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Article paru dans le numéro spécial «Troisième degré» de LMDP (octobre-novembre 1990). Mise à jour 08.2017
Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la
source
C’est la rentrée! - Une expérience de lecture
Troisième degré * Récit de Dominique Albert, IN Differt (Belgique)
départ: l'enseignante donne l'exemple * puis c'est au tour des élèves * les coups de pouce de l'enseignante * évaluation : sur quels critères?
Cette expérience s’inspire, presque intégralement, d’un article d’Odile Guillot, paru dans Le français aujourd’hui, supplément du numéro 77 (mars 1987). Notre collègue de Toulouse y relate ce qu’elle pratique depuis plusieurs années avec ses élèves du lycée.
C’est par cette expérience que je démarre mon cours depuis deux ans, dès la rentrée de septembre, en classe de 5e (4 périodes par semaine. Entre 24 et 28 élèves). Ce travail facilite la connaissance des élèves, entre eux d’abord, car chaque année, deux ou trois nouveaux nous arrivent en 5e; et par le professeur ensuite, car en général ce sont les des élèves que je rencontre pour la première fois dans mes cours.
Il s’agit d’utiliser les lectures des élèves pour les amener à une présentation, produite en groupe, qui incite enfin leurs camarades à la lecture. Trois objectifs sont donc poursuivis:
lecture (découpage d’un roman déjà lu); écriture (élaboration d’un montage); communication (lors de la présentation).
Déroulement du travail
Il s’est étalé sur quinze périodes. Les points 1, 2 et 3 meublèrent quatre périodes; le point 4, cinq périodes; le point 5, cinq périodes. L’évaluation a occupé une période.
1. Point de départ
L’expérience débute dès la première heure de cours. Je joue la première le rôle que je propose ensuite à chacun des élèves. Je raconte donc un roman que j’ai lu. Pour 1989-1990, j’ai choisi La condition humaine, d’André Malraux.
Pour interpeller davantage mon public, j’ai démarré ma narration en plongeant la classe dans le noir, et j’ai soutenu mon récit par la projection de photos. (Dans le noir..., car la Condition humaine démarre aussi dans la nuit.) Photos découpées dans la presse suite aux événements survenus en Chine en mai et en juin 1989.
Lors de la seconde période, je demande aux élèves de dresser personnellement une liste (même très limitée) des livres qu’ils ont lus, en précisant ces consignes:
- il s’agit de romans,
- qui leur ont plu,
- lus assez récemment (grandes vacances),
- et qui n’ont pas été étudiés en classe l’année précédente.
Rarement, des élèves n’ont rien lu. J’explique ma solution dans la suite...
C’est alors aux élèves de raconter tour à tour le livre qu’ils ont choisi de présenter parmi leur liste en indiquant, après la narration, comment ils ont trouvé leur livre, pourquoi ils l’ont lu, ce qui leur a plu.
Chacun a soin d’indiquer au tableau:
nom de l’élève ... |
titre du livre ... |
auteur ... |
nombre de pages ... |
Ce tableau est reproduit au cahier. A la fin des exposés, les livres sont apportés en classe, ce qui permet la manipulation, et aussi des prêts. Pour le déroulement des exposés, je laisse d’abord la parole aux volontaires, qui sont souvent ceux qui ont envie de parler.
Si je connais le livre, j’aide ou je ponctue de l’une ou l’autre précision. Dans le cas contraire, je m’intéresse et j’emprunte le livre. Je permets aussi aux auditeurs de poser des questions à la fin de chaque exposé.
Je termine cette première phase de l’expérience en présentant trois ou quatre romans plus traditionnellement lus, parmi lesquels devront nécessairement choisir les élèves qui n’ont rien présenté.
Ils se réuniront et constitueront un premier groupe de travail.
2. Choix
Pour les autres élèves, le choix se fait en deux fois:
- Chacun propose ses choix (autant de livres sur lesquels il souhaiterait travailler). On les inscrit au tableau. On élimine ainsi les livres non repris ou minoritaires.
- Chaque élève ne peut plus voter que pour deux choix dans la liste des livres retenus. On indique les résultats, on procède à d’autres éliminations. Les groupes, déjà, se forment. Si le livre remporte un grand succès, il possible d’organiser deux ou trois groupes pour un même roman. La perception du roman sera probablement très différente d’un groupe à l’autre, et la confrontation des travaux risque d’être intéressante pour la classe.
Parfois, après le deuxième vote, des tractations sont encore nécessaires, mais en général, les choix s’arrangent assez naturellement.
Ce travail permet de responsabiliser la classe, d’observer les élèves, de repérer les groupes qui fonctionnent seuls et de s’occuper des plus timides.
3. Présentation et consignes de travail
Je donne ensuite les consignes de travail. Il s’agit de produire un spectacle assez intéressant pour
- donner aux spectateurs l’envie de lire le livre:
- éviter tout exposé «scolaire».
- n’utiliser que le texte du roman. Il faut permettre aux élèves de faire des coupes dans un extrait trop long, et de résumer les passages omis par un récitatif de leur composition.
- donner la parole à chaque membre du groupe.
- choisir des extrait significatifs du roman, les dire à haute voix en mettant en œuvre, avec tous les supports audiovisuels souhaités, des moyens d’expression choisis par le groupe (musique enregistrée ou produite par le groupe, éclairage par des spots, épiscope pour des photos ou des BD, magnétophone, micro, projecteur, panneaux muraux avec des textes ou des dessins ou des décors, jeu théâtral, mime, masques, ombres chinoises, danse...).
Il faut indiquer aux élèves comment se procurer le matériel!
Je laisse ensuite le travail de lecture en veilleuse pendant un mois et demi à deux mois (pour la lecture et la recherche individuelle de trois ou quatre extraits intéressants du roman).
Lors de la reprise du travail, les élèves, réunis en groupes choisissent, parmi les extraits retenus par chacun, celui ou ceux qu’ils travailleront. Ils distribuent les rôles, les voix, décident des moyens d’expression et des moyens techniques, et élaborent une sorte de script que chacun doit posséder:
interprête |
texte |
éclairage |
scène |
décor |
audio |
visuel |
costumes |
4. Mon rôle
D’abord, j’aide les élèves dans leur choix d’extraits, dans l’acquisition du matériel, dans son utilisation.
Ensuite, il faut trouver, pour chaque groupe, un local pour les répétitions (des classes libres, le petit théâtre de l’école, la salle vidéo...).
Il convient aussi et surtout de les guider dans le travail oral.
Cette façon de travailler m’amène à responsabiliser les élèves, à leur faire confiance, car je dois pouvoir circuler dans tous les groupes. Je les préviens en général, à ce moment, qu’une rubrique de l’évaluation sera consacrée à la discipline dans le groupe.
5. Présentation
J’établis moi-même un ordre et un calendrier de passage. J’informe la classe du système d’évaluation.
Entre chaque présentation, je permets aux spectateurs de prendre des notes en vue de l’évaluation; c’est aussi le moment de la critique orale. (Certes, cette critique orale risque d’influencer les spectateurs dans leur jugement personnel. Toutefois, elle permet à ceux qui ont laissé échapper des détails, de rectifier leur évaluation.)
Une fois les présentations terminées, j’octroie aux élèves un délai de quinze jours afin de mettre par écrit leur travail d’évaluation, qui entrera en ligne de compte dans ma correction finale.
6. Evaluation
Chaque élève évalue les productions des autres groupes sur base de ces critères:
choix des extraits qualité technique du spectacle créativité |
du groupe |
mémoire maîtrise du rôle |
de chaque acteur |
Chacun évalue aussi le travail au sein de son propre groupe suivant ces deux questions:
- Quels élèves ont été les plus actifs?
- Quels élèves ont été les plus conciliants?
Pour ma part, je tiens compte des cinq critères cités pour l’évaluation des groupes. Par ailleurs, j’ajoute, pour chaque élève, une note de travail sur base de mes observations faites lors du passage de chaque groupe.
En conclusion, chaque élève bénéficie de deux cotations:
celle du professeur,
celle de la classe (moyenne établie à partir des points des élèves).
Titres retenus parmi la liste de romans, pour l’année 1989-1990:
Léonore Flesher, Rain man; Patrick Poivre d’Arvor, Les enfants de l’aube; Raymond Queneau, Zazie dans le métro; Benoîte Groult, La part des choses; Ian Marter, Le clochard de Beverly Hills; Maxence Van der Meersch, La maison dans les dunes; Joseph Joffo, Un sac de billes
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* Maupassant revisité pour écrire et faire du théâtre * 1er degré :
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* A la rencontre de Samuel Beckett * 3e degré * "Représenter" au théâtre une lecture du monde :
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