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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

 

Numéro 110 - Septembre 2002

Mis en ligne : octobre 2015

Sommaire

1. La dérobade, un procédé d'argumentation dans un jeu intertextuel  (2e et 3e degrés)
2. Documents bruts : le réemploi textuel - Allusion, citation, parodie… (de la 1re à la 6e)
3. Composer, présenter, diffuser des dépliants publicitaires (2e degré) 

4. Séquence réalisme: autour de Flaubert (3e degré)

5. Analyse de la chanson Zazie, rue de la paix (1er degré)

6.. Choses vues au premier degré: huit situations - très différentes ! - pour exercer des compétences de communication   situations1 à 8

7. Et si l'habit ne faisait pas le moine? * Le texte comme occupation de l'espace (2e degré)

8. Déverrouiller la lecture

En guise d'édito

L'écritoire de l'enseignant...

 

Si l'enseignant veut remplir sa mission, il doit être lui-même un praticien; l'écrit ne peut être enseigné valablement que par quelqu'un qui a une pratique personnelle de l'écrit. De plus, l'enseignant doit écrire devant les élèves, avec eux, en intervenant au moment même du processus de production de l'écrit.  

Pierre SAGET, Le Français dans le Monde, 192 (avril 1985), p. 52 (art. intitulé Le plaisir d'écrire).

 

 Solidement formés, mais limités à leur spécialité, donc peu soucieux d'apprendre, les professeurs demandent malgré tout d'écrire, eux qui pour la plupart n'écriront jamais rien.

 Battestini Monique, Le Français dans le Monde, mai-juin 1985, p. 84 (art. intitulé: Comment développer le Q.I. de ses élèves et entretenir le sien?)

 

La dérobade, un procédé d'argumentation dans un jeu intertextuel 

(2e et 3e degrés)

Article déjà en ligne

Documents bruts : le réemploi textuel – Allusion, citation, parodie...

Voir, dans l’article sur La dérobade : Propositions pour la lecture, § 3

 Faire allusion...

Du Gil Blas de Lesage à Jean-Louis Curtis, Les jeunes hommes, Julliard, 1946, L. P., p. 85, début du chapitre 3.

A plusieurs reprises, dans la suite du chapitre, le voyeur Asmodée perce le secret des maisons de Sault-en-Labourd.

Un soir de septembre 1930, le démon Asmodée, que son maître Satan avait envoyé en tournée d’inspection dans le Sud-Ouest, s’arrêta sur un créneau de la tour de Navailles, ruine historique qui domine Sault-en-Labourd, et fit le recensement spirituel des quelque mille âmes qui vivaient à cent pieds au-dessous de lui. Son regard transperçait plusieurs murs à la fois et découvrait le secret le plus caché. Au bout de dix minutes, Asmodée se frotta les mains en rigolant, car il avait conclu que la ville entière baignait dans les sept péchés capitaux et surtout dans le plus « capital » de tous : l’orgueil.

Du Lucien Leuwen de Stendhal à Allemande de François Nourissier, Grasset, 1973, L. P., p. 152.

Le héros s’appelle Lucien.

Il faut absolument tordre le cou à cette exaltation qui s’est emparée de lui [Lucien]. Ses pensées battent comme une artère. Ses yeux ont la fièvre. Demain, pense-t-il, demain, tout cela... Ainsi se met-on en vain la tête sous le robinet. Il s’est adossé à la cheminée, tire un volume au hasard, parmi les luxueux. Est-ce un signe ? Il s’agit de son cher homonyme : Lucien Leuwen. Méthode dite de l’Imitation. Il ouvre le volume au hasard et lit : « Il semblait à Mme de Chasteller être séparée par des journées entières de l’état où se trouvait son âme au commencement de la soirée. » Pauvre Mme de Chasteller ! Pour l’instant le bal chez la marquise de Marcilly bat son plein, les chandelles sont hautes et Lucien, « pour la première fois peut-être a de l’esprit, et du plus brillant »... Mais demain ?

Jean-Louis Curtis, encore, dans un travail de renvois multiples..., Le roseau pensant, Julliard, 1971, p. 215-216.

Dans le désordre : Dante, Pascal, Verlaine, Actes des Apôtres, Corneille, saint Jean, et qui encore ? Peut-être aussi G. Duhamel... ? (Voir Le journal de Salavin, au début)

Et si la foi fondait sur lui à l’improviste, comme un aigle ? S’il rencontrait son chemin de Damas ? Incontinent, il mit en scène le film de sa conversion. Martial vient de passer la nuit avec une prostituée. Il se réveille, la bouche amère. Il sort. C’est l’aube sur Paris. La vie est là, simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là... Martial est fatigué. Il a honte de lui-même, de cette débauche triste. Il s’assied sur un banc, square de la Trinité. Soudain, que se passe-t-il ? Martial suffoque. Les larmes lui viennent aux yeux. Il tombe à genoux. Il voit, il sait, il croit, il est désabusé !... Il rentre chez lui, dans un état d’exaltation extraordinaire. Pauline, - pardon ! – Delphine est en train de préparer le café. Martial l’embrasse en pleurant ; et c’est, pour tous deux, la véritable Vita Nuova. Recueillement, pureté intégrale des mœurs... Martial n’alla pas plus loin. Il renâclait sur cet aspect de la conversion. Impossible d’envisager le reste de sa vie sans le soleil de l’amour charnel. Décidément, il ne serait jamais un saint. [...]

Comme Nicodème, il renaîtrait une seconde fois de l’Esprit.

Changer le contexte...

Vers la fin des années 50, le Figaro littéraire propose à ses lecteurs de participer en juillet-août à un concours de citations littéraires. Règlement : envoyer une photo d’un lieu de vacances avec, comme légende, un vers célèbre de la littérature française.

Avait obtenu le premier prix :

Photo : Au premier plan, baigneuse très corpulente regagnant la plage. Derrière, l’océan en furie, au moment du reflux. Ciel sinistre. Avec la légende :

Le flot qui l’apporta recule épouvanté.

Avait obtenu le deuxième prix :

Photo : Soleil, mer calme... Jeune et jolie baigneuse bikini sobre et toute en sourire. Avec la légende :

Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !

 Parodier...

Yves Baguelin, un ami lyonnais, « ingénieur dans l’automobile nourri de grec et de latin », nous propose ceci :

Te souvient-il du jour où, au fond de la Creuse,

Bien forcé de freiner en raison des travaux,

Tu fis monter Agnès, la sale auto-stoppeuse...

Ah ! que ce soir fut beau !

On entendait au loin mugir quelques génisses.

Le moustique passait dans l’air vibrant du soir.

Le diesel du tracteur, véritable délice,

Fleurait bon l’encensoir.

Soudain, la voix d’Agnès, étendue sur l’herbage,

Aux accents dépités laissa tomber ces mots :

Ah ! zut ! il m’a piquée au milieu du visage.

J’aurai d’main un bobo !

 sommaire & édito 110

 Composer, éditer, présenter des dépliants publicitaires 

Article déjà en ligne

 Séquence réalisme : autour de Flaubert

3e degré
Article déjà en ligne

Analyse de la chanson Zazie, Rue de la paix

(1er degré)

Récit de Christine Franck

Zazie, pseudonyme de Isabelle Marie Anne de Truchis de Varennes, est une mannequin puis auteur-compositrice-interprète française née le 18 avril 1964 à Boulogne-Billancourt.  (wiki)

Pour aborder les champs lexicaux, nous avons choisi d’analyser la chanson de Zazie, Rue de la paix.

Dans ce texte, plusieurs champs lexicaux apparaissent : l’argent, le jeu et l’amour. Seuls les deux premiers champs lexicaux ont retenu notre attention, car ils sont étroitement liés. Leur observation permettra aux élèves de découvrir le message.

Voici le déroulement de la leçon

Première étape :

Écoute de la chanson.

Deuxième étape :

Au brouillon, les élèves relèvent les mots des deux champs lexicaux retenus et tentent de relever le message véhiculé par la chanson.

Troisième étape :

Mise en commun et correction.

 

Ces trois étapes prennent deux périodes.

 Le document de travail remis aux élèves comprend :

1. Le texte de la chanson – 2. Les questions 1 à 4 sur des feuilles à compléter.

 La chanson

ZAZIE, Rue de la Paix – Paroles et musique : Zazie 2001, La Zizanie

Je vends mon auto

Puisque je roule trop vite

Et que ça me fait peur

Je vends mon magot

Puisque tant de réussite

Ne fait pas mon bonheur

Je vends mes charmes

Et mes armes

Ma violence et ma douceur

Je sauve ma peau

Vends mon âme au diable

Je vends mon usine

Avant que l’oxygène

Ne vienne à manquer

Je vends ma gazoline

Avant que la mer ne vienne

Mourir à mes pieds

Je vends la peau de l’ours

Avant de l’avoir tué

Je sauve les meubles

Et vends la maison

Refrain

Pour mettre un hôtel, rue de la paix (x 2)

Un monde où tout le monde s’aimerait

Enfin

J’achète un château en Espagne ( x 2)

J’achète un monde où tout le monde gagne

A la fin

Je vends ma carte chance

Et puis je puise dans la caisse

On a bien mérité

De toucher une avance

Si c’est pour prendre la caisse

A la communauté

Je passe à l’action

Quitte à monopoliser l’attention

Et rester quelques jours en prison

 

Refrain

 

Je vends tout ce que j’ai

Contre tout ce qui me manque

Je vends ce qui s’achète

Contre ce qui n’a pas de prix

Je vends ce que je vaux

Contre ce qui m’est le plus cher

Et si ça ne vaut pas un clou

Tant pis, je donnerai tout

 

Refrain

 

Un hôtel rue de la paix

Un château en Espagne

J’achète un monde où tout le monde gagne  

 

1.  Repère les deux principaux champs lexicaux développés dans cette chanson.

     Rappel :     Un champ lexical est un ensemble de mots qui évoquent une même idée. Exemple : le champ lexical de la gaieté : joie, rire, heureux, bonne humeur...

 2.  Repère tous les mots appartenant à chacun de ces champs lexicaux et note-les dans le tableau ci-dessous.

Champ lexical de l’argent

Vends

Magot

Réussite

Achète

Gagne

Puiser dans la caisse

Toucher une avance

Prix

Vaux

Plus cher

Pas un clou

Manquer

 

Champ lexical du jeu (monopoly)

Vends

Magot

Réussite

Maison

Hôtel

Rue de la paix

Gagne

Carte chance

Toucher une avance

Caisse de communauté

Monopoliser

Jours en prison

Achète

 3.  Indique la signification des expressions suivantes. Consulte un dictionnaire si nécessaire. (1)

      Vendre ses charmes : se prostituer

     Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : disposer d’une chose avant de la posséder

     Sauver les meubles : tirer d’un désastre ce qui peut l’être

     Bâtir un château en Espagne : faire des projets irréalisables

     Vendre son âme au diable : faire du mal

 4. Qu’est-ce que l’auteur de cette chanson veut nous transmettre comme message ? En italique, réponses attendues.

     Que l’argent n’apporte pas le bonheur. Qu’il faut se libérer du matériel pour être heureux...

Prolongements possibles sur le thème de l’argent, du bonheur en général

Lire ou écouter...

 

La Fontaine... inépuisable !

Le savetier et le financier, La laitière et le pot au lait...

Maximes, dictons ou proverbes

Santé passe richesse – L’argent n’a pas d’odeur...

Des fabliaux (La housse partie, etc.) aux contes d’aujourd’hui

(Pierre Gripari, Marcel Aymé...)

Chansons de notre temps

Jean-Jacques Goldman, Là-bas ; Félix Leclerc, Le p’tit bonheur ; etc.

Messages publicitaires (quels « mots », quelles images pour dire la facilité, la réussite... ?)

Débattre et rédiger...

 

Nous aurions 1000€ à offrir à une œuvre...

Chacun propose un bénéficiaire – Échange – Prise de décision – Lettre au bénéficiaire

Mais pourquoi jouent-ils ?

Les accros du tiercé, du grattage...

Transcrire leurs raisons de jouer. Puis en discuter.

« Pas de publicité dans ma boîte à lettre ! »

Pourquoi se méfier des petits journaux, des promos, des occasions... ?

Et toi, que ferais-tu ? Pourquoi ?

 

 sommaire & édito 110

Choses vues au premier degré: 

huit situations - très différentes ! - pour exercer des compétences de communication

 article déjà en ligne

 

 

Et si l’habit faisait le moine ?

Quand Philippe Meirieu atterrit en 3e Q mécanique

Récit de Chantal Al Charif, IND-ISJ St-Hubert

 

 Quand, au début de l’année, on questionne des élèves de 3e qualification mécanique à propos de leurs représentations sur le cours de français, les réponses les plus courantes sont : orthographe non maîtrisée, grammaire inaccessible, QCM sur des textes sans intérêt...

Bref le cours de français signifie échec et ennui. A cent lieues de ce qui les attire. Tout juste bon pour les « intellos ».

 « Je fais donc partie d’un monde autre. »

 La langue est pourtant notre patrie commune

Mon souci premier est donc de les réconcilier avec cette part intime d’eux-mêmes. Pari parfois gagné quand, par exemple, au troisième trimestre, à la fin d’un parcours sur la poésie, un élève dit : « Je ne savais pas que des gens étaient capables d’écrire si bien ce qu’on ressent en voyant des paysages de chez nous. »

 Le « guide du collège », paru dans la revue OKAPI du 25 août 2001 et signé Philippe Meirieu, tombait à pic : le titre Neuf trucs géniaux pour avoir tout faux ne pouvait manquer de surprendre mes « durs à cuire ». Le ton ironique de l’article trancherait avec le ton moralisateur qu’ils estiment devoir attendre en début d’année. C’est un texte qui tout en faisant partie de leur monde (un refus apparent de l’école) les aide à réfléchir, à se dépasser.

 Commence donc une séquence tout à fait classique

I.    Imaginez que, à l’occasion de la rentrée de septembre, vous deviez écrire dans une revue pour jeunes de votre âge un article dont le titre imposé serait « Neuf trucs géniaux pour avoir tout faux ». Quels seraient pour vous ces neuf trucs ?

 Chaque élève écrit, et on liste au tableau les sujets proposés.

Cela donne, par exemple :

 

Rendre une feuille blanche

Insulter les profs

Parler pendant le cours avec les copains

Ne pas respecter les consignes...

 II.   Quelle mise en page proposeriez-vous ? Faites un schéma sur votre feuille.

 

 Travail en duo pour varier.

Les neuf sous-titres les aident à organiser.

On regarde la place différente attribuée au titre de l’article, la façon dont sont distribuées les rubriques.

 Personne n’a pensé ni à un chapeau ni à une illustration.

III.      Distribution de l’article [Copie non reprise ici : voir site Internet d’Okapi]

 [J’ai pillé dans différentes pages du guide les thèmes plus porteurs et les moins franco-français, tout en respectant la mise en page initiale.]

 Les élèves regardent d’abord les sujets choisis par l’auteur et comparent avec les leurs (lecture en diagonale, intérêt), non seulement le thème mais la forme : impératif et jeux de mots, à quoi ils sont sensibles.

 Ils remarquent le ton et le rôle du chapeau. Ils notent que la caricature est une illustration qui convient au texte. Rythme rapide pour ne pas alourdir et dégoûter dès le départ.

Le texte est suffisamment long pour de faibles lecteurs...

 IV.      Lecture un peu plus « pointue » mais rapide...

 pour repérer ce qui montre que ce texte d’adressait en priorité à des élèves français. On note par exemple les termes « collèges », « conseiller principal d’éducation ». On s’explique les différences entre les systèmes scolaires français et belge, pour comprendre les termes « 6e, 5e, bac... ».

Autrement dit : prendre en compte la situation de communication, en remarquant aussi tous les éléments « pour jeunes » de l’article : langage, illustration, mise en page...

 VII.     Reprise du § II

 Les élèves, pour le texte d’Okapi, cette fois, font une maquette de l’article, le plus possible à l’échelle.

Ils visualisent ainsi beaucoup mieux la place prise par le titre, se rendent compte de l’importance du chapeau, de l’illustration, de la place occupée par le texte lui-même.

 Cet exercice est aussi un pont avec leurs cours techniques : en atelier, ils font aussi le schéma de pièces et apprennent un vocabulaire technique.

 Et le pont avec le titre de l’article, me direz-vous ?

Pourquoi passer sous silence l’habillage du texte ? La couleur, la typographie, la mise en page, les illustrations datent, et donnent envie ou non de lire un texte. Même si on ne rencontre plus guère de moines de nos jours, on différenciera aisément un texte paru dans « Le Petit XXe » de celui du dernier « Spirou ».

D’ailleurs, le programme ne recommande-t-il pas d’identifier les marques visuelles d’organisation (fiche 4) ou de porter sur le texte une appréciation personnelle en utilisant des critères diversifiés (fiche 3) ?

 Pour répondre au programme, le réinvestissement s’est fait en lisant et en maquettant « Le rire, tu trouves ça drôle ? », un doc.savoir de Gilbert Rozon paru dans Okapi du 15 décembre 1999. Ce texte reprenant le thème de l’humour, à l’œuvre dans le premier texte et permettait aussi d’approfondir l’organisation externe d’un texte.

En outre, il permettait de se rendre compte qu’une revue tout entière répond à une maquette-type et qu’un rédacteur doit se fondre dans un moule. De revue en revue, les titres des sommaires sont similaires. Cela n’est pas toujours clair dans la tête des élèves.

¨Pour terminer, je voudrais ajouter que cette séquence est un canevas que je modifie chaque année au gré des parutions d’Okapi (pour les textes documentaires, cette revue éditée par Bayard Presse est une mine), des centres d’intérêt des élèves ou du prof.

 J’ai déjà travaillé de cette façon un texte d’Henriette Walter sur « D’où viennent les mots français » ou « La Playstation II ».

 Pour tout élève et pour mes élèves en particulier qui ont dans la tête une image désuète et stéréotypée du cours de français, « le texte documentaire n’est pas neutre pour le lecteur, affecté par les informations qu’il découvre. Ce dernier reste rarement dans une position de récepteur sans engager dans le même temps un dialogue avec le texte, dialogue qui le place inévitablement devant des blancs, des espaces qu’il investit à sa manière ou qu’il ressent comme des impasses. Le texte ne dit pas tout ! C’est un des effets des textes documentaires que de pousser le lecteur vers une recherche d’informations de plus en plus précises, vers une demande de clarifications. »

 Anne Joran, Le Lecteur interprète, PUF, 1999

 sommaire & édito 110

 

 Déverrouiller la lecture

 

Le refus de l’élitisme conduit à donner à tous les jeunes le droit et les moyens de lire. A tous moments, de nombreux enseignants et médiateurs du livre réussissent, grâce à la chaleur de leur personnalité et à leur savoir-faire pédagogique, à réconcilier des jeunes faibles lecteurs avec la lecture.

Les ouvrages documentaires conviennent souvent mieux que les romans à ces lecteurs. Modèle du livre, le documentaire leur apprend à utiliser tables de matières et index, à lire cartes, schémas, images photographiques, à prendre connaissance de sources ou de prolongements bibliographiques. Les connaissances véhiculées sont utilisables tout de suite, en classe, en famille, avec les copains.

 Beaucoup de documentaires présentent des activités à réaliser : cultures, herbiers, objets de toutes sortes, collections, promenades, identifications et recherches... Le style du documentaire de qualité est direct concis, il informe. C’est en fortifiant le niveau de connaissances générales, en construisant un savoir ouvert sur des réseaux de connaissances qu’émergera le fameux plaisir de lire.

Diversifier les centres d’intérêt permet à l’enfant de conserver sa curiosité initiale et d’acquérir une culture de base.

 L’investissement dans la lecture obéit à des logiques diverses et relève d’aspirations différentes selon les milieux et les personnes. La familiarité avec les matériels de lecture (le livre et ses outils d’accès) facilite la pratique lectorale en réduisant l’insécurité, la peur du livre et de ses institutions.

 (...)

 En personnalisant l’accueil, en singularisant le dialogue, les professionnels du livre parviennent à concilier l’offre de lecture et son usage dans des espaces de lecture. La conjugaison des efforts a permis de réduire le nombre des non lecteurs au profit de celui des « petits lecteurs ».

 Déverrouiller la lecture, c’est accepter de travailler en partenariat pour que chaque enfant, chaque jeune trouve lui-même le livre qui ouvre la porte à l’enchantement de la lecture.

 D’après Nicole ROBINE, Centre d’études des médias, Université de Bordeaux III, Le français aujourd’hui, suppl. de janvier 1992.

 sommaire & édito 110

 

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