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Littérature belge à Habay

Classes de 5e G

Récit de Marie-Thérèse VERDURE, CSSB, HABAY LA NEUVE (Belgique)

Article paru dans le numéro 78 (septembre 1994) de LMDP - Mise à jour, 08.2017

© LMDP * Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source

Paul Willems * Francis Dannmark

Etudier la littérature à l'école... comment? Quelle littérature? Comment aborder autrement la réconciliation (souvent désespérante parfois désespérée) des élèves et de la lecture?

Trouver un remède miracle à ces sempiternelles questions, est-ce tenter d'écoper l'océan à la petite cuillère?...

Quelques expériences tentées cette année dans le cadre de mes cours de français en 5e et 6e G m'ont donné l'impression qu'il reste possible d'intéresser les élèves au livre, notamment en allant à la source de l'écrit, à savoir l'écrivain.

Oui, des écrivains, belges et vivants de surcroît, il en existe encore; je les ai rencontrés avec mes élèves de 5e G.

Quelques flashes... l'occasion de vous faire part d'un enthousiasme et d'élèves finalement enthousiasmés.

*

Un parrainage

25 septembre 1993... La Promotion des Lettres belges propose cette année aux enseignants de parrainer un écrivain belge. Renseignements pris (Dany HESSE, chargé de mission, est à l'écoute des professeurs motivés par le sujet), je suis prête à me lancer avec ma classe dans l'aventure: il s'agit d'établir des contacts privilégiés avec un auteur belge grâce à une aide appréciable fournie par le Ministère: don de livres, d'ouvrages critiques, de dossiers de presse... A terme, la constitution d'un répertoire des initiatives du genre.

Séduite par ces propositions, j'en parle aux élèves de cinquième générale. Un peu sceptiques... ils appréhendent surtout le risque du travail supplémentaire et restent mitigés dans leur enthousiasme.

On (= je) décide malgré tout d'adhérer à l'opération... Il faut d'abord établir un programme de travail, décider de l'approche pédagogique à emprunter, baliser le parcours... et choisir l'écrivain.

Je saisis l'opportunité de la programmation de la Maison de la Culture d'Arlon d'une pièce de Paul Willems, Elle disait dormir pour mourir, pour orienter mon choix vers cet auteur.

* Première étape, donc, assister au spectacle.

Sublime, étrange, poétique mais trop long, endormant voire mortel: les avis sont partagés parmi les élèves.

Tant pis ou tant mieux: on continue. C'est l'occasion (écrite ou orale) d'apprendre à rendre compte d'un spectacle, de nuancer un avis parfois hâtif et peu mûri, d'argumenter un verdict... de ne pas «mettre à mort» l'auteur avant d'avoir compris son témoignage, de lui donner une chance de peut-être nous «séduire».

* Ensuite, la classe ébauche la lecture et l'analyse d'une autre pièce de Willems, La vita breve. Beaucoup sont interloqués devant un type dramatique inhabituel pour eux.

* On enchaîne sur la lecture et le commentaire de La comtesse des digues de Marie Gevers (mère de Paul Willems). On en parle ensemble, on relève des thèmes déjà rencontrés chez le "fiston"...

* Afin de rendre possible la découverte d'un nombre conséquent des œuvres de l'écrivain, je divise la classe en groupes. Chacun de ceux-ci sera chargé de la lecture et du décryptage d'une œuvre parmi celles offertes par le Ministère, de l'organisation du travail.

Il s'agira de dépouiller les coupures de presse reçues, de se référer aux ouvrages critiques, relever les anecdotes intéressantes, retenir l'essentiel de ce qui est dit de Paul Willems pour pouvoir ensuite confronter ces avis avec la réalité (que nous découvrirons ou croirons découvrir).

Tout est réel ici - Blessures - La ville à voile - Il pleut dans ma maison - Elle disait dormir pour mourir...

Autant d'œuvres qui, peu à peu, livrent leur mystère.

Un moment de panique chez les élèves...

On rêve sans doute vaguement du lynchage de ce professeur sadique prêt à noyer d'innocentes victimes dans un bain de littérature...

Mais on se rend compte ensuite que, sans céder à la panique, il est possible d'y «arriver» et qu'on peut même faire autre chose que du français en rentrant chez soi! On établit un planning du travail à réaliser durant les heures de cours et je propose une organisation du travail à domicile.

Ouf! le professeur échappe - momentanément - à la corde!

Et le travail continue pour parvenir à la constitution d'un dossier cohérent et d'une présentation devant la classe. Le but? Faire connaître le roman étudié aux autres groupes de réflexion, injecter son enthousiasme ou argumenter sa déception. Accrocher l'attention du plus grand nombre et pouvoir finalement constater la diversité mais l'homogénéité de l'inspiration.

J'ai filmé une partie de chaque exposé pour que, revisionnant ces minutes, chacun puisse retenir les meilleures attitudes à adopter afin d'éviter qu'une bonne analyse écrite «perde des plumes» lors du baptême du jeu de l'oral. Et enfin... une petite mise en commun des impressions... Quelques conseils pour aborder un examen oral ou une entrevue professionnelle.

Puis, préparation de la visite chez l'écrivain à Missembourg. Paul Willems, trop âgé pour se déplacer, invite toute la classe à le rencontrer dans son domaine familial de Missembourg. C'est en effet dans ce petit bourg près d'Anvers qu'il a vécu toute sa vie avec sa grand-mère, sa mère, son frère - décédé durant la guerre - et sa famille ensuite; là où tant de souvenirs se sont accumulés et où s'est façonné son talent d'écrivain.

Il nous confirme par écrit son invitation: une lettre qui, loin d'être administrative ou conventionnelle, nous livre déjà une partie de son âme.

Pièce d'archive! Chacun en recevra une photocopie, en souvenir.

La visite se concrétise petit à petit... Que va-t-on lui dire? Comment s'adresser à un homme comme lui en alliant naturel et respect?

Les élèves emportent appareil photo, dictaphone, caméscope, cadeau et caricature (réalisée par un élève, qui l'offrira «s'il le sent» - pour reprendre ses termes!).

On prend le train de 8 h... On rentrera par celui de 23 h.

Visite du domaine... Paul Willems nous relate sa vie à 8 ans, 17, 40, 60...

Chaque arbre y a son histoire; l'étang, matrice capitale de l'inspiration de Gevers, de Willems, a disparu après la guerre...

Les élèves s'intéressent. Il leur dit pourquoi le vent qui souffle tant ce jour-là vient de l'ouest et pas d'ailleurs. Il parle de sa grand-mère qui SAVAIT...

Pas un étudiant ne bronche... Aucun soupir d'ennui, pas d'impatience. Inespéré!

On s'assied autour et il continue à se dire, à écouter, à répondre...

Les heures passent... On va rater le train de retour; mais pas de problème: on reste encore... «Ils téléphoneront après pour prévenir les parents.»

Alors, on continue encore une heure à découvrir, à confronter la littérature et la réalité. On se demande où commence l'une, où finit l'autre chez cet homme si authentique, si naturel.

Retour enthousiaste à l'école. Mise en commun des notes (un peu moins enthousiaste, il faut l'avouer!). On visionne les minutes filmées: émotion, commentaires.

La lettre de remerciement rédigée et signée, on attend le retour du labo des photos prises.

début article

*

Seconde expérience...

proposée à deux classes de 5ème: un contact privilégié avec un autre écrivain belge, de 39 ans: Francis DANNEMARK.

Nous avons analysé une de ses œuvres, Choses qu'on dit dans la nuit entre deux villes: analyse thématique surtout et relevé des "phrases" choc, afin de discuter autour de celles-ci.

Nous avons ensuite pris contact avec Dannemark et il a accepté de nous rencontrer à Habay. Rencontre d'un autre type... Expérience très différente mais aussi enrichissante. Elle concernait un plus grand nombre d'élèves (mes deux classes de 5ème, à savoir 34) dont beaucoup très peu motivés par la lecture.

Très intimidés au départ, ceux-ci ont préparé et "débité" leurs questions. Mais très vite mis en confiance, ils ont été entraînés dans une discussion beaucoup plus spontanée avec l'auteur. On commença donc par les interrogations assez conventionnelles (origine de sa vocation, goûts, loisirs) pour atteindre plus de profondeur. Dannemark explicita les liens entre les affirmations prises en charge par ses personnages et ses intimes convictions; il "disserta" politique, engagement, humour, société, vie...

Le bilan fut fort positif, et je crois pouvoir affirmer que tous les élèves ont été enchantés de la rencontre.

Photos, dédicaces, enregistrements vidéo rejoindront les souvenirs de la visite chez Paul Willems: ils serviront lors de la journée Portes Ouvertes à présenter en résumé les expériences de l'année ("stand" littérature belge).

F. Dannemark a, par ailleurs, assisté au vernissage de l'exposition concernant la littérature belge, exposition qu'il m'avait semblé intéressant de proposer à l'école. Celle-ci présente un panorama fort clair des principaux courants littéraires en Belgique francophone. Elle met en outre en évidence l'évolution générale de la production littéraire parallèlement aux événements historiques qui ont ponctué la transformation de la société belge. L'attaché culturel de la Promotion des Lettres belges, Monsieur Duhamel, est venu trois jours entiers de Bruxelles afin de guider les élèves - par séance de deux heures et par classe - à travers les photos, les noms, les dates.

Sa manière de procéder était passionnante car, au lieu de présenter un exposé austère, il a mis à la portée des jeunes les œuvres maîtresses de notre littérature, insistant plus ou moins sur l'anecdote croustillante, le détail amusant selon l'âge et le tempérament des élèves.

En racontant avec humour des "histoires", il a ranimé chez les élèves de 15 à 18 ans le souvenir des lectures-plaisir de l'enfance et a pourtant enseigné à proprement parler un siècle et demi de littérature.

*

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Autant d'expériences vécues cette année... autant d'occasions pour moi de réfléchir à l'impact capital de l'ouverture de l'école sur le monde extérieur, à l'importance de varier les approches en littérature.

L'importance de "bousculer" les habitudes parfois minimalistes des élèves et remonter avec eux la chaîne allant "du producteur au consommateur", par exemple en rencontrant à l'occasion un écrivain, dénonçant ainsi l'idée reçue selon laquelle les seuls bons écrivains sont les écrivains morts!

Pour devenir de meilleurs lecteurs (notamment) ou des lecteurs tout simplement.

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