au centre, là où se trouve sa terre intérieure, son centre de vie qui nous permet de partager sans peur. La route est parsemée d’embûches, de passages murés, de carrefours. C’est un voyage vers soi-même. Le danger est d’emprunter les ailes d’Icare et de quitter l’intérieur pour aller vers l’extérieur. En échange, la création nous ouvre les portes de nos possibles, de l’enrichissement et de la connaissance de soi. Elle permet d’atteindre l’accessible étoile qui nous habite et nous guide.

Michelle Warnier

 

Un spectacle

Les élèves de 6e de l'IND de Bertrix, sous la guidance de leur professeur Cécile Jancart présentent des extraits de 23 auteurs de pays européens avec un support visuel

Le site de l'IND

 

Une exposition

Elèves, professeur, et une artiste - Michelle Warnier - y croisent leurs regards à travers différents niveaux de lecture: le contexte historique, l'approche freudienne, le ressenti.

M. Warnier; en savoir plus

Une conférence

Jacques De Decker, écrivain, journaliste et membre de l'Académie royale de Belgique, partage ses connaissances à propos de la littérature européenne contemporaine.

J. De Decker, en savoir plus

Pour terminer: Témoignages d'élèves * Générique en forme de merci

 

Un spectacle

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

...faire connaître la littérature contemporaine européenne à des jeunes et à un public d’adultes

 

Introduction musicale : Séverine Alaime  

 

LES PAYS du NORD

 

1.    Angleterre, HUXLEY Aldous,  Le meilleur des mondes [Brave New World], 1932]

[entre crochets: titre original]

Amélie Pierson

 

Situation :

Dans ce monde, désigné comme étant « Le meilleur des mondes », il n’y a plus de compétition sociale car tout le monde a sa place dans la société et chaque personne a une tâche précise à accomplir dans cet état mondial. Les gens se contentent de ce qu’ils ont et n’essaient pas d’avoir ce qu’ils ne peuvent pas obtenir. Le sexe est devenu un loisir et non un moyen de reproduction et on encourage à le pratiquer dès l’enfance. Désormais, les humains sont créés dans des laboratoires, ils évoluent dans des flacons jusqu’au moment où le fœtus arrive à maturité. Cette nouvelle manière de reproduction a pour résultat de supprimer toute compétition sexuelle et toutes les relations telles que celles de deux amoureux ou d’un enfant avec ses parents puisque maintenant la devise principale est « Tout appartient à tout le monde ». La société est divisée en cinq groupes : Alpha, Bêta, Gamma, Delta et Epsilon. Chaque groupe a un idéal bien précis à accomplir au cours de sa vie. Cet idéal est endoctriné dès le plus jeune âge…

(Julien Gourmet)

   

2.    Finlande, PAASILINNA Arto, Un homme heureux [Onnellinen Mies, 1976] Denoël, 2005

Sophie Strycek

Situation :

Un ingénieur des ponts, expérimenté, Akseli Jaatinen, arrive dans un petit village où a eu lieu une bataille de la guerre civile sur un pont qui permet l’accès au village. Le travail de l’ingénieur consiste à construire un nouveau pont à côté de l’ancien. Mais quand il arrive au village, son attitude avec les ouvriers, qu’il considère comme égaux, attire la curiosité des habitants. Un véritable conflit s’installe quand l’ingénieur répond aux provocations des élus de la commune en les humiliant. Ceux-ci mettent alors tout en œuvre pour briser l’ingénieur. Avec les moyens de la commune, le maire et ses acolytes arrivent à mettre fin à la carrière de l’ingénieur. Mais celui-ci ne s’avoue pas vaincu. Il riposte en créant une société anonyme qui obtient le permis pour la construction du système d’évacuation d’eau du village. Avec cette affaire, il possède une influence importante et entame sa vengeance à tous les niveaux. L’extrait se situe au moment où il s’installe avec la femme de Rummukainen qui vient d’accoucher de deux petites filles…

(Maxime Klels)

3.    Norvège, VESAAS Tarjei, Palais de glace [Is-Slottet, 1963] Flammarion, 1975 & rééd..

Anne-Lise Pajot et Marine Vermersch

Situation :

Siss et Unn sont deux filles de douze ans. Elles sont dans la même classe mais ne se fréquentent pas jusqu’au jour où Unn invite Siss à venir chez elle après les cours. Unn vit chez sa tante, une dame du village, car elle a perdu ses parents. Lorsque Siss se rend chez Unn, quelque chose se passe entre les deux filles, une sorte d’attirance. Siss se sent mal à l’aise et préfère partir. Le lendemain matin, Unn n’ose pas retourner à l’école, de peur de revoir Siss. Elle décide alors de sécher les cours et va se promener sur le lac vers le "Palais de Glace". Il s’agit d’une cascade qui a gelé et qui forme, avec d’autres parois de glace, un palais. Emerveillée devant ces beautés hivernales, Unn s'y aventure et s'y perd. Les villageois vont alors entreprendre des recherches afin de retrouver l’amie de Siss, à qui celle-ci avait fait la promesse de ne jamais l’oublier…

(Florine Poncelet)

début littérature européenne * sommaire et édito 141

4.    Danemark, HOEG Peter, Smilla et l’amour de la neige, [Smilla foelelse for sne,1992] Seuil, Points 1995 

Céline Nicolas

Situation

Smilla Jaspersen est une jeune femme célibataire originaire de Thulé, la capitale du Groenland. De cette enfance, elle a gardé d’innombrables souvenirs mais surtout une bonne connaissance de la neige. Elle connaît tout de celle-ci et c’est pour cette raison qu’à la mort d’Esajas, un petit garçon de six ans, elle ne croit pas à un accident. Cette connaissance lui vient de sa mère, avec laquelle elle a vécu une bonne partie de son enfance. L’extrait se situe à un moment où Smilla se souvient de sa mère, très bonne chasseuse…

(Cécile Baijot)

5.    Irlande, MC LIAM WILSON Robert, La douleur de Manfred [Manfred's pain 1992], Bourgois, 2003 

Mike Noël (vidéo et lecture)  

Situation :

Manfred est un vieillard juif qui attend de mourir. Il souffre de plusieurs douleurs physiques graves,  il espère que celles-ci mettront fin à sa vie. Alors, au fil des évènements qu’il rencontre, Manfred se projette dans le temps et témoigne des années qu’il a vécues… Ainsi, revenu en Angleterre après la guerre 40-45, il rencontre Emma, une rescapée des camps de la mort, dont il tombe amoureux et avec qui il se marie. La  naissance d’un fils entraîne rapidement le déclin du couple. Sa femme le quitte.  Elle  accepte de le revoir, une fois par mois, sur un banc,  mais il ne peut pas la regarder…  

6.    Suède, LAGERLÖF Selma, Le violon du fou [En herrgårdssägen, 1899 ]Actes Sud, 2001

Anne-Lise Pajot (Anne Lecomte au violon)  

Situation :

Nous sommes dans les années 1930, en Suède. Plus précisément du côté d’Uppsala, au nord de la capitale, dans la province de Värmland. Un son de violon nous parvient à l’oreille. Il provient d’une maison, isolée, celle de Gunnar Hede. Gunnar est passionné de musique, particulièrement de vidu reste : les études et la famille. Seule la musique luiolon, sur lequel il joue des jours entiers, sans se soucier  importe. Hélas, un jour, notre beau jeune homme apprend les difficultés que sa mère éprouve pour conserver le domaine familial. Effrayé à l’idée de perdre sa mère et leur domaine, Hede prend la décision de travailler, de céder son violon à un proche… A partir de cet instant la vie de Hede va virer au cauchemar, l’entraînant peu à peu vers la folie…Il retrouvera la raison bien plus tard grâce à l’amour d’Ingrid et de son violon….

 (Stéphane Mottoul)  

Une voix de Lettonie : Elga Empele

LES PAYS DE L’EST  

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

7. Allemagne, SCHLINK Bernhard, Le liseur [Der Vorleser, 1995] Gallimard, 1996

Antoine Henrion

Situation :

Michaël Berg, un jeune garçon allemand de 15ans, fait partie de la génération postérieure à la seconde guerre mondiale. Il va faire par hasard une rencontre qui va bouleverser sa vie. Cette rencontre n’est autre que celle d’Hanna Schmitz, une femme de 35 ans, dont il devient l’amant… et le liseur. Ainsi, s’installe le rituel quotidien : lecture, douche, faire l’amour et rester encore un moment étendus ensemble. Jusqu’au jour où la mystérieuse Hanna disparaît sans laisser de traces… Ce n’est que bien plus tard alors qu’il assiste à un procès, dans le cadre de ses études de droit, que Michaël découvrira le terrible secret de son premier amour… L’extrait se situe quand Michaël va lui rendre une visite en prison quelques années après le procès ….

(Wendy Rykers)

8. République Tchèque, HRABAL Bohumil, Jarmilka 1959, 1969 [éditions retirées de la vente: il est amené à revoir largement son texte]  L'Esprit des Péninsules, 2004

Baptiste Collard, Pierre-Louis Deudon et Anne-Lise Pajot

Situation :

Le roman d’Hrabal Bohumil se déroule dans un camp de travail stalinien, en Tchécoslovaquie. Il nous raconte l’histoire d’une jeune femme enceinte et délaissée par son amant. Cette femme s’appelle Jarmilka. Le narrateur de l’histoire est un jeune ouvrier travaillant à ses côtés. Au fil de l’histoire, Jarmilka lui raconte ses déceptions et ses désillusions. En travaillant dans l’aciérie, le narrateur va rencontrer un autre personnage important de cette histoire : Hannes Reegen. Celui-ci est toujours souriant, mais ce sourire cache de nombreux souvenirs d’atrocités. En effet, il a connu les camps de concentration. Ce roman ne dénonce pas seulement le nazisme, il dénonce aussi les camps de travail staliniens  et les abus du pouvoir en place. L’extrait se situe au moment où Hannes Reegen et le narrateur sont en train de charger des sacs de manganèse. Une détenue dans le camp passe près d’eux…

(Jonas Lepère)

9.    Slovénie, JANCAR Drago, l’Aurore boréale [Severni Sij, 1984] L’Esprit des Péninsules, Paris, 2003

Anne Lecomte (Musique : John Surman)

Situation :

Nous sommes à Maribor (Slovénie), le premier janvier 1938. Josef Erdman, un citoyen autrichien qui travaille pour la firme J. Stastny & Co. J descend en gare de Maribor. Cette ville, la deuxième de Slovénie, l’a vu grandir tout au long de son enfance avec ses parents avant la Première Guerre Mondiale. Il doit rejoindre cette ville pour y retrouver Jaroslav, son associé. En attendant sa venue, Erdman se lie d’amitié avec des personnes de toutes classes confondues : des pauvres gens traînant dans les cafés, des bourgeois des classes supérieures, des étrangers comme lui, dits de passage,.... il fait notamment la rencontre de Margerita avec qui il aura une liaison assez périlleuse. Les jours, les semaines passent et Jaroslav ne se présente toujours pas ; Erdman commence à douter de l’existence de cet homme. Ses amis et la police se posent également des questions sur cet homme étrange qui débarque un jour sans raison et sans prévenir. L’extrait se situe au moment où Erdman doute de tout. Sur un coup de tête,  il décide de rassembler ses affaires et de reprendre le train qui le ramènera à Vienne…

(Catherine Nannan)

 10.    Pologne, BIENKOWSKI Dawid, Quoiqu’il arrive (orig. 2001) éd. Laurence Teper 2006

Céline Nicolas, Baptiste Collard et Pierre-Louis Deudon

Situation :

A Varsovie, durant les années 1980, alors que le pays est en plein désarroi, 5 jeunes poursuivent leur vie de lycéens. Après des grèves successives, Aristo, Piotr, Karol, Ino et Grand Nain décident de ne pas rester les bras croisés à regarder ce qui se passe comme le font certains  adultes. Ils vont alors devenir engagés et prendre part, à leur manière, à la révolution. En effet, ces jeunes vont accomplir quelques actions contre le régime politique en place comme la distribution de tracts, la participation à la destruction de monuments communistes, etc. De plus, ils vont être à la tête d’une révolution à l’intérieur de leur lycée. Ces adolescents âgés de 17 ans vont apprendre l’absurdité de la vie et traiter celle-ci à leur manière…

(Nicolas Crombez)

 

11. Autriche, ZWEIG Stéphan, Clarissa Belfond 1992

Anne-Lise Pajot

Situation :

Nous sommes en 1902, à Vienne en Autriche, Clarissa, une jeune fille, dont le père est statisticien pour l’armée vit dans un couvent. Quant à son frère, Edouard, il est dans la marine. L’enfance de Clarissa au couvent est très monotone, son père est et restera toute sa vie très distant. Celui-ci est un homme excessivement méticuleux, qui cache totalement ses sentiments. A 18 ans, Clarissa va travailler pour le professeur Silberstein qui est médecin. Elle commence tout doucement à s’épanouir. Un jour, la jeune fille quitte l’Autriche pour se rendre en Suisse, à un congrès, elle représente le professeur. Durant ce congrès, Clarissa va faire la rencontre de Léonard, un Français socialiste, dont elle va tomber amoureuse. Avec lui, c’est la totale liberté et l’épanouissement complet. Malheureusement la Première Guerre Mondiale va les séparer. Lui, va partir au front pour défendre la France et elle, va devenir infirmière en Autriche. L’extrait se situe au chapitre 6 « Septembre, octobre, novembre 1914 ». La guerre est déclarée et le frère de Clarissa part au combat …

(Fréderique Vermersch)  

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

12. Albanie, KADARE Ismaël Le cortège de la noce s’est figé dans la glace 1985 Fayard

Elga Empele et Baptiste Collard

Situation :

            L’histoire se déroule au Kosovo, lors des violentes manifestations de 1981. L’infirmière Teuta Shkréli, épouse du célèbre écrivain Martin Shkréli, se retrouve au cœur des accusations des autorités serbes.  Albanaise, tout comme la plupart des employés de l’hôpital dans lequel elle travaille, elle est accusée par les Serbes d’avoir sauvé des manifestants albanais qui revendiquaient une République, d’avoir fait disparaître le registre des noms des patients, d’avoir commandé des lits supplémentaires, de les avoir fait installer la veille et enfin d’avoir réquisitionné des ambulances au plus fort des manifestations. Les interrogatoires sont d’une terrible pression pour l’infirmière qui est chef de service. Les autorités l’accusent en outre, d’avoir planifié toutes ces activités et donc d’avoir été au courant de la préparation d’une manifestation ce jour là…

(Laurent Pretlot)

 

13. Russie, MAKINE Andreï, La musique d’une vie

Amélie Pierson (piano : Sviatoslav Richter)  

Situation :

La neige, le froid, une gare… C’est dans cette atmosphère peu accueillante que commence le récit. A cause de la tempête, le train pour Moscou enregistre 6 heures de retard. Le narrateur, comme des dizaines d’autres passagers, attendent dans le froid. Tout à coup, à travers la nuit, quelques notes de musique surgissent. Pris de curiosité, le narrateur suit cette musique et découvre un vieux pianiste. Peu après, le train arrive enfin et les deux hommes s’installent dans le même wagon. C’est à ce moment que le récit principal commence. Durant le trajet, le vieux pianiste parle de Moscou et de sa vie. Pendant plusieurs années de son adolescence, Alexeï Berg, le pianiste, est mis à l’écart par ses amis, les voisins, la société… parce que ses parents sont sur la liste noire du Parti Communiste. Peu à peu, la situation s’améliore et le 24 mai 1941, le premier concert d’Alexeï est programmé. Mais tout ne se passe pas comme prévu.

(Slava Mikhalchanka)  

14. Bulgarie, Gospodinov Gheorghi, L’alphabet des femmes  Arlea 2003

Marine Vermersch et Jonathan Nemry à la guitare

Situation :

L’Alphabet des femmes est un recueil de 22 nouvelles de Guéorgui Gospodinov. Celui-ci a écrit ses nouvelles avec une originalité débordante. En effet, tout d’abord, il compare une femme à une lettre de l’alphabet. Le « B » lui fait penser à une femme enceinte, Le « O » à un trou noir,… Seulement, il n’en reste pas là ; l’auteur ne veut pas se contenter d’une seule femme et d’une seule lettre, mais il veut obtenir tout l’alphabet ! De plus, la personnalité et l’audace de l’auteur interviennent dans ses diverses nouvelles. Celui-ci peut très bien vous parler des états d’âme d’un cochon égorgé le jour de Noël ou tout simplement décrire des mouches dans une pissotière ou encore vous raconter l’histoire d’un homme qui change de prénoms en fonction de son occupation du moment. Quant à la saveur des mots, elle reste très importante pour l’auteur. Il nous raconte avec légèreté et fantaisie toutes ces histoires incroyables sous forme de nouvelles. A nous de découvrir les liens qui relient toutes les histoires. La nouvelle. …. L’extrait de la nouvelle choisie présente les angoisses d’une femme enceinte.

(Valentine Déom)

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

15. Hongrie, SZABO Magda, La porte [Az ajtó] Viviane Hamy, 2003

Céline Nicolas et Anne Lecomte

Situation :

La porte est une confession assez douloureuse de la narratrice qui retrace la relation qu’elle a eue pendant vingt ans avec sa femme de ménage nommée Emerence Szeredas. Celle-ci est une vieille dame tentant toujours de protéger les plus faibles qu’ils soient des prisonniers allemands, russes ou des animaux en difficultés. De plus, elle possède un comportement et une humeur variables en fonction des faits imprévisibles qui se produisent, ce qui influence bien ses rapports avec la narratrice, parfois tendus, parfois amicaux. L’amour que porte Emerence aux animaux, chiens, chats ou même oiseaux, est étonnant. La romancière hongroise relate la vie de cette dame peu ordinaire, ses peurs, ses bizarreries. Les deux femmes vont, tout au long du récit, apprendre à se connaître, et par la suite, essayer de surmonter un bon nombre d’épreuves….

(Andréa Benoit)

Respiration musicale : Séverine Alaime et Céline Nicolas  

Une voix qui parle le Portugais : Pedro Alves Silva

LES PAYS DU  SUD  

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

16. Italie, BARICCO Alessandro, Sans sang [Senza sangue, 2002] Gallimard 2004

Antoine Henrion

Situation :

Dans une petite ferme de la campagne, Manuel Roca vit avec ses deux enfants. Un jour, il voit arriver une Mercedes dans la cour de sa ferme, il connaît ceux qui en descendent. Il cache rapidement sa petite fille pour la protéger. Ces hommes viennent se venger de Roca qui aurait été tortionnaire pendant la Seconde Guerre Mondiale et qui aurait empoisonné le frère d’un des visiteurs. Manu Roca essaye de se défendre en expliquant qu’il y était contraint mais il est abattu ainsi que son fils….

(Nathan Copette)

 

 

17. Grèce, VASSILIKOS Vassilis, La plante Gallimard, 1990

Pierre-Louis Deudon et Amélie Pierson

Situation :

Dans les environs de la Ville Haute, un nouvel immeuble vient d’être construit par un riche entrepreneur. Plusieurs personnes s’y sont installées dans l’espoir de bien y vivre. Mais leurs attentes ne sont pas comblées. Les murs de l’immeuble sont transpercés de bruits urbains. Lazare, jeune étudiant en agronomie espère le silence pour étudier. Alors qu’il se promène dans la Ville Haute, il se met à suivre une jeune fille dont il ne voit pas le visage. Elle transporte une plante qui cache son visage. Plus tard, alors qu’il tente de se concentrer sur ses livres, un ami lui donne un conseil : « Dans les arbres. C’est là seulement que se trouve pour nous toute la tranquillité idéale. » (p 31). Il décide alors de voler la plante de la jeune femme sans visage, nommée par lui, Ariane. Il ramène en secret cette plante chez lui et s’enferme avec elle dans sa chambre. Il commence à ne vivre que pour elle et en prend grand soin. Sa mère est très méfiante vis-à-vis de la Monstera Deliciosa qui prend trop de place dans la vie de son fils unique…

(Aline Stecker)

18. Espagne, MENDOZA Eduardo, L’année du déluge Seuil 1993 [El Año del diluvio, 1992]

Antoine Henrion et Marine Vermersch  

Situation :

Eduardo Mendoza  nous transporte au cœur des montagnes catalanes, pour nous raconter l’histoire d’Augusto Aixelia de Collbato et d’une religieuse. Au début du roman, sœur Consuelo, Mère supérieure d’une communauté qui gère un hôpital, se rend à la demeure d’Augusto pour obtenir une aide financière afin de transformer l’hôpital en une nouvelle maison de repos. Augusto semble séduit par la proposition. C’est ainsi que sœur Consuelo va se rendre régulièrement chez lui. Augusto semble être séduit par la proposition mais va surtout séduire sœur Consuelo. C’est ainsi que la religieuse va dévier du chemin de Dieu, se laissant attirer à chaque rencontre par l’homme qui est censé l’aider. Mais elle ne veut pas céder à ses avances, elle décide d’envoyer une lettre à sa supérieure pour qu’elle l’envoie ailleurs. Cependant le jour où elle fait ses adieux au bel Augusto, malgré elle, elle va enfreindre  les vœux ultimes de chasteté. La religieuse est conquise. Elle ne veut plus partir et elle lui promet de revenir le voir le soir même. Mais lorsque celle-ci décide de le rejoindre, un homme vient la chercher pour soigner un malade, sœur Consuelo le suit. L’homme qu’elle doit soigner est un brigand qui se cache avec toute sa bande dans les montagnes… (Manon Rolin)  

19. Portugal, ANTUNES Antonio Lobo, Mémoire d’éléphant [Memória de Elefante] 1979 Seuil 2001

Pierre-Louis Deudon (Fado instrumental, A. De Melo et J.M. Nobrega)

Situation :

Dans son roman Mémoire d’éléphant, qui est quelque peu autobiographique, António Lobo Antunes raconte l’histoire d’un psychiatre dépressif. L’auteur déroule sous nos yeux les 24 heures interminables d’une journée où le psychiatre touche le fond. Après un divorce douloureux, il a perdu le goût de vivre et se considère ni plus ni moins comme de la "merde". Il est révolté contre l’hypocrisie, le gouvernement, l’absurdité du monde, le rationalisme (surtout dans les hôpitaux psychiatriques). Il est tourmenté par ses sentiments car il aime toujours sa femme, et ses filles lui manquent. Le soir il n’ose pas faire face à la solitude et au silence qui l’entourent dans son appartement et se réfugie alors dans un bar ou un casino. L’extrait se situe au moment où il déjeûne avec un ami à qui il confie son désarroi…

(Maité Graisse)

 

LES PAYS DU CENTRE  

début littérature européenne * sommaire et édito 141

20. Suisse, CHESSEX Jacques, L’ogre

Baptiste Collard

Situation :

            Jean Calmet, âgé de 39 ans, enseigne le latin au lycée de Lausanne. Célibataire, cet homme vient de perdre son père, le docteur Paul Calmet (1894-1972). Durant sa vie, Paul Calmet était un tyran familial, il dirigeait tout, exerçait une grande autorité sur sa femme et ses enfants. Le décès du père de Jean Calmet ne fait qu'accroître la présence de ce dernier. Jean Calmet est hanté par son père, perçoit son autorité au-delà de la mort. Une certaine rivalité existait entre le père et le fils. Lorsque Jean Calmet côtoyait des filles, son père ne pouvait s'empêcher de les séduire. A la mort de son père, Jean Calmet pense qu'il est enfin libéré mais le décès du docteur ne fait qu'augmenter la présence de celui-ci…

(Camille Frognet)

 

 

21. Pays-Bas, MULISCH Harry, L’attentat [De aanslag, 1982] Calmann-Lévy, 1984

Anne Lecomte, Baptiste Collard et Michel Voncken

Situation :

L’histoire que nous narre l’auteur commence pendant la guerre 40-45. Anton Steenwijk, un garçon de 12 ans vit avec ses parents et son frère Peter dans une maison dans la périphérie de Haarlem en Hollande, à quelques kilomètres d’Amsterdam. Durant le sinistre « Hiver de la faim », un soir alors que Anton, son frère et ses parents sont occupés à jouer au « jeu de l’oie », leur vie va être bouleversée suite à la mort d’un policier « collabo » assassiné dans sa rue et que des voisins ont déplacé devant chez lui. Devant le refus de ses parents de tenter un geste pour éviter de subir les représailles et malgré la tentative désespérée de son frère de sauver la famille, Anton va voir la violence allemande se déchaîner contre sa famille. Il est séparé de ses parents, sa maison est brûlée, il est emmené dans un commissariat hollandais, jeté dans une cellule où il va faire une rencontre surprenante, il va partager la cellule d’une jeune femme qui va le réconforter mais dont il ne saura rien avant des décennies plus tard…

(Vincent Ponsard)

22. France, GERMAIN Sylvie, Jours de colère  Gallimard 1991

Sophie Strycek

Situation :

Dans la forêt du Morvan, un soir d’été, un crime a été commis. Parce qu’elle voulait le quitter, Vincent Corvol, fou amoureux de sa femme l’a assassinée. Malheureusement pour lui, Ambroise, un pauvre paysan des fermes-du-Pas a été témoin du meurtre. Le meurtrier, un riche habitant de la région, doit maintenant rendre des comptes à Ambroise. En effet, après avoir découvert l’assassinat de Catherine, Ambroise Mauperthuis est transformé, il tombe passionnément amoureux de la morte et ne pense plus qu’à une chose : la venger ! La colère, voire la folie, va l’habiter désormais car il ne peut supporter la destruction d’une telle beauté. Ce crime sera en plus l’occasion unique de devenir grand propriétaire. Mauperthuis va faire chanter Corvol, le ruiner, lui enlever sa famille, l’anéantir. Son plan est tout tracé. Veuf avec deux garçons à charge, il obligera son fils aîné à devenir le mari de la fille de Corvol. Hélas, c’est sans compter sur le caractère bien trempé d’Ephraïm. Celui-ci a jeté son dévolu sur Reine, fille d’Edmée et Jousé Verselay, un couple de croyants pratiquants habitant une petite ferme au bout du village. Ephraïm et ses nombreux enfants sont  rejetés par son père.  Certains quittent le village … L’extrait se situe quand un des fils de Reine revient ayant pressenti sa mort…

(Camille Poncin)  

23. Belgique, GUNZIG Thomas, Mort d’un parfait bilingue  Folio 2001

Anne Lecomte et Baptiste Collard

Situation :

En 1978, un soldat de l’élite militaire « Pluies d’automne » sort du coma. A son réveil, il se retrouve dans un état avoisinant à celui d’un légume, ne sachant ni bouger, ni parler et ayant perdu une partie de sa mémoire. Il lui reste cependant la faculté de penser. Chapitre après chapitre on découvre le passé du modeste soldat. Le héros de ce roman est un parfait fourbe, qui, poussé par la faim, est obligé de voler et qui n’hésite pas à tuer pour survivre. La terrible tournure que va prendre cette histoire est provoquée par le chanteur Jim-Jim Slatter car l’acteur principal « se tape » sa copine, qu’il va tabasser mettant ainsi terme à leur relation cachée. Dès lors, il a une dette envers le chanteur et il va devoir assassiner la concurrente de celui-ci, la chanteuse Caroline Lemonseed. Aidé de son ami Moktar, le héros s’engage dans l’armée et fait désormais partie des « Pluies d’automne ». Les soldats sont couverts tout au long de leurs missions par des chaînes télévisées chargées de retransmettre les images trafiquées en direct. L’extrait se situe vers la fin quand le héros rencontre Caroline, la star à éliminer…

(Gauthier Gailly)  

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

Respiration finale : Séverine Alaime et Jonathan Nemry

Dans les coulisses du spectacle, 

les élèves s'activent pour illustrer les textes

 

 

Une conférence

Conférence de Monsieur Jacques de Decker

Extrait de La grande Roue, de Jacques De Decker 

Céline et Alice Nicolas.

Monsieur Jacques De Decker, écrivain, journaliste et secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de langue et de littérature francophone partage avec le public ses connaissances à propos de la littérature européenne contemporaine.

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

Une exposition

aboutir à un travail créatif et symbolique qui met en évidence le sens du roman. 

L’exposition présente 23 panneaux, expression artistique du roman de l’auteur européen contemporain choisi. Elle résulte de regards croisés entre les étudiants, le professeur de français, Cécile Jancart et l’artiste, Michelle Warnier.

C’est une découverte de la Littérature Européenne Contemporaine  à travers différents niveaux de lecture : le contexte historique, l’approche freudienne et le ressenti.

Chaque étudiant a dû puiser dans d’autres ressources que le rationnel pour aboutir à un travail créatif et symbolique qui met en évidence le sens du roman.

Pour un bilan

début littérature européenne * sommaire et édito 141

 

Quelques témoignages d'élèves sur cette expéricnce vécue :

« Beaucoup de travail pour un résultat apprécié de tous. Une belle expérience qui m’a permis d’avoir plus de confiance face à un public. Une belle expérience avec tous les étudiants pendant les répétitions mais aussi le soir du spectacle » Céline Nicolas.

« C’est une expérience enrichissante qui nous apportera de l’aide pour nos études supérieures. Ca nous permet de prendre confiance en nous et de nous dépasser » Marine Vermersch

« Un expérience enrichissante, un spectacle dont on est fier. Ce fut une préparation un peu stressante car l’échéance arrive toujours un peu trop vite mais c’est cela aussi qui contribue au plaisir du « grand soir » » Antoine Henrion

« Cette expérience nous a permis de nous ouvrir à la littérature européenne. C’est intéressant de se glisser dans la peau de différents personnages et d’essayer de recréer l’ambiance du livre. »  Anne-Lise Pajot

« C’est une expérience très enrichissante car j’ai pu découvrir des livres auxquels je n’aurais pas pensé, pas seulement les textes que j’ai interprétés mais  aussi des textes d’autres étudiants. Ca m’a donné envie de les lire. Quant au travail oral, j’ai éprouvé un immense plaisir à les dire devant un public. Malgré le stress, une fois sur scène je me suis sentie plus à l’aise »  Amélie Pierson

« L’intégration de ces textes nous a permis de ressentir une certaine ambiance angoissante présente dans la littérature européenne et le fait de représenter plusieurs personnages très différents et engagés fut une très bonne expérience »  Anne Lecomte

« Des projets comme celui-ci permettent d’établir des liens entre les étudiants complètement différents. Se retrouver sur une scène et partager son stress avec d’autres procurent un immense plaisir. » Baptiste Collard

« Ce que ce projet m’a apporté, c’est la satisfaction de sentir tout mon être vibrer lors de la présentation de l’extrait de « La plante », de me sentir comme étant vraiment le personnage et plus le comédien. J’en ai même oublié le public. Ce travail  m’a fait progresser, notamment au niveau du volume et de la diction. » Pierre-Louis Deudon  

« La lecture de certains textes m’a donné envie de lire des auteurs vers lesquels je ne me serais sans doute jamais tournée tels que : Passillina, Gunzig Drago Jancar ou encore Hrabal Bohumil. J’ai appris aussi sur les  conditions de vie en République Tchèque que mon grand-père a quitté suite aux dites conditions. » Sophie Strycek

 

Au générique, et en guise d'hommage  

Organisatrice du projet : Jeannine Dumont, responsable de la Bibliothèque Publique de Bertrix.

Avec le soutien de la Communauté française, de la Promotion des Lettres belges, du Centre Culturel de Bertrix et du Service du Livre Luxembourgeois.

Les narrateurs : les étudiants en Complément de français en 5ème et 6ème années de l’Institut Notre Dame de Bertrix

Mise en place des textes : Cécile Jancart

Aide précieuse : Marguerite Liétaert

Musiciens : Séverine Alaime, Anne Lecomte, Jonathan Nemry et Céline Nicolas

Artiste et guide des étudiants pour l’exposition : Michelle Warnier

Vidéo : Mike Noël

Technique : Hervé de La Hamayde

Eclairages : Pierre Tasiaux du Centre culturel de Bertrix

début littérature européenne * sommaire et édito 141

Autres articles de Cécile Jancart

* Approche de la littérature européenne Ouvrir

* Marguerite Yourcenar, Une femme... Unis vers elle Ouvrir

* La femme dans le coeur des écrivains de la province du Luxembourg Ouvrir

* Variations théâtrales à l'école. Complicité professeurs-élèves Ouvrir

 

 

L'orthographe autrement 

Quelques propositions d'écriture créative. 1er degré"écouter" l'orthographe * personne, genre et nombre * temps et mode * ponctuer: le rythme et le sens

 

Rappels utiles, en guise de préambule

* En orthographe comme ailleurs, l'enfant - ou l'ado - ne peut réussir que si les adultes qui l'entourent lui font confiance, lui donnent le désir d'apprendre:

Si on ne traite pas de la question du désir d'apprendre, seuls ceux qui ont trouvé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau vont réussir à l'école. Philippe Meirieu, Le Monde, 9 mai 2008.

* Des gammes d'écriture (comme celles qui nous proposons ici) sont nécessaaires; mais rien ne vaut le texte personnel (court récit, description, mode d'emploi, billet, journal, devinette, jeu sur le son...) où l'enseignant sera moins un correcteur qu'un lecteur, créant une relation valorisante de personne à personne.

(...) habituellement, le seul regard que le professeur pose sur la copie est celui du correcteur sur des épreuves d'imprimerie, et non celui d'un lecteur à l'écoute d'un auteur. (D. Bucheton et J.-C. Chabanne, in Parler et écrire pour penser, PUF, 2002, pp. 28-29.

* La dictée n'est qu'un exercice de contrôle et ne peut en aucune façon devenir un exercice d'acquisition. (Jean-Pierre Balpe, Pratique de l'orthographe au cycle élémentaire, Colin, 1976, p. 110)

Ce que confirme Danièle Manesse : «La dictée en elle-même n'apprend rien. Elle est un instrument de contrôle. En réalité, c'est en multipliant les exercices de toutes sortes qu'on peut faire vivre l'orthographe activement.» Interview Libre Belgique, 16.01.2004.

...et si vous n'en êtes pas persuadé(e), à quoi bon poursuivre?

A

« ÉCOUTER » L'ORTHOGRAPHE !

 

Remplacer la forme surlignée par la forme entre parenthèses

1. Avant d'écrire, je repère toutes les formes qui vont être modifiées.

2. En lisant à haute voix, j'écoute ce qui va changer (l'orthographe, ça passe aussi par l'oreille !)

 

* Une agence bancaire a été attaquée à l'explosif en région parisienne. (Deux distributeurs de billets) 

* Deux voleurs armés et circulant sur une moto ont fait exploser un guichet automatique avant de s'enfuir avec leur butin. (Un voleur)

L'employé auquel je me suis adressé s'est montré particulièrement prévenant. (L'employée)

* Parce qu'ils sont inquiets pour leur avenir, les jeunes se complaisent parfois dans la violence. (jeunesse) 

* Je ne comprends pas pourquoi tu m'as soupçonné. (ma femme et moi)

* Ces arguments me convainquent et résolvent l'énigme. (argument) 

* Le gigot a été servi cuit à point, agrémenté d'un petit rouge qui le rehaussait à merveille. (rillettes)

* Le gaz qui s'échappait aurait pu provoquer à tout moment une explosion. (Les vapeurs toxiques)

* Si tu arrivais à l'heure, tu ne te ferais pas punir. (étais arrivé)

* Il peut aller au cinéma s'il y va avec son frère. (pourvu que) 

* Tout ce bruit m'agace et me parait inutile. (cris)

* Le calmant qu'elle a pris ne l'a guère soulagée. (Les aspirines)

* Êtes-vous capable, Monsieur, d'y aller tout seul? (Mesdames)

* Comme il sent bon, le parfum que tu m'as offert ! (roses)

* Brigitte et son fiancé, sais-tu où ils sont partis ? (sa cousine)

* Le message que Luc nous a envoyé est très inquiétant. (Les nouvelles)

 

 

ECOUTER;;; 

mais aussi 

« REGARDER » 

Quelles formes varient mais demeurent semblables à l'oral ?

début "l'orthographe autrement"

B

PERSONNE, GENRE ET NOMBRE

Je remplace la forme surlignée par la forme entre parenthèses. Je dis ("j'écoute!") la réponse avant de l'écrire.

 

* C'est toi qui t'es égaré hier soir ? (elles) 

* L'employé auquel je me suis adressé (e) s'est montré particulièrement prévenant. (l'employée)

* L'employé auquel je me suis adressé(e) s'est montré particulièrement prévenant. (nous) [2 solutions... Pourquoi?]

* Il est venu lui-même avec ses bagages. (elles)

* Une voisine est venue me dire qu’elle avait retrouvé mon chien. (Les voisins)

* Elle réussira parce qu’elle est courageuse. (ils)

* Tes chevaux se sont emballés. Tu as dû les abattre. (Notre)

* Allez avec lui, pour visiter la cabane qu'il a construite dans le jardin: vous lui ferez plaisir. (tu)

* Allez avec lui, pour visiter la cabane qu'il a construite dans le jardin: vous lui ferez plaisir. (eux)

* Je ne comprends pas que tu m'aies soupçonné! (ma femme et moi)

* Il prétend que personne n'a voulu l'aider! (elles)

 

 

C

 

TEMPS ET MODE

 

D'abord, quelques rappels...

 

1. Quels sont les vingt-cinq verbes les plus fréquemment employés en français courant? 

Par ordre décroissant:

 

être - avoir - faire - aller - savoir - pouvoir - falloir - vouloir - venir - rendre - arriver - croire - mettre - passer - devoir - parler - trouver - donner - comprendre - connaitre - partir - demander - tenir - aimer - penser

 

2. Quelles sont les formes verbales les plus fréquentes en français courant ?

 

 

Ind. pr.

 

il est

il a

il fait

il va

Ind. imp.

 

il était

il avait

il faisait

il allait

Fut. & condit. 

il sera(it)

il aura(it)

il fera(it)

il ira(it)

Passé comp.

 

il a été

il a eu

il a fait

il est allé

Passé ant.

 

il avait été

il avait eu

il avait fait

il était allé

Impér. pr. (2e)

 

sois

aie

fais

va

Part. passé

 

été

eu

fait

allé

Subj. pr.

 

qu'il soit

qu'il ait

qu'il fasse

qu'il aille

 

 

 Je remplace la forme surlignée par la forme entre parenthèses. Je dis ("j'écoute!") la réponse avant de l'écrire.

 

* Personne ne sait s'il viendra.(savait).

* Je regrette qu'il parte demain (hier).

* Nous craignons le froid et nous prenons des boissons chaudes. (il)

* Le malade, même s'il est faible, conserve un excellent moral. (bien que)

* Je sais que tu peux réussir. (souhaite) 

* Hier, il y a eu beaucoup de monde au musée et il a fallu faire la file avant d'y entrer. (Demain)

* Nous partirons plus tôt s'il y a du verglas. (s'il y avait eu)

* Je me rends compte que tu n'as pas compris mon explication. (regrette)

* Dis-lui que tu ne peux pas venir demain. (vous)

* Le professeur constate (se réjouit) que tu fais des progrès, que tu parviens à écrire sans faute

* Je prétends que tu peux te débrouiller tout seul. (voudrais)

* Il est certain que tu nous as mal compris. (probable)

* Je pense que j'aurai terminé en moins de deux heures. (pensais)

* Voici quelqu'un qui peut te répondre. (la seule personne... subjonctif)

* Nous chanterons quand elles s'en iront. (jusqu'à ce que)

* Nous savons qu'il a tort: il sera sévèrement condamné. (Au cas où)

* Tu réussiras si tu le veux fermement ! (pourvu que)

* Il prétend que personne n'a voulu l'aider! (regrette)

 

D

début "l'orthographe autrement"

Comment ponctues-tu?

 

 

Petite démo pour commencer

 

1. Que fais-tu ici ? Dehors !  Que fais-tu ici, dehors ?
2. Elle peine la petite. Elle peine, la petite !
3. Vous avez, bien entendu, ce que je vous demande! Vous avez bien entendu ce que je vous demande ! Vous avez bien entendu ce que je vous demande ?
4. La victime déclare: «L'automobiliste a manqué de prudence.» La victime, déclare l'automobiliste, a manqué de prudence.
5. Tu viendras aujourd'hui même, s'il pleut. « Tu viendras ? - Aujourd'hui ! - Même s'il pleut ? « Tu viendras aujourd'hui! Même s'il pleut !

A toi de jouer !

(d'abord à haute voix, et même avec des gestes...!)

* Les voleurs s'étaient tous enfuis dans la forêt on a retrouvé une grande partie de leur butin grâce à l'aide des chiens policiers le chef de la bande fut arrêté le lendemain sans difficulté celui-ci donna les noms de tous ses complices.
* Voici Madame la Comtesse
* Les touristes se demandent où aller ce matin la pluie s'est mise à tomber ils ne peuvent guère que visiter le musée et la basilique au centre de la ville ils peuvent aussi faire des achats de souvenirs
* Les enfants ont joué ensemble ils sont allés se promener quand le soleil s'est couché ils ont commencé à avoir peur

* Je pleure mon ami Jacques

* Tu comprends cette histoire ça finira mal de toute façon c'est ma conviction

* Du pain en voilà assez

 

A l'usage du professeur

Olivier Houdart et Sylvie Prioul, La ponctuation ou l'art d'accommoder les textes, Seuil 2006

Isabelle Serça, Esthétique de la ponctuation, Gallimard 2012

début orthographe autrement * sommaire & édito 141

Autres propositions sur LMDP pour la maîtrise de l'orthographe

* Vive les PME, petites machines à écrire. 10 propositions d'écriture Ouvrir

* S'exercer sur le thème "les animaux" Ouvrir

* Réécrire un fait divers Ouvrir

* Quand j'entends ça, j'écris quoi? Ouvrir

 

Jean Ferrat, 1930-2010, pour mémoire

Documents et propositions d'activités

vie &t carrière * chez lui à Antraigues * engagé & censuré * ferrat chante Aragon * De Ferrat à Van Gogh 

1. La vie et la carrière

Source: Encyclopédie contributive Larousse

(liens:  -> "ouvrir nouvelle fenêtre")

 

Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat

Auteur-compositeur et chanteur français

(Vaucresson, Hauts-de-Seine, 1930-Aubenas 2010).

Jean Ferrat

Voir aussi (wikipedia)

Propositions de recherche

barde écologiste : origine du mot 'barde' ? autres chanteurs d'aujourd'hui en faveur de l'écologie, de l'intérêt pour la nature, pour sa sauvegarde ? 

lyrisme populiste : le populisme comme doctrine ou option politique ? comme forme sentimentale ou choix de mode de vie ? en rechercher les traces dans Que la montagne est belle

iconoclaste : sens premier du mot ? élargissement du sens premier (mise en cause de valeurs, de règles...)

Potemkine : une mutinerie en 1905, signe-avant coureur de la Révolution de 1917 ; un chef-d'oeuvre du cinéma Plus d'info

Nuit et brouillard  : quelle(s) connotation(s) dans ce titre de film (Alain Resnais 1955) et de chanson (Jean Ferrat 1963) 

Pour un défi-lecture... Classe répartie en deux groupes qui se lancent des questions de compréhension de cet article du Larousse.

 

2. Chez lui, à Antraigues-sur-Volane, en Ardèche

édito et sommaire 141 * début Jean Ferrat

 

Que la Montagne est belle...

Pour vivre heureux, vivons perchés… telle pourrait être la devise de ce village cévenol. Antraigues apparaît, perché sur un promontoire rocheux, d’origine volcanique. Il surplombe les vallées de la Volane, de la Bise et du Mas, au pays des orgues de basalte et des châtaigniers séculaires. (...)
Un beau matin de l’année 1964, Jean Ferrat s’arrêta à l’ombre des châtaigniers. Le jour même, il achetait une maison et n’a plus jamais quitté le village, tombé amoureux de ce pays, de ses habitants, de cette montagne ardéchoise qu’il chanta.

D'après http://www.ardeche-guide.com/

 

 

Que la montagne est belle

 

Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

 

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

 

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

 

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Vidéo de cette chanson: sur rtbf ou sur youtube


retour début Jean Ferrat * édito et sommaire 141

Bernard Pivot chez Jean Ferrat.

Le 2 novembre 1985, il reçoit la visite de Bernard Pivot. Ils se promènent dans le jardin en admirant fleurs et légumes, la montagne environnante, le petit ruisseau où l'on pêche la truite...Considérations sur le jardinage et la pêche.Il interprète un extrait de la chanson Que la montagne est belle à la façon de Tino ROSSI.

Vidéo INA - Antenne 2 - 06min07s

Vers la fin de cette vidéo, une parodie de Tino Rossi, savoureuse, malheureusement très brève. Voir la vidéo

 

Propositions de recherche

Que la montange est belle: La société d'aujourd'hui vue par Jean Ferrat. Quelles images - quelles expressions - opposent deux genres de vie? Connotations de "hirondelle" ?

Observer que l'évocation de la campagne est beaucoup plus développée que celle de la ville (pour celle-ci, 6 vers au début, 6 vers à la fin). 

 

 

3. Engagé et (souvent) censuré

édito et sommaire 141 * début Jean Ferrat

 

D'après Nouvel Obs et AFP

 

Chanteur engagé, Jean Ferrat a souvent connu la censure dans les années 60 et 70 avec des chansons jugées trop politiques. Voici quelques exemples de chansons interdites d'antenne:

Nuit et brouillard (1963)
"Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres tremblants dans leurs wagons plombés ...". Déconseillée par le directeur de l'ORTF, la chanson passera en contrebande, un dimanche à midi, dans le "Discorama" de Denise Glaser. Le disque se vend à plus de 300.000 exemplaires, en pleine vague florissante des "yéyés".

 

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

Vidéo: sur youtube (vues d'Auschwitz) sur dailymotion

 

 


Potemkine (1965)
Jean Ferrat, qui n'a jamais chanté dans les pays de l'ex-bloc communiste, vient d'écrire cette chanson à la gloire des marins du cuirassé de la mer Noire, dont la mutinerie fut le prélude de la révolution russe de 1905. Elle est interdite lors d'une émission en direct. "Chantez autre chose", lui dit-on à l'ORTF. Le chanteur reste en coulisses, refusant de paraître sans sa chanson.

Paroles

Ma France (1968)
Cette chanson dans laquelle il s'attaque aux gouvernants ("Cet air de liberté dont vous usurpez aujourd'hui le prestige") est interdite d'antenne. Ferrat refuse de passer à la télé sans elle et patientera deux ans avant d'être à nouveau invité sur un plateau. En 1971, Yves Mourousi rompt la censure en diffusant un extrait de la chanson.

Au printemps de quoi rêvais-tu ? (1969)
Avec cette chanson inspirée de mai 68, Ferrat est à nouveau censuré à la télévision.

Un air de liberté (1975)
Sur Antenne 2, le chanteur a enregistré avec Jacques Chancel "Jean Ferrat pour un soir". A la diffusion, "Un air de liberté", chanson sur la fin de la guerre du Vietnam a disparu de l'émission. "Ah!, monsieur d'Ormesson, vous osiez déclarer qu'un air de liberté flottait sur Saïgon, avant que cette ville s'appelle ville Ho Chi Minh", dit-elle.
La direction de la chaîne a cédé à Jean d'Ormesson, alors directeur du Figaro, qui s'estime diffamé. Ferrat s'explique: "Je n'ai rien contre lui, contre l'homme privé. Mais c'est ce qu'il représente, (...) la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d'Ormesson".
Finalement le chanteur obtient de lire une déclaration préalable expliquant pourquoi l'émission est tronquée. Le disque éponyme sort avec les dix chansons.

Paroles et vidéo

Jean Ferrat avait fait de cette censure un sujet de chanson ironique: "Quand on n'interdira plus mes chansons, je serai bon à jeter sous les ponts...".


Autre chanson, violemment polémique: Le Bilan, 1980.

Proche du parti communiste, Jean Ferrat prend nettement ses distances à l'égard du PCF à la suite de la déclaration de Georges Marchais, estimant "globalement positif" le bilan de l'URSS et des pays de l'Est.

 Paroles Vidéo Le débat

 

Voir aussi Libération Interview de Jean-François Kahn 

 

Propositions de recherche

Un air de liberté: Comprendre le jeu des allusions littéraires 

Agrippa d'Aubigné (1552-1930) défend la cause protestante, par les armes, par l'écriture (dans Les Tragiques)

Beaumarchais, Le Barbier de Séville : Figaro dénonce les puissants; la Préface de cette pièce fait allusion à la censure de sa pièce.

Lire une scène du Barbier: le franc parler du héros! 

 

 

4. Ferrat chante Aragon [1897 - 1982]

édito et sommaire 141 * début Jean Ferrat

 

 

Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferrat_chante_Aragon

 

 

 

Les Yeux d'Elsa : recueil de poésie de Louis Aragon publié en 1942, inspiré par Elsa Triolet, sa femme. C'est aussi le titre du poème qui ouvre ce recueil.

 

Quelques autres poèmes du recueil: Le tiers chant - Le malheur d'aimer - Aimer à perdre la raison - Heureux celui qui meurt d'aimer - J'arrive où je suis étranger - Pablo mon ami - Les oiseaux déguisés

 

Ecouter sur www.deezer.com

 

 

Les Yeux d'Elsa (1942)

 

Vidéo sur youtube

 

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

 

Analyse sur lescorriges.com (avertissement: un bandeau publicitaire... mais qui ne gène pas la lecture !)

Un site de lycéens (Toulouse) sur Elsa Triolet (quelques liens inactivés) à voir

 

 

5. D'un artiste à l'autre: de Jean Ferrat à Vincent Van Gogh

retour début Jean Ferrat * édito et sommaire 141

 

 

 

Les tournesols (1888-1889)

 

Mon prince noir et famélique
Ma pauvre graine de clodo
Toi qui vécus fantomatique
En peignant tes vieux godillots
Toi qui allais la dalle en pente
Toi qu'on jetait dans le ruisseau
Qui grelottais dans ta soupente
En inventant un art nouveau
T'étais zéro au Top cinquante
T'étais pas branché comme il faut
Avec ta gueule hallucinante
Pour attirer les capitaux

Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence

Tu allais ainsi dans la vie
Comme un chien dans un jeu de quilles
La bourgeoisie de pacotille
Te faisait le coup du mépris
Et tu plongeais dans les ténèbres
Et tu noyais dans les bistrots
L'absinthe à tes pensées funèbres
Comme la lame d'un couteau
Tu valais rien au hit-parade
Ni à la une des journaux
Toi qui vécus dans la panade
Sans vendre un seul de tes tableaux
Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence

Dans ta palette frémissante
De soufre pâle et d'infini
Ta peinture comme un défi
Lance une plainte flamboyante
Dans ce monde aux valeurs croulantes
Vincent ma fleur mon bel oiseau
Te voilà donc Eldorado
De la bourgeoisie triomphante
Te voilà star du Top cinquante
Te voilà branché comme il faut
C'est dans ta gueule hallucinante
Qu'ils ont placé leurs capitaux

Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence  

 

Vidéo de la chanson

 

Sur cette oeuvre de Van Gogh, voir.

 

Propositions pour la lecture 

* Deux mondes s'opposent: 

pauvreté famélique - pauvre - zéro - pacotille – valait rien -  vivre dans la panade - plainte - croulantes - mépris

richesse : capitaux – coffre climatisé – argent – bourgeoisie – valeurs...

(comme dans La montagne, s'opposaient deux mondes: la ville, la campagne)

L'opposition: un procédé fréquent dans l'idéologie.

* Des allusions à d'autres tableaux, à son style:

comme la lame d'un couteau (l'oreille coupée)

les vieux godillots

ta gueule hallucinante  (Autoportraits)

tes tournesols à l’air penché

la campagne de Provence  (Plaine de la Crau)

ta palette de soufre pâle et d’infini 

* tutoiement, registre populaire: indices de proximité, d'empathie

 

(Suggestions de Paul Verheggen: voir son article "Parcours Van Gogh" paru dans LMDP)

 retour début Jean Ferrat * édito et sommaire 141