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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

 

Numéro 092 - Mars 1998

Mis en ligne : mars 2015

 

Sommaire

1. Réaliser une revue, Horizons gaumais

2. PEINTURE MURALE, marche à suivre

3. Lire L'Alchimiste de Paulo COELHO * L'histoire d'une classe qui découvre le plaisir de lire...

4. Pour un projet-théâtre: une équipe de travail pluridisciplinaire

5. Lecture de FRISON-ROCHE, Le rapt * Pour découvrir un milieu de vie et... aborder l'argumentation

6. Et qu'est-ce que ça veut dire ? * Décrire et lever l'ambiguïté

7. Activités orales, activités écrites au 3e degré

Andrej PUCHKANIOV, Biélorussie

dessin de couverture de Cartoons 1997; Knokke-Heist, Davidsfonds, éd.

 

Réaliser une revue, Horizons gaumais

Classe de cinquième travaux de bureau

Récit de Michèle Jacquet, ISA, Florenville

 

 

1. Un (long) cheminement de travail en commun

...et les résultats

 

Définir l'objectif, le contenu, les étapes

 

*   Dans le cadre d'une séquence du cours de français intitulée mass médias, nous envisageons de réaliser une revue, et ainsi, en produisant nous-mêmes - de mieux découvrir ce monde de la communication. Voilà pour l'objectif.

Adhésion des élèves et du professeur au projet: ce sera Horizons gaumais!

 

*   Discussion du contenu

 

     Quel sera le thème abordé?

Les sites, monuments, légendes, gastronomie, habitations de la Gaume

     A qui s'adressera-t-elle?

Aux élèves de la classe, de l'école, et à toute personne intéressée

     Quel sera le format, l'épaisseur

Environ deux pages A4 par élève, soit une vingtaine de pages

     Quel ordre va-t-on respecter pour présenter la région?

De Muno à Pin via Orval, Virton, Habay, Jamoigne

 

*          Et les étapes? Nous allons procéder comme suit:

      Travail de rédaction des articles en indiquant les références des documents consultés

            Photographie des sujets traités

            Correction des articles par le professeur

     Dactylographie des textes à l'ordinateur au cours de traitement de texte en respectant l'emplacement choisi pour la photo et en veillant à numéroter les pages

     Scanner les photographies

     Collage des photos scannées sur les pages dactylographiées

     Élaboration de la page de couverture par le professeur de dessin.

     Ajout d'articles divers (pour assurer une plus grande diversité).

     (Un artiste sera associé à chaque village!)

Bref, tout un programme!

*    Et pour la "finition":

     Élaboration de

  - la carte de la Gaume, avec notre parcours

- la page d'introduction (le projet, les étapes, le résultat d'une meilleure découverte de la région...)

- la page de remerciements aux collaborateurs, artistes, informateurs

  - la table des matières

     Présentation du travail à la direction de notre école

     Dernières corrections à l'ensemble du travail

     Choix de la couleur de la page de couverture

     Photocopie, assemblage et vérification avant la reliure

            Choix du procédé de reliure: agrafes et ruban adhésif noir? ou spirales? Agrafes et ruban adhésif noir

*   A la fête de l'école, exposition où nous présentons notre produit fini

*   Distribution de notre revue aux personnes intéressées

 

2.  Un apprentissage et une découverte

     a.    Nous nous rendons compte des diverses contraintes liées à un projet de revue et des savoir-faire requis:

*   Délimiter des choix,

     Effectuer des démarches auprès de personnes différentes, savoir les aborder

*   Mesurer l'importance         du travail individuel et du travail en équipe

                                                                                  de la ponctualité, du respect des délais

                                                                                  de la présentation propre au texte informatif: attrait, rigueur, esthétique

     b.    Nous approfondissons nos savoirs au sujet de ce que nous présentons dans la revue:

*   Géographie: les frontières, la Semois, les monuments, les sites, les ressources régionales

*   Histoire: domination romaine (Chameleux, chaussée Brunehault); affranchissement des communes et autorité des Seigneurs (la Croix de la Justice)

*   Industrie: forges de Montauban, les Épioux

*   Gastronomie: les recettes régionales

*   Les légendes, le parler gaumais, l'habitat rural

*   Les gens du pays qui contribuent à façonner une âme régionale:

     V. Hattert, un chanteur;Charles-Mauri, un peintre paysagiste figuratif à caractère impressionniste, son oeuvre et sa technique, visite à son atelier; et un autre peintre, Camille Barthélemy; P. Bouvy, un ferronnier; deux écrivains, Marie Fizaine  et Claude Raucy: ce dernier a été invité dans notre classe;

     un dessinateur de bandes dessinées, J.-C. Servais.

 

3.  Des capacités et des savoir-faire

début horizons gaumais * sommaire & édito 092

      ont dû être maîtrisés pour réaliser notre projet, c'est-à-dire:

     d'abord, entre nous:

     définir ensemble le projet et ses étapes, répartir les tâches,

     évaluer au fur et à mesure et au besoin ajuster;

     ensuite, sortir de la classe et... "sortir de soi":     

     interviewer,

     aborder des personnes diverses (profession, rang social..),

     consulter des ouvrages de référence,

     solliciter des collaborations,

     inviter des personnes étrangères à l'école;

     enfin, et surtout, maîtriser les règles d'écriture

     d'un "genre textuel" bien particulier:

          résumer et reformuler des informations,

          équilibrer et harmoniser illustrations et textes,

          rédiger les préliminaires (introduction, remerciements, table des matières, numérotation des pages).

          En résumé, nous avons mieux compris, en menant ce projet à son terme, que l'apprentissage de l'écrit est en même temps un apprentissage de vie sociale. On écrit... surtout pour communiquer.

 

 

 

 

 

Comme un "micro-trottoir"... :

Quand quelqu'un avait besoin d'un coup de main, aussitôt un élève venait près de lui pour l'aider.(Fanny

Pour faire une revue, il faut avoir le sens de la responsabilité, de la ponctualité, du soin. (Aurore

Si c'était à recommencer, je le ferais avec plaisir. Une expérience formidable! Tout le monde y mettait du sien. (Aline

Ça m'a surtout montré qu'une telle réalisation n'était pas aussi simple que je le pensais. (Aurore

Ce qui m'a le moins plu, c'est de recommencer les travaux plusieurs fois. Nous avons appris la persévérance. (Céline)  

Je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps. Quand on voit qu'un journaliste ne met même pas un jour pour écrire son article! (Mylène

Je pensais au départ que ça serait difficile. Mais à ce point, je ne l'aurais jamais imaginé! Nous avons appris des choses intéressantes sur notre région, et on croyait qu'on la connaissait bien! (Samuel

Et aussi le professeur: J'ai été moi-même très surprise de l'intérêt porté par les élèves et de leur motivation pour ce genre d'exercice. C'était leur revue, et ils en étaient responsables: aucun effort ne les décourageait; au contraire, les initiatives venaient de leur part au fur et à mesure que le produit se précisait. Ils n'avaient pas l'impression d'être à un cours de français... et pourtant!

 

début horizons gaumais * sommaire & édito 092

 

 

PEINTURE MURALE

 

article déjà en ligne

 

Lire L'Alchimiste de Paulo COELHO, en 4e Tr. technique

Ou l'histoire d'une classe qui découvre le plaisir de lire...

 

Classe de 4e TT, Inst. St-Roch, Marche-en-Famenne

Un récit de Roger Dubois

 

 

1.  Découvrir le livre comme... objet

     La parution de L'Alchimiste en J'ai lu - prix abordable - a déterminé la lecture et l'approche de cet ouvrage.

     Les élèves, avant la commande du livre, ont pu regarder, manipuler le roman sous ses deux présentations:

     d'abord en J'ai lu, Flammarion, 1996,n° 4120 (les pages citées sont reprises à partir de cette collection);

     ensuite en Anne Carrière (Hachette), Diffusion Hachette, 1994.

     (Le livre n'est pas trop long, Monsieur, et il est actuel! C'est sympa d'avoir choisi un roman tel que celui-là.)

     L'objet-livre - Représentation graphique au tableau et prise de notes dirigée:

     La première de couverture: comparaison entre les deux maisons d'édition; représentation des Pyramides en fond de paysage, au terme d'un long chemin. (Quelles hypothèses - avant de lire - sur l'histoire...?!)

     La quatrième de couverture: brève notice avec photo de Coelho: extrait de l'ouvrage; introduction à la lecture chez Anne Carrière; informations techniques: code-barres, classement ISBN (pourquoi?).

     Le dos et ses informations en vue d'un classement.

 

 

2.  Découvrir l'auteur du livre

     Les indications de la couverture pourront nous éclairer:

     Portugais, né en 1947 à Rio de Janeiro

     Auteur très connu dans son pays

     A beaucoup voyagé en Europe

     Au début, caractère révolté, désabusé

     Dès 1988, plus sage; moins de folie destructrice

     Catholique, mais attiré par les religions orientales

     L'oeuvre: L'alchimiste, longtemps classé en tête des best-sellers, publié dans 48 pays.

     Présentation en vidéo d'un entretien avec Paulo Coelho (environ 20 minutes). Les élèves réclament une seconde diffusion. Suivent synthèse et dialogue.

     Décision: deux semaines sans devoir de français pour lire l'ouvrage.

 

3.  Obtenir la complicité des... collègues!

     Informé de notre projet, le Conseil de classe accepte l'installation d'une carte géographique à côté du tableau ainsi qu'un portrait de Coelho.

 

4.  Pendant les quinze jours de lecture...

     On parle du livre au début de chaque période de cours de français... Des questions fusent, ainsi que des échanges, des interprétations différentes. Les questions essentielles sont notées sur un tableau magnétique.

 

5.  Puis l'analyse proprement dite commence...

      (à raison de 2 h/semaine pendant trois semaines).

     Le titre L'Alchimiste : que disent les dictionnaires sur ce mot? A quelle période historique cela fait penser? On pourrait se demander pourquoi Coelho a donné ce titre à son roman.

     L'alchimiste, dans les croyances ancestrales, était supposé pouvoir transformer le métal en or. On peut extrapoler un peu et se dire qu'il pouvait transformer le mauvais métal en bon métal, qu'il pouvait transformer le mal en bien.

     Dans ce roman, on se trouve souvent dans des carrefours de la vie, devant des choix à faire, et l'Alchimiste apparaît un peu comme un mage (un sage qui sait déjà au-delà du présent, qui guide et conseille Santiago, trop ignorant et trop naïf).

     Coelho va cependant faire jouer un vrai rôle à l'Alchimiste: dans le passage au monastère, l'Alchimiste transforme réellement du métal en or et il le partage; il sait, en effet, que Santiago en aura besoin pour son voyage de retour en Espagne.

            L'Alchimiste est donc un personnage essentiel du roman, car il permettra à Santiago de réaliser sa légende personnelle.

     Son voyage n'aura pas été inutile, car il comprend le langage du monde et il a trouvé Fatima, laquelle en réalité est le vrai trésor (p. 221 - fin de l'épilogue: Me voici, Fatima, j'arrive!).

     Les "carrefours de la vie": recherche par les élèves, les avis, dialogue.

     L'importance du personnage dans la fiction, sa "présence" dans l'écriture du récit (souvent au premier plan).

     Analyse et développement de la fiction (c'est ici qu'on travaillera - longuement et ensemble - le résumé (voir ci-dessous), qui nous fera mieux découvrir la construction du récit.

     Finalement, nous pouvons saisir ce livre à la fois comme un "roman initiatique" et comme le récit où s'accomplit une "légende personnelle".

 

6.  Les personnages

            Différence et rapprochement entre personne et personnage.

            Six personnages essentiels sont retenus au gré des élèves (voir § 5, ci-dessus).

6.1.    Le jeune homme, Santiago, le héros du roman. Il veut accomplir sa légende personnelle, comprendre l'âme du monde et se mettre en accord avec elle. Il croit en la fidélité de l'amour patient. Il est un peu naïf, mais sa franchise et son cœur pur l'emporteront. Il est intelligent, a fait des études, a beaucoup lu. Il a appris la langue arabe et parle très bien l'espagnol.

6.2.    La voyante: une gitane (Santiago s'en méfie un peu) qui va interpréter son rêve. Elle réclame sa part du trésor.

6.3.    Le vieux roi de Salem: va décider Santiago à partir. Il est assez mystérieux, apparaît presque comme un mendiant, mais c'est un roi qui connaît l'âme du monde.

6.4.    L'Alchimiste: personnage mystérieux qui a rencontré déjà pas mal de situations. Il est un héros qui ne craint rien. Il a confiance. Quand il rencontre Santiago, on a le sentiment "qu'il sait déjà".

6.5.    L'Anglais: plus taciturne, plus personnel, se sert de Santiago pour réaliser son rêve: l'or de l'Alchimiste.

6.6.    Fatima: jeune fille arabe de l'oasis. Elle porte le nom de la fille du Prophète (p. 131). Elle attendra Santiago le temps qu'il faudra. Beaucoup de femmes dans l'oasis de Fayoum attendent le retour de leur époux guerrier. Elle dit de l'Alchimiste: «C'est un homme qui connaît les secrets du monde. Il parle avec les djinns du désert...»

 

7.         Le thème du roman

Santiago a trouvé doublement son trésor, car il a toujours été optimiste. Dans la vie, il faut lutter, comme l'écrit dans Terre des hommes Saint-Exupéry. Il faut considérer les choses de façon positive, ne pas abdiquer trop vite et considérer tout en noir. L'optimisme rend la vie plus agréable et plus motivante nous fait croire en notre légende personnelle.

Cet optimisme - qui s'enracine dans la foi en l'homme - se retrouve chez l'enfant, chez les gens simples, chez le berger Santiago. Celui-ci réfléchit, loin des problèmes du monde en proie à la guerre, à la jalousie, à la cupidité telles que nous les montrent sans cesse les médias.

 

8.  Le vent

Le vent chez les écrivains de tous les temps, est plus qu'une force de la nature. Il est respecté comme un demi-dieu. P. Coelho, qui vient d'un autre continent, n'échappe pas à la règle. Il accorde une solide importance au vent, en fera un personnage lorsque Santiago, dans le désert, le suppliera pour requérir son aide.

Au début de son livre, il parle du "Levant (p. 42): C'était avec ce vent-là qu'étaient venues les hordes des infidèles.

p. 43                Le vent s'est mis à souffler plus fort.

              Le jeune homme se prit à envier la liberté du vent.

p. 49      Il sentit sur son visage le vent que l'on nomme levant.

p. 189    Le jeune homme doit se transformer en vent pour être respecté et redouté.

p. 196    Mais le vent ne venait de nulle part, n'allait nulle part et c'est pourquoi il était plus fort que le désert.

p. 197  Le vent était très orgueilleux.

p. 198    Le simoun qui était pire qu'une tempête en mer.

p. 203    "Pendant des générations, les Arabes contèrent la légende d'un jeune homme qui s'était transformé en vent et avait failli balayer un campement, défiant la puissance du plus important des chefs du désert."

     Nous lisons des extraits d'Homère, Le Clézio, Nelly Kristinck, Maupassant...: l'importance du vent!

     Réflexion... ardennaise: le vent d'est accompagne les guerres..., le vent des envahisseurs.

 

9.         Le Petit Prince

     Comme le Petit Prince... Santiago parle à des forces de la nature. Il s'adresse tantôt au désert, tantôt au vent, tantôt au Soleil. Il croit aux signes, à l'Âme du monde, à la légende personnelle. «L'âme de Dieu était sa propre âme» (p. 203). 

     Des extraits nous font découvrir le renard, le serpent, l'oasis, les roses...

 

10.       La tradition

     Elle peut être comprise soit comme une transmission de doctrines, de perceptions du monde, soit comme une culture, une manière d'agir (Les chefs du désert, les femmes, Fatima). La culture orientale est fort empreinte de tradition.

 

sommaire & édito 092 * début alchimiste

11.     Un long travail d'écriture collective..: faire un résumé détaillé, ce qui nous a permis de découvrir encore mieux la construction du récit et le style de l'auteur, et surtout de respecter les contraintes du résumé.

           

            Ancien étudiant, passionné de lecture, Santiago a choisi le métier de berger. Il a quitté sa famille pour voyager sur les routes d'Espagne.

                On le retrouve dans le sud de l'Andalousie, à Tarifa. La nuit tombe et il s'endort dans une petite chapelle en ruine où pousse un sycomore. Pendant cette nuit, il refait le même rêve qu'il avait déjà fait une fois: un enfant se mettait à jouer avec ses brebis et tout d'un coup, il le prenait par la main et le conduisait aux Pyramides d'Égypte (p. 25) où, selon lui, devait se trouver un trésor caché.

                Un jour qu'il séjourne dans la ville pour vendre la laine de ses moutons à un commerçant dont il est épris de la fille, il s'en va consulter une gitane qui lui confirme l'existence du trésor puisque c'était un enfant qui était venu se charger du message. Il continue son chemin et, alors qu'il lisait assis sur un banc, vient un vieux Monsieur qui lui montre qu'il connaît toute sa vie et qui lui avoue se nommer Melchisédec et être le Roi de Salem (p. 33). Il est venu, dit-il, pour le pousser à accomplir sa légende personnelle, c'est-à-dire ce qu'il a toujours souhaité faire (p. 35).

                Suite à cette rencontre, Santiago vend tous ses moutons et gagne par bateau la côte africaine. Une fois à Tanger, il entre dans un café où il "engage" un guide qui lui réclame tout l'argent de la vente de son troupeau pour le conduire au pied des Pyramides, mais au milieu d'un marché, il lui fait faux bond et le laisse parmi les gens qui parlent arabe.

Santiago quitte la place du marché et s'en va vers une rue en forte pente au sommet de laquelle se dresse un magasin de cristaux. Il va proposer au marchand, d'abord, de nettoyer ses cristaux, d'établir une étagère à l'extérieur, un éventaire au sommet de la côte, et enfin d'offrir du thé à ses clients dans des tasses de cristal. Le marchand réalise de gros bénéfices. Santiago amasse un peu d'argent, apprend l'arabe et, onze mois (p. 84) plus tard, s'en va au désert, emportant deux pierres que lui avait données le vieux Roi.

Il rejoint une caravane et fait la connaissance d'un Anglais avec lequel il restera jusqu'à l'oasis de Fayoum, en Égypte. L'Anglais est là, lui aussi, pour accomplir sa légende personnelle qui consiste, pour lui, à rencontrer un certain alchimiste pour apprendre son art.

                Les jours passent. La caravane progresse dans le désert. Santiago guette des signes et l'Anglais passe son temps, le nez dans ses livres. Avec le silence du désert arrive la peur qui gagne la caravane, car on a ap­pris que la guerre avait éclaté entre deux tribus. Il fallait éviter les lieux du combat sans se faire repérer.

                Ils arrivent ainsi dans l'oasis de Fayoum, une oasis très grande et très célèbre (p. 123). Ils se mettent en quête de l'Alchimiste que personne ne semble connaître spécialement. Ils attendent près d'un puits et interrogent les femmes, mais ils apprennent qu'ils ne peuvent pas adresser la parole aux femmes habillées de noir, car elles sont mariées (p. 127). Il faut respecter la tradition. C'est au bord de ce puits que Santiago fait la connaissance de Fatima (p. 131) qu'il ira attendre chaque jour au bord du puits. Il comprend que c'est elle la femme de sa vie et qu'elle fait partie de sa légende personnelle. A la question sur l'Alchimiste, un sage homme, elle indique la direction du Sud. Fatima lui promet son amour et lui dit qu'une femme arabe sait attendre.

                L'Anglais se rend alors vers le Sud et finit par rencontrer l'Alchimiste qui lui enseigne que c'est avec de l'expérience et de la pratique qu'il apprendra.

Santiago, quant à lui, sort de l'oasis et se rend dans le désert qu'il reste longtemps à contempler. Il a alors la vision que l'oasis va être envahie par une armée, ce qui s'oppose à la Tradition. De retour à l'oasis, il raconte ce signe au chef de la Caravane qui lui conseille d'en informer le chef de l'Oasis.

                               Après une entrevue avec celui-ci et un long conciliabule entre les différents responsables, une pièce d'or est promise à Santiago par dizaine d'ennemis tués, mais, si le lendemain il n'y avait pas eu d'insurrection, ce serait Santiago qui mourrait. (p. 147).

                La nuit se met à tomber. Il faut vingt minutes à Santiago pour regagner sa tente. Tout à coup, le vent se met à souffler très fort et il voit apparaître un cavalier sur un cheval blanc qui lui demande pour quelle raison il ose se permettre d'interpréter les signes du désert. Le jeune homme lui explique ses raisons. «Demain, si tu es encore en vie, tu devras venir me voir», dit l'étranger. Il lui indique la direction du Sud. Santiago comprend qu'il vient de rencontrer l'Alchimiste.

                Une armée attaque l'oasis mais est décimée. Santiago reçoit une moisson de pièces d'or et est désigné "Conseiller". (p. 154)

                Santiago se rend alors chez l'Alchimiste. Il attend une journée avant de le voir apparaître sur son cheval blanc. L'Alchimiste lui promet de l'emmener en Égypte. Santiago achète alors un cheval et va avertir Fatima qu'ensuite il reviendra à elle.

                Pendant le voyage, l'Alchimiste apprend au jeune homme l'écoute de son cœur, un cœur qui lui faisait mal depuis qu'il avait quitté Fatima.

                Ils connaissent bien des aventures. Ils sont arrêtés par une troupe armée. Santiago, pour échapper, doit promettre qu'il pourra se transformer en vent. Il réussira après une conversation avec le désert, le vent lui-même et le soleil. Il s'adresse à la "Main qui a tout écrit" (p. 202). Il se mettra à prier: le vent soufflera, se déchaînera; personne ne distinguera plus rien. Ils sont libérés et poursuivent leur voyage.

                Ils marchent alors vers un monastère où l'Alchimiste réalise son art: il transforme du plomb en or; il en laisse une partie aux moines et en donne à Santiago.

                Alors l'Alchimiste retourne vers Fayoum et Santiago gagne les Pyramides d'Égypte (p.211). Il trouve dans le sable un scarabée qui en Égypte est signe de trésor et le symbole de Dieu (p.214). Il creuse le sol jusqu'à s'écorcher les mains.

                Arrivent à ce moment des voleurs qui lui prennent son or. Il leur raconte son secret. Ceux-ci creusent, mais ne trouvent rien. Un des voleurs lui raconte alors qu'il a lui-même fait un jour le rêve inverse: il devait trouver un trésor au pied d'un sycomore, dans les ruines d'une église d'Andalousie. Mais, jamais, il n'a voulu traverser le désert pour un banal songe.

                Santiago comprend. Il regagne l'Espagne, découvre le trésor (p. 220). Il se souvient alors de la jeune Arabe qui l'attend et s'écrie: «Me voici, Fatima!»

sommaire & édito 092 * début alchimiste

 

Socialiser la lecture...

 

Former des lecteurs qui «comprennent» les textes, des lecteurs capables de réfléchir et de créer...

A cette dimension de lecture personnelle, l'école peut ajouter une contribution essentielle, celle de proposer aux élèves de partager leur interprétation du texte. L'apport de l'école sera donc, non seulement d'inciter les élèves à lire, mais surtout de favoriser l'éclosion de communautés de lecteurs qui réagiront aux textes et interagiront.

Il est primordial de faire acquérir aux élèves ce sens de la communauté, car il ne peut y avoir de transactions signifiantes avec le texte si les élèves ne se sentent pas membres d'une communauté de lecteurs.

D'après Jocelyne GIASSON, Professeur à l'Université Laval, Vie pédagogique (revue) n° 100 (septembre-octobre 1996), p. 53.

 

 

Pour un projet-théâtre : une équipe de travail pluridisciplinaire

Classes de 2e, ISJ, Libramont

Au nom de l'équipe, un récit de Josiane Incoul

 

 Le spectacle de l'année dernière (23 mai 1997) était intitulé L'Amour en vadrouille  - Première partie: L'enfant "Kinapadbol", Les Zoulous, et Pas c... (par les élèves de 2e) - Deuxième partie: Bonne Année toi-même et Le tombeur (par les élèves de 3e) et des intermèdes par les élèves de 1re.

 


 

A partir d'une idée de créativité, il a été décidé, dans l'école, en 1993, de placer dans la grille horaire des élèves, trois heures d'activités artistiques, le même après-midi.

 Cette année, enfin..., nous sommes parvenus, après essais et erreurs, à une répartition judicieuse des élèves et des heures accordées à chaque activité.

 Le but de cette disposition:

apprendre à tous les élèves les techniques de base des différents cours concernés, durant le premier trimestre,

les utiliser pour créer un spectacle de fin d'année.

 Ce projet a été construit par trois professeurs - dessin, musique et activités littéraires - auxquels s'est joint, cette année, le professeur d'éducation physique. Ce projet commun offre donc aux élèves quatre activités:

dessin

musique

rythme

travail de la voix, du déplacement.

Les élèves essaient donc toutes les techniques. Ces trois mois d'apprentissage doivent leur permettre de trouver une place dans le projet final, selon leurs talents, leur plaisir et la prise de responsabilité, dans un travail plus approfondi.

 Nous avons formé quatre groupes pour trois classes, afin de ne pas dépasser quinze élèves par activité. Le quatrième groupe bénéficie d'une heure d'étude où il est pris en charge par un éducateur et un professeur de remédiation. Celui-ci permet aux élèves en difficulté, dans une matière ou dans leur méthode de travail, une approche plus individualisée. De plus, ce professeur prend en charge la gestion de la bibliothèque, avec ces élèves.

 A partir de janvier, nous mettons en commun le rêve des élèves et les objectifs des professeurs et nous préparons le scénario de notre spectacle: nous réservons la salle du Foyer Culturel de Libramont pour un vendredi de la fin du mois de mai et pour deux répétitions générales sur la scène, avec les techniciens.

 Il faut alors imaginer et créer:

spectacle, décor, costumes, maquillages, accompagnement musical, choix des textes...

 Cette année 1998, nous allons monter notre cinquième spectacle. Bien sûr, il nous reste encore un monde de possibilités à découvrir, à maîtriser, à imaginer... Mais quel bonheur, ce soir-là:

-           la joie de l'élève          qui a osé jouer

                                              qui a accepté la responsabilité du décor

                                              qui s'est occupé du support musical...

-           l'étonnement des parents qui ne reconnaissent pas leurs enfants et découvrent leurs talents.

-           le plaisir de l'équipe qui a mené un projet.

 Le mois de juin permet une bonne évaluation, une critique positive en visionnant la cassette du spectacle. Les élèves restent motivés: à partir de la troisième année, une équipe bénévole s'est mise en place et continue ce travail, un jour par semaine, pendant la récréation de midi, pour explorer les auteurs de théâtre et monter un second spectacle, basé sur des critères différents.

Ainsi s'est constituée une équipe qui poursuit le travail au cycle supérieur. Quelle évolution, au fil des années, pour ces jeunes talents!

Sans la patience, sans la compétence des techniciens du Foyer Culturel de Libramont, sans le travail bénévole d'une équipe de professeurs, ce soir-là, un tel projet aurait peu de chances de réussir. Au nom des élèves, qu'ils soient tous remerciés.

Que ceux qui craignent une perte de temps et trop d'heures consacrées au jeu se rassurent. Il s'agit également d'acquérir des capacités telles que:

-           l'écoute et le respect des autres partenaires et du public

-           la mémorisation d'un texte et d'une organisation plus complète,

-           la prise de responsabilité individuelle et en groupe,

-           la créativité,

-           l'initiative personnelle,

-           le soin d'un travail fini, de longue durée.

Présentons ici notre équipe enseignante:

Dessin:  S. Habran

Musique:                     A.-M. Badet

Rythme:           Y. Labbé

Voix:    J. Incoul

Remédiation:   F. Bertholet (+ Bibliothèque) et M. Naveau

 

sommaire & édito 092 * début théâtre

 

Lecture de FRISON-ROCHE, Le rapt

Pour découvrir un milieu de vie et... aborder l'argumentation

Classes: 2e (option latin) & 3e (option sciences)

Récit: Pierre Brunson, ISMA Arlon

 

 

Ce roman se trouve dans la collection J'ai lu (n° 1181).

 Deux objectifs ont été plus particulièrement visés.

 Le premier en rapport avec la démarche du cours d'étude du milieu: la découverte du monde lapon, où se déroule l'histoire;

 le second, surtout en classe de 2e, dans un but de première sensibilisation: l'observation de quelques procédés de l'argumentation (dans le déroulement d'une discussion, qui occupe une grande partie du chapitre 8).

 

La démarche sera donc interdisciplinaire et "initiatique"...

  

Première étape

 

Lecture du livre à domicile et composition d'une fiche de lecture (après présentation en classe des principaux personnages). Voir le plan de cette fiche, à la fin de cet article

  

Seconde étape (en classe)

 

1.       Le milieu    

 

         a.       Travail sur une carte de la Scandinavie: localisation du théâtre de l'action

        

         b.       Approche du monde lapon (éléments tirés du livre..., cela requiert une lecture "fine"):

                  

                   climat

                   végétation

                   habillement

                   chasse

                   élevage des rennes

                   nomadisme

                   vie tribale

                   croyances

                   caractère des Lapons

                   les Lapons entre eux

                   les Lapons et les autres Scandinaves

         milieu naturel

 

         vie matérielle

 

 

         vie affective

 

 

  

2.       L'argumentation

 

Elle sera particulièrement analysée dans le chapitre 8 (pages 113 à 125): étudier l'argumentation dans la progression d'une discussion et d'un récit est plus "accrocheur" - surtout dans cette première découverte - et l'élève observe plus facilement le choix et l'efficacité des arguments. 

 

 

Les intervenants

 

-        Simon Sokki:                  chef du clan lapon.

 

-        Fru Tideman:                 directrice des services sociaux du Finmark/

                          Elle veut faire des Lapons de bons Norvégiens; elle souhaite, par conséquent, les sédentariser, les scolariser.

                          Tout sera tenté dans ce chapitre pour arracher Kristina (fille de Simon Sokki) à son milieu et la placer dans un pensionnat.

                          D'où le titre: Le rapt.

-                         Docteur Olafsen: ne veut pas déplacer les Lapons

                          Pour lui, il faut respecter les modes de vie, ne pas détruire cette civilisation.

 

 

Situation initiale

 

Fru Tideman se trouve chez Simon Sokki pour arracher Kristina au clan. Elle est accompagnée du docteur Olafsen.

 

[p. 114: Elle se sentait (...) prête à discuter, à enlever la décision: elle repartirait avec Kristina.]

 

Elle prend la parole (p. 116):

Fru Tideman

1.       «Je repars avec Kristina.»

 

 

Simon Sokki

2. «Qui nourrira les chiens?

         Qui portera le ravitaillement aux bergers?

         Qui relèvera collets et pièges?»

3. «Ce n'est pas le travail d'une fillette de quatorze ans qui ne sait ni lire ni écrire

 

 

4. C'est une femme à présent. Elle sait couper le bois, tirer l'eau à la rivière gelée, tuer un renne, le dépecer, nourrir les chiens, atteler et conduire un traîneau; mâcher les tendons, broder, lire les traces sur la neige.»

    «A quoi servira LE RESTE?

    Une vraie Lapone pense à ses rennes!

 

Échec provisoire de Fru Tideman

 

[p. 118: L'entretien dans la hutte avait tourné court.

(...) Elle comprit qu'elle avait mal manœuvré.]

 

Intervention du Docteur Olafsen

 

[p. 118: Essayons autre chose (...). Laissez-moi faire.]

 

Docteur Olafsen

Simon Sokki

A. «Kristina peut aller en pension. Elle passera samedi et dimanche chez moi.»

 

 

C.    Sera-t-elle de retour à Pâques, pour la migration des rennes?

B. «Kristina apprendra le samisk à mes enfants.»

    (Pour Fru Tideman, c'est une bouche en moins à nourrir!)

        

 

G. Accord de Kristina, d'autant que les cadeaux lui permettront d'acquérir plus de rennes.

 

D. «Oui»

    (C'est certain pour le Docteur Olafsen;

     mais pas pour Fru Tideman)

 

 

E. Hésitation de Simon (p. 119), car la jeune fille est sauvageonne.

         «Le voudra-t-elle? Elle est libre

         (= il faut demander à Kristina)

F. Confirmation du retour à Pâques par le Docteur Olafsen (p. 122-124)...

mais dans quel état

(se demande-t-il)(+ les cadeaux)

 

 

En conclusion

 sommaire & édito 092 * début rapt

Les élèves ont apprécié le travail sur la carte, qui a facilité la compréhension du récit. Ils ont été intéressés par l'étude ethnologique: Frison-Roche a été un excellent guide pour leur faire découvrir un milieu de vie.

 

Grâce à une lecture attentive, la classe a bien perçu le cheminement de la pensée des intervenants: au début, le refus; ensuite, l'hésitation; enfin, l'accord. «C'est comme un match de ping-pong», disait-on de ce procédé. Bonne sensibilisation à l'argumentation!

 

On peut imaginer des prolongements:

 

dans des dialogues de fiction (romans, BD) ou des débats enregistrés, rechercher quelle est la divergence initiale, et si cette divergence se maintient ou aboutit à une convergence;

 

organiser en classe (d'élève à élève, de groupe à groupe) un dialogue "pour ou contre", ou un "j'suis pas d'accord", et observer comment le débat progresse... ou cale. 1

 

*

Durée de l'ensemble de la démarche:

un mois laissé aux élèves pour la lecture à domicile

environ huit périodes de cours pour l'analyse en classe

 

 

Pour information, voici le plan de la fiche de lecture, qui a permis à la fois de vérifier la lecture effective, la compréhension globale et surtout de lancer le débat et l'échange entre les élèves.

 

 

FRISON-ROCHE, Le rapt

 1.         Où?

           

            a.         Dans quel pays se déroule cette aventure?

                        1.  Finlande

                        2. Danemark           

                        3.  Norvège

         b.         Comment s'appelle la région où se passe l'action?

                        1.   Normark

                        2.  Finsk   

                        3.   Finmark

            c.         Comment les autres populations appellent-elles communément les Lapons?

                        1.  Lapons

            2. Indigènes                       

            3.  Laps    

            4.  L.P.'s.

 

 

2.         Qui?

           

            a. Comment appelle-t-on les vrais Lapons de cette région?

                        1. Kvaens

                        2.   Lendemann           

                        3.    Samisk

           

            b.         Sous quel autre nom désigne-t-on Paavi?

                        1.   Nikkelsen

                        2. Finsk

                        3.  Kvaen

           

            c.         Qui défend le mode de vie des Lapons?

                        1.           Fru Tideman

            2.         Docteur Olafsen

            3.         Pasteur Brombdal        

            4.         Per Oskal

           

            d.         Comment appelle-t-on quelqu'un issu du métissage entre un Lapon et un Scandinave?

                        1.         Finsk

                        2.         Kvaen

                        3.         Stallo

           

            e.         Qui était le chef de la cita laponne qui nous intéresse?

                        1.         Fru Ingrid

                        2.         Simon Sokki

                        3.         Harald Sorensen

           

            f.          Attribue à chacun ses fonctions.

                        A.         Harald Sorensen

                        B.       Fru Tideman

                        C.         Simon Sokki

                        D.        Per Oskal

                        E.         Thorp 

                        F.         Olafsen

            1.         Major de gendarmerie

            2.         Docteur

            3.         Chef de clan lapon

            4.         Lennsmann

            5.         Assistante sociale

            6.         Lappefogden

 

 

3.         Mode de vie des Lapons.

           

            a.         Quel est l'animal sur lequel repose le mode de vie des Lapons?

            b.         En quoi se calcule la richesse des Lapons?

            c.         Comment les Lapons boivent-ils?

                        Légalement:

                        Illégalement:

            d.         Comment les Lapons surveillent-ils leurs troupeaux?

            e.         Un Lapon envers les siens. Est-il solitaire ou solidaire? Expliquer

            f.          Les vêtements lapons sont cousus par le meilleur fil au monde. Lequel?

            g.         Le mode de déplacement des Lapons?

                        1.         monoski

 2.         skis avec un seul bâton

                        3.         skis avec deux bâtons

 

 

4.         Justifier le titre: Le rapt

            (deux explications)

 

 sommaire & édito 092 * début rapt

 

« Et qu'est-ce que ça veut dire ? »

Décrire et lever l'ambiguïté

Propositions de J. Bradfer

Premier et deuxième degrés

               

Une activité sur l'ambiguïté, à quoi ça peut servir?

*   Parce qu'elle amène à choisir parmi diverses interprétations d'un énoncé, elle développe le "réflexe" de prise en compte des conditions d'énonciation: qui parle? à qui on parle? où? quand? dans quelle intention? quel est le statut social, quelle est la profession des partenaires de la communication?

     Le plus souvent, en effet, "c'est la situation d'énonciation qui fait sens"!

     Cette saisie du cadre d'énonciation est le B.A.-BA de toute réflexion sur la langue: les choix dans le lexique, la syntaxe, les figures de style, le registre de parole sont en lien étroit avec les conditions d'énonciation.

*   Parce qu'elle nécessite un travail de reformulation (synonymie, équivalences syntaxiques, changement de registre de parole, travail sur les anaphoriques...), elle favorise l'expression orale et écrite, surtout par l'excitation de la curiosité et souvent par un côté ludique ou humoristique.

 

*

L'ambiguïté peut être observée sous divers aspects tels que:

 

Exemples

Activités et objectifs possibles

 

l'homophonie (suites de phonèmes à double sens, ou davantage)

[dekanibalaRivsovevu]

[ilfosimetR]

 

Autodictée: réaliser les graphies possibles - Développer l'attention à la forme graphique

la polysémie (sens divers d'un d'un même signifiant)

Je devrai repasser demain.

Ces arriérés me préoccupent.

Tu as vu ma surprise!

Créer des contextes indiquant les divers sens; trouver des quasi-synonymes. Enrichir le lexique

la syntaxe: une même suite de mots, mais des fonctions grammaticales différentes

Tu estimes ce candidat incapable?

C'est le père de mon cousin qui est absent.

Reformuler pour mettre en relief le double fonctionnement grammatical

la fonction référentielle: hors contexte, on peut ne pas savoir à quoi réfère tel terme d’un énoncé

Les gendarmes n'ont pas retrouvé leur voiture.

«C'est un sacré numéro!» déclara le passager en sortant de l’Audi.

Changer au besoin la construction, ou bien contextualiser. "Jouer" la scène: le geste, la voix lèvent l’ambiguïté!

 

Le plus souvent, l'ambiguïté d'un énoncé est levée par le contexte (ce qui est en amont ou en aval...) et par la situation dans laquelle il est produit.

*

Quelques suggestions d'activités sur l'ambiguïté

(les activités A, B & C conviendraient plutôt au 1er degré).

 

A.    L'ambiguïté à l'oral

    

     Transcrire d'une (ou plusieurs) autre(s) manière(s).

     Le passage par l'oral (accents, pauses, voire la gestuelle...) va privilégier tantôt telle interprétation, tantôt telle autre! La ponctuation, également, indiquera le sens donné à l'énoncé.

1.         Un ange vint.

4.         Un nain caché les a mis.

7.         Un verrat vint tout souiller.

2.         Le petit Charles attend.

5.         Elle me le déclare elle-même.

8.         La moustache tomba.

3.         Les petits poissons rouges

6.         Elles t'ont dit: « Le moud-on ? »

9.         Les coquettes rient de ma mie.

 

 

B.        L'ambiguïté grammaticale (fonctions, formes du verbe)

     Sous des suites semblables de mots... des informations différentes! - Reformuler de deux façons (ou davantage, peut-être) après avoir identifié les fonctions (syntaxe) ou les formes (morphologie) possibles.  

           

1.         Je les observe assis sur un banc.

9.   J'aurais voulu que le vieux garde le fût.

2.         Les baigneuses se mirent dans l'eau.

10. As-tu la preuve qu'il cherche?

3.  C'est l'ami de mon voisin qui est parti.

11. Il se serait enfui.

4.         Les tentures sont toutes déchirées.

12. Tu te réjouis de ce qu'il chante.

5.         Il n'a pas plu beaucoup.

13. Demandez-lui s'il vous plaît.

6.         La petite lance la pique.

14. Maman préfère le café au lait.

7.         Il a trouvé ce texte étrange.

15. L'année passée à Paris

8.         Je l'entends gémir chaque soir.

16. Il n'est pas venu comme on pouvait s'y attendre.

 

C.    L'ambiguïté référentielle    

      sommaire & édito 092 * début ambiguïté                                   

Exemple: ce titre d'une affiche géante dans le métro bruxellois

Nous sommes 160 à vous en donner des milliers.

            De loin, le voyageur ne peut lire que ce titre! Et se demande à quoi réfèrent les mots NOUS et EN. Le lieu d'énonciation étant la station de métro, il émet quelle hypothèse?  Il la vérifie en lisant la suite...: NOUS, les contrôleurs de billets, nous vous donnons des milliers de renseignements, de conseils. Mais, précise le texte, «les contrôles existent, parce qu'il est légitime que tous les utilisateurs de nos véhicules participent financièrement à l'effort de mobilité!»

Nous découvrons ici un procédé courant dans certains textes (narratifs, publicitaires, humoristiques...): le jeu délibéré sur l'ambiguïté, pour susciter la curiosité, le plaisir, le désir... Nous en donnerons des exemples dans l'activité D.

 

Hors contexte, les énoncés suivants se prêtent à plusieurs interprétations.

Nous lèverons leur ambiguïté en les reformulant, en reconstituant ce qui pourrait les précéder ou les suivre, et aussi en identifiant le "genre" de texte: récit, injonction, dialogue, mode d'emploi...

1.         En couper un en petits dés, l'autre en rondelles.

2.         C'est pourtant lui qui s'en rendit compte le premier!

3.         Par conséquent, quiconque y pénétrera sans permission sera puni.

4.         Elle me paraît plus solide, mais je préfère l'autre.

5.         C'est seulement le lendemain que l'on en retrouva les débris éparpillés sur le glacier.

 

         Une variante amusante...: l'hypothèse envisagée n'est pas la bonne! Par exemple:

Phrase donnée:

  Qui osera encore déclarer que la partenaire idéale n'existe pas ?

Hypothèse:

 

Histoire d'amour compromis qui finit bien?

En réalité, il s'agit... d'une publicité pour la Ford Fiesta dont voici les dernières phrases:

     Bref, c'est une vraie Ford. En d'autres termes, un modèle de fiabilité, de sécurité et de tenue de route. Qui osera encore déclarer que la partenaire idéale n'existe pas?

Commentaire

 

 

Nous découvrons le procédé de la personnification.

 

 

Proposition:

Chaque élève détache un énoncé de son contexte et demande à la classe d'imaginer ce dont il pourrait s'agir dans ce message...

Puis on vérifie en dévoilant le vrai contexte, et en analysant la cause des éventuelles interprétations inexactes.

 

 

D.      Le travail et le jeu de l'ambiguïté dans le texte littéraire

     Un peu comme si le texte ne livrait pas du premier coup la bonne interprétation...! Prendre l'expression au pied de la lettre;  confondre deux acceptions d'un mot; ne pas saisir l'intention de quelqu'un...! Autant de causes de méprise, de malentendu, de quiproquo. Par exemple:

 

1.  Il y a de l'électricité dans l'air, déclara Albertine, lorsque je sortis de la cabine.  Je sursautai.  Elle soulignait seulement le néon qui courait au faîte des façades.        

      Antoine BLONDIN,        Les enfants du bon Dieu, La Table Ronde, 1952, p. 176-177.

2.  Alors, papa a tapé du pied, puis il s'est exclamé: "Demain, je lui parlerai à visage découvert..." Enfin, ce n'est pas tout à fait ça; il a dit, exactement, qu'il allait couper sa barbe et qu'il espérait que tu comprendrais.  Je crois qu'il désire avoir une conversation avec toi.                    

      ID., p. 181.

3.  J'ai appuyé ma nuque entre les deux douceurs de sa gorge et de son bras, les yeux fermés. Le Monde a glissé de mes genoux. "Le Monde fiche le champ", a dit Bettina. - Oui, le monde fiche le camp, ai-je répondu.          

                François NOURISSIER,  Allemande, Grasset, 1973, L.P., p. 267.

4.  Il [Lucien] songeait seulement à cette malchance que ce doit être, en ce moment, pour un auteur, d'avoir ses livres réimprimés, placés à l'étalage, vendus.  Les mots ont de ces cruautés...

      ID., p. 304. [C'est l'époque de l'occupation allemande en France. Lucien est du genre intellectuel distingué...]

 

 5. Émile Mosca, un ancien du music-hall parisien, vit désœuvré à Nice dans la nostalgie de sa renommée de jadis...

                Vers une heure et demie, il entre dans un café. C'est l'heure désœuvrée, creuse, où traînent des après-midi sans but. Il s'assied au fond. Le bruit de la télévision survole des faits divers, des ennuis de santé. Il écoute les conversations, sans se mêler à aucune, observe, par habitude, pour rien. Quand un homme de son âge dit à ses voisins «J'ai joué Siegfried», il se retourne encore, mais il s'agit d'un cheval.

      Didier VAN CAUWELAERT,       Vingt ans et des poussières, Seuil, 1982, Folio, p. 22.

6.  (...) Quand tu m'as dit que tu avais décidé de te marier, - c'était dans le jardin du Luxembourg - j'ai eu un moment de joie. J'ai vu tourner le ciel. J'ai reconnu Dieu dans un vieillard qui nous croisait. Je souriais aux anges, comme un pensionnaire d'asile. Tu paraissais ravie de mon enchantement.

            Quand tu me demandas si je connaissais Henri Delrive, je répliquai: «Pourquoi prendre un témoin que je ne connais pas?» Je n'ai jamais oublié le regard que tu me lanças. Tu avais compris ma bévue, et qu'il allait falloir me détromper. J'ai vu dans tes yeux la peur, la pitié, la tentation du mensonge, celle de la fuite. Je m'assis lourdement sur un banc. Tu me pris la main. A nos pieds, un enfant s'efforçait de remettre sur ses pattes un ours en peluche qui piquait du nez. Tu commenças à parler. Qu'as-tu dit? Les mots me parvenaient à peine à travers un brouillard.

     Jacques de BOURBON BUSSET, Le silence et la joie, Gallimard, 1957, pp. 20-21.

7.  [Rodolphe a décidé de se noyer parce qu'il croit s'être rendu ridicule en sortant de chez lui couvert d'un bonnet de coton.] Quels termes vont infirmer l'hypothèse du suicide? Comment imaginer la suite du récit?

            Il se dirigea vers le pont Royal; quand il y fut arrivé, il s'accouda sur le garde-fou, regarda le soleil, attendit qu'un bateau qui descendait la rivière eût passé l'arche et se fût un peu éloigné. Alors il monta sur le parapet, avant que personne eût le temps de s'y opposer, il se jeta en bas, avec sa cravache et son chapeau.

            Dans le trajet du pont à la surface de l'eau, il eut le temps de penser que le succès de son poème était assuré par son suicide et que le libraire en vendrait au moins douze exemplaires; de la surface au fond, il chercha quel motif on donnerait à sa mort dans les journaux. Il faisait très beau; les rayons du soleil, pénétrant la masse des eaux qui roulait au-dessus de lui, la rendaient blonde comme une topaze, et permettaient de distinguer le lit de la rivière, tout semé de clous, de tessons et de vaisselle cassée. Rodolphe voyait les goujons filer à côté de lui et frétiller de la queue; il entendait la grande voix de la Seine bourdonner à son oreille.              Théophile GAUTIER, Les Jeunes-France, 1833.

     sommaire & édito 092 * début ambiguïté

 

 

Activités orales, activités écrites au 3e degré

 

Au terme de plusieurs stages de formation continue sur le baccalauréat, l'Académie de Rennes vient de publier un fascicule, Préparer les nouvelles épreuves du baccalauréat. On y trouve bon nombre de suggestions intéressantes d'activités pour la classe de seconde, groupées en trois chapitres:

1. Exercer à une lecture autonome - Comment favoriser des lectures personnelles?

2. Exercer à l'épreuve orale -

3. Exercer à l'épreuve écrite

Il nous a semblé bon d'en extraire deux propositions qui pourraient nous inspirer, et tout à fait dans la ligne de nos programmes belges.

1. (Sous le titre Examen méthodique d'un court passage, dans le chapitre 2)

          Simulation par le professeur

   Improvisation sur un texte qu'il n'a pas préparé et proposé par un élève (par exemple, pris au hasard dans l'œuvre étudiée).

   Pendant dix minutes, professeur et élèves étudient individuellement le texte, puis le professeur dispose de dix minutes pour exposer son étude à la classe en se pliant aux règles de l'examen.

   La classe, ensuite, pose des questions auxquelles il doit répondre.

   Variante: Le professeur prépare "à haute voix" pour montrer comment il s'y prend. La prise de notes porte alors non sur le contenu de son commentaire mais sur la méthode utilisée. Après l'exposé, on peut revenir sur cette méthode pour la formaliser.

   Remarque: il est impératif de respecter les temps de l'épreuve pour éviter de faire un cours magistral que les élèves n'auraient plus qu'à prendre en note.

                   NDLR - Une telle situation profite à tous, professeurs et élèves: ceux-ci découvrent un enseignant qui accepte de s'affronter au "risque" qu'ils devront courir eux-mêmes comme candidats bacheliers. De la part du professeur, c'est moins un savoir détenu qu'un savoir construit, qui est manifesté.

     ...Et c'est autrement exemplaire! En effet, les élèves voient à l'œuvre un enseignant-chercheur, qui déclare à la fois sa méthode et, au besoin, ses propres interrogations.

 

2.                     (Sous le titre Exercices de rédaction, dans le chapitre 3)

Exercices de réécriture

On peut faire varier l'énonciateur, son destinataire, le contexte de référence.

Écrire dans une matrice: on conserve du texte initial les marques d'organisation (connecteurs entre paragraphes, structures syntaxiques) et on supprime tous les éléments sémantiques.

Faire réécrire une description (objet décrit de façon positive / négative) puis l'articuler à un argument qu'elle doit soutenir (réorientation de l'argument).

Modifier la progression thématique dans un paragraphe.

Transposer un dialogue contradictoire (roman ou théâtre: deux ou plusieurs interlocuteurs) en texte à un seul énonciateur (comment rendre compte des différents points de vue?).

Exercice inverse: transposer en dialogue un texte argumentatif monogéré.

Réécrire un texte en changeant le système de valeurs auquel il se réfère.

Réfutation

La réfutation paraît particulièrement intéressante à faire travailler, car elle aide à comprendre que l'argumentation suppose un débat. Elle est facilitée si le réfutateur est identifié (...).

On peut imposer l'emploi de formules (Vous dites que..., mais; contrairement à ce que vous prétendez...; quand vous affirmez..., vous oubliez; etc.) et proposer ensuite une écriture généralisante (effacement du "je" et emploi de la troisième personne).

 

 

Lire: la passion et l'autonomie

Dans les récits d'expériences d'apprentissage scolaire de la lecture, c'est une constante: l'insistance sur la passion et sur l'autonomie!

Ni sourds ni aveugles, les élèves! Bien vite ils découvrent si leur prof de français est un fou de lecture, un aventurier de bibliothèques... et sa passion est aussitôt contagieuse. Mais s'il végète dans le cercle étroit de pages ressassées, la triste nouvelle se propage... et la classe s'endort.

Faire de l'élève un lecteur autonome... Paradoxalement, c'est à la fois le doter d'outils rigoureux et, une fois ceux-ci maîtrisés, de promouvoir sa liberté dans leur choix et dans leur maniement. Tâche impossible si le maître est démagogue ou si au contraire il prétend décider de tout.

 

Marie-France Azéma témoigne à ce sujet: J'ai été très surprise de la qualité de ce qu'écrivaient les élèves sur des livres lus avec plaisir quand ils avaient compris qu'il leur était permis de s'y intéresser à leur façon.

 

 

Lire: franchir les frontières

Un rapide sondage auprès d'une quinzaine de professeurs du 3e degré prouve leur intérêt pour les auteurs étrangers. Souvent une place importante est réservée aux contemporains. Un "gros" regret, pourtant: collaboration avec les professeurs de langue: zéro, ou presque! Pas croyable!

Aucune liste n'est exemplaire et nul n'est tenu de copier sur le voisin. Citons quand même celle de Françoise Debreuille, de Lyon, question, simplement, de donner des idées pour élargir au besoin notre éventail:

D. Buzzati, Le désert des Tartares; Italo Calvino, Marcovaldo ou les saisons en ville; A. Haushofer, Le mur invisible; F. Kafka, La métamorphose; T. Lindgren, Le chemin du serpent; C. Mc Cullers, Frankie Adams; G. G. Marquez, Chronique d'une mort annoncée; M. Feraoun, Le fils du pauvre.

 

Au triple galop, saluons deux bouquins

Katherine Weinland et al., L'enseignement du français au collège, éd. Bertrand-Lacoste, 1997.

Marie Monthus, Apprendre l'autonomie au CDI, Hachette-Éducation, 1997.

 

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