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Léger strabisme divergent - Un certain regard sur la peinture
Le Serment des Horaces, de David, décrit par Henri CUECO, peintre et écrivain
Un divertissement sur France-Culture, émissions Les Décraqués et Les papous dans la tête
Article paru dans le numéro 079 (décembre 1994) de LMDP Mise à jour 08.2017
Ces deux émissions, animées par Bertrand Jérôme, et à laquelle participent des écrivains (Patrice Minet, Gilbert Lascaux, Vassilis Alexakis, Patrice Delbourg...) pourraient à coup sûr inspirer les enseignants de français en quête de nouveautés pour leurs ateliers d'écriture. Nous avons déjà cité et parfois retranscrit intégralement dans des numéros antérieurs certaines productions de ces sympathiques auteurs, par exemple:
La cassette tombale (épitaphe sonore),
Le courrier des lecteurs (un lecteur proteste, sollicite, propose...; un journaliste répond...),
Les œufs dans l'eau (écrire un récit dont on impose à l'auteur les première et dernière phrases...),
La conversation téléphonique (imaginer les reparties du correspondant à l'autre bout du fil, puis on compare avec le "vrai" dialogue: activité remarquable pour observer le mécanisme de l'ambiguïté!).
Et bien d'autres genres - aux règles très contraignantes - sont pratiqués par ces artistes.
Lors d'une récente émission publique, le peintre Henri CUECO (à la suite de Luca Fournier et de Vassilis Alexakis) avait proposé une lecture du célèbre tableau de David, Le serment des Horaces (Salon de 1785).
Exercice intitulé "léger strabisme divergent" et qui porte bien son nom: le commentateur donne toute liberté à l'imagination, à la fantaisie, à la satire...
Voici cette analyse non conformiste :
La scène représente l'ouverture d'un chantier destiné à la pose de rideaux au domicile d'un riche propriétaire dénommé Horace. Les ouvriers et le contremaître viennent d'arriver; ils sont en tenue de travail.
A un signal donné, le contremaître distribue les tringles à rideaux décoratives: elles sont ornées de motifs en forme de boules et de poignées comme c'est fréquent chez Bricologis.
Le contremaître a sur l'épaule les lés de rideaux qu'il va distribuer. Les trois ouvriers tendent la main vers les tringles à rideaux et le contremaître va donner le signal du départ. Il compte sans doute un, deux ou trois, mais il faut le silence pour l'entendre - sinon vous n'entendez pas... - comme pour le départ d'une course.
Solidaires et unitaires, peut-être syndiqués, les ouvriers se tiennent par la taille; ils ont sur la tête des sortes de casques à aigrette ou balayette qu'ils utilisent pour nettoyer les plafonds pendant qu'ils sont en train de peindre les murs. Ça a permis d'en licencier quelques-uns. Leur tenue - la robe - est très fréquemment utilisée dans les entreprises pour activer le travail: la robe permet des mouvements amples, alors que le pantalon est souvent serré et dissimule la "perruque". (La "perruque", c'est la fauche - c'est un terme d'argot... Vous avez eu peur encore que je dise des bêtises...!) En effet, la robe est obligatoire chez les tapissiers pour éviter justement la "perruque" : certains tapissiers mal payés se faisaient des gratifications, à l'époque, en dérobant des tissus qu'ils dissimulaient sous leurs vêtements: avec la robe, on voit la perruque.
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Jacques-Louis DAVID, Le Serment des Horaces, 1785 - 330 x 425
Analyse du tableau sur wikipedia : ► Sur Henri Cueco, peintre, écrivain : ► |
L'ouvrier de gauche tient un Roulor à la main ou un pinceau à long manche pour peindre les plafonds ou le haut des murs. A droite, les couturières prennent un moment de repos: elles sont encore couvertes de rideaux elles aussi. Une mère sermonne les enfants qui ont déjà l'âge de travailler, et qu'on utilise pour plomber les rideaux. Dans la version de la collection Goldenstein, à droite de la toile, il y a au sol une sorte de poulet embroché, reste d'un casse-croûte: thème assez classique des chantiers du bâtiment et de la nature morte, que l'on retrouvera plus tard chez Picasso ou Cézanne. Je dois dire qu'il y a une autre interprétation, qui est un petit peu savante - mais je peux quand même vous en faire part -: cette peinture, une peinture qui est une narration, est en même temps tournée "vers" la peinture: c'est une sorte de manifeste anticipant sur le mouvement qui va naître dans les années soixante sous le nom de support-surface et que déjà, justement, par anticipation, nous appelions déjà store-surface |
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