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JULIBEL, le français d'aujourd'hui

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SOMMAIRE 

numéros parus depuis 1990

 

 

Publiés en version "papier" de septembre 1993 à mars 2004, les numéros 074 à 116 de la revue pédagogique LMDP seront progressivement mis en ligne.

Une cinquantaine d'articles parus dans cette série sont déjà sur notre site Internet : voir la page sommaire (titres en couleur rouge) ou la page archives. * Suivre cette mise en ligne

  Numéro 078 -  Septembre1994

Mis en ligne : 12.2014

      

.Sommaire 

1. Littérature belge à Habay-la-Neuve :

Paul Willems  et Francis Dannemark

 

2. Un rallye-lecture "escales"  

 

3. Les élèves écrivent - A la manière de Raymond Queneau

 

4. Dans un parcours de lecture,

découvrir le jeu de l'intertextualité

En guise d'édito

Écrire pour apprendre

Il n'y a pas de conflit véritable entre les techniques les plus sophistiquées du monde moderne et l'écrit sous toutes ses formes. Plus que jamais sans doute, l'écrit reste un instrument irremplaçable pour accéder à toute véritable connaissance.

Les jeunes s'intégreront plus harmonieusement dans le monde social s'ils acquièrent une maîtrise réelle de ce mode d'expression et de communication.

Dans ce but, il faut insister pour que le recours à l'écriture soit associé à l'acquisition des connaissances dans l'ensemble des matières.

Conseil de l'Education et de la Formation, 01.07.1994, p. 6.

 

 

Littérature belge à Habay

  Classes de 5e G    

Récit de Marie-Thérèse VERDURE * CS St-Benoît, HABAY LA NEUVE

 Paul Willems : lire un auteur, le rencontrer * Francis DANNEMARK : l'exercice de l'interview

 

Etudier la littérature à l'école... comment ? Quelle littérature? Comment aborder autrement la réconciliation (souvent désespérante parfois désespérée) des élèves et de la lecture?

Trouver un remède miracle à ces sempiternelles questions, est-ce tenter d'écoper l'océan à la petite cuillère?...

Quelques expériences tentées cette année dans le cadre de mes cours de français en 5e et 6e G m'ont donné l'impression qu'il reste possible d'intéresser les élèves au livre, notamment en allant à la source de l'écrit, à savoir l'écrivain.

Oui, des écrivains, belges et vivants de surcroît, il en existe encore; je les ai rencontrés avec mes élèves de 5e G.

Quelques flashes... l'occasion de vous faire part d'un enthousiasme et d'élèves finalement enthousiasmés.

 

Un parrainage

 25 septembre 1993... La Promotion des Lettres belges propose cette année aux enseignants de parrainer un écrivain belge. Renseignements  pris (Dany HESSE, chargé de mission, est à l'écoute des professeurs motivés par le sujet), je suis prête à me lancer avec ma classe dans l'aventure: il s'agit d'établir des contacts privilégiés avec un auteur belge grâce à une aide appréciable fournie par le Ministère: don de livres, d'ouvrages critiques, de dossiers de presse... A terme, la constitution d'un répertoire des initiatives du genre.

Séduite par ces propositions, j'en parle aux élèves de cinquième générale. Un peu sceptiques... ils appréhendent surtout le risque du travail supplémentaire et restent mitigés dans leur enthousiasme.

On (= je) décide malgré tout d'adhérer à l'opération... Il faut d'abord établir un programme de travail, décider de l'approche pédagogique à emprunter, baliser le parcours... et choisir l'écrivain.

Je saisis l'opportunité de la programmation de la Maison de la Culture d'Arlon d'une pièce de Paul Willems, Elle disait dormir pour mourir, pour orienter mon choix vers cet auteur.

 

*    Première étape, donc, assister au spectacle.

Sublime, étrange, poétique mais trop long, endormant voire mortel: les avis sont partagés parmi les élèves.

Tant pis ou tant mieux: on continue. C'est l'occasion (écrite ou orale) d'apprendre à rendre compte d'un spectacle, de nuancer un avis parfois hâtif et peu mûri, d'argumenter un verdict... de ne pas «mettre à mort» l'auteur avant d'avoir compris son témoignage, de lui donner une chance de peut-être nous «séduire».

*     Ensuite, la classe ébauche la lecture et l'analyse d'une autre pièce de Willems, La vita breve. Beaucoup sont interloqués devant un type dramatique inhabituel pour eux.

*     On enchaîne sur la lecture et le commentaire de La comtesse des digues de Marie Gevers (mère de Paul Willems). On en parle ensemble, on relève des thèmes déjà rencontrés chez le "fiston"...

 *    Afin de rendre possible la découverte d'un nombre conséquent des œuvres de l'écrivain, je divise la classe en groupes. Chacun de ceux-ci sera chargé de la lecture et du décryptage d'une œuvre parmi celles offertes par le Ministère, de l'organisation du travail.

       Il s'agira de dépouiller les coupures de presse reçues, de se référer aux ouvrages critiques, relever les anecdotes intéressantes, retenir l'essentiel de ce qui est dit de Paul Willems pour pouvoir ensuite confronter ces avis avec la réalité (que nous découvrirons ou croirons découvrir).

 Tout est réel ici    -    Blessures    -    La ville à voile     -     Il pleut dans ma maison   -  Elle disait dormir pour mourir...

Autant d'œuvres qui, peu à peu, livrent leur mystère.

Un moment de panique chez les élèves...

On rêve sans doute vaguement du lynchage de ce professeur sadique prêt à noyer d'innocentes victimes dans un bain de littérature...

Mais on se rend compte ensuite que, sans céder à la panique, il est possible d'y «arriver» et qu'on peut même faire autre chose que du français en rentrant chez soi! On établit un planning du travail à réaliser durant les heures de cours et je propose une organisation du travail à domicile.

Ouf! le professeur échappe - momentanément - à la corde!

Et le travail continue pour parvenir à la constitution d'un dossier cohérent et d'une présentation devant la classe. Le but? Faire connaître le roman étudié aux autres groupes de réflexion, injecter son enthousiasme ou argumenter sa déception. Accrocher l'attention du plus grand nombre et pouvoir finalement constater la diversité mais l'homogénéité de l'inspiration.

J'ai filmé une partie de chaque exposé pour que, revisionnant ces minutes, chacun puisse retenir les meilleures attitudes à adopter afin d'éviter qu'une bonne analyse écrite «perde des plumes» lors du baptême du jeu de l'oral. Et enfin... une petite mise en commun des impressions...

 Quelques conseils pour aborder un examen oral ou une entrevue professionnelle.

début littérature belge * sommaire & édito 078

JEUNES LECTEURS EN VOYAGE

Puis, préparation de la visite chez l'écrivain à Missembourg. Paul Willems, trop âgé pour se déplacer, invite toute la classe à le rencontrer dans son domaine familial de Missembourg. C'est en effet dans ce petit bourg près d'Anvers qu'il a vécu toute sa vie avec sa grand-mère, sa mère, son frère - décédé durant la guerre - et sa famille ensuite; là où tant de souvenirs se sont accumulés et où s'est façonné son talent d'écrivain.

Il nous confirme par écrit son invitation: une lettre qui, loin d'être administrative ou conventionnelle, nous livre déjà une partie de son âme.

Pièce d'archive! Chacun en recevra une photocopie, en souvenir.

La visite se concrétise petit à petit... Que va-t-on lui dire? Comment s'adresser à un homme comme lui en alliant naturel et respect?

Les élèves emportent appareil photo, dictaphone, caméscope, cadeau et caricature (réalisée par un élève, qui l'offrira «s'il le sent» - pour reprendre ses termes!).

On prend le train de 8 h... On rentrera par celui de 23 h.

Visite du domaine... Paul Willems nous relate sa vie à 8 ans, 17, 40, 60...

Chaque arbre y a son histoire; l'étang, matrice capitale de l'inspiration de Gevers, de Willems, a disparu après la guerre...

Les élèves s'intéressent. Il leur dit pourquoi le vent qui souffle tant ce jour-là vient de l'ouest et pas d'ailleurs. Il parle de sa grand-mère qui SAVAIT...

Pas un étudiant ne bronche... Aucun soupir d'ennui, pas d'impatience. Inespéré!

On s'assied autour et il continue à se dire, à écouter, à répondre...

Les heures passent... On va rater le train de retour; mais pas de problème: on reste encore... «Ils téléphoneront après pour prévenir les parents.»

Alors, on continue encore une heure à découvrir, à confronter la littérature et la réalité. On se demande où commence l'une, où finit l'autre chez cet homme si authentique, si naturel.

Retour enthousiaste à l'école. Mise en commun des notes (un peu moins enthousiaste, il faut l'avouer!). On visionne les minutes filmées: émotion, commentaires.

La lettre de remerciement rédigée et signée, on attend le retour du labo des photos prises.

  début littérature belge * sommaire & édito 078

Seconde expÉrience...

 proposée à deux classes de 5ème: un contact privilégié avec un autre écrivain belge, de 39 ans: Francis DANNEMARK.

Nous avons analysé une de ses œuvres, Choses qu'on dit dans la nuit entre deux villes: analyse thématique surtout et relevé des "phrases" choc, afin de discuter autour de celles-ci.

Nous avons ensuite pris contact avec Dannemark et il a accepté de nous rencontrer à Habay. Rencontre d'un autre type... Expérience très différente mais aussi enrichissante. Elle concernait un plus grand nombre d'élèves (mes deux classes de 5ème, à savoir 34) dont beaucoup très peu motivés par la lecture.

Très intimidés au départ, ceux-ci ont préparé et "débité" leurs questions. Mais très vite mis en confiance, ils ont été entraînés dans une discussion beaucoup plus spontanée avec l'auteur. On commença donc par les interrogations assez conventionnelles (origine de sa vocation, goûts, loisirs) pour atteindre plus de profondeur. Dannemark explicita les liens entre les affirmations prises en charge par ses personnages et ses intimes convictions; il "disserta" politique, engagement, humour, société, vie...

Le bilan fut fort positif, et je crois pouvoir affirmer que tous les élèves ont été enchantés de la rencontre.

Photos, dédicaces, enregistrements vidéo rejoindront les souvenirs de la visite chez Paul Willems: ils serviront lors de la  journée Portes Ouvertes à présenter en résumé les expériences de l'année ("stand" littérature belge).

F. Dannemark a, par ailleurs, assisté au vernissage de l'exposition concernant la littérature belge, exposition qu'il m'avait semblé intéressant de proposer à l'école. Celle-ci présente un panorama fort clair des principaux courants littéraires en Belgique francophone. Elle met en outre en évidence l'évolution générale de la production littéraire parallèlement aux événements historiques qui ont ponctué la transformation de la société belge. L'attaché culturel de la  Promotion des Lettres belges, Monsieur Duhamel, est venu trois jours entiers de Bruxelles afin de guider les élèves - par séance de deux heures et par classe - à travers les photos, les noms, les dates.

 Sa manière de procéder était passionnante car, au lieu de présenter un exposé austère, il a mis à la portée des jeunes les œuvres maîtresses de notre littérature, insistant plus ou moins sur l'anecdote croustillante, le détail amusant selon l'âge et le tempérament des élèves.

En racontant avec humour des "histoires", il a ranimé chez les élèves de 15 à 18 ans le souvenir des lectures-plaisir de l'enfance et a pourtant enseigné  à proprement parler un siècle et demi de littérature.

*

Autant d'expériences vécues cette année... autant d'occasions pour moi de réfléchir à l'impact capital de l'ouverture de l'école sur le monde extérieur, à l'importance de varier les approches en littérature.

 L'importance de "bousculer" les habitudes parfois minimalistes des élèves et remonter avec eux la chaîne allant "du producteur au consommateur", par exemple en rencontrant à l'occasion un écrivain, dénonçant ainsi l'idée reçue selon laquelle les seuls bons écrivains sont les écrivains morts!

 Pour devenir de meilleurs lecteurs (notamment) ou des lecteurs tout simplement. 

début littérature belge * sommaire & édito 078

 

Un rallye-lecture: «escales»

Classes de première   

Récit de Chantal AL CHARIF, IND, St-Hubert & Anne-Marie BARTHÉLEMY, INDSE, Bastogne

 

Un père dit à ses enfants qui ouvrent un gros roman: «N'ayez pas peur de vous perdre!... Lire, c'est partir en randonnée dans une forêt de mots. Laissez-vous surprendre! Ne posez pas trop de questions avant. Allez-y! Lire, c'est descendre un fleuve en terre inconnue. Laissez-vous porter par les mots, emporter par le flot des mots! Ne luttez pas contre le courant, ne cherchez pas à savoir d'avance où vous mènera l'auteur.»

Jack Alain LEGER

 

L'année scolaire dernière, nous nous sommes embarquées dans une randonnée livresque passionnante et riche de surprises; nous nous sommes laissé emporter par le courant des mots: LIRE, ÉCOUTER, PARLER, ÉCRIRE.

Nous, c'est qui?

Trois profs de français (Anne Rion, Anne-Marie Barthélemy, Chantal Al Charif) aimant la lecture et désireuses de communiquer leur plaisir à leurs élèves, assistées de Monsieur Francis Jusseret et ses élèves de l'école normale moyenne ILES Bastogne.

Trois classes de première rénové de l'Institut Notre-Dame à Saint-Hubert et une classe de l'INDSE à Bastogne, désireuses de communiquer avec d'autres jeunes et découvrant avec bonheur des aspects souvent méconnus de la littérature de jeunesse d'aujourd'hui.

Nous avons choisi 17 livres, chacun dans un registre différent, mais tous sur le thème ESCALES, thème retenu par souci d'ouverture à d'autres cultures.

La présentation ludique de ces ouvrages a suscité chez les élèves un désir de lire un maximum d'ouvrages (à la fin du rallye, ils avaient de loin dépassé notre contrat de départ: "que chaque élève lise deux livres"; ils en ont lu en moyenne au moins 7!) et c'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'ils se sont impliqués dans les activités proposées dont voici le détail:

1.    Écriture d'une lettre collective de présentation de sa classe aux autres classes.

2.    Lecture au ralenti** du texte Retour du pays nippon (Sophie Coucharrière, in Okapi, n° 502), texte retenu parce qu'il donne une image positive de ce qui est différent.

3.    Situation géographique réelle des livres: travail dans différents atlas.

4.    Pub de livres. Prise de parole: pourquoi j'ai aimé tel livre. Activité qui donne envie aux autres de connaître ce livre.

5.    Avec la collaboration d'élèves de première normale, écriture d'une lettre autobiographique fictive. L'élève est un enfant d'un pays d'un livre et écrit à sa classe réelle, ce qui a impliqué de nombreuses et passionnantes recherches dans différents documents (travail effectué en bibliothèque) et a appris en plus à nos élèves les caractéristiques formelles de la lettre.

       Écriture de la lettre sur un support personnalisé.

6.    Avec la collaboration d'élèves de deuxième et de troisième normales, activités théâtrales. Mise en scène d'un extrait d'un livre, réécriture à partir d'impros, flash d'images du livre, activité qui a nécessité une compréhension en profondeur du livre.

Après ces traversées insolites de livres, le point fort attendu de notre activité - la rencontre entre tous les participants - a eu lieu à Redu (NDLR - Village du livre: haut-lieu européen de la culture et de... l'espace) toute la  journée du 6 mai. La matinée a été consacrée à la présentation des activités théâtrales, le temps de midi à une rencontre informelle et l'après-midi à un super grand  jeu de postes avec 10 activités variées et passionnantes sur les livres lus. Pour ce jeu, chaque équipe était constituée d'élèves des quatre classes et les postes étaient tenus par des élèves de l'ILES Bastogne.

 Au milieu des vacances, pendant l'écriture de ce compte-rendu, il nous vient une fameuse envie de recommencer une autre randonnée l'année prochaine, une randonnée qui multiplierait les rencontres.

Si vous avez envie de vous plonger avec délices - comme la vieille dame de Pennac dans A moi super bouquin - dans les livres que nos élèves ont tant aimés, voici les titres que nous avions sélectionnés:

Paroles indiennes, Albin Michel, Carnets de sagesse, 1993.

VIDAL Guy - GIBRAT J.-P., Médecins sans frontières. Mission en Afrique, éd. Bayard B. D., Coll. L'aventure d'Okapi.

BRUYNINX Marc, Max Bleu d'Orient, Glénat, 1993.

PENNAC Daniel, L'évasion de Kamo, Gallimard Jeunesse, 1992.

MORGENSTERN Suzie, L'Amerloque, L'Ecole des loisirs, Medium Poche.

L'Afrique noire en poésie, Folio Junior, Gallimard, 1986.

TREMAIN Rose, Un été en Sicile, Gallimard, Lecture Junior, 1992.

RUKMINI A., Mahil, rendez-vous à Bombay, Casterman, Aventures à construire.

IRAN, Triptyques, Syros, L'arbre aux accents.

RODRIGO Jean-Michel, Pérou. Le bidonville de l'espoir, Albin Michel, Carnets du monde.

NOBLET M., La Chine, Casterman. Les carnets de route de Tintin.

THIES Paul, Danger sur les gratte-ciel, Je bouquine, éd. Bayard.

GERBER Alain, Le roi du Jazz, Je bouquine, Octobre 91, Bayard.

HUINK Quang Huongo, Mon pays perdu, Flammarion, Castor Poche.

ROSENSTHIEL Agnès, Paris-Pékin par le transsibérien, Gallimard, 1980.

Rolande CAUSSE, J'habite un poème, Seuil, Petit point des connaissances, 1993, & Christian MERVEILLE, Heureux comme un poisson dans l'eau, De Boeck, 1990.

début rallye lectures * sommaire & édito 078

 

A la façon de Raymond QUENEAU

 Classe de sixième: les élèves écrivent...

 

La fille à la croix gammée

Version originale

Une jeune fille handicapée de 17 ans a inventé et simulé une agression par des néo-nazis. Elle comparaîtra ce mardi devant la justice. La jeune fille paraplégique avait affirmé, il y a huit jours, que des néo-nazis l'avaient attaquée dans une arrière-cour et lui avaient entaillé la joue gauche en forme de croix gammée.

Version romantique

Isolée, oubliée, prisonnière de son handicap, une jeune fille à l'aube de ses 18 ans, a cherché à attirer l'attention sur elle; des exaltés néo-nazis s'en seraient pris à elle. Elle s'était en fait taillé dans la joue une croix qu'elle a longtemps traînée derrière elle. Son cri, son appel désespéré fut appelé une imposture. Elle comparaîtra en justice mardi prochain.

Version paysanne

La Marie, celle qui n'a plus ses jambes, la fille du Joseph de la ferme du vieux moulin, a raconté que des voleurs de chèvres l'avaient labourée derrière la grange et lui avaient biné une espèce de fourche sur la joue. Carabistouille, elle n'a pas eu besoin de voyous pour s'arranger comme ça; faut dire qu'elle n'a plus toute sa tête. La police est venue la chercher.

Le rapport scientifique

Lundi 17 janvier, 9h46, Würzburg, 12° de longitude est, 47° de latitude nord. Une personne de sexe féminin âgée de 17 ans 3 mois avec un poids de 54,3 kg atteinte de paraplégie totale depuis 7 ans dépose le témoignage suivant. «Vers 19h, dans mon arrière-cour, deux individus masqués m'ont sauvagement agressée et m'ont dessiné au couteau une croix gammée sur la joue.» L'incision visée par le témoignage a une profondeur moyenne de 0,4 cm et a été réalisée au moyen d'un instrument tranchant. La cicatrice a une forme de croix et couvre la partie inférieure de la joue gauche. Aucune trace d'effraction n'a été relevée sur les lieux de l'attentat. La victime a une réputation de mythomane; des compléments d'enquête s'imposent.

Version vulgaire

Une pauvre handic de 17 berges a baratiné que des enfoirés l'avaient butée. Cette pétasse sera jugée mardi. La connasse! Elle a voulu entuber les poulets; elle a gueulé sur tous les toits s'être fait tabasser dans une saloperie de cour et ensuite s'être fait entailler la façade par des néo-nazis. Pas de bol, elle était tombée sur des flics futés.

Harold DEFAYS, 6e D

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Une heure au cours de chimie

Le cours de chimie

Les élèves arpentent sauvagement le couloir qui les conduit au local de chimie. A peine entrés, ils sont envahis par une odeur peu agréable et s'empressent de rejoindre leur place. Tout de suite, le professeur, vêtu de son tablier blanc, s'agite afin de remplir les éprouvette de diverses solutions.

Au terme de l'expérience, une fumée brunâtre obscurcit davantage le local. Certains élèves sont dissipés tandis que d'autres sont complètement stressés par ce professeur qui, la tête haute, le regard noir, leur étale à toute allure les théories. Sa carrure imposante, ses mains viriles, son crâne dégarni à l'avant et ses petites moustaches tombantes lui donnent un air autoritaire.

Culinaire

Les petits tonneaux comme les grandes cruches déambulent à toute vitesse dans la buse les conduisant vers l'autocuiseur. A peine entrés, ils sont plon­gés dans une odeur peu alléchante et, tels des couvercles, ils s'empressent de retrouver leur casserole. Tout de suite, le chef-coq, recouvert d'une nappe maculée de taches, s'agite afin de remplir les récipients de divers ingrédients.

Au terme de la recette, des espèces de blancs d'oeufs battus en neige se répandent dans le local. Certaines  grandes cruches se reposent sur leurs lauriers, tandis que des petits tonneaux  sont saucissonnés par ce grand chef qui, la tête levée, le regard brûlé, leur distille en un tour de main, ses fameuses recettes. Son œuf pelé sur la tête, ses quelques brins de cresson qui surplombent sa fine bouche et ses grosses spatules donnent à ce plat de résistance un aspect plutôt défraîchi...

Mathématique

Les termes se succèdent, s'additionnent, se multiplient sur cette ligne droite qui se prolonge vers le fatidique parallélipipède rectangle. A peine intégrés, ils sont emprisonnés dans des parenthèses renfermant une odeur désagréable et chaque numérateur s'empresse de retrouver son dénominateur. Immédiatement, le plus grand nombre, élevé à sa plus haute puissance, multiplie ses efforts pour effectuer divers problèmes.

Au terme de l'expérience, une infinité de points occupe le volume de cet espace géométrique. Certains effectifs sont dissipés, tandis que d'autres prennent un air réellement appliqué devant ce produit remarquable qui, à toute allure, leur étale les théorèmes les plus complexes.

Son énorme masse volumique, ses crochets toujours actifs, sa sphère dépeuplée et ses deux petits arcs de cercle symétriques qui surplombent ses deux infimes petites lèvres convexes, dressent un tableau plûtot négatif de ce supérieur autoritaire.

Annabel PIROTTE, 6e C

Textes communiqués par Constant HABAY, Institut Sainte-Marie, ARLON

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Dans un parcours de lecture, découvrir le jeu de l'intertextualité

Inst. St-Joseph, Libramont, classe de 6e

Un récit de Cécile Kerger

 

J'ai découvert avec beaucoup de joie, nous dit-elle, Christian BOBIN et son livre La petite robe en fête (huit nouvelles). Les élèves ont "avalé" le livre (court) et ont pris beaucoup de plaisir avec leur professeur à rechercher dans les nouvelles les éléments d'intertextualité.

D'autant plus que je suis de plus en plus étonnée de constater le manque de culture de nos élèves

NDLR: C. K. vise surtout ce qu'on pourrait appeler la capacité de "souvenance" textuelle, l'aisance à établir entre les textes des connexions, des associations... Les connivences culturelles des élèves s'écartent de celles des adultes "lettrés".

Nous avons travaillé par groupe de deux en bibliothèque. Durée: deux périodes hebdomadaires pendant le deuxième trimestre.

1.    Recherche des significations des différents éléments d'intertextualité dans des livres de références. Mythe - idéologie - symbole - psychanalyse - références culturelles littéraires.

2.    Recherche dans les nouvelles (2 par groupe) des éléments d'intertextualité. Ce n'est pas difficile: il y en a à toutes les pages!

3.    Pourquoi BOBIN les a-t-il utilisés  dans ses histoires? Quel lien entre les éléments d'intertextualité et l'histoire?

4.    Présentation devant les autres groupes de ses recherches.

5.    Synthèse commune pour l'ensemble du livre.

Ensuite, analyse des thèmes abordés par BOBIN et étude du style.

De plus, ajoute C. K., les circonstances m'ont permis d'aborder dans un autre domaine le mécanisme de "citation", d'allusion... J'ai présenté aux élèves de 5e et de 6e un exposé sur Frida KHALO (l'épouse du célèbre muraliste mexicain Diego RIVERA), à la demande du Foyer Culturel de Libramont qui a organisé un ballet sur l'artiste.

J'ai pu constater que l'intertextualité était aussi très présente à travers les oeuvres de l'artiste et je l'ai présentée sous ce biais aux élèves. Et  c'est une manière visuelle de présenter l'intertextualité.

L'année prochaine, conclut C. K., je reprendrai ce procédé, car il est complet et intéressant. Je le conseille aux professeurs et, en outre, les élèves apprécient beaucoup.

 

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