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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

Numéro 100 - Mars 2000

Mis en ligne : avril 2015

De 1 à 100. De 1975 à 2000 : rétrospective !

Souvenirs, réflexions, témoignages, fac similés, anecdotes, tableau d'honneur...

Mis en ligne : mai 2015

Sommaire

Les stéréotypes du langage religieux - Atelier d'écriture - 6e T & 6e Q

Au fil des projets - 2e Foba

 Variations d'écriture sur la description dans le récit - 4e G

 Le théâtre engagé, à partir de La résistible Ascension d'Arturo Ui, de Brecht - 6e G                  

 «Un cours où nous écoute» - Exprimer l'identité personnelle - 4e TQ

    Les brèves du centenaire: Nouveaux programmes * Les mots (maux) de la terminologie * Congrès FIPF à Paris, juillet 2000 * Balzac commémoré * Courriel * Langue de bois

 Les fables de La Fontaine, point de départ de deux exercices de créativité: écriture et interprétation - 1re A

En guise d'édito

Le prof de français et ses élèves

La lecture le passionne, et ils attrapent son virus.

Il travaille l'écriture devant eux et avec eux.

Plus que le savoir, il leur transmet le désir et les moyens d'y accéder.

Il enseigne moins, et eux apprennent plus.

Apprendre ne va pas de soi ! Alors, pour rester en phase avec eux, volontiers il se fait lui-même apprenti de savoirs complexes, voire périlleux.

Il veille à être, envers eux, plus expert en écoute qu'en réponse.

« Ça n'existe pas!», dis-tu! »

Mais peux-tu entreprendre sans cultiver l'utopie?

J. B.

 

Les stéréotypes du langage religieux

Un atelier d'écriture en 6e T & 6e Q

Récit de Jean-Claude Lichtfus, IND Malmedy

 

En résumé:

A partir d'une réflexion sur la méthode de Vernier (dysfonctionnements du langage et de l'écriture), rechercher des stéréotypes appartenant au langage religieux et les intégrer dans un commentaire original.

AVANT-PROPOS

Cette année (1998-1999), j'ai donné à mes élèves de 6e T et de 6e Q un bref aperçu de deux méthodes d'analyse sociologique.

Le principe de cette analyse est que toute œuvre littéraire s'inscrit dans un contexte social. Pour être bref, l'analyse sociologique se propose comme but de déchiffrer le discours social et de lui donner un sens différent du discours tel qu'il apparaît en surface.

Les deux méthodes:

a/       Le structuralisme génétique de Lucien GOLDMANN  [Pour une sociologie du roman, Gallimard, 1964].qui se propose de dégager une relation entre la structure de l'œuvre et celle de la conscience collective de la classe sociale de l'écrivain.

          A mon humble avis, beaucoup trop compliqué pour des élèves du secondaire. Ce genre d'activité relève d'études universitaires. L'intérêt porté par mes élèves à cette méthode fut d'ailleurs assez... tiède.

b/       Beaucoup plus accessible - et d'ailleurs appréciée par les élèves - est la méthode de France VERNIER [ L'écriture et les textes, Editions sociales, 1977 ]. concernant les dysfonctionnements de l'écriture.

          Le principe en est qu'à chaque époque, la classe dominante impose des normes linguistiques du bon usage de la langue et des normes esthétiques qui régissent la conception de la beauté artistique

          Or, selon Vernier, le langage échappe en partie au contrôle de cette classe dominante; il y a des infractions (dysfonctionnements) aux codes dominants. Et l'auteur de conclure que ces dysfonctionnements du langage sont l'expression de conflits idéologiques.

          Comment, à partir de ces constatations, amener les élèves à produire un texte illustrant cette théorie?

 OBJET DU TRAVAIL

A une époque qui, dit-on, se déchristianise (pratique religieuse en baisse, agnosticisme, contestation parfois virulente de l'Église et de sa hiérarchie...), force est de constater que dans plusieurs domaines, et particulièrement dans celui du journalisme, ceux qui prennent la parole (ou la plume) puisent de manière parfois intensive dans un arsenal de termes et expressions appartenant au langage religieux.

N'est-il pas paradoxal de parler de grand-messe d'un parti dont les membres déclarent en chœur qu'ils n'acceptent "ni Dieu, ni César, ni tribun"!! Que dire, aussi, des sportifs de haut niveau, ces dieux des temps modernes, qui se distinguent à Wembley, à Wimbledon ou à Roland-Garros, dans des stades devenus des temples, voire des cathédrales, quand ce n'est pas des sanctuaires du football ou du tennis? Quant au repentis de la Maffia, confessent-ils leurs méfaits dans l'espoir d'obtenir l'indulgence de leurs juges?

On le voit, ces emprunts au langage religieux sont parfois inattendus, mais ils sont également symboliques. Les souvenirs religieux ne s'effacent pas aussi vite qu'on pourrait le croire, même dans la mémoire des journalistes ou des politiciens, de quelque tendance idéologique qu'ils soient.

          Le travail proposé aux élèves est donc le suivant: choisir un sujet d'actualité et en rédiger un commentaire original en y intégrant le plus possible d'éléments empruntés au langage religieux.

 LES TROIS ÉTAPES DU TRAVAIL

 1.       Constitution d'un lexique comprenant des termes et expressions appartenant au langage religieux, et ayant acquis le statut de stéréotype.

          Méthode: Chaque élève dispose d'un laps de temps (environ 15 jours) pour effectuer ses recherches (presse, radio, télévision, conversations saisies sur le vif...). Au terme de celles-ci, une mise en commun est réalisée en classe. Agréable surprise! La moisson est abondante. L'enquête écrite, mais surtout l'enquête orale, ont été efficaces. Des expressions savoureuses, rares ou oubliées, ont revu le jour.

Je me suis mis moi-même en piste en feuilletant la presse. Quelques jours à peine, et la moisson est abondante (tiens! ces derniers mots me rappellent quelque chose!): Jurer ses grands dieux - La grand-messe du football à la sauce hollandaise - Nous avons un travail de prêche à faire (pour convertir les Wallons à Internet) - L'OTAN a actualisé son catéchisme -Dinant, sanctuaire de la valorisation des produits du terroir - Le pape du nouveau roman (Alain Robbe-Grillet) - Le secteur a sa bible francophone pour 1999 - Les exils du jazz, danse des infidèles - Son pèlerinage à Cannes (Benoît Poelvoorde)...

 

          A titre d'exemple, savez-vous que Déshabiller saint Pierre pour habiller saint Paul signifie résoudre un problème en en créant un autre? Pas mal de ces stéréotypes découverts ont dû faire l'objet d'une explication, ce qui a permis d'accroître leurs connaissances lexicales, et à d'autres, de lever certaines ambigüités: parler du sexe des anges ne signifie pas nécessairement tenir des propos licencieux!

         

Quelques exemples extraits du lexique constitué par la classe:

mettre à l'index

chapitrer quelqu'un

faire des messes basses

rire aux anges

une faiseuse d'anges

un conclave budgétaire

exorciser sa peur

un renégat, un apostat

le bible d'un parti

le sacre d'une équipe de foot

lancer des anathèmes

une poursuite infernale

un schisme au sein d'un parti

baptême du feu, de l'air, d'étudiants

partir en croisade contre

C'est la croix et la bannière

un travail de bénédictin

faire toutes les chapelles (bistrots)

L'évangile d'un libre-penseur (Gabriel Ringlet)

une procédure inquisitoriale

une vision apocalyptique

mettre un projet sur les fonts baptismaux

le P.S.C. poursuit son chemin de croix

L'habit ne fait pas le moine

          Et... mon Dieu, la liste est encore longue!

 

2.       Recherche d'un sujet à commenter et réaction proprement dite. Reprise des travaux: 15 jours plus tard.

          Remarque: les sujets choisis furent assez éclectiques (la crise de la dioxine, la Coupe du Monde de football, le procès d'une avorteuse, les concerts rock de Werchter, etc.).

          Une consigne: Le titre devait, lui aussi, être original et constituer un reflet synthétique du développement qui le suivait. Quelques exemples:

        

        Six ans d'école: une croisade pour la réussite (Loïc Collard, 6e Q)

         La croix et la bannière pour le commerce belge (Paul Pitot, 6e T)

         Le chemin de croix d'une faiseuse d'anges (Dany Heinrichs, 6e Q)

         Les festivals rock: chaque été, presque un rituel (John Prémont, 6e T)

 3.       Évaluation

          Il est évident que ce genre d'exercice procède d'une activité de type essentiellement ludi­que. Ce qui n'exclut pas une certaine rigueur dans sa réalisation. Il ne s'agit pas de truffer son texte d'expressions à connotation religieuse de façon boulimique ou anarchique: encore faut-il les utiliser à bon escient de manière à produire un texte à la fois cohérent, fluide et original.

 Deux constatations:

Certains élèves, performants lorsqu'il s'agit d'activités de type logique (dissertation, commentaire critique...) étaient beaucoup moins à l'aise dans ce genre de travail. S'ils m'ont épargné les traditionnels A quoi ça sert? et Est-ce bien sérieux? inhérents à l'annonce d'un atelier d'écriture, ils se sont pliés bon gré mal gré aux exigences proposées; mais je dois constater que l'originalité ne fut pas toujours au rendez-vous.

D'autres, par contre, d'ordinaire moins rigoureux dans leur structure argumentative, ont accueilli le projet avec plus d'enthousiasme. La liberté de choix quant au sujet à commenter, la possibilité de jouer avec le langage (fonction poétique) leur ont permis de s'exprimer parfois avec beaucoup de bonheur. De Est-ce bien sérieux?, on passait à Enfin, un sujet intéressant!

Et lors de l'évaluation des travaux, ils se sont sentis valorisés, car eux aussi étaient capables - une fois n'est pas coutume - d'être performants.

 POUR CONCLURE

                        Ce type d'exercice appelle quelques réflexions et interrogations:

                   A quelle intention de communication le recours aux stéréotypes d'un tel genre peut-il ré­pondre? Besoin d'innover? Désir de rendre les choses plus solennelles? Désir de marquer son énoncé d'une empreinte personnelle (fonction émotive)? L'intention est-elle parodique? satirique?

                   Quelle action voulons-nous exercer sur l'interlocuteur (fonction conative)? L'emploi des métaphores sanctuaire, grand-messe, cathédrale n'a-t-il pas pour but de sacraliser l'événement qui va se produire dans ces endroits ou de faire prendre conscience qu'en assistant à un concert ou à une finale de coupe, chaque individu contribue à créer par sa participation, une véritable atmosphère de ferveur religieuse?

 Il en va de même dans d'autres domaines. Les métaphores utilisées dans le langage syndical, pour dynamiser les affiliés, sont bien souvent empruntées au champ lexical de l'affrontement (continuer le combat, monter aux barricades, exercer la pression...).

De même, pour sensibiliser le public à la gravité d'une situation et l'inciter à réagir, les métaphores utilisées sont fréquemment empruntées au champ lexical de la médecine (l'économie est malade, la société est gangrenée par la corruption, il faut porter le fer dans la plaie, la potion risque d'être amère...).

On le voit, cet exercice, apparemment anodin, qui consistait à produire un texte en exploitant le champ lexical du langage religieux, a permis de se rendre compte que d'autres champs lexicaux spécifiques servent souvent de "réservoir" pour la création de textes divers et sont révélateurs des intentions d'intercommunication de ceux qui les rédigent.

 

EXTRAITS DE PRODUCTIONS D'ÉLÈVES

Les résultats des dernières élections ont démontré que le citoyen ne dit pas amen à tout. Les partis traditionnels ont payé un lourd tribut à la dioxine. Cependant, la descente aux enfers du P.S.C. et du P.S. aurait pu être plus grave, car les sacro-saints sondages (qui ne sont pas toujours paroles d'Évangile) pronostiquaient des gains plus substantiels pour le P.R.L. et ECOLO. Pour ces derniers, le scandale de la dioxine était du pain bénit. (...) Mettons à l'index tous les partis extrémistes, de droite comme de gauche. C'est crucial pour la démocratie.

Marcus Heinrichs, 6e T

 

Tout a commencé par la découverte de la dioxine dans les œufs et les poulets. Mon Dieu! Quel scandale! Tout le monde a demandé des comptes à J.-L. Dehaene, car il vaut mieux s'adresser à Dieu qu'à ses saints. Le premier ministre a sollicité l'absolution pour la conduite pas très catholique des responsables de l'État. Après, a commencé une poursuite infernale pour trouver les coupables. Tous les aliments suspects ont été mis à l'index. Parallèlement, les inquisiteurs européens cherchaient eux aussi à démasquer ceux par qui le scandale est arrivé: un vrai travail de bénédictin!

(...) Dernière péripétie: J.-L. Dehaene s'est auto-excommunié de la politique. Il l'a avoué publiquement. Mais l'amende honorable du ministre est-elle nécessairement parole d'Évangile?

(...) Juste ciel! Comme si cela ne suffisait pas, voilà que nos gourous de la politique viennent de partir en croisade contre Coca-Cola et frapper d'anathème toute la production délictueuse.

Dans quel monde vivons-nous? L'apocalypse est-elle proche? Tout le monde triche-t-il donc? Quel producteur sans péché oserait jeter la première pierre à la firme Verkest?

Christoph Pfeiffer, 6e Q

 

Les organisateurs des festivals rock considèrent leur métier comme un sacerdoce. Cette année, l'affiche est très impressionnante: Sarah Betters et ses acolytes du groupe K's Choice, R.E.M., Fat Boy Slim...

(...) Werchter est le temple des concerts. Imaginez un public survolté dans une immense arène, acclamant ses idoles dans une ferveur indescriptible. Bref, une véritable communion de 30.000 fidèles. C'est du pain bénit pour les organisateurs. Mais les 30.000 fidèles ne sont pas tous des saints. L'assemblée compte aussi quelques larrons qui s'adonnent à des pratiques pas très catholiques (cannabis, alcool et autres nectars divins).

(...) Si, par malheur, vous n'avez jamais assisté à une de ces grand-messes du rock, n'hésitez pas; venez à Werchter, votre baptême sera réussi.

John Prémont, 6e T

 

 

(...) Plus récemment, la France est choisie comme pays organisateur du Mondial 98. Le défi à relever est colossal. Fini, à la Fédération, de discuter du sexe des anges! Le projet de création d'un nouveau stade est mis sur les fonts baptismaux. Le gouvernement français veut doter Paris de son temple du football. Si Londres a Wembley, Paris aura son Stade de France!

Quatre ans avant l'échéance, un nouvel entraîneur est intronisé: Aimé Jacquet. Fils d'un ouvrier, il a été aléseur dans sa jeunesse et ne possède pas un grand palmarès comme joueur. Mais l'habit ne fait pas le moine. Il va le prouver.

Ses débuts sont difficiles. Chaque mauvais résultat de son équipe provoque un tollé et les messes basses vont bon train tant à la Fédération que dans les estaminets de province. Certains journalistes peu scrupuleux lui lancèrent même des anathèmes sur une chaîne de télévision. Voilà qui n'est pas une attitude très catholique, et notre sélectionneur ne leur donnera jamais son absolution, même au terme du Mondial. Remarquons que, tout au long de ces quatre années, tous les joueurs continueront à faire confiance à leur gourou. Grâce à une motivation permanente et un excellent esprit de collectivité, le sacre tant attendu est atteint: la France bat le Brésil en finale. La fille aînée de l'Église est championne du Monde! C'est l'apothéose.

François


 

AU FIL DES PROJETS

Un récit de Christiane Authelet et Carine Guillaume

ISF, Virton, classe de 2 P Foba

 Si le cours de GCPP (gestion collective de projets pluridisciplinaires) apparaît parfois comme étant vide de sens, voire non fondé, l'expérience vécue l'an dernier en 2 P FOBA à l'ISF tente ici de nous prouver le contraire.[FOBA : formation de base]

 En effet, guidés par les deux responsables de ce cours - Agnès Génicot et Nicole Hénuset - qui forment une équipe motivée, compétente et organisée, les professeurs de chaque cours impliqué peuvent aisément "faire le ménage" de leur matière…

 C'est dire que le courant passe bien entre enseignants, élément capital pour faire aboutir et rendre profitable tout projet collectif. Et le courant passe bien aussi entre les enseignants et les élèves: ceux-ci savent même à l'occasion se montrer impatients, voire exigeants, vis-à-vis de nous! Chaque projet est vraiment le projet de tous.

 Un projet est aussi un moyen de faire "croire et adhérer au cours de français": la réalisation du projet nécessite la performance et la réussite dans des formes variées de communications écrites ou orales. C'est bien plus intéressant que des exercices pratiqués artificiellement.

 Et les élèves le découvrent bien vite! Ils veulent quelque chose qui a du sens.

 Pour ce qui concerne notre classe, nous disposons de quatre heures de français et de trois heures d'expression et communication (choix d'école). C'est une chance que nous souhaitons à des collègues d'autres écoles...

Dès novembre, les bases sont établies : objectifs à moyen et long termes, implication de chaque cours selon les projets.

Tout au long du déroulement de chaque projet, les carnets de bord des élèves, aussi bien que les panneaux muraux avec la liste détaillée des opérations, soutiennent la vitesse de croisière et précisent le cap.

Ci-après, sous forme de schéma, les différentes interventions concernant nos cours de français.

Chaque tableau est suivi d'un descriptif d'activités, où sont distinguées:

les activités proprement langagières, qui sont principalement de notre ressort,

et les activités transdisciplinaires, où s'engage la "complicité de l'équipe enseignante".

Chaque projet, en effet, chaque problème de vie ne soulèvent-ils pas des questions relevant de disciplines variées: économie, esthétique, histoire, sciences...? Même si telle discipline ne figure pas expressément dans la liste des cours de 2e FOBA, nous faisons nôtres les curiosités et les questions de nos élèves pour "aller voir" et nous informer en dehors de nos horizons coutumiers.                                                                          

«Mettre en évidence les liens entre les différents savoirs ne peut qu'éveiller la curiosité des adolescents, comme celle de tout être humain désireux de se situer dans la communauté humaine et dans la vie en général.»  - Edgar Morin, interview parue dans La Vie, 2 avril 1998, n° 2744, p. 21.

La belle aventure de découvrir ensemble!

PROJETS

APPRENTISSAGES

 

 1. Le Marché de Noël

SAVOIR

= Réalisation d'affiches:

® notion de slogan

® utilisation de l'impératif

= Relation avec le client

 

® apprentissage des formules de politesse

SAVOIR FAIRE

® organisation d'une page

 

® prise de contact

® maintien

 

 

SAVOIR-ÊTRE

® travail de groupes

 

 

® notion de respect

® "public-relation"

 Activités langagières:

Entraînement à l'écriture de slogans:

variations sur le rythme, sur la sonorité (répétitions de sons), sur la construction grammaticale, sur le verbe à l'impératif.

Pratiques orales: petits scénarios pour "placer" des formules de politesses (s'excuser, requérir...); prise de parole, écoute mutuelle dans le travail de groupes (importance de la reformulation). 

 Activités transdisciplinaires (complicité des collègues...):

Observer des affiches comme objets esthétiques, avec leurs moyens de mise en valeur (le "dessin" du texte, le dessin dans le texte); découvrir le monde de l'imprimerie, de la publicité; découvrir les commerces locaux; s'informer sur la comptabilité (budget, recette, dépense, bilan...).

 

 

 

2. Voyage culturel et récréatif

 

     Le Château de Vianden et la patinoire de Kockelscheuer

 

SAVOIR

 

= Utilisation correcte du téléphone

® élaboration collective des messages (présentation, demande de renseignements, réservations...).

= Lettre d'information aux parents

 

= Communications verbales

® à la direction

® aux responsables de l'internat

= Charte de comportement

 

= Légende des photos prises lors de cette  journée

® décrire en peu de mots

® orthographe

SAVOIR FAIRE

 

® entrée en conversation

® rapport au groupe-classe des informa­tions reçues

 

 

® mise en page, via le traitement de texte

 

® Adaptation du message au récepteur

 

 

® Énoncé de règles (pratique du texte injonctif)

 

 

® Correspondance texte / image

® Manipulation du dictionnaire

SAVOIR-ÊTRE

 

® politesse, langage correct

 

 

 

 

 

 

® Répercussion de l'information en fonction du destinataire

 

 

 

 

® Attention portée aux différentes situations possibles

 

® Imagination

® Rigueur

 

Activités langagières:

Le travail de la voix au téléphone: maîtriser l'intensité, le rythme, la diction; se présenter; énoncer l'objet de la communication; prendre congé.

Prendre des notes en téléphonant.

Rendre compte aux condisciples: reformuler fidèlement, synthétiser l'information reçue.

Pratiquer des écritures variées: solliciter (lettre), enjoindre (charte), plaire ou informer (légendes de photos); et  observer les manières variées d'y prendre en compte le destinataire.

 Activités transdisciplinaires:

Lecture de cartes (l'échelle, le relief, l'hydrographie, les signes de la carte routière...); établissement d'un horaire (distances, minutage...).

Le château a une histoire... La vie au moyen âge

Les aspects financiers (comparer des offres de prix, prendre une assurance)

L'esthétique de la carte postale ("Pourquoi c'est beau ou pas beau...?"); une information - documents à l'appui - sur la pratique de la photographie (plans, profondeur, couleurs, lumière, trucages...).

La carte postale comme document historique ou (auto)biographique, comme objet de collection.

 

 

 

3. Journée Portes ouvertes

 Thème: l'EUROPE

SAVOIR

 

= Rédaction de lettres de demande de documentation auprès de divers organismes

 = Code oral

SAVOIR FAIRE

 

® Repérage des renseignements utiles

 

 

® Attitude face aux visiteurs

® Compétence

SAVOIR-ÊTRE

 

® Correction dans le langage écrit

® Souci de remercier

 

  

 ® Accueil

 

 Activités langagières:

Ecrire permet de découvrir des contraintes particulières: prise en compte du destinataire (souvent anonyme mais plutôt important... ); clarté dans la demande (quoi, à quelle occasion...); formules de politesse.

Lecture des documents reçus: comprendre, sélectionner, reformuler les informations.

Prendre la parole: Comment présenter ces informations au public? Bien connaître son "sujet" pour expliquer, répondre aux questions des visiteurs...

Apprendre à garder son calme: dominer l'angoisse ou... le fou rire!

Comparer les usages de politesse à l'écrit, à l'oral (analyser comment se fera - s'est fait - l'accueil des visiteurs: soigner la tenue, le geste et le regard; saluer, répondre, expliquer)

Maîtriser (découverte, création) des langages non verbaux: images, graphiques, pictogrammes, fléchage d'itinéraire.

 

Activités transdisciplinaires:

Bien des disciplines sont sollicitées...:

* savoir traduire... parce que tout n'est peut-être pas "en français" dans les documents qui nous parviennent.

* interpréter correctement des statistiques sur la population, l'économie, le tourisme.

* exploiter des informations, des images sur l'histoire des pays, leur culture, leurs artistes.

* présenter, réaliser et offrir des recettes culinaires des pays d'Europe.

* se mettre en costume national: tyrolien, andalou, gitan, savoyard, écossais et bien d'autres.

 

 

 

4. Journée "verte"

SAVOIR

 

= Rédaction des questions pour le jeu de piste

® formulation des questions

® notion de questionnaire à choix multiples

SAVOIR FAIRE

 

® Mise en page d'un questionnaire diversifié et pluridisciplinaire

SAVOIR-ÊTRE

 

® Fair-play lors des épreuves et de leur correction

 

® respecter le "code de conduite" rédigé pour le projet 2

 Activités langagières:

Parler avant d'écrire...: échange oral pour définir l'espace du jeu, les épreuves à effectuer (quel niveau de difficulté?), les moyens de corriger les réponses; négociation en cas de divergence (écoute, tolérance...).

Rédiger des questions: ou bien des questions qui amènent "oui" ou "non"? ou bien avec des mots comme "quand", "comment", "qui", "pourquoi"...? Sont-elles assez claires? Pour le vérifier, les tester entre nous.

 Activités transdisciplinaires:

Des questions portent sur des domaines variés: quantités, pourcentages ou moyennes...; légendes ou événements historiques; climat, relief ou hydrographie...; monuments ou œuvres d'art... Trouver les réponses exactes nécessite des démarches: témoins locaux, bibliothèques, recherches sur le terrain, questions aux professeurs.

 

 Dans le carnet de bord de Blandine G.

Chaque élève tient son carnet de bord - un document d'une cinquantaine de pages - qui relate fidèlement le déroulement des projets. 

 

 

Beaucoup de traces personnelles de ce parcours en quatre étapes

par exemple:

* un débat va avoir lieu...

elle donne les arguments et les avis qu'elle voudrait défendre...

* le débat a eu lieu:

elle met en parallèle son point de vue et les décisions du groupe

* le projet a abouti

elle distingue les "pertes et les profits"

etc.

Pour Blandine et pour les autres,

écrire, c'est construire des savoirs, se découvrir des capacités et les développer, créer des liens, affirmer sa personnalité... 

 

Savoir où l'on va... 

 

Variations d'écriture sur la description dans le récit

Classe de 3e - Jean-Marie Pierre, ISMA, Arlon

A.      Pour préparer l'écriture, quelques outils de lecture dans ma "trousse de travail"...


Des outils... parmi d'autres ! Exemples: choisir le point de vue (mélioratif, péjoratif...), la forme énonciative (instance ou distance du locuteur...), le genre textuel (l'article du Larousse n'est pas la satire, le fantastique n'est pas le fait divers...). C'est dire que l'apprentissage se fait par étapes ! Dans la partie A, la rédaction de LMDP propose quelques préalables...ou prolongements possibles. La partie B relate l'activité dirigée par J.-M. Pierre dans ses classes de 3e

A part le dernier travail effectué à domicile, tout s'est déroulé en classe, les essais étant transcrits au tableau, commentés, appréciés de concert, remaniés par les auteurs... Ce qui les valorise beaucoup aux yeux de leurs pairs. Ce qui, à terme, crée un climat de reconnaissance de la valeur de chacun.


1. La description, souvent liée à l'histoire par ses références à l'écoulement du temps...

Maurice Genevoix, La dernière harde, 1938, coll. J'ai lu

Le Rouge, comme il l'avait prévu, s'est forlongé sur l'autre bord de la rivière. Lui aussi, dans sa reposée, il se recueille et répare ses forces. Dans le calme, c'est une bête sauvage. Il y a ce pelage mouillé, ces jambes raidies par le froid de l'eau. Il se réchauffe, il laisse les ondes de son sang courir à travers toutes ses fibres. Il a moins froid, son poil fume et sèche. Dans le calme... Il écoute le silence de la nuit. S'il pense encore aux cris des chiens dans la forêt, dans la plaine, il écoute davantage le silence. Il mange, couché, les feuilles qui le recouvrent. Le temps passe, la lente, l'apaisante nuit, pendant que son corps se réchauffe et que la force, peu à peu, revient combler l'épaisseur de ses muscles. (P. 194)

La forêt, peu à peu, sortait de sa longue pâmoison. L'humus de nouveau fermentait. Ce n'était plus l'odeur grisante du printemps, mais un relent plus épais et plus lourd qui entrait loin dans la gorge des bêtes. Les champignons poussaient en ribambelles. Des chapelets de grosses bulles s'élevaient du fond des étangs que les colchiques fleurissaient sur leurs bords. Les oiseaux se rassemblaient en bandes, tiraient vers les lisières en essaims tourbillonnants. Silencieux depuis des semaines, ils avaient retrouvé une voix: non plus leur chant sonore d'avril, mais une petite voix aigre qui jaillissait en piaillements énervés. (P. 51)

Colette, La maison de Claudine, 1922, coll. L. P.

Une odeur de gazon écrasé traîne sur la pelouse, non fauchée, épaisse, que les jeux, comme une lourde grêle, ont versée en tous sens. Des petits talons furieux ont fouillé les allées, rejeté le gravier sur les plates-bandes; une corde à sauter pend au bras de la pompe; les assiettes d'un ménage de poupée, grandes comme des marguerites, étoilent l'herbe; un long miaulement ennuyé annonce la fin du jour, l'éveil des chats, l'approche du dîner. (P. 21)

Elle riait volontiers, d'un rire jeune et aigu qui mouillait ses yeux de larmes, et qu'elle se reprochait après comme un manquement à la dignité d'une mère chargée de quatre enfants et de soucis d'argent. Elle maîtrisait les cascades de son rire, se gourmandait sévèrement: "Allons! voyons!..." puis cédait à une rechute de rire qui faisait trembler son pince-nez. (P. 125)

 

A gauche comme à droite, l'intention descriptive est dominante: formes, mouvements, attitudes, bruits, lumières, odeurs, plantes, objets... sont représentés, comme photographiés, enregistrés, dénombrés...

Le temps verbal de référence est tantôt le présent (à gauche) tantôt l'imparfait (à droite).

En réalité - et on le voit dans nos exemples - la description n'est pas isolée du mouvement narratif; elle ouvre sur le passé ou le futur, proche ou lointain...: la description est solidaire du mouvement narratif,

* par des formes verbales

comme il l'avait prévu (p.q.p), s'est forlongé (p.comp.), ont versée (id.); ont fouillé (id.)...

ils avaient retrouvé (p.q.p)...

Des formes verbales, non présentes ici, peuvent reporter au futur - Exemple: Tout repose (reposait), tout est (était) calme, l'air est (était) immobile; mais l'orage va (allait) éclater; la peur gagnera (gagnerait) le village...

 * par des connecteurs (adverbes, prépositions...) ou autres "lexèmes" (noms, verbes, adjectifs...)

il a moins froid...; il pense encore aux cris...; la force, peu à peu, revient...; il répare ses forces...; se réchauffe...; le temps passe...; une odeur traîne...; le miaulement annonce...

peu à peu...; ce n'était plus...;

elle se reprochait après...; puis cédait...;

une rechute de rire

 

2.         La description peut être comme la métaphore d'une péripétie, voire de tout le récit...

Flaubert, Bouvard et Pécuchet  

Éd. Gallimard, p. 258.

 

Un après-midi de la semaine suivante, - c’était chez elle dans son jardin; les bourgeons commençaient à s’ouvrir ; et il y avait, entre les nuées, de grands espaces bleus, - elle se baissa pour cueillir des violettes, et dit, en les présentant:

- «Saluez Mme Bouvard!»

- «Comment ! Est-ce vrai?»

- «Parfaitement vrai.»

Il voulut la saisir dans ses bras, elle le repoussa.

[Une veuve qui sollicite le héros...]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La métaphore jardinière et printanière de la péripétie du bouquet offert par la veuve. On est dans le registre du romanesque, qui rime ici  plutôt avec... grotesque!

Zola, Germinal

(VII, 6 - LP,  p. 302)

 

Maintenant, en plein ciel, le soleil d'avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, les champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s'allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d'un besoin de chaleur et de lumière. Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des germes s'épandait en un grand baiser.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un "classique" de la description, image de la dynamique du roman: germination, printemps, enfantement, lumière... pour ceux qui surgissent des ténèbres de la mine.  Registre de l'épopée.

 Malraux, La condition humaine (L. P., p. 155)

 

C'est Tchen qui répondit:

-   Tant que nous essaierons de lancer la bombe, ça ira mal. Trop de chances d'échec. Et il faut en finir aujourd'hui.

-  S'y prendre autrement n'est pas plus facile, fit Peï.

-   Il y a un moyen.

Les nuages bas et lourds avançaient dans le sens de leur marche, au-dessus du jour jaunâtre, avec un mouvement incertain et pourtant impérieux de destinées. Tchen avait fermé les yeux pour réfléchir, mais marchait toujours; ses camarades attendaient, regardant ce profil courbe qui avançait comme à l'ordinaire le long des murs.

-          Il y a un moyen. Et je crois qu'il n'y en a qu'un: il ne faut pas lancer la bombe; il faut se jeter sous l'auto avec elle.

           La marche continuait à travers les cours défoncées où les enfants ne jouaient plus. Tous trois réfléchissaient.

 

 

Les reparties du dialogue entrecoupent le récit, lui-même entrecoupé par des éléments descriptifs, contrepoint du récit tragique: conspiration, pauvreté, clandestinité, affrontement à la mort... 

 

 B. Passons maintenant aux variations d'écriture sur le "croquis narratif"

Pour faciliter la production écrite de l'élève, on pourrait lui proposer de poursuivre la découverte, de consolider sa compréhension de ce qui a été observé ci-dessus. Une découverte à faire à la bibliothèque ou - pourquoi pas? - dans ses livres à lui, amenés en classe!

Les élèves ignorent, le plus souvent, le contexte des extraits ci-dessous. On peut le leur indiquer brièvement ou, mieux encore, faire émettre des hypothèses plausibles sur l'amont et l'aval de chaque extrait. Et ainsi les aider à faire affleurer dans leur texte le lien entre décrire et raconter...

 

1.   Quel bon temps! Les flocons tourbillonnaient joyeusement, car la bise s'amusait comme une vieille folle: elle décoiffait une cheminée de son capuchon, secouait un sureau endormi sous son pesant manteau, allait miauler sous une porte, lançait trois pelletées de neige sur un seuil, découvrait la route, la nivelait, déshabillait un arbre ou ne lui laissait qu'une toque ou une manche, ouvrait une barrière et replongeait dans les champs. (Jean Tousseul)

                                               Textes d'élèves :

*   La bise glaçait le visage des marins. - La bise faisait danser les herbes rases des prés. - La bise sifflait sur les herbes folles dans la plaine déserte. - La bise déplaçait avec grâce les feuilles gelées. (...)

Chercher d'autres actions de la bise.

 

 

 

  

  

2.   Et la terre, donc! Pendant deux jours, les flocons touffus, moelleux, lui avaient préparé le plus beau manteau de fourrure qu'elle eût jamais porté! Les villages étaient posés dessus, emmitouflés, avec d'épais toits blancs et de blancs coussinets aux rebords des fenêtres. Dans les champs, le long des ruisseaux gelés, des saules étêtés levaient une tignasse ébouriffée tout à fait drôle. (Camille Melloy)

*          (Contrainte: conserver manteau de fourrure) - Pendant deux jours, les toits pentus, recouverts de neige, donnaient à la ville l'aspect d'une jeune fille portant un manteau de fourrure.

(Contrainte: remplacer village par maisons) - Les maisons s'étaient installées par-dessous, enveloppées dans de fins draps blancs, avec des oreillers à la place des cheminées.

(Contrainte: remplacer dans les champs par dans les rues) - Dans les rues, le long des trottoirs enneigés, des voitures prudentes évitaient les piétons apeurés et terrifiés.

 3. Et c'est décembre maintenant, décembre aux matins clairs de givre et de soleil. Décembre! petit vieillard aux cheveux blancs, qu'il semble que l'on voie trottant emmitouflé, battant du pied pour s'échauffer sur la terre sonore, l'œil vif encore, le teint tout animé par l'air piquant de froid, mais dont la toux sèche sonne de loin en loin, comme un cor, l'hallali de l'année dans le vent. (J. Nesmy)

   Et c'est janvier maintenant, janvier aux journées sombres de neige et de nuages. Janvier! petit garçon aux cheveux clairs, que l'on voit trottinant dans le froid, le cœur léger, battant des mains pour cueillir les flocons, la bouche grande ouverte, le visage fouetté par les rafales de la bise, mais dont la jeunesse, telle une renaissance, annonce l'avènement de la nouvelle année.

 4.  C'était la pluie, une pluie à grosses rayures comme de la toile de chanvre, une vraie pluie de Flandre qui mouille sous la peau. Il repartait écouter la pluie sur les routes. Elle clapotait si plaintivement dans les mares; elle gloussait comme une poule malade aux gouttières, pleurait le long des murs au fond des vergers noirs. Les fermes sous leurs toits bas, avec leurs vitres étamées de la buée des marmites, avec leurs volets déteints par la couleur de l'eau, avaient un air frileux de petites arches de Noé regardant à travers leurs hublots s'enfoncer les villages dans la brouée. (C. Lemonnier)        

    *        C'était la neige, une neige à grosses rayures comme de la toile de chanvre, une vraie neige d'Ardenne qui se dépose sur la peau. Il repartait contempler la couche sur les routes. Les flocons chuchotaient doucement autour des mares; ils coulaient comme des larmes tristes aux paupières, s'endormaient au pied des murs.

   *        C'était la neige, une neige à gros flocons comme de l'ouate, une vraie neige d'Ardenne qui craque sous les pas. Il repartait admirer la couche sur les routes. Elle tombait lentement dans les champs, elle recouvrait les fermes, tel(le) un drap immaculé, s'accrochait aux arbres au milieu des vergers blanchis.

 

Un paysage campagnard à replacer en ville.

"Et la ville, donc!"

 

 

 

 

 

 

 

Commence par: "Et c'est janvier maintenant..."

 

 

 

 

 

 

 

Transformer la pluie en neige.

5.                     Imiter en changeant les titres

a.     Le crépuscule. - Il se faufilait dans les sillons, se couchait dans les fossés, s'amassait dans les fourrés, et se déversait lentement sur la terre. (Reymont)

*   Elle se faufilait dans les ruelles, plongeait dans les fossés, se glissait dans les fourrés, s'enfuyait rapidement dans les airs.

*   Elle se faufilait dans les haies, soufflait dans les caniveaux, s'infiltrait dans les branches mortes, glissait rapidement sur les ruisseaux gelés.

 

La bise

b.     L'ombre. - L'ombre peu à peu envahissait la pièce, insidieuse et froide, rasant les murs, glissant sous les tables, s'échappant des coins sombres où le jour elle dormait, bête mystérieuse guettant l'heure grise où refouler la lumière à l'encoignure des fenêtres embuées. (Ailleret)

      *      Peu à peu, il envahissait les rues, perfide et piquant, rasant les portails, glissant sous les voitures, s'échappant des coins froids où, la nuit, il dormait, démon malin guettant l'heure claire où refouler les nuages dans le ciel dégagé.

 

c.     La brume. - Une brume impalpable monte du sol surchauffé, estompe graduellement les formes, arrondit les reliefs, enveloppe les choses de souples velours, met du mystère sur la campagne. Les montagnes se font imprécises, à la fois plus lointaines et plus proches... Les différents plans se confondent; et je ne vois plus, encerclant l'horizon, qu'une vague ligne de crêtes se détachant sur le fond plus clair du ciel. (Gabriel Faure)

     *      Une neige immatérielle tombe du ciel noirci, tapisse petit à petit les arbres rabougris, arrondit les angles, recouvre les champs d'une ouate délicate, fait disparaître les prairies. Les collines deviennent confuses, à la fois plus proches et plus lointaines... Les divers lieux se mêlent, et je ne distingue plus, scrutant péniblement, qu'un paysage imprécis se découpant à peine dans les rafales blanches.

Le gel dans la rue

 

 

 

 

 

 

La neige

6.     Choisir un des trois paragraphes, s'en inspirer, mais l'adapter à l'hiver, avec un nouveau titre.

Amplifier les phrases.  

a.   Douceur matinale. - Il faisait, ce matin, une douceur extrême. Elle cheminait, dans l'air tiède, comme la caresse d'une peau satinée. Elle se frottait à vous comme un chat qui vous frôle. Elle coulait à la fenêtre comme un muscat doré. Le ciel avait levé sa paupière de nuées, et de son œil bleu pâle, paisible, me regardait; et sur mon toit, je voyais un rayon de soleil blond.

  R. Rolland

 b. La pluie augmente, hachant toute la rue de ses diagonales grises, des trombes de vent cinglaient les ardoises des toits, les faisaient cabrioler en l'air et se briser sur les trottoirs avec un bruit sec. L'on entendait le crépitement de l'eau sur les vitres, le hoquet des ruisseaux, les roulades de gorge des tuyaux trop pleins et l'averse ruisselait sur les pavés, s'acharnait sur les tuiles, ravivait l'ocre pâli des murs, le tachant de plaques foncées, dégoulinant tantôt avec un fracas d'avalanches, tantôt avec un grésillement de friture au feu.

 J.-K. Huysmans

c. La course du printemps. - Le printemps courait dans les bois. Chaque matin, je constatais son passage dans les allées. Il accrochait aux arbres des bourgeons nouveaux et des guirlandes de petites feuilles vertes qui paraissaient grimper de branches en branches comme des insectes, et qui, peu à peu, composaient une parure. Sur le gazon, dans la mousse, il ouvrait les clochettes des muguets et sur les haies les églantines. Dans les vergers, il poudrait les pommiers et les cerisiers d'une neige blanche et rose prise aux montagnes encore recouvertes et que les premiers soleils caressaient. Dieu! que tous ces détails quotidiens étaient charmants!

Henry Bordeaux