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Brèves de LMDP : mars 2017
Sommaire
1. Façons
de réécrire :
L'Être et le fainéant
►
Satire et
intertextualité
Du remaniement à l'original
►et de l'original aux remaniements
►
2. Jouir d'ouïr :
Confusion d'homophones : Laval qui
rit
►
Le biais de l'humour...
►
Le biais de l'humour et des savoirs partagés
►
Prolongements : homophonie et écriture créative
►
3. Coin lecture
►
Parutions récentes.
Rubrique "livre du mois"
4. Le Vaugelas nouveau
Chroniques langagières dans la presse francophone
►
|
En guise d'édito
Décentration : voir avec les yeux de l'élève !
Experts en leur domaine, les enseignants ne parviennent plus à le voir
avec les yeux de novice qu'est l'élève. Le savoir est pour eux déjà compacté,
mis dans une certaine "forme", sans qu'ils soient à même de percevoir que
celle-ci n'est compréhensible qu'à ceux qui savent déjà.
On entend déjà la
réplique des tenants de la tradition : que voulez-vous donc alors, des maîtres
ignorants, peut-être? Qui, ne sachant rien, ou pas trop, puissent davantage
rester à l'écoute de leurs élèves ?
Là n'est en aucun cas la question. La question, c'est d'allier à une compétence
disciplinaire - la plus solide possible, qui s'en plaindra ? - une décentration
suffisante, qui permette de comprendre les difficultés des élèves, de leur
propre point de vue. Les questions des élèves sont plus importantes que celles
des enseignants.
Jean-Pierre Astolfi, L'école pour apprendre. L'élève face aux savoirs, ESF,
coll. Pédagogies, rééd. 2010
|
1
Façons
de réécrire :
L'Être et le fainéant
Satire et
intertextualité
du remaniement à l'original
et de l'original aux remaniements
Lire, c'est comprendre et construire du sens, c'est identifier des
types de discours, c'est aussi être capable de mettre en
relation des textes avec d'autres.
D'après J.-A. Huynh & M. Le Bouffant, Le
français aujourd'hui, 112, déc. 1995, p. 3-4.
Les phénomènes d'intertextualité appartiennent à un
domaine où les lacunes encyclopédiques des élèves pèsent lourd,
car elles peuvent empêcher une compréhension minimale. Il
n'est guère aisé de réduire dans le court terme les ignorances des
élèves.
Michel Descotes, Id., 121, p. 96-97).
Toute création, dans le domaine littéraire ou artistique en
général, est définissable comme un processus de refaçonnement.
(C'est le fil conducteur du livre de Catherine
Malabou, La plasticité au soir de l'écriture, éd. Léon
Scheer, 2004)
Spacieuse,
ouverte - loggia plutôt que chambre -, la lecture se poursuit
alors dans les marges autant que dans le texte.
Chappuis Pierre, Le Biais des
mots, José Corti éd., 1999, p. 45-46 |
A.
Du remaniement
à l'original
Juin 2011 : Luc Ferry, philosophe, ancien ministre de
l'Éducation nationale, touche un salaire universitaire sans donner
cours...
... Ce qui inspire au Canard enchaîné cette manchette
à la une du 25 juin :
Le philosophe Luc Ferry s'est enfin
remis au travail
Il s'apprête à publier "L'Être et
le fainéant"
Observons
la façon d'écrire :
1. Répandre une (fausse) nouvelle : le philosophe
se remet au travail, il va
publier.
2. Laisser entendre
que l'inaction fut longue, ainsi que l'attente : "enfin"
3. Ajouter pourtant une nuance importante :
"il s'apprête".
S'apprêter, ce n'est pas décider, ni commencer !
4. Dévoiler le titre de l'ouvrage : c'est le scoop impertinent du
Canard !
5. Eveiller le souvenir d'un autre livre
[Jean-Paul Sartre, L'Être et le néant] et le
plaisir d'apprécier l'insinuation, l'équivalence de sens et de
son.
Clin d'oeil entre connaisseurs !
Rendons à Luc
Ferry...
En fait, il a publié, tout récemment, pas
moins de 7 ouvrages importants : La Tentation du christianisme
(2009), Combattre l’illettrisme (2009), Quel devenir pour le
christianisme (2009), Face à la crise, Matériaux pour une
politique de civilisation (2009), Faut-il légaliser l’euthanasie
(2010)., La Révolution de l'amour. Pour une spiritualité laïque
(2010),.L'Anticonformiste :
Une autobiographie intellectuelle
(mars 2011).
Mais le philosophe a le sens de l'humour
: ce mercredi matin 25 juin 2011, il aura sans doute été le premier à
sourire des
taquineries du palmipède.
[Signalons qu'il vient de publier avec Jacques Attali 7 façons d'être heureux,
aux éditions XO.]
la lettre et le néant julibel
Quelques exemples,
encore - Florilège
sommaire *
début satire/intertextualité
Références : situation, sources |
Citations |
Propositions pour un commentaire |
Hervé
Gattegno, Le Point, 06.04.2012. Sarkozy, candidat à la
présidentielle, publie Lettre au peuple français. Titre. Extrait du chapeau |
Sarkozy, la lettre et le néant
(...) une énumération d'idées
consensuelles, un peu creuses. Bref, elle est inutile. |
Les trois
adjectifs éclairent l'allusion au titre de Sartre ! |
Régis
Sourbrouillard, Marianne, 30.04.2015 : Michèle Alliot-Marie élue
députée européenne... Titre. Extrait du chapeau |
Alliot-Marie, c’est Cosette au
parlement européen
(...) elle a juré qu'elle n'y allait pas pour une
question d'argent. Avec 11.000 euros par mois, MAM se préparerait
presque des fins de mois difficiles.
|
Antiphrase de
"fins de mois difficiles" et choix de l'acronyme
familier MAM.
Cosette, personnage du roman Les Misérables de Victor Hugo. Son
nom est devenu synonyme d'enfant maltraité |
Jean-Marc
Proust, slate.fr, 02.10.2016 : rupture entre Nicolas Sarkozy et
Patrick Buisson, auteur de La cause du peuple, pamphlet
contre le candidat. Titre. Chapeau. Début |
À la recherche du militant perdu
La rupture Buisson-Sarkozy, un roman proustien
Le conseiller de l'ombre a découvert qu'il avait passé dix ans avec un
candidat qui «n'était pas son genre». |
"proustien" :
il y a aussi une... rupture dans le roman évoqué, et Proust journaliste
cite Proust romancier : «J'appelle ici amour une torture réciproque.» |
France
Culture, 21.05.2014, Journal de 12h30. Les trains achetés par la
SNCF sont trop larges. L'avis d'un parlementaire en studio : |
Est-ce qu'on est dans Courteline ? Est-ce qu'on est dans Kafka ?
[et il ajoute]
Probablement quelque part entre les deux ! |
Bonne
hypothèse ! Car l'un évoque plutôt le comique, le ridicule ;
l'autre, le dramatique, le grave. |
La courbe du
chômage en baisse, ou stabilisée ? La manchette du Canard enchaîné
du 29.01.2014 pointe les divergences entre le président Hollande et le
ministre Sapin... |
La tragi-comédie des chiffres du chômage
Hollande : C'est pas moi, ce sont les
courberies de Sapin ! |
L'insinuation
est forte : Sapin serait comme le Scapin des Fourberies... ?
Observons aussi une permutation de sons, amorce de contrepet. |
David
Revault-D'Allonnes, Libération, 18.10.2006, commente le premier
débat télévisé entre les trois candidats PS à la Présidentielle. Titre.
Extrait du chapeau |
La guerre des trois n'a pas eu lieu
Les prétendants ont fait jeu égal (...) |
En lice :
Ségolène Royal, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn. Jean Giraudoux,
en son Olympe, aura peu apprécié le rapprochement. |
Un livre à
succès édité en 25 langues! Corinne Maier publie en 2004 un pamphlet
contre l'entreprise, sous le titre : |
Bonjour paresse |
Elle avait
songé à intituler l'ouvrage Le travail qui tue. Elle juge plus
drôle de détourner le titre d'un roman de Françoise Sagan |
Stéphanie
Belpeche, Journal du Dimanche, 20.01.2008, évoque le film de Tim
Burton, Sweeney Todd, sanglante
histoire de barbier égorgeur... Titre. |
Barbier de sévices |
Bien différent
du Figaro de Beaumarchais, ce barbier ! Séville, sévices : bonne
humeur, férocité ; brume de Londres, soleil d'Espagne... L'équivalence
de sons renforce l'opposition de sens. |
Bruno Rieth,
Marianne, 04.11.2016, relate le débat au PCF : préférer à
Jean-Luc Mélenchon, du Parti de Gauche, un candidat issu de leur parti.
Titre : |
En attendant coco |
D'un titre à
l'autre... De la scène d'une réflexion grave sur le destin, signée
Samuel Beckett, à celle d'un marchandage politicien ; du héros
pathétique au camarade, par une équivalence sonore. |
B. De
l'original aux remaniements
sommaire *
début satire/intertextualité
Couvrez ce sein que je ne saurais voir !
...Par
de pareils objets, les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de
coupables pensées."
Molière, Tartuffe, Acte III, scène 2). |
* Pascal
Riché, Nouvel Obs', 25.12.2012 :
Couvrez ce sein ! Les Tartuffe sont de
retour
Notre "une" de fin d'année fait jaser, à cause du sein découvert de
Camelia Jordana. Là où l'imbécile regarde le sein, le sage voit la
Liberté.
* Éric Favereau, Libération, 07.11.2009 :
Ce vaccin que je ne saurais voir
La majorité des Français se méfient des injections
antigrippe A alors que la campagne gouvernementale doit débuter jeudi.
* Mourad Guichard, Libération, 28.12.2009 :
Cachez ce drapeau que je ne saurais
voir
Dans la petite commune de Sully-sur-Loire, le maire
interdit tout drapeau à l'intérieur de la mairie, lors des mariages. A
l'exception du drapeau français.
* Diane Saint-Réquier, L'Express, 16.04.2012 :
Buisson-Mélenchon, cachez cette amitié
que je ne saurais avouer
Ce lundi, le candidat Front de gauche a été sommé de
s'expliquer sur ses rapports avec le conseiller de Nicolas Sarkozy, dont
les idées flirtent plus avec l'extrême droite qu'avec "la vraie gauche".
* Alain Auffray, Libération, 16.08.2016
:
Cachez ces excès de tissu
Interdiction du burkini : un pavé
dans la mer (...) Visé, sans être explicitement
cité : le burkini, ce maillot de bain islamique. |
Le vieil homme et la mer
Roman
d'Ernest Hemingway, 1951 |
* Sylvie
Andreau, Le journal du dimanche, 04.12.2010 :
Les vieux hommes et la mer
Pour séduire une clientèle qui a majoritairement 60 ans et plus, les
fabricants de bateaux, réunis au Salon nautique de Paris, misent sur le
confort et la maniabilité.
* François Reynaert, Nouvel Obs', 15.10.2016 :
Le vieil homme et la Shoah
À 83 ans, le grand historien Saül Friedländer publie son autobiographie.
Le militant de la paix parle de ses travaux, de sa vie en Israël et de
l'instrumentalisation du génocide.
*.Philippe Broussard, L'Express, 20.11.2007 ;
Le vieil homme et l'honneur
Pendant des décennies, un ancien diplomate français, accusé à tort
d'être un agent de l'Est, s'est battu pour la vérité. Alexis de Gosson
de Varennes vient de s'éteindre à 90 ans.
* Terreur Graphique (caricaturiste), Libération, 05.05.2015 :
Le vieil homme est amer
Exclu du FN, Jean-Marie Le Pen est représenté torse nu avec des femen et
l'inscription "Heil Le Pen"
►
|
Il faut sauver le soldat Ryan
Film de Stephen Spielberg, 1998
|
* Marc De Boni, Le Figaro, 02.08.2013 :
Il faut sauver le soldat UMP
Au sein de l'UMP, sommé de rembourser 11 millions d'euros en raison de
l'invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, les esprits
s'échauffent et la course aux dons s'engage.
* X, Libération, 08.02.2008 :
Qui veut sauver le soldat Dati ?
Depuis quelques temps, la garde des Sceaux collectionne revers et
camouflets en tout genre. Hier, Jean-Pierre Raffarin et Christine
Lagarde ont tenté de lui venir en aide.
* Adrien Rouchaléou, L'Humanité, 25.04.2016 :
Solférino à la rescousse du soldat
Hollande
Les sondages alarmistes pour le président ont mis le PS en panique. Sa
direction tente le tout pour le tout dans une « contre-offensive » qui
pour beaucoup semble lunaire. [rue de Solférino : siège du PS]
* Carole Bien-Aimé, lepost.fr, 23.02.2012 :
Il faut sauver le soldat Obama
Aucun président sortant n'a été réélu sur fond de crise. Le challenge
que représente cette ré-élection est donc immense et le suspense à son
comble! |
Veni, vidi, vici
Jules César, au Sénat romain, v. 47 ACN |
* Éric Van De Woestijne, La Libre Belgique,
01.12.2007 :
Yves Leterme, formateur du
gouvernement, a sans doute échoué... Il démissionnera le jour même.
Veni, vidi, fini
* Mathieu Deslandes, Rue89,
04.04.2012 :
Pierre Moscovici, enfant gâté du PS a vieilli, a laissé passer beaucoup
d'occasions. S'il est élu, Hollande fera-t-il de lui son secrétaire
général à l'Élysée ?
Veni, vidi, Moscovici
* Sondron (caricaturiste), L'Avenir, 16.02.2005
Maria Arena, ministre de l'enseignement obligatoire, renoncerait à
supprimer le latin..
Veni,
vidi, repli
* Charlotte Meyer, Mediapart, éd. Lycéens, 14.12.2015 :
Lendemain d'élections régionales. Nette poussée du Front National : « En
laissant le Front National revenir à l’assaut, (...) nos politiciens
reçoivent aujourd’hui le fascisme en pleine figure. »
Veni, vidi, Vichy
* Kevin Plasman, La Libre Belgique, 06.08.2012 :
Avec le numérique, la K7 audio est enterrée et le Compact Disc moribond.
Par contre, les disques vinyles, eux, coulent des jours paisibles, et
même plus.
Vyniles, vidi, vici
|
sommaire *
début satire/intertextualité
2
Jouir d'ouïr :
Laval qui rit
Confusion d'homophones : le biais de
l'humour
Le
comique
que le langage crée....
...il
faut distinguer entre le comique que le langage exprime, et celui
que le langage crée. Le premier pourrait, à la rigueur, se
traduire d'une langue dans une autre, quitte à perdre la plus
grande partie de son relief en passant dans une société nouvelle,
autre par ses moeurs, par sa littérature, et surtout par ses
associations d'idées. Mais le second est généralement
intraduisible. Il doit ce qu'il est à la structure de la phrase ou
au choix des mots. Il ne constate pas, à l'aide du langage,
certaines distractions particulières des hommes ou des événements.
C'est le langage lui-même, ici, qui devient comique. (p. 436).
Henri Bergson, Essai
sur la signification du comique, 1900, Édition du centenaire,
PUF, 1963 |
Jean-Claude Laval, présentateur à Europe1 dans les années 80, publie
chez Hachette, en 1988, sous le titre
Laval qui rit, un florilège de ses
plaisanteries passées à l'antenne.
Observons le lecteur à l'oeuvre :
Il voit une suite de mots.
Il entend une suite de sons : [lavalkiRi]
qui se transcrit Laval qui
rit
mais aussi... la
Valkyrie
et aussitôt, sa mémoire active un souvenir :
La Valkyrie,
deuxième des quatre drames lyriques
L'Anneau du Nibelung
de Richard Wagner,
1870
Durée de l'opération : à peine
une seconde.
.
.. que le
lecteur-auditeur ait autrefois enregistré et conservé ce souvenir dans les
circuits de sa mémoire !
Si ce n'est pas le cas, le voilà proprement
disqualifié, mis hors-jeu !
D'autres, auprès
de lui, auront pu apprécier ce jeu sur la sonorité : « une forme, deux
textes »...
Lui, pas !
Professeurs de français, nous connaissons bien ces situations où
professeur et élèves (ou les élèves entre eux) ne partagent pas
les mêmes savoirs...
Une forme... deux textes - Florilège
Couples d'homophones : le biais de l'humour...
Références : contexte, source... |
Citation |
Propositions pour le commentaire |
Le Canard enchaîné,
23.02.2005. La presse harcèle Hervé Gaymard, ministre des finances, pour son train de vie luxueux (locations coûteuses d'appartements).
Démission
imminente... mais le Canard anticipe !
Titre : |
Bail, bail, Hervé Gaymard ! |
Bye, bye : le choix d'un
registre assez familier ("copain-copain"...) dénote une déconsidération du
personnage. |
Candidat à la présidence de l'UMP, J.-Fr. Copé avait
ironisé sur le pain au chocolat mangé pendant le ramadan. Parmi les
réactions sur Twitter; celle de Pete Mc Vries, 05.10.2012 : |
Les
pains au chocolat aux français, les croissants aux beurs |
Jeu sur l'homophonie, sur la
connotation assez dévalorisante de beur, sur la double lecture de
croissant (forme ou emblème), sur la syntaxe (variation de sens de aux). |
Le Canard enchaîné, 16.08.2006, à la une :
Fidel Castro, 80 ans, sort d'une opération. Manchette en deux bulles. |
Castro filmé dans sa chambre...
C'est le culte de la personne alitée ! |
Mise en scène du pouvoir sur son
déclin... Regard ironique sur la perception du pouvoir fort détenu par un
lider maximo octogénaire |
Christophe FRANCKEN, La Libre Belgique,
06.10.2015, p. 28 : Jean-François Gillet, de l'équipe de Malines, stoppe
trois penalties contre Anderlecht... Titre |
Un Gillet pare-balles |
Double sens de balles, et - à l'oral - de
Gillet. l'emploi de pare-balles donne au récit une allure de
chronique militaire. |
LETIST Fernand, Le Soir, 06.09.2003, p. 39.
Reportage sur Elio Di Rupo, président du PS. Titre de l'article : |
Elio-tropismes médiatiques |
Rapprocher le prénom et le... Soleil : on est dans le
registre de l'humour et de l'hyperbole. Médiatiques... Le journaliste
explique : Il est très internet, plutôt presse écrite et un peu télé. |
Arte, TV, décembre 2000, clip publicitaire
pour un film de Woody Allen, montrant l'artiste courant çà et là avec
empressement. Fin du commentaire : |
A
courir comme il le fait, comment Woody peut-il faire pour ne pas perdre
Allen. |
Woody Allen agité : l'image nous est familière.
L'artiste en verve créatrice garde tout son... souffle. |
Pierre Olivier, La Croix, 21.07.12. p. 8.
Grille de mots croisés. Pour trouver un mot de trois lettres, cette
définition : |
Ils
pèsent de tout leur poids et altèrent. |
Réponse : les ans. Un peu d'humour noir : associer
poids des ans (déclin...).et poids et haltères (sport,
vitalité...) |
sommaire *
début homophones
Couples d'homophones : le biais de l'humour et des savoirs partagés...
Références : contexte, source... |
Citation |
Des savoirs à partager... |
Philippe Azouri, Libération, 16.02.2011.
Sortie de The Hunter, film de Rafi Pitts. Sorti de prison, Ali,,
veilleur de nuit, affronte la police de Téhéran. Titre de la recension : |
Perse
et police
|
Perse, l'ancien nom de l'Iran, dont
Persépolis fut une capitale. Le régime en place vers 2010.... Et
cette hypothèse : un pouvoir fort, aujourd'hui comme... jadis ? ! |
Le Canard enchaîné, 26.05.2010 à la une. Jet de bouteilles sur Sarkozy en visite à Beauvais... Le
journal imagine ce commentaire de Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur :
|
C'est un coup de
la bande à bonne eau ! |
Jules Bonnot, 1876-1812, célèbre chef d'une bande
criminelle. Voir
►.
La Bande à Bonnot, film de Philippe Fourastié, 1968. |
France-Inter, 14.01.1996, émission
Rien à cirer, de Laurent Ruquier, qui évoque le dépôt de roses
par les chefs d'Etat aux obséques de F. Mitterrand, le 11. Boris Eltsine,
parmi eux : combien de roses ?
|
Il
se contentera de six roses |
Allusion claire à sa propension alcoolique, à la
menace d'une grave maladie du foie, qu'il est bienséant de pas nommer.
Subtil, délicat... Et féroce. |
Marianne, 21.01.2016. Le pari de Sarkozy, de
retour après une brève éclipse. Il va publier La France pour la vie.
Un dîner avec Hollande et le cardinal Barbarin, puis il ira à la messe dans
une église restaurée. Et le journaliste apprécie... :
|
Le pari vaut bien une messe |
Paris vaut bien une masse, phrase attribuée au
Béarmais protestant Henri IV qui rejoindra Paris, une fois converti au
catholicisme. Un cardinal, une messe... ça peut faire gagner des partisans.
Rester pour la messe n'est pas anodin, dit le journaliste. |
Martial Dumont, L'Avenir, 13.01.2017, p. 6.
Ancienne ministre de la mobilité, Jacqueline Galant publie Je vous dis
merde, où elle s'en prend à son parti, le MR. Titre : |
Les
dents de l'amère |
Évoquer le thriller de Spielberg (1975) est plus
qu'un jeu sur le son. Dans le film comme pour la femme blessée, c'est le vécu
d'un affrontement sans pitié. Ici et là, un monde de... requins. |
Fabrice Rousselot, Libération, 15.05.2004.
Gael García Bernal, 25 ans, acteur mexicain et révélation latine du moment, est deux fois présent à Cannes : en travesti
dans La mauvaise éducation de Pedro Almodovar et en Che
Guevara dans Carnets de Voyage, de Walter Salles.. Titre : |
T'es qui, là?
|
On découvre et apprécie un acteur capable d'incarner des
personnages bien différents ! Un talent souligné par le journaliste.
Connaissez-vous le tequila ? Originaire, justement, de quel pays ?! Vous
voyez l'astuce...! Lire l'article de F.R.:
►
|
Christophe Ono-dit-Biot, Le Point, 05/05/2011.
Bernard Pivot publie Les mots de ma vie, autobiographie en forme
d'abécédaire. «Sensuel et surprenant», dit le journaliste. Titre : |
Le
roi Lire se livre |
L'oracle de la revue Lire " régifié " ! Mieux
encore, consacré héros shakespearien ! Jeu sur le son et sur le sens :
(se) livre.
King Lear : cette tragédie date de 1603.-1606. |
Homophones, encore. Quelques
prolongements :
Des cannibales arrivent. Les taux se desserrent.
[Libé 06.02.2017]
Quand j'entends ça, j'écris quoi ?
Énoncés ou formes verbales homophoniques
►
Du nougat pour Nougaro
Glisser des suites homophones
dans un texte (récit, description, lettre, slogan...)
►
Marc Monnier (1829.1885), historien,
romancier, satiriste, traducteur (du Faust de Goethe), professeur
de litttérature (Un. de Genève), a commis ce célèbre distique holorime.
Autres exemples
►
sommaire *
début homophones
3
Coin lecture
..est illettré, pour
moi, le lecteur qui refuse qu'on dérange ses habitudes de lecture.
Louis Dubost
|
Parutions récentes
Michel Schneider, Pascal,
Buchet-Chastel, 2016, 288p., 12 €.
Attentif au travail d'écriture du penseur, il observe comment sont mis
en scène les mots essentiels : ordre, vérité, cœur, figure, preuve, Dieu...
« Pascal n’est personne. Il est celui qui ne sait pas qui il est mais
qui le sait mieux que personne. Il est chacun de nous. »
►
Claude Duneton et Sylvie
Claval, Le bouquet des expressions imagées, Laffont,
2016, format numérique, 23€,
format papier, 1728 p., 35€.
U ne anthologie des expressions populaires avec leur origine : 30.000
expressions répertoriées depuis le XVIe siècle.
►
Pascal Quignard, Les larmes,
Grasset, 2016, 2016, 224 p., 19 €
La naissance du premier royaume, celui de la langue française, racontée
à la manière d'une chanson de geste.
« Le 14 février 842, un vendredi, à la fin de la matinée, sur le bord de
l'Ill, dans un froid terrible, sur les lèvres des soldats francs, quand
ils ont à proclamer leurs serments, une étrange brume se lève. On a
appelé cette brume le français. »
« (...) au travers de la langue, dans la
langue même, c’est une littérature qui naît. »
► [La Croix]
►[L'Humanité]
Et la BD fut, numéro
6 de la Collection Le magasin du XIXe siècle, (Société
des Études romantiques et dix-neuviémistes), éd. Champ
Vallon, 2016, 304 p., 25€.
La plume et le crayon de Grandville, Töpffer, Nadar, Doré, Rops, Robida
et autres, en rupture avec les normes de leur époque .Un parcours qui
mène au 56 de l'avenue de la Toison d'Or à Ixelles, où Edmond Picard
reçoit, dans les années 1880, des artistes de l'école belge
contemporaine.
Table des matières sur
Le Magasin du XIXe siècle
►
Rubrique "livre du mois"
sommaire *
début lecture
Janvier 2017 |
Février 2017 |
Mars 2017 |
Marc
Grassin (dir.)
L'entreprise : un lieu pour l'homme
Les fondamentaux en question
Chronique Sociale, 2015,
128 p., 14,50€
Disons d'emblée qu'on y trouve des analyses et des propositions qui intéressent d'autres milieux d'action
commune que l'entreprise proprement dite. Le monde de l'enseignement et de l'éducation, entre autres. C'est dire que ces pages, rédigées par une équipe
d'experts, peuvent souvent nous interpeller.
L'entreprise doit être tout autre chose que le théâtre d'une civilité complaisante et polie qui ne mène à rien" (9)
; le dialogue, la rencontre sont nécessaires, car "il n'y pas de rencontres
véritables qui ne soient une déstabilisation, un pas vers une reformulation
de soi, une redéfinition de ses comportements" (ibid.). C'est pour cette
raison que l'entreprise est "un défi humaniste" (26), un lieu où la capacité
d'agir doit être indissociable de la capacité de parler (v 39), un lieu où
le temps pour faire devient un temps pour être : c'est le titre du chapitre
4 ! (63)
Les auteurs n'éludent pas le problème
de la mobilité que vivent de nombreux acteurs de l'entreprise. "Le
corollaire de l'homme mobilisable n'est-il pas l'homme démobilisé, démotivé
?" (81) Comment y faire face ? En renforçant l'intériorité "où sont logés
nos racines, notre culture, notre foi, nos croyances, nos peurs, nos
convictions, nos souvenirs, nos connaissances, nos émotions, nos pensées..."
(87) : c'est en réintégrant cette intériorité que "la mobilité ou le
nomadisme n'est pas une errance" (88).
Le dernier chapitre - L'entreprise
communique, l'homme parle ! - revient sur ces 'fondamentaux" déjà souvent
évoqués : rencontre, dialogue, participation, responsabilité. Avec Montaigne
comme témoin (106) : « Nous ne sommes hommes, et nous ne tenons les uns aux
autres que par la parole. » Il faut donc rejeter cette logique, à la fois
violente et improductive, où "l'entreprise et ses protagonistes (...)
communiquent toujours plus, mais se parlent de moins en moins" (110). |
Philippe
Breton
Éloge de la parole
Éd. La Découverte, 2003, 1992 p., 14.50€
"Si la parole mérite, pour le moins, un éloge, c'est
comme fondement d'un humanisme renouvelé."
Tels sont les derniers mots du livre (187). Et
cette conviction s'affirme constamment : "La parole est une
alternative à la violence du monde" (9).
Citant Novarina - il y a une lutte depuis toujours entre la parole
et les idoles - il assigne à la parole la mission de dénoncer les
fausses valeurs, les fausses promesses et toute forme de
désinformation ( v. 39).
C'est en effet "à la libre expression de la parole que s'en
prennent, toujours en premier lieu, les démagogues"
(52). Cette prise de parole
n'est pas une prise du pouvoir : elle exerce une force, à coup sûr,
mais "sans engendrer de domination" (62)
! De cette façon, "le pouvoir civilisateur de la parole tend à
remplacer la parole du pouvoir (160).
Et il s'impose, bien sûr, que la parole soit partagée. Et que la
parole de l'autre soit respectée ! Tel est l'enjeu de ce que
l'auteur appelle "la symétrie démocratique" (136).
D'où l'importance capitale de l'écoute et de l'empathie ! Et il cite
de nouveau Novarina : «La parole nous a été donnée non pour parler
mais pour entendre.» (180) D'où
l'importance de l'objectivation - c'est-à-dire de la distance prise
par rapport à ses propres émotions - et surtout de l'engagement : la
parole est... une parole donnée : "la parole engage celui qui
la tient" (183). D'où
l'importance de la symétrie, où "la parole de l'un vaut celle de
l'autre" (184). Et il
cite à ce sujet Levinas : «Même quand on parle à un esclave, on
parle à un égal.»
*
Signalons, pour terminer, cette forme de parole qui nous semble très
féconde, qui mérite un... éloge tout particulier : l'auteur
l'appelle "parole intérieure, parole silencieuse,
dialogue avec nous-mêmes" (78).
Elle
prolonge et prépare le dialogue avec autrui, elle est
capitale dans la prise de décision.
Dans le brouhaha des échanges, l'intériorité pourrait devenir une
denrée rare... |
Martine Joly
Introduction à l'analyse de l'image
1993, Nathan, rééd.
Armand Colin, 2015, 160 p., 13.90€
Saluons cette réédition récente, enrichie de
nombreuses informations, notamment dans une riche bibliographie
commentée (11 pages !)
ainsi que dans l'index, et, plus spécialement, dans une réflexion
originale et clairvoyante sur cette "accélération de
l'information visuelle" due à l'image numérisée : "une profusion
d'images dont on ne sait pas toujours que faire"
(146).
De Lascaux à sa forme numérisée, l'image est le produit et le reflet
de notre histoire, de notre culture. Imitatrice, est-elle pour
autant fidèle ? Il faut évoquer ici cette "Querelle des images"
opposant pendant quatre siècles iconophiles et iconoclastes
(v. p. 14). Soi-disant fidèle au réel, elle
peut aussi bien être éducative et enrichissante que subtilement
manipulatrice.
D'où l'importance de l'éducation à l'analyse de l'image pour mieux
comprendre à la fois "ce qu'elle dit et surtout comment elle le dit
" (28) ! Sous le titre Objectifs et
méthodologie de l'analyse, s'appuyant surtout sur Roland Barthes
et sa célèbre Rhétorique de l'image, 1964, l'auteure
concentre en quelques pages décisives (48-52)
des orientations qui nous paraissent essentielles : un passage
obligé pour saisir la pertinence de l'ensemble de l' ouvrage !
Pour illustrer sa méthodologie, elle nous présente,
(pp. 60-69), une analyse de quatre tableaux : Usine
à Horta de Ebro, de Pablo Picasso (1909), Le souper à
Emmaüs, du Caravage (1601), La Vierge Marie, Sainte
Anne et l'enfant Jésus, de Léonard de Vinci (1501) La bataille de San
Romano, de Paolo Ucello (1456-1460). Et plus loin, après avoir
longuement (pp. 94-118) fait observer la
spécificité du langage de cette "image prototype"
(74) qu'est le message publicitaire, elle nous
fait découvrir les intentions et les procédés d'une double page de
pub pour Malboro Classics parue dans le Nouvel Obs' du 17 octobre
1991.
Ces cinq exemples sont malheureusement en noir et blanc ! Mais c'est
brillant, c'est exemplaire !
On l'a compris : voilà un outil indispensable pour une lecture
avisée de l'image.
|
En
couleur :
Usine à Pablo Horta *
Le souper à Emmaüs * La Vierge Marie, Sainte Anne et l'enfant Jésus *
La Bataille de San Romano |
4
Le Vaugelas nouveau
Chroniques langagières dans la presse
francophone
Bonne humeur et bel humour, ce Vaugelas !
Le (sou)rire, véhicule de vérité
[Jorge de Burgos observait qu'il n'est pas permis d'orner d'images
ridicules les livres qui contiennent la vérité.]
Et Venantius
observa qu'Aristote lui-même avait parlé des traits d'esprit et des jeux
de mots, comme instruments pour mieux découvrir la vérité, et que,
partant, le rire ne devait pas être mauvais s'il pouvait se faire un
véhicule de vérité.
Umberto Eco, Le nom de la rose, Grasset, 1982,, p. 143. |
|
Auteur :
Pascal Paillardet
Notice La Vie Facebook
►
Titre des chroniques : Encore un mot
D
: définition * C : citations
|
omnicanal
12.07.2016
|
Êtes-vous omnicanal ?
[D] L'Italien est
un être profondément « omnicanal ». Il parle avec la bouche, les mains, et
parfois avec des yeux de velours quand il exerce la profession de gondolier
romantique à Venise. Il communique sur plusieurs canaux à la fois, comme le
suggère le beau terme d'«omnicanalité». (...)
[C] (...) «
L'omnicanalité est souvent vue comme une évolution du multicanal où
l'utilisation simultanée des canaux disponibles est mieux optimisée. »
Site Définitions Marketing, l'encyclopédie illustrée du marketing, 28
janvier 2016.
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► |
post-vérité
12.01.2017 |
En “post-vérité“ je vous le dis...
[D] Si la
vérité gît au fond du puits, la post-vérité flotterait-elle dans la nappe
phréatique ? D’éminents confrères, en apnée dans la post-modernité, la
traquent assidûment, partout où elle se cache. Ils l’ont dénichée dans le
dictionnaire Oxford (...).,
[C]
(...)
« Nouvelle ère ou concept fumeux ? La “post-vérité” en débat dans le Club
des idées (…) Ce qui est surprenant, c’est de voir la vitesse à laquelle
cette notion s’est imposée justement comme une vérité, sans subir un
véritable examen critique. »
France culture, 6 janvier 2017.
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prédicat
19.01.2017 |
Le facteur, la lettre
et le "prédicat"
[D] Que fait le facteur quand
il distribue le courrier ? « Ben, son métier ! », ricanent les
cancres du fond de la classe. Les fayots du premier rang savent bien, eux,
qu’il fait quelque chose de bien plus beau : quand il distribue le courrier,
le facteur à bicyclette fait de la grammaire. Il donne en pédalant un
exemple de prédicat . Bardé de sa sacoche gonflée de nos missives
les plus tendres, le préposé participe à l’expérience linguistique. (...)
[C] Les citations sont surtitrées Sans un pli :
(...) « Le prédicat est le nouveau concept fourre-tout de la grammaire
moderne, ode à la cuistrerie contemporaine, on y met ce qu’on veut, les
cahiers au feu et les compléments circonstanciels au milieu. » Les
Echos.fr, 10 janvier 2017.
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► |
triangulation
07.02.2017 |
Petites “triangulations“
entre amis
[D] C’est la position à la mode dans le Kama-sutra politique.
Une expression imagée pour la qualifier, comme « le triangle ardent » ou
« le delta du plaisir », lui assurerait davantage de notoriété. Les
pratiquants l’appellent assez crûment la « triangulation ». Mais ils ont cet
air gourmand de ceux qui savent combien il est bon de trianguler entre
amis ! (...) François Hollande, friand de « billard à trois bandes », a
longtemps été considéré comme un crack de la « triangulation », avant de
rester coincé dans un angle mort.
[C] La France sort de dix ans de “triangulation” avec des
présidents successifs – Nicolas Sarkozy et François Hollande – qui ont
délibérément occupé le terrain politique de leurs adversaires. Blog du
fondateur de MCBG., Huffington Post, 23.02.2017.
L’identité de jeu, c’est la triangulation, l’échange de
passes, l’infiltration. Adenor Leonardo Bacchi, dit Tite, sélectionneur
de l’équipe de football du Brésil, L’Équipe, 21 juin 2016.
|
sommaire *
début Vazugelas |
|
Auteur : Michel Francard
Notice Le Soir
►
Titre de ses chroniques : Vous avez de ces
mots
|
cacahouète
10.12.2016 |
Tirer la cacahouète
Comment tirer son plan sans tirer la tête pour les cadeaux de
Noël…
Saint
Nicolas à peine reparti, il est grand temps de préparer les fêtes de fin
d’année. Les défis sont multiples : trouver un sapin qui-sent-bon-et-qui
dure-longtemps, imaginer des menus pas-trop-bourratifs-et-originaux,
dénicher des cadeaux qui-ne-se-retrouveront-pas-sur-eBay-le-26-décembre et
mille autres exploits qui rendront, une fois de plus, ces moments
mémorables. Mais n’oubliez pas l’essentiel : tirer la cacahouète .
Tradition récente, mais devenue
indispensable pour agrémenter certains réveillons de Noël en famille,
tirer la cacahouète s’impose comme un art d’offrir peu onéreux,
convivial et que l’on espère original. (...)
Lire la suite
► |
l'enfer
21.01.2017 |
L’enfer, c’est les autres. Vraiment ?
La grammaire aussi a ses
raisons que la raison ne connaît point…
« L’enfer, c’est les
Autres » dit Garcin dans la pièce Huis clos de Sartre. Et non «
L’enfer, ce
sont
les Autres », variante possible dans ce contexte. Comme peuvent coexister «
c’est toujours les meilleurs qui s’en vont » et « ce sont
toujours les meilleurs qui s’en vont ». Par contre, vous direz : « c’est
vous les meilleurs » et non « ce sont vous les meilleurs ».
Dans ces énoncés, l’accord du
verbe est régi tantôt par le sujet singulier ce, tantôt par
l’attribut. Le plus souvent, les deux possibilités sont admises ; toutefois,
dans le cas des pronoms personnels nous et vous, seul
l’accord avec ce est toléré. Cette disparité, résultat de
l’histoire de la construction c’est , entraîne parfois des
questions existentielles. Mais dans ce cas, l’enfer, c’est nous ! (...)
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► |
soldes
28.01.2017 |
Soldes chéris, chéries !
Il n’est point de bonnes
soldes, sinon celles qui vous enrichissent…
« Pour le budget familial, elles
font du bien. – Quoi donc, cher ami ? – Les soldes de janvier, pardi ! »
J’entends déjà gronder de toute part les protestations : encore une
confusion entre LA solde que reçoit un militaire et LE solde (souvent au
pluriel) vendu au rabais.
L’histoire du français invite à
ne pas crier trop vite au scandale dans le cas de cette confusion. Outre
qu’ils partagent quelques liens étymologiques, solde 1 et solde
2 ont tardé à voir leur genre se stabiliser dans l’usage, la
distinction féminin/masculin confortant la différence sémantique. (...)
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► |
Droit dans
ses bottes
03.02.2017 |
Droit dans ses bottes
- Cette chronique va droit au but.
Ça vous botte ?
Parmi
les mots qui se détachent de l’actualité politique récente, botte
occupe le haut du pavé. Non à cause de bruits de bottes, mais grâce au
succès de l’expression droit dans ses bottes, par laquelle un
ministre démissionnaire exprimait sa conviction profonde : il n’avait rien à
se reprocher.
D’autres personnalités
politiques, belges et françaises, ont usé du même tour (linguistique). Mais
un examen attentif permet de comprendre que l’expression (être, rester)
droit dans ses bottes n’a pas exactement le même sens à Paris, où elle
renvoie à une attitude ferme, et à Namur, où elle évoque plutôt une
conscience tranquille. (...)
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► |
tout
25.11.2016 |
Un peu de TOUT
Tout tout tout, vous saurez (presque) tout...
Les
cours de grammaire véhiculent quelques certitudes rassurantes. L’une d’elles
est la caractérisation traditionnelle de l’adverbe comme un «mot
invariable». L’unanimité sur ce point s’accommode pourtant d’exceptions,
parmi lesquelles l’adverbe tout.
Tout varie devant un
adjectif féminin qui commence par une consonne (la vérité toute nue)
ou par un h aspiré (toute hautaine qu’elle soit). Par
contre, si l’adjectif féminin commence par une voyelle (une vie tout
entière) ou par un h muet (elle est tout heureuse),
la liaison rend audible le -t final : la graphie tout peut être
conservée.
Cette fluctuation est une
survivance d’un état de langue ancien où tout adverbial variait
régulièrement en genre et en nombre. Aujourd’hui, tout est devenu
plus compliqué... (...)
Lire la suite
► |
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Auteurs : Quentin Périnel
[P]
►, Alice Develey
[D]
►
Et la rubrique Langue française du
Figaro
►
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burnout
01.06.2014 |
Dictionnaire des anglicismes les plus
insupportables au bureau.
[P]
«Burnout», «conf call», «printer»... Des termes qui inondent nos open-space,
et qui prennent peu à peu le contrôle de nos discussions corporate. Le
Figaro a établi un petit dictionnaire des termes les plus affreux.
Vous les détestez, et vous
frissonner quand l'un de vos collègues en utilise un, au bureau d'à côté.
Et pourtant vous les utilisez - parfois - aussi, car il est compliqué de
ne pas se laisser influencer. Les anglicismes qui sont employés à tort et
à travers en entreprise sont un véritable fléau. (...)
Lire la suite
► |
sur Paris
23.01.2017 |
Les expressions à bannir au bureau : «Je
travaille sur Paris !»
[P]
N'y voyez pas
malice: nulle trace de parisianisme - quelle horreur! - dans ce titre. Je
démens formellement. J'aurais pu faire le même avec Nantes, Bordeaux,
Tourcoing ou n'importe quelle autre ville française... Cette grossière
erreur est reproductible à merci, et dépasse très largement les frontières
du périphérique. (...) Vous habitez «sur» Paris? Traduction: vous habitez
au-dessus de Paris? Vous surplombez la capitale, peut-être en plein VIIe,
depuis un penthouse au dernière étage d'un immeuble très élevé? Dans un
appartement que vous avez fait surélever - c'est très à la mode - par un
architecte? C'est risible et prétentieux! Vous travaillez «sur» Paris?
Dois-je en déduire que vous terminez une brillante thèse de fin d'études
consacrée à la capitale? (...)
Lire la suite
► |
poucave
27.08.2016 |
Parlez-vous le langage des ados ?
[D]
«C'est dar», «gova», «poucave»... Ces expressions langagières aussi
novatrices qu'inventives sont désormais courantes dans les cours de lycée.
Êtes-vous à la page ou du moins assez «swag» pour maîtriser le vocable
préféré de nos chers étudiants ? (...)
Ils sont jeunes, chevelus (pour
la plupart), inventifs (et souvent incompris) et parlent avec un langage
bien à eux. Tarabiscoté parfois, capillotracté souvent, inaudible tout le
temps... le parler jeune est bien difficile à comprendre. En effet, que
peut saisir le non-initié dans «oklm, ma daronne fait sa poucave avec mon
khey.»? Sûrement le possessif «ma» et le verbe «faire»... (...)
Lire la suite
►
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Auteur : Jacques Drillon
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Brassens
15.03.2011 |
Pourquoi les chansons de Brassens sont
parfaites.
Derrière l'anar au grand cœur,
il y avait un orfèvre de la langue française et un musicien subtil. (...)
Brassens est seul
dans son genre, comme l'ornithorynque, mammifère qui pond des œufs.
(...) ses vers ne sont pas géniaux, ils sont parfaits. Que reprendre à
«Malgré la bise qui mord» ou «Ferma son cœur à mes baisers»? Et comment ne
pas lever son chapeau devant cet incipit bien trapu, bien ramassé sur sa
tournure optative, un subjonctif déguisé: «Les dragons de vertu n'en
prennent pas ombrage»? Sachant tout ce qu'il faut savoir, la versification,
la métrique, les formes, il joue. Il sait qu'un vers chanté n'est pas un
vers lu, et qu'une chanson n'est pas un poème: il élide, il coupe, il
répète. (...)
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► |
terroriste
19.01.2015
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Charlie, l'islamisme et le vocabulaire
Au cours d’un reportage dans un
collège, [un] journaliste raconte que le professeur, avant de l’introduire
dans la classe, le prévient: «Faites attention aux mots que vous
employez. Ne dites pas “attentat”, ni “terroriste”.» On pense
aussitôt: il a peur de ses élèves, il a peur de les choquer, c’est
lamentable. Pas du tout. Il explique: «Ce sont des mots positifs, pour
eux, des mots héroïques.»
Tout est dans la connotation.
Le sens permanent du mot, son sens objectif, sa «dénotation», n’ont plus
d’importance. Voilà le but du totalitarisme : supprimer la dénotation, au
profit de la connotation. Vieille histoire, vieil attentat contre
le vocabulaire. Déjà, sous l’Occupation, les Allemands appelaient les
Résistants des «terroristes».
Lire la suite
►
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faire
08.11.2015 |
François Fillon et son Faire
[Candidat des Républicains, il publie Faire, son manifeste]
Ni Fillon ni son
éditeur (Albin Michel) ne semblent avoir pris la précaution de consulter le
«Traité du style» d’Aragon, qui commence ainsi, en toute simplicité: «Faire,
en français, signifie chier.»
Ce n’est pas une fantaisie de poète, même surréaliste à ses heures. C’est un
fait lexicographique, attesté par les meilleurs auteurs, comme Emile Littré:
«Rendre des excréments.» Et cela depuis fort longtemps, puisque l’Académie
(édition de 1694) le définissait ainsi: «Pousser au dehors: Un malade qui
fait sous luy.» (...)
Nous ne lirons pas François Fillon : il en va du fondement de la République.
Lire tout
► |
pathétix
15.11.2013
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"Astérix chez les Pictes"? C'est pathétix
Dans les Astérix de
Goscinny/Uderzo, il y avait une sorte d’innocence très charmante, une
innocence pas bête, fine et nouvelle. Au fil des albums qui ont suivi la
mort de Goscinny, l’innocence est devenue roublardise, l’humour est devenu
crasseux, et la nouveauté n’est plus qu’un souvenir ressassé comme une
scie. (...)
Des anachronismes par paquets de
douze, des ficelles grosses comme des cordes, des calembours qui donnent
envie de pleurer.
Le résultat : tout trop. C’est la
bonne recette. Vous tirez à cinq millions, dont deux pour la France.
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|
Chroniques : Rue des Petites Perles &
Dans la Presse déchaînée
►
Le site Internet du Canard se limite à la
une en version image
Les surtitres sont de la rédaction de LMDP |
langue de bois 22.09.1999
|
Booster l'emploi
"Le paradis libéral s'obstine à partir du moment où la mobilité des
individus dans la société n'est plus indexée sur leurs propres efforts."
L'humanité, 21/9/99, article de Stéphane Rozès.
Phrase commentée, le lendemain, à la "une" du Canard enchaîné :
Au titre de la lutte contre le chômage, il y a peut-être des emplois à créer
dans le secteur des interprètes sociaux... et traducteurs de langue de bois. |
du tac au tac 16.07.2008 |
Manque de doigté
[La rubrique hebdomadaire "Dans la presse déchaînée" relève et commente des
écarts de langage de la presse. Ici, un extrait de Ouest France du 7 juillet 2008]
[l'extrait] Dominé par Nadal dans les deux premiers sets, le Suisse
[Federer] aura répondu du tact au tact.
[le commentaire] En répondant du tac au tac, le numéro un mondial aurait-il
manqué de doigté? |
accueil
23.12.1998 |
C'est la faute à Chirac
Écrit sur le Livre d'Or du restaurant Varangue sur Morne,
dans le sud de l'île Maurice et cité dans le Canard enchaîné du 23/12/98, p.
5: photocopie/texte et signature
[Le président apprécie] « cet acceuil bien digne
» [de la réputation de votre
établissement]
Commentaire du Canard: Il peut arriver à notre président d'avoir
l'orthographe aussi hasardeuse que la dissolution (...) L'essentiel, pour un
chef d'Etat éprouvé, c'est tout de même de se sentir bien ressu o restoran! |
novlangue
23.07.2003 |
Bercy lisible
Sous le titre
L'ivresse du livret, le Canard relève ces passages du document
sur la baisse du taux d'intérêt des livrets d'épargne.
L'argent, dit
Bercy, sera rémunéré positivement par rapport à l'inflation...
Commentaire:
Dans la "novlangue" de Bercy, "positif" ça veut dire "zéro".
La Banque de France pourra
intervenir en ne respectant pas la règle de la fixation automatique des taux
d'épargne...
Commentaire:
Dans la "novlangue" de Bercy, "automatique" signifie "quand ça nous
arrange".
(Bercy invoque le respect des
revenus modestes, l'équité sociale...
Commentaire:
Dans la "novlangue" de Bercy, "social" a pour synonyme "pas un rond de
plus". |
|
Martine Rousseau &
Olivier Houdart
►
Titre des Chroniques : Langue sauce
piquante |
auteur 23.12.2010 |
Camarades du Figaro, encore un effort pour la
féminisation des noms de fonction
Le Figaro du 20 décembre
ne sait plus à quel saint se vouer en matière de féminisation des noms de
fonction : s’il la présente comme « ambassadrice » de la Grèce antique
(alors qu’il aurait pu choisir plus classiquement ambassadeur), il
la voit, en revanche, « auteur » (et non pas auteure ou autrice)
de nombreux ouvrages, ce qui donne cette jolie phrase assez acrobatique :
[Jacqueline de Romilly] Deuxième
femme élue sous la Coupole, l'auteur de L'Enseignement en détresse se
rattrapa en étant la première à y siéger effectivement, assidue aux séances
de rentrée, aux élections et à la commission du dictionnaire.
L'auteur, substantif masculin, se voit doté d'une épithète et d'un participe
au féminin (première et assidue), au mépris du purisme grammatical (...) Le
Figaro aurait pu franchir le pas et se mettre à la auteure.
Voir
► |
deuil 06.11.2014 |
Féminiser le deuil
Un lecteur (merci Jean-Pierre) nous envoie ceci, photo prise hier lors d'une
manif' d'agriculteurs à Dijon (et parue dans Le Bien public, journal
régional, comme on peut le lire en bas à droite)
Intéressante transformation de l'orthographe de “deuil”, ce nom semblant
happé (ou ému) par “agriculture”, toute proche, et enfilant les habits neufs
d'un adjectif
* On pourra
rétorquer à notre billet que c’est “endeuillée” qui aura subi une légère
coupe, mais cet “en” aux plus petits caractères semble annoncer un nom
plutôt qu’un participe passé à valeur adjectivale, comme l’on dit. Question
d’impression.
Voir (image)
► |
frapper /
bombarder
08.04.2015 |
Décryptons les éléments de langage
Eh oui,
« décryptons » : ce verbe (...) est ici tout à fait à sa place : que se
cache-t-il derrière des mots souvent employés par la presse et la classe
politicienne (...) ? Par exemple, si vous êtes peu au fait de la
politique internationale et des conflits armés en cours, sachez que
certaines aviations bombardent et que d’autres frappent.
Pourquoi cette dichotomie ?
La frappe est un mot destiné à humaniser le bombardement, à le
rendre plus acceptable. Donc à chaque fois qu’il s’agit d’un bon
bombardement, c’est-à-dire, disons-le sans détour, effectué par l’armée
française ou un de ses alliés, on emploie frapper ou frappe.
C’est ainsi que l’aviation saoudienne, qui intervient au Yémen en ce moment,
est notre alliée, puisqu’elle frappe. Par contre, tout ce qui
bombarde est forcément notre ennemi.
Voir
► |
épithète 12.11.2015 |
Inflation épithétique
La publicité dans la
presse pour le livre de Christophe Boltanski La Cache reprenant en florilège
ses diverses critiques médiatiques, ou médiacritiques pour aller vitement,
se distingue par une avalanche peu croyable d'épithètes encenseresses : ce
livre serait fascinant, éblouissant, magnifique, intelligent, bouleversant,
formidable, unique, admirable, prodigieux, vivant, loufoque et poétique,
savoureux, superbe, fin et précis. (...) Après cela, il n'y a plus qu'à
tirer l'échelle : c'est dit, La Cache est le plus grand livre de tous les
temps, en attendant le suivant.
Voir
► |
langue
maternelle
* documents pédagogiques
Ressources pour la classe
de français dans l'enseignement secondaire * Revue trimestrielle
http://docpedagfrancais.be/
* Écrivez-nous
Échange, recherche,
formation