Être capable de mettre en relation des
textes avec d'autres textes. ►
4. Petit Robert
et Petit Larousse 2014 :
Les nouveautés
Entre les dicos
: La guerre de... 14 ?
►
5. L'école aujourd'hui : ruptures et
nouveautés
Décrochage
scolaire : On ne se lève pas en se disant :
«Tiens, je suis un décrocheur scolaire.»
La classe
inversée :
Devoirs à l'école / cours à la maison ►
En guise d'éditorial
L'enfant et les adultes...
Le professeur René Diatkine aimait à nous enseigner : « Un enfant parle non
parce qu'on lui apprend à parler mais parce qu'il vit avec des gens qui
parlent. »
Il me semble qu'un enfant se met à utiliser son intelligence parce qu'il est
entouré de gens qui utilisent leur intelligence. Il n'apprend pas à
raisonner parce qu'on lui enseigne de le faire (l'énonciation de formules
mathématiques n'apprend pas à réfléchir), mais parce qu'il côtoie des gens
qui raisonnent.
J'encourage souvent les jeunes à questionner les adultes sur l'utilité de ce
qu'ils apprennent. Lorsqu'ils découvrent que le théorème de Thalès est utile
aux bûcherons, aux charpentiers, ou aux architectes, il leur est plus aisé
de l'intérioriser, même s'ils ne visent pas ces métiers-là plus tard.
Isabelle Causse-Mergui, A chaque
enfant ses talents - Vaincre l'échec scolaire, éd. Le Pommier, 2012, 3e
éd., p. 108 & 111
Former des
téléspectateurs éclairés : attentifs à la mimique, aux gestes, au regard,
à l'interaction, au décor : des détails qui comptent pour beaucoup dans la
communication de masse !
Et attentifs,
surtout, à la façon de prendre en compte une situation - économique,
sociale, politique - ou, au contraire, de se dérober... ; attentifs au
choix et à la pertinence des arguments et des orientations proposées.
Des
téléspectateurs responsables, disposés à participer au débat citoyens.
1. Contre les "voyeurs
passifs",
penseurs et sociologues à la rescousse
Quelles valeurs communes et quelles capacités critiques doit acquérir chaque
élève si l'on ne veut pas abandonner à TF1 et à M6 la formation des citoyens, et
quand on sait que le sentiment de "compétence politique" est lié au niveau
d'instruction ?
François Dubet, L'école des chances - Qu'est-ce qu'une école juste?,
Seuil, 2004, p. 61.
Quand la pensée ne trouve plus aucune place sous le cliché, quand les mots se
soumettent à la neutralisation totalitaire, quand on dit "regroupement" au lieu
de "déportation" et "traitement spécial" au lieu de "tuerie", le monde commence
à être sens dessus dessous.
Roger-Pol Droit, La compagnie des philosophes, Odile Jacob, 1998, p. 248.
La question que je me pose plutôt est celle-ci: dans ces nouveaux espaces
technologiques, avec ces artefacts qui vont certainement coexister avec (et
parfois supplanter) le livre - comment resterons-nous capables d'inventer,
capables de nous souvenir, capables d'apprendre, d'enregistrer, de rejeter,
de nous interroger, d'exulter, de subvertir, de nous réjouir? Par quels moyens
continuerons-nous à être des lecteurs créateurs et non des voyeurs passifs?
Alberto Manguel, Dans la forêt du miroir, Actes Sud, 2000, p. 315
(chapitre intitulé L'ordinateur de saint Augustin).
2. Chefs d'État à la télévision : à chacun
son style
Thomas Wieder, dans le Monde du 28 mars 2013, Reportage intitulé « Hollande, Mitterrand, Sarkozy... Des stratégies
télévisuelles différentes »
Avec des vidéos des archives INA :
A. Mitterrand, son état de santé (3,35)
B. Giscard d'Estaing :
politique internationale(5.06)
C. Chirac : rentrée scolaire, sociale;..
(2.29)
Pour Nicolas Sarkozy, consulter le site "Archives
INA" [cliquer sur "personnalités", puis sur "toutes les
personnalités", puis sur "N" (pour Nicolas...)]
Début du reportage :
« Des discours, Hollande en a prononcé plusieurs
dizaines. Des communiqués signés de son nom, il en paraît plusieurs par
semaine. Depuis qu'il est à l'Elysée, François Hollande n'est pas avare de
sa parole. Comment expliquer, dès lors, le sentiment largement répandu
d'un chef de l'Etat silencieux ? »
L'analyse de Salomé Legrand, avec extraits choisis, sur FranceTVInfo
Il a lancé l'an II de son quinquennat. Au cours de la conférence de
presse, la deuxième de son mandat, qu'il a tenue à l'Elysée jeudi 16 mai,
François Hollande s'est voulu ferme et déterminé. Pas d'annonce fracassante, mais
la mise à plat d'une feuille de route et d'objectifs sur lesquels il demande à
être jugé.
Sur le blog LUIPRESIDENT [journal Le Monde] de Maxime Vaudano, Clément Parrot et
Corentin Dautreppe, journalistes indépendants, sous le titre
François Hollande lance l’an
deux de son quinquennat
Lors de sa deuxième conférence de presse semestrielle, le président de la
République est revenu sur plusieurs promesses de campagne polémiques et a lancé
une série de nouveaux chantiers pour la suite de son quinquennat. [Les
journalistes confrontent les promesses et les réalisations.]
Dans Le Point, Hervé Gattegno, sous le titre Un président offensif, un style
offensant
Il a affiché trop de distance, d'ironie, de futilité pour être convaincant.
Multiplier les plaisanteries en parlant du chômage, de la crise, de son
impopularité, c'était si déplacé que c'en était déplaisant.
Sur le même sujet (former des
téléspectateurs éclairés) :
gestes, tenue, mimique, interactions
et autres "ingrédients"... :
Merkel, Chirac, Sarkozy, Le Pen, etc. : le
charisme vu par René Zaian Article paru dans LMDP, mars 2013
►
Enseignement de la morale,
de l'école primaire au lycée
En guise d'intro : le moi
et l'autre, paroles d'experts
Dialoguer, communiquer sans violence et passion, échanger: "Mon camarade pense,
moi, je pense..." remplacent peu à peu les répliques agréables du genre "C'est
idiot ce que tu dis, c'est faux..." Certes, la compétence est fragile, mais la
vigilance de l'enseignant qui fait rectifier toute formulation incorrecte peut
permettre d'éviter le retour à l'absence de rigueur et à la violence verbale.
Nicole ALLIEU, Laïcité et culture religieuse à l'école, ESF éd., 1996,
pp. 89-90.
Je suis comme enfermé dans mon portrait. C'est le propre de la polémique
contemporaine que de tracer le portrait de l'adversaire au lieu de combattre ses
arguments.
Emmanuel Levinas, Essai sur le penser à
l'autre, p. 37, Grasset, 1998.
Le
même nous obscurcit et l'autre nous éclaire. Le même nous enterre et l'autre
nous sauve.
Michel Serres, L'art des pont. Homo pontifex. éd. Le Pommier, 2006, p.
211.
Les élèves les plus
violents sont ceux à qui les moyens langagiers font défaut et qui
substituent l'agir au dire
Thérèse
Moussiaux, Exposant Neuf [revue], avril 2003, p. 12.
1. Extraits du rapport remis
au
ministre de l'éducation nationale, le 22 avril 2013
Finalité du cours :L’enseignement de la morale vise une appropriation
libre et éclairée par les élèves des valeurs qui fondent la République et la
démocratie : le socle des valeurs communes
comprend la dignité, la liberté, l’égalité – notamment entre les filles et les
garçons –, la solidarité, la laïcité, l’esprit de justice, le respect et
l’absence de toute forme de discrimination,
c’est-à-dire les valeurs constitutionnelles de la République française,
inscrites dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et
dans le préambule de la Constitution de 1946.(p. 2)
(Ces)
valeurs doivent être transmises dans
leur dimension intellectuelle (leur contenu), mais aussi pour ce qu’elles «valent » (leur raison d’être) et ce qu’elles induisent
comme conduite et comme engagement.
(ibid.)
Heures de vie de la classe
(dix heures annuelles destinées au dialogue entre élèves, entre élèves et
professeurs...) :dans
les faits, ces heures n’atteignent pas réellement les objectifs fixés et elles
peuvent encore trop souvent être utilisées à des débats informels ou à des
études dirigées, quand ce n’est pas pour terminer le programme. (p. 19)
Il faut les revaloriser :
en faire, au collège comme au lycée, un véritable conseil de vie pour examiner
l’ensemble des questions qui concernent la discipline et les règles de vie dans
la classe et l’établissement, les conflits possibles et leurs modes de
résolution, les problèmes du travail scolaire. (p. 39)
Le rôle de l’enseignant n’est pas de proposer «une morale» mais de
conduire les élèves à développer le courage de penser, la passion de comprendre,
la volonté de s’engager. (...)
L’essentiel
– et à tous les niveaux du système scolaire - est de partir de l’analyse de
situations (provenant de l’actualité proche ou lointaine, des domaines
littéraires, cinématographiques, etc.) qui mettent en jeu des choix moraux.
(p. 33)
Évaluation- La question de
l’évaluation d’un enseignement moral demeure ouverte. Il est clair qu’elle ne
peut pas prendre la forme d’une validation selon les formes traditionnelles
d’évaluation. Par définition, le domaine moral, en ce qu’il touche la formation
de la personne, le rapport à soi-même et aux autres, est délicat à évaluer,
difficilement traduisible en compétences observables. À l’opposé, une évaluation
au feeling n’est pas non plus satisfaisante.(p. 40)
Formation des enseignants en deux modules
: L’un sur l’enseignement moral proprement dit
(...) : initiation à la philosophie morale, à la psychologie morale
et à la psychologie de l’enfant, au droit, aux études de cas présentant les
dispositifs pédagogiques centrés sur l’exercice de la parole et du débat.
L’autre sur la laïcité et les valeurs de la République, dans leur dimension
historique, dans leur dimension éthique et pédagogique.
Cette formation intellectuelle et pédagogique à l’enseignement moral doit être
évaluée lors des examens de qualification professionnelle.
(p. 41)
A. « enseignement laïque de la morale » et
« enseignement de la morale laïque »
Ces deux locutions de la page de couverture sont reprises dans la suite du rapport
:
"enseignement laïque de la morale" : 22 fois dans le texte proprement dit (plus 45
fois comme en-têtes)
"enseignement de la morale laïque" : 6 fois dans le texte proprement dit
Le lecteur 'naïf' s'interroge sur la raison de faire voisiner les deux
formules. Quelle nuance de sens entre elles ? Serait-ce la trace d'une certaine
divergences - ou d'un compromis - chez les auteurs : les uns, considérant plutôt
une manière laïque d'enseigner (le côté "comment...") ; les autres, une manière laïque de
pratiquer la morale (le côté "pour quoi"...).
B. « laïque » et « laïcité »
Le lecteur naïf souhaiterait trouver dans le document ce qui est entendu
clairement par "laïque" et par "laïcité" : deux termes
essentiels qui articulent l'ensemble
du rapport. Et qui auraient mérité d'être explicités. Quelques passages en précisent
les contours :
Le programme de français du collège invite à ce que les lectures
conduites en classe suscitent la réflexion sur la place de l’individu dans la
société et sur les faits de civilisation, en particulier sur le fait religieux «
dans un esprit de laïcité respectueux des consciences et des convictions » p. 15
Si la laïcité, en effet, n’est pas seulement
neutralité, mais
aussi liberté, à tout instant, dans sa pratique, l’enseignant est confronté à
l’exigence éthique : transmettre sans imposer, sans faire violence aux croyances
des élèves et de leurs familles, avoir constamment à l’esprit le souci du
commun, de l’intérêt général afin de ne pas heurter les intérêts privés,
faire
taire ses propres préjugés et ses propres croyances (p. 30)
(...) une morale laïque, entendue
comme une morale commune contribuant à l’éducation au vivre ensemble et à la
transmission des valeurs au fondement de la
citoyenneté républicaine. (p. 5)
La morale enseignée à l’École ne
peut être qu’une morale laïque en ce
qu’elle est non confessionnelle et une morale civique en ce qu’elle est en lien
étroit avec les principes et les valeurs de la citoyenneté républicaine et
démocratique. (p. 23)
[Définition reprise en 2e de couverture]
C. Deux questions délicates et embarrassantes :
Comment évaluer ? Quels modèles
proposer ? Ce seraient les deux points faibles du rapport !
* Evaluer des
savoirs
?
Maîtriser des savoirs est à la portée de la fripouille autant que du vertueux
!
* Evaluer des
savoir-être ?
Gare au culte du "paraître", côté élève ! Gare au règlement de
compte, côté enseignant !
* Evaluer «au
feeling» ? (Tiens, il n'y aurait pas de mot pour le dire... en français ?)
Pourvu que ça ne se
traduise pas : «Evaluation à la tête du client.»
[Authentique ! 1974 :
diplômé instituteur et détenteur, en juin, du Prix de mérite, il dirigera, en octobre, un hold-up sur
un transport de fonds !]
Conclusion : On
demande à voir une proposition de grille d'évaluation !
* Autre
question délicate : les modèles à proposer !
Gandhi ? Dunant ?
Pasteur ? Sénèque ? Mais aussi des cathos, des musulmans, en soulignant - ou en gommant -
ce qui est confessionnel ?
Le Monde du 25 avril 2013 : Blog
de Claude Garcia (son blog Prof mis en examen)
Ça se fait déjà !
Claude Garcia
(son blog "Prof mis en examen" sur le journal Le Monde, 25 avril
2013).
S’il s’agit d’apprendre le respect de l’autre, la tolérance, de renforcer le
lien social, d’apprendre à « faire société » comme on dit, les profs au
quotidien oeuvrent dans ce sens.
Le prof de lettres, le prof de langues ont l’occasion de mettre en garde contre
les sectarismes, les stéréotypes. Les profs de sciences apportent aussi leur
pierre à l’édifice. Quel est l’intérêt d’imposer un tel enseignement déconnecté
des champs disciplinaires ?
Marianne du 25.01.2013, Régis Sourbrouillard
Un chantier colossal
Régis Soubrouillard,
Marianne,25.01.2013
Quand l'écart se creuse jusqu'à l'abîme entre l'idéal et le réel, on sent comme
un flottement, un malaise. Certes, l'offre du ministre de l'Education nationale,
Vincent Peillon, répond à une demande sociale urgente : endiguer la montée des
incivilités et de la violence dans l'école - et au-dehors - comme le montre sans
relâche l'actualité. Le chantier est en réalité colossal, car, comme le
soulignait déjà fort bien l'historien de l'éducation Antoine Prost dans son
Eloge des pédagogues (Seuil), en 1985, «entreprendre de restaurer dans
l'école des valeurs dont on se gausse au-dehors n'est pas rétablir un équilibre
; c'est exaspérer une contradiction». La morale, certes, mais on se demande
bien quelle morale quand la logique libérale partout triomphante agit comme un
agent corrosif qui s'entend à dissoudre les anciennes valeurs dans «les eaux
glacées du calcul égoïste».
La Croix du 22.04.2013
Construire la règle avec les élèves
Véronique Bouzou, professeur de français :
L’adjectif laïque est de trop. «La morale est décorrélée de la
religion. Le bien et le mal sont des notions universelles», estime-t-elle.
Ce débat, poursuit-elle, cache en réalité les vrais maux de l’école. «Si
nombre de collégiens ont des réponses toutes faites, voire deviennent violents,
c’est qu’à leur arrivée en 6e, ils n’ont pas acquis les capacités de lecture et
de réflexion, ni le vocabulaire suffisant», estime-t-elle.
Florence Ferrand, professeur d’histoire-géographie, prend systématiquement
appui sur les textes de loi.
«Je ne veux pas laisser penser aux élèves que je me base uniquement sur mes
opinions», confie-t-elle.
Professeur de sport, Michel Fouquet ne voit pas bien, lui non plus, ce
que la «morale laïque» pourrait apporter de plus.
«Depuis toujours, nous travaillons avec nos élèves sur la construction de la
règle et sur l’acceptation des différences pour éviter, par exemple, que des
élèves mal à l’aise dans leur corps soient victimes de moqueries», explique-t-il.
L'Humanité du 03.09.2012, propos cités par Pierre
Duquesne
Inégalités scolaires et sociales
: même combat
Bernadette Groison (PSU)
«On ne peut pas proclamer les valeurs de justice, de laïcité et
d’égalité si, à côté de cela, les inégalités sociales se
creusent au travers du logement, de la santé ou de l’emploi, ou
si rien n’est fait pour les quartiers populaires qui cumulent
toutes les difficultés.» Autrement dit : «L’école ne va pas être
émancipatrice avec un seul cours d’émancipation. C’est dans
toutes les disciplines qu’il faut l’encourager.»
Marie Roussillon, responsable éducation du PCF.
Si elle partage l’objectif du ministre «de développer l’esprit
critique» et de «défendre la laïcité», cette militante
communiste s’interroge sur les moyens mis en œuvre pour y
parvenir : « Plutôt que de promouvoir la mixité et la tolérance,
mettons les moyens pour diminuer les inégalités scolaires et
faire réussir tous les enfants, quelles que soient leurs
origines sociales. »
Être capable de mettre en relation des textes
avec d'autres textes
Le lecteur à l'oeuvre
L'intertextualité (...) est un effet voulu par l'auteur et appelle une
reconnaissance et une compréhension par le lecteur. (...) La
compétence du lecteur de l'intertexte devient alors une question centrale
: pour jouer à fond, l'intertextualité suppose un lecteur ayant une
connaissance minimale du texte cité, collé, imité ou parodié. [Elle] est
l'oeuvre non seulement d'un auteur, mais aussi d'un interprète.
Sophie Rabau,
L'intertextualité, GF Flammarion, 2002, pp. 34-35.
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, Le Lac,
1820,
Voir
C'est pas sérieux ?
Réflexions d'experts pour définir les objectifs
Lire, c'est aussi être capable de mettre en relation des
textes avec d'autres. 1
Les phénomènes d'intertextualité appartiennent à un domaine où les lacunes
encyclopédiques des élèves pèsent lourd, car elles peuvent empêcher une
compréhension minimale. 2
Spacieuse, ouverte - loggia plutôt que chambre -, la lecture se poursuit
alors dans les marges autant que dans le texte.
3
Toute création dans le domaine littéraire ou artistique en général, est
définissable comme un processus de refaçonnement.
4
La folie est inhérente au langage. 5
1 HUYNH (Jeanne-Antide) & LE BOUFFANT (Michel)
Le français
aujourd'hui (revue), décembre 95, n° 112, pp. 3-4.
2 DESCOTES Michel (IUFM Toulouse),
Le français aujourd'hui, n. 121, p. 96-97
3 Chappuis Pierre Le Biais des
mots, José Corti éd., 1999, p. 45-46
4 D'après Catherine Malabou,
Plasticité, éditions Leo Scheer, 2000
5Georges Zimra,
psychanalyste, France Culture, ém. Tire ta langue, 21.07.2013 (auteur de
Les Marchés de la folie, éd. Berg international)
L'auteur de la parodie imite de
façon burlesque* un texte existant (littéraire - rarement une oeuvre entière**
-, coupure de presse, proverbe, recette, slogan, mode d'emploi, etc.) dans
une intention comique ou satirique, en s'inspirant des moyens d'expression
du texte source (rythme, sons, lexique, syntaxe...), dont il modifie
le contexte et le registre de parole.
Ce faisant, il crée entre lui et son lecteur une sorte de connivence dans
des références textuelles partagées. La parodie est donc une forme, parfois
très subtile, de clin d'oeil intertextuel.
Parfois, la parodie n'est pas imitation mais copie mot pour mot avec
changement de contexte. Du tragique... à l'irrévérencieux!
***
* Petit Robert 2013, s. v. burlesque (de l'italien
burla
« plaisanterie »)
D'un comique
extravagant et déroutant.→bouffon,
comique,
loufoque.Un accoutrement
burlesque.Farce, film burlesque.
** Deux exemples : Monbron,
La Henriade travestie (1745); Scarron, Virgile travesti (1652).
[Le premier a également commis un étonnant pamphlet,
Préservatif contre l'anglomanie (1757)]
*** Exemples : deux légendes de
photos:
Jeune baigneuse en bikini : Que ces vains ornements, que ces
voiles me pèsent (Racine, Phèdre, I, 3)
Baigneuse obèse sur la rive de la mer déchaînée : Le flot qui
l'apporta recule épouvanté (Id., V, 6)
Réécriture parodique de textes connus...
Voyons comment on les a parodiés !
Voici quelques texte brefs (citations littéraires, proverbes, mots historiques,
slogans...) dont vous allons observer le
remaniement parodique.
L'original...
... parodié
... par quels moyens
A
L'oeil était
dans la tombe et regardait Caïn.
Victor Hugo, La Conscience,
dernier vers, in La Légende des Siècles.
Quatre réécritures parodiques, parmi
bien d'autres!
1. Mourad Guichard, dans
Libération, 28.12.2009:
A
Sully-sur-Loire,: le maire autorise le seul drapeau français à l'intérieur
de la mairie, lors des mariages. Titre du reportage :
Cachez
ce drapeau que je ne saurais voir
1.
Contexte : le maire veut anticiper tout problème avec la communauté turque
de la localité...
Sauver l'identité
française
Insinuation possible :
c'est hypocrite, comme l'est Tartuffe.
2. Blog des correcteurs du Monde, 26.01.2007 (enterrement de l'abbé
Pierre) :
«L’abbé Pierre, qui vient
d’être “hagiographié” post-mortem par les médias, n’eut pas de tels
scrupules, lui qui connut bibliquement une femme alors qu’il était déjà
prêtre. On comprend dès lors les réticences du Vatican à son égard, et son
peu d’empressement à le sanctifier : cachez ce saint que je ne saurais
voir.»
2. L'opinion du peuple vs celle du
Vatican
Un lexique approprié pour
opposer les avis:
hagiographié (néologie par composition), connaître (au sens
biblique), réticences, peu d'empressement.
3.
Maëlle Le Corre, sur
http://yagg.com,
10.06.2013 : La mairie de Saint-Cloud a fait retirer les affiches du film L'Inconnu
du Lac de ses rues après plusieurs plaintes des habitant-e-s. Titre de
l'article :
Cachez cette affiche que je ne saurais voir…
3. L'homosexualité de Franck, le
héros du film, est évoquée dans certaines affiches..
4. Diane Saint-Réquier, L'Express, 16.04.2012
Jean-Luc Mélenchon, du Front de Gauche, est prié de s'expliquer sur ses
liens avec Patrick Buisson, proche du FN. Titre:
Buisson-Mélenchon, cachez cette amitié que je ne saurais avouer
4. Insinuation: embarrassé par la
question, l'homme politique à "la grande gueule" veut éviter le débat.
Dans les
années 30, montée du fascisme..., perspective d'un conflit mondial.
1. David Revault
d'Allonnes,
Libération, 18.10.2006: Les prétendants (Royal, Fabius, Strauss-Kahn) à
la candidature socialiste pour la présidentielle de 2007 ont fait jeu égal
hier lors de leur premier débat télévisé. Titre :
La guerre des trois n'a pas eu lieu
2. Emmanuel Lévy, Marianne, 11.10.2010 : Bouygues, Orange et SFR :
«la chasse aux clients de téléphonie mobile de la crémerie d'en face s'est
brusquement interrompue». Titre :
Téléphonie, ADSL: comme prévu,
la guerre des trois n’a pas eu lieu
Dans chaque réécriture, effet comique de la référence littéraire "sérieuse,
dramatique" pour évoquer une rivalité "triviale" de politiciens ou de
commerçants.
E
Du haut de ces pyramides,
quarante siècles vous contemplent.
Napoléon Bonaparte à ses officiers avant la bataille des Pyramides, 21
juillet 1798.
Pierre Dac,
Pensées,
1972. Il décrit les yeux de son bouillon.
Quarante paires d'yeux de bouillon qui vous contemplent, c'est quarante
siècles de pot-au-feu égyptien qui vous regardent du haut de leurs pyramides
de viande et de légumes pharaoniques.
D'un registre glorieux et solennel
à un registre gastronomique; avec changement d'interlocuteurs.
F
L'ennui naquit un jour de
l'uniformité.
Antoine Houdar de la Motte, Fables nouvelles, 1719, XV, dernier vers.
Pierre Assouline, sur son blog au
journal Le Monde, 10.11.2006.Recension du roman de J.-P.
Toussaint, La mélancolie de Zidane . Titre, début:
Paradoxe de Zénon et de Zizou,
Zénon l'a démontré, Zizou l'a prouvé : un coup de boule jamais n'abolira
le hasard.
Voisinage cocasse du philosophe et du sportif désigné par son surnom
familier. Allusion au célèbre
coup de boule* pendant le Mondial de football
2006.
Equivalence de structure, de sons, de rythme et de sens dans deux phrases
juxtaposées. [* sur cette
même page, des parodies gestuelles du coup de boule !!!]
H
Veni, vidi, vici
Phrase prononcée par Jules César
après sa victoire sur le roi du Pont en 47 ACN
Marie Arena, ministre de
l'enseignement (Cté fse de Belgique) songeait à supprimer le latin au 1er
degré... Elle y renonce. Dessin de Sondron dans l'Avenir du 16.02.2005
avec cette légende :
Veni, vidi, repli
Sondron maintient l'équivalence
de syntase, de rythme et de son. Mais avec forte opposition de sens : vici
vs repli.
I
La France forte
Slogan de la campagne
présidentielle de Sarkozy en 2012.
Jean-François Copé autoproclamé
président de l'UMP; soupçons de fraudes.... Vidéo parodique avec le slogan
en image fixe et sur fond bleu, publiée dans lepost.fr 26.11.2012.
Jeu sur les similitudes et...
sur quelques différences :
deux personnages (unité vs rivalité), photos de profil (regard vers le
haut), sourire, costume
(sauf la cravate de Fillon : connotation de "combat"?), fond bleu sur le
grand large, police de caractères
* 2001 Dans Libération,
07.06.2001, recension par Olivier Wiewiorka du livre de Brigitte Hamann
La Vienne d'Hitler. Les années d'apprentissage d'un dictateur, sous le
titre :
Le beau Danube brun
** 2012 Sur
aurelinfo, dessin de
Placide : Marine Le Pen dansant avec Hitler, sous le titre Le beau Danube
brun
* L'auteur évoque une Autriche aux courants antisémites.
Brun : les
chemises brunes des groupes nazis; le mot "brun" a conservé une forte
connotation négative dans le langage politique.
** Contexte : Marine Le Pen, du FN, aura-t-elle les 500 signatures requises
pour être candidate à la Présidentielle de 2012?
Insinuation : la "proximité" de la danse et la proximité des idées ?
Le dessin : le
noir et le brun ! La géante et le nain : connotation de force, de conquête,
mais peut-être aussi de connivence exprimée par la danse ?
Hitler élu démocratiquement en 1933; sera-ce le sort de Marine Le Pen en
2012 ?
(signalement
exigé : nom, école, fonction, nom du fichier)
1. François-Luc Doyez, Libération, 27.10.2010
Reportage sur les chansons réutilisées dans les manifs (ici, contre la réforme
des retraites). Titre:
Prendre un senior
par la main, pour l'emmener au turbin
2. Christophe Forcari, Libération,
19.01.2007
Élections municipales à
Nantes. Titre. Chapeau:
Mon maire, ce
Ayrault
Incontournable
localement et désormais doté d'une stature nationale, le maire de Nantes peut
espérer briguer un quatrième mandat sans opposition, ni à droite ni à gauche.
3. Le Canard enchaîné, 29.10.2008, à la une.
Annonce d'un plan-emploi par le
Président Sarkozy. Manchette en deux lignes :
Le grand discours de
Sarko contre le chômage fait pschitt:
Pour un plan emploi, c'est pauvre comme jobs!
4. François Reynaert, Le Nouvel Obs', 21.04.2012
Présidentielle 2012. Dix
candidats en lice. Titre. Chapeau :
Présidentielle :
bienvenue chez les p'tits
Dans cette campagne, les
petits candidats n'auront jamais hésité à parler grand. Le problème est que
l'inverse est vrai aussi.
5. Alain Lorfèvre, La Libre culture,
16.06.2010
Recension - plutôt
défavorable - du film The last station (la vieillesse de Tolstoï) de
Michaël Hoffman. Titre :
Guère épais
6.
Jean-François Rauger, Le Monde, 27.12.201
Recension de
Malveillance, film espagnol de Jaume Balaguero. Titre. Début :
"Malveillance" : La
loge de la folie
La réussite de
Malveillance tient à un art du dosage particulier, celui de la rhétorique
traditionnelle et reconnaissable du film de terreur contemporain et celui de
l'observation froide d'un monde quotidien et familier.
7. Georges Charpak &
Bernard Werber, L'Express, 13.03.2003
Remise de prix au
Procope. Titre. Début :
Le papier fait de
la résistance
Les lauréats du Procope
Réunis au Procope, le
plus ancien café littéraire de Paris, pour la traditionnelle photo de L'Express,
auteurs et éditeurs ont fait la preuve de la bonne santé du livre. A confirmer
au prochain Salon du livre...
8.La vie,
04.10.2007
Dans la rubrique On
va en parler, Titre. Début :
T'as de gros pneus,
tu sais...
Ils peuvent atteindre
25 mètres de long et peser jusqu'à 60 tonnes: ce sont les mégapoids lourds. Le
10 octobre, l'Allemagne décidera si, à l'instar de la Suède et de la Finlande,
elle doit leur ouvrir ses routes.
9. Hugues Angot, RTBF, JT de 19h30, 01.05.2006.
Sujet : la marche des
évêques à Tournai pour les vocations. Commentaire :
Bottines de marche,
baskets ou encore sandales, qu'importe la chaussure pourvu qu'on ait la foi,
tel pourrait être le mot d'ordre de cette marche.
10. Catherine Vincent, Son blog, "un
éléphant dans mon jardin" dans Le Monde, 17.07.2012
Des os de chèvres
retrouvés dans une grotte en Namibie. Titre. Commentaire :
Mais que diable
allaient faire ces chèvres en Namibie?
Elles ont été mangées il
y a 2200 à 2300 ans dans une grotte de l’actuelle Namibie (...). Des molaires
très précisément datées au carbone 14, qui font des chèvres à qui elles
appartenaient les plus anciens vestiges d’élevage connus à ce jour dans toute
l’Afrique australe.
11. Florence Aubenas,
Libération, 15.11.2006
Reportage sur Christophe
Chalumeau, 37 ans. Inventeur du Biji's, un petit bijou à porter sur un bouton de
jean, il a monté son entreprise sur l'Internet puis est parti le faire fabriquer
en Chine. Titre :
Dessine-moi un
bouton
12.
Laurent Joffrin, Le nouvel Obs',
05.03.2012.
Claude Guéant, ministre de
l'Intérieur, parfois maladroit... Sous le titre "Et si Guéant faisait perdre
Sarkozy ?" Extrait :
Ce n'est certes pas un Guéant de la
pensée... Avec une obstination qui sied à son physique de comptable pointilleux,
le ministre de l'Intérieur continue d'aligner les sorties où le simplisme le
dispute à l'outrance.
En 2007, Nicolas
Sarkozy avait réussi le grand écart. Il souffre cette fois de déchirure
musculaire. Le zèle de Guéant l'empêche de marcher.
« Rendons hommage à un
sacerdoce méconnu, celui des rédacteurs-lexicographes. Leur responsabilité est
immense et c’est un métier exigeant. (...) Saluons l’oeuvre de ces greffiers
de l’usage contemporain : ils ont la modestie du vrai savoir et la ferveur des
amants. » (Bernard Cerquiglini, dans la Préface)
Mots nouveaux : Classement par
catégories (société, sciences, environnement, technologie, sociologie,
francophonie)
Nouveaux noms propres (de
Abe Shinzo,
homme politique japonais... à
Peter Ware Higgs,
physicien britannique)
« Le Robert est un observatoire de la langue et non un conservatoire. »
(Alain Rey)
La dimension historique du Petit Robert (date
d'apparition des mots dans la langue française, évolution chronologique des
sens, citations d'auteurs du XVe siècle à nos jours) permet de
suivre le parcours des mots et leur participation à l'Histoire, les
évolutions du vocabulaire reflétant celles de la société. (extrait du
Service de presse)
Un article d'Eric de Bellefroid dans La Libre Belgique du 07.06.2013, p. 55,
sous le titre La guerre des nerfs des dictionnaires :
« Le 6 juin, rituellement, il flotte des airs
marins de grand débarquement. En l’occurrence, cette année, les dictionnaires
Robert et Larousse étaient hier au coude à coude, à la criée, pour les parts
de marché. C’était donc le jour J du choc lexicographique annuel. »
On ne se lève pas en se disant : « Tiens, je suis un
décrocheur scolaire. »
Adrien Sénécat,
[En France] Plus de 100.000 jeunes
décrocheraient chaque année du système scolaire et l'État peine à les suivre.
Convaincues que les dispositifs actuels "ne marchent pas", quatre enseignantes
et doctorantes lancent Transapi, un projet
d'éducation innovante. ►
2.
La classe "inversée"
Les devoirs à l'école ; les cours à la maison
Quentin Blanc, Le Figaro, 1er juillet 2013
« Les professeurs américains sont de plus en plus nombreux à adopter la
pédagogie dite de la «classe inversée». À tel point que certains prédisent la
disparition prochaine du métier d’enseignant. »
Madame April Burton résume les règles de grammaire ou détaille le vocabulaire
de la météo sur des vidéos de cinq minutes, à regarder chez soi. Les exercices
pratiques se font en classe.