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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

 

Numéro 099 - Décembre 1999

 

 

Sommaire

1. Paris sur la toile - Préparation d'un voyage scolaire - 3e TQ

2. Construire des écrits avec le professeur... Bruno Coppens - 1er degré

3. Les bouts rimés - Un atelier d'écriture chez Les papous dans la tête - 3e degré

4. Donnez-leur du texte, du son et des images * La chanson française dans tous ses états - 4e G

5. Variations d'écriture narrative - Apprendre à lire... en écrivant - 2e & 3e degrés

6. Il est mort, le poète - Une expérience de TLP plutôt enivrante - 3e d.

7. Généraliser la pratique du travail de longue préparation ? - Bonne idée... à certaines conditions!

En guise d'édito

Flaubert, dans son Dictionnaire des idées reçues...
porte sur l'enseignement un regard particulier.

Baccalauréat – Tonner contre
Encyclopédie – Tonner contre
Érudition – La mépriser comme étant la marque d’un esprit étroit
Grammairiens – Tous pédants
Néologisme – La perte de la langue française
Professeur – Toujours savant

Comme dirait Jean-Luc Delarue...: Ça se discute!

 

Paris sur la toile

Préparation d'un voyage scolaire (3e TQ)

Récit d'Aude Vandenstorm, stagiaire, et de Paul Verheggen

Comment, à l'aide d'Internet, les élèves de 3e Qualification technique travaux publics et boulangerie-pâtisserie de l'Institut technique de Namur ont-ils préparé leur visite de la Ville Lumière?

C'est à l'aide des ordinateurs de leur école que ces élèves ont visité, par groupes de deux, les différents sites officiels présents sur Internet proposant les curiosités de Paris. Pendant quelque quatre heures, ils ont pu se familiariser avec le fonctionnement de cet outil moderne, surfer grâce aux liens hypertextes et, enfin, critiquer, comme des professionnels, la crédibilité et l'originalité des sites explorés.

Enthousiastes et motivés, ils ont ainsi planifié une visite virtuelle de Paris, toile de fond de leur séjour dans la Ville Lumière.

Aude Vandenstorm

 

Première étape: une vue d'ensemble sur les moyens de recherche

 1. Utilise un des moteurs de recherche suivants:       

     - www.yahoo.fr

     - www.altavista.digital.com

     - www.France.ecila.com

     - ...

Décoder: "www"; "fr"; "be"; "com"; "ac", "edu"...

Découvrir:

- les liens et les infos

("ensembles et sous-ensembles"...),

- la ligne de recherche

 

2. Débute en recherchant les sites sur Paris.

       Combien y en a-t-il?

 

Recherche au clavier, ou en cliquant

      

      

Opérateurs "et", "ou": leur fonction, leur "traduction" en français courant?

 3.  Choisis un site sur Paris que tu apprécies.

Quelle est son adresse?

Combien a-t-il déjà eu de visiteurs?

Décoder le jeu d'initiales?

Qu'est-ce qu'un compteur d'accès?

 4. Observe sa présentation.

       Le téléchargement prend-il du temps? Combien y a-t-il de pages? Combien y a-t-il de liens hypertextes? Y a-t-il des photos, de la vidéo, du son?

 5. Examine son contenu.

       Quels sont les différents thèmes? Les informations sont-elles succinctes ou complètes? Répondent-elles aux questions que tu te poses? Connaît-on les créateurs?

 6.Donne ton avis sur le site:

L'as-tu apprécié, et pourquoi?

Vise-t-il d'abord à être précis et détaillé, ou d'abord à être attrayant, agréable?

Aurais-tu ajouté d'autres informations?

Peut-on y "naviguer" facilement (détours par d'autres pages ou sites; retours en arrière; retours à la page d'entrée?

 

Deuxième étape: de la Cité des Sciences au cimetière du Père Lachaise

ou... : du futur au passé

 Consignes:

Choisis www.yahoo.fr comme moteur de recherche.

Pour chaque thème, note l'adresse indiquée.

Visite le site afin de trouver les réponses aux questions.

 

La Cité des Sciences et de     l'Industrie - http://www.cite-sciences.fr

 

*                                             Quel est le diamètre de l'écran de la Géode? (Sens de ce mot en minéralogie, en médecine?)

La Cité des Sciences s'est ouverte le jour du passage de la comète de Halley, c'est-à-dire à quelle date très précisément?

*          Bien d'autres informations apparaissent dans ce site.

Relèves-en quatre, et fais-les découvrir par un autre groupe de condisciples. Pour cela, formule tes questions le plus clairement possible.

 

La butte Montmartre:

 

le Sacré-Cœur, le Moulin de la Galette, le Moulin-Rouge - http://www.montmartrenet.com

*                                             Que signifie le mot Montmartre?

Quelle est l'année de construction de l'actuelle Basilique du Sacré-Cœur?

Profites-en pour visiter l'intérieur!

De combien de moulins était surmontée la butte Montmartre?

Quelles sont les trois destinations d'un moulin?

Quel quadrille déchaîné (sens du mot quadrille?) dansait-on au Moulin-Rouge?

Qu'est devenu le Moulin-Rouge dans les années 30?

Quelle était la profession du fondateur du Moulin-Rouge?

*          Prolongements éventuels: tape successivement sur une ligne de recherche (yahoo, altavista...) les mots suivants, qui t'ouvriront d'autres sites:

Renoir (Auguste) - Offenbach (Jacques) - Tertre (Place du -)...

Observe comment tu retrouves l'évocation de la butte Montmartre?

(Attention! Veille à pouvoir revenir ensuite au site de "Montmartre")

 

La Tour Eiffel - http://www.tour-eiffel.fr

 *                       Combien de visiteurs sont-ils montés au sommet de la Tour Eiffel en 1998?

                                               Quand et où est né son concepteur, Gustave Eiffel ?

 

**                               Et aux environs... Jouer à l'agent de police, ou au guide:

            On aperçoit, de la Tour Eiffel certains monuments ou sites célèbres... Lesquels, par exemple?

Imagine que tu doives décrire à un ami, ou indiquer à un passant égaré, l'itinéraire à suivre pour parvenir à l'un ou l'autre de ces endroits. Tu te sers d'un plan de Paris - tu pourrais d'ailleurs en trouver un sur un site internet! - pour décrire l'itinéraire à suivre.

Tu fais vérifier par un condisciple la précision de ta réponse: va-t-il s'y retrouver?

Rappelle-toi aussi que l'ordinateur peut t'aider à vérifier l'orthographe...

                                               Variante: pourquoi ne pas envoyer par courriel la description d'un itinéraire?

 

La Grande Arche de la Défense - http://www.grandearche.com

*          Que commémorait la construction de l'Arche? (Quel "mot caché" dans le verbe commémorer  t'aide à comprendre celui-ci?)

            Quel est son poids?

*          Prolongements: comme pour la Cité des Sciences, relève sur ce site quatre informations que tu fais découvrir par un autre groupe de condisciples, en leur posant des questions claires.

 Le Musée du Louvre - http://mistral.culture.fr/louvre

*          Quelles sont les huit collections proposées?

            Profites-en pour faire une visite du site?

**        Comme prolongement, dans un prochain cours de français, un échange oral sur quelques découvertes dans les salles du Louvre; pour cela, télécharger éventuellement l'image de telle ou telle œuvre. Beaucoup de curiosité, sûrement, à satisfaire!

            Apprentissage de la description d'une œuvre (peinture, sculpture...).

 

Le Musée d'Orsay - http://www.musee-orsay.fr

*          Cite une œuvre du peintre Vincent Van Gogh se trouvant au Musée.

            Pour quel film le bâtiment a-t-il été utilisé comme cadre de l'action?

            Pour en savoir plus sur Van Gogh, sur le film, sur d'autres musées de Paris...: utilise la ligne de recherche d'un moteur.

 

Le cimetière du Père Lachaise - http://rafale.worldnet/~gargl/isa

*          Le cimetière s'est ouvert le 1er prairial an XII. A quelle date de notre calendrier ce jour correspond-il?

            Dans quelle section (il y en a combien en tout?) se trouve la tombe de Molière? d'Oscar Wilde? de Molière? de Musset?

**        Une remontée dans le temps...

Sur le site ou dans des "supports papier" (dico, manuels d'histoire...), recueille des informations sur ce "père Lachaise", pour en esquisser une brève biographie.

"Copiage interdit": tu dois apprendre à collecter, traiter et reformuler des infos! Copier, ce n'est pas écrire.

 

Un bonjour de Paris...

**        Imaginons pour chaque site visité le texte de la carte postale que nous expédierions à un copain ou à une copine.

Apprentissage du message bref et teinté d'humour.

           

Notes méthodologiques importantes :

 

1.    Pour profiter au mieux du temps disponible devant les écrans (chichement mesuré dans bien des cas...), certains prolongements (ils sont marqués par deux astérisques) se feront plutôt en dehors de la salle du multimédia. En outre, cette façon de procéder permet à long terme de mieux distinguer - puis maîtriser - la lecture et l'écriture de deux langages spécifiques, celui à l'écran et celui sur papier.

2.    Ces prolongements sont destinés à élargir l'éventail des formes de textes: oral / écrit, descriptif / injonctif / narratif / humoristique...

 

début Paris * sommaire & édito 099

Construire des écrits avec le professeur... Bruno Coppens - 1er degré

article déjà un ligne

 

 

Les bouts rimés

France Culture - 28 mars 1999

Un atelier d'écriture chez "Les papous dans la tête"

 Avec une même série de mots, construire des champs de référence différents! Ou encore mettre à mal, par l'écriture, cette idée trop simple qu'un champ lexical est un ensemble fini d'unités lexicales.

 Au cours de cette séance de travail dominicale des "Papous", animée par Françoise Treussard et Bertrand Jérôme, dix mots sont tirés au sort:

 prolétariat - chinois - élastique - friture - patibulaire - os - ravin - trinque - épistémè - tiramisu

Les écrivains présents dans le studio en proposent dix autres rimant avec les dix premiers:

aria - minois - drastique - triture - polaire - carrosse - devin - ornithorynque - tant aimé - dissous

 Ces vingt mots devront être tous employés à la rime dans un texte de vingt vers par Hélène Delavaux, puis par Patrick Besnier (celui-ci laissera de côté deux couples de rimes).

Et voici le travail !

Hélène Delavaux : «Cela s'intitulera, précise-t-elle, Samedi soir.»

 

C'était un bouge affreux, pour le prolétariat.

On n'y entendait pas, certes, que des arias.

Au bar, trônait un ogre à trogne de chinois

Sur un essaim bavard de filles au frais minois.

La morale y était - comment dire? - élastique,

Mais la quête tenue d'une poigne drastique.

L'atmosphère empestait d'une odeur de friture

Et des viscosités de la chair qu'on triture.

Les clients avinés, regard patibulaire,

Venaient s'encanailler, dans leur veste en polaire.

On y risquait toujours de tomber sur un os,

Car les duchesses, ici, n'y roulaient pas carrosse.

(Le carrosse, il était déjà dans le ravin:

Pour savoir cela point n'est besoin d'un devin!)

Dans ces endroits, l'on boit, l'on rugit et l'on trinque

Pour oublier qu'on a une gueule d'ornithorynque

Et qu'en rentrant chez soi, - ô douce épistémè! -

On aura la gueulante de l'être tant aimé

Qui nous avait préparé un tiramisu

Pour recoller les bouts de nos amours dissous.

 

  

Patrick Besnier : Il annonce que c'est l'histoire du philosophe désespéré, précisant qu'il ne prendra pas dans l'ordre les couples de rimes, et que les mètres seront variés.

 

Un soir, dans la rue, un homme patibulaire

Avançait lentement. Le froid était polaire.

Les restaurants fermaient, et l'odeur de friture

S'épandait. C'était l'heure où le garçon triture

Ses clés, en attendant que le dernier minois

De client quitte, enfin, le restaurant chinois.

L'homme était un philosophe aux airs de devin

Qui marchait comme on marche, près du bord d'un ravin.

Il hurla soudain: «Épistémè! Épistémè!

Nous nous sommes tant aimés!

Des luttes du prolétariat,

Jadis, j'ai entonné l'aria.

Si ma morale est élastique,

En théorie, je fus drastique.

Hélas, mon parti est dissous!

Je suis comme un tiramisu!»

 Propositions pour la lecture et pour l'écriture

* Élaborer un champ lexical :

Voir comment les auteurs dessinent progressivement des champs de référence assez différents en associant "leurs mots à eux" aux vingt mots imposés. Ceci illustre le fait qu'un champ lexical n'est pas un ensemble clos, que sa richesse est au contraire la possibilité quasi illimitée de métissage.

*  Un jeu d'écriture en travail de groupe. Par exemple:

1.   Donner une série de mots puis, par groupes de deux ou davantage, imaginer de quoi il pourrait s'agir dans un texte contenant ces mots; et quel(s) titre(s) pourrai(en)t être donné(s) à ce texte...

2.   Tour de table: on constate, d'un groupe à l'autre, en alignant les titres proposés, une grande diversité de champs lexicaux évoqués (peut-être autant de CL que de groupes!).

3.   Puis chaque groupe compose un texte (en prose) qui dessinera encore plus précisément la diversité des champs de référence. 

 

D'un mot à l'autre, l'intervalle pour le "jeu"...

« Si nous ne disposions que d'un réservoir de signes inertes réassortis selon des règles immuables, tout ce qui se dit ne pourrait être que rapporté. En réalité, vivants (non seulement en poésie, cela va de soi) tant que parlés, jetés sans cesse nouvellement dans la mêlée, altérés, détournés de leur destination première, remodelés, abîmés, rafraîchis, les mots nous réservent des surprises à la faveur d'accidents, d'accrocs, de lapsus, de liaisons mal à propos, d'attirances les uns pour les autres qui ne s'expliquent pas, ou à retardement.

Entre eux, l'imprévu règne comme entre les êtres. »

                Pierre CHAPPUIS, Le biais des mots, coll. En lisant en écrivant, José Corti éd., décembre 1998, pp. 65-66-

sommaire & édito 099 * début "bouts rimés"

DONNEZ-LEUR DU TEXTE, DU SON ET DES IMAGES…

Ou "la chanson française dans tous ses états"

Sous-titre emprunté à La Chanson Vade-mecum du professeur de français, J.-L. DUFAYS, F. GRÉGOIRE, A. MAINGAIN, p. 6.

Classe de 4e, ISC, La Roche - Récit de Jean-Louis Rossion

FACE A: premières notes

                        PRÉAMBULE

      Dans certains pays, il y a les vignes, dans d'autres la soie, ici on avait le verbe. On a fait des chansons comme d'autres des canons, on pouvait faire un pays avec des mots. (Félix Leclerc)

Nos jeunes (14-16 ans), le baladeur-walkman à la ceinture, le CD à la main, le regard planté dans MTV, l'oreille collée à Radio Contact ou à NRJ, ne lisent plus, n'écrivent plus. Rengaine maintes fois entendue.

Alors constat d'échec ou... atout pour les cours de langue? Et si ECOUTER/REGARDER donnait l'occasion de LIRE/ECRIRE? Vastes objectifs que ceux-là… mais ils sont les nôtres!

 

       La chanson est un arc avec la voix pour la corde, le texte pour le bois et la musique pour la flèche. (Claude Nougaro)

Notre propos est de présenter les réflexions sur un travail entrepris il y a - déjà - quatre ans, suite à un recyclage (deux fois deux journées) consacré à la chanson française, admirablement orchestré par Jean-Louis Dufays, Alain Maingain et François Grégoire. La méthode d'approche et d'analyse du texte, du son et des images (clips vidéo) a fait l'objet d'une publication, La Chanson, dans la collection Séquences chez Didier Hatier (recueil de textes choisis), d'un Vadémécum (remarquable guide pédagogique aux multiples ressources) et de deux cassettes sonores (Guide sonore et Petite anthologie de la chanson)

C'est précisément cette méthode d'analyse, progressive et cohérente, qui servira de base et de fil conducteur à nos réflexions et constats, en essayant de ne pas trop la paraphraser. Certes, existe-t-il sur le marché de l'édition d'autres ouvrages ou parties d'ouvrages présentant une méthode et un questionnement à propos de la chanson française. Si leur intérêt est évident, nous n'y ferons cependant référence qu'en bibliographie ou en notes de bas de page.

       Une belle chanson, c'est une chanson qui fait joli ménage entre les mots et la musique, le tout soutenu par une idée. (Jacques Brel)

Dans cette FACE A, nous aborderons les points suivants:

1.      FACE AU PUBLIC: notre public-cible.

2.      DONNER LE LA: quelques données de départ.

3.      PROMO: les enjeux.

4.      BÉMOL: quelques contraintes matérielles (avec adresses Internet).

5.      BANDE ANNONCE: la suite… au prochain numéro.

1.         FACE AU PUBLIC

w       La chanson est un art populaire qui parle à tous, elle sert de mot de passe entre toi et moi, nous et eux. (Max Rongier)

Le public-cible de ce travail est la 4e année de l'enseignement général. Nos réflexions, questions, re­marques, relations d'expériences portent sur un travail entrepris pendant le premier trimestre des an­nées scolaires 95-96, 96-97, 97-98 dans les deux classes de 4e (celle de ma collègue, Mademoiselle Françoise Peiffer, et la mienne) et en 98-99 dans une seule classe. Au total, sept classes ont donc suivi cette méthode et ce parcours. Cette année, le travail est effectué à nouveau dans deux classes. Il va sans dire que lors de chaque parcours poésie-chanson, nous avons ajouté, retranché, complété, in­nové… mais aussi repris, en matière d'exercices ou de textes, des exercices "classiques", "qui marchent bien" avec des ados.

Nous avons remarqué que la notion de stéréotype - qu'il soit textuel, thématique, idéologique, vocal, instrumen­tal ou visuel - était assez mal perçue par nos élèves. Cela semble devoir être attribué à… leur jeune âge et à leur manque de références culturelles. Si l'on admet que "les stéréotypes comme repré­sentations sociales et cultu­relles interviennent en tant que systèmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres" ,  l'apprentissage du concept de stéréotypie peut se révéler très fructueux pour des adolescents. Cette année, nous nous sommes servis, en guise d'introduction au con­cept de stéréotypie, d'éléments du manuel De cap en cap 4, faisant lui-même d'ailleurs référence à une matière abordée par les élèves dès la 3e dans De cap en cap 3.

A ce propos, la revue mensuelle BT2 sur les stéréotypes et citée en note 3 est aussi d'une aide pré­cieuse pour ses exemples et illustrations.

Pour les élèves de 5e, nous avons réservé, réservons ou réserverons (les trois verbes se justifient sur les quatre dernières années) l'analyse exhaustive des figures de style dans les clips, l'analyse de la chan­son-spectacle, de même que la chanson et ses institutions, tout d'abord parce que ces trois domaines pourraient faire l'objet d'un parcours de travail d'un trimestre entier et, il faut bien l'avouer, cela semble davantage intéresser des élèves plus âgés ou aguerris à l'étude systématique de chansons et de clips.

Nous avons aussi souhaité vivement, de la part de nos élèves, un transfert, de la théorie et de la pratique d'analyse, du cours de français vers le cours d'anglais puisque la chanson anglaise et les clips de MTV sont une de leurs nourritures essentielles!

De même, nous avons constaté un transfert assez intéressant de la connaissance des cadrages et visées, du jeu de la caméra dans l'analyse de documents télévisuels et de productions cinématographiques. Cette connaissance de la technique de l'image en mouvement sert aussi dans l'analyse d'images fixes ou de dessins, notamment lors­qu'il s'agit d'analyser des Bandes Dessinées. Il peut y avoir là un intéressant vocabulaire technique à apprendre et à utiliser.

 2.         DONNER LE LA

w       Je dis que la chanson, c'est important pour la culture... parce que ça n'a pas l'air culturel. (Léo Ferré)

La motivation des élèves ne posant aucun problème, comment insérer harmonieusement ce parcours Poésie-Chanson dans le programme de la quatrième année?

Il me revient en mémoire une anecdote qui n'est pas sans intérêt quand on parle de chanson et cours de français. Lors d'une des journées de recyclage sur la chanson, mentionné ci-dessus, une dame d'une école assez huppée puisque "formant l'élite de la nation" (sic!), s'offusquait presque de ce qu'allaient penser ses collègues si elle consacrait son temps à analyser des chansons et, chose inavouable, à regarder des clips. N'allait-on pas lui re­procher de faire comme ses collègues de langues étrangères sacri­fiant à la mode MTV? La réponse vint d'un professeur ayant proposé à ses "grands élèves" de l'en­seignement technique ou professionnel d'analyser des textes poétiques. Suite au peu d'intérêt voire au refus de ses élèves, ce professeur leur avait suggéré l'écoute de chansons, de textes de… Renaud, le (faux) loubard au (vrai) blouson de cuir. Après lecture et écoute de chan­sons de Renaud (ouais géant!), ils s'aperçurent que les paroles étaient de… Brassens. Brassens, oui, oui, celui qu'ils n'auraient au grand jamais choisi… et ils trouvèrent cela génial! Et Brassens chantant… Villon? Pas mal non plus! Et ils en vinrent à apprécier la poésie française.

Il y a donc là matière à réflexion: depuis toujours les hommes chantent; et peu importe, finalement, que l'on descende traditionnellement le temps, de l'Antiquité à nos jours, en passant par les châteaux forts des trouba­dours et ménestrels ou que l'on invente au cours de français cette fameuse machine à remonter le temps. Tout est question de motivation et de curiosité.

L'analyse de textes de chansons françaises peut donc s'intégrer parfaitement dans un cours d'histoire de la littérature.

L'objectif n'est-il pas de LIRE?

Et, vu notre public-cible, pourquoi ne pas envisager une activité interdisciplinaire avec le cours d'histoire, basé pour les élèves de 4e sur la période allant du Moyen Âge au début du XIXe siècle?

L'analyse de textes chantés ne serait-elle pas une des façons de s'exercer à ÉCOUTER?

PARLER et ÉCRIRE ne semblent pas non plus des compétences négligées dans ce genre de travail si l'on favorise l'échange d'idées, d'opinions, de constatations à propos d'une chanson et si l'on demande à chacun une prise de notes structurées et conformes à des grilles d'analyse proposées.

Travail traditionnel, à moins que PARLER ne devienne… CHANTER! Qu'ÉCRIRE ne devienne COMPOSER!

L'éducation aux médias est aussi envisagée dans le programme de français du second degré. Quel meilleur support que le CD ou la cassette ou le clip vidéo avec la durée de travail agréable d'une chanson?

Bref, "la chanson française dans tous ses états" a largement sa place dans un cours de français.

 

 3.  PROMO

       La chanson? C'est un dialogue entre la note et la syllabe, qui prend forme et qui vous dit qui vous êtes. (François Leveillée)

Nous vous renvoyons ici, pour plus de détails, à la lecture des p. 3 & 4 du Vadémécum La Chanson déjà cité. Voici six enjeux de l'analyse de chansons françaises écrites, chantées et mises en images:

1.      chanson: moyen d'expression, lieu de projection privilégié par les jeunes;

2.      chanson: part importante du patrimoine culturel francophone;

3.      chanson: support didactique idéal;

4.      chanson: corpus de choix pour l'analyse formelle et thématique;

5.   chanson: matière à analyses externes et institutions à décoder;

6.   chanson: genre mixte où l'on peut exercer les quatre compétences du cours de français.

 4.  BÉMOL

 La chanson? C'est du théâtre, un film, un roman, une idée, un slogan, un acte de foi, une danse, une fête, un deuil, un chant d'amour, une arme de combat, une denrée périssable, une compagnie, un moment de la vie. La VIE.

(Georges Moustaki)

 Le triple intérêt (lire-regarder-écouter) offert par la chanson française est évident. La prise de notes lors des présentations sonores et audiovisuelles est un exercice fort intéressant, leur mise en forme res­pectant une logique propre aux différentes grilles d'analyse proposées en est un autre. Les nuances d'appréciations, surtout lorsque le travail d'analyse se fait par petites équipes (un groupe composé de quatre élèves semble être la bonne formule), constituent un apprentissage également valorisant et enrichissant.

 Il reste cependant quelques obstacles à surmonter pour (se) convaincre d'entamer un travail d'enver­gure sur la chanson française. Voir aussi ce qu'en dit le Vadémécum La Chanson, p. 4 et 5:

a.   La distinction à faire entre poésie chantée et chanson; (la lecture de différents textes peut permettre d'affiner le juge­ment de nos élèves)

b.   Le caractère trop peu sérieux, aux yeux de certains, de la chanson française; (Ferré, Brassens, Brel, Nougaro… et d'autres sont de bons témoins de la défense!)

c.   Les réticences des adolescents à reconnaitre leurs gouts musicaux réels pour la chanson française, la mode et une cer­taine forme de snobisme favorisant bien sûr les chansons en anglais; (analysons dans notre langue maternelle; ensuite appliquons cela en le transposant dans la langue anglaise, chez un(e) collègue inté­ressé(e)  par le décloisonnement! Une suggestion…à souffler dans le creux de l'oreille de nos chers élèves!)

d.   La difficulté de trouver tous les outils et matériaux nécessaires au travail d'analyse approfondi du genre. Il est assez aisé d'obtenir des enregistrements (CD ou cassette audio), la Médiathèque étant ici d'une aide appréciable. Négliger les ressources des élèves serait une erreur. Il ne faut pas oublier de les solliciter en début de parcours. Les gouts musicaux changent d'une année à l'autre et rien ne vaut un travail, du moins pour commencer l'apprentissage du vocabulaire tech­nique nécessaire, basé sur quelque chose de connu sans pour autant renoncer à la qualité.

e.   Les textes (ou paroles ou lyrics) posent parfois problème. Si l'on veut privilégier, respecter et ex­ploiter la présentation de la pochette du CD, il faut passer par l'inévitable photocopie et là, attention à bien respecter les droits d'auteurs. Il ne faut pas perdre de vue que les livrets des compilations, utiles pour apprécier l'évolution d'un artiste, sont très souvent dépourvus de paroles.

Aujourd'hui, les ressources offertes par l'INTERNET sont assez remarquables. Il "suffit" d'aller jeter un coup de souris sur les quelques adresses, ci-dessous. Mais là aussi les droits d'auteurs commencent à jouer d'assez vilains tours à cer­tains sites obligés de fermer leur accès.

 sommaire & édito 099 * début chanson française

 Variations d'écriture narrative

...Apprendre à lire en écrivant

                       D'après une séquence FPE "Variations d'écriture", Iles 1990

L'objectif de l'activité décrite ci-dessous est sans doute moins d'apprendre à écrire que... d'apprendre à lire!

      Assez souvent, nous constatons - même au troisième degré - la difficulté éprouvée par plusieurs jeunes lecteurs de reconstruire la succession chronologique, au fur et à mesure de leur lecture d'un récit, qu'il s'agisse d'un fait divers, d'un reportage, aussi bien que d'une fiction.

      En leur donnant comme matériaux d'écriture une liste de faits dans l'ordre chronologique, à retranscrire ensuite selon diverses "entrées" ou amorces, ils se découvrent une capacité - certes fragile et limitée pour quelques-uns - de bouleverser l'ordre de succession. On peut faire le pari que, grâce à de tels essais d'écriture, les élèves amélioreront leur pratiques de... lecture.

      Des élèves plus experts à l'écrit pourront se voir proposées des variations plus fines, comme celles qui sont énoncées pour les versions f et g.

      Dernière suggestion ou requête:  la lecture partagée des essais des élèves, écoutée par les pairs, appréciée, remaniée par les pairs! C'est bien mieux que le feutre rouge du professeur, lecteur solitaire! C'est d'ailleurs significatif : de plus en plus de collègues procèdent ainsi. Et pas par facilité!

 

1.  Une suite d'événements dans l'ordre chronologique. Ceci, par exemple:

Vers le 15 septembre:

Les Dubuisson rendent visite aux Musty. Pendant la conversation, Madame Angéline Musty déclare incidemment qu'elle aime beaucoup le mobilier de style ancien.

Samedi 19 octobre au matin:

Coup de téléphone des Musty à Madame Dubuisson: «Venez souper chez nous demain soir.» Aussitôt après, Madame Paulette Dubuisson se souvient des paroles prononcées en septembre par Angéline.

Samedi 19 octobre, après-midi:

Les Dubuisson vont à la lustrerie acheter une lampe de chevet de style ancien.

Dimanche 20 octobre:

Paulette Dubuisson, arrivée pour le souper avec son mari, offre à Angéline la lampe de chevet. Bonheur parfait de celle-ci.

 2. Consignes de travail:

      Ensemble, on envisage diverses manières de relater, d'enchaîner les faits en précisant bien qui raconte, à qui on raconte, éventuellement sous forme de reparties alternées dans un dialogue...

Chaque version devra évidemment reprendre tous les faits! Et commencer par l'amorce imposée.

Par exemple:

a/   Samedi 20 octobre, vers 23h - Monsieur Musty, dans la voiture, au retour du souper: «Tu as vu comment Paulette était heureuse de recevoir cette lampe de chevet...?»

b/   Samedi 20 octobre, 23h30 - Angéline téléphone à sa fille Agnès: «Nous revenons à l'instant de chez les Musty...»

c/   Dimanche 21 octobre, fin de la matinée - Paulette téléphone à sa belle-sœur: «Devine un peu ce que les Musty m'ont offert hier soir...»

d/   Samedi 19 octobre, 12h - Pendant le déjeuner, à son mari qui vient de rentrer à la maison: «Les Musty nous invitent à souper demain soir. Tu sais ce qu'on pourrait leur offrir?...»

e/   Mercredi 24 octobre - Monsieur Dubuisson, à un collègue de bureau: «Ma femme et moi, on se demandait ce qu'on pourrait bien offrir...»

     

A la manière de... - Faire de cette succession de faits:

 

f/   Un extrait de polar.

Par exemple:         Étrange, cette façon de reconnaître les lieux un mois avant le crime!

Ou encore:                        Qui l'aurait cru? Deux familles qui s'entendaient si bien!

 

g/   Un extrait de roman d'amour (d'amour... infidèle).

Par exemple:   Décidément, Paulette cachait bien son jeu!

Ou encore:      Très habile, ce Monsieur Musty, qui souscrit avec enthousiasme à l'idée du cadeau!

 

3.   Relire ensemble pour observer... Par exemple:

*    Les formes verbales employées

Dans les versions a à f, quelles formes sont choisies pour imiter l'oral du registre courant? Quelles formes sont choisies pour exprimer le simultané, l'antérieur...? Dans les versions f et g, le système du "passé simple" et autres formes associées peut avoir été préféré par certains élèves.

Cas particulier de la version d: ici, certains faits sont prévus dans l'avenir, et le dernier (le bonheur d'Angéline) aura plutôt la forme d'une conjecture (comment dire le probable, le vraisemblable...?).

*    L'ordre dans lequel sont présentés les faits. Combien de possibilités, mathématiquement? Certaines combinaisons seront mieux venues pour susciter l'intérêt du lecteur... Pourquoi?

*    Les outils de cohérence et de progression:

pronoms (je m'en suis souvenue...; on y a acheté...; elle leur en avait parlé),

substituts nominaux (un cadeau pareil, le magasin, au retour...)

adverbes et autres connecteurs (c'est pourquoi, aussitôt, la veille, par conséquent, plus tard...).

Occasion de réactiver les notions d'anaphore, de cataphore, de progression thématique.

*    L'implication du narrateur:  indices textuels de la distance ou de l'instance, du récit ou du discours?  

 

4.   Prolongements possibles

*    Des élèves prennent l'initiative d'un nouvel atelier d'écriture en proposant, par groupes, d'autres séries de faits et en rédigeant les "amorces" des variations à imposer au groupe "adverse".

*    On donne une phrase censée être extraite d'un récit. Consigne: composer une (au moins une) phrase en amont et une phrase en aval.

S'il s'agit d'une phrase d'auteur, on peut ensuite vérifier comment celui-ci traite la chronologie.

Mais l'exercice sera très motivant si la phrase, réellement saisie sur le vif, est rapportée telle quelle par des élèves: "lambeau" de récit entendu dans le train, sur le trottoir, au marché... Qu'est-ce qu'il pouvait donc bien raconter, celui-là?!

*    Dans "acte 1, scène 1" d'une pièce de théâtre, retrouver les rétroactes, les reformuler d'abord chronologiquement, puis en disloquant l'ordre des faits. Bon moyen de susciter le désir de lire la suite!      

 

Et, pour conclure, nous pourrions méditer ceci :

Si l'enseignant veut remplir sa mission, il doit être lui-même un praticien ; l'écrit ne peut être enseigné valablement que par quelqu'un qui a une pratique personnelle de l'écrit. De plus, l'enseignant doit écrire devant les élèves, avec eux, en intervenant au moment même du processus de production de l'écrit.  

Pierre Saget, Le Français dans le Monde, 192, avril 1985, p. 52 (art. intitulé Le plaisir d'écrire).

 sommaire & édito 099 * début variations

Il est mort, le poète...

Récit d'une expérience de TLP plutôt enivrante

 Anne-Françoise Hansen, ISJ, St-Hubert

 L'évaluation terminale du troisième degré à l'école comprend la réalisation d'un T.L.P., travail de longue préparation, dont la cotation se greffe sur la session de juin.

L'ouvrage, s'il est bien mené, devrait logiquement voir concrétisés les savoir-faire requis au terme du cursus secondaire:

* consulter divers documents pour y sélectionner, apprécier, classer, reformuler les informations;

* élaborer un plan;

*  établir une bibliographie;

*  synthétiser, critiquer, interpréter...

      sans compter les savoir-faire relevant de l'imaginaire, de la sensibilité, et liés à la fonction poétique ou symbolique du langage...

      sans compter également les savoir-faire du travail en équipe.

Il s'agit ici, effectivement, d'un TLP réalisé en équipe par cinq étudiants. Leur aventure a commencé - l'année précédente (1997-1998) - par l'écriture d'une nouvelle dans le cadre d'un cours de renforcement en langue maternelle, et intitulée Il est mort le poète.

 Une déception surmontée...

Le projet initial était de créer cette année un court métrage en guise de travail de fin de sixième année. Le groupe désirait ardemment quitter les sentiers battus. En clair, présenter un projet qui fasse la part belle à la créativité plu­tôt qu'à la compilation de données. Le scénario établi, restait à accueillir le réalisateur pour entamer le travail dans les décors, sous les projecteurs et devant la caméra.

Ce réalisateur avait pourtant bien promis... Hélas, il fallut se rendre à l'évidence: cette personne indispensable faisait faux bond.

Immense déception, à quelques semaines de la date fatidique!

 ...pour mieux rebondir!

 Parallèlement, l'Institut s'apprêtait à vivre un grand moment: la Communauté française, en date du 1er mars 1999, octroyait à notre école la fréquence 106.7 MHZ en FM. Fréquence libre pouvait enfin émettre!

Changement de cap: Roxane, Angélique, François, Jean-François et Dorian décident - puisque le réalisateur s'est évanoui dans la nature... - de s'investir dans la création d'un montage radio inspiré des vieux feuilletons radiophoniques. Ils retravaillent le scénario conformément aux lois imposées par le genre.

Avec la complicité de Patrick François, professeur et initiateur responsable de la radio scolaire dans notre école, ils établissent la conduite de l'émission: carnet de route sur lequel figurent le découpage temporel, bruitages, dialogues, voix off, fond musical; le tout, orchestré séquence par séquence. [Il est également journaliste à Télétourisme et à Bons baisers de chez nous (RTBF radio).]

L'enregistrement est prévu le 21 mai 1999. Les auditeurs de Fréquence Libre découvrent le produit une dizaine de jours plus tard sur an­tenne.

 Les règles du genre...

La transposition d'un nouvelle en roman- feuilleton ne coule pas de source!

En ce qui concerne l'analyse des personnages, par exemple:

les actants de la fiction sont brossés en quelques traits;

le schéma actantiel aide à positionner les forces en présence et à s'imprégner de l'enjeu du récit.

La négociation peut alors être entamée sur base des affinités (et... inimitiés!) du groupe par rapport à ces êtres de papier.

Certains rôles nécessitent le recours à une personne extérieure dont le choix doit être discuté... Ainsi, Madame Bilas, professeur d'anglais, accepte d'incarner la maman de Nicolas; la voix apaisante et charismatique du frère Maurice est sollicitée pour assurer le rôle du narrateur.

Les dialogues sont retravaillés sur base de ces données, en veillant à ne commettre aucune erreur de registre de langage: le professeur, sec et autoritaire, symbole de l'hermétisme du monde adulte face aux aspirations de la jeunesse, ne peut s'exprimer comme la petite sœur dont le côté primesautier  et la voix cristalline appellent un vocabulaire spécifique...

Et c'est là, sans aucun doute, que les heures ont fait défaut. Les tâtonnements et gaspillages d'énergie liés à des aspects purement (...bêtement) pratiques dans la phase initiale du projet ont "précipité" l'étape ultime: le travail de l'oral, qui aurait certainement mérité qu'on lui consacre davantage de temps.

Le thème de la narration - l'histoire romanesque d'un amour tragique... - imposait, par ailleurs, une recherche approfondie sur le mouvement romantique, et des parallélismes s'établirent avec les personnages shakespeariens de Roméo et Juliette; avec Cyrano de Bergerac également.

Un autre chapitre a nourri l'ensemble de la réflexion et fut déterminant dans le choix des morceaux classiques: le romantisme musical aux 19e et 20e siècles permit aux élèves d'appréhender les noms et œuvres de Chopin, Mendelssohn, Berlioz, Wagner, Brahms - entre autres. Les auteurs remportant les suffrages du groupe sont naturellement retenus: Liszt, Mendelssohn, Mozart, Beethoven, ainsi qu'un interprète contemporain, Andrea Boccelli.

L'ensemble du montage radio occupe quelque trente minutes.

Ce qu'on a appris, eux... et moi.

Les étudiants considèrent cette expérience comme une école de vie, avec ses hauts et ses bas. «Apprendre à faire confiance, à discuter d'un problème sans s'énerver, c'est dur.»

 De fait, la démarche de recherche mise en œu­vre dans ce T.L.P. m'a personnellement séduite parce qu'elle comportait une part d'impondéra­ble. Il y a quelque chose de terriblement grisant dans le fait de publier un travail scolaire... Mais par ailleurs, le retentissement extérieur peut s'avérer dangereux dans la mesure où il sanc­tionne le moindre faux pas.

«Oser l'avenir», tel est le slogan de l'enseignement libre de Saint-Hubert . Je crois sincèrement qu'il n'y a de réelle prise de responsabilité pour l'élève que dans le risque.

 *

Liste des TLP (travaux de longue préparation) en français

Séquences de vie - Représentation théâtrale par quatre élèves

Frank Andriat et les jeunes

«La Nuit des Rois» de Shakespeare, un film, une pièce.

Projet radio «Il est mort le poète»: transformation d'une nouvelle afin de la réciter en radio (Fréquence libre) par cinq élèves.

La déontologie des médias: analyse

Salvador Dali et le surréalisme       

Analyse de trois fables de La Fontaine, Le rat des villes et le rat des champs, La cigale et la fourmi, Le lièvre et la tortue.

La vie carcérale permet-elle une véritable réinsertion sociale?

«Chair de poule», une série à la mode

Vision de la médecine au 19e siècle d'après Madame Bovary de Flaubert et Le médecin de campagne de Balzac

Rédaction d'une nouvelle «L'un pour l'autre, ne vous déplaise»

sommaire & édito 099 * début TLP


Libres propos...

Généraliser la pratique du TLP, travail de longue préparation ?

Bonne idée... à certaines conditions!

 Les vérités qu'on cherche sont plus belles que les vérités transmises.

Léon WERTH, Le monde et la ville, Viviane Hamy éd., 1998, p. 14.

 

 Le TLP risque d'être mal engagé s'il sert surtout de vitrine pour l'honneur de l'école, s'il multiplie sans contrôle les couper coller d'informations butinées à gauche et à droite, et surtout s'il est trop marqué de complaisance pour tel ou tel enseignant...

Quelques conditions (parmi d'autres, bien sûr...) nous paraissent essentielles à réaliser pour qu'un TLP ait du sens, produise du fruit, contribue à la formation de son auteur.

 1.  Des techniques d'écrit et d'oral à maîtriser...

Le TLP est un produit qui s'écrit, se lit et se dit (toute science étant un langage). Sa réussite requiert la maîtrise de techniques spécifiques, souvent complexes, d'écrit et d'oral: recherche, sélection et synthèse de données, conduite de l'enquête,  défense devant un jury, et surtout - à chaque étape - pratiques de reformulation.

Tout cela ne va pas de soi ! Laisser l'élève à lui-même sans initiation ni accompagnement dans ces pratiques langagières ne serait ni prudent ni... honnête.

 2.  Des portes à ouvrir...

      Un TLP devrait amener l'élève à sortir d'un champ "unidisciplinaire", à dépasser les horizons de son école: rencontre de personnes ressources, interviews, consultation de documents, mesures sur le terrain... C'est souvent le cas, heureusement. Et tant mieux pour l'élève! Ainsi, il perçoit mieux des réalités que l'école observe parfois de trop loin.

Réussir dans la vie, s'épanouir, c'est aussi apprendre à ajuster ses contacts humains.

 3.   Deux ferveurs à conjuguer...

 

L'élève engagé dans le TLP apprend à travailler de façon indépendante; il n'est pourtant pas un navigateur solitaire; l'accompagnement par l'enseignant demeure indispensable dans un dialogue fait d'évaluation, de conseils, d'exigence, et surtout de ferveur partagée.

Dans ce domaine, comme dans toute action éducative, c'est moins le savoir du prof qui est décisif, que l'ardeur d'une curiosité, l'enthousiasme d'une découverte. « Peut-on accompagner un travail de recherche de l'élève si l'on n'a pas, soi-même, été formé à la recherche et par la recherche, autrement dit au doute scientifique mais aussi à la joie de l'élaboration d'une connaissance nouvelle ? » *

Et ceci encore, qui est vrai de la maternelle à l'université : « Si le maître n'est pas créateur, il ne peut pas demander aux enfants de l'être. » **

 

* Gabriel Langouet, Univ. Descartes (Paris V), Le français dans le monde, n° spécial Les auto-apprentissages, févr.-mars 1992, p. 119

** Khemir Nacer, conteur et cinéaste tunisien; interview, Le français aujourd'hui, n° 119, septembre 1997, p. 7.

       

Faute d'une seule de ces conditions, y regarder à deux fois avant de "lancer le TLP"!

J. Bradfer

 

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