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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

 

Numéro 112 - Mars 2003

Mis en ligne : octobre 2015

Sommaire

 

1. Écriture d’un conte * Classe de 2e G

2. Atelier d’écriture : auto-biographie – Racines égyptiennes

3. Gens du Midi, un écrivain et un peintre – Jean Giono et Paul Cézanne

4. Formes brèves pour prendre le pouvoir * Quand le travail et le jeu sur le signifiant sont, du même coup, un combat pour des idées

5. Le rap... c’est râpé, mais cela mérite d’être à nouveau tenté.

 

En guise d'édito

Le savoir et le savoir-faire

Curieuse situation que celle de la lecture d'un texte dans une classe de français. Un lecteur privilégié : le professeur; parce qu'il a déjà lu le texte plusieurs fois, et que ce texte se trouve pris dans un réseau d'autres textes qui échappent aux élèves. Des élèves : lecteurs qu'on invite à s'exprimer, à se dire à travers le texte qu'ils lisent. Un sens déjà là : un consensus inscrit dans les manuels ("Montrez que...") et dont la reconnaissance sera sanctionnée le jour de l'examen. Le tout badigeonné d'une pseudo-maïeutique qui donne au lecteur l'illusion qu'il a découvert lui-même ce qu'on veut lui imposer.

C'est de cette situation piégée qu'il faut tenter de sortir. On peut déjà le faire en improvisant la lecture d'un texte que l'on découvre en même temps que les élèves, ou mieux, que les élèves ont choisi et ont eu seuls le loisir de préparer. Ce que le professeur montre alors, enseigne, ce n'est plus le savoir sur le texte, mais le savoir-faire.

Jean VERRIER, univ. Paris VIII, Le Français dans le Monde, 146, juillet 1979, p. 22, sous le titre de §: Déplacer sa chaise et sortir du cercle (art. sur une lecture de Pierre et Jean, de Maupassant...)

 

 

Écriture d’un conte * Classe de 2e G

Durée de la séquence : environ 10 périodes

            Première étape – Définition du conte

 Lecture – silencieuse et / ou à voix haute – de quelques extraits de contes: Grimm, Le loup et les sept chevreaux; Perrault, Le chat botté; Grimm, Hänsel et Greten; Perrault, Le petit Poucet; Grimm, Blanche-Neige.

 Les élèves épinglent au fur et à mesure de la lecture les caractéristiques principales de ce genre narratif ; et nous retenons la définition suivante :

Un conte, c’est un récit imagé mettant en scène des héros hors du commun et des personnages merveilleux comme les fées ou les sorcières.

L’époque et le lieu de l’action sont décrits avec si peu de précisions qu’on ne sait pas vraiment les situer dans le temps ou dans l’espace.

Au début du conte, on dresse souvent une brève description des personnages et de leur milieu de vie ; à la fin, on assiste généralement à un dénouement heureux.

            Deuxième étape – Description des schémas narratif et actantiel du conte

 Avant de demander aux élèves d’écrire un conte, il est nécessaire de leur présenter les deux schémas à partir desquels la plupart des contes sont construits :

 Le conte comme combinatoire de rôles (héros, objet, opposant, adjuvant…) : schéma actantiel.

 Le conte comme enchaînement de transformations (péripéties, d’une situation initiale vers une situation finale) : schéma narratif (ou construction narrative).

 Une présentation qui doit être nuancée ! Ne pas ramener le conte à une mécanique, ne pas gommer la liberté qui préside à la création littéraire.

On peut lire et analyser des contes classiques comme Le Chat botté, ou Cendrillon ; ou sortir des sentiers battus et utiliser comme outils des textes plus récents, par exemple de Pierre Gripari, de Marcel Aymé, de Christian Oster ou tout à fait exotiques : africains, chinois… !

             Un détour par l’anti-héros…

 En guise d’exercice, on peut également proposer aux élèves d’analyser le dessin animé SHREK (éd. DreamWorks, 2001). Ce dessin animé est une parodie des contes pour enfants. Il déborde d’humour et est particulièrement apprécié des jeunes (et des moins jeunes).

SHREK est à l’opposé du conte classique. Le sujet-héros est un ogre un peu lourdaud, qui vit seul dans son marais. Son fidèle compagnon est un âne un peu pot de colle, peureux et beaucoup trop bavard.

La princesse Fiona qu’ils doivent sauver se bat comme un homme et se révélera être une femme au physique disgracieux. Et enfin, parmi les opposants, on retrouve une caricature de Robin des Bois, un dragon amoureux et un ridicule petit bonhomme du nom de Lord Farquaad.

Quelques pistes pour exploiter ce dessin animé :

 

 

Dresser le schéma actantiel du conte (justifier par les faits, les comportements…).

 

Expliquer en quoi les personnages de ce conte sont

différents de ceux mis en scène dans un conte classique.

 

Repérer les héros de contes faisant une apparition furtive (exemples : Les trois petits cochons, Pinocchio, Blanche-Neige et les sept nains…).

 

 Voir autres images sur Google...

   

            Troisième étape – Rédaction du conte

 1. Liste de propositions

 Choisis parmi les propositions suivantes au moins un élément pour chaque catégorie. Ensuite, rédige ton conte. Bon travail et bon amusement. 

1.   Le sujet-héros

Un prince

Un nain de jardin

Madame Peperpot

Un fantôme

Une sirène

Une oie sauvage

Jean de la Lune

2.   L’objet recherché

Une fleur magique

Des pièces d’or

Une potion magique

Une boule de cristal

Une clé

Des bijoux

   Un chat

3.   Le lieu où se déroule l’action

Une grotte

Un labyrinthe

Le fond de la mer

Un château

Une forêt

Une montagne

Un cirque

 

4.   Un opposant

Une sorcière

Un loup

Un monstre

Un ouragan

Une tortue

Un savant fou

 

 

 

5.  Un adjuvant

Un oiseau de feu

Un corbeau blanc

Un renard

Un lutin

Une fée

Un hibou

Les élèves passent maintenant à l’écriture. Ils reçoivent une grille qui servira à la fois à préciser les consignes et à évaluer leur travail. Cette grille tente de répondre aux exigences du programme de français du premier degré.

Les élèves savent qu’ils vont faire une lecture expressive de leur conte devant des élèves de l’école primaire de Habay-la-Neuve : un surcroît de motivation !

 2. Consignes 

Situation de communication

Par groupes de deux, rédiger un conte pouvant intéresser des élèves de quatrième primaire (dix-onze ans).

/5

Contenu

* Rédiger un conte de deux pages minimum aux temps du passé

* Donner un titre à votre production.

* Faire preuve d’imagination

* Texte cohérent, porteur de sens

/10

Organisation Structure

* Rédiger le conte en respectant les données suivantes :

* Présence de tous les éléments du schéma narratif

* Présence de tous les éléments du schéma actantiel

* Choix des éléments parmi les propositions de la liste ci-après

/10

Cohérence entre les phrases

* Emploi de mots de liaison adéquats

* Utilisation de synonymes ou de périphrases afin d’éviter toute répétition

 

Vocabulaire Grammaire

* Utiliser un vocabulaire varié et précis

* Phrases grammaticalement correctes/ S-V (Compl.)

/5

Orthographe

* Orthographe correcte (90% de mots bien orthographiés)

* Concordance des temps respectée

* Emploi correct (forme et valeur) du passé simple

/10

Dimension non verbale

* Présentation originale

* Illustrations

/10

 

Trois articulations sont nécessaires dans la pratique scolaire du conte. Tout d'abord l'illustration, qui recrée le lieu, l'époque, les usages...; ensuite la voix haute qui engage le corps dans la communication; enfin l'activation de la mémoire culturelle qui fait de l'auditeur-lecteur un visionnaire créateur.

 En d'autres termes, mettre en action le regard, l'écoute et le mouvement, déployer le rêve et la fantaisie !

D’après Serge Martin, Les contes à l'école, coll. Parcours didactiques, Bertrand-Lacoste éd., 1997, p. 55.

 

 

Atelier d’écriture : auto-biographie – Racines égyptiennes

Article déjà en ligne

 

Gens du Midi, un écrivain et un peintre – Jean Giono et Paul Cézanne

Article déjà en ligne

Formes brèves pour prendre le pouvoir

 Quand le travail et le jeu sur le signifiant sont, du même coup, un combat pour des idées

 Propositions pour la lecture, le débat et l’écriture – 2e et 3e degrés

Poète ou plaisantin, potache ou philosophe, électeur ou élu, cosi fan tutti !

 ( Que Wolfgang Amadeus nous pardonne ce réemploi au masculin. C’est pour n’exclure personne ! )

Qui n’a pas, un jour, citoyen lambda, journaliste pamphlétaire ou poète impertinent, recouru au pouvoir des mots pour défendre une cause, dénoncer une injustice, ridiculiser un conformisme, revendiquer un droit, démasquer un hypocrite… ? Pour ce faire, les moyens d’expression verbale sont effectivement nombreux et variés ! Et il est bien utile que nos élèves en prennent la mesure !

 De plus en plus souvent – est-ce sous l’influence des slogans publicitaires qui doivent leur efficacité à leur concision ? – ces productions du langage polémique affectionnent la forme lapidaire, brève rafale de mots qui fait mouche.

 1. A la découverte...  - Activités de lecture et de débat.

[Deux périodes de cours : une pour chaque série]

Observons d’abord quelques-unes de ces formes brèves, toutes authentiques : les unes, créées par des anonymes et des sans-grade, les autres, créées par des professionnels de la communication. Nous constaterons, dans les unes comme dans les autres, la même habileté à exploiter les ressources de la langue. Celle-ci n’est-elle pas, d’ailleurs, le bien commun de tous, le capital que les usagers peuvent faire fructifier ?

Proposition méthodologique: l’élève dispose sa feuille en deux colonnes, l’une pour évoquer la situation d’énonciation et formuler brièvement l’argument sous-jacent, l’autre pour identifier les moyens d’expression.

[Pour identifier ces moyens d’expression, un minimum de métalangage est requis, sans doute déjà maîtrisé par des élèves du 3e degré, par exemple : équivalence (opposition / ressemblance), graphie, phonème, homonymie, paronymie, commutation / permutation, néologie, mot-valise, connotation  /dénotation, intertextualité, métaphore, métonymie…

Oralement, il sera utile de débattre de la pertinence de la thèse défendue !

 A. Des anonymes et des sans-grade… - Ou « le pouvoir aux mains du peuple »

*  Vers 1980, quelque part en Lorraine belge, dans une classe de 2e R, ces mots gravés sur un pupitre :

            Inactif aujourd’hui

            Radioactif demain

    Équivalence de construction syntaxique (adjectif + adverbe), de rime intérieure, de connotation défavorable des deux adjectifs.

    Montée de la courbe du chômage en Europe ; contestation croissante du nucléaire (Tchernobyl, ce sera en 1986). A quoi bon vivre, alors ? A quoi bon l’école ?

*  Même année, même lieu, la couverture du journal de classe d’André S., élève «comme un autre», apparence paisible.

                JOURNAL DE CLASSE

    Du typex sur des lettres: sous chaque nom, un autre nom. Pervers? Habile aussi, la création d’un palimpseste !

    L’école, lieu de soumission ? (tellement bien symbolisée par cet instrument de bon ordre qu’est un journal de classe). L’idée est contestée : c’est tellement sympa d’être un rebelle… ou de le paraître.

 *   Aubenas, en Ardèche, 1983. À la peinture noire sur un mur d’usine :         

                        Des dollards (sic !) pour les patrons

                        Du pétrole pour les Bretons

           [ Marée noire récente sur la côte Ouest, à 800 km de là. ]

    Equivalence de syntaxe (N pour N) et de rime [celle-ci souligne l’opposition coupables / victimes].

    Dollars / pétrole: l’or pour les uns / l’or noir malvenu pour les autres.

    (La graphie dollards: marque d’un prolo ? Pas sûr !)

            Solidarité ardéchoise pour dénoncer la course inhumaine au profit. 

*  En France en 1985, sur plusieurs affiches électorales du PS, des anonymes ont ajouté au mot UNIE  une impertinente lettre :

                        LA FRANCE PUNIE

    Un mot à la connotation positive fait place un mot à la connotation négative : une lettre a suffi ! Un travail sur la graphie qui chamboule tout.

    Le socialisme : illusion de rassemblement [unie] ; en réalité, un châtiment [punie].

 

*  Manifestation de lycéens en France, automne 1990. Un calicot :

            Jospingre

    Formation d’un mot-valise : Jospin (ministre de l’éducation) et pingre. Le second élément du néologisme donne du ministre une image peu flatteuse.

    Une formation de qualité mérite considération.

 

*  Strasbourg, automne 1996. Manifestation contre le projet de création d’un aérodrome de fret. Un calicot :

            Vols de nuits

            Vols de sommeil

    Homographie pour des sens différents, mais le lien de cause à effet est d’autant mieux souligné.

    La santé prime sur la rentabilité.

*  Manifestation, le 12 avril 2000 à Bruxelles, contre la présence de Jörg Haider au Comité des Régions 

     NON  À

H

ITL

ER

 

AID

     Travail sur le graphisme, permettant une lecture quasi-simultanée des deux noms, unis dans une semblable réprobation. Activation d’une mémoire collective toujours vive en Europe…

            Plus jamais ça ! Il faut être vigilants : la liberté des citoyens est à ce prix.

 *  Manifestation de policiers à Paris, 29 mai 2001. Calicot :

                        DU BLÉ

                        POUR LES POULETS

    Double métaphore dans un registre de parole familier. Concision de l’énoncé non verbal. Allitération voulue (trois labiales et trois liquides) ? Pas sûr.

            Le service public – la sécurité des citoyens, également – mérite plus de considération.

 B. Des professionnels de la communication verbale

Valeurs actuelles (périodique français de droite), 28 juin 1976. A propos d’un couple de retraités dont le pavillon, situé à Paris, Place-du-Colonel-Fabien, a été exproprié « pour donner à l’immeuble du PC une entrée enfin digne de lui » (extrait du chapeau de l’article). Titre du reportage :

            Le pavillon des expulsés

    Réécriture d’un titre de Soljenitsyne Le Pavillon des cancéreux (1968), ouvrage dénonçant le communisme soviétique... Même connotation négative : cancéreux → expulsés), et sème commun de « mise à l’écart ».

    D’un PC à l’autre, même totalitarisme, même déconsidération de l’individu

 

Juin 1993 - Le score de popularité de François Mitterrand est au plus bas : 33% ! Commentaire de Jean-Claude Gaudin, de l’UDF, le 20 juin sur France Inter :

            Le Président, c’est Monsieur Tiers.

    Souligner d’abord la brièveté de la formule et l’homonymie Tiers / Thiers. D’autant plus féroce que le ministre Adolphe Thiers (1797-1877) était de très petite taille. [Encore faut-il connaître ce ministre et sa petite taille pour «savourer» pleinement la finesse de l'allusion…]

 

[Victor Hugo se montre tout aussi féroce pour ce même Adolphe Thiers, alors Président du Conseil. Celui-ci descend de la tribune de l’Assemblée Nationale, oubliant son crayon sur le pupitre. Le député Hugo lui crie : « Monsieur le Président, vous oubliez votre canne ! » Une hyperbole tout à fait hugolienne.    Le faible score Viest un désaveu d’une politique de gauche.]

 *  La Vie (périodique), 22 avril 1999. Titre d’un article sur la publicité.

            Non à la pub-tréfaction

            « Non à… » : beaucoup de slogans sont introduits ainsi (assez souvent en symétrie avec « Oui à… »).             Création d’un paronyme connoté aussi négativement que putréfaction.

            Le citoyen doit se prémunir contre le conditionnement par la publicité

    *  Fin 2001, Valéry Giscard d’Estaing va présider de la Convention sur l’avenir de l’Europe. Cela arrange Chirac d’éloigner l’ex-Président de la scène politique française. Surtitre et titre dans le Canard enchaîné (19 décembre 2001) :

            Chirac refile Giscard à l’Europe     

            « Va voir aïeul si j’y suis ! »

    Lexique peu valorisant : refiler, aïeul. Tutoiement d’un homme d’Etat. Réécriture d’une expression cavalière pour se débarrasser d’un gêneur. Paronymie aïeul / ailleurs.

    Pour piloter à sa façon, il est bon d’écarter l’ancien pilote…

 *  Septembre 2002 : conférence mondiale à Johannesburg sur le développement durable... Un membre du Parti des Verts donne son avis sur le discours que Chirac y a prononcé :

            Il a parlé d’or. Il n’a pas parlé d’argent.

    Pas de lien (par exemple : mais, cependant...)  marquant l’opposition – éloge, critique - entre les deux phrases: la simple juxtaposition est plus percutante !

    Facile de briller quand on occulte la question du financement.

 *  Exposition du parti Ecolo à Liège. Le journaliste de La Libre Belgique (3 décembre 2002) y voit une certaine autosatisfaction... D’où le titre de son article :

            Verve verte

    Allitération [v, ε, R] concision ! Verve insinue « volubilité, gesticulation, plutôt que vrai engagement ».

    Les actes sont plus convaincants que les discours.

*  En Belgique, débat passionné à la Chambre des députés sur la question de l’interdiction de la publicité pour le tabac. Titre de l’article de Paul Piret dans La Libre Belgique du 6 décembre 2002 :

        Débat fumant, échanges fumeux

Concision et densité de l’énoncé nominal ; équivalence syntaxique (nom + adjectif). Aussi bien fumant [animé, passionné] que fumeux [confus] sont assez péjoratifs.

La passion peut étouffer le bon sens et le souci du bien commun.

 *  Entretien de la journaliste Laurence Dardenne avec le Pr Verhelle, de l’UCL, au sujet du bébé cloné annoncé par la secte RAËL, dont le gourou est réputé pour son côté exhibitionniste. Titre de l’article dans La Libre Belgique du 28 décembre 2002 :

            Un clone qui ne fait pas rire

    Le jeu paronymique [clone – clown] renforce la crainte [ne fait pas rire] que peuvent susciter les entreprises du gourou, pitre et aventurier.

    L’homme de science doit se sentir responsable.

  2.   Je passe à l’action... - Tentatives d’écriture

[Trois ou quatre périodes de cours : une ou deux pour «choisir, développer, condenser» ; deux pour «évaluer»]

Choisir un terrain de combat : nuisances sonores, déjections canines, propreté des espaces publics, malbouffe, exclusion sociale, bienfaits du sport (de tel sport...), menace de guerre... Voilà quelques exemples ; mais le meilleur choix sera celui où je me sens personnellement concerné, bien décidé à déclarer haut et fort le pour ou le contre ! 

 Développer (de 80 à 100 mots). Je cible clairement le(s) destinataire(s) à persuader (âge, sexe, métier...). J’énonce la thèse, la proposition, des arguments, des exemples concrets. Je prends un ton soit grave soit humoristique. J’exploite les ressources du lexique, le poids des mots : opposition ou similitude de sens, termes dynamiques (sonores, imagés, décoiffants). Autant de matériaux qui qui serviront dans la phase suivante.

Condenser en un maximum de dix mots ! Je ne retiens, du développement précédent, que ce qui est indispensable et essentiel pour forger le slogan : réduire... pour séduire, frapper, plaire et convaincre. Accessoirement, je peux jouer sur le graphisme (couleur, taille des caractères...), mais l’essentiel est le travail sur les ressources de la langue.

Evaluer le produit ! Objectif : accueillir et apprécier le point de vue et le langage de l’autre. Cela se fait en deux temps.

*  Les slogans sont affichés aux murs de la classe sur des feuilles A4 ; les auteurs explicitent leur intention, sans idée de classer ni de juger la pertinence de la thèse et des arguments.

*  Chaque auteur identifie tel ou tel moyen d’expression choisi pour rendre le message efficace, par exemple :

    lexique : antonymie (paix – guerre), paronymie (aïeul – ailleurs), mot valise (Berlaymonstre), homophonie / homonymie (vol – vol ; Afrique - à fric) ; graphisme (prison – poison) ; allitération (Bush : Texan toxique)...

    syntaxe : juxtaposition (J’y suis. J’y vote) ; impératif (Donnez du relief à vos vacances) ; anaphore (Le quinquennat, ça requinque !) ; énoncé averbal (Pas de fric, pas de flics)...       

    réécriture : Les Indes sanglantes (émeutes en Inde) ; la déraison du plus fort (administration Bush) ; pour vivre heureux, vivons casqués (sécurité routière)...

 

 Articles de LMDP consacrés à ces formes brèves pour prendre le pouvoir ou simplement pour (s’)amuser :

 1. Graffitis, de l’or dans l’ordure -  Cl. de 3e (n° 87, décembre 1999)  * 2.. Dans le cadre du projet « école propre », des mots nouveaux pour des slogans - 2e degré (n° 96, mars 1999) * 3. Une tournée de Ricard – Ecrire ou boire : ils ont choisi, sans modération – Slalom de slogans : un inventaire des procédés  - 1er et 2e degrés (n° 98, septembre 1999).

 

Le rap... c’est râpé,

mais cela mérite d’être à nouveau tenté.

Classe de 2e R – Récit de Philippe Mathieu – ISMA, Arlon

 

Très souvent, en parcourant les articles de LMDP, des expériences enrichissantes vécues par des collègues m’ont inspiré.

Rarement (pour ne pas dire jamais), quelqu’un a tenté de raconter une leçon, ou une séquence, qui, au départ, l’avait motivé, mais qui s’est révélée sur le terrain un flop, ou tout au moins a laissé un goût d’inachevé.

Ce flop, cet échec, je l’ai connu au travers de leçons ayant pour thème la poésie et le rap. Je vais tenter de vous le narrer.

Pourquoi, me direz-vous, raconter ce qui n’a pas fonctionné ?

Tout d’abord, personnellement, avouer un échec vous redescend de votre piédestal et vous ramène à un niveau plus humain : les élèves n’ont pas l’apanage de l’échec.

Ensuite, faute avouée est à moitié pardonnée, ne dit-on pas. Cette confession m’a permis de retravailler cette séquence sous un autre angle. Il ne faut pas se laisser abattre.

Enfin, j’ose penser que tout un chacun, parmi nous, a connu des leçons auxquelles il croyait, mais dont les résultats n’ont pas rejoint les espoirs. Qu’ils sachent (alors qu’on n’ose pas en parler) qu’ils ne sont pas seuls.

Point de départ

a.  Le public visé :

une classe de 27 élèves de deuxième année. La    particularité (et ceci ne doit surtout pas servir d’excuse) de cette classe réside non pas dans le nombre d’élèves, mais dans le fait qu’elle était majoritairement composée d’élèves d’origine non-francophone.

    Les quatre périodes normalement attribuées aux options (latin – socio-économie – arts – sciences – biotechnique) se passent à rattraper le retard accumulé : une période de français, de math, de langue 1, de méthode de travail.

b.         Idée préalable :

    Lors d’activités extra-scolaires, j’avais sou­vent entendu les élèves écouter du rap. De là, a germé l’idée d’aborder la poésie sous la forme ludique et musicale de ce courant. La partie semblait gagnée d’avance. Quelle dé­sillusion !

c.         Premières limites :

    Limite personnelle : ma culture musicale contemporaine frôlait le néant ; d’où un gros effort sur moi-même pour me motiver et me documenter.

    Limite déontologique : après l’écoute de bon nombre de CD, j’ai été abasourdi par le quota de textes étant à la limite du trivial. Fallait-il abandonner ou persévérer ?

    Après moult hésitations, j’ai décidé de tenter le politiquement correct : M.C. SOLAAR ;

*

Objectifs poursuivis :

a. Faire prendre conscience que, derrière une musique, un rythme, existe un texte porteur d’un message. Ce n’est pas une évidence pour des jeunes.

b. Faire comprendre un texte écrit en vers, donc poétique : que veulent me dire ces vers mis l’un en-dessous de l’autre ? L’enchevêtrement poursuit-il une logique ?

c. Savoir passer d’un texte poétique à un texte conventionnel permettant une meilleure lisi­bilité (surtout pour les élèves visés). Cela sous-entend un travail de documentation pour lever les incompréhensions : dictionnaires, chroniques du 20e siècle, interroger autour de soi (surtout les aînés du 3e degré) pour les termes populaires ou argotiques. Cela nécessite également une révision de la ponctuation, car, pour comprendre un texte, il convient de recourir à une ponctuation cor­recte. (Les textes de rappeurs négligent vo­lontairement la ponctuation qui est pour eux une barrière, une limite.)

 

Démarche suivie

 

Au départ, j’ai privilégié les méthodes d’analyse utilisées dans les cours de langues étrangères. Le français, rappelons-le, est effectivement, pour cette classe, une langue étrangère !

1. Compréhension à l’audition d’un couplet (un couplet, parce que le français est une langue étrangère ; il faut procéder par petites doses...

a. après une audition, demander aux élèves d’exprimer oralement ce qu’ils ont compris.

b. après une seconde audition, les élèves répondent à un questionnaire assez général (thèmes abordés, termes retenus pour cerner le sens du texte).

2. Distribution du texte

3. A l’aide du support écrit :

a. Premier exercice de réécriture du couplet ; individualisé et avec un minimum d’intervention du professeur.

b. Mise en commun avec explications des expressions populaires, des mots incompris, des références historiques ou géographiques méconnues via des recherches (dictionnaires, chroniques, atlas, interviews).

c. Second exercice de réécriture du couplet.

d. Aborder les champs lexicaux pour dégager une atmosphère générale, le ou les thème(s) abordés.

e. Ecriture d’un ‘texte’ de deux à cinq lignes expliquant ce que l’élève a compris.

*

 

Présentation succincte d’ un exemple « Le son des bandits »

Cette présentation démarre à l’étape 3 de la démarche méthodologique. Sont encadrés : ce qui a été transformé, ce qui a été ponctué différemment.

a.

Braquage vocal à découvert.

Je n’ai plus rien à perdre certes,

Mais il faut que ça marche.

Que les oreilles se dressent sous ma colère !

On vous a dit de ne pas «embêter» le rap.

Maintenant, je deviens fou

Que personne ne bouge !

Avant d’un tuer un,

Je veux qu’on m’écoute.

Je n’ ai pas choisi l’alcool pour noyer mes soucis,

Car je sais que la bouée du diable les remontera en surface

Pour les noyer une fois de plus.

La vie n’est qu’un sursis qui attend de commettre un délit.

Un stylo comme sabre qui coupe les cordes qui me pendent de remords ;

Et les pleurs de ma mère en guise de sérum pour ralentir ma mort,

Et on va se battre, se battre contre qui, se battre mais où ça ?

Stopper, stopper ce train dans lequel je roule depuis 17 ans.

C’est choquant quand le contrôleur passe et fait descendre mes gens.

Tu parles de gloire ;  je mets une fin [ j’y mets fin ] si cela m’échappe.

Je représente les frères en fumette sur Tracy Chapman.

Dans le sud, la rage frappe autant que le soleil. On s’y perd :

Les jeunes s’ennuient, ils s’attendent à Saint-Pierre.

C’est la souffrance qui a acheté mon silence,

Depuis que je revendique mes statuettes collées au mur de l’inconscience.

Pour tous les gars en prison ,

Pour les frères qui ne se laissent pas intimider.

 

*

b.

1. Relever et expliquer les expressions populaires suivantes :

    péter les plombs – zinguer – mettre un trait – fumette – se tirer la bourre – baisser le froc

    (travail sur les niveaux de langue !)

2. Expliquer : Tracy Chapman

3. Expliquer : la bouée du diable... de plus – un stylo... remords – les pleurs... mort – stopper... mes gens

 

c.

Les champs lexicaux... : tension violence / amour ; négatif / positif ; malheur / bonheur.

Cette tension tourne nettement à l’avantage de violence, négatif, malheur.

d.

Élaborer ensemble le texte de compréhension, de synthèse :

Un adolescent, à cause de méfaits, se retrouve en prison. Il a choisi la plume, le texte, pour exprimer son ras-le-bol de la vie, son peu d’espoir dans l’avenir : ses mots sont acides.

*

 

Les raisons de l’échec

*  Mauvais ciblage du public visé et de l’idée préalable : les élèves, vu leur méconnaissance du français, écoutaient du rap américain. Celui-là était surtout écouté pour son rythme et très peu pour son sens.

*  Le rap est surtout un langage oral de la rue. Or, les élèves ont surtout eu, depuis leur apprentissage du français (deux ou trois ans maximum), un contact policé avec la langue : le français correct et écrit.

*  C’est la raison pour laquelle je me demande si un cours de français spécifique pour étrangers ne leur serait pas plus profitable. A ce propos, quelle aide trouver dans le Programme ?

 

Manuel Boucher, Rap, expression des lascars : significations et enjeux du Rap dans la société française, L’Harmattan, 1999, 496 pages, 36,76€

Le rap, ou baratin selon la traduction française, est d’abord un genre musical associé à un ensemble d’expressions artistiques et culturelles qui se retrouvent dans la culture hip-hop, les danses urbaines, une mode vestimentaire, des expressions graphiques, un langage, des attitudes et des valeurs. Les jeunes revendiquent ainsi la spécificité de leurs difficultés, leurs espoirs et leurs révoltes. En France, le phénomène prend de l’importance à partir des années 80. De nombreux groupes se sont créés depuis, suscitant un intérêt croissant de la part des structures commerciales. Le rap est aujourd’hui l’objet d’enjeux multiples, comme l’atteste la médiatisation de certains rappeurs, mais sa véritable signification reste mystérieuse pour la plupart. Il s’agit donc ici d’analyser en profondeur les différents modes d’expression de la culture rap, et ses capacités à prendre la dimension d’un mouvement social à part entière.

Source : http://www.numilog.com

 

LE SON DES BANDITS

[début]

SEGNOR ALONZO

Braquage vocal à visage découvert

Plus rien à perdre certes

Mais faut qu’ça paye merde

Qu’lesoreilles s’dressent sous ma colère

On vous a dit de n’pas faire chier le rap

Maintenant j’pète les plombs

Que personne bouge

Avant d’en zinguer un

Je veux qu’on mécoute

J’ai pas choisi l’aocool pour noyer mes soucis

Car je sais que la bouée du diable les remontera en surface

Pour les noyer une fois de plus

La vie c’est qu’un sursis qu’attend de commettre un délit

Pour purger la peine efficace

Un stylo comme sabre qui coupe les cordes qui me pendent de remords

Et les pleurs de ma mère en guise de sérum pour ralentir ma mort

Et on va se battre, se battre contre qui, se battre mais où ça

Se battre pour revenir ou pas, se battre pour stopper tout ça

Stopper, stopper c’train dans l’quel je roule depuis 17 ans

C’est choquant quand l’contrôleur passe et fait descendre mes gens

Tu m’parles de gloire, j’en mets un trait si ça m’échappe man

Mais j’représente les frères en fumette sur Tracy Chapman

Dans l’sud la rage frappe autant qu’le soleil on s’y perd

Les jeunes s’tirent la bourre avec l’ennui, ils s’attendent à Saint-Pierre

C’est la souffrance qu’a acheté mon silence

Depuis j’revendique mes statuelles collées au mur de l’inconscience

 

SALEEM

Alonzo pour les mecs de blocs

Pour les frères qui n’baissent l’froc

SEGNOR ALONZO

Respect à la génération 86

Les aînés perdus dis-leur karlito, peace

REFRAIN

Nous fais pas chier type

Enlève-nous le son

T’auras un braqueur d’plus dans la boutique (bis)

SALEEM

Quand la nuit tombe, toute la ville brille

Ecoute le son des bandits

DON VINCENZO

Il serait temps de larguer

Les amarres pour le premier acte non !

Mettre la gifle maintenant

Aux narires du rap qui ont le port trop rapidement

Etonnant c’est VAN GOGUE du rap

(...)

© http://www.solaarsystem.net/fr/public/index.asp

 

 

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