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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

 

Numéro 102 - Septembre 2000

mis en ligne : juin 2015

 

Sommaire

Divertissement lexical - Qu'est-ce qu'on peut faire quand élèves et prof ont envie de ne rien faire de... sérieux? - 1er degré

Différences et tolérance - Textes, images, débat, manifeste... - 2e degré

L'intolérance jusqu'à la shoah: quelques documents à consulter - 3e degré

Les classiques à l'index - Ou l'ordinateur pour explorer des textes - De la 4e à la 6e

Rosa, rosa, rosam... ou l'oral sans peine - 2e degré

Petites formes (théâtrales): secrets de fabrication - 2e degré

Au croisement de la musique, de la peinture, de la littérature * À partir d'une chanson de Richard Cocciante  1er degré

Documents bruts - Citation, allusion, remaniement...: le réemploi, une arme du texte d'opinion - 2e & 3e degrés

En guise d'édito

Peut-on s'en passer?

La dimension artistique, si négligée dans le système éducatif, [est] un lieu important de mise en mots, de mise à distance des affects, à travers lequel une société, à des moments différents de son histoire, construit sa représentation du monde: peinture, musique, littérature, théâtre, se [côtoient] dans cette démarche comme autant de formes qu'une société se donne pour exprimer ses questionnements (la mort, la mort infligée à l'autre, le crime, la violence, le pouvoir politique, les rapports de l'individu et de la société, l'identité, la mémoire, l'altérité, etc.) et pour élaborer des réponses, par la médiation symbolique de l'art.

D'après Andrée LÉCOLE, Quand l'écriture va à la rencontre du théâtre, in Le français aujourd'hui, suppl. du n° 129 (mai-juin 2000), p. 18.

 

Qu'est-ce qu'on peut faire

quand élèves et prof ont envie de ne rien faire de... sérieux ? 

Premier degré

Propositions (honnêtes) de Jean-Luc Léonard, Inda, Arlon

Article déjà en ligne

Différences et tolérance

Textes, images, débat, manifeste... Un parcours en 4e TT * Récit: Damien Avet, ISJ, Jumet

 Pourquoi ce parcours?

 Dans cette classe de 4e sciences économiques appliquées, il y a un garçon qui, depuis l'école primaire, est vraiment le souffre-douleur, le bouc émissaire de toutes les colères, le paria... La raison? Difficile à préciser, comme d'habitude; et, bien sûr, les torts se trouvent des deux côtés. Quoi qu'il en soit, je voulais profiter de l'occasion pour amener un débat sur les différences et la tolérance, en association avec la préfète d'éducation, évidemment confrontée au problème à l'occasion de plaintes, de bagarres.

 Je signale en outre que cette classe n'est pas facile: 6 redoublants sur 23 élèves, 4 départs anticipés, 3 ou 4 élèves qui arrivent de 3e précédés d'une réputation peu flatteuse (qui s'est, malheureusement, avérée conforme à la réalité pour l'un ou l'autre).

 Bref, plusieurs bonnes raisons pour vouloir ouvrir leur esprit et leur cœur à l'attention de l'autre et au respect de chacun.

Deux romans, pour prendre conscience...

 D'abord celui de Patrick Cauvin, Pourquoi pas nous? (coll. Livre de Poche). On y rencontre un homme et une femme, peu gâtés par la nature, mais attachants et qui méritaient bien, eux aussi, de vivre une histoire d'amour. C'est un récit plaisant, d'un style agréable, d'un comique inattendu.

Par cette histoire, les élèves reconnaissent que la différence, au moins physique, ne signifie rien: on peut être laid et bon à la fois.

Pour l'expression écrite, la lecture du roman fournit l'occasion d'initier les élèves à la description, particulièrement à l'écriture du portrait physique d'un personnage de leur choix.

 Ensuite, le roman de Didier Van Cauwelaert, Un aller simple (Livre de Poche également), où l'on découvre la vie mouvementée d'Aziz, un Marseillais reconduit chez lui par les autorités françaises qui veulent en faire un exemple réussi de retour et de réimplantation dans le pays d'origine.

 L'analyse du roman permet de souligner combien, dans notre société, les apparences peuvent être trompeuses. En effet, derrière le portrait d'Aziz, délinquant d'origine nord-africaine, se cache un personnage généreux, sensible, attentionné... Et qui n'a rien à envier aux Français de souche.

 En expression écrite, les élèves pourront affiner la technique du portrait en insistant sur l'aspect psychologique du personnage.

 Du cinéma, également, et un détour par l'histoire

 De là, nous sommes passés au film de Benito Benigni, La Vie est belle: l'aventure étrange - mélange d'humour et de tragédie - d'une famille juive saisie dans la tourmente fasciste de l'Italie de Mussolini. Évidemment, cette partie a nécessité pas mal d'explications à caractère historique sur le fascisme, les camps de concentration, l'antisémitisme.

 L'analyse du film fait surtout ressortir que les différences établies parfois entre les races, les religions, les gens, ne sont pas fondées.

 Lien facile avec le film La Race des Seigneurs, document diffusé par la RTBF, disponible à la Médiathèque de la Communauté française, qui présente les théories raciales du Troisième Reich et la volonté de Hitler de créer l'homme parfait.

La projection a donné en outre l'occasion d'un apprentissage de la prise de notes.

 Découvrir le monde de la délinquance

Changement de registre, aux alentours de février, avec la lecture de René Barjavel, La peau de César (coll. Folio). C'est un polar bien construit, autour de l'assassinat d'une vedette de théâtre lors de la représentation en plein air, dans les arènes de Nîmes, de la pièce de Shakespeare.

 Vient ensuite la lecture de Bernard Clavel, Malataverne, (coll. J'ai lu), où l'on suit les aventures d'un garçon de 15 ans, délinquant un peu malgré lui.

«Mais quel rapport avec le thème, direz-vous?» Il y en a un (évidemment): je voulais montrer que, même quand les apparences sont contre vous, on a parfois de bonnes raisons d'être différent sans pour autant être méprisable.

Des débats au tribunal

 Ces deux lectures ont donné lieu à un travail qui, je crois, a plu aux élèves:

 1.  La classe a été divisée en deux groupes: l'un travaillait sur Malataverne, l'autre sur La peau de César.

2.  Chaque groupe a ensuite été subdivisé en deux sous-groupes: les avocats de la défense, obligés de défendre les criminels, et les procureurs, chargés de les enfoncer.

3.  Les élèves ont dû chercher et rédiger leurs arguments. 

4.  Le procès fut une occasion privilégiée d'entraînement à l'expression orale: les élèves qui travaillaient sur un roman formant le jury pour le procès de l'autre roman.

5.  Chaque élève a ensuite rédigé un plaidoyer avec les arguments qui l'avaient particulièrement convaincu, la conclusion de ce travail étant le verdict. En somme, une bonne préparation de ce qui sera davantage développé au troisième degré: la pratique du texte argumentatif. 

Quel bilan?

 En occupant les quatre espaces - écouter, parler, lire, écrire - où s'exercent et se  développent les compétences en français, ce parcours visait particulièrement l'entraînement de l'élève à une réflexion aussi méthodique que possible sur des problèmes de société qu'il vit déjà dans le milieu scolaire: Quelles valeurs doivent le guider dans ses relations humaines? Comment exprimer le respect et l'acceptation de l'autre? Comment, dans ces situations, l'élève pourra tirer parti de ses capacités langagières?     

 Les "supports" choisis pour ce parcours, romans, film, reportages... ont permis de travailler sur le double tableau du langage et des valeurs: goût pour la lecture, recherche et traitement des informations, écoute et prise de parole, notamment dans le champ de l'argumentation, d'une part, et d'autre part prise de conscience - souvent à partir du vécu des jeunes - des problèmes actuels de société que sont l'intégration, l'accueil de l'autre...

L'intolérance jusqu'à la shoah...

Quelques documents à consulter

 1. Un ensemble pédagogique intitulé Sur la Shoah¸ (1998), Dijon, CRDP de Bourgogne. Il comprend un livre: Savoir la Shoah, une bibliographie, une revue: Philomèle n° 10 (Le mal impensable), sept plaquettes: Unicité de la Shoah - Shoah: les limites de l'histoire - Shoah: les impasses des explications monocausales - Catholicisme et Shoah - Shoah: le silence français - Shoah et formation citoyenne - Enseigner sur la Shoah et quatre affiches (cartes et plans des camps).

2. Des sites internet:

http://fabrice.isabel.com/shoah/frame.htm  

La shoah vue par de jeunes Juifs d'aujourd'hui.

Documents, débat, livre d'or, photos, témoignages.

http://www.ctw.net/shoah/  - L'organisation de la déportation.

http://www.sdv.fr/judaisme/perso/vigee/vigee.htm  Site de Claude Vigée. Biographie, bibliographie

 

3. Un livre:

Wieviorka A., L'Ère du témoin, Plon, 1998 (intéressant pour identifier les genres de textes...).

début "différence & tolérance" * sommaire & édito102

Les classiques à l'index - Ou l'ordinateur pour explorer des textes

 Luc Muselle ISJB Liège, De la 4e à la 6e

 

«La Corneille Boileau de La Fontaine…»

Nous avons tous appris cette phrase qui nous permettait de mémoriser le nom des classiques.  Des auteurs qui présentent bien des avantages: bien sûr d’abord d’être… classiques; mais aussi une certaine concision, une grande clarté, des dimensions pas trop décourageantes pour nos élèves. Cependant, ils leur apparaissent souvent résolument ringards, ce qui nous les fait parfois abandonner.

A l’autre bout de la ligne du temps, des techniques informatiques, qui devraient normalement intéresser les étudiants. Et cerise sur le gâteau, la Région Wallonne nous offre le matériel!

Telles sont les bases de la démarche proposée: utiliser l’informatique de manière «pointue», en  montrant que l’ordinateur est bien autre chose qu’une super machine à écrire ou, pire, une console de jeux; dépoussiérer nos classiques, raviver leurs couleurs. Il s’agit d’appliquer la technique de l’index à des textes anciens, que l’on aura scannés ou, plus simplement, récupérés sur Internet.

On essaiera en outre de montrer que davantage que les résultats, c’est la démarche qui est à privilégier: d’une part parce qu’on pourra la transférer utilement à d’autres textes, d’autre part parce qu’elle introduit un autre rapport au texte et à la lecture.

1. «Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé.»

Avant tout, une remarque de méthode: l’ordinateur n’est ni créateur ni créatif, il effectue le travail que l’on a mâché pour lui. Cela nous apparaît comme un truisme: en va-t-il de même pour tous nos élèves? En travaillant les index, cette caractéristique de la machine va apparaître de manière évidente.

L’ordinateur ne trouve pas, il prouve. Plus exactement, il infirme ou confirme.  La démarche est une dialectique entre l’observation et la vérification.

*     La lecture du texte (observation) me fait émettre des hypothèses;

*     La mise en œuvre de l’index et l’utilisation des résultats vérifient (ou non) ces hypothèses.

Il  est intéressant de faire remarquer cela aux élèves, en  rapprochant de la démarche scientifique qui ne procède pas autrement. Même si on utilise la machine, l’imagination, la «création» est première.

Quel est donc l’intérêt d’utiliser l’ordinateur, s’il ne fait que confirmer? Simplement, et c’est là la richesse du travail, il peut aussi infirmer. Les hypothèses formulées au feeling vont subir l’épreuve d’une vérification; de là, on pourra  affiner, nuancer; éventuellement, on pourra alors lancer une nouvelle recherche, remaniée ou toute différente…; dans cette démarche, l’élève n’est plus en relation frontale avec le professeur, mais impliqué dans une relation triangulaire où la technique va pouvoir arbitrer leurs différends.

 

2. Définition et technique

Le but d’un index est de pouvoir repérer chaque apparition d’un mot dans un texte, ou de parsemer un texte de mots-clés (par ex. pour y introduire des liens hypertextes). On donnera ici la marche à suivre avec Microsoft Word, mais il va de soi que d’autres traitements de texte récents peuvent convenir.

1.            Faire la liste de tous les mots que l’on veut voir figurer dans l’index.

2.            Une fois cette liste constituée, construire un tableau avec deux colonnes:

       *      La première contiendra le mot avec toutes ses formes.

*       La deuxième la forme qui servira d’entrée.

Exemple: gentil, gentille, gentilles, gentils dans la première colonne - Gentil dans la deuxième.

Pour éviter de copier deux fois la liste, on procède par copier-coller, après avoir trié alphabétiquement la liste de la colonne 1

3.   Pour chaque mot de la colonne 1, insérer une marque d’index: aller dans Insertion, table et index, marquer entrée.

4.   Une fois toute la colonne 1 marquée pour l’index, sauver le document, sous un nom quelconque (indexation, par exemple).

5.            Ouvrir ensuite le document où l’on veut insérer l’index; placer le curseur à la fin du document.

6.   Aller ensuite dans insertion, table et index, marquage automatique  On demande le document qui va servir pour l’indexation: ouvrir alors indexation, puis taper OK.

7.   Si tout marche bien, l’index est généré automatiquement.

On verra dans la quatrième partie toutes les difficultés de cette recherche, ainsi que les implications pédagogiques.

 2. Les textes de base 

Nous partirons essentiellement de deux pièces, le Dom Juan de Molière et Le Cid de Corneille; nous envisagerons rapidement une application à Andromaque de Racine. Il va de soi que, mutatis mutandis, on pourrait appliquer cela à d’autres auteurs.

L’analyse de Don Juan doit beaucoup à Vincent Van Coppenolle qui, lors d’un recyclage, avait insisté sur tout l’aspect économique de l’attitude de Don Juan,  «celui qui ne paie pas ses dettes».

3.1. Felix culpa

Que se serait-il passé si Adam et Ève avaient obéi au Seigneur? Nous ne serions pas là pour faire le récit de la Genèse. Faute heureuse aussi, dans le conte, qui autorise la suite de l’histoire. Cette désobéissance nécessaire au progrès *, indispensable à l’avènement de l’Histoire, c’est ce qu’illustrent nos deux textes «classiques», dans la lecture ici proposée.

[nécessaire au progrès : Et si Blanche Neige obéissait aux nains?  Si Cendrillon  quittait le bal avant minuit? Si la Belle au Bois Dormant évitait toute quenouille? ]

Le classicisme, c’est avant tout l’obéissance aux lois, aux modèles, aux pères. C’est cette opposition obéir / désobéir, imitation / invention, centrale dans la querelle des Anciens et des Modernes, qui va servir pour l’analyse.

[l’obéissance aux lois :Attention, le texte se rebiffe souvent devant les analyses qui suivent aveuglément certains schémas, qui se révèlent alors de véritables lits de Procuste: par exemple, si Rodrigue est, face au Père, le petit doigt sur la couture du pantalon, il va se révéler diantrement désobéissant vis-à-vis du Père de la nation, le Roi, qui n’aime guère voir sa population de nobles décimée en duel…]

Don Rodrigue et Don Juan se retrouvent face à la même structure familiale: pas de mère, ou une mère à peine évoquée, un père très (trop) présent qui se targue d’avoir donné la vie et demande qu’on en tienne compte, qu’on lui «renvoie l’ascenseur». Face à cette exigence de respect des «anciens», Rodrigue va se conduire en «bon fils», Juan en «mauvais», l’un privilégiant le passé et la fidélité, l’autre le futur et le renouvellement.

Une notion essentielle dans le classicisme est celle du devoir: le mot évoque à la fois, et on montrera comment les deux sont liés, l’obligation et la dette. Cette dernière notion sera essentielle pour l’analyse.

Voilà les hypothèses que nous allons tenter de vérifier en utilisant la technique de l’index.

3.2.  «Rodrigue, as-tu du cœur?»

Il n’est pas innocent de commencer l’analyse du Cid par sa citation la plus connue. Elle va nous introduire à une notion fondamentale, celle de la métonymie. En effet, le cœur indique ici son contenu supposé, c’est-à-dire le courage. D’autre part, il nous amène la piste que nous allons suivre, celle du corps.

Rodrigue a donc du courage… Et il va nous le montrer. Comment? En devenant le bras de son père. En filigrane apparaît une autre image, celle de la prothèse. Rodrigue est en quelque sorte téléguidé par son vieux père devenu incapable de se venger lui-même. C’est en tant que prothèse qu’il va agir. Il ne parviendra jamais à rompre cette sorte de cordon ombilical: si l’amour de Chimène est près d’y arriver, il faudra néanmoins la décision du Roi pour le détacher de son père. Chimène est dans la même situation.

Pour Rodrigue (comme pour Chimène), devenir soi-même, naître à soi-même, c’est quitter le corps qui le tient prisonnier du Père. Le Père n’a pas devant lui un fils mais une sorte de clone ; l’absence de la mère viendrait conforter cette hypothèse. On ne peut pas ne pas rapprocher ceci des conceptions freudiennes du meurtre du Père.

une sorte de clone... Si on voulait creuser cette piste, on pourrait se reporter à Albert Jacquard, Moi et les autres, où le biologiste oppose la procréation (un plus un = un troisième, différent des deux premiers) et la reproduction (un devient deux, les deux étant semblables). Le clonage serait alors simple reproduction.

Les fameuses  bienséances, qui interdisent le mariage des deux tourtereaux, apparaissent alors à la fois comme une règle sociale et une règle littéraire: renier la dette du père, de l’ancien, des anciens, c’est se montrer non-classique…

Nous proposons donc la piste du corps: le bras, la main, le cœur, la tête, etc., en posant qu’elle va illustrer l’image de la prothèse, d’un fils qui n’a pas encore quitté le giron paternel.

  sommaire & édito102 * début "classiques à l'index "

 

Quand le bras a failli, l’on en punit la tête. (…)

Qu'on nomme crime, ou non, ce qui fait nos débats,

Sire, j'en suis la tête, il n'en est que le bras. (…)

Immolez donc ce chef que les ans vont ravir

Et conservez pour vous le bras qui peut servir(…)

Elle aime don Rodrigue, et le tient de ma main, (…)

Il m'a prêté sa main, il a tué le Comte; (…)

Et l’arrêt de sa bouche, et le coup de sa main. (…)

On va indexer dans la pièce toutes les parties du corps; une fois l’index obtenu, on pourra observer le fonctionnement de cette métonymie. On verra dans la suite les difficultés de l’opération et ses implications pédagogiques.           

 

3.3. Juan-le-malhonnête.

Loin d’être une prothèse de son père, Don Juan apparaît au contraire comme quelqu’un qui le trahit: mais toute naissance, symbolique ou réelle, toute conquête d’autonomie n’est-elle pas peu ou prou trahison? Comme à Rodrigue, le Père réclame le remboursement de la Dette à qui vous a donné la vie. Mais là où Rodrigue se résout à l’immobilisme de l’imitation, Don Juan refuse la dette pour innover. Il a effectué «le meurtre du père» qui va lui permettre d’être lui-même, différent de son père, différent du passé.

On peut appliquer à Molière le même index qu’on a construit pour Corneille, afin d’observer les différences. Quelques exemples du mot main:

*     c'est un épouseur à toutes mains

*      Sganarelle, regarde un peu ses mains . (…)Elles sont les plus belles du monde; souffrez que je les baise , je vous prie.

*    Eh bien! belle Charlotte, je veux tout ce que vous voulez; abandonnez-moi seulement votre main, et souffrez que, par mille baisers, je lui exprime le ravissement où je suis...

*    Tous les services que nous rend une main  ennemie ne sont d'aucun mérite pour engager notre âme.

*    et si vous répugnez à prêter votre bras  à cette action, vous n'avez qu'à vous retirer et laisser à ma main  la gloire  d'un tel sacrifice.

Une lecture attentive de ces extraits montre la parenté des deux pièces, dont l’une semble parfois la parodie de l’autre! Ce serait une piste à creuser que de chercher, à partir de divers index, les ressemblances entre Corneille et Molière.

Une autre approche pourrait consister dans une recherche sur l’aspect métonymique des différentes parties du corps dans la langue française et partir de là pour construire l’index ou l’exploiter. Par exemple, donner un coup de main, prêter main forte, demander la main de…. Que fait Dom Juan, sinon, littéralement, demander la main de Charlotte (Abandonnez-moi seulement votre main: seulement la main?)

On voit ici l’avantage de l’utilisation du PC: une fois qu’un index est construit, l’appliquer  à un autre texte est un jeu d’enfant, l’affaire de quelques clics. On peut donc se permettre des recherches dont on ne sait si elles vont aboutir, ce qu’une démarche classique, impliquant chaque  fois un processus assez long de relecture, ne permettrait pas.

Une autre piste peut être suivie. Don Juan, c’est l’anti-Rodrigue dans son obéissance au Père; mais Don Juan, c’est aussi l’anti-Cid dans sa « trivialisation sociale » [ On passe aussi de la versification à la prose ] . Don Juan se commet avec la bourgeoisie (monsieur Dimanche), voire avec les paysans: le vocabulaire va s’en ressentir. C’est tout le champ du commerce qu’il faudra explorer.

On créera donc un index spécifique à  Don Juan, celui de l’économie. Cela nous montrera que Don Juan, qui ne paie pas ses dettes, (de naissance vis-à-vis du père, d’argent vis-à-vis de Monsieur Dimanche, d’amour vis-à-vis des femmes) est tout sauf un «Honnête homme», l’idéal de l’époque…

[ ...qui ne paie pas ses dettes : On verra plus loin la duplicité même du vocabulaire, où devoir renvoie à la fois à la dette et à l’obligation, obliger à être obligeant ou à rendre obligatoire, etc. ]

On peut aussi appliquer au Cid l’index économique de Don Juan. On a dit assez que Corneille tentait de faire prévaloir le devoir sur la passion: mais le devoir, on l’a vu, c’est non seulement l’obligation mais aussi la dette; l’amour, c’est l’ingratitude vis-à-vis du Père, son reniement, voire son meurtre.

3.4. Oreste-le-patriote

Andromaque, de Racine,  c’est, de manière tout aussi évidente, l’acceptation ou non de la dette6 que l’on a vis-à-vis de la Patrie, que l’on est tenté de récuser au nom de l’amour. Oreste, Hermione, Andromaque, Pyrrhus, tous sont pris dans ce dilemme. «Racine peint l’homme tel qu’il est, Corneille tel qu’il devrait être.» La notion de devoir, cependant, finit tragiquement par l’emporter, puisque Racine, en grand classique, se défie des passions.

Mais peut-être Racine et Corneille pourraient-ils être opposés à un niveau beaucoup plus formel: en schématisant un peu, pour le plaisir d’arriver à une formule séduisante mais sans doute un peu réductrice, face à la métonymie cornélienne on verrait assez la métaphore racinienne.

Traquer chez l’auteur d’Andromaque le thème du feu ou celui de la chaîne, de l’attachement semble une piste prometteuse. Bien sûr, cela n’est guère nouveau; mais ce qui l’est, c’est la possibilité pour la machine de recenser très vite et de manière fiable toutes les occurrences, pour nous amener peut-être des surprises: le feu métaphorique qui couve dans le cœur d’Andromaque (et des autres protagonistes) n’est-il pas né, en partie, de l’incendie de Troie?

De mes feux mal éteints je reconnus la trace; (…)

Car enfin n'attends pas que mes feux redoublés  (…)

Pour la veuve d'Hector ses feux ont éclaté: (…)

Brûlé de plus de feux que je n'en allumai (…)

Ses feux que je croyais plus ardents que les miens, (…)

Qu'elle allume en un cœur des feux si peu durables? (…)

Et les feux mal couverts n'en éclatent que mieux. (…)

Mais si ce feu, Seigneur, vient à se rallumer? (…)

L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme: (…)

 

4. Les méthodes: machinalement?

 Toute recherche d’occurrences de différents mots peut évidemment se faire sans utiliser l’ordinateur. Cependant, l’utilisation de la machine s’avère précieuse: d’un point de vue pratique, c’est évident; pédagogiquement aussi! 

Deux remarques.

D’abord, signaler à ceux qui ne seraient pas convaincus de l’utilité de l’index pour lui-même la parenté de ce type de démarche avec la recherche par mots-clés sur le réseau ou dans des encyclopédies. Voir à ce propos l’article proposé par la Commission Français et Informatique[

[ La notion de mot-clef et sa difficile application pédagogique, Commission Français et Informatique, http://users.skynet.be/ameurant/francinfo/motcle/motcle.html ]

Ensuite, le caractère transitoire de l’utilisation de la machine: cette phase peut être très courte, une fois les élèves formés à la démarche. En soi, elle est d’ailleurs peu intéressante : ce qui par contre l’est, c’est l’amont et l’aval de la démarche.

        [ peu intéressante... :  Même si elle peut être utilisée plus tard, dans le cadre de la rédaction d’un mémoire universitaire, par exemple…]

4. 1. En amont 

C’est avant la recherche qu’il faut décider les mots qu’on veut trouver. Donc, il faut se construire une banque de mots qui constituent le champ lexical du domaine à explorer. On ne retrouvera que ces mots-là, évidemment!

Divers problèmes vont surgir, tous susceptibles d’exploitation pédagogique. 

*          la «flexion»

*          les problèmes de synonymie

*          les problèmes d’homonymie

*          l’acception métaphorique

*          etc.

 4.1.1. La flexion.

Chercher dans un texte le mot «jamais» ne pose guère difficulté, puisque le mot ne connaît qu’une seule forme. Il en va tout autrement quand on cherche les mots variables.

*          les substantifs varient par le nombre

*          les adjectifs par le genre et le nombre

*          les pronoms par le genre, le nombre et la personne

*          les verbes… ont une foule de formes.

Procéder «à la main», c’est faire confiance au cerveau pour reconnaître les formes. Nous travaillons intelligemment, c’est-à-dire avec toute une série d’implicites [ Cf à ce propos l’article cité plus haut ].que yeux n’est rien d’autre que le pluriel de œil; que vous irez et tu vas sont des formes de aller... Or, la machine travaille machinalement, ne repérant pas du sens, du sémantique, mais de simple chaînes de caractères: à nous donc de lui indiquer que rechercher œil c’est aussi rechercher yeux, etc.

 

4.1.2. Les problèmes d’homonymie

Pas de solution miracle à ce problème. Si on recherche une souris, qu’elle soit informatique ou non, on  tombera sur certaines formes conjuguées du verbe. Le plus simple est de vérifier manuellement. On pourrait spécifier lors de la construction de l’index les formes précédées de tous les déterminants possibles: mais là aussi, comment distinguer un «le» pronom de son homonyme déterminant article? Etc.  Davantage que la résolution de ce problème, c’est la prise de conscience des difficultés qui semble ici essentielle.

 

4.1.3. Les problèmes de synonymie  [ Cf à ce propos l’article cité plus haut, pour les notions d’hyperonymes et d’hyponymes.]

Plus souvent qu’un mot, on cherche dans un texte un thème: par exemple, l’amour, ou le feu, ou la peinture.  Il faudra d’abord lister tous les mots qui font partie de ce «thème», avant de les rentrer dans l’index. Un tri de tous les mots du texte peut être intéressant, ce que la machine permet assez facilement..

 [ Il suffit pour ce faire de remplacer dans le texte les espaces par des marques de paragraphes (édition, remplacer, plus,  spécial), puis de demander la fonction tri (tableau, trier, 1ère clef: paragraphe, ordre croissant). On aura alors tous les mots du texte dans l’ordre alphabétique. Là aussi, on voit que, si elle est incapable de créer, la machine se révèle en revanche imbattable pour les besognes ennuyeuses et répétitives!]

4.1.4. L’acception métaphorique

Bras, ce peut-être le bras de mer ou de fer;  tête, être à la tête de. Chef, la tête ou celui qui dirige. Tout cela peut amener une réflexion profitable sur la langue; d’autre part, il n’est pas sûr qu’une lecture «intelligente» aurait repéré tout ce que la machine met en évidence.

 4.2. En aval: exploiter les résultats.

Après l’obtention de l’index, il s’agit de l’interpréter. Pour reprendre nos deux pièces de base, on va retrouver dans Don Juan le vocabulaire économique, dont on montrera le double sens systématique:

*     Honnête homme: sens XVIIe et sens actuel 

*     Devoir: la dette et l’obligation

*     Obliger: être obligeant ou rendre obligatoire

*     Être attaché: affaire de sentiments ou de prison…

*     Etc.

Cette notion de contrat nous renvoie évidemment au récit primitif qu’est le conte, basé toujours sur la  rupture d’un engagement;  il nous renvoie également à la base même de la société, où l’on doit rendre l’équivalent de ce que l’on a reçu. Donner beaucoup à l’autre, c’est le mettre en position d’obligé (donc dans un lien de servitude), d’où l’on ne sortira que par le fait de rendre la pareille (je ne vous dois rien).

C’est à partir de là que va se faire l’analyse, dans le prolongement des hypothèses de départ (ou éventuellement en opposition).

Dans Le Cid, la structure économique apparaît moins clairement, mais l’aspect contractuel, lui, est assez évident.

 

Une notion intéressante: bruit et silence.

On connaît cette opposition venant de la théorie de l’information: si un filet a des mailles trop fines, il récupère des informations inintéressantes, non pertinentes; s’il les a trop lâches, il laisse passer des informations pertinentes.

 

Pertinentes

Non pertinentes

Sélection

OK

bruit

Non sélection

silence

OK

 

Si on ne pense pas à inclure chef dans les mots désignant les parties du corps, on aboutit à des silences; si on l’inclut, cela amène du bruit, dans la mesure où il désignera parfois autre chose que la tête. Même chose pour le mot tête (être à la tête de), bras (bras de mer). Mais que chef ou tête aient ces deux sens, est-ce vraiment du bruit, ou cela peut-il aider dans la recherche? Même remarque à propos du vocabulaire économique de Dom Juan où quand devoir (avoir une dette) c’est aussi devoir (être forcé de), ou obliger quelqu’un (être obligeant) c’est aussi l’obliger à (le contraindre). Une réflexion sur les outils et les démarches paraît encore une fois essentielle.

Conclusion

Décidément, la machine n’invente rien; c’est à nous d’émettre des hypothèses, d’avoir des intuitions, de créer. Cela paraît primordial non seulement pour le cours de français, mais pour tous les rapports qu’entretiennent les élèves avec le savoir, la science.

Montrer cela aux étudiants, montrer aussi qu’apprendre, c’est se tromper à condition de tirer parti de ses erreurs, semble primordial: la technique de l’index et l’utilisation de l’ordinateur permet en pratique de retrouver une vraie démarche d’apprentissage, où élèves et professeurs peuvent lancer quantité de pistes, les exploiter et «se planter»  sans perte de temps trop importante, se confronter sur pied d’égalité à la technique.

sommaire & édito102 * début "classiques à l'index "

 

ROSA, ROSA, ROSAM... ou l'oral sans peine

Classe de 4e, ISJ, Saint-Hubert * Récit d'Annick Florent

La pratique de l'oral se révèle souvent difficile dans un programme théorique chargé. Dans des classes peuplées d'une vingtaine d'élèves, le professeur répugne à utiliser toutes les heures du sacro-saint cours de français à travailler le verbe. De plus, les adolescents de quinze ans éprouvent souvent quelques réticences à l'idée de se donner en spectacle.

 Cependant, force est de constater que le monde actuel exige la maîtrise de cette dimension linguistique. Voici le récit d'une expérience menée dans une classe de latinistes (ce qui explique le choix du titre!).

 Du projet du professeur...

 Dès le début de l'année scolaire, j'avais en tête un vague projet de spectacle. En septembre, j'ai fixé deux échéances importantes: une récitation individuelle prévue pour novembre et une scène à deux intégrée à l'oral de décembre.

Le répertoire était libre; j'ai tout simplement prodigué quelques conseils, prêté quelques documents, orienté certains choix. Les élèves se sont rendus en bibliothèque, ont exploré différentes pistes.

 Dès la première prestation, le résultat me parut brillant. Le projet mijotait. En décembre, les scènes à deux (ou trois) dépassèrent mes espérances et, en plein cœur de l'hiver, l'idée continua de germer. Dans ce contexte, j'avais également proposé aux élèves de participer, s'ils le souhaitaient, au concours Paroles 2000 et aux rencontres théâtrales désormais connues sous le titre Scènes à deux. Quelques candidats acceptèrent de relever le défi.

 ... au contrat avec chaque élève

 En janvier, le programme s'élabora lentement; il fallut convertir les quelques réfractaires et orienter le répertoire vers un registre moins télévisuel, de façon à éviter l'imitation servile et confortable. Le contrat stipulait que chaque élève effectuait au moins un passage sur la scène.

 Problèmes de rythme...

Du 7 au 11 février, une semaine infernale nous attendait! Toutes les heures de français, toutes les heures d'étude furent affectées à la préparation du spectacle: répétitions, chronométrage, choix de la musique, filage, générale... Il apparut nécessaire d'alterner récitations et scènes théâtrales. Les élèves semblaient nettement plus à l'aise dans les travaux de groupe. Faute de temps, j'ai décidé d'assurer le fil conducteur en présentant brièvement l'auteur, l'époque, le contexte, les acteurs.

... et de choix!

 Pour répondre à la question souvent épineuse du choix de textes, voici un aperçu des extraits sélectionnés lors de l'étape finale.

 Les spectacle débuta par de grands classiques avec des textes de Molière et de Goldoni. Les scènes d'exposition étaient tirées des œuvres Le médecin malgré lui et Les Rustres. Deux traditionnelles disputes de ménage, de quoi assurer une mise en scène dynamique!

 Dans le domaine de la récitation, Raymond Devos conserve la cote parmi les jeunes (L'homme existe, je l'ai rencontré - Sens dessus dessous - Les choses qui disparaissent...); Bruno Coppens séduit également beaucoup par ses jeux de mots subtils (Histoire de deux allumettes - Le Grand défilé). Le registre télévisuel est volontiers exploité avec François Pirette (Roberto de la Razzia) et les incontournables Taloche.

En ce qui concerne le théâtre moderne, les élèves ont sélectionné des textes de Karl Valentin (Le chapelier - Père et fils au sujet de la guerre), de Pierre Dac (Dialogue en forme de bon sens) et Jean-Pierre Dopagne (Des deux côtés de la rue).

 Deux conseils pour la recherche des textes: les éditions Lansman (tél. 064/44.75.11) offrent une panoplie intéressante de textes courts contemporains ou classiques. Il est également possible de se documenter par l'intermédiaire du C.I.T. (Centre d'information théâtrale: 087/33.58.76). Cet organisme fournit, à la demande, une liste en fonction du nombre d'acteurs et du genre.

Ce qu'ils en disent.

En guise de conclusion, je vous livre en vrac les impressions des 4e TGA, après le spectacle Rosa, rosa, rosam. Ce travail oral a fait l'objet d'un compte rendu écrit qui fut souvent rédigé avec une bonne dose d'humour et d'autodérision particulièrement dans les titres dont je vous offre quelques perles.

De l'enfer au paradis de l'oral

La fin du calvaire

Contraints mais (mé?) contents

Plus de peur que de mal

Hollywood, nous voilà!

Satisfaits et remboursés

Diantre... un beau numéro

Une joyeuse entrée

Une expérience intéressante

A renouveler

Tout ce qui ne leur servira pas!... Pas sûr!

Les 4e TGA existent, je les ai rencontrés

Ce que professeur(e) veut, élève le peut

 Dans les écrits des acteurs en herbe, on pourrait discerner le trac, la peur du public, le soulagement final et la joie devant le défi relevé.

 Ne seront-ils pas comédiens parce que Papa ne l'était pas?

sommaire & édito 102  * début "rosa..."

Spectacle, encore...

Petites formes : secrets de fabrication

Jean Bauné et Bernard Grosjean relatent, sous ce titre, dans le supplément du numéro 129 (mai-juin 2000) du Français aujourd'hui (revue de l'AFEF, Ass. fse des ens. de français) une expérience de représentation théâtrale autour de la personne et de l'œuvre de Molière, dans leurs classes de 4e du Collège de Beaufort-en-Vallée (Maine-et-Loire). Nous résumons ci-dessous leur récit .

"Petite forme", puisqu'on se limite à 30 minutes de spectacle!

Constituer un corpus

Recherche de documents à partir des films d'Ariane Mnouchkine et de Bob Wilson, du Roman de Monsieur de Molière de Boulgakov, et lecture d'extraits dans une trentaine de pièces. On retient quatre situations: naissance de Jean-Baptiste, Jean-Baptiste annonce à son père qu'il veut devenir comédien, interdiction de Tartuffe, mort de Molière; et six extraits: monologue d'Harpagon (L'Avare, V,7) leçon de philosophie (Le Bourgeois gentilhomme, II, 4), scène du sac (Les Fourberies de Scapin, III, 2), Charlotte et Mathurine, apparition du Commandeur (Dom Juan, II, 4 et V, 6), la fausse maladie de la fille de Sganarelle (L'Amour médecin, III, 6, Le Malade imaginaire, III, 14).

 Quinze heures... pour trente minutes

 Un espace minimal est défini: tapis, paravent, malle, tissus, grand fauteuil, rampe faite de boîtes de conserve, quelques éléments de costume...

Changements de scène à vue, avec intermèdes muets. Trente élèves répartis en six groupes de cinq improvisent chaque scène: appropriation progressive de la situation et des personnages par essais successifs. Puis chacun rédige des "fiches de vœux" sur le rôle de son choix, la distribution finale ne se faisant que très peu de temps avant chaque spectacle.

 Auto-évaluation au fur et à mesure...

 La petite forme est jouée six fois en deux demi-journées devant un maximum de deux classes à chaque représentation. Les spectateurs sont invités à joindre leurs critiques à celles des acteurs. «Le chantier continue» donc au fil des représentations!

 Et, de cette façon, les joueurs reprécisent leur jeu (parfois les postes de jeu sont échangés) et  montrent les progrès de leur assimilation; ils ont le plaisir de se sentir à l'aise sur la scène avec leurs partenaires.

 

Au croisement de la musique, de la peinture, de la littérature...

Classes de 2e, Collège St-Michel, Gosselies

Récit de Maria Arcuri

 À partir d'une chanson de Richard Cocciante *  1er degré

Article déjà en ligne

 

Documents bruts

Citation, allusion, remaniement...

Documents bruts, c'est-à-dire, outre les références usuelles de la citation, le minimum indispensable au sujet du contexte. Chacun verra comment les exploiter en classe. Les documents oraux sont précédés de l'astérisque (*).

Le réemploi - Une arme du texte d'opinion

1.

1979, 28 juin, revue Valeurs Actuelles, titre, puis sous-titre d'un article sur la construction de l'immeuble du PC, place du Colonel Fabien à Paris: les propriétaires d'un pavillon ont été expropriés, pour permettre cette construction...

COMMUNISTES

Le pavillon des expulsés

Le PC expulse une famille de retraités pour donner à son immeuble une entrée enfin digne de lui.

 

2.

1979, 1er décembre, Le Figaro, titre d'un article sur l'échec d'une réunion du Marché commun à Dublin.

Dublin: Mésentente cordiale

 

3.

Vers 1980, France-Inter, titre d'une émission.

* Art scénique et bouts de ficelles

                [voir plus loin: 1993, 13 février]

4.

Vers1980, slogan de la Sécurité routière.

Pour vivre heureux, vivons casqués

 

5. 

Vers 1980, Henri Béraud - Source non précisée.

La nature a horreur du Gide

 

6.

1981, 11 décembre, Jacques Martin, RTL, ém. Les grosses têtes (Claudel identifié comme auteur de la citation..- Homonymie avec Claudel, marque de beurre).

* Il a fait son beurre, Claudel!

 

7.

1982, Canard enchaîné, titre (les finances du Vatican).

Vatican connexion

 

8.

Vers 1982, titre du reportage TV (France) sur le travail au noir dans la confection.

French confection

 

9. 

1983, 18 janvier, La Libre Belgique (augmentation des tarifs des transports urbains à Bruxelles).

Un tramway nommé désert

 

10. 

1983, 16 juin - RTBF, au sommaire du JT.

ANDROPOV, SUPERTSAR

 

11.

1983, 20 juin, Jean-Claude Gaudin, France Inter (il commente le sondage indiquant une baisse de popularité du Président Mitterrand - 33%).

* Le Président, c'est Monsieur tiers!

 

12.

1985, 1er décembre, France Inter, ém. satirique L'oreille en coin (Nouvelle chaîne TV: La cinq).

* Cachez cette cinq que je ne saurais voir.

 

13.

1985, 3 décembre (MSF doit quitter l'Ethiopie).

Médecins hors frontières

 

14.

Vers 1985 (publicité pour Kickers).

Les habits de mes amis sont mes habits.

 

15.

1989, 20 juillet. - Journal radio RTL,1990, (Election de Jaruzelski à la présidence de la Pologne, à une seule voix de majorité).

La voix étroite

 

16.

1989, durant l'été. Source non identifiée. (Succès de Gorbatchev hors de l'URSS).

Gorbi et orbi

 

17.

1990, 15 mars, Le Canard enchaîné.

Un Vert, ça va; trois Verts, bonjour les dégâts!

 

18.

Vers 1990 - Michel Goldberg, auteur du livre sur les Juifs, intitulé:

Écorché juif

 

19.

1993, 13 février, La Libre Belgique, titre (sol contaminé en Belgique).

Arsenic et Vieille Montagne

sommaire & édito102 * début "réemploi"

20.

1994, décembre, Télérama, article sur le disque compact.

Qu'un son pur abreuve nos sillons!

 

21.

1995, 12 février, FR2, JT de 20h (Troubles sociaux à la Martinique).

Les raisons de la colère

 

22.

1995, 13 janvier, FR2, JT de 20h (Mgr Jacques Gaillot).

[On lui reproche d'être] plus cathodique que catholique.

 

23.

1996, 11 mai, vu dans une pharmacie: publicité pour Sandipro, produit pour arrêter de fumer (sous l'image d'une cigarette).

Ceci n'est pas une cigarette.

 

24.

1996, 4 juillet, Bruno Masure, FR2, JT de 20h (Tour de France, Heulot maillot jaune, étape lac de Madine-Besançon).

*   Sur la route du Tour de France, pas de vacances pour Monsieur Heulot, maillot jaune.

 

25 

1997, août, France-Culture, rediffusion d'une ém. sur Céline, discussion très vive sur la sincérité de celui-ci. Un certain "Martin" - spécialiste de Céline - est évoqué : divergence d'avis sur l'auteur.

*   Enfin Céline vint

En vain Céline feint

 

26. 

1997, 22 octobre, La Libre Belgique, p. 3, avec un dessin de Clou.

Le mercredi noir de la petite enfance : journée portes closes dans les crèches.

 

27. 

1998, 9 février, FR2, JT de 20h (passé nazi de Kurt Waldheim).

Les silences du lieutenant Waldheim

 

28.

1998, 2 septembre, Le Canard enchaîné, p. 4 (risque de faillite d'une agence de logements sociaux).

La faillite, nous voilà!

 

29.

1999, 15 mars, Dominique Jamet, France-Culture, émission  Panorama (avis sur le livre de Jeso Luis de Juan, L'apiculteur de Napoléon, Calmann-Lévy).

*   C'est un mélange d'érudition et d'imagination, un cheval d'érudition et une alouette d'imagination.

 

30.

1999, 14 mai, Le Canard enchaîné, titre p. 8 (François Léotard à Ajaccio avec des manifestants contre la démolition des paillotes).

Léotard: la paillote, nous voilà!

 

31. 

1999, 29 juin, Le Soir, p. 1, titre d'un article sur la tournée du violoniste Nigel Kennedy en Serbie peu après la fin des frappes aériennes.

Un violon sous le toit de Milosevic

 

32.

1999, 22 décembre, Le Canard enchaîné, p.1, encadré (la marée noire de l'Erika touche l'île d'Yeu).

L'oil était dans la tombe et regardait Pétain.

 

33. 

2000, 12 janvier, Le Canard enchaîné, p. 1, double encart évoquant le changement de coiffure de Xavière Tiberi.

Nouveau look. Paris vaut bien une mèche

 

34. 

2000, 2 février, Le Canard enchaîné, page 1 (extrême-droite en Autriche) Surtitre, puis titre:

Haider veut lancer la nouvelle valse de Vienne : Le beau Danube brun

 

35. 

2000, 10 février, La Vie, p. 7, titre (enfants privés de vacances d'été...).

Sous le bitume, pas de plage

 

36. 

2000, 16 février, L'Avenir du Luxembourg, p. 1, titre et photo de poissons morts dans le Danube pollué au cyanure).

Le beau Danube mort

 

37.

2000, 13 juin, Le Soir, p. 4. Rachat de Bass par Interbrew.

Interbrew: main Bass par-dessus la Manche

 

38. 

2000, 3 août, Paris Match, p. 12, Gilles Martin-Chauffier, recension du roman Le siècle écarlate, de Lajos Zilahy, Mercure de France. La Vienne du temps de Sissi: pas si "rose" qu'on croit!

Sissi inquisitrice

 

39. 

2000, 3 août, Paris Match, p. 65, introduction au reportage sur les 100 ans d'Élisabeth II; en face, photo de la Queen Mumm, toute parée de rose (sa couleur préférée).

Et rose elle a vécu beaucoup plus que les roses.

 

40. 

2000, 3 août, Paris Match, p. 64-65, titre sur les deux pages - Reportage sur les 100 ans d'Élisabeth II (née le 4 août 1900).

Du haut de sa tribune, un siècle nous contemple.

 

41.

2000, 11 août, Andrée VERBEKE, Vers l'Avenir, p. 2, titre sur 4 colonnes d'un reportage sur les ardoisières de la région de Bertrix ouvertes au public.

L'ardoise a bonne mine [surtitre: La résurrection d'un passé industriel]  

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