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Article paru dans le numéro 91 (décembre 1997) de LMDP   Mise à jour 08.2017

© LMDP Copie autorisée pour usage pédagogique non lucratif et avec mention de la source

 JOUER AUX CARTES

Deuxième et troisième degrés

Une proposition... honnête de Luc Muselle, ISJB Liège

 Non, ce n'est pas la description, forcément usée et clichée, d'une heure de "fourche" commune à plusieurs profs...; ce n'est pas non plus la transformation de la classe en tripot. Les cartes sont postales et illustrées; elles constituent le point de départ d'exercices d'expression orale et écrite à proposer à des élèves de quatrième, voire de cinquième.

 Matériel 

Des cartes postales illustrées. On demande aux élèves d'en apporter une chacun, en prévoyant d'inévitables oublis. On prend soin aussi de prospecter certains cafés, certains cinémas, qui proposent des cartes postales gratuites: une mine!

 Premier exercice

On ramasse les cartes postales des élèves et on les redistri­bue, en prenant soin que personne ne retrouve sa carte. On donne une consigne d'écriture simple:                                             

                                   "Vous êtes en vacances sans lui / sans elle. Vous devez lui écrire; vous y pensez en dernière minute! Vous ne trou­vez plus rien, sinon la carte que vous avez mainte­nant devant vous.

 

                                   A partir de la carte ou contre elle, vous écrivez à votre petit(e) ami(e), en l'assurant de vos sentiments: pour preuve, cette carte que vous avez choisie pour lui/elle, après mûre réflexion."

On donne environ 15 mn pour l'écriture; aux demandes, inévitables, concernant la longueur du texte, on répond que cela devrait tenir sur la carte postale.

Puis, comme dans la plupart des ateliers d'écriture, il y a mise en commun par une lecture individuelle. 

A ce stade, il est bien difficile de définir toutes les pistes exploitables; par définition, cela dépend étroitement de la classe, des élèves qui la composent, etc. Ayant réalisé plusieurs fois l'exercice avec des classes différentes, j'en propose quelques-unes; merci à ceux qui m'en proposeront d'autres.

 1.    La liberté que chacun prend avec la consigne, la seule obligation véritable étant que chacun lise, protection indispensable pour la timidité de chacun.

[Je ne fais que reprendre ici une consigne qui a cours dans de multiples ateliers d'écriture...]

       Certains, par exemple, au départ d'une carte postale qui s'y prête (une pin-up, par exemple), n'hésitent pas à transformer le message amoureux en lettre de rupture.

2.      L'infléchissement de la "réalité", de la "vérité" de chacun, par la "fiction". Si on demandait aux élèves d'écrire une carte de vacances, sans autre contrainte, ils partiraient probable­ment, par facilité, de leur lieu réel de villégiatu­re, quelques mois auparavant.  

Ici, la fiction impose tout ou partie ses lois: je pars de ce qui est décrit par la carte postale, c'est elle qui m'impose de parler de la plage, de la montagne ou de Disneyland, et donc d'inventer à partir de la carte un voyage que je n'ai pas fait.  

       Ce peut être le point de départ d'une réflexion sur la vérité dans l'écriture,  les rapports entre réel et fiction. 

3.                  Il n'est dit nulle part qu'il fallait apporter une carte postale du type "Un bonjour de"... D'autre part, le professeur facétieux a pris soin de mêler aux cartes postales canoniques une série d'autres qui le sont beaucoup moins: elles évoquent un film, Coca-cola, la campagne anti-sida... Deux attitudes sont possibles:

 *     Je travaille avec la carte, elle devient une partie du récit qu'elle suscite; elle entre dans une relation métonymi­que avec les éléments que j'invente.

       Par exemple, si je dois écrire à partir d'une carte Coca-Cola, ou Marlboro, j'invente une situation de rencontre où l'un de ces deux produits a joué un rôle important.

[Si l'exercice est réalisé avec des élèves plus âgés, il est possible de faire apparaître d'autres liens entre ma carte et le passé: on est très proche de phénomène d'association à caractère psychanalytique, condensation et déplacement, à l'image de la fameuse madeleine proustienne...]

C'est la piste choisie par la plupart des élèves; c'est d'ailleurs la pente naturelle du récit que de travailler essentiellement l'axe de la métonymie [Voir Jakobson...].

*     Je travaille contre la carte: elle n'est plus, de manière métonymique, partie prenante de mon discours; je dois me bagarrer avec elle pour la faire entrer dans un tout autre type de discours, celui de la métaphore.

      Si j'ai "choisi" cette carte avec un paysage de neige, ce n'est pas que je suis aux sports d'hiver (relation où la carte est partie d'un tout, métonymie ou synecdoque), mais parce que ce paysage enneigé me fait penser à sa froideur face à mes sentiments brûlants. Ou j'envoie une carte du Sahara parce que mon amour est torride... 

 D'après le niveau des élèves, on peut aller plus ou moins loin dans l'analyse qu'on fera avec eux de leurs productions écrites. Deux remarques à ce propos:

a. Si l'on veut creuser un peu le problème du récit, de ses relations avec la métaphore et la métonymie, il convient de demander aux élèves qu'ils photocopient pour leurs condisciples et le professeur, leur texte, pour le ou les cours suivants.

 b. Il est possible de proposer une deuxième fois l'exercice, et d'augmenter alors et la difficulté et la profondeur de l'analyse. Les cartes seraient alors choisies dans des séries qui rendraient difficile toute écriture métonymi­que, "avec" la carte, pour mieux faire apparaître l'autre type de relation au lanceur d'écriture...

 4.     Idéalement, si le professeur prend soin d'apporter au moins une carte, il peut participer à la redistribution initiale et à l'exercice d'écriture, à partir d'un matériau qu'il ne connaît pas. Du moins pour la première séquence. Cela permet un autre rapport au "savoir"...

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Deuxième exercice

Le professeur donne les premiers éléments d'un récit; puis il passe à un élève le paquet de cartes dûment mélangées. L'élève retourne la première carte; à partir de l'incipit et de la carte, il continue le récit. Il passe le paquet à un deuxième élève, qui retourne une deuxième carte...

Il n'est pas évident de "lire" une carte, bien sûr; mais la grosse difficulté, on s'en doute, c'est la timidité, la peur de dire des bêtises...

Le professeur peut, s'il l'ose

-se faire tirer une carte pour entamer le récit;

-accepter de prendre un tour de parole si un élève lui passait la "patate chaude"...

 Ceci peut être l'occasion de réfléchir sur le récit, dans ses composantes actantielles et fonctionnelles, mais aussi du point de vue du romancier ou du cinéaste qui plante son décor, construit des séquences...

 Une "astuce" pour que chacun reste attentif: celui qui a la parole reçoit en même temps une petite balle, type balle anti-stress, qu'il lance à celui à qui il passe la parole et le récit. Le professeur fait alors passer le paquet de cartes au nouveau narrateur; il en sort une...

[On ne soulignera jamais assez les recommandations à faire aux élèves à ce propos: passer la "parole", ce n'est jamais "canarder" l'autre, c'est lui donner la balle dans les meilleures condi­tions, la mettre "dans sa raquette", dirait-on au tennis... Cela oblige aussi les auditeurs à regarder celui qui parle, et celui qui passe la parole à regarder droit dans les yeux celui à qui il lance la balle et le récit...]

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 Troisième exercice

 A des élèves qui ont été suffisamment familiarisés avec l'improvisation orale et / ou écrite, on peut tenter d'aller plus loin. On propose une autre fiction où la carte postale va intervenir:

                                    "Vous êtes conférencier; vous faites une conférence sur un sujet que vous con­naissez bien. La carte postale, qui est retournée devant vous et que vous ne connaissez pas, vous la retournez quand vous voulez au cours de votre exposé. Vous la regardez brièvement, vous la montrez au public, vous la commentez comme si vous aviez préparé ce document pour votre exposé..."

 L'exercice est beaucoup plus difficile et peut s'appliquer à des élèves plus âgés. On peut le réaliser plusieurs fois, éventuellement en augmentant la difficulté: vous retournez deux cartes, trois cartes...

 L'exercice rend quasi inévitable le recours à l'axe métaphorique; il peut mettre en branle une série de straté­gies pour concilier l'inconciliable, faire rentrer de force dans le sujet... ou s'accommoder du coq-à-l'âne... Des élèves plus âgés pourraient partir de là pour travailler certaines caractéristiques du texte moderne...

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En conclusion:

les élèves apprécient assez ce type d'exercice. La peur qu'ils éprouvent parfois diminue au cours des exercices, à condition de respecter scrupuleusement quelques règles précises:

         * Chacun doit participer, écrire et / ou parler, selon l'exercice.                       

*  On respecte celui qui parle; pas de moqueries, de jugements de valeur; 

*   Le professeur est là comme garant du respect de ces règles qui garantissent le minimum de "sécurité" à chacun.  

        *   Enfin, pour employer le jargon actuel, il semble clair que ces exercices devraient plutôt donner lieu à une évaluation formative...                                                       

Luc MUSELLE, 4e enseignement général SJB, LIEGE

Du même auteur : avec Damien Avet, Christian Munster, et le Pr. Louis Van Dijck, Regards croisés sur La Bruyère - Deuxième degré *  La Bruyère au croisement de multiples pistes: l'histoire des genres, des modes et des idées, l'expression du moi, le portrait au théâtre, l'argumentation dans le portrait... :

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