Apprendre à argumenter répond à un objectif de citoyenneté: échange régulé de la parole, capacité de réformuler, de questionner, élaboration en commun de la synthèse, orale ou écrite... 

Alain Boissinot, Conférence à l'IUFM, Brest, 27 septembre 2000 

Influences

Entre deux articles hystériques contre Alexandre Jardin, Josyane Savigneau réfute ironiquement dans Le Monde des livres ma thèse (Lire de décembre) selon laquelle, sans l'influence de Kundera sur les journalistes et les jurés, il est probable que Texaco, de Patrick Chamoiseau, n'aurait pas obtenu le Goncourt. Par parenthèse, je ne vois pas très bien ce qu'il y a d'offensant pour Kundera dans cette histoire. Je précisais bien qu'il ne s'agissait pas d'un complot ni d'une manigance, mais du libre droit d'un grand écrivain comme autrefois Aragon et Mauriac avec Sollers, d'engager son crédit pour un auteur peu connu. Pas non plus de déshonneur pour Chamoiseau de recevoir l'adoubement et le soutien d'un écrivain tel que Kun­dera.

Contre ma thèse, Josyane Savigneau relève que le numéro de L'In­fini, qui contient le texte de Kundera en faveur de Chamoiseau, a précédé de plus d'un an la publication de

Texaco. C'est exact, mais ce numéro de L'Infini a été renvoyé aux journalistes - pour ce qui me concerne avec une dédicace de Kundera sur la cou­verture! - quelques semaines ou quelques jours avant que Texaco paraisse. Et la journaliste du Monde oublie volontaire­ment de signaler que la Fnac, avec évidemment l'accord de Kundera, a fait porter à la presse un tiré à part luxueux de son texte alors que Texaco était déjà sorti. Ces détails confortent en­core davantage ma démonstration du rôle décisif qu'a volontai­rement et subtilement joué Kundera dans l'attribution du Gon­court.

Mais, encore une fois, c'est à son honneur et c'est son droit d'exercer une influence. Et comment ne serais-je pas ravi de sa­voir que Mlle Savigneau éclaire son petit lumignon à la lumière de Milan Kundera et aux rayons Sollers!

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S'approprier un bagage lexical sur l'argumentation, p. ex.:

Thèse - argument - réfuter - démonstration - ironie - concession - polémique, etc.

Observer la situation d'énonciation:

Indices d'énonciation (lieu, temps, prise en compte du vis-à-vis...); vocabulaire valorisant ou dévalorisant...

Identifier les formes d'écriture argumentative:

Arguments logiques, ou non; figures de style; jeu sur le signifiant...

 Chateaubriand

Préface du Voyage en Amérique, 1827, extrait

Voir annexe 2

Repères biographiques, sentiment(s) suscités(s), thèse et arguments, organisation de ceux-ci

Pascal Bruckner

Extrait du Sanglot de l'homme blanc (1983)

Voir annexe 3

Thèse et arguments, organisation de ces arguments 

Jacques Lacarrière

Texte de 1989 (grand voyageur, helléniste...)

Voir annexe 4

Thèse et arguments, vocabulaire valorisant sa thèse et dévalorisant la thèse contraire

TELESTAR

 Déc. 2007, Bruno Solo en Mongolie

Voir annexes 5

Série Rendez-vous en terre inconnue

Le style de l'interview

La mise en page (texte, images, couleurs)

Bernard Delattre

 Odyssée bleue dans les îles de la mer Égée, in Champ libre, La Libre Belgique, 28.10. 1994

Thèse, antithèse et arguments

Est-il bon que les communications entre les hommes soient devenues aussi faciles? Les nations ne conserveraient-elles pas mieux leur caractère en s'ignorant les unes les autres, en gardant une fidélité religieuse aux habitudes et aux traditions de leurs pères? J'ai vu, dans ma jeunesse, de vieux Bretons murmurer contre les chemins que l'on voulait ouvrir dans leurs bois alors même que ces chemins devaient élever la valeur des propriétés riveraines.

Je sais qu'on peut appuyer ce système de déclamations fort tou­chantes: le bon vieux temps a sans doute son mérite; mais il faut se souvenir qu'un état politique n'en est pas meilleur parce qu'il est caduc et routinier; autrement il faudrait con­venir que le despotisme de la Chine et de l'Inde, où rien n'a changé depuis trois mille ans, est ce qu'il y a de plus parfait dans ce monde. Je ne vois pourtant pas ce qu'il peut y avoir de si heureux de s'enfermer pendant une quarantaine de siècles avec des peuples en enfance et des tyrans en décré­pitude.

Le goût et l'admiration du stationnaire viennent des jugements faux que l'on porte sur la vérité des faits et sur la nature de l'homme: sur la vérité des faits, parce que l'on

suppose que les anciennes mœurs étaient plus pures que les mœurs modernes; complète erreur; sur la nature des hommes, parce qu'on ne veut pas voir que l'esprit humain est perfectible.

Les gouvernements qui arrêtent l'essor du génie ressemblent à ces oiseleurs qui brisent les ailes de l'aigle pour l'empêcher de prendre son vol.

Enfin, on ne s'élève contre les progrès de la civilisation que par l'obsession des préjugés: on continue à voir les peuples comme on les voyait autrefois, isolés, n'ayant rien de commun dans leurs destinées. Mais si l'on considère l'espèce humaine comme une grande famille qui s'avance vers le même but; si l'on ne s'imagine pas que tout est fait ici-bas pour qu'une petite province, un petit royaume, restent éternellement dans leur ignorance, leur pauvreté, leurs institutions politiques telles que la barbarie, le temps et le hasard les ont produites, alors ce développement de l'industrie, des sciences et des arts, semblera ce qu'il est en effet, une chose légitime et naturelle. Dans ce mouvement universel on reconnaîtra celui de la société, qui, finissant son histoire particulière, commence son histoire générale

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Avant les déplacements de masse, le voyage était une mo­narchie réservée à une élite; le tourisme y a introduit le suffrage quasi universel. Avec lui, l'art de l'errance, jadis apa­nage des riches héritiers et des fils de famille, devient une pratique publique. Est-ce là un crime absolu? S'il faut sans relâche dénoncer les tares du système touristique chaque fois qu'il endommage gravement les équilibres culturels ou écologiques (le problème se pose égale­ment à l'intérieur des pays développés), il faut en mesurer aussi les effets positifs: il est la rançon des pérégrinations. La même logique qui assure à un enfant des classes moyennes ou pauvres de Berlin, Paris, Liverpool, Madrid, Zurich la chance inouïe, pour une somme modique, de toucher en quelques heures des continents distants de milliers de

kilomètres, risque de voir les mêmes enfants adopter sur place une attitude hautaine ou analphabète. En dépit de toutes les déformations, schémati­sations, c'est depuis vingt ans, à travers le biais des odyssées collectives, que les peuples se côtoient au-delà du ghetto politique, linguistique ou professionnel. Mesure-t-on ce qu'un dispositif de contrôle ou de repli à l'intérieur de ses frontières ferait perdre de vitalité au monde, mesure-t-on l'obscurantisme qu'impliqueraient de telles mesures, à savoir la méconnaissance de l'Autre érigée en norme, soit le retour à une barbarie comme le Moyen Age lui-même n'en connut jamais? Et cela jusqu'à atteindre au cœur même du désir de partir, de communiquer?

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Jamais comme aujourd'hui les occasions d'échanges, de rencontres entre humains planétaires n'ont été aussi grandes. Mais plus les communications - au sens géographique du terme - augmentent et s'accélèrent, plus la communication - au sens social du terme - se rétrécit, se ralentit. Bien entendu, chacun est libre de voyager à sa guise, seul, à pied, en roulotte, en deltaplane ou par milliers dans des charters. Mais à quoi bon transporter son corps à l'autre bout du monde si c'est pour conserver en soi, immobiles et indécrottables, ses manies et ses préjugés? Au contraire du voyageur qui, lui, choisit librement son voyage et sait prendre des risques, le voyagé ne choisit rien, expérimente peu. On ne lui en laisse pas le loisir, si l'on peut dire. Ce qu'il veut, en réalité, c'est le plus possible de soleil, le moins possible d'indigènes.

Il recherche un monde climatisé, aseptisé, une

reproduction «mais en chromo» de sa vie terne.

Quand je vois les milliers de touristes installés dans les camps de Grèce et de Tunisie - pays que je connais et que je parcours depuis trente ans -, quand je vois ces véritables colonies vivre en pleine autarcie, sans le moindre contact avec les réalités quotidiennes et sociales du lieu d'implantation, je me dis que de colonie de vacances à colonie tout court, la distance n'est pas très grande. En fait, sans d'ailleurs toujours s'en rendre compte, les agences et les voyagés continuent de coloniser les rives sud de la Méditerranée sous une forme moins violente. Non plus les terres, mais les riva­ges, non plus par le sang, mais par le soleil. En pays étranger, tout voyageur est un ami, tout voyagé est un client. Le client du soleil puisque, pour la première fois depuis des millénaires, le soleil lui aussi est aujourd'hui à vendre.

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Colonnes 1-2-3 - Transcription

Rendez-vous en terre inconnue

TELE STAR: Votre réaction, dans l'avion, quand vous apprenez votre destination?

BRUNO SOLO : J'ai été soufflé. Mais quel plaisir de se retrouver au cheval au milieu de la steppe. Les paysages sont beaux et arides à la fois. Fabuleux!

TS : Quel souvenir gardez-vous de Batbayar, ce paysan qui élève des moutons, des chèvres, des chevaux et des vaches, seul au milieu de nulle part?

BS : Quelle gueule! Un beau visage cuivré, des yeux d'acier, un sourire ravageur. Sans oublier sa poignée de main vigoureuse... Il m'a presque broyé les doigts! (rires) On a partagé tellement de choses en deux semaines.

TS : Dure, la vie de fermier?

BS : C'est clair, on n'était pas là pour jouer les touristes! (rires) Réveil à 5 heures pour aller chercher de l'eau et rafraîchir les bêtes, attraper les poulains au lasso ou tondre les moutons.

TS : Vous n'avez pas eu peur quand Batbayar vous frappe avec des ciseaux parce que vous attrapez mal un mouton?

BS : J'était plutôt énervé. Mais il est venu s'excuser après. Je m'occupais mal de ses bêtes et il a réagi un peu vivement. C'est un homme très sensible, un artiste qui dessine magnifiquement et sculpte des chevaux aussi détaillés que les animaux de François Pompon.

TS : Les moments forts de cette expérience?

BS : Les larmes de Batbayar lorsqu'il apprend que son étalon ne pourra plus convourir. La douche à l'arrosoir. J'ai aussi mangé du fromage dur comme le bois et bu du lait de yack rance dégueulasse!

TS : De quoi vous faire regretter d'être parti?

BS : Non, ce n'est pas ça qui m'arrête. (rires). J'aime voyager, découvrir, partager. Là, j'ai vécu des moments inoubliables.

Colonne 4 - Transcription: Frédéric Lopez / Animateur et producteur de Rendez-vous en terre inconnue /. On est devenus des amis

TELE STAR: Bruno Solo vous aurait demandé de participer à Rendez-vous...?

FREDERIC LOPEZ: Tout à fait. Même si j'avais déjà pensé à lui. Il y a un an au festival de l'Alpe-d'Huez, il m'a vu dans une salle de projection et a crié tout fort: Je ne quitterai pas cette planète avant d'avoir fait Rendez-vous en terre inconnue!.

TS: Vos impressions?

FL: Il a été génial, généreux et plein d'humour. Cette aventure a fait de nous des amis.

TS: Pour vous, le voyage n'a pas été trop dur? 

FL: J'ai attrapé la turista. Je vous laisse imaginer les conséquences de la maladie couplée avec toutes les heures de cheval! (rires)

TS : Votre prochain voyage?

FL : J'en reviens. C'était avec Adriana Karembeu, au nord de l'Ethiopie, en Abyssinie, à 4000 mètres d'altitude. Mais il va faloir encore patienter avant d'en voir les images..  

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Transcription colonnes 1-2

Bruno Solo découvre les valeurs et les traditions des nomades mongols

Frédéric Lopez invite un artiste à découvrir, dans un coin reculé du globe, des hommesqui se battent pour leur survie et pour maintenir leur culture ancestrale.

Pour cette quatrième expéditio, Frédéric Lopez emmène le comédien et humoriste Bruno Solo en plein coeur coeur de la Mongolie. Dans ce pays de steppes arides, plus d'un tiers de la population est nomade. Un million et demi d'éleveurs se partagent un immense territoire, grand comme trois fois la France! Les Mongols coexistent 

dans un environnement sauvage, où le cheval, symbole de liberté, occupe une place centrale. Avec Batbayar, un éleveur de 37 ans, Bruno Solo va découvrir les secrets des cavaliers mongols. C'est à l'âge de 26 ans que Batabyar a quitto son village au nord-ouest de la capitale Oulan-Bator, pour devenir nomade.

Notre avis. Bruno Solo se prête à cette expérience hors du commun avec un réel enthousiasme. Le fantaisiste fait montre d'une grande sensibilité.

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